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RENDEZ-VOUS POLITIQUE (Chambre de Commerce de Libreville, le 13 juin 2015) ------------------------- Chers compatriotes, en vos titres et qualités, Mesdames et messieurs, En démocratie, il est de bon ton qu’un responsable politique, qui est en principe, homme de réflexion, communique directement, en certaines circonstances, avec ses compatriotes, au-delà des nécessaires réunions qui constituent le cadre quasi quotidien du travail qu’il est appelé à abattre avec ses collègues ou autres responsables. C’est l’exercice auquel j’ai l’honneur de m’astreindre devant vous. Vous qui avez bien voulu m’honorer de votre présence en répondant favorablement à mon invitation. Soyez-en remerciés infiniment. Mesdames, messieurs, Du haut de cette tribune, je ne peux poursuivre plus avant mon propos sans avoir une pensée pieuse pour notre frère André MBA OBAME, candidat victorieux de l’élection présidentielle en 2009, membre fondateur et Secrétaire Exécutif de l’Union Nationale et membre fondateur du Front de l’Opposition pour l’Alternance, récemment décédé. Mes pensées vont aussi à Pierre Claver ZENG EBOME, membre fondateur et Vice-Président de l’Union Nationale. « Ne m’attendez pas » avait lancé dans la cathédrale Sainte Marie le regretté André MBA OBAME aux militants et aux sympathisants de l’Union Nationale venus assister à la messe organisée à l’occasion de son anniversaire. Parole prémonitoire qui s’est avérée hélas fondée, mais à laquelle pourtant nous ne croyions pas, tant nous avions espoir de revoir notre leader sur ses jambes, prompt à nous servir ses réparties alertes dont il avait le secret. Mais le Dieu Tout Puissant en a décidé autrement. Aussi, devons-nous nous rendre à l’évidence : André MBA OBAME nous a quittés et nous devons demeurer, chacun à sa 1

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La transparence électorale qui est un prérequis pour le Front passe par une mise à plat et un réexamen du dispositif constitutionnel et législatif, cela signifie un retour à la Constitution de 1991, une révision du code électoral, un toilettage des institutions gérant le processus électoral (la Cour Constitutionnelle, la Cénap), une biométrisation de tout le système électoral comprenant une liste électorale biométrique qui permet une identification en amont et en aval des électeurs, son authentification dans le bureau de vote avec interconnexion des différents bureaux de vote.

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RENDEZ-VOUS POLITIQUE(Chambre de Commerce de Libreville, le 13 juin 2015)

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Chers compatriotes, en vos titres et qualités,

Mesdames et messieurs,

En démocratie, il est de bon ton qu’un responsable politique, qui est en principe, homme de réflexion, communique directement, en certaines circonstances, avec ses compatriotes, au-delà des nécessaires réunions qui constituent le cadre quasi quotidien du travail qu’il est appelé à abattre avec ses collègues ou autres responsables. C’est l’exercice auquel j’ai l’honneur de m’astreindre devant vous. Vous qui avez bien voulu m’honorer de votre présence en répondant favorablement à mon invitation. Soyez-en remerciés infiniment.

Mesdames, messieurs,

Du haut de cette tribune, je ne peux poursuivre plus avant mon propos sans avoir une pensée pieuse pour notre frère André MBA OBAME, candidat victorieux de l’élection présidentielle en 2009, membre fondateur et Secrétaire Exécutif de l’Union Nationale et membre fondateur du Front de l’Opposition pour l’Alternance, récemment décédé. Mes pensées vont aussi à Pierre Claver ZENG EBOME, membre fondateur et Vice-Président de l’Union Nationale.

« Ne m’attendez pas » avait lancé dans la cathédrale Sainte Marie le regretté André MBA OBAME aux militants et aux sympathisants de l’Union Nationale venus assister à la messe organisée à l’occasion de son anniversaire. Parole prémonitoire qui s’est avérée hélas fondée, mais à laquelle pourtant nous ne croyions pas, tant nous avions espoir de revoir notre leader sur ses jambes, prompt à nous servir ses réparties alertes dont il avait le secret. Mais le Dieu Tout Puissant en a décidé autrement. Aussi, devons-nous nous rendre à l’évidence : André MBA OBAME nous a quittés et nous devons demeurer, chacun à sa place, ses dignes héritiers politiques fiers et heureux d’avoir été ses compagnons de lutte pour la libération de notre pays.

Prenons l’engagement de continuer cette lutte et d’en assumer la charge sans qu’il ait eu en ma connaissance besoin de désigner spécialement l’un d’entre nous pour accomplir cette mission. Que l’on fût proche ou pas de MBA OBAME, nous lui devons fidélité et sa mémoire doit constituer le point d’ancrage, le trait d’union de nous tous. Ce vœu qui ne doit pas être un vœu pieux, nous le formulons et l’inscrivons au fronton de notre noble combat pour le Gabon. Cela exige bien sûr une réelle prise de conscience, de la volonté, de la détermination, de l’objectivité et aussi de l’humilité, car la vie politique requiert de nombreuses exigences, dont celle de l’humilité. C’est cette humilité qui, entre autres valeurs, permet d’établir et de fructifier le lien de confiance avec le peuple.

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Mesdames et messieurs,

Certains d’entre vous pourraient me reprocher de tenir encore un discours, car les discours on en a assez fait. Certains gabonais nous demandent même de passer aux actes, sans toutefois préciser lesquels. Et pourtant, il faut bien parler pour communiquer entre nous en plus des moyens techniques d’information et de communication qui, malheureusement, ont l’inconvénient de ne pas nous offrir de la chaleur humaine.

Cela dit, vous comme moi savons que l’année 2009 a été et sera assurément à jamais un tournant historique de la vie politique contemporaine du Gabon.

Après le décès le 8 juin 2009 du Président Omar BONGO ONDIMBA, qui, quarante ans durant aura présidé aux destinées de notre pays, le peuple gabonais était légitimement fondé à vivre désormais sous un régime politique autre que celui qui, aujourd’hui, pérennise malheureusement dans une version dynastique le système ayant figé le Gabon depuis 1968, sous la férule du PDG.

Vous et moi savons que l’opposition politique au Gabon, avec ses forces et ses faiblesses, a déployé tant bien que mal, au lendemain du scrutin présidentiel du 30 août 2009, des actions sur le terrain pour dénoncer le caractère illégitime et anti-démocratique du pouvoir. Ce pouvoir que je ne vais pas décrire ici tant son essence est connue de tous.

Ce qu’il convient de dire, c’est que la situation politique, économique et sociale et morale qui prévaut au Gabon justifie amplement l’initiative prise le 19 juillet 2014 par des compatriotes responsables des partis politiques de l’opposition ainsi que des personnalités politiques du même camp, de constituer un Front de l’Opposition pour l’Alternance. La constitution de ce Front politique a été un engagement fort et déterminé de mettre un terme au système politique honni par les gabonais. Un système caractérisé par un obscurantisme qui se traduit par un refus systématique de la pratique démocratique souhaitée par les populations ; ajouté à cela une instrumentalisation tribaliste dans l’exercice et la gestion du pouvoir qui va jusque dans tous les secteurs d’activité publique et privée. Une gestion opaque, à la limite mafieuse des ressources économiques du pays, une gouvernance des finances publiques aux antipodes des règles de l’orthodoxie, une faiblesse coupable dans la définition et l’exécution des infrastructures. Un manque évident de rigueur dans le système éducatif et culturel, un système de santé approximatif, une politique des transports publics quasi inexistante, de même, celle du logement et de l’urbanisme ajouté à l’incapacité manifeste à faire face au problème du chômage, surtout des jeunes. Le tout couronné par des injustices sociales criardes et une justice à la solde du pouvoir politique.

Le Gabon est donc malade. Face à ce tableau si sombre, le Front de l’Opposition pour l’Alternance a décidé et s’est engagé solennellement à choisir en son sein un candidat

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unique et de le proposer aux suffrages des gabonaises et des gabonais à l’élection présidentielle si celle-ci a lieu dans des conditions de transparence et de crédibilité.

Cette élection présidentielle, soyons clairs, n’est pas chose acquise aujourd’hui. Que l’on ne s’y méprenne pas. En effet, trop de spéculations se font à ce sujet. L’immense majorité des gabonais s’accordent sur la nécessité qu’elle offre toutes les garanties de crédibilité, d’équité, en ce sens que les institutions et structures administratives impliquées dans son organisation et le rendu des résultats issus des urnes devront être conformes non seulement à l’esprit de notre Constitution qui définit le Gabon comme une république démocratique, mais aussi à l’acte constitutif de l’Union Africaine dont le Gabon est signataire.

Le candidat que nous aurons choisi issu bien entendu du Front de l’Opposition pour l’Alternance devra bénéficier du soutien, non seulement de tous les gabonais favorables au Front, mais aussi de tous les citoyens résolument opposés à toute sorte de forces représentant de près ou de loin le pouvoir. Faut-il rappeler que le pouvoir d’Ali BONGO ONDIMBA est issu du coup d’Etat électoral perpétré le 3 septembre 2009 ? Ce n’est pas une affirmation gratuite, elle repose sur les faits sur lesquels nous ne reviendrons pas ici.

Pour l’heure, la question porte sur la candidature, le choix et le moment de choisir ce candidat. Cette question semble être la question de tous les dangers, à lire les journaux et à suivre les conversations des gabonais. Tel parti ou telle personnalité est soupçonné d’être favorable au choix d’un candidat, il est par conséquent taxé d’être favorable pour l’élection présidentielle dans les conditions actuelles. Tel autre parti ou telle autre personnalité est présenté hostile à l’idée de choisir un candidat, la raison invoquée est qu’il faut d’abord réaliser le préalable, autrement dit, les réformes des institutions et le départ d’Ali BONGO ONDIMBA du pouvoir.

En examinant ces positions, du reste légitimes, il demeure en fin de compte que l’élection présidentielle interviendra tôt ou tard, mais elle interviendra inéluctablement. Il s’agit d’un rendez-vous constitutionnel incontournable.

Mesdames et messieurs,

A-t-on jamais rencontré un membre du Front de l’Opposition pour l’Alternance, préoccupé au plus haut point par la situation politique du Gabon, notamment depuis 2009 et depuis que se pose la situation administrative de monsieur Ali BONGO ONDIMBA, qui pense aller à l’élection présidentielle sans la conditionner à la nécessité de la transparence ? Nous avons aujourd’hui à la tête de l’Etat une personnalité sans papier et tous les gabonais savent que le processus électoral au Gabon est des plus opaques. Face à cette situation, il est évident qu’aucun gabonais, fier de l’être, ne peut accepter qu’Ali BONGO ONDIMBA demeure à la tête de l’Etat ou puisse être désormais candidat à une quelconque élection de surcroît, la présidentielle. Les partisans de la politique de l’autruche considèrent pour leur part que c’est être xénophobe que de constater et de dénoncer cette situation qui ne saurait être admise

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dans aucun autre pays. Voilà un grave écueil qui guette Ali BONGO ONDIMBA et dont on ne peut pas ne pas se saisir, nous, membres et militants du Front de l’Opposition pour l’Alternance, afin d’empêcher Ali BONGO ONDIMBA d’être candidat à une quelconque élection.

La transparence électorale qui est un prérequis pour le Front passe par une mise à plat et un réexamen du dispositif constitutionnel et législatif, cela signifie un retour à la Constitution de 1991, une révision du code électoral, un toilettage des institutions gérant le processus électoral (la Cour Constitutionnelle, la Cénap), une biométrisation de tout le système électoral comprenant une liste électorale biométrique qui permet une identification en amont et en aval des électeurs, son authentification dans le bureau de vote avec interconnexion des différents bureaux de vote.

Il va de soi que la mise en œuvre de ces réformes dans le contexte politique actuel n’est envisageable que dans le cadre d’un dialogue inclusif réunissant le camp du pouvoir, l’opposition et la société civile. C’est ce que, pour ma part, j’ai cru comprendre lorsque les représentants de la communauté internationale au Gabon avaient exprimé leurs vives préoccupations à la lumière de l’aggravation du climat politique des mois de décembre et janvier derniers durant lesquels nous avons regretté l’assassinat du jeune MBOULOU BEKA par les forces de l’ordre.

Mesdames et messieurs,

Pour revenir au débat sur la candidature et le moment du choix du candidat qui mobilise aujourd’hui les esprits, il réside dans le fait d’une part que les gabonais veulent des élections libres et transparentes et, d’autre part, que les détenteurs du pouvoir se plaisent à verrouiller les institutions électorales qui n’offrent pas de garanties pour l’expression démocratique du peuple. C’est là où le bât blesse. Pour nous autres qui nous situons dans l’opposition à ce pouvoir, nous nous inscrivons résolument dans le camp des partisans des réformes des institutions avant toute élection. C’est clair.

Ceci étant, rien ne s’oppose, de mon point de vue, à ce que le Front choisisse dès maintenant un candidat dès lors que le combat pour les réformes des institutions constitue des préalables. C’est pourquoi, il est urgent de reprendre la pression sur le pouvoir plutôt que de nous fragiliser mutuellement dans des contradictions qui nous empêchent d’amplifier la lutte contre l’imposture.

Il est évident, et chacun le comprend, que le pouvoir boit du petit lait quand l’opposition s’étripe sur la place publique et que de fait, le peuple est dérouté. Le débat sur le choix d’un candidat en un temps « T » n’a pas lieu d’être ; s’il y a débat, il doit être interne au Front et aux partis membres de ce Front. Comment pouvons-nous offrir le poignard à notre adversaire afin qu’il nous le plante dans le ventre pour nous abattre.

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Et que dire du persifflage malsain de certains de nos journaux qui y vont de leurs commentaires.

Je sais : dire ici et maintenant que tel est favorable à la désignation d’un candidat lui vaudrait des foudres de la part de certains de ses amis de l’opposition qui, du coup, le soupçonneraient de vouloir aller à l’élection.

Mesdames et messieurs, je pense que les démarches qui mènent à l’alternance politique peuvent être multiples et variées, parfois apparemment opposées mais stratégiquement complémentaires. La quête des conditions de la transparence électorale n’est pas incompatible à la désignation d’un candidat unique du Front. Au contraire, les deux aspects me paraissent complémentaires au combat que nous menons.

Et le peuple au nom duquel nous parlons tant n’a-t-il pas besoin de connaitre le candidat du Front ?

Ce Front doit-il se contenter de demeurer un ensemble de personnalités sans qu’apparaisse un homme ou une femme qui en porte le visage ? Cet homme ou cette femme qu’il sorte d’un parti politique ou qu’il soit une personnalité doit être connu afin que désormais les populations puissent l’identifier. Cela a l’avantage de mobiliser réellement les populations qui à ce jour s’interrogent, il faut bien le reconnaitre.

Mesdames, messieurs,

Mon inquiétude, à ce que je vois, c’est en réalité la résurgence de nos vieux démons de toujours, de nos pesanteurs sociologiques et de nos égos. Des facteurs qui contribuent à nous retarder, à nous bloquer dans notre marche vers l’objectif qui est de dégager Ali BONGO et son pouvoir. Pour ce faire, reprenons nos actions de terrain et organisons nous afin d’amplifier la pression. Faisons moins de bureaucratie et interpellons la communauté internationale. Cette communauté internationale qui s’est montrée disposée à nous accompagner dans le règlement de la crise gabonaise.

A cet égard, l’idée d’un dialogue inclusif qui m’a semblé avoir cours ces temps derniers doit être relancée avec vigueur. La communauté internationale doit jouer un rôle déterminant dans le règlement de la crise gabonaise, faute de quoi il sera peut-être trop tard et ce qui se passe sous d’autres cieux risque de se produire chez nous.

Mesdames et messieurs,

En exprimant publiquement ma préférence pour l’homme que je juge apte à porter le projet du Front, je ne dénie nullement aux autres personnalités du Front les capacités d’assumer les mêmes charges. C’est pourquoi je parle de préférence en étant moi-même exigeant sur sa volonté, sa détermination et ses capacités à porter l’idéal du Front.

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Le Gabon a subi un véritable traumatisme en 2009. Moi-même candidat, j’ai invité tous les autres candidats à une réunion au quartier London de Libreville pour une concertation qui nous aurait donné l’opportunité de désigner plus largement un candidat unique. Quelques candidats n’ont pas répondu présents à mon appel ; cela s’explique par plusieurs facteurs dont j’ai déjà fait état : il s’agit des facteurs sociologiques et des égos, je n’en dirai pas davantage.

A l’occasion de cette rencontre qui n’a pas été facile, j’aurai pu revendiquer la position d’ancien Premier Ministre que j’avais ou même la primogéniture sur le candidat MBA OBAME. Ce ne fut pas le cas puisque c’est lui qui fut choisi candidat unique et on connaît la suite. « Gabon d’abord » cher au premier Président du Gabon m’était venu à l’esprit au point que je fis entorse au protocole pendant les obsèques du Président Omar BONGO ONDIMBA. En effet, c’est conscient que l’enjeu de notre pays se jouait que mon oraison funèbre a délibérément revêtu, devant des Chefs d’Etats étrangers, et pas des moindres, le ton dont chacun peut se souvenir. Je ne crois pas avoir réalisé là un exploit, mais j’ai exprimé tout simplement ce que me commandait ma conscience en m’inspirant du récit contenu dans le Livre des Rois qui rapporte que lorsque Roboam succéda à Salomon, il dit au peuple : « maintenant, mon père vous a chargé d’un joug pesant et moi je vous le rendrai plus pesant ; mon père vous a châtié avec des fouets, et moi je vous châtierai avec des scorpions.» Est-ce que vous suivez mon regard ?

Ne pensons-nous pas que Roboam est depuis 2009 dans nos murs et qu’il châtie le peuple gabonais avec des scorpions ? Nous n’allons pas nous laisser plus longtemps châtier avec des scorpions ! Alors, axons notre résistance et notre lutte sur l’essentiel, c'est-à-dire l’enjeu que représente le Gabon car le Gabon est l’essentiel et non pas nos positions individuelles.

Je lance donc un appel solennel et pressant à tous les gabonais pour qu’ils transcendent toute subjectivité en privilégiant tout d’abord le Gabon.

Chers frères et sœurs, l’heure est grave, nous devons mettre fin à nos postures. Le Gabon est composé des Kotas, des Apinjis, des Myènès, des Obambas, des Fangs, des Punus, des Tékés, des Nzébis, des Loumbous, etc. Le Gabon est fait de la Nyanga, du Moyen Ogooué, de l’Ogooué Ivindo, de l’Estuaire, du Woleu Ntem, de la Ngounié, de l’Ogooué Lolo, de l’Ogooué Maritime et du Haut Ogooué sans lesquelles il n’y a pas de République Gabonaise.

Est-ce qu’un compatriote nécessairement originaire d’une ethnie, à la tête du pays peut prétendre le diriger avec uniquement son ethnie ? C’est se leurrer lourdement et faire preuve d’une vacuité aussi politique qu’intellectuelle. Quel sens donner à « tout sauf les Fangs » ? Quel sens donner lorsqu’on entend qu’un Fang doit absolument diriger le Gabon ? On sait que les gabonais de toutes ethnies et de toutes origines ont pris une part active et commune à l’œuvre d’émancipation de notre pays et à son indépendance politique.

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AMOGHO aux côtés de NYONDA, SOUZATTE aux côtés de GONDJOUT, Léon MBA aux côtés d’AVARO, Jean Hilaire AUBAME aux côtés de Jean Marc EKOH, etc. Le capitaine NTCHORERET, mort pour la France, n’est-il pas Gabonais ou bien ses compatriotes le considèrent seulement comme un Myènè ? Quand un Fang repousse un non Fang, il s’apercevra très vite qu’il aura besoin de ce « bilop » pour formaliser son dossier dans telle ou telle administration ou le soigner à l’hôpital, ou même enseigner son enfant à l’école par exemple, et vice versa. Et que dire des mariages inter-ethniques de nos enfants ? Bel exemple qui prouve que nos enfants sont en avance sur la « gabonité. »

C’est pourquoi, en prenant bonne note de l’appel de la société civile, je demande aux différents mouvements et structures associatives se réclamant de l’opposition de cultiver l’unité au-delà des différences d’approche qu’ils peuvent avoir sur tel ou tel problème. Ces différences d’approche ne nous ont pas empêchés d’être tous ensemble mobilisés lors des obsèques d’André MBA OBAME. J’en profite pour exhorter mes chers compatriotes de vous manifester aussi nombreux que lorsqu’il a fallu rendre hommage à notre illustre disparu lors des meetings organisés par le Front. C’est l’une des pression à exercer sur le pouvoir.

Mesdames, messieurs,

Vous m’avez écouté, je vais me jeter à l’eau en votre présence pour vous dire qu’un homme s’est révélé à mes yeux comme étant revêtu des atouts et d’un leadership à même d’être notre porte flambeau dans l’éventualité d’une élection présidentielle. Cette personnalité à laquelle je pense doit être déterminée, volontaire, prête à assumer toute la charge politique du Front. Cette personnalité c’est un gabonais et c’est Jean PING qui a ma préférence.

PING s’est révélé politiquement et stratégiquement à mon sens, dans le cadre de l’opposition, comme le gabonais de la situation.

Souvent absent du territoire national, en raison de ses fonctions, il est présenté comme peu connu du pays profond, mais nous soulignerons tout de même qu’il a été longtemps un élu dans son Omboué natal. Après des débuts professionnels à l’UNESCO, désireux sans doute d’embrasser une carrière internationale, il fut appelé à Libreville par le Président Omar BONGO ONDIMBA pour diriger son cabinet. Puis après avoir occupé plusieurs portefeuilles ministériels, il est nommé Ministre des Affaires Etrangères. C’est alors qu’il est élu Président de l’Assemblée Générale de l’ONU pendant un an conformément aux règles statutaires de la prestigieuse organisation internationale. Revenu au Gabon pour reprendre le portefeuille des « A.E » comme Vice-Premier Ministre, il a la confiance des Chefs d’Etats africains qui le propulsent à la Présidence de la Commission de l’Union Africaine. Je pense donc que l’économiste de formation qu’il est, Jean PING s’est révélé en plus fin diplomate.

Cet homme que je viens de vous présenter, je ne prétends pas qu’il est parfait. Il a sans doute des défauts comme d’autres gabonais. Ce que je sais, c’est que monsieur PING, en rejoignant son pays et en déclarant qu’il « n’a plus rien avoir avec le pouvoir et le PDG », a

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galvanisé l’opposition qui en avait bien besoin depuis le retrait de MBA OBAME pour des raisons de santé. Il a de fait été à l’origine de la création du Front de l’Opposition pour l’Alternance. Ce n’est pas peu dire. Monsieur PING, dans le souci de faire connaitre le Front, a entrepris des tournées dans Libreville, et quelques localités de l’intérieur du pays. A ce titre, j’ai tenu à faire avec lui quelques déplacements pour passer le message du Front. Il n’est pas inutile de noter aussi ses voyages faits à l’extérieur du Gabon ; Ce qui, assurément, était pour tonifier le Front de l’Opposition pour l’Alternance.

Mesdames et messieurs,

Je vous ai longuement entretenu de ce que je crois être ma vision des choses et je vous remercie de votre aimable attention.

Jean EYEGHE NDONGAncien Premier Ministre

Sénateur du 1er siège du 2e arrondissementVice-Président de l’Union Nationale

Membre du FrontB.P : 9755 Libreville

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