Gestion de la reproduction des vaches laitières.

Maîtrise des paramètres nutritionnels

et zootechniques

Marc ENNUYER

Les particularités de la vache laitière haute productrice

Evolution de la production laitière, de la quantité totale d’aliments consommés et du poids vif au cours

du cycle de production

Poids vif

Quantité totale ingérée Production laitière

Début lactation Pleine lactation

10 20 30 40

Semaines

Tarissement

T V 2 3 T V mois

25

20

15

10

Quantités ingérées ----

Kg MS / jour

Besoins énergétiques

UFL / jour

25

20

15

10

Amaigrissement Ingestion & Densité énergétique

Évolution de l’ingestion et des besoins énergétiques

Restauration des réserves

0,7 0,9 1,2 0,94 0,9

Déficit énergétique

Mobilisation des graisses

Libération des acides gras

non estérifiés dans le sang

(AGNE)

L’amaigrissement…

Diminution des défenses

immunitaires

Stockage

AG longs

Oxydation

ATP

FOIE Stéatose Cétose

Concentrations (en mg/100ml) Normal Cétose

Sang Glucose

Corps cétoniques totaux

52

3

28

41

Plasma

Acides gras libres

Triglycérides

Cholestérol libre

Cholestérol estérifié

Phospholipides

3

14

29

226

174

33

8

15

150

82

Le cholestérol est un précurseur des hormones ovariennes stéroïdiennes

L’amaigrissement…

HYPOCALCÉMIE ?

Variations de la Calcémie en peripartum ( Kimura 2006)

Vaches saines

Vaches à fièvre de lait

L’hypocalcémie est quasi physiologique autour du vêlage

Elle débute avant le vêlage …..même si la vache reste debout

100

90

80

70

60

50

- 6 - 5 - 4 - 3 - 2 - 1 0 1 2 3 4 5 6

Hypocalcémie

Part languissant Dystocie

Prolapsus utérin

Non délivrance

Cétose

Métrite

Baisse d’appétit

…ET MÊME SI ELLES NE SE COUCHENT PAS

L’immunodépression est physiologique au moment du vêlage

Élévation physiologique de la cortisolémie Effondrement des concentrations de Vitamines A et E (36 et 47%) Forte demande en oligoéléments du colostrum

Agressions physiques • Vêlage difficile • Blessures • Sol incompressible • Inconfort

Agressions physiologiques • Hypocalcémie • Cétose • Stéatose

Agressions psychologiques • Changement de logement • Passage à la traite • Dominance

Réponse de l’organisme

Système nerveux autonome :

Accélération cardiaque et respiratoire

Chimique : Production de radicaux libres oxygénés

Système hormonal : Augmentation du cortisol

Toxiques : dénaturent les protéines, l’ADN et les cellules

Baisse des performances Accélération du vieillissement

Baisse de l’immunité

Stress oxydatif

Le péri-partum peut être particulièrement stressant

Les 3 caractéristiques majeures du péripartum

– un bilan énergétique négatif avec ses conséquences

– des fluctuations de la calcémie

– un état d’immunodépression plus ou moins marqué

conditionnent l’appétit, l’apparition des troubles métaboliques et infectieux

de cette période et par conséquence, influencent très fortement les

performances de reproduction

Hypothalamus

Antehypophyse

GnRH

LH

FSH

L’hypothalamus : maître d’œuvre de l’activité sexuelle

lumière

alimentation

allaitement

État corporel

Bilan énergétique

Couverture en oligoéléments

Activité sexuelle & état corporel

produite par le tissu adipeux

Témoin du niveau de réserves adipeuses

LEPTINE

S’oppose à l’inhibition de la GnRH par le neuropeptide Y

S’oppose à l’inhibition de la LH par l’alpha MSH et des endorphines

Hypothalamus

Antehypophyse

GnRH

LH

FSH

muscle

Hypothalamus

Ovaire

glucose

Mamelle

Insu

lino

dép

endan

t N

on ins

ulin

o- d

épen

dan

t

Tissu adipeux

Cerveau

La répartition du glucose

Régulation hormonale au cours de la lactation

1 mois 2 mois

Vêlage

GH

INSULINE

Favorise la néoglucogenèse : + de glucose Augmente le flux circulatoire au niveau de la glande mammaire : + de glucose capté

Favorise la pénétration et l’utilisation du glucose par les tissus Début de lactation : insulinémie basse et diminution de la sensibilité à l’insuline des tissus

muscle

Hypothalamus

Ovaire

glucose

Mamelle

Insu

lino

dép

endan

t N

on ins

ulin

o- d

épen

dan

t

Tissu adipeux

Cerveau

La répartition du glucose en début de lactation

15

20

25

30

35

40

45

30/08(18)

07/10(52)

12/11(88)

04/12(110)

13/01(150)

14/02(182)

14/03(210)

15/04(242)

18/06(301)

Pro

du

ctio

n e

t TP

Date du contrôle (jours de lactation)

5

4

3

2

1

CH1 (38)

CH2 (57)

IA1 (80)

NEC

TP

LAIT

3.5

2.75 2.75

NEC

La vache « Eclipse » Bonne performance de reproduction

NEC optimale

Reprise d’activité ovarienne précoce Cyclicité régulière Bonne détection des chaleurs

Amaigrissement limité

Note d’état corporel 3.5 3,25 à 3,75

Photo Christophe Lesueur

État optimal au vêlage

Reprise d’état pendant la fin de lactation

Difficile pour les primipares

Performances Note d’état au vêlage

NEC < 2.75 2.75 < NEC < 3.5 NEC > 3.5

NEC moyenne 2.2 3.2 4.2

IVI1 ( jours) 77 58 61

IVIAF (jours) 101 83 88

Nb IA / IAF 1.76 1.66 1.81

TG à 60 jours 21 41 40

TG à 90 jours 45 64 59

TG à 120 jours 76 85 76

Effet de l’état corporel au vêlage sur les performances de reproduction

Race : Montbéliarde

MOUFFOCK C. et al Rencontre Recherche Ruminants, 2012

Note d’état corporel 2.5

Photo Christophe Lesueur

La vache maigre au vêlage

Reprise d’activité ovarienne retardée

Performances de production diminuée

Note d’état corporel > 4

Vêlage plus difficile

Maladies métaboliques (FV, Cétose)

Immunité diminuée

La vache grasse au vêlage

Prévenir la rétention placentaire

1. une supplémentation adéquate de la vache tarie en nutriments précurseurs des antioxydants : Vit E 3000 UI/jour Se 0,3 mg/kg MS 2. une maîtrise de l’état corporel pendant la période sèche : NEC < 4 3. une couverture énergétique adaptée de la vache prête à vêler : AGNE > 0,4 mmole avant le vêlage fréquence augmentée de 5% pour 0,1 mmole supplémentaire 4. le maintien d’une calcémie adéquate (BACA des 2 dernières semaines de gestation) 5. Un apport de magnésium important : 0.4% MS

57 69 72

88

50,5

31,7

5 13

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

< 1.5 > 1.5

J

o

u

r

s

o

u

%

perte d'état corporel entre 0 et 60 jours après le vêlage IVCH1 IVIAP RIA1 % réforme pour infécondité

NEC Repro, Ponsart C.,

Butler et al, 1989

Évolution de l’état corporel et

performances de reproduction

Métrites : βOH > 1,2 mmole (1ère sem.) : multiplié par 3

Inactivité ovarienne à 60 j : βOH > 1 mmole (1ère sem.) : augmentée de 50%

βOH > 1,4 mmole : IVIA1 + 16 jours, Réussite en IA1 divisée par 2

Cétose et performances de reproduction

Toutes adaptations métaboliques de la vache se reflètent

dans le sérum et dans le liquide folliculaire (Opsomer 2012)

Concentrations de glucose, de β hydrobutyrate, de triglycérides, de cholestérol et d’urée évoluent d’une façon similaire Elles peuvent affecter la qualité à la fois de l’ovocyte et des cellules de la granulosa …

… pouvant expliquer la plus faible expression des chaleurs et la moindre fertilité

Le TP mini : un indicateur à utiliser

• Le TP minimal reflète une perte d’état corporel importante en début de lactation

50.8 35 13.6

0.83

1.1

1.3

0

10

20

30

40

50

60

<26 26-28 >28

TP minimal (g/kg)

%

0

0.2

0.4

0.6

0.8

1

1.2

1.4

% femelles avec perte

d'état >= 1,5 entre 0

et 60 jours

Perte d'état moyenne

entre 0 et 30 jours

NEC + REPRO Claire PONSART

Étude sur PRIM’HOLSTEIN

30 50 70

15 js 20 js

Vêlage

Reprise de l’activité ovarienne post partum

Ovulation

Chaleur 1/3

Deuxième

cycle court

20 60 80 Vêlage

20 js

Etat corporel au vêlage

Déficit énergétique élevé

Première ovulation

retardée

Reprise de l’activité ovarienne post partum

• Précocité de la reprise de l’activité ovarienne

plusieurs cycles ovulatoires avant l’insémination

Meilleure réussite à l’insémination

• Le taux de progestérone au cours des trois premiers cycles

L’augmentation est fonction du déficit énergétique

Déficit énergétique et fertilité

La réussite à l’IA sera optimum si 3 ou 4 cycles se sont déroulés.

Le déficit énergétique : intensité et timing

La première ovulation surviendrait 10 à 14 jours suivant le moment où le bilan énergétique a atteint sa valeur négative la plus basse et commence à remonter vers la valeur zéro

Vêlage 5 10 15 Jours

Millions

bactéries

par ml 30

20

10

J1 à J11

Contamination et prolifération microbienne

J11 à J21

Décontamination et stérilisation

Les contractions utérines

Secrétions endométriales :

Lyzozyme, interleukine, IgA, IgG

Diapédèse des polynucléaires

Le pH utérin 7,2 à 7,8

La flore microbienne

L’involution utérine : un utérus sain dès 21 jours

Vêlage 5 10 40 Jours

Millions

bactéries

par ml 30

20

10

Les infections utérines

Contamination initiale très élevée

•Vêlage assisté •Non délivrance

Risque de métrite aigüe

Endométrite

100

Les infections utérines

Vêlage 5 10 15 20 Jours

Millions

bactéries

par ml 30

20

10

Autoépuration de l’utérus par la

vache difficile

Excès d’azote dégradable : Taux d’urée dans le lait élevé

Déficit en oligoéléments et vitamines : Vitamine E & Sélénium

AGNE élevés : Vache grasse ou Déficit énergétique excessif

Vêlage Entrée en lactation

Ouverture du col Matière organique

Contamination et multiplication bactériennes

Augmentation des neutrophiles

Cytokines pro-inflammatoires

Inflammation locale

Activité métabolique aérobie intense

Déficit énergétique

Stress oxydatif

AGNE AG saturé et oméga 6 ↗

oméga 3 ↘

↘Phagocytose↘Bactéricidie

RLO

Activation de la voie NFKB Production de médiateurs

pro-inflammatoires

Etat pro-inflammatoire

Statut pro-inflammatoire de la vache au péri-partum

Au niveau hépatique et ovarien , en réponse à la sécrétion de somatotropine (hormone de croissance, ou GH) et d’insuline, il y a normalement, sécrétion de facteurs de croissance tel que l’IGF-1

Lors de carence en énergie, il se produit un découplage: la GH augmente mais l’IGF-1 diminue

Mauvaise croissance des follicules primordiaux

Expression diminuée des chaleurs

Croissance continue indépendante des gonadotrophines

Mise en place des récepteurs hormonaux

Croissance non gonado dépendante

= 60 à 90 jours

Follicules

primordiaux

Follicules

recrutables

Lors de fort déficit énergétique

marquage des follicules recrutés

Ovaire

Fort déficit énergétique pendant le début de lactation

Beaucoup de temps entre la cause et la conséquence

Follicule

dominant

Croissance gonado dépendante = 7 à 10 jours

Follicule dominant marqué

ovocyte inapte à la fertilité

L’expression des chaleurs est fonction

de la production d’oestrogènes

Expression de chaleurs & Déficit énergétique

FSH

IGF1

Niveau énergétique

Production oestrogènes

Expression chaleurs

LH

Ovulation

41,3 32,8 25,9 47,1 28,6 24,3

05

1015

2025

3035

4045

50

TP<30 TP>30

Bilan énergétique représenté par le TP

Iinfluence du bilan énergétique sur la réussite

à l'insémination

Taux de gestation retour régulier mortalité embryonnaire tardive

D’après Humblot, 2001

Influence du bilan énergétique sur la réussite à l’insémination

Il faut …

Par INGESTION d’une ration

de QUALITE, dans une panse bien

PREPAREE et RESPECTEE,

consommée CONFORTABLEMENT,

toujours DISPONIBLE

Limiter l’amaigrissement en intensité et en durée

Un point essentiel : séparer les taries des laitières

Michel VAGNEUR

Période de repos Limiter les apports énergétiques Maintenir le volume ruménal

Période de transition Adaptation de la flore ruménale

Restauration des papilles ruménales

Eviter l’amaigrissement avant vêlage

Maitriser l’hypocalcémie Plus de vitamines et oligoéléments

Respect des principes de la ration de tarissement pour optimiser l’ingestion

BILAN ENERGETIQUE NEGATIF

Déficit énergétique > 1 UFL

• Défaut d’ingestion

− place à l’auge

− disposition de l’auge

− absence de restes (retirés)

− aliments bien conservés

− aliments accessibles à tous

− douleur : boiteries

• Manque de confort • Niveau énergétique inadapté

- ration complète (vache au dessus du lot)

- choix de la VL de production

Absence de moisissures

Peu ou pas d’acide butyrique

pH de stabilité adéquat

Stabilité à la reprise

Limiter l’amaigrissement en intensité et en durée

Une bonne détection des chaleurs

Expression de chaleurs

1- Augmentation de l’activité ambulatoire

2- Recherche du contact de la congénère

3- Chevauchements actifs et passifs

Vaches sous imprégnation oestrogènique

Espace

Luminosité

Sol

Freins à la manifestation de chaleurs

Freins à la manifestation de chaleurs

boiteries

Aujourd’hui

A ce jour toute

vache non vue

en chaleur doit

être examinée

Date à

l’insémination

SURVEILLANCE

3 semaines

SURVEILLANCE

6 semaines

DIAGNOSTIC GESTATION à ce jour toute vache inséminée doit

être gestante

VELAGE

Préparation au

vêlage

Tarissement

La détection de chaleurs : le planning circulaire

Une PAV adaptée aux objectifs

Une stratégie de MAR en fonction des objectifs de reproduction

Une stratégie alimentaire en fonction des objectifs de MAR

Vêlages groupés Priorité à la Fécondité

Vêlage 60 js 80 js

Période d’attente réduite

Mise à la reproduction

Une attention toute particulière est portée à l’évolution des états corporels les deux premiers mois de lactation (moins de 1 point).

L’ingestion doit être optimisée : transition péri partum La qualité et la disponibilité des fourrages offerts sont primordiales

• optimiser le prix du litre de lait

• organiser le travail de l’éleveur

Écrêtement du pic de

lactation

PDI/UFL = 100 à 105

Une stratégie de MAR en fonction des objectifs de reproduction

Une stratégie alimentaire en fonction des objectifs de MAR

Vêlages étalés Priorité à la Fertilité et à la Production

Expression du pic de lactation

PDI/UFL = 115 à 120

Vêlage 80 js

Période d’attente longue

Mise à la reproduction

100 js

La perte d’état tolérable moins de 1,5 points

Un état corporel insuffisant au vêlage sera un frein à cette stratégie

Une attention particulière à la ration de fin de lactation

• Optimiser le potentiel génétique des animaux

• Meilleure exploitation des bâtiments

Une PAV adaptée aux objectifs

49

Manque d’azote dégradable ou excès d’énergie fermentescible dans la ration

Excès d’azote dégradable ou manque d’énergie fermentescible dans la ration

Zone optimale

Baisse de l’ingestion Baisse de la digestibilité Risque d’acidose Baisse de production

Plus de lait Meilleure santé

Infertilité Mortalité embryonnaire Métrite Boiterie

Pas trop d’azote dégradable

Le dosage d’urée dans le lait permet de vérifier s’il y a ou non gaspillage d’azote ou encore si la ration manque d’énergie fermentescible

Taux d’urée élevé et TP bas

Tarissement Vêlage 1ère ovulation Saillie ou IA

Etat corporel = 3,25 à 3,75

Ration de tarissement

Traitement et prévention des mammites

Parage des onglons

Transition péri partum

Absence de stress

Hygiène du vêlage

Absence de lésions de l’appareil génital

Utérus sain

Déficit énergétique limité ou maîtrisé évolution de l’état corporel

Absence de déséquilibre alimentaire, y compris en minéraux

Pieds et membres en bon état

Bonne détection de chaleurs

IA au bon moment

Bonne technique

Semences fertiles

Absence de toxicité et de maladie

Surveillance des retours

Dépistage des non gestations

Absence de maladie

Restauration de l’état corporel surveillance 100 jours avant tarissement

Les impératifs de la reproduction

Merci de votre

attention

Vous pouvez lui poser des

questions