2
Par Katia Berger. Mis à jour le 01.10.2013 Genève le 30 septembre 2013 La Maison d'Antan, est le nouveau spectacle de la compagnie L'ALAKRAN d'Oscar Gómez Mata à la salle du Faubourg de Genève. © Steeve Iuncker-Gomez/Tribune de Genève Partager & Commenter GENÈVE Oscar Gómez Mata construit l’utopie avec des adolescents L’Alakran livre sur scène sa version anarchiste de la fable de Stevenson, «La Maison d’antan». «Je m’appelle Jack, et je refuse!» Par cette phrase, parfois augmentée d’ajouts personnels, se présente chaque soir au micro la quinzaine d’ados de 10 à 19ans sélectionnés pour jouer dans La Maison d’antan. Tel un chœur antique, Elliot, Priscilla, Romyace ou Louison incarnent le jeune héros de la fable empruntée à Robert Louis Stevenson, tandis que les encadrent trois comédiens professionnels (les dynamiques Esperanza López, Valerio Scamuffa et Jean-Luc Farquet) ainsi qu’une équipe

Genève: Oscar Gómez Mata construit l'utopie avec des adolescents

Embed Size (px)

Citation preview

Par Katia Berger. Mis à jour le 01.10.2013

Genève le 30 septembre 2013 La Maison d'Antan, est le nouveau spectacle de lacompagnie L'ALAKRAN d'Oscar Gómez Mata à la salle du Faubourg de Genève. ©Steeve Iuncker-Gomez/Tribune de Genève

Partager & Commenter

GENÈVE

Oscar Gómez Mata construit l’utopie avecdes adolescents

L’Alakran livre sur scène sa version anarchiste de la fable de Stevenson, «LaMaison d’antan».

«Je m’appelle Jack, et je refuse!» Par cette phrase,parfois augmentée d’ajouts personnels, se présentechaque soir au micro la quinzaine d’ados de 10 à 19  anssélectionnés pour jouer dans La Maison d’antan. Tel un

chœur antique, Elliot, Priscilla, Romyace ou Louison incarnent le jeune héros de la fableempruntée à Robert Louis Stevenson, tandis que les encadrent trois comédiens professionnels (lesdynamiques Esperanza López, Valerio Scamuffa et Jean-Luc Farquet) ainsi qu’une équipe

artistique, sous la direction du metteur en scène Oscar Gómez Mata. Tout à l’heure, entrechansons, course et jeu masqué, ils auront à construire sur le plateau une vaste structure à base debâtons, symbole d’une alternative égalitaire à la société répressive dont leur personnage est issu.«Dès qu’un enfant était en âge de parler, on lui mettait les fers», avertit en effet le conte…

Une fable amère

La tête chercheuse de la compagnie de L’Alakran revient à ce classique en 5 pages de l’auteur deL’Ile au trésor – paru en 1895 sous le titre The House of Eld – après en avoir déjà tiré en 2004 uneinstallation pour le festival de La Bâtie. C’est dire si l’Hispano-Genevois voit dans cette amèrenouvelle un modèle tant esthétique qu’idéologique pour le théâtre engagé qu’il défend à Genève.Cette fois, dans chacune des villes où il présente son nouveau projet, il fait appel à une trentainede jeunes candidats pour occuper la scène en alternance, au terme d’une vingtaine d’heuresd’atelier et de répétitions.

Enfants du milieu théâtral

Entre les dernières mises au point précédant la générale et le moment de se lancer dans l’arène, ilss’agglutinent dans l’espoir d’être interviewés. «Moi, moi!» crie Arthur comme si la maîtressedistribuait des bonbons. «Posez-moi des questions!» supplie à son tour Elliot, l’enfant del’habituée des planches qu’est Latifa Djerbi. Ce sera finalement Roméo, 11  ans, fils de l’actriceSarah Marcuse, qui s’exprimera: «Ma mère a transmis mon CV à Oscar, et j’ai été pris sansaudition, comme tous les autres, raconte-t-il. J’avais déjà fait du théâtre, mais là, ce n’est pas unepièce comme les autres, tout n’est pas défini à l’avance, d’ailleurs je ne m’attendais pas du tout àça!» S’il a le trac? «Pas le moins du monde, ça fait longtemps que j’ai surmonté ça!» assure legarçon qui, loin de se destiner au métier de comédien, se voit plutôt «DJ ou bibliothécaire, mesdeux passions» quand il sera grand.

Pour un autre son de cloche, on se tourne vers Mila, 14  ans, également fille de la balle, maistraqueuse quant à elle. «J’ai beaucoup travaillé sur ce spectacle, confie-t-elle. Je ne pensais pasque ça prendrait autant de temps, ni que ce serait aussi bizarre! On fait du théâtre contemporain,vous voyez, ça change, on ne joue pas chacun un rôle!» La jeune fille ajoute avec fougue:«J’aimerais vraiment que le public comprenne le message qu’on lui adresse!» Avant d’avouer que«moi, je ne suis pas sûre d’avoir tout à fait compris…, mais j’ai adoré participer au projet!»

Et de se précipiter les uns derrières les autres, dans l’excitation assidue qui est la leur, sur leparquet de la salle du Faubourg, où ils donnent collectivement vie à Jack. Jack, dont le combatpour la liberté sera conté par des adultes, dont le rêve visionnaire sera transposé en imagesprojetées, et dont la société idéale sera bâtie branche après branche par des enfants.

La Maison d’antan Salle du Faubourg, rue des Terreaux-du-Temple 6, jusqu’au 12 oct., 022  908  20  00, www.saintgervais.ch (TDG)

Créé: 01.10.2013, 17h06