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M.Arnould WWF Collectif Loire amont 2002 1 « Gestion écologique du barrage EDF de Grangent : un enjeu emblématique pour la Loire amont et les rivières » Texte co-signé, au 11 juillet 2000, par : Association Agréée Interdépartementale des Pêcheurs Professionnels Maritimes et Fluviaux en Eau Douce de Loire Atlantique (AADPPMFEDLA) – Association Information Ecologie (AIE) – Association Interdépartementale des Pêcheurs Professionnels en Eau Douce du Bassin de la Loire et des Cours d’ Eau Bretons AIPPLB – Club des Pêcheurs Sportif Forez -Velay (CPSV) – Eau et Rivières de Bretagne – Fédérations de Pêche de l’Ardèche, de la Haute-Loire, de la Loire et de la Saône-et-Loire – France Nature Environnement (FNE) – Frapna Loire – Les Martins Pêcheurs Rouchons – Liaison Eau 2OOO – Loire Grands Migrateurs (LOGRAMI) – Ondaine Environnement – TOS (ANPER ) – WWF France – Lerpt Environnement a rejoint le collectif en 2002. La vidange totale du barrage EDF de Grangent, sur le cours supérieur de la Loire, n’aura pas lieu. Cette vidange totale, obligatoire pour des questions de sécurité de l’ouvrage, (circulaire du 4 août 1970 ) peut être remplacée par une visite subaquatique rendue possible par la technologie actuelle. Nous y sommes favorables. EDF voit ainsi s’estomper la menace d’une opération délicate et coûteuse. Mais le problème de gestion des trois millions de tonnes de boues accumulées dans la retenue ainsi que celui, plus global, des problèmes posés par la retenue, risquent d’être oubliés. Toutes les associations qui luttent depuis des années pour une plus grande transparence d’EDF sur la gestion de cet ouvrage, réunies au sein d’un groupe de réflexion « Collectif Loire amont vivante », veulent faire de la « non vidange » de Grangent un point de départ pour l’amélioration concrète du fleuve dans sa partie supérieure, ainsi qu’un symbole d’une nouvelle politique pour le fleuve à son amont. L’enjeu est en effet très important, et multiple : - L’abandon éventuel de la vidange de Grangent ne règlera en rien le problème des boues, qui ne peut être laissé en l’état aux générations futures. - La non-vidange devra être l’occasion d’élaborer des mesures concrètes pour minimiser l’impact de ce grand ouvrage sur l’ensemble de la Loire amont. - Elle devra être l’occasion, plus généralement, dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature, de poser l’ensemble des problèmes écologiques de la Loire amont. Les propositions développées ci-dessous sont là pour initier un travail qui devrait déboucher, dans un premier temps, sur des actions d’études, de sensibilisation, d’information, et, dans un deuxième temps, sur une modification profonde du fonctionnement et de la structure de l’ouvrage, et l’amélioration de la qualité écologique du bassin versant de la Loire depuis Lapalisse (département de l’Ardèche ) jusqu’à l’aval du barrage de Villerest (département de la Loire ) . 1. Identification des problèmes : un passif lourd. 1.1 Les problèmes à l’amont de la retenue. 1.1.1 Problèmes de quantité d’eau. Retenues de Montpezat (Ardèche) , détournement annuel de 234 millions de m3 d’eau et de Lavalette (Haute-Loire) 21 millions de m3 détournés annuellement du Lignon vellave . Débits réservés à augmenter. Des études sont actuellement en cours, notamment pour Lapalisse. 1.1.2 Problèmes de qualité d’eau. STEP du Puy-en-Velay ; lagunage de Bas-en-Basset ; taux de raccordement à Aurec ; rejets de St Paul en Cornillon. Pollutions chroniques sur la Dunière, la Semène ; l’Ondaine, le Lyseron.

Gestion écologique du barrage EDF de Grangent

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Texte fondateur du CLAV, écrit en 2000

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Page 1: Gestion écologique du barrage EDF de Grangent

M.Arnould WWF Collectif Loire amont 2002 1

« Gestion écologique du barrage EDF de Grangent : un enjeu emblématique pour la Loire amont et les rivières »

Texte co-signé, au 11 juillet 2000, par :

Association Agréée Interdépartementale des Pêcheurs Professionnels Maritimes et Fluviaux en Eau Douce de Loire Atlantique (AADPPMFEDLA) – Association Information Ecologie (AIE) – Association Interdépartementale des Pêcheurs Professionnels en Eau Douce du Bassin de la Loire et des Cours d’ Eau Bretons AIPPLB – Club des Pêcheurs Sportif Forez -Velay (CPSV) – Eau et Rivières de Bretagne – Fédérations de Pêche de l’Ardèche, de la Haute-Loire, de la Loire et de la Saône-et-Loire – France Nature Environnement (FNE) – Frapna Loire – Les Martins Pêcheurs Rouchons – Liaison Eau 2OOO – Loire Grands Migrateurs (LOGRAMI) – Ondaine Environnement – TOS (ANPER ) – WWF France – Lerpt Environnement a rejoint le collectif en 2002.

La vidange totale du barrage EDF de Grangent, sur le cours supérieur de la Loire, n’aura pas lieu.

Cette vidange totale, obligatoire pour des questions de sécurité de l’ouvrage, (circulaire du 4 août 1970 ) peut être remplacée par une visite subaquatique rendue possible par la technologie actuelle. Nous y sommes favorables.

EDF voit ainsi s’estomper la menace d’une opération délicate et coûteuse. Mais le problème de gestion des trois millions de tonnes de boues accumulées dans la retenue ainsi que celui, plus global, des problèmes posés par la retenue, risquent d’être oubliés.

Toutes les associations qui luttent depuis des années pour une plus grande transparence d’EDF sur la gestion de cet ouvrage, réunies au sein d’un groupe de réflexion « Collectif Loire amont vivante », veulent faire de la « non vidange » de Grangent un point de départ pour l’amélioration concrète du fleuve dans sa partie supérieure, ainsi qu’un symbole d’une nouvelle politique pour le fleuve à son amont.

L’enjeu est en effet très important, et multiple : - L’abandon éventuel de la vidange de Grangent ne règlera en rien le problème des boues, qui ne peut être laissé en l’état aux générations futures. - La non-vidange devra être l’occasion d’élaborer des mesures concrètes pour minimiser l’impact de ce grand ouvrage sur l’ensemble de la Loire amont. - Elle devra être l’occasion, plus généralement, dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature, de poser l’ensemble des problèmes écologiques de la Loire amont.

Les propositions développées ci-dessous sont là pour initier un travail qui devrait déboucher, dans un premier temps, sur des actions d’études, de sensibilisation, d’information, et, dans un deuxième temps, sur une modification profonde du fonctionnement et de la structure de l’ouvrage, et l’amélioration de la qualité écologique du bassin versant de la Loire depuis Lapalisse (département de l’Ardèche ) jusqu’à l’aval du barrage de Villerest (département de la Loire ) . 1. Identification des problèmes : un passif lourd. 1.1 Les problèmes à l’amont de la retenue. 1.1.1 Problèmes de quantité d’eau. Retenues de Montpezat (Ardèche) , détournement annuel de 234 millions de m3 d’eau et de Lavalette (Haute-Loire) 21 millions de m3 détournés annuellement du Lignon vellave . Débits réservés à augmenter. Des études sont actuellement en cours, notamment pour Lapalisse. 1.1.2 Problèmes de qualité d’eau. STEP du Puy-en-Velay ; lagunage de Bas-en-Basset ; taux de raccordement à Aurec ; rejets de St Paul en Cornillon. Pollutions chroniques sur la Dunière, la Semène ; l’Ondaine, le Lyseron.

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1.1.3 Problème spécifique de pollution d’origine agricole. 1.1.4 Problème des barrages sur les affluents ; question des microcentrales. 1.2 Les problèmes liés à l’ouvrage lui-même, les problèmes à l’aval. 1.2.1 La question des boues. Qu’en fait-on à terme ? Inertage, (cristallisation, bentonite, etc ;) , curage. 1.2.2 La question de la qualité de l’eau à l’aval de l’ouvrage : enfoncement du fleuve, lié au blocage de la charge solide entrant dans la retenue ; perte de la biodiversité, etc. 1.2. 3 La question du règlement d’eau : éclusées, débits réservés. 1.2.4 La question du franchissement de l’ouvrage par le Saumon atlantique et les poissons migrateurs (aloses, anguilles, lamproies, etc ) . Elle entraîne celle du franchissement de Villerest. Problème posé par le déclassement de la Loire, (qui n’est plus rivière à migrateurs ») entre St Just - St Rambert et le Pertuiset. 1.2.5 Problèmes spécifique du canal du Forez. La surface irriguée est passée de 6000 à 16000 ha, avec une irrigation par aspersion, (problème des pompages agricoles excessifs ) . 2. Pour une gestion écologique de la retenue et de la Loire amont : un avenir pour réparer le passé. 2.1 Traiter l’ensemble des problèmes plus haut mentionnés, en commençant par faire effectuer des études approfondies1. Définition d’un Maître d’Ouvrage, d’un comité de pilotage, etc. 2.2 Lancer ensuite les opérations de restauration de grande envergure, après hiérarchisation par un comité de pilotage à créer. (La CLE – Commission Locale de l’Eau - du futur SAGE local ? ) 2.3 Réaliser, toujours dans le même temps, un certain nombre d’aménagements pilotes à l’aval : frayères à brochets, passes à poisson sur les petits ouvrages à l’aval de Villerest (barrage de Roanne), etc. 3. Pour commencer, lancer au plus vite les premières études, informer des enjeux. Elles devraient être réalisées par des cabinets indépendants, comme cela se fait depuis longtemps dans les pays anglo-saxons. Financements au Conseil Régional Rhône-Alpes, Conseil Général de la Loire, Plan Loire Grandeur Nature, Ademe, Ministères : Ministère de l’Industrie, Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, Fondations privées. Rhônalpénergie -Environnement pourrait réaliser une étude sur les incidences économiques, en matière de production d’énergie, de la modification du règlement d’eau du barrage de Grangent. 3.1 Etudes sur l’investissement à réaliser pour modifier le fonctionnement et la structure de l’ouvrage de Grangent. 3.2 Etudes sur le coût de réalisation de passes à poissons sur Villerest et Grangent, sur la dévalaison des juvéniles. 3.3 Etude sur les problèmes de sécurité liés à l’accumulation à terme des boues. 3.4 Etude sur la restitution progressive, partielle des eaux de la Loire détournées par le complexe EDF de Montpezat / Lapalisse, en Ardèche. 3.5 Etude de l’incidence sur l’ économie locale de al disparition des migrateurs. 3.6 En parallèle, un travail d’information sur l’intérêt d’un tel programme devra être mis sur pied, tant à destination des élus que du grand public.

1 Pour ce faire, l’étude pourrait s’inspirer des expériences très intéressantes, mais confidentielles, conduites par

EDF sur le Lignon du Forez, sur les trois ouvrages de Pontaboulan, Vaux, Labeaume. Il est à noter que c’est sur

cette rivière qu’a été enlevé, - sans souci d’information vers l’extérieur – le premier petit barrage en France, la

microcentrale de Rorie. De même, les améliorations du fonctionnement de l’ouvrage de Lavalette, dans le

courant des années 1990, peut servir de guide.