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PHILIPPE BORGEAUD FUMIGATIONS ANTIQUES . L'ODEUR SUAVEDES DIEU ETDES ELUS fil O . FIRENZE LEOS . OLSCHKIEDITORE mmv

Fumigation

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Page 1: Fumigation

PHILIPPE BORGEAUD

FUMIGATIONS ANTIQUES.L'ODEUR SUAVE DES DIEU ET DES ELUS

filO .

FIRENZELEO S. OLSCHKI EDITORE

mmv

Page 2: Fumigation

Rivista di Storia e Letteratura Religiosadirûtt- da

GLURC ;Eo CnAcco - GILBI-Rr I7nc.RON - CAP-LU OSSOLA

FAu[tuir} A, PF,NNAccHIEi-n .. MARIO RosA - BRIAN STOCK

Periodico quadrimestirsleredatto prcsso 1'Unitvcrsit à dcgli Studi di Torit,o

Drezi inf

(esare Alzati, Giorgio Cracco, Gilbert Dagron, Francisco Jarauta, t Btuno Nevcu,(arlu Ossolo, Benedetta Papâsogli, Fabrizio A- Pennacchietri, I)aniela Rando,

Marin Rosa, Maddalerla Scopello, Brian Stock

Recluzr~ :eeLinda J3iscllo, Rurnana lirov+ia, Sabrlr'a Srtnppa

Articoli

G . [ acco, «NNeseru vrrutn» : allc orsgini del culto rraariarso in Occrdeeae

Pag-

445

L. I3isu.Le, N'ed segno di Ravel. Escgesi e simholi in etâ tridc«ina»

475

1M_ RosA, J11 eno core, che l'ali si pose» . Spir/iuaduïi e poesia nel Seicendoitairâsaa »

515

13 . S roct, l.udwsg UWittgensteiar reflections on the mie ofAugustime in bis 1,ifearsd Tduostgha »

533

Note e testi

S . STRaf'l'A, Gfi occ iî «fia id i di rnirar» . Agrasaino e Gregorio Magno in<«Rerutn vulgariaam fragmcrtau, CXC »

553

H. M:c] .iox, La ipsneuakié Îrërat+Idienne : une srymthèse oraginale»

563

G. B1iuNILLl, Pv1itua eumpea e rifarnan indentina, k lsirrsziuni geeeralâ diPao?o V ai drplrrnatio poutrfici (760 .5 .1621) »

579

S . hlrwx ;, La ge erazaone degli enrichi e yrrellra deF »aoderni . Nota su araa fare

dedla srorar passiortista »

585

Rassegne e discussioni

Pit. BORGEAcsk, Fumr~airons anLinries : l'Odcnr suar,•e der dieux et des élus.... » 595

L Cn .•irsL.uu R . Poer l'histoire relagieicse de l'époque nrr r~se'

601

Recensi&ni

G . SrANran G~SPMRO, Gracodi Profeti Sibiife IL . Walt)»

605

R. IJf,L]ONE, Tertxtano jC . Ma tucco } »

610

fl cammina dedl'euangelazzazrbrse, a cure di G . Mnsii e U. Dovaar (G .Pixzorusso} »

614

P . CAiurnssi, Libri iiirargici e istalaaXiorai cec/eüeituhe a Malano (F . Dell'Oro) . »

6184)7

RASSEGNE E DISCUSSIONI

FUMIGATIONS ANTT.QUES :L'ODEUR SUAVE DES DIEUX FT DES ELUS :.

Au sortir du déluge le sacrifice de Noé produit un parfum que respire le diecourroucé, et qui l'apaise (Gn 8, 21) . Le parfum, ici, cst culinaire: c'est celui deeffluves de la cuisine sacrificielle . Le lien entre sacrifice et parfum est donc pasd'emblée . Ce qui n'empêche pas les aromates d'intervenir très tilt dans le titu]mosaïque, oti l'autel des parfums esi situé non loin des chairs qui se Consulncr.sur l'autel de l'holocatiste (Ex 30, 1-10) . La tente, l'arche, le table et ses accesso:res, le chandelier, l'atutel du parfum et l'autel de l'holocauste sont enduits dl'huile d'onction sainte, «travail de parfumeur» . Cette même huile, qui sépare 1sacré d'avec le profane, devra consacrer le Grand-Prêtre (Ex 30, 2 .5-30)_

Mais le parfum annonce aussi la mort, celle de Jésus : en répandant sur la têtou sur les pieds du Christ le contenu très précieux d'un flacon d'albâtre, unfemme (Marie dans l'Évangile de Jean) donne le signal de la fin : <eEn répandance parfum sur mon corps - dit le Christ - elle a préparé mon ensevelissement(Vt26, 7-12 ; Io 12, 3-7)- Et c'est alors que . Judas Iscarioth, l'un des Douze, s'eialla chez les grands prêtres pour leur livrer _Jésus (Mc 14-3-10), Onguent demorts, destiné parfois à rendre le cadavre imputrescible (dans des procédured'cmbaumemenr)m le parfum relève donc simultanément du divin et du mortel

de l'incorruptible et du putride_ Nourriture â la fois des dieux et des morts . Cettdonnée ambivalente habite l'enquête poétique et très savante de Waldemar Deon

na, dès son article de 1922 sur «Le parfum céleste et la rose de la mort»,'En lisant Waldemar Dconna on est entti&ié à risquer quelques réflexions s

partir etau.-delà de ses dossiers, sur le rapport entre les har(unts et les corps, divin:et mortels, dans l'imaginaire antique . Il s'agit d'une question précise .

A propos dc : WA] .DErtAjt DEUNNA, 1?aôdra, C.ruya;rce - anargiees ce noua les. L'orleur .rruat:rdes dieux et des élut, Turino . Nlno Aragno, 2OO1 Le texte de Decmna est accompaglc d'une intraduction rt d'un épilogue de Caria Assola, ainsi que d'un très riche dossier en grande partisinédit,

1 W Dscmm , Le parfum eéksae et ~a roue de fa mon , in «Rcvuc d'ethnographie et des iraditions populaires», rlr (1922}, pp . 48-58 ; étude prolongée dans «Eu6drit» . L'odeur srrat'e dedieux ei des ados, in «Gcnava», XVII (1939), pp . LG7-262. Les doux textes sons trpris dans lelivre publié par Carlo CJiu,la-

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Chez les hellénistes on affirme souvent que la combustion de l'offrande ani-male ou végétale sur l'autel sacrificiel serait ce qui permet le passage de l'alimentdu monde réel au monde des dieux. La combustion et le parfum qu'elle dégageauraient pour fonction de permettre ce passage graduel, qui oblitère la disconti-nuité, dans la progression de l'évanescence du visible vers l'invisible . Mais peur-on dire pour autant que ces fumets et ces parfums, ces fumigations qu'on adresseaux dieux résolvent une fois pour toute la question du corps et de la diète divine,dans le sens d'une désincarnation?

En Egypte ancienne, les parfums émanent du corps des dieux. Ils apparaissentliés à l'ensemble des représentations que l'on se fait des sécrétions, humeurs, liqui-des et matières émises par les corps divins, matières qui peuvent même se répan-dre sur le territoire de 1'Egypte, se transformant un reliques signifiant un lien pri-vilégié entre une divinité et une région particulière

. 2

En Grèce aussi, certains textes postulent une parenté de nature entre l'of-frande (la fumigation) et le dieu lui-même . Chez Héraclite, cela prend l'aspectd'une comparaison entre le feu et le dieu ï «Le dieu est jour, nuit, hiver, été, guerre,paix, satiété, famine . . . Il se transforme comme le feu, qui est appelé selon Le quechacun sent, quand il s'unit aux aromates» (fr- (7 D.-K .) • Le dieu échappe â lasaisie . Le dieu d'Héraclite est présenté comme un feu indépendant de la niaLièrequ'il dévore, un être qu'on s'efforce, en vain, de saisir â travers une apparence enperpétuelle métamorphose, en l'occurrence celle de la fumée ou du parfum, quelui donne cette matière qu'il dévore, 3 Héraclite suggère que l'aromate qui alimentele feu (je serais tenté de dire: qui alimerne la bouche divine) confère au dieu uneapparence, sinon une substance .

Il s'agit ici d'aromates, et non de chairs animales . L'aromate peut apparairrecomme une alternative puritaine â L'abattage rituel . Fmpédoclc considère que l'of-

2 Cf. FRIK Hoioiur c, Ler dieux de f.h'gypre- L'un ee le multiple, tract- fr- par P . ( •o ut'ULww,far=s, ttlanimarion, 1992, pp . 119-120; DIM1nR1 MRElu Ct CiIRisï7NE FAVAEII-MEEKS, La Vif grra-lidieane des lieue égyp e, Paris, -Iachette, 1993 , pp. 92, 108-110 . Dans un sanctuaire construitou rccanslruit à l'époque ptolémaïque Ivraiïemhlablcrnetit sous Ptoléniëe Aidera), le sanctuairede Repit à Athtibis, une salle à l'ouest du naos, baptisée par Pet rie «the Pont Chambcr», est déiliëe à l'offrande faite aux divers dieux du temple des plante et des arômes de la «Terre dudieu» . Le registre inférieur représente deux séries d'art>" producteurs d'arènes : Punt sur la pa-rois Est, «Terre du dieu» sur la parois Ouest, avec des arbres de myrrhe d'un e&é, des essencesplus difficiles à identifier (k3-m33) de l'autre. On y lit «un texte explicatif pour chaque arbre 1-, .]donnant la coitleur, le parfum, la densité, la forme de la larme de chaque risinc ; chacun de ceséléments, minutieusemcnt d&i'it, est mis en rapport avec la dérivation mythologique des partiesdu corps cles différentes divinités . Une sorte de taxinomie constituant l'alphabet secret d'un plusample dessein cosmique»: M . B =Ù, Il Giardino del Dio, dans Profumi d'Arabie, a cura diA . AvANznI, Rama, 1997, pp . 461-472-

} L'image du feu aux aromates n'est pas très cloignéc rie celle du buisson ardent, habité, lui,par tas feu qui ne consume nen (Ex 19, 18) . Ci. 1ANNAH K . HAR1uNGTON, No&ne5's. Rrbbintc]urdaisrrr -ri the Greco-Roman World, London and New York, 2001, p,p . 13 ss . («l.ioliness ascotisorning fine»}, renvoyant, pour le feu qui dévore, ou mange, â fix 24, 17 ; fDI 3, 22 ; cf . Ex

3, 2 et 19, 18 ; La . 9 . 24; 1 Cr 7, 2-3 ; Philo, Vie . Mr's, 11, 154 .

fraude de myrrhe et d'encens correspondait au règne très ancien d'Aphrodite,bien avant que le sang sacrificiel ne soit versé :

Ils n'avaient pas de dieu Asés, ni de TumulteNi de Zeus roi, ni de Kronos, ni de Poscidoti,üs avaient Cyprin reine .

D'elle ces hommes cherchaient les faveurs par des offrandes pieuses,Par des animaux peints et les fines odeurs de parfums,Des sacnficcs de myrrhe pure et d'encens fragrant,Ils jetaient sur 12 sol des libations de miel roux.L'autel n'était pas trempé du sang pur de taureaux .Mais c'était l'abomination la pies grave chez les hommesQue d'arracher la vie et de dévorer les membres splendides d'un cors 4

Empédocle lui-même, diL •on, sacrifia un four unie effigie de bceuf façonnéed'aromates . pauL-il em déduire (du point de vue à la fois du nez et de l'estomac ;:que les fumigations d'aromates peuvent équivaloir, sur un mode très pur, à la fu-mée qui s'élève des autels quand brûlent les os et la viande, au au moins s'y sub-stituer? Quel rapport faut-il alors imaginer, entre cette fiimée et le corps du dieu?

Cette question, que posent les dossiers de Deonna, est au coeur des Jardinsd'Adonis de Marcel Detienne, un livre paru en 1972, qui a profondément motivé.La recherche mythologique . Un livre de révolte et de rejet du passé qui condamnesans appelt et non sans quelque injustice, les approches antérieures, notammentcelle de Sir rames Frazer, mais qui ne manque pas (le renvoyer, positivement, àl'Euôdia de Deonna paru dans Geneva en 1939, en l'entourant de références àE. Lohrncier et à n.-Ch. Puech. s On se souvient du problème soulevé par Re-tienne: «Mêlés l'un â l'autre et, pour ainsi dire, confondus dans la pratique quo-tidienne du sacrifice, le parfuni des aromates et le fumet des viandes n'ont pas ce-pendant exactement la même signification» •° Marcel Detienne nous invitait alors,«pour définir la différence qui les sépare et cerner ainsi un aspect essentiel des aro-mates», à faire un fameux détour par le système A s pratiques alimentaires pytha-goriciennes . C'est en effet à partir d'elles que Detienne proposait de comprendre,via l'itnalyse du bceuf aux aromates, ce qu'il appelait «l'antithèse entre le fumasacrificiel et la fumée de la myrrhe» : «Alors que l'odeur des viandes grillées appa-rait comme le signe le plus sensible de l'état de partage originel, alors que, dansson trajet vertical, le fumet sacrificiel nc fait que dénoncer la distance qui sépare

Traduction de JEAN Bou .A( ;K, dans b~npér~nele Les purrficetiorrs . Un projet de paix urritser-sedle, Paris, Settïl, 2003, p, 8b,

5 M. DanrN.~rF, Les Jardins d'Adonis, Paris, Gal] imard, 1972, p- 94 ; cf- T- Loir rtsrnrs, Vouegdarlicdrese lkrohlge ch, in «Sitzungs1,eriehte drr Hcidclbcrger Akadcmie der Wissenschaften,i'hdos.-hfstor- Klacae, Heidelberg», IX, 1919, pp . 4 ss . ; FL-CH, Forcit, Padoue= sucrés, odeurs-sic .ta€isreetr, cff avec parediriaques, dans «L'amour de l'art», 1950, 1}h . 36-40,

t ' Les Jerdras d`Adents, Paris, (,aflimard, 1972, p . 76 .

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radicalement le monde des hommes du monde des dieux, les fumigations d'encenset de myrrhe représentent pour les Pythagoriciens un type de sacrifice OÙ des su-per-nourritures établissent entre les hommes et les dieux une authentique

commansalité».7

Le parfum signale la présence divine, dans son immédiateté . Partant du dos-sier mis au point par Deonna, en le prolongeant du côté des pratiques orphiqueset magiques, on se rappellera que les dieux sont perçus, en leurs épiphanies,comme des effluves parfumées . s Chez Euripide, l lippolyte mourant reconnaît Ar-témis qui se rapproche: «O souffle divin, jusque bans le malheur je sens ton par-him, et mon corps en est allégé ; la déesse Artémis est ici» . Un parfum délicieux

(odm birrzerâessa) recouvre la montagne du Cyllcne, qui abrite la grotte où estné l'enfant Hermès, emmailloté, recouvert comme un charbon caché sous la cen-dre, dans des langes qui dégagent un parfum dont le vocabulaire suggère qu'il estune fumée, ou un fumet, de type sacrificiel (sptirgana ibydcerafa, Hymne homérique

à Hermès, 237). La même rencontre, du parfum et du fumet sacrificiel, se retrouveclans l'Hymase homérique â Déméter (277), quand la déesse révèle sa divinité : unparfum délicieux se dégage de ses vat-nient, comme un fumet (odnm d'btm'essa

thauératgra apex pcp{o») . L'image sera reprise cliex Plutarque, dans une scène où ladéesse Isis se présente comme une inconnue, à la cour du roi phénicien (Lais et

Ciçiris 357 A) .Vocabulaire sacral, qui rcjuùit aussi le tiocahulaire de la séduction . On doit

évoquer, dans cette perspective, le dossier des huiles parfumées, celles notammentqu'utilise l-iéra pour séduire Zeus9 L'huile a une fonction ambrosienne qui l'assi-mile à du mangeable, à du comestible, autant qu'à un onguent . Alain Ballabriga aproposé le traduction suivante du passage de l'Iliade: «Avec de l'ambroisie d'abordellc nettoya son corps désirable de toute souillure ; elle s'oignit d'une huile grasse,inrtnortelle nourriture (ou ambrosienne nourriture : arrmbrost,t edaradi) qui avait étéparfumée pour elle»- L'onction d'ambroisie équivaut, pout les dieux, â une nour-riture, comme le montre ce que Déméter fait subir à Dérnophon, dans l'Hymne ho-

im nique (237 : «elle l'enduisait d'ambroisie comme s'il fût né d'un dieu») . Ballabrigspropose de comprendre que ce mélange des catégories, entre ce qui se mange, cequi sc boit et ce qui est un onguent, constitue une manière de dire l'altérité desdieux malgré un régime de l'imaginaire parfaitement anthropomorphique .

Après avoir quitté Babylone au début de l'été, la caravane d'Apollonies deTyane (Philostrate . Vie d'Apolloraios de Tyane 11, 1) sc rapproche du Caucase,

7 l ar. cil., p . 95 : cf. p- 113 .a Le dossier grec des odeurs c1i ires (associatiox, e.ntrc dieux ci parfums) est présenté de

manière approfondir par S. 1 .ii,i , fbe 7'reatment nf Odurs in the Pocha uf Antiguity, I ldsinki .1972, pp . 19 ss.

v A propos de l'huile parfumée d'Hcra dans l'1lrarle?dain Ballabriga a donné une riche ana-lyse tics inlrplications de l'onction divine . Le nourriture des dieux et le parfum des déesses . A prolosd'Iliade, XIV. l,O-f 12, in «Met iss», X11 . 1997 , pp . 119-127 .

cette montagne dont les sommets coupent la course du soleil, La terre est de pl-en plus parfumée . On apprend que des animaux qui aiment les aromates, des pathèmes parfumées traversent Lt région pour se rendre dans le territoire de Nysconsacré à Dinnysos .

Les parfums signalent la présence des dieux. Et à leur tour les fumigations rtirent ces niêines dieux comme le semblable attire le semblable .1° Les furnigatiordétaillées, dont la composition est p écisée pour chaque divinité, dans les Hypnnaorphiques, ont pour fonction de redoubler l'efficacité de la récitation, c'est â dittrès explicitement, par la contrainte de la double offrande de la prière et du pafiim, de faire venir le dieu, de l'attirer physiquement dans l'espace du rituel ." Itradition grecque et romaine suggère qu'il y a un lien entre le parfum (aiomalocal ou gomme exotique importée) et la divinité : brMcr le parfum revient àdonner un moyen non seulement de communiquer avec le dieu en lui adressa .une offrande susceptible d'être reçue, mais aussi de «sentir» sa présence . La sugestion d'un tel lien (au niveau des fumigation, et aussi des encrions) 12 se trou'renforce par le fait que l'on convoque le dieu au sacrifice, dans l'invocation finades prières accompagnées de fumigation, en particulier dans les Hymnes orPigecs-. On appelle le dieu si table, on l'invite à venir à la fête, au repas .

Vers la même époque que les Hymnes orphigAtes, les papyri magiques grc,d'E~gypte décriront explicitement les epithûrnata (les fumigations} comme étaisuggeenkà, «apparentées» aux divinités (asrralcs) auxquelles s'adresse le magicienUn lien de si eneaa, «de parenté ou de commune origine», de commune inatulest ici clairement affirmé- 1 .1 On vola enfin la myrrhe elle-même, dans un manuel cmagie égyptienne d'expression grecque, devenir une divinité puissante, «niaigeusc de chair et tison du cœun>, que le magicien invoque et envoie auprès d't[rfille récalcitrante, pour qu'elle soir irrésistiblement. entraînée dans les bras de scamoureux :

Tu est la myrrhe, l'amère, la difficile, 14 la rêx :oneiliatrioe des etianbantants, celle qui fabrûler et unrtraint â aimer ceux qui ne se soumettent pas à Eross-'four, tc nomment M4yrr! -

10 Si l'on sn droit un sclioliaste (un i et' délaissé) à Es chine 1 . 23 (p. L3 Dindorf) . Lc passain'avaiC portasse pas échappé a Dk1TFNtir . L'.i J,¢rdain d'ALcj0is, p . 7 3 (avec note 1) .

Cf. friras Orfici, a cura di G. Tiu ;Ciflsuar r .i,r, Milano, Fondazione Lonrtxo Valla-IUlond ;dort, 20(10, pp. xxxVlruc.

12 Les huiles partumtes, mantifacturées à Pylos et Cnossos, sore un clément capital dEl'époque rnyci:nirnnc . Elles riant élaborées à partir d'huile d'olive (ou de sésame) chauiftée, réerdue astCUlgeilte par l'ajout de ooriandi-é ou de fenouil, puis parfumée avec des roses ou desauge . Cf. ANNA LUCIA o'AG,ATA, xncea.re and Perfenrs in the Laie Bronze J1ge Aegean, dans 12nfume d'Arabia, cit ., pp . 85-99 (notamment p . 55 avec notes 1 et 2) ; C.W- SF1ErMFRIIINIt, Shirtire}rd F'errgrane Cloth in Ilomeric Eprc, dans J .B CABTFR and S, I?, MORRIS, The Age5 OfHomer. .Te-ibrrtc to Emily Tawseud Vermeaele, Austin, 1995, pp . 99-107 .

13 1C'M XIII . 13 .14-14 Attesté dès l'akkadien le met myrrhe, truite», est effectivement tiré d'une rachlc rnrr ye

signifie l'amnettume (cf- C . BA T1 e J . C;[7NT[NI . dans Prnfumi r{ lrabie . tir., p- 179)-

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mais moi je te nomme mangeuse de chair et tison du coeur- .- Jr t'envoie i, Une tche, fille

d'Une [elle-,- N'entre pas en die par ses yeux, ni par ses flancs . ni par ses ongles, ni par

son notnbril, ni par ses membres, mais par sa rtspirsrinn (diâ tes psuch~s ), et reste dansson rieur, brûle-lui les entrailles, la poitrine, le foie, le souffle, les as, la moche, jusqu'àce qu'elle victiile vers moi . . . 33

En faisant de la myrrhe une divinité, l'Egypte tardive, celle des papyri magi-

ques, vient exaucer l'attente des Grecs . Elle permet d'expliciter ce que les Grecs

chez eux, depuis les présocratique, hésitent à croire : la consubstantialité de l'of-

frande et du dieu, Une question, bien sûr, que le christianisme saura prolonger

â sa manière, pour l'enchantement de Deonna, et le notre . Le parfum, c'est aussi

la mémoire .L)n peuln être reconnaissant a Carlo Ossela de trous avoir redonné accès â cette

mémoire, en publiant le beau dossier exploré par Waldemar Deonna .

PF;[LiPPE llClitGEAUD