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GiG Numéro spécial Eurockéennes 2013 Blur Maîtres de la pop scene avec Black Rebel Motorcycle Club Dinosaur Jr - Busy P BLUR - The Black Angels My Bloody Valentine Luz - Richard Bellia ...

Gig mag #0 Spécial Eurocks 2013

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GIG est une revue en ligne gratuite fruit de la collaboration entre le blog Ground Control To Major Tom (groundcontroltomajortom.typepad.com) , l’Emission Electrophone (Radio Fajet 94.2fm), le photographe Sébastien Grisey (sebgrisey.com) et la charmante stagiaire mystère, Marie-Julie.

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GiG Numéro spécial Eurockéennes 2013

Blur Maîtresde la pop scene

avecBlack Rebel Motorcycle Club Dinosaur Jr - Busy P BLUR - The Black Angels My Bloody Valentine Luz - Richard Bellia ...

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EditoLa réputation des Eurockéennes de Belfort n’est plus à faire et les 127 000 festivaliers venus sur le site de Malsaucy cette année en est la plus belle preuve. Le festival belfortain est dorénavant un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui aiment la musique. Cette année, la fête était d’autant plus belle que le festival fêtait ses 25 ans. Vingt-cinq années qui ont vu défiler sur la presqu’île du Malsaucy des têtes d’affiches incontournables et des découvertes mémorables.

L’ édition 2013 a été pour nous l’occasion de replonger durant deux journées (samedi et dimanche) dans nos classiques avec le grand retour de My Bloody Valentine, mais aussi de vivre un moment d’exception devant la reformation tant attendue de Blur. Inutile de dire que les solos de Jay Mascis avec son gang préhistorique Dinosaur Jr ont fait le plus grand bien à nos oreilles de trentenaires. Et comme les Eurockéennes n’aiment pas faire les choses à moitié, il nous a été impossible de passer à côté des autres têtes d’affiches telles Phoenix, Black Rebel Motorcycle Club, Tame Impala ou encore The Black Angels.Parmi les découvertes, les prestations de The Strypes, JC Satan et Palma Violets ont tenu toutes leurs promesses.

Comme tous les ans, après toutes ces émotions accumulées, un certain «blues post Eurocks» est venu s’installer. Mais spécialement pour vous, et aussi un peu pour nous il faut le reconnaitre, nous avons eu l’idée de créer le magazine digital GIG dans la demi-heure qui suivait la fin du concert de Blur. S’inspirant modestement, dans sa forme, des tabloïds et de la presse musicale anglaise (NME, feu Melody Maker) ou de nos regrettés Inrockuptibles, GIG essaiera de vous faire revivre ce que l’on a vu avec nos yeux (photos), et entendu avec nos oreilles (live report).

En espérant que la lecture de ce premier numéro vous procure autant de plaisir que nous avons eu d’être aux Eurockéennes de Belfort.

Bonne lecture et Keep Rockin’Damien Boyer (Ground Control To Major Tom)

«un festivalier heureux»

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N°0 - Juillet 2013

GIG est une revue gratuite fruit de la collaboration entre le blog Ground Control To Major Tom (groundcontroltomajortom.typepad.com) , l’Emission Electrophone (Radio Fajet 94.2fm), le photographe Sébastien Grisey (sebgrisey.com) et la charmante stagiaire mystère, Marie-Julie.

Infos & [email protected]

RédactionDamien Boyer, Olivier Bay, Marie-Julie, Seb Grisey

PhotosGround control, Olivier Bay, Seb Grisey, Vincent Tournaud

Mise en pageSeb Grisey

RemerciementsMarion Pacé , Pierre et Nanard, Les Eurockéennes de Belfort, Eric bichon, Anne Sophie Ohmer

Photo couverture: Seb Grisey

La reproduction et la diffusion de ce magazine sont fortement conseillées.

L’utilisation non autorisée de son contenu (textes & photos)est elle interdite.

Black Rebel Motorcycle Club 4

My Bloody Valentine 6

Blur 8

Dinosaur Jr 12

Luz 13

Palma Violets 15

Black Angels 17

Richard Bellia 18

Pierre & Nanard 19

Portfolio 22

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Texte Marie-Julie

«Peter fucking Hayes !!!» B l a c k R e b e l M o t o r c y c l e C l u b

J’avais vu le trio au Luxembourg, à l’Atelier, quelques mois plus tôt. Un concert incroyable, dans une salle assez petite pour avoir l’impression de vivre un moment privilégié.

J’étais donc partagée pour ces Eurockéennes : d’un côté, j’attendais de revoir BRMC comme un Noël (en mieux, je ne peux pas fumer à Noel), d’un autre côté, les concerts en Festival, des fois c’est pas vraiment ça: les shows qui sont changés pour être plus accrocheurs, le son qui est souvent décevant, le voisin bourré qui vomit (à toi, l’inconnu pendant Blur, j’espère que ça va mieux), le mec bourré qui se prend en photo avec le flash, le mec bourré qui… bref on s’est compris. On ne va pas en festival pour la qualité d’écoute.

Mais pour une fois je n’ai pas été déçue. Et je n’ai croisé personne qui l’ait été, d’ailleurs. Un seul nom sortait de toutes les bouches : Peter Hayes. Il a la classe, Peter Hayes. Et de la gomina. Les rythmes presque tribaux, irrésistibles de Leah Shapiro et les lourdes basses de Robert Turner ne sont pas en reste, certes, mais le charisme de Peter a clairement remporté les suffrages.

Le Motorcycle Club n’a pas besoin d’artifices. Le Motorcycle Club est là pour envoyer. Ca transpire le rock’n’roll et le cool. Pas le cool de l’électro-rock / batterie disco/ télécaster

encensé aujourd’hui, non, le vrai cool du rock’n’roll. Celui qui est sois disant mort mais en fait non, puisque le Motorcycle Club est là.

Les moins avides de rock’n’roll lourd -ou ces gens admirables, dont je ne suis pas, capables de savourer des morceaux plus lents et délicats en

festival, regretteront qu’il n’y ait pas eu plus de leurs morceaux calmes et psychédéliques. A L’Atelier, Peter et Robert avaient pris « leur » moment de scène,

Photos 1-3-4 Seb Grisey Photo 2 Ground Control

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à tour de rôle, pour faire des ballades de Dylan, appuyant un peu plus leurs influences Americana.

Moi je dis que ce n’est pas grave : pour le psychédélisme il y a eu les excellents Black Angels le lendemain. A cet instant, je voulais de la gomina et de la fumée de cigarette portés par les rythmes lourds de Leah, je voulais voir Peter Hayes cracher dans son harmonica, et c’est exactement ce que j’ai eu !

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L’attaque sonique !

My BloodyValentine

Pas de photographes, le message est clair, My Bloody Valentine n’est pas venu pour la pose mais pour envoyer des décibels en masse. On comptera une dizaine d’amplis du côté droit de la scène, là où Kevin Shields va se poster et à la différence de nos compatriotes de Justice, ici ça n’est pas pour la déco ! La mère de famille qui pense avoir protégé le jeune Louis ou la petite Adèle avec les bouchons en caoutchouc qui lui ont été remis à l’entrée du festival a de quoi s’inquiéter. Le déluge de guitares qui va s’abattre sur elle et ses progénitures pendant 1’heure suivante a de quoi faire frémir.

Enchaînement de titres

du mythique loveless et de son jumeau du XXIème siècle, l’éponyme MBV, le tout à volume totalement déraisonnable. Mais a-t-il jamais été question d’écouter MBV doucement ? NON ! Cette musique est faite pour vibrer fort, pour se répandre, pour pénétrer le corps, les tympans et les tripes. A ce niveau de volume, on était au cœur du sujet sur la presqu’il du Malsaucy. Certes, la voix de Bilinda Butcher était parfois difficile à percevoir et les spécialistes du son étaient formels: ça manquait de mediums…ok…Peut-être ? Mais quelle claque !

La gifle a manifestement été un peu forte pour une grande partie du public

qui a rapidement déserté les lieux, laissant le champ libre aux fans qui ont pu savourer le show tout à leur aise. Nous (les fans) les en remercions d’ailleurs ! Visuellement pas de folie, juste un écran géant et des projections psychées et floues à souhait. L’œil averti aura remarqué que la vidéo dont est tirée la pochette de l’album loveless était diffusée.

Et comme dira le photographe Richard Bellia sur sa page Facebook le mardi suivant : «Les acouphènes deux jours après un concert de My Bloody Valentine, c’est encore du My Bloody Valentine».

Texte & photo Seb Grisey

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Texte & photos Seb Grisey

«Blur c’est toute ma jeunesse». D’entrée, ça sent l’article de vieux con qui va essayer de prouver par A+B qu’avant c’était mieux. Eh bien non, Blur c’était en effet très bien avant et c’est toujours aussi bien maintenant !

Quand je dis avant, je fais référence à 1992, l’année où j’ai acheté d’occasion «Leisure», leur premier album sorti l’année précédente. A l’époque, pas d’internet, un peu de MTV et la presse spécialisée pour les initiés. Je ne connaissais pas le groupe, mais la pochette m’avait tapée dans l’œil. Abandonné dans le petit bac CD d’un bouquiniste, j’ai fini par craquer sans même l’avoir écouté. À la maison, dès les premières notes de «she’s so high», j’ai su que ce groupe était fait pour moi. Modern Life is Rubbish est sorti l’année suivante puis Parklife et j’ai vu le groupe en live pour la première fois dans un petit festival d’une bourgade hollandaise, Dour. Pulp jouait d’ailleurs le même jour, et mes collègues du fanzine qui occupait notre temps libre d’étudiants à l’époque, ont interviewé un Damon Albarn bien imbibé, bras-dessus bras-dessous

avec un certain Jarvis Cocker. J’avoue ne pas me souvenir en détail du concert, il faisait chaud, et nous aussi avions eu besoin de nous désaltérer copieusement mais j’en ai gardé un bon souvenir.

J’ai beaucoup aimé la musique de Blur les années suivantes, revu le groupe pour un improbable mais puissant concert à Nice en 1997. Les années passant, le groupe est véritablement devenu une de mes madeleine de Proust, morceau de choix dans la bande son de ma vie. Quand Graham Coxon annonce son départ nécéssaire du groupe en 2002, les carottes semblent cuites à jamais et je fais une croix sur l’espoir de revoir les gaillards sur scène un jour.

Et pourtant, par une chaude soirée de juillet 2009, le 2 pour être précis, je me suis retrouvé avec deux amis chers et 54 996 inconnus, au cœur de Londres, à Hyde Park, pour le grand concert de réunion tant espéré depuis de longues années. L’ambiance ce soir-là, et l’implication du public à chanter en cœur l’intégralité des 25 titres d’une playlist de rêve,

«Popscene»

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en font définitivement mon souvenir de concert ultime. La ferveur était indescriptible, l’esprit de communion provoqué par le simple fait de chanter ensemble si nombreux fait encore frissonner quiconque a eu la chance d’être présent ce soir là. Tout ceci a d’ailleurs été immortalisé sur un double cd (all the people) et la vidéo de l’intégralité du concert est en bonus dvd du documentaire «No distance left to run» sorti en 2010.

Tout ceci nous amène donc aux Eurockéennes 2013. Blur est en tête d’affiche du dimanche soir, je suis à la fois heureux et très inquiet de les revoir. Comment égaler, ou seulement approcher ce que j’avais vécu à Londres 4 ans plus tôt ? Ça semblait impossible et autant le dire tout de suite, ça l’était. Pourtant les 4 n’ont pas démérité, en particulier Damon Albarn qui mouille toujours activement le maillot au sens propre comme au figuré. Littéralement monté sur ressorts, il prend manifestement toujours autant de plaisir à haranguer la foule et à s’en approcher le plus possible, jusqu’à s’y mêler complétement. 4 choristes, une section de cuivres et une playlist de festival forcément un peu trop «courte». En effet, ils n’ont joué que 17 morceaux, mais un beau panaché de titres plus ou moins anciens, mélange d’une majorité de hits et d’une pincée de b-sides, jusqu’au dernier morceau sorti en vinyle il y a quelques mois, le sombre

«under the westway». Un frisson parcourt l’échine quand la foule belfortaine se décide à reprendre en cœur le refrain d’un Parklife survitaminé. Pour beaucoup «song 2» qui clôture le set restera un grand moment, grand par l’intensité, pas par la durée : une minute chrono de pure énergie !

Pour ma part, ce sont les trois premiers morceaux qui resteront gravés dans mon panthéon des instants de bonheur en concert. Photographe accrédité, j’ai le privilège de pouvoir me placer au pied de la scène, juste devant la foule qui se presse contre la barrière et au milieu des agents de sécurité qui savent déjà que ça va barder ! Lorsque Damon Albarn et Alex James entrent sur scène et viennent faire les cabots le sourire aux lèvres, le chaos commence dès les premières notes de «girls and boys». On nous avait prévenu, Damon va balancer de l’eau en quantité, attention aux appareils photos, qu’importe, l’occasion est trop belle ! «Popscene», puis «there’s no other way», Damon va de droite à gauche, se penche le plus possible sur les avancées et la meute de photographes suit le mouvement pendant que les agents de sécurité extraient des spectateurs de la foule par dizaines tant la pression est forte. C’est le chaos mais c’est beau, c’est jouissif et bon enfant, le son est excellent, le public est surexcité. Damon est là, juste au-dessus de nous, parfois à portée de main, à 50 centimètres de mon

objectif. A cet instant, je sais que je suis en train de réaliser un «rêve de gosse» : être quasiment sur scène avec un de mes groupes préférés et vivre la folie d’un début de grand concert, avec eux, de l’autre côté de la barrière.

Les trois premiers morceaux passés, de retour côté public, il me faudra plusieurs minutes pour décrocher le large sourire qui squatte mon visage. Je verrai la fin du show de loin, avec délectation et une envie pressante de rentrer chez moi pour revoir en pixels les images de ces instants magiques.

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Dinosaur Jr Texte Damien Boyer Photos 1 Seb Grisey Photos 2-3 Ground Control

C’était l‘évènement scénique le plus attendu pour une partie de l’équipe de GIG. Les concerts de Dinosaur Jr sont déjà des événements en soi et lorsqu’on a la chance d’y assister sur

la plus belle scène des Eurockénnes, la Plage (dont le programme avait été laissé à Pedro Winter), on ne se fait pas prier. A voir le monde qui se retrouve les pieds ensablés, on se dit que

l’on va participer à l’un des moments forts de cette 25e édition. Preuve en est, Kemical Kem (programmateur des Eurockéennes) a fait le déplacement en personne.

Madeleine de Proust

pour les plus de trente ans, Dinosaur Jr, un des derniers groupes mythiques des années 90 à être resté en vie malgré quelques changements de line up en cours de carrière, a surement

1.

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Dinosaur Jr

été une découverte aujourd’hui pour les plus jeunes. Depuis l’album Bug, on sait que Jay Mascis et Lou Barlow ne sont plus en très bons termes, mais ce sont bien les deux fondateurs du groupe qui sont présents ce soir sur scène accompagnés pour l’occasion par Kyle Spence, batteur dans J. Mascis & the Fog, Tom Collins et Harvey Milk.

Quelques ennuis techniques pour Lou Barlow (qui nous font nous demander si le fondateur de Sebadoh ne cherche pas à faire volontairement enrager l’impassible Jay Mascis) n’empêchent pas le groupe de délivrer un set énergique et heavy. C’est la folie dans le public. Beaucoup slament. Jay Mascis répond au public avec des solos interminables pendant que Lou Barlow semble s’ennuyer et s’assied sur le sol pour jouer de la basse comme on plaque des accords sur une guitare folk. On est loin du concert « Si Versailles m’était contée au pays de la saucisse de Montbéliard » qui nous attendra le soir même avec Phoenix. Les tubes se succèdent. Dinosaur Jr rappelle à qui veut bien l’entendre qu’ils sont capables de renouer avec la magie des débuts et de mettre à mal les efforts de tous les suiveurs qui essaient de les copier. La formation d’« Amherst dans le Massachusetts » (Lou Barlow aime à le rappeler avant de commencer l’un des deux titres réglementaires qu’il a le droit de chanter) enchaine les morceaux d’ I Bet On Sky et de son répertoire historique (The Wagon, Freakscene, Just Like Heaven, Feel The

Pain….). Les deux frères ennemis

joueront impeccablement jusqu’à la fin du set. Les deux acolytes sortent de scènes séparément en allant s’acoquiner avec quelques fans pour l’un et avec sa femme pour l’autre.

«I Bet On Sky» c’est ce que l’on espérait avant de voir le concert. Dinosaur Jr a fait beaucoup mieux en nous emmenant vers les plus hautes sphères du rock et en faisant revivre un petit bout de notre adolescence perdue.

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Luz«Persistence rétinienne» Interview Olivier B. Photos Seb Grisey

ne racontait pas la même histoire. On s’est dit qu’il y avait quelques choses à faire, quelque chose qui n’existait pas dans notre travail et dans celui des autres. Le titre « 3 premières photos sans flash » est ce qu’on dit aux photographes avant chaque début de concert. Tu as le droit de faire des photos pendant les trois premières chansons et puis tu disparais, il y a un côté super frustrant quand on y pense et ça explique aussi pourquoi aujourd’hui tu ne vois plus de photos d’artistes en sueur.

Quel est l’apport de chacun ?

Dans ses photos, Stef recherche avant tout à capturer les absences, les moments de doutes que peuvent rencontrer les artistes sur scène. Les poses répétées d’un chanteur qui fait son « kéké » ne l’intéressent pas. Les photos montrent une image claire du concert et ça m’autorise à mettre de côté la ressemblance dans mes dessins pour me concentrer uniquement sur le mouvement, l’énergie dégagée et la sueur. Quand tu assistes à un concert, entre l’émotion qui parfois te submerge ou la paire de chaussettes Nike du chanteur qui te fait décrocher, tu ne peux pas tout retenir. Avec Stef, notre boulot est d’essayer de retranscrire le plus fidèlement ce que nous avons vu que ce soit pour la personne qui est présente au concert mais aussi pour celle qui n’a pas la chance d’y être.

Votre BD s’appelle « 3 premiers morceaux sans Flash », quand tu dessines, essayes tu parfois d’intégrer un flash à tes dessins pour braver cet interdit ?

La première fois que j’ai entendu parler de « 3 premiers morceaux sans flash » c’était aux Eurockéennes 2011. Par un heureux hasard, en attendant le concert de Wu Lyf, je tombe nez à nez avec Luz. Accompagné de StefMel, tous les deux attendent l’ouverture de la fosse aux photographes. Je l’aborde, nous commençons à échanger quelques mots au sujet du groupe à venir et de ses dessins. De son sac, Luz me sort un exemplaire de « 3 Premiers Morceaux Sans Flash » que je feuillette furtivement. Les photos sont belles, le dessin est expressif et l’association des deux donne un résultat bluffant. Je me souviens qu’à l’époque le bouquin est vendu 20 euros. Malheureusement c’est une bonne partie de mon budget festival et c’est à contre cœur que je m’interdis de l’acheter.

Deux festivals plus tard et pas mal de dessins controversés pour Charlie Hebdo, je cale une nouvelle rencontre cette fois ci plus « officielle ». Micro en poche, on s’installe sur une sculpture de l’artiste Jacques Pissenem (www.jpsculpture.fr), une sorte de bain de soleil de 4 tonnes taillé dans un tronc d’arbre. Tous les deux étalés un peu comme sur le divan d’Henri Chapier, une conversation décontractée et quelque peu intimiste débute.

Peux-tu nous parler de la genèse de « 3 premiers morceaux sans flash » ?

Le projet est né quand j’ai rencontré StefMel à un concert de Bashung au Paléo Festival. En comparant ses photos à mes dessins on s’est aperçu qu’on avait capturé tous les deux les mêmes poses, les mêmes regards, les mêmes instants et en même temps qu’on

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(Rire). Un flash j’en ai un. Ça s’appelle la persistence rétinienne. Quand il y a une pause intéressante je ferme les yeux et pendant 30 secondes j’ai le dessin qui se dessine dans ma tête. Durant ce laps de temps je suis obligé de travailler avec mon propre imaginaire. Si tu regardes bien, les traits de mes dessins ne sont jamais fermés car mon imaginaire a aussi des lacunes et c’est dans ses dernières que le lecteur peut laisser libre cours à son imagination. C’est ce qui s’est passé aujourd’hui avec BRMC ou encore Dinosaur Jr avec les postures assez complexes et très furtives de Lou Barlow.

Dans le choix des artistes que tu dessines, y’a-t-il un coté fan ?

Etre fan c’est perdre l’essence même de son amour pour la musique. Hormis quelques groupes comme « The Fall » ou « LCD Soundsystem », quand je dessine je suis obligé de m’interdire d’être fan. Certes tu peux dessiner en dansant, en secouant la tête voir même en pogotant mais à un moment je dois m’arrêter de vivre la musique de l’extérieur pour la vivre de l’intérieur. C’est là que la caricature prend forme, personnellement c’est un kif incroyable.

Quels concerts as-tu prévu de suivre aujourd’hui ?

Palma Violets m’intéresse, sur disque c’est plutôt pas mal. J’ai revu une fois de plus JC Satan, un groupe de Bordeaux qui fait une musique un peu rock et un peu hardcore mais avec quelque chose de novateur. Je veux voir aussi les Nantais de Von Parhias. Je ne vais surement pas faire l’apogée des groupes français mais je suis très content de voir qu’en France il y a aussi des groupes qui font de la vraie musique et pas de la fausse poésie en se regardant le nombril.

A quand le prochain numéro de « 3 Premiers morceaux sans Flash » ?

On a déjà fait 2 tomes et il y a de très forte chance pour que l’année prochaine on sorte un vrai bouquin avec pas mal d’inédits. Aujourd’hui on a une trentaine de live en attente.

http://www.stefmeluz.com/

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1.

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PALMA VIOLETSL’une des finalités d’un

festival c’est aussi de faire

découvrir des groupes

à des festivaliers avant

même qu’ils aient pu

jeter une oreille sur leur

discographie. Et en matière

de découvertes on peut

dire que les Eurockéennes

de Belfort se posent là.

C’est souvent un pari sur

l’avenir que fait l’équipe du

festival en programmant

des groupes peu, voire

pas connus du tout. Ces

groupes, généralement

auteurs de quelques EP

ou d’un seul album, sont

souvent programmés en

ouverture de journée.

Palma Violets est l’un d’eux

et autant dire que ce fût

un grand moment. Avant

eux, les années passées,

se sont succédés sur la

même scène des groupes

comme Hushpuppies, Artic

Monkeys, Anna Calvi…

groupes qui ont connu

ensuite un très bel avenir.

La veille, The Strypes

avait enflammé la même

Esplanade Green Room.

À peine refroidie ç’était

au tour des Anglais signés

chez Rough Trade d’ouvrir

la journée de dimanche.

À force de live survolté,

la réputation scénique de

Palma Violets enfle de

plus en plus comme un

œil après une droite bien

méritée. Cette réputation

s’est confirmée ce dimanche

7 juillet avec une prestation

remplie de fougue juvénile.

Plus punk que leur album

pop, leur set commence

dans la droite lignée des

Ramones et des Clash. Le

bassiste Chilli Jesson est

celui que l’on ne quitte pas

des yeux tout au long du

concert. Il attire l’attention

autant qu’il harangue la

foule pour faire monter

la pression. Normal vous

allez dire, quand on joue

sur l’Esplanade Green

Room (Green Room =

Heineken). Les titres et les

pogos s’enchaînent et font

de plus en plus monter la

température comme si le

soleil qui écrase le site du

Malsaucy ne suffisait pas.

Le mercure atteint son

paroxysme lorsque pour

titre final, ils sont rejoints

par un de leurs copains

(qui se blessera en tombant

de scène) pour une reprise

d’Invasion Of The Tribbles

de l’obscur groupe punk

canadien des années 80 The

Hot Nasties. Les orphelins des

Libertines trouveront

leurs comptes avec Palma

Violets. Les déçus de leur

premier album intitulé

180 se doivent à tout prix

d’aller voir un live de ces

nouveaux Best Of Friends.

GCTMT

Texte Damien Boyer

Photos 1 Seb Grisey

Photos 2 Ground Control

2.

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the b la c k an g els

Texte Olivier Bay Photos Seb Grisey

to See a Ghost » dans les bacs de prêt de la médiathèque de Nancy histoire de me faire tout de même un dépucelage auditif en règle. Dès la première écoute, très vite j’identifie le style de musique proposé par le groupe. Et même si mon trajet quotidien maison/boulot/maison ne me permet pas d’écouter l’album dans sa totalité, il est question de rock psychédélique proche de The Jesus And Marie Chain et du Velvet underground dont d’ailleurs le nom

Passant une bonne partie de mon temps libre à écouter de la musique, force est de constater que parfois on est obligé de faire l’impasse sur des groupes. Personnellement, The Black Angels sont de ceux-là. D’ailleurs, l’avant-veille du concert je piochais « Directions

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Black Angels est tiré de la chanson ‘The Black Angel’s Death Song’.

Le concert a lieu sur la grande scène en plein après-midi. Après une introduction de quelques minutes remplie de phuzz, très vite le ton est donné. Sur scène le groupe emmené par Alex Maas n’est pas très expansif mais démontre une réelle maîtrise dans l’art et la manière de manier les effets. Petit à petit on entre dans le truc, c’est plutôt vicieux. Les sons partent dans tous les sens, étant gaucher je repère très vite que les deux guitaristes portent la guitare comme Hendrix, ça me plaît. Changement d’instruments quasiment à chaque chanson, la basse troquée pour une Hopfner (celle de Mac McCartney) et tout de

suite des relents des Beatles, époque Sgt pepper, se font ressentir. Il y a du Morrison dans la voix profonde du chanteur, une multitude de références au psychédélisme 70’s et pourtant le groupe résonne résolument actuel. Immanquablement le public présent en masse se laisse porter corps et âme dans les méandres des innombrables effets proposés. Psychédélisme à outrance, sitar, batterie au pattern enivrant, LSD cacophonique, on ne sait plus trop où on est et

on s’en fou, laissons-nous aller on verra bien ce qui se passera après. Le groupe reprend Heroïne du Velvet, final en apothéose, la descente sera douloureuse, l’écho du « Thank you good bye » de fin de concert sous effet flanger tournera encore quelques minutes après le départ du quintet…wow !

Dans la semaine, un ami me disait qu’en live un groupe ne ment jamais. Au jeu de la vérité, ce dimanche 07 Juillet 2013 les texans s’en sortent avec les honneurs.

Aujourd’hui, j’ai découvert the Black Angels en live et finalement n’est-ce pas là le rôle premier d’un festival tel que les Eurockéennes ?

Merci à eux !

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Richard Bellia «Dépêche toi...»

mains j’engage la conversation et nous voilà attablés. L’occasion est trop belle, je lui propose de lui tirer le portrait, à l’argentique bien sûr. Il accepte sans problème d’être sujet mais c’est le photographe qui reprend immédiatement la main quand il me suggère où nous placer, la lumière est déjà basse mais de beaux rayons de soleil traversent les branchages. Je ferai mine de ne pas avoir confiance en ma cellule électronique et il ne se fera pas prier pour m’indiquer quelle vitesse et quelle focale régler sur mon boitier. J’essaierai de le diriger pour saisir le soleil dans ses yeux mais vite il s’impatientera, commencera à se marrer et finira par me dire gentiment «dépêeeeche toiiii !». Il était pressé, non pas de partir, mais simplement de quitter la place du modèle pour à nouveau reprendre celle du photographe. Nous resterons encore une dizaine de minutes à l’écart et il me prodiguera spontanément quelques conseils pour mieux utiliser mon appareil photo.

La publication de l’image ci-dessus est donc un test. L’intéressé aura-t’il un commentaire, une critique ou ignorera-t-il superbement son propre portrait ? L’avenir nous le dira !

Je reste pour ma part sur la satisfaction d’une rencontre enrichissante avec la conviction que la photographie argentique et ses méandres feront encore longtemps un sujet de conversation de choix entre passionnés de tous bords, professionnels ou pas.

Richard Bellia photographie des musiciens depuis le milieu des années 80. Parti de Lorraine, passé par Londres et pas mal de grandes villes d’Europe, il est difficile de trouver qui des grands noms de la musique de ces trente dernières années n’est pas passé devant l’objectif de son Hasselblad. Sa collection d’images est fantastique et celui qui ne semble vivre que pour déclencher, travaille aujourd’hui activement à valoriser ce patrimoine tout en continuant à immortaliser. Deux livres au compteur,il prépare la version révisée de son «oeil sur la musique», il promet deux kilos d’images en plus. Les expositions s’enchaînent aussi, en France et en Angleterre principalement.

Je l’avais rencontré quelques années auparavant alors qu’il vendait des tirages en vrac dans une bourse d’Art à Nancy. Je lui avais alors acheté une photo de Sonic Youth prise à Londres sur Picadilly Circus en 1991. Richard m’avait alors raconté que cette photo avait été prise le même jour et au même endroit que sa photo de Nirvana sur laquelle Dave Grohl tient dans ses mains une affiche qui dit «Coup Leader Kills Himself» et Krist Novoselic fait mine avec sa main de se tirer une balle dans la tête. Kurt Cobain avait les mains dans les poches, un sweatshirt Soundgarden et l’air un peu renfrogné. C’était le jour de la sortie de Nevermind !

Au dos du tirage, Richard m’avait fièrement donné son adresse email: [email protected]

Samedi, la chaleur sur le site du Malsaucy est harassante et les photographes, tendance argentique, se sont regroupés à l’ombre des arbres au bord du lac, au lieu dit «le bar du boulot», espace réservé à la presse accréditée du festival. On vient me parler parce que j’ai aussi un «Blad» et un petit compact Leica 24x36 qui ne passe pas inaperçu. Richard Bellia fait partie de la troupe.

Au prétexte de parcourir un de ses livres qui circule de mains en

Texte & Photo Sébastien Grisey

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Pierre et Nanard «J’ai la menthe qui colle au sachet» Texte & Photo Sébastien Grisey

Autour de la grande table carrée, on se retrouve dès le petit déjeuner et les histoires s’enchainent dans la bonne humeur. Pierre n’est plus très copain avec une partie des organisateurs du festival. En effet, passer de 10 000 à 127 000 spectateurs implique des changements qui ont laissé beaucoup de gens sur le carreau. Mais c’est l’amour de la musique qui prime et il ne boude pas son plaisir d’y passer encore quelques journées quand il n’arpente pas les rivières de la région sur son kayak. Nanard porte exclusivement des T-shirts des groupes qu’il affectionne (Dr Feelgood à notre arrivée), ou d’éditions passées des Eurockéennes. Le jeu étant de retrouver l’année à partir de la liste des groupes. Ils ont vu jouer David Bowie, Jimmy Page et Robert Plant mais s’enthousiasment toujours pour des nouveaux groupes. Ils avouent d’ailleurs avoir pris un bon pied au concert de BRMC et de Palma Violets. Et lorsqu’on rentre à 3 heures du matin, nous les retrouvons toujours attablés, célébrant la nature et ses bienfaits et la conversation repart pour une heure ou deux. Leur accueil est chaleureux et sans chichis, on se sent bien tout de suite, et lorsqu’on les quitte lundi matin, on a déjà hâte de les retrouver l’année suivante. Dans la voiture, en grimpant le ballon d’Alsace, on se remémore les meil-leures répliques des deux compères. Et notamment la réponse de Pierre à Nanard qui le titillait au sujet de la gente féminine et lui de rétorquer: «Moi j’ai qu’une amie à Morteau, c’est la saucisse !».

A l’année prochaine !

Les Eurockéennes c’est bien sûr la musique, mais c’est aussi en grande partie les gens. Ceux qu’on rencontre, ceux qu’on croise, ceux qu’on bouscule, ceux qu’on matte, ceux qui comatent et ceux qui vous hébergent quand vous avez la chance d’en connaître. Cette année, et pour la première fois, mon plan hébergement, celui qui permet d’éviter à tout prix le camping du festival et le sempiternelle APEROOOOOO toutes les 10 secondes (la déclinaison officielle de cette année étant Ah-Pêt-Rot...je vous laisse imaginer les effluves…), était offert par Olivier de l’émission Electrophone. Il nous a conduit à Giromany, petite commune de 3187 habitants, quasiment située à l’entrée du festival. La rencontre des deux personnages haut en couleurs qui nous accueillent ne peut être passée sous silence. Le Pierre et le Nanard sont frères et originaires du coin. Le Pierre vit ici et cela s’entend dans son parler. Le Nanard vit à Pont-à-mousson et son accent francomptois a étrangement viré vers le titi parisien. Tous deux ont entre 50 et 60 ans et sont liés au festival depuis sa première édition en 1989. Nanard a dû manquer 5 éditions au maximum et Pierre était en charge du merchandising pendant 7 ans. Autant dire qu’ils en ont vu des vertes et des pas mures et que les anecdotes sur Malsaucy et ses environs ne manquent pas.

C’est dans l’ancien cinéma de Giromany que le Pierre a élu domicile et nous reçoit. Vaste et vétuste bâtisse qui porte encore les traces de son glorieux passé. Le balcon de la grande salle est intégré au sol du premier étage, le large escalier et les doubles portes à battants sont toujours là, tout comme la petite porte qui menait à la cabine de projection. Chez les frangins on aime la nature sous toutes ses formes: généreuses chez une femme, à plumes cuite au four avec des patates et des carottes, végétales à boire ou à fumer…et on ne s’en prive pas !

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Phoenix Photo: Seb Grisey

.Portfolio

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Busy P Photo: Seb GriseyBusy P Photo: Ground Control

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JC Satan Photo: Ground Control

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Photo: Seb Grisey

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Photo: Seb Grisey

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Photo: Seb Grisey

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Chapelier Fou Photo: Vincent Tournaud

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