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Jean-Michel Jarre, on the road interview - Gala.fr
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Jean-Michel Jarre, on the road
“Dans les coulisses de sa tournée mondiale”
Quelques jours avant ses concerts en France, Gala a rejoint le
magicien de la musique électronique dans son bus rose flashy.
Gala: Heureux d’être à nouveau nomade?
Jean-Michel Jarre: Très heureux. A un moment où beaucoup
d’artistes de ma génération font leurs adieux à la scène, moi
j’entame une tournée de débutant. Elle me conduira, pour la
première fois, à travers le monde et sur tous les continents. Depuis
longtemps, j’avais envie de transporter la magie de mes grands
shows en extérieur dans des espaces plus « contrôlés », à l’abri des
aléas de la météo.
Gala: Vous qui avez investi des lieux grandioses, comme la Cité
Interdite de Pékin et les pyramides d’Egypte, ne vous sentez-vous
pas un peu à l’étroit dans une salle, aussi grande soit-elle?
JMJ: Pas du tout. Un lieu clos m’offre également beaucoup de
liberté. Il me permet non seulement de partager deux heures et
demie de spectacle dans une réelle proximité avec le public mais
aussi de lui offrir une immersion totale, sonore et scénographique
comme une sorte de prolongement visuel de ma musique.
J’interprète évidemment les morceaux les plus connus de mon
répertoire mais aussi des nouveautés, qui naissent et se
développent chaque soir pour figurer sur un prochain album.
Gala: Vous êtes un vrai patron, vous contrôlez absolument tout.
Rien à voir avec le mythe de la rock star qui débarque avec une
heure de retard…
JMJ: Ce genre de comportement très seventies me paraît démodé.
Aujourd’hui, un artiste se doit d’offrir le meilleur à des gens qui
font l’effort, en période de crise, d’acheter un billet. Chaque
concert que je donne, je le prépare comme s’il était unique.
Durant les répétitions, je m’assieds systématiquement à différents
endroits de la salle pour vérifier la qualité du son. Je ne considère
jamais les choses comme acquises, j’éprouve le même trac, les
mêmes doutes. Avec l’impression de faire des brouillons et que la
copie reste à venir. Bizarrement, je suis encore étonné que les gens
viennent!
"J'éprouve toujours l'angoisse du débutant"
Gala: Vous figurez dans le Guiness Book des records pour avoir
rassemblé au Kremlin plus de 3 millions de spectateurs, vous avez
vendu 80 millions d’albums. Et pourtant, vous n’avez pas adopté
le train de vie d’un jet-setteur…
JMJ: Je ne me considère ni comme un artiste businessman, ni
comme un musicien installé, rentier. J’ai préféré m’investir,
humainement et financièrement, dans mes projets. Mon luxe, c’est
d’avoir les moyens de les réaliser. Evidemment, la famille compte
énormément. Mon épouse, Anne Parillaud, mes grands enfants et
les siens, plus jeunes, que nous élevons ensemble, restent ma
priorité.
Gala: D’où vous vient votre énergie d’adolescent?
JMJ : Mon moteur, c’est l’envie, le désir. C’est aussi une question
de nature. Je tiens beaucoup de ma mère, qui, à quatre-vingt-
quinze ans, se porte comme un charme. Pour rester en forme, je
me limite à une bonne hygiène alimentaire. Mon sport, c’est sur
scène que je le pratique.
Gala: L’âge est important pour vous?
JMJ: Ma relation au temps est assez bizarre. Jusqu’à la mort de
mon père, Maurice Jarre, cette notion était complètement
abstraite. A son décès, en 2008, tout a basculé. Je suis devenu le
chef de clan, en d’autres termes, le «prochain» sur la liste. J’ai
brutalement pris conscience du temps qui me reste...
“Tous les DJ du monde revendiquent son heritage”
Gala: Vous êtes un citoyen engagé. Est-ce votre mère, ancienne
résistante et déportée, qui vous a montré la voie?
JMJ: Absolument. Elle a eu un destin incroyable. Résistante de la
première heure, arrêtée trois fois par la Gestapo, et déportée à
Ravensbrück. Elle a fini par s’échapper et revenir en France sur
le toit d’un train! Mais malgré ces drames de l’Histoire, elle m’a
élevé dans l’idée du respect de l’autre, de la tolérance. Ma mère a
toujours fait la différence, quand elle me parlait de la guerre,
entre les nazis et les Allemands. Plus tard, comme mes parents ont
divorcé -j’avais cinq ans- j’ai beaucoup souffert de grandir sans
père. Elle a su gérer cette absence sans jamais se montrer
envahissante ou abusive. Je lui suis très reconnaissant de m’avoir
inculqué des valeurs que j’ai transmises à mes enfants.
Gala: Comment êtes-vous devenu ambassadeur auprès de
l’Unesco?
JMJ: J’ai défendu la cause de l’écologie bien avant la vague verte.
A l’époque d’Oxygène, en 1976, le développement durable et
l’environnement n’intéressaient que les hippies! Il y a quinze ans,
on m’a proposé cette mission, qui me tient très à cœur.
Aujourd’hui plus que jamais. Car l’éducation, la culture, la
démographie, l’accès à l’eau potable vont être les enjeux majeurs
demain.
Gala: Vous agissez dans la discrétion...
JMJ: Je me méfie du charity business et des artistes qui, parce
qu’ils sortent un livre ou un disque, se montrent généreux. Je
préfère être en retrait et m’engager sur du long terme. Mon
message, je le fais passer dans mes concerts. Par exemple, dans le
programme qui est vendu, je veille à ce qu’il y ait une double page
qui fasse référence aux grands chantiers de l’Unesco. Les discours
moralisateurs me gênent. J’estime que ce n’est pas mon rôle.
"Je n'ai jamais abandonné les idéaux de ma jeunesse"
JMJ: Ma rencontre avec le pape Jean-Paul II, juste avant un
concert. La plus impressionnante de ma vie! Quand il est entré
dans la pièce, j’ai eu l’impression que la température était montée
d’un coup. Sa bonté, sa clairvoyance m’ont ébranlé. Je lui ai posé
beaucoup de questions sur le communisme. Nous avons parlé
longuement de Solidarnosc, de Lech Walesa, de ses problèmes de
santé mais aussi du rapport entre la musique et la spiritualité.
Gala: Pensez-vous être fidèle à vos vingt ans?
JMJ: Faut-il être fidèle à ses vingt ans? Chaque époque de la vie
vous apporte des choses. Néanmoins, je n’ai jamais abandonné les
idéaux de ma jeunesse tels que refuser d’être enfermé dans un
moule et de suivre la mode. Ce qui explique que je me suis lancé
dans la musique électronique en pleine folie disco! Durant toute
ma carrière, je me suis effectivement retrouvé en total décalage.
Cette situation me convient parfaitement.
Gala : Vous allez fêter, en mai, vos cinq ans de mariage avec Anne
Parillaud. C’est important?
JMJ: Le temps écoulé auprès de la femme qu’on aime, il faut le
chérir. Je m’efforce de tout faire pour que chaque jour qui passe
soit comme un anniversaire.
Propos recueillis par Claire Baldewyns.
Source:
Sons et lumières
Les lasers les plus sophistiqués du moment, créés sur mesure pour le tour 2010, offrent
au public un light show exceptionnel.
Suivez l'artiste...
Sur l'autoroute qui le conduit de Hambourg à Berlin, où il se produit le soir même, le créateur
d'Oxygène s'est retiré dans sa "chambre", un espace de repose lui permettant, en fin de matinée,
de composer sur son synthé de voyagde qui ne le quitte jamais.
En coulisses
Dans sa loge, l'artiste se prête aux derniers réglages de son micro HF.