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Kulemann 2005 – Géopolitique Géopolitique « La géographie, ça sert à faire la guerre » Yves Lacoste - 1975 I – Discussion autour d’un concept Géopolitique = Géo + Politique 1. : terre en grec (qui donnera le terme géographie, de graphein = dessiner) 2. Polis : cité en grecque => communauté de citoyen prenant en commun des décisions concernant l’ensemble de la communauté. 1 ère approche en faisant la distinction entre : 1. Géographie 2. Géographie politique 3. Géostratégie 4. Géoéconomie 5. Géohistoire Page 1

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Kulemann 2005 – Géopolitique

Géopolitique

« La géographie, ça sert à faire la guerre »

Yves Lacoste - 1975

I – Discussion autour d’un concept

Géopolitique = Géo + Politique

1. Gê  : terre en grec (qui donnera le terme géographie, de graphein = dessiner)

2. Polis  : cité en grecque => communauté de citoyen prenant en commun des décisions

concernant l’ensemble de la communauté.

1ère approche en faisant la distinction entre :

1. Géographie

2. Géographie politique

3. Géostratégie

4. Géoéconomie

5. Géohistoire

1 - Géographie : Gê + graphein (dessiner) : Terme créé au IIIème avt JC par Eratosthène.

Dessiner car à l’origine désigne la réalisation de carte après examens et calculs (aujourd’hui

géomorphologie).

2 - Géographie politique : étude de la spatialité des phénomènes politiques (localisation des

capitales, des frontières, répartition des opinions politiques). Aujourd’hui, géographie

humaine.

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3 - Géostratégie : Stratégie (stratos + ageîn = armée + conduire) : définition des moyens de

vaincre un adversaire compte tenu des positions qu’il occupe et de sa propre stratégie. Le

suffixe Géo implique la mise en œuvre d’une stratégie sur un vaste territoire.

4 - Géoéconomie : ne signifie par « géographie économique ». Terme apparu dans les années

90 (inventé par l’américain Edward Luttwak) afin de caractériser les conséquences de la

mondialisation : se propose d’étudier les rapports de force financiers et commerciaux dans un

monde sans frontières. On peut cependant critiquer cette approche compte tenu des évolutions

récentes du moyen-orient.

5 – Géohistoire. Terme forgé par Fernand Braudel caractérisant les rivalités des peuples et

d’Etats sur de vastes territoires et sur de longues périodes (plusieurs siècles). Exemple :

rivalité entre les Arabes et les Perses (existe depuis le 8ème siècle et se poursuit actuellement en

Irak).

Selon Braudel, la différence entre Géohistoire et Géopolitique tient à la durée, la première

portant sur des durées plus longues que la seconde.

Première définition de Géopolitique : étude des rivalités contemporaines des peuples et

d’Etats sur de vastes territoires. La géopolitique est une discipline se donnant pour tache

d’étudier :

1. La façon dont s’exerce le contrôle d’un territoire (ex : par la force, l’adhésion)

2. Les rivalités entre les différents territoires, donc des pouvoirs qui s’y exercent.

De ce point de vue, la géopolitique existe depuis qu’existe des rivalités entre territoires (#

Etats). Ex : les guerres puniques : du milieu IIIème siècle au milieu du IIème siècle, guerre

pour la domination des routes commerciales en Méditerranéen occidentale.

Pourtant, le terme est récent et apparaît au début du XXème siècle et inspirera en partie la

doctrine nationale-socialiste.

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Le terme est inventé par un général et géographe allemand (Karl HAUSHOFER). C’est

notamment lui qui induit l’idée que tout espace où existe des populations parlant allemand

doit appartenir à une seule entité politique allemande.

En 1918, Karl Haushofer était le chef de fil d’un groupe de jeunes géographes qui voulaient

montrer, par leurs travaux cartographique, l’ampleur des amputations territoriales que le futur

traité de paix faisait peser sur l’Allemagne. Ils publièrent leur travaux dans une revue :

« Cahiers pour la géopolitique »

A partir de 1933, les nazis se réclameront donc de la géopolitique pour affirmer que sur un

territoire homogène donné (donc « naturel ») doit « naturellement » s’exercer une seule

autorité politique.

De ce point de vue, la géopolitique est liée aux théories raciales. Cette origine explique

qu’après la seconde guerre mondiale jusqu’aux années 70, le terme ne fut plus employé.

Il réapparaît dans la presse occidentale dans les années 1979-1980 pour expliquer

l’affrontement du Vietnam et du Cambodge que le public occidental ne comprenait pas

(méconnaissance géographique et politique de la région).

Inversement, il a donné lieu ensuite à un véritable engouement (probablement lié à

l’apparition de la mondialisation et le désir de la comprendre). Il s’ensuit une acception large

du terme, géopolitique signifiant :

- Relations internationales

- Stratégie militaire

- Commerce et échanges internationaux ……. Et cetera.

La géopolitique est sans doute tout cela à la fois. Elle se fonde cependant avant tout sur des

connaissances acquises par des outils scientifiques précis : ceux de la géographie.

Cela ne revient cependant pas à dire que la géopolitique est une science : une étude

géopolitique est d’abord celle d’une certaine façon de voir les choses. Elle est étroitement

liée :

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1. d’une part, aux conceptions propres de celui qui en fait l’étude (et par conséquent des

mots qu’il choisit pour traduire une situation). Ex : « Territoires occupés »,

« Résistance irakienne »…

2. d’autre part, du point de vue d’où il se place. Ex : Pour les Chinois, la Chine est l’

« Empire du milieu » (la Planisphère est ronde)

3. Enfin des logiques sur lesquelles repose sa réflexion : La question de l’adhésion de la

Turquie à l’UE n’est pas de savoir si la Turquie fait ou non géographiquement partie

de l’Europe puisque cette question n’a pas de sens.

Donc, deux idées :

1. les réflexions géopolitiques sont d’autant plus pernicieuses qu’elles prétendent se

fonder sur la réalité physique de la géographie. Ce ne sont pourtant que des

représentations (Dire que la Turquie ne peut pas adhérer à l’UE car elle ne serait pas

situer en Europe a-t-il un sens ?).

2. Cependant, la géopolitique est demeure indispensable pour comprendre les

phénomènes politiques. L’approche économique des relations internationales

(politique) ne permet pas d’expliquer tous les phénomènes et leurs répercutions.

Exemple : l’intervention en Afghanistan en 2002 :

1. Si on se place uniquement en terme politique, intervention US s’explique uniquement

par lutte contre Al Qaïda

2. Or le Pentagone avait réfléchi à des plans d’interventions avant le 9/11 car :

1 – Au Nord-ouest se situe le Turkménistan, pays de la région de la Mer Caspienne

représentant 4-6% des réserves mondiales de pétrole et 6-9% pour le gaz naturel.

2 – Pour exploiter ces réserves, il faut pouvoir les transporter vers des ports

océaniques => Nécessité d’Oléoducs

3 – Implique de passer : soit par l’Iran pour atteindre un port du Golfe, soit par

l’Afghanistan pour atteindre Karachi (au Pakistan) sur l’Océan indien.

4 – Le second projet existe et a été expertisé au début 2000. Mais nécessitait un autre

régime en Afghanistan.

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DONC :

1. Comprendre les relations internationales nécessite de prendre en compte les enjeux

géographique => Géopolitique.

2. Attention cependant à ne pas considérer que ces enjeux : (l’intervention en

Afghanistan ne s’explique pas que par le projet d’oléoduc Achgabat-Karachi

II - Le monde au début de IIIème millénaire

Comprendre ce qu’est le monde aujourd’hui nécessite de comprendre ce qui s’est passé sur la

décennie 1991-2001. Cette décennie marque l’échec de la mise en place d’un « nouvel ordre

international », ce que le président que le Président Georges Bush senior avait promis en

avril 1991, à la suite de la 1ère guerre du Golfe.

Pourquoi ? car :

1. Fin de l’URSS = fin de la guerre froide

2. La guerre du golfe = victoire du droit international sur un « Etat voyou »

Cette idée était alors tellement forte, qu’un chercheur américain néoconservateur, Francis

Fukuyama, a prétendu que l’on était arrivé à la « Fin de l’histoire ». Par « Fin de

l’Histoire », Fukuyama entendait, par référence au marxisme, que le dernier grand

antagonisme, celui opposant le monde libérale au monde communiste, disparaissant, rien ne

s’opposait plus à l’expansion, à travers le monde de l’économie de marché et de la démocratie

libérale.

1. D’un certain point de vue, cela s’est révélé exacte : l’économie de marché est devenu

la norme du développement économique (1995, OMC).

2. Mais pour le reste, l’idée que la fin de l’URSS équivalait à la naissance d’un monde

apaisé s’est révélée totalement fausse. Et de fait :

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Si, En 1991, les USA se vivent comme l’Etat qui impulse et dirige les autre

pays vers le progrès économique et dans la paix dans un cadre multilatéral…

… en 2001, les USA se vivent comme un Etat en guerre et assiégé, le reste du

monde étant perçu comme dangereux et hostile.

Or :

1. Si il existait effectivement de nombreuses raisons de croire en une pacification

générale du monde

2. il existait cependant aussi des signes de tensions fortes

A / Un nouvel ordre international possible :

Au cours de cette décennie, toutes les régions du monde semblent se stabiliser :

1. Asie du Sud-Est

2. Moyen et Proche orient

3. Amérique latine

4. Afrique

a) En ASE,

Situation géographique : Ensemble des pays à l’est de l’Inde et au sud de la chine (sauf

Océanie) : que l’on peut regrouper en deux ensemble géopolitique :

1. ASE insulaire : Indonésie, Malaisie, Philippines, Timor oriental, Brunei,

Singapour

2. Péninsule indochinoise : Laos, Cambodge, Thaïlande, Vietnam, Myanmar (ex-

Birmanie)

Situation politique : Après plus de 40 ans de guerre, stabilisation politique de la

péninsule indochinoise :

1940-45 : occupation japonaise

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1945 : débarquement de Leclerc => se transforme en guerre d’indépendance +

affrontement Est-ouest.

1954 : Retrait de la France et début de l’intervention US jusqu’en 1973 (Officiellement

pour soutenir le Vietnam mais aussi dans d’autre pays nt. Cambodges)

1975 : Victoires du Nord-Vietnam contre Sud-Vietnam

Entrée des Khmers Rouges a Phnom-Penh

1978 : Intervention du Vietnam (communistes mais soutenu par URSS) au Cambodge

(Communistes mais soutenu par Chine) => Guerre classique et civile

1991 : retrait des troupes vietnamiennes du Cambodge et accords de cessez-le-feu sous

autorité de l’ONU et administration par l’ONU le 23 octobre 1991 ; organisation

d’élection et élection de Norodom Sihanouk

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b) Au Moyen-Orient et Proche orient,

Situation géographique :

Pour GW Bush, le « grand Moyen-orient » = du Maroc au Pakistan

1. Proche-orient : nécessairement : Turquie, Liban, Israël et Palestine,

2. Moyen-orient : nécessairement : Iran, Afghanistan, Pakistan

3. + selon, le point de vue : Syrie, Irak, Jordanie et péninsule arabique (Arabie

saoudite + Yemen + Koweit + EAU)

Situation politique : la victoire contre Sadam Hussein (1991) a été obtenu par une

coalition rassemblant des pays occidentaux mais aussi arabes (Saoudiens, Egyptiens,

Marocains, Syriens) avec mandat de l’ONU. Or cette crise du Golfe entraîne deux

conséquences :

1. d’une part, s’agissant du Liban :

- Guerre civile depuis 1975 : entre, d’un côté Palestiniens (et partis de gauche) ; de

l’autre Phalanges chrétiennes (et partis de droite). Ensuite interventions

étrangères : Israël (alliés aux milices chrétiennes) et Syrie (appuyant les

musulmans sunnites)

- En 1991, pour des raisons politiques, les occidentaux acceptent la main mise de

la Syrie sur le Liban (ce qui permet de mettre fin à la guerre civile).

2. d’autre, s’agissant des « Territoires occupés »

Guerre du Golfe = changement de donne pour l’OLP = obligée de faire des

concessions

=> Conférence de Madrid (octobre 1991) => accord de reconnaissance mutuel

entre Israël et l’OLP le 13 septembre 1993 => Mise en place de l’Autorité

palestinienne (mai 1994) et prévoyant le retrait des Israéliens de la Bande de Gaza

et de Cisjordanie

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c - En Amérique latine (Sud et centrale),

Situation politique : la fin de la guerre froide a permis d’apaiser les tensions : la

démocratie se développe partout car les USA ne sont plus obligé de soutenir des dictatures

anti-communistes :

1. au Nicaragua,

existait situation de guerre civile entre le pouvoir centrale (Sandinistes du

président Ortega et la guérilla des Contras financée illégalement par

l’administration Reagan (Irangate) : 1988, cessez-le-feu + élections « libre » et

victoire de Violeta Chamorro. Ortega est cependant réélu en 2006.

2. Au Salvador,

Guerre civile de 1980 à 1992 opposant la junte militaire (soutenue par USA) à

guérilla marxiste : cessez-le-feu signé le 31 décembre 1991 + élections libres

3. En Haïti,

après fuite du dictateur Jean-Claude Duvalier (1986) mise en place d’une

dictature militaire. Mais grâce aux pressions des USA et sanctions de l’ONU,

organisations d’élections libres (élection du père Aristide en 1991).

d) En Afrique

1. Sahara occidental :

Stabilisation du conflit : la réconciliation du Maroc avec l’Algérie (1988) met

le Maroc en situation de force et oblige le Front Polisario a accepter un cessez-

le-feu (août 1988) sous l’égide de l’ONU. En 1991, mise en place d’une force

de maintien de la paix.

2. Tchad :

Situation de guerre avec la Libye depuis 1973 (revendication de la région

d’Aouzou). Cessez le feu en 1987 suivit d’une reprise des relations

diplomatique tchado-libyenne en 1988 puis accord sur Aouzou en 1989

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3. Afrique du Sud-Ouest :

Situation géographique : Afrique du Sud, Namibie et Angola et Afrique du Sud.

Situation politique à la fin des années 80 en trois points :

1 - Angola indépendant depuis 1975 mais guérilla permanente entre les différents

mouvements de libération (notamment entre le mouvement procommuniste au pouvoir

soutenu par des troupes cubaine financé par l’URSS contre l’UNITA financé par USA

et soutenu militairement par Afrique du Sud (car en guerre contre les mouvements

indépendantistes procommunistes de Namibie).

2 - La Namibie était une ancienne colonie allemande que la SDN avait confiée en

mandat à l’Afrique du Sud. Malgré la révocation de ce mandat par l’ONU en 1966,

l’Afrique du Sud ne voulait pas reconnaître l’indépendance. Jusqu’à la fin des années

80 situation bloquée car l’Afrique du Sud ne veut pas se retirer de Namibie tant

qu’existera des troupes cubaines en Angola. C’est cette situation qui explique que

l’apartheid est pu se maintenir.

3 – L’Afrique du Sud est un ancien dominion britannique devenu indépendant en

1961. Devenu, petit à petit, une dictature féroce d’une partie de la minorité blanche

pratiquant une ségrégation de plus en plus stricte : l’apartheid.

Evolution de la situation politique à partir de la fin des A.80 :

1 - fin de la guerre froide => accords entre Angola, Cuba, Afrique du Sud et USA =>

cessez-le-feu (1988) puis indépendance de la Namibie (1990) et départ des forces

cubaines (1992).

2 – Les occidentaux (USA en particulier) ne sont plus dans l’obligation de soutenir le

régime raciste de Pretoria. => 1990, légalisation des partis d’opposition et libération

de Nelson Mandela. 1991, fin de l’apartheid. 1994 : élection présidentielle libre :

Mandela élu président.

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3 – En 1999, succession sans problème de Thabo Mbeki. Interventions nombreuses de

l’Afrique du Sud dans les conflits africains (Libéria, Congo-Kinshasa, Côte d’ivoire).

L’Afrique du Sud est actuellement en train de devenir la grande puissance régionale.

Donc, apparemment, Georges Bush avait raison : avec la fin de la guerre froide, la décennie

1991-2001 ouvrait la voie à un « Nouvel ordre mondial ». Pourtant, des éléments de tensions

étaient visibles :

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B / Les tensions observables au cours de la décennies 1991-2001

Toutes les tensions observables sont liées à la fin de la guerre froide (non qu’elle les ait créée,

mais elle a permis leur expression)

a) En Europe : montée des revendications nationalistes et contestations des frontières. Trois

cas de figures :

1. les pays d’Europe centrale et orientale (ex pays de l’est) : PECO

2. les anciennes républiques soviétiques devenues indépendantes

3. Les républiques de la fédération russe dans lesquelles existent des problèmes

nationalités

1) Dans la zone des PECO,

la crise essentielle a concernée les Balkans avec une situation de guerre

permanente de mai 1991 à mai 1999 :

Situation géographique :

1. Région délimitée par l’Adriatique, la mère Egée, la mère Noire et le Danube.

2. En 1991, divisée entre 5 Etats : Roumanie, Bulgarie, Grèce, Turquie, Albanie

et Yougoslavie.

Situation politique en 5 points :

1. Origine de la Yougoslavie était un Etat fédéral créé en 1918 à partir d’un noyau

central, la Serbie (royaume indépendant) + des provinces issues du démembrement de

l’empire austro-hongrois. Après 1945, le chef de la résistance communiste, Tito prend

le pouvoir et impose l’unité et l’indépendance à l’égard de l’URSS.

2. Or, Yougoslavie est un ensemble très hétérogène : car deux raisons :

ligne de séparation géographique entre les deux empires romains d’occident et

d’orient, donc des mondes catholiques (Croates) et orthodoxes (Slaves =

Serbes).

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Puis au XVème siècle, expansion de l’empire turque (Ottoman) et conversion

des Serbes des plaines (« Musulmans »).

3 - En 1991 existait donc 6 républiques : Serbie, Croatie, Monténégro, Slovénie,

Macédoine, Bosnie-Herzégovine.

Juin 1991, les dirigeants des républiques slovènes et croates réclament l’indépendance.

Les Serbes acceptent la sécession des différentes républiques (proclamation de la

nouvelle république Yougoslaves en janvier 1992) mais cherchent à obtenir tous les

territoires où résident des minorités serbes en Croatie et en Bosnie-Herzégovine.

Il faudra attendre 1995 pour que la communauté internationale (en fait les USA)

impose une solution (accords de Dayton) : intangibilité des frontières des anciennes

républiques devenus indépendantes + partage en deux entités de la Bosnie (une

fédération croato-musulman+fédération des Serbes de Bosnie).

4 - A la même époque, tension croissante en Macédoine et en Serbie dans la

région du Kosovo. Dans ces régions, existe forte population musulmane

albanaise (90%du territoire du Kosovo) et un mouvement de guérilla

« musulman » de tendance maoïste : l’UCK.

5 - A partir de 1998, multiplication des affrontements entre armée yougoslave

(donc serbes) et indépendantistes kosovars (notamment UCK). Février-mars

1999, intervention de l’OTAN (sans mandat ONU). Retrait Serbe en mai 99.

Administration du Kosovo par ONU + envoi de forces internationales au

Kosovo et en Macédoine.

BILAN :

1. Aujourd’hui semble stable. Mais essentiellement grâce à la présence militaire

international (KFOR = 50.000 hommes ; IFOR = 63.000 pour 4,1 millions d’Hbts) = 1

militaire pour 40 hbts.

2. Risque de fortes tensions avec la Serbie si la Kossovo devient un Etat indépendant.

3. Demeure une situation pacifiée grâce à l’intervention US à partir de 1995. Or, fort

ressentiment US à l’égard des européens (notamment s’agissant de la direction des

opérations militaires : « Ce ne sont pas les alliés qui font la mission » de Rumfeld).

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2 ) Les ex-républiques soviétiques et les républiques russes du Caucase

Le cas problématique du Caucase

Situation géographique :

1. au sens strict, le Caucase = chaîne de montagne Est-Ouest de la Mer Noire à la Mer

Caspienne.

2. Par extension, = ensemble de la région située entre la Mer Noire et la Mer Caspienne

(que l’on appelle également la Transcaucasie)

3. Il s’agit donc d’une zone tampon entre le monde slave et le monde musulman (turc et

perse). Conquise par lLa Russie la concise au cours de XVIIIème et XIXème siècle

afin de s’assurer un accès aux mers chaudes.

Aujourd’hui constitué de trois pays indépendants et 5 républiques de la Fédération russe :

1. trois pays (d’Ouest en Est) : Géorgie, Arménie et Azerbaïjan se situant entre la Russie

au nord, la Turquie et l’Iran au Sud. Or existe forte minorité dans chacun de ces Etats,

et notamment : Abkhase et Oussète en Géorgie et Arménienne en Azerbaïdjan.

2. 5 républiques russes nt : Ossètie du nord (Beslan), Tchétchénie, Daghestan (ainsi que

Karatchai-Tcherkessie et Kabardinie-Balkarie).

Présente deux caractéristiques :

1 – Région sauvage, aride et difficile d’accès (la chaîne va de 2000 mètres à 5600

mètre avec un seul passage Nord-Sud (situé en Ossétie du Nord et du Sud). Explique

qu’a servi de refuge à de nombreux peuples (ex : Arméniens, Ossètes, Ingouches,

Géorgiens, Tchétchène…). Et divisées entre :

1) Des musulmans sunnites : Tchétchénie, Daghestan et Abkasie

2) Des musulmans chiites : Géorgie, Osséties

2 – Région riche, nt en Pétrole et Gaz naturel (se termine à l’Est par Bakou en

Azerbaïjan) et explique l’intérêt stratégique de Stalingrad pour les Allemands en 42-

43. Le contrôle de la région, à la fois comme zone de production et zone de transport

est essentiel.

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Situation politique : La fin de l’URSS a entraîné :

1. la création de trois nouveaux Etats : Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan

2. volonté d’autonomie, voire d’indépendance des républiques russes du caucase,

notamment Tchétchénie

1994-1996 : 1ère guerre de Tchétchénie : Victoire militaire russe. Reprise depuis 1999

En fait, les conflits locaux cachent un nouveau grand jeu USA-Russie (ou plus exactement

une volonté de plus en plus nette d’endiguement de la Russie) :

1. pour la domination du Caucase et des hydrocarbures de la caspienne.

2. Mais au delà des hydrocarbures, le but des USA est de lutter contre l’impérialisme

russe (vision néo-conservatrice de Wolfowi et Perle, mais surtout analyse des

« réalistes » comme Rice)

Concrètement, le jeu consiste :

1. Pour les USA, à détacher au moins les trois éta indépendants (Géorgie, Arménie,

Azerbaïdjan) de l’influence Russe. Notamment avec construction de l’oléoduc BTC :

Bakou-Bélissie (car existe déjà un autre au Nord en Russie

2. Pour la Russie, à manipuler les conflits nationalistes pour fragiliser ces pays

notamment la Géorgie afin de mieux les dominer

Ainsi, à partir de 1991, la Russie va favoriser :

1. le mouvement séparatistes Abkhasse et Oussète en Géorgie (guerre => Autonomie)

2. arménien en Azerbaïdjan (République autoproclamée du Haut-Karabakh)

3. Tout en luttant contre le séparatisme Tchétchène et Igouche chez elle (en fait, se

séparatisme naît et se développe

C’est ainsi que si les russes ont mis a pris la tête de Chamil Bassaev, ils entretenaient

auparavant les meilleures relations

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Kulemann 2005 – Géopolitique

Aujourd’hui, déstabilisation complète du Caucase avec menace d’intervention russe en

georgie car depuis 9/11 alliance de fait avec USA.

b) En Afrique :

Pendant la guerre froide, les USA appuyait les anciennes puissances coloniales contre les

forces soutenues par l’URSS. Mais les années 90 ont correspondues à 4 phénomènes :

1. Absence de légitimité des interventions européennes

2. Retrait de l’intérêt de l’Afrique comme enjeu géopolitique (1ère partie des A.90)

3. Rivalité US-Europe, notamment France-USA

4. Emergence de l’Afrique du Sud comme puissance régionale : initie l’Union africaine

(ex-OUA) et principal médiateur dans la plupart des conflits africain.

= Nombreux conflits armées pendant la décennie, mêlant coups d’Etat à guerres civiles et

guerres classiques entre Etats.

Le plus dramatique est la situation de l’Afrique des Grands lacs :

Situation géographique : (Lacs Victoria, Albert, Malawi…) : autour du lac Victoria, se

regroupent :

1. 4 grands Etats (Ouganda, le Kenya, la Tanzanie et le Congo-Kinshasa (ex-Zaïre # le

Congo-Brazza) et

2. 2 petits : le Rwanda et le Burundi.

Situation politique :

Apparemment :

1. Avril 1994 : assassinat du président rwandais Habyarimana : début d’une campagne de

massacre des Tutsis par les Hutus (entre 500.000 et 1 million de victimes = de l’ordre

de 10-15%).

2. Juin 1994 : intervention de la France (opération Turquoise) mais qui revient à protéger

les dirigeants hutus. Le conflit se propage au Burundi début 1995.

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Comprendre que ce conflit n’est pas ethnique mais politique :

1. Depuis colonisations, Belges s’appuyaient sur les Hutus contre Tutsis. En 1959,

Belges soutiennent Hutus qui chassent 300.000 Tutsis.

2. Depuis indépendance en 1962, existe force politique (Front patriotique rwandais : le

FRP) demandant retour des Tutsis. Le FPR est installé en Ouganda

3. Depuis octobre 1990, guerre déclenchée par le FPR. En août 1993, l’ONU impose un

cessez-le-feu avec un règlement politique : partage du pouvoir entre gouvernement

rwandais, FPR et opposition. Mais force ONU insuffisante (échec de la Somalie qq

mois auparavant).

4. Mais le pouvoir rwandais (Juvénal Habyarimana) fait tout pour inciter la population

Hutus à la haine contre Tutsis (radio des milles collines) et organise sont armement

5. 6 avril 1994, assassinat d’Habyarimana = début des massacres de Tutsis cachant celui

des modérés Hutues.

6. Fin mai, une fois le génocide effectué, de nombreux Hutus fuient à leur tour

représailles Tutsis d’autant que le FPR avance sur Kigali.

7. ONU traîne les pieds et la France intervient le 22 juin (« Opération turquoise ») dans

le but officiel de protéger les Tutsis (mais les massacres sont terminés) et le but

officieux de stopper le FPR. Face à l’avancer, l’opération se réduit à mettre en place

une « zone humanitaire sûr » qui permit la fuite des principaux tueurs Hutus et

notamment le gouvernement rwandais vers le Zaïre.

8. 1993-1998 : tension permanente entre pouvoir zaïrois (Mobutu) qui protège les

anciens dirigeants rwandais et le nouveau pouvoir rwandais : les rwandais soutiennent

les forces de Laurent-Désiré Kabila soutenu également pas Ouganda => Guerre civile

et classique au Zaire jusqu’à la chute de Mobutu (3 millions de morts)

c) Proche et Moyen Orient

Deux problèmes a priori très différents mais en fait étroitement liés :

1 – Le conflit israelo-palestinien

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2 – La question irakienne

1 - Le conflit israelo-palestinien :

13 septembre 93, installation de l’Autorité palestinienne (OLP de Yasser Arafat). Mais

échec. Pourquoi ?

1. Du côté israélien, peur = assassinat d’Isak Shamir et arrivé de Beniamin

Nethanyahou (1996) => Ne reconnaît pas les accords, autorise de nouvelles

colonies, refuse toute idée d’abandon d’une partie de Jérusalem

2. Du côté palestinien, Autorité palestinienne à la fois immobile et corrompue.

Espoir en mai 1999 avec élection du travailliste Ehoud Barak : réussit le retrait du

Liban-Sud mais échec des négociations avec Palestiniens : échec des négociations de

camps David sous la présidence de Clinton (juillet 2000). Or, période électoral en

Israël : le candidat du Lickoud (Ariel Sharon) visite la place des Mosquées : début de

la 2nd Intifada (septembre 2000).

2 - la question irakienne

En 1991, la 1ère guerre du Golfe s’était arrêtée dès lors que Saddam Hussein avait

accepté de se soumettre à la Résolution de l’ONU qui lui intimait l’ordre de se retirer

du Koweit. Pourquoi la coalition de l’époque n’a-t-elle pas été jusqu’à Bagdad ?

1. Parce qu’il existait un accord s’agissant de la libération du Koweit (ne pas

laisser l’Irak faire n’importe quoi). Pas sur la chute de Saddam Hussein

2. Parce que le régime bassiste semblait le seul à pouvoir assurer la cohésion de

l’Irak (logique realpolitik de Buch père).

Or Irak apparaissait comme une puissance indispensable à la stabilité de la région.

Néanmoins, l’ONU prend contre l’Irak deux types de garanties :

1. d’une part, obligation de l’Irak de se soumettre à des contrôles de

désarmements

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2. d’autre part, obligation de respecter une zone d’exclusion aérienne au Nord

(protection des kurdes)

Or :

1. sur le contrôle de désarmement, autorités irakiennes ont tenté de camoufler

leur recherche puis finis par les refuser au prétexte que la commission cachait

des activités d’espionnages américaines (ce qui est fort probable).

2. sur la zone d’exclusion, revenait à accorder au Kurdes d’Irak une autonomie

politique de fait. Or impossible pour Bagdad de l’admettre car est également

une zone pétrolière importante.

DONC, pendant toutes les années 90, jeu du chat et de la sourie expliquant :

1. embargo de l’ONU puis le programme « Pétrole contre nourriture » en 1996

2. puis campagne de bombardements US et GB en 1993, 96, 97 et 98

Conclusion du contexte historique :

Voila où nous en étions le 10 septembre 2001. Pourtant, vous pourriez être surpris car je n’ai

pas évoqué certaines questions. Deux types de questions géopolitiques :

1. d’une part, celle des régions dont on ne parlait pas : Afghanistan et au-delà Asie

centrale (Tadjikistan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizstan, Kazakhstan)

2. d’autre part, celle des régions dont on ne parle plus depuis le 9/11 : Chine et le conflit

indo-pakistanais

Les questions géopolitiques centrales depuis 2001 sont :

1. Le proche orient : Palestine & Irak (+ risque en Arabie Saoudite)

2. Le moyen-orient et l’Asie centrale (Irak-Iran-Pakistan)

3. La Russie et le caucase (et aussi d’Asie centrale avec Kazakhstan)

4. La Chine

Soit le plan du cours :

Dossier n°1 : Les USA ou le complexe de la « Nation indispensable »

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Dossier n°2 : Le « Grand Moyen Orient », un rêve américain ?

Dossier n°3 : L’Europe ou le complexe du « Vieux continent »

Dossier n°4 : La contestation chinoise

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Dossier n°1 :

Les USA ou le complexe de la « Nation indispensable »

Intro :

Accroche : La « Nation indispensable » = citation de Madeleine ALBRIGHT (secrétaire

d’Etat de Clinton) en 1998.

Albright s’inscrit dans un courrant de pensée important estimant que les USA ont pour tâche

de répandre la paix et la démocratie à travers le monde.

Ce courrant existe depuis le président Woodrow Wilson : on parle alors de wilsonisme.

S’appui sur l’idée que les USA sont une nation particulière, placé sous la protection de la

Providence (Dieu) pour réaliser le bien (histoire nouvelle délivrée des conflits européens et

promis au bonheur).

Cette idée avait été formulée par John O’Sullivan dès 1845 par la formule de la « destinée

manifeste »

Cette perception du rôle des USA s’inscrit dans une vision messianique du pays. La plupart

des présidents américains s’inscrivent dans ce courrant : Wilson, Franklin Roosevelt, Truman,

Kennedy, Reggan, Clinton et GW.Bush.

Cependant…

existe un autre courrant de pensée, minoritaire : le réalisme (« realpolitik » -

« realpolitikers »), incarné par des hommes comme Théodore Roosevelt, Richard Nixon ou

Henry Kissinger. Mais aussi G.Bush père (et Dick Chenney ?)

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Ce courrant de pensée estime que les USA sont un pays comme un autre, inscrit dans le jeu

politique entre grandes puissances.

Cela dit, l’opposition est moins nette qu’il n’y parait en pratique et les USA se sont toujours

accommodés d’une dose de réalisme et d’une dose idéologique :

En fait, le messianisme est d’abord/souvent un discours d’ordre idéologique, c’est-à-dire

destiné à justifier, légitimer la politique américaine. Néanmoins, il ne faut jamais nier la réelle

bonne fois du discours messianique.

De ce point de vue, l’opposition est plus nette entre Unilatéralisme et Multilatéralisme :

1 – Le Multilatéralisme consiste a promouvoir la collaboration entre nations et la sécurité

collective dans le cadre d’organisations et d’institutions internationales

Ex :

1. La SDN voulue par Wilson,

2. l’ONU voulu par F.Roosvelt,

3. le FMI voulu par Truman,

4. OMC voulue par Clinton.

L’idée est ici que la paix, la démocratie, la réduction des conflits s’accompliront dans le cadre

de discutions dans des cadres formelles entre toutes les nations.

On appelle cela l’ « internationalisme libéral »

2 – L’unilatéralisme : que l’on confonds souvent avec l’ « isolationnisme » = conduite de la

politique extérieure sans concertation avec les autres nations. Et surtout pas à dépendre de

décisions prise dans le cadre d’organisation internationale.

Ex : Donald Runsfeld : « Ce ne sont pas les alliés qui font la mission »

Ce qui ce justifie :

1. par le fait que les USA ont le droit d’agir seul quand leurs intérêts vitaux sont en jeu

2. par méfiance à l’égard du reste du monde (notamment parce que les autres pays ne

bénéficient justement de la « destinée manifeste »)

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Il n’y a jamais réellement eu d’ « isolationnisme » : c’est une perspective européenne. En fait,

c’est d’ « Unilatéralisme » dont il s’agit.

Ex : « La doctrine de Monroe » du nom du président James Monroe (1817-1823), formulée

lors du discours sur l’Etat de l’Union le 2 décembre 1823.

Contexte : Intervention de la France en Espagne dans le cadre de la Sainte-Alliance, crainte

US et GB d’une intervention en Amérique latine, proposition GB d’alliance. Doctrine Monroe

se résume en trois points :

1. Considérerait comme hostile une action contre les ex-colonies espagnoles

2. Il n’y aura plus de nouvelles colonies sur le continent américain

3. En contrepartie, n’interviennent pas dans les affaires des colonies encore existantes

Cela étant, n’implique pas « isolationisme » : au contraire, les interventions US au XIXème

vont monter en puissance :

1. 1836 : Guerre du Texas

2. 1846 : Guerre du Mexique

3. 1853 et 56 : Ouverture du Japon

Bilan des oppositions Messianistes/Réalistes et Multi/Unilatéral :

1. A priori, les conceptions multilatérales semblent plutôt proches des conceptions

Messianistes : idée des USA généreux et ouverts au monde. Ex : le « wilsonisme ».

2. Inversement, les conceptions unilatérales plutôt proches des conceptions Réalistes :

cynismes, règne de la force… Ex : coup d’Etat contre S.Alliende (Kinssinger)

Mais en fait, plus complexe car peuvent se recouper :

1. Le courant réaliste peut être favorable au multilatéralisme dès lors que cela permet

d’équilibrer les forces et gérer sereinement les intérêts US. Ex : le GATT

2. Inversement, le courant messianique peut être parfois résolument unilateraliste dès lors

qu’il estime que le cadre multilatéral les empêches d’accomplir leur mission

messianiste (le bien) : c’est bien sûr le cas de la guerre du Golfe n°2

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Mais en fait, ce 2nd courrant est en œuvre depuis Clinton (et la mojorité Républicaine au

Congrès) :

1996 : vote de la loi Helms-Burton sanctionnant les entreprises commerçant avec Cuba

1997 : refus de ratifier le traité interdisant les mines anti-personnelles

1999 : refus de ratifier le traité interdisant les essais nucléaires

: intervention de l’OTAN au Kossovo

1 – Acteurs et théories géopolitiques dans l’Amérique de Bush

II – Les priorités géopolitiques du point de vue américain depuis 2001

I – Acteurs et théories géopolitiques dans l’Amérique de Bush

A – Les acteurs

1 – Les organes officiels

2 – Les « Think tanks »

a) Les organes officiels

Au côté du Président, trois structures essentielles :

1. Département d’Etat

2. Département de défense (Pentagone)

3. Conseil à la Sécurité nationale

1 – Département d’Etat

Dirigé par « Secrétaire d’Etat » (Condoleezza Rice depuis 2005 remplaçant Colin Pauwels)

Théoriquement :

1. dirige l’ensemble du personnel diplomatique

2. conceptualise la politique étrangère

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Mais, les autres départements ont tendances à lui contester son hégémonie, notamment le

« Département de la défense »

2 –Département de défense (Le Pentagone)

Dirigé par le « Secrétaire à la défense » (Actuellement Donald Rumsfeld, déjà celui de

G.Ford) secondé par un « Sous secrétaire » (actuellement Paul Wolfowitz jusqu’en 2005)

car :

1. Gère les bases à l’étranger

2. Gère les opérations militaires (y compris reconstruction d’où le problème Halliburton

dirigé par Dick Cheney jusqu’en 2000).

3. Gère un budget colossale : plus de 370 milliards de $ en 2003 (sans compter les

entreprises privées = « complexe militaro industriel » = le double)

4. Et surtout, parce que définit les intérêts géostratégiques vitaux des USA (Ex : Paul

Wolfowitz)

3 – Le Conseil à la Sécurité national (NSC)

En théorie, depuis 1947, instance réunissant les principaux décideurs :

Président, Vice-Président, Secrétaire d’Etat, Secrétaire

à la Défense, Président du comités des chefs d’Etats-

majors, Directeur de la CIA et le Conseiller à la Sécurité

national (« National Security Advisor »).

Réunion peut fréquente, sauf sous Bush (notamment pour Afghanistan)

Depuis 1947, rôle très important (et de plus en plus) du Conseiller à la Sécurité intérieure

+ conflit avec le Secrétaire d’Etat. D’autant qu’il dispose d’une administration très

importante.

EX :

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1. Henri Kinsinger : Conseiller à la Sécurité intérieure de 1969 à 1975 de Nixon puis de

G.Ford avant de devenir son Secrétaire d’Etat (75-77).

2. Condoleezza Rice jusqu’en novembre 2004. Depuis 2005 Stephen Hadley

b) Les Think tanks (réservoirs/boîtes à idées)

Centres de recherche financés par des fonds publics ou privés, par des institutions

philanthropiques ou des entreprises. Il en existe 1500, spécialisées ou non, et généralement

rattaché à un courant de pensée.

Influence la politique américaine de deux façons :

1. sur le plan théorique (publications)

2. en pratique puisque leurs chercheurs fournissent le personnel du Secrétariat d’Etat et

du Conseil à la Sécurité intérieure

Résulte de la culture américaine (méfiance de l’Etat) et

plus précisément de la pratique du « spoil systeme » :

1. Absence d’une administration ayant le monopole de la réflexion et de la décision

2. Allez et venues entre fonctions publiques et activités privées

Ex : C’est le Project for New American Century (avec nt Robert Kagan et Richard Perle)

qui a réclamé le renversement de Saddam Hussein depuis 1998. C’est également lui qui

réclame l’alignement complet des USA sur la politique de Sharon (au nom de l’ennemi

commun : le terrorisme).

B – L’échiquier géopolitique

A priori :

1. Démocrates = gauche = Multilatéral et morale (=wilsonisme)

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2. Républicain = droite = Unilatéral et « réaliste »

Sauf que pas si simple pour deux raisons :

1. Pas toujours évident d’assimiler démocrates/gauche et

républicains/droite

2. Surtout parce que les doctrines géopolitiques ont beaucoup

changé en 20 ans

a) à gauche :

On peut établir quatre courants :

1. Gauche protestataire (« Radical »).

N’a aucune influence pour l’instant sur la politique US.

Tend à penser que toute intervention extérieure est nécessairement impérialiste.

Très mal considérée depuis le 9/11 pour l’instant.

2. Gauche protectionniste.

Très hostile au libre-échange mais pour des raisons plus sociales

qu’intellectuelles.

S’appui sur la fédération AFL-CIO (American Federation of Labor) plus

corporatiste que syndicale et très organisée.

Plus proche de GW.Bush que des Démocrates « Réalistes libéraux ».

Dispose d’une certaine influence avec le Thing Tanks Economic Policy Institute.

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3. Gauche humanitaire : gauche libéral et multilatéral.

Favorable et réclamant intervention extérieure pour des

raisons humanitaires 4. (proche du French doctor Bernard Kouchner).

S’appui sur le Thing tanks Word Policy Institute

5. Gauche réaliste. = « Internationalisme libérale »

= l’essentiel du parti démocrate. Essentiellement

multilatéralistes et « wilsoniens » mais considère

également les intérêts stratégiques US. = Clinton =

« wilsonien pragmatique »

Intellectuel phare : Joseph Nye (de la Brookings Institution où se trouvent la plupart des

anciens de l’administration Clinton). A partir des A.80, ce courrant a cherché a s’allier une

clientèle plus conservatrice (milieu des affaires, tenants de la morale familiale, libéraux

voulant réduction des déficits…) = Clinton et campagne d’Al Gore

b) à droite

1. Droite isolationniste : conteste toute intervention à

l’étranger pour deux raisons différents (deux

courants) : populisme et protectionniste (Pat

Buchanan) et libertariens. Influence quasiment nul.

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2. Droite réaliste : Représentée par la Hoover

Institution de Stanford : se veut « réaliste »,

prudente (équilibre des forces). Se rattache à

T.Roosvelt, Georges Bush père et H.Kissinger.

En fait, proches de la gauche réaliste car toujours habillage Wilsonnien. Ex : Nixon ayant le

portrait de Wilson et réalisant l’ouverture vers la Chine. C’est pourquoi pas nécessairement

hostiles au multilatéralisme dès lors = moyen de stabilisation et d’équilibre. En fait, craignent

avant tout les déséquilibres résultants de changement et préconisent statu quo.

Ex : G.Bush père demandant au Ukrainien de ne pas proclamer leur indépendance et refus de

marcher sur Bagdad en 1991.

« Realpolitikers » actuellement : Collin Powell et Condoleezza Rice

3. Droite néo-conservatrice :

L’American Enterprise Institute (Richard Perle) et Project for a New American Century

(Rober Kagan et Richard Perle). Francis Fukuyama.

Richard Perle : Ancien n°2 du Pentagone sous Reagan et ancien président du

Conseil pour la politique de défense (jusqu’en mars 2003) mais toujours

membre.

Dick Chenney : Ancien Secrétaire à la Défense de G.Bush père

Les néo-conservateurs viennent de la gauche (et même extrême-gauche). La rupture avec les

démocrates date des années 70 :

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Guerre du Viêt Nam (64-75) : la plupart des

Démocrates sont favorables à une « Coexistence

pacifique ».

Une minorité (les « Jackson Democrats ») ne

l’accepte pas au nom de la lutte pour la liberté.

Les « Jackson Democrats » adhérent au Parti Républicain. Mais ils

sont moins Républicains qu’anti-démocrates. Donc, ont deux

ennemis :

1. les « Libéraux Multilatéralistes », car faible (ex :

Kennedy. Ex : les missiles de Cuba)

2. les « realpolitikers », car immoraux et conservateurs

(statut quo). Ex : ce sont eux qui battent G.Ford et Kissinger lors

de la convention républicaine de 1980

Ce sont donc des « Wilsoniens de droite » se

caractérisant par :

1. Unilatéralisme

2. Perception messianique du rôle des USA (vision

idéaliste, voire religieuse)

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Mais demeurent très peu nombreux.

Conclusion :

Quelle est la base théorique de l’administration GW.Bush ?

1. Avant le 9/11 : « Realpolitik » (C.Rice et Powell), critique à

l’égard du « Nation bulding », unilatéraliste (refus de Kyoto,

bouclier anti-missiles).

2. Après 9/11 : période d’incertitude car n’existait pas de cadre

de pensée = les Néo-conservateurs s’imposent

3. Depuis 2005 et l’échec de l’Irak, se sont à nouveaux les

« Realpolitikers » qui ont le vent en poupe (Rice devient

Secrétaire d’Etat et Wolfovitch quitte le pentagone).

4. Ajourd’hui : échec complet au Moyen-orient (d’où menace

iranienne) + retour de la Russie = il n’y a plus de doctrine US

en matière de politique étrangère

Cependant, depuis 2004, échec irakien :

- Sans doute priorité au Realpolitikers-Durs (C.Rice & D.Cheney)

II – Les priorités géopolitiques US depuis 2001

Fin 2001, le département de la Défense publie un article1 définissant les régions les plus

importantes du point de vue géopolitique américain :

1 : Quadriennal Defense Review

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1. L’Europe (et surtout PECO)

2. L’Extrême orient (Chine, Japon, Corée, Taïwan)

3. Moyen-orient

4. Sous continent indien (Inde et Pakistan)

Trois centres d’intérêt :

1. La Russie et les ex-Républiques soviétiques

2. La Chine

3. Moyen-orient

A – La Russie et les ex-Républiques soviétiques

Existe deux courants opposés :

1. Ceux qui pensent que : économie de marché => ancrage

parmi les démocraties occidentales

2. Ceux qui pensent que : Russie = impérialiste et autoritaire

par nature.

En gros, les premiers se trouvaient plutôt dans l’administration Clinton, les seconds se

trouvent plutôt dans l’administration Bush

a) L’ouverture mesurée sous l’administration Clinton (1992-2000)

Principale conseiller de Clinton pour la Russie : Strobe Talbott = « Talbottisme » = politique

d’ouverture mesurée vers la Russie.

Idée = soutenir la Russie dans ses efforts pour s’ancrer à l’Ouest.

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S’est traduit par :

1. soutien personnel à Boris Eltsine

2. soutien pour obtention de crédit FMI sans contre-partie

3. politique de discrétion sur les aspects les plus contestables (détournements, 1ère guerre

de Tchétchénie, prolifération nucléaire, vente d’armes à l’Iran…)

Cependant, politique « mesurée » car en même temps, certains exige une meilleurs

surveillance de la Russie..

Donc idée de garantir la sécurité des anciens satellites :

Avril 1999 : Adhésion à l’OTAN de la Pologne, Hongrie, République Tchèque

(décidée en 1997)

b) La méfiance sous l’administration Bush

Avec la mise en place de l’administration Bush (novembre 2000-janvier 2004), évolution car :

1. Souvenir de l’attitude russe lors de l’intervention de l’OTAN au Kosovo (1999) :

menace de véto + soutien à la Serbie

2. Présence auprès de Bush de conseillers hostiles à la Russie (Condoleezza Rice).

C.Rice (« Realpolitikers » estime qu’il est de la nature de la Russie d’être

impérialiste : la Russie est poussée vers le contrôle de l’Europe orientale, de l’Asie

centrale et surtout du Caucase (accès au mers chaudes).

A la fin 2000, C.Rice déclarait : « Je crois sincèrement que la Russie constitue une

menace pour l’Occident en général et pour nos alliés européens en particulier »2.

On aurait pu s’attendre à un refroidissement des relations d’autant que Poutine remplace

Eltsine en janvier-mai 2000. Or Poutine se réclame de l’héritage de l’empire soviétique. Et se

place dans une logique de violence. L’enjeu étant la présence russe dans le caucase.

2 : Politique internationale n°90. In « Whashington et le monde » p.138

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Cependant, 9/11 va apparemment changer cela : accord informel :

Les USA obtiennent le soutien russe dans la guerre au terrorisme en

contrepartie d’une absence de réaction us face à la seconde guerre de

Tchétchénie (1999). Et cela jusqu’à aujourd’hui (absence de réaction lors de

Baslan).

Mais 9/11 ne change rien à la pensée géopolitique américaine quant à la Russie. Pour

Condoleezza Rice il s’agit de réduire le pouvoir et l’influence russe : de ce point de vue,

l’intervention en Afghanistan va favoriser les desseins US.

1. Contrôle des marches du sud :

Bases US permanentes Ouzbékistan, Kirghizstan et Afghanistan

Bases US temporaires Tadjikistan et Kazakhstan

Conseillers militaires US Géorgie

2. Contrôle des marches de l’ouest :

Adhésion à l’OTAN en 1999 Pologne, République Tchèque, Hongrie

Adhésion à l’OTAN en 2004 Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Lettonie, Estonie, Lituanie

Adhésion à l’OTAN : Décidée en 2002 et effective en 2004 : Roumanie, Bulgarie, Slovaquie,

Etats baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie)

Evènements majeurs car les Américains ont ainsi franchi la ligne rouge fixée par Eltsine

Explique en grande partie l’hostilité russe lors de la préparation de la guerre contre l’Irak (axe

Paris-Berlin-Moscou). Mais n’a durée que quelques mois car la Russie cherche d’abord à

avoir les mains libres dans le Caucase.

Conclusion quant à la Russie : à quoi peut-on s’attendre avec GW.Bush II ?

Avec Condoleezza Rice au Secrétariat d’Etat, politique d’endiguement systèmatique

EX :

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1. Géorgie – novembre 2003 – « Révolution des Roses » : soutien des USA à Michael

Saakachvili contre Edouar Chevardnadzé

2. Ukraine – novembre 2004 – « Révolution orange » : soutien US à Victor Iouchtchenko

contre Victor Ianouchkovitch

B – La Chine et l’Extrême Orient

La Chine est devenue une question centrale depuis la fin de la guerre froide car :

1. dernier des grands régimes communistes

2. actuellement le seul pays a avoir une politique géostratégique autonome

3. une des économies les plus dynamiques depuis 20 ans : 9% en moyenne par an (déficit

commerciale us à l’égard de la Chine se monte à 130 milliards de $ (en 2003)

4. région avec risque d’affrontement nucléaire (Chine/Taiwan ; Chine/Inde ;

Inde/Pakistan ; Corée du N/Corée du Sud

La préoccupation de la Chine n’est cependant pas nouvelle : un peu d’histoire :

1. Pendant la 2nde guerre mondiale, Chine est l’un des principaux alliés des USA

2. Mais, Chine officielle républicaine (mais existe guerre civile contre les communistes)

3. 1949, victoire de Mao. Les Républicains s’enfuient à Taiwan

4. A.60, rupture idéologique et conflit frontaliers avec l’URSS

5. 1972, visite de Nixon à Pekin. Reconnaissance de la Chine populaire en 1979

6. Fin A.80 : Détente avec Moscou. Mais Tienanmen (juin 1989)

7. A.90 : Décollage économique (en fait amorcé dès 1978 avec Deng Xiaoping) et

s’appuyant sur les « Zones économiques spéciales »

8. Adhésion à l’OMC en 2001

Que doit-on comprendre ?

1. Chine perçu comme une menace de 1959 au début A.70

2. Ensuite allié objectif contre la Russie

3. A.80-A.90 : euphorie de la croissance économique (qui va forcément faire basculer la

Chine dans le camps occidental).

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Mais, retour à la méfiance chez les décideurs US depuis qq. années et surtout dans

l’administration Bush, mais avec distinction entre Néo-Cons et Realpolitikers

a) La position des Néo-conservateurs

Conduit par Donald Rumsfeld et Woolfowitz. Estiment que la chine :

1. puissance insatisfaite sur le plan territorial (Taiwan et frontière indo-chinoise)

2. puissance révisionniste (n’adhérant pas à l’ordre libéral international)

Donc : empêcher la chine d’être une puissance dominante en Asie. Donc :

Politique d’endiguement (containment) : Japon, Kirghizstan et Afghanistan

b) La position des Realpolitikers

Plutôt C.Rice. Propose moins une politique d’ « endiguement » qu’une politique

d’« engagement » (Kissinger).

I.e. idée d’aider la Chine à faire que son essor économique tendent à une libéralisation de la

société.

Mais surtout, les Realpolitikers cherchent à réduire l’influence des Néo-conservateurs sur les

relations sino-américaines car craignent que ce soit le discours de méfiance américain qui créé

les conditions d’un sentiment de victimes des Chinois.

Conclusion sur la perception géopolitique Chine :

1. existe effectivement de nombreuses contestations territoriales de la Chine (Taiwan,

Inde, Philippines, Japon) accompagné d’une idéologie de la « Grande Chine »

2. Effort très important sur le plan technologies d’applications militaires (fusées et

Shenzhou IV)

3. La croissance chinoise implique une recherche de ressource très importante : en 2003,

elle en a importé 55 % de la production mondiale de ciment, 40% de charbon, 25%

d’acier, 25% et 14% d’aluminium. Elle est le second importateur de pétrole.

Cela dit…

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4. existe aussi un fantasme du « péril jaune » (nt. Aux USA)

C – L’Irak et le « Grand Moyen-Orient »

Le Moyen-Orient n’a jamais intéressé les USA avant les années 70 car :

1 – Influence Franco-britanique gérant à leur place

2 – Dépendance au pétrole ne se pose alors pas

Ce qui change tout, ce sont la guerre des 6 jours en 1967 et la guerre du Kippour en 1973 :

1 – Guerre des 6 jours = substitution de la France comme soutien d’Israël

2 – Guerre du Kippour = Nécessité de s’assurer l’amitié de l’Arabie saoudite

A la fin de l’administration Clinton (2000), situation suivante :

1 – Irak jouant au chat et à la souris et détournant le plan « Pétrole contre nourriture »

2 – Seconde Intifada dans les territoires occupés + menace sur Arafat

le 9/11 ajoute les 3 éléments suivants :

3 – La preuve que les Pétro-monarchies et l’Arabie saoudite en particulier ne sont pas des

alliés sûrs => Financement des mouvements islamistes sunnites.

4 – Idée, dans la droite chrétienne, que l’islam est intrinsèquement dangereux

5 – identification croissante entre USA/Israël dans la lutte contre l’intégrisme/Islamisme

= Gros problème car Washington n’a pas de réponse.

Avant le 9/11, les Néo-Cons. sont minoritaires.

Le 9/11 leur permet d’apporter la preuve qu’il faut réaménager de font en comble le Moyen-

Orient, plus exactement le « Grand Moyen-Orient » = en gros, l’ensemble des pays arabo-

musulmans (du Maroc au Pakistan) = développer la démocratie libérale et l’économie de

marché.

Dans la logique léniniste du « maillon faible », l’idée s’impose qu’il faut commencer par le

pays qui se prêtent le mieux à une attaque : Irak.

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C’est pourquoi, dès le 9/12, l’Irak est retenue comme cible avec l’idée de diffuser le modèle

de la démocratie libérale = « Théorie des dominos inversée » avec pour objectif :

1 – recul de l’intégrisme islamique = stabilisation de la région

2 – fin du conflit israelo-arabe => crétion d’un Etat palestinien moderne (libéral) dans le cadre

d’une union économique israelo-palestinienne.

Bilan pour le Moyen-Orient : probablement un virage fin 2004-début 2005 car :

1 – avant, alliance de fait entre Néo-cons. & Conservateurs-Durs sur la nécessité de frapper

fort.

2 – Mais depuis, échec de la politique néo-conservatrice. Si était confirmé, reprise en mains

des Conservateurs-Durs => L’Irak comme espace d’une guerre circonscrite.

NB : Existe chez certains Néoncons l’idée que le monde arabo-musulman est dangereux en

soit. C’est la thèses du « Chocs des civilisations » (1964) de Bernard Lewis proche de

Wolfowitz :

« Cette haine va au-delà de l’hostilité à certains intérêts ou actions spécifiques ou même à des pays donnés, mais devient un rejet de la civilisation occidentale comme telle, non pas seulement pour ce 

qu’elle fait mais pour ce qu’elle est et les principes et les valeurs qu’elle pratique et qu’elle professe » « The roots of muslim rage » (Les racines de la colère musulmane) septembre 1990.

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Dossier n°2 :

Le « Grand moyen orient » : un rêve américain ?

Intro :

Accroche : « Grand Moyen Orient » terme utilisé par l’administration GW.Bush pour

désigner l’ensemble du monde arabo-musulman (sauf l’Indonésie 220 millions d’habitants).

Avec idée d’une diffusion du modèle occidentale à partir de l’Irak

Qu’est-ce que le « Monde arabo-musulman » ? Terme imprécis désignant l’ensemble des

pays :

1 – Soit à majorité arabophone (parlant arabe)

2 – Soit à majorité musulman (de religion islamique)

Distinction essentielle entre les deux :

1 – Arabe : au sens stricte, population de langue arabe issue de la conquête (l’hégire 622) :

implantation :

- A l’origine, péninsule arabique : 6 Etats (Arabie saoudite, Yémen, Oman, Qatar, Bahreïn et

Emirats arabes unis) - plus conquête prise sur l’empire de Constantinople :

- Au nord : Syrie (Syrie, Palestine, Liban et Irak)

- A l’Ouest : Egypte et Afrique du Nord (côtes) = 5 Etats (Egypte, Libye, Tunisie, Algérie,

Maroc).

Ces régions ont constitué l’Empire arabe des Omeyades (fin VII-débVIII) puis des

Abbassides. Califat de Damas puis de Bagdad (du VIIIème au XIIIème).

=> L’assimilation (tardive) entre les Arabes et les populations locales à fini par créer une

seule communauté : le monde arabe de langue et de culture commune.

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Cependant, certaines de ces populations ont conservés leur religion d’origine (Chrétien

maronites au Liban ou Coptes en Egyptes)

2 – Musulman : populations arabes de culte musulman + populations extérieures au Califat et

converties à l’Islam dans les années/décennies qui ont suivit la conquête :

1 – d’une part les Turques (venue d’Asie centrales)

2 – d’autre part les Perses

Nb : mais concerne également d’autres peuples qui n’étaient pas dans le califat. Ex : les

Kabyles en Algérie ou les Afghans, ou encore les Bosniaques et Albanais ou encore

Tchétchènes…

Ces populations n’ont de commun que la religion…et encore car :

Le monde musulman se divisent entre Chiites et Sunnites :

Résulte de la question du partage du pouvoir à la mort de Mahomet entre :

1 – Abou Bekr

2 – Ali

Les Chiites se réfugièrent à l’Est de l’empire et convertirent les perses

Donc aujourd’hui : Chiites sont une minorités que l’on trouve essentiellement en Iran

(religion d’Etat depuis le XVIème siècle) + quelques minorités en au Sud de l’Irak, au Liban

(plaine de la Beka)

Cela explique également l’absence de compréhension des USA face au régime saoudien et à

Al-Quaïda (jusqu’en 2001, l’intégrisme musulman apparaît comme chiites)

Cette distinction Monde arabe / Monde musulman est essentiel car explique la différence

entre « Nationalisme arabe » dont se réclame le parti Baas de Saddam Hussein et l’intégrisme

islamique de Ben Laden

La seule chose de commune est la lutte contre Israël.

Donc :

1 – Les évolutions du monde arabo-musulman

2 – La question israëlienne

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I – Du nationalisme arabe à l’intégrisme islamique

Le Califat Sassanides durent officiellement jusqu’au XIIIème siècle.

En fait, le déclin de l’empire arabe fut beaucoup plus rapide. Arrivé des Turques Seldjoukides

au XIème en Anatolie (conquête sur l’empire romain d’Orient) puis s’empare du pouvoirs

dans les différentes villes (sultanats).

Au cours des siècles, cette tutelle turque sur le monde arabe va se faire de plus en plus forte.

Plus exactement, une tribut turques, les Ottomans vont conquérir l’ensemble du monde arabe

à partir du XIV (ainsi qu’une partie de l’Europe) sauf le Maroc et la Péninsule arabique.

Existe, dans le monde arabe, idée d’un âge d’or perdue (celui du grand empire Omeyyade

puis Sassanides). Le XXème siècle va fournir deux explications :

1ère explication : de la faute de la colonisation => Naissance d’un nationalisme arabe

2nde explication : parce que les Arabes se sont écartés de l’Islam => Naissance de l’intégrisme

A – La naissance du nationalisme arabe

Recherche dans la colonisation l’explication au retrait de la nation arabe : idée naît avec la

lutte contre l’occupation Turque et ensuite contre les Occidentaux

a) Le partage de l’Empire turque

Commence dès le XIXème siècle :

1. F en Afrique du Nord à partir de 1830

2. GB en Egypte en 1882

Mais résulte essentiellement des conséquences de la 1ère guerre mondiale : De 1916 à 1922,

les territoires arabes de l’empire turque font l’objet d’un incessant marchandage entre F et GF.

A partir de 1918, Wilson se pose comme arbitre.

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Les positions sont les suivantes :

1 – Du côté français, on réclame la Syrie au nom du rôle traditionnel joué par la France =>

« France du levant ». Tendance à s’appuyer sur les Chrétiens (les « Levantins »)

2 – Du côté GB, conquête de l’Irak depuis le Sud et volonté de créer une «  Grande arabie

britannique » en s’appuyant sur la dynastie Hachémites (nécessité de contrôler le passage vers

l’Inde + passage du pétrole).

3 – Du côté US refus d’annexion aux empires GB et F => créations de mandats sous autorité

de la SDN.

Français et Anglais vont organiser différemment leur zone :

1. Les Français vont se contenter de créer deux Etats (Liban et la Syrie) avec un

gouverneur français.

2. Chez les Britanniques, l’idée est de créer des monarchies arabes sous protection

britannique : il vont aller chercher une vieille dynastie : les Hachémites (régnant sur

la Mecque depuis le Xème siècle – famille de Mahomet). En 1916, soutenu par la GB,

Husayn ibn Ali, avec promesse de créer un grand royaume arabe = tout le proche

orient (sauf l’Egypte). Ne sera que roi du Hedjaz (ouest de la péninsule arabique avec

Médine et la Mecque). Chasser en 1924 par l’Aziz ibn Sa’ud.

Avait deux fils :

- Faysal

- Abdullah

1. Son fils, l’ami de Lawrence, Faysal, commande les troupes arabes (tributs unifiées),

conquiert Jérusalem avec les GB et devient roi de Syrie en 1920 mais chassé par les

Français. Devient roi d’Irak et créé une dunastie hachémites d’Irak (trois rois jusqu’en

1958)

2. Abdullah devient roi de la Transjordanie (Jordanie + annexion de la Cisjordanie avec

Jérusalem). Aujourd’hui le roi est son arrière petit-fils Abdallah II mariée à la reine

Rania).

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Richard Perle envisagerai de rétablir un Hachémite en Irak

Le partage se termine donc de la manière suivante :

1. Du côté français, partage en deux de la syrie avec un Etat Syrien et un Etat Libanais,

tous les deux sous tutelle française

2. Du côté anglais, trois Etats : Palestine, l’Irak et entre les deux un corridor, la

transjordanie

Exploitation en commun du Pétrole irakien (création d’un consortium franco-britanique de

75%-25% avec projet de création d’un oléoduc passant par la transjordanie).

Bilan :

1. Partage du Proche-Orient en plusieurs Etats. Pas nécessairement illégitime, mais les

populations le percevront comme un acte de force des occidentaux => Contestation

durable des frontières

2. Opinion arabe (notamment dans la petite et moyenne bourgeoisie) est d’avoir troqué

un occupant (turque) contre un autre (occidental).

b) Nasser et le rêve d’une R.A.U.

Après la 2nde guerre mondiale, 7 Etats arabes officiellement indépendants et qui forment la

« Ligue des Etats arabes » (22 mars 1945) : Arabie Saoudite, Égypte, Irak, Liban, Syrie,

Yémen, Jordanie (alors Transjordanie).

Parmis les 7, l’Egypte va jouer un rôle fondamental dans le réveil du nationalisme arabe

Egypte 1936 : officiellement indépendante (Roi Farouk), mais en fait sous domination

économique et politique de la GB. Se traduit notamment par de grandes inégalités sociales.

23 juillet 1952, prise de pouvoirs par les « Officiers libres » avec à leurs têtes Gamal Abdel

Nasser = le « Raïs » 

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Initie un processus révolutionnaire :

1. Réforme agraire et partage des Terres

2. Politique industrielle : construction du barrage d’Assouan

3. Nationalisation du canal de Suez (qui sera la cause de la guerre de 56)

4. Aides au mouvement indépendantiste arabe (notamment Algériens et Palestiniens)

=> Rapprochement vers l’URSS

Or, le « Mouvement des officiers libres » ne se veut pas égyptiens, mais arabes avec Nasser à

sa tête.

1958 : création de la RAU avec un seul siège à l’ONU.

1961 : la Syrie reprend son indépendance (l’Egypte continuera à s’appeler RAU pendant 10

ans).

Mais Nasser meurt en 1970. Son successeur Anouar El Sadate :

1. se recentre sur les intérêts vitaux de l’Egypte.

2. S’éloigne de la tutelle soviétique et se rapproche des USA : libéralisation de

l’économie, aide US.

Conséquence : en 1973, déclenche la 4ème guerre contre Israël (Kippour) afin d’obtenir des

garantis en vu de la conclusion de la Paix. Conclut la paix de camps David en octobre 1978

Contestation du leadership égyptien :

Le rôle de leader du monde arabe va alors être revendiqué par le concurrent de l’Egypte :

l’Irak.

En Irak, sur la même période, forte tensions de 1958 à 1968 :

En 1958, un général (Ahmed Hassan al-Bakr, cousin de Saddam Hussein) chasse le roi

hachémite (Petit fils de Fayçal) et installe le parti Bass au pouvoir

Le parti Bass s’inscrit dans la logique de la révolution nationaliste arabe de Nasser :

1. Le mot Bass veut dire « renouveau »

2. fondé en 1942 à Damas par le chrétien Michel Aflak et le musulman sunnite

Salahedine Bitar

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3. Il affiche un programme anticolonialiste, socialiste, laïc, moderniste et panarabe, se

proposant rien moins que de réunir tous les pays arabes en une vaste fédération

moderne. Sa devise est «Unité, socialisme, liberté».

4. Devient partit unique en Irak en 1970

5. Nationalisation des ressources pétrolières en 1972

Le parti Baas eu une grande influence sur le monde arabe. Il s’impose en Syrie en 1963 =

rapprochement avec l’Irak (donc fin de la RAU).

En Syrie, 1970, prise du pouvoir par le général Hafez el-Assad (auquel a succédé son fils

Bachir.

A partir des années 70, l’Irak et Saddam Hussein se présente comme les leaders du monde

arabe. Mais :

A partir des Années 80, forte crise du mouvement nationaliste arabe car :

1. Crise générale des PED = échec des politiques « modernes » en Algérie, en Egypte, en

Syrie

2. Tensions croissantes entre ces régimes et les Pétro-monarchies du Golfe

3. Guerre Irak-Iran

Cette crise du nationalisme arabe va nourrir et favoriser l’intégrisme islamique

B – La naissance de l’intégrisme islamique

L’intégrisme moderne se développe d’abord dans le monde chiites (au point où les deux sont

assimilés) puis sunnites

a) L’intégrisme chiites

Iran :

Avant 1979, monarchie (Chah Mohammad Reza Pahlavi), allié très proche des USA depuis la

seconde guerre mondiale.

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Renversé en 1979 par l'imam Khomeiny => Instauration d’une Théocratie chiites.

triple antagonisme :

4. perse contre arabe

5. Chiites contre Sunnites

6. Capitalisme contre valeurs traditionnelles de l’Islam

L’Irak est en première ligne car :

1. existe vieille contestation sur des îles dans la voie fluviale du Chat al-Arab qui

débouche sur le golfe Persique (essentiel pour exportation du pétrole)

2. existe minorité chiites irakiennes au Sud (au les dirigeants bassistes sont issu du

triangle sunnites)

3. Irak se veut moderne avec politique industrielle et consommation de classe moyenne.

Conduit à une alliance de fait entre :

7. Irak

8. Pétro-monarchie du Golfe

9. Etats occidentaux

=> Déclaration de guerre de l’Irak 22 septembre 1980, financé (prêt) par les pétro-

monarchies, armées par les occidentaux (principalement la France et les USA)

Réaction Iranienne = création d’un mouvement armée pour porter la guerre en territoires

arabes = création du Hezbollah (Chiites)

Erreurs des occidentaux : assimilations entre Chiisme et intégrisme. Or, révolution islamique

en Iran a eu lieu :

1. Moins car pays chiites

2. Parceque régime violent et corrompu. Or, soutenu par l’occident et principalement

USA.

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b) L’intégrisme sunnites

La monté de l’intégrisme musulman va avoir lieu dans les années 80 et s’inscrit en réaction à

l’échec du nationalisme arabe car :

1. Corrompu

2. Stagnation économique

Va se manifester par développement ou création de mouvements, notament dans trois deux

pays : Egyptes, Algérie, Afghanistan.

1 – En Egypte, Première manifestation moderne de l’intégrisme en pays sunnites : assassinat

de Sadate en octobre 1981 par des intégristes musulmans (les « Frères musulmans »).

Contrairement à son prédécesseur Anouar El Sadate, le président Hosni Moubarak considère

que le véritable danger pour le régime vient des islamistes, et non des nassériens, sévèrement

réprimés jusqu’à l’assassinat du président Sadate par un commando islamiste, le 6 octobre

1981. En fait, vieille organisation : Elle fut fondée en 1928 par Hassan el Banna en Egypte

après l'effondrement de l'empire Ottoman. Les Frères musulmans s'opposent aux tendances

laïques des nations islamiques et veut un retour aux préceptes du Coran, avec rejet des

influences occidentales.

2 – En Algérie, création du FIS en 1989, interdiction en 1991 => Création de AIS et guerre

civile.

3 – En Afghanistan, Sur cette base, création en vue d’action en Algérie, création en 1988

d’Al-Quaïda de Oussama en Laden. Mouvement née d’une des composantes de la résistance

afghane aux russes (79-89). Appuiera ensuite les Talibans (entrée dans Kaboul en 1996).

Cependant, ne se limite pas à ces pays car :

1. Existe des mouvements intégristes dans tous les pays musulmans (notamment au

Pakistan, Soudan)

2. Existe des régimes se réclamant officiellement de la Charia (notamment l’Arabie

saoudite)

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Bilan : Ce qui fait la force des mouvements intégristes, c’est :

la référence à l’Uma. Sans référence au monde arabe.

Pallie à l’absence d’autre force politique

II – Le conflit arabo-sioniste

Définition de quelques termes :

1. Palestine

2. Sionisme

Qu’est-ce que la Palestine ?

Etroite bande de terre (300 km de long sur 80 Km de large) située entre la Mer Méditerranée

et le fleuve Jourdain. Le Jourdain coule du Nord au Sud, prend sa source (principale) sur le

plateau du Golan, traverse le lac de Tibériade puis se déverse dans la Mer Morte.

Il s’agit d’un territoire semi-aride (notamment désert du Néguev au Sud) entre deux zones

fertiles : l’Egypte (Nil) et la Mésopotamie (plaine du Tigre et de l’Euphrate). Ce territoire

présente trois caractéristiques :

1. Sans intérêt agricole a priori ce qui explique l’installation des juifs (chassés en 70 ap

JC) puis de populations arabes pauvres (la terre étant propriété de riches arabes vivant

au Caire ou à Berouth)

2. Territoire situé sur le passage de l’Asie à l’Afrique, de la côte méditerranéenne vers

les Indes (explique l’intérêt britanique pendant et après la seconde guerre mondiale).

3. Aride = signifie que le contrôle de l’eau est essentiel. Les ressources en eau sont

constituées :

1. d’une part du Jourdain dont la source se trouve en Syrie (Golan)

2. d’autre part de nappes phréatiques s’étandant de part et d’autres du

Jourdain (autrement dit entre Israël et la Cisjordanie).

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Qu’est-ce que le « sionisme » ?

Mouvement politique agraire et socialiste (influence de Fourier et Saint-Simon) ayant pour

objectif la création d’un foyer national juif de préférence en Palestine (Sion=montagne de

Jérusalem).

L’idée d’un retour des Juifs en Palestine à toujours existé (« L’année prochaine à Jerusalem »)

mais se développe au XIXème siècle (contexte de réveil des nationalité) : 1878, création de la

première colonie agricole par des juifs immigrés.

En 1897, Théodor HERZL créé le Congrès sioniste mondiale qui se donne pour tache

d’acheter des terres en Palestine.

Les choses se compliquent pendant la seconde guerre mondiale et les ambiguités britaniques

sur le sort de la Palestine (sous domination Ottomane) :

10. En 1916, les Français et les Anglais passent un accord sur le partage du Moyen-

orient (accords Sykes-Picot) :

1. Le Liban et la Syrie à la France

2. Le sud de l’Irak à la GB

3. L’espace entre les deux est promis aux souverains Hachémites : création d’une

« Confédération d’Etats arabes » sous le sceptre (mais qui en fait se partageait

en deux secteurs d’influence franco-britannique).

- En 1917, le ministre britanique Balfour s’engage en faveur de la création d’un

« Foyer national juif en Palestine) : c’est la « Déclaration Balfour ». Cette déclaration est

une lettre adressé au président de la fédération sioniste de GB : « Le gouvernement de Sa

Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le

peuple juif. »

Pourquoi ? car apparaît le meilleurs moyen de contrôle de cette région par l’intermédiaire de

ce qui pourrait être un dominion britanique :

Churchill en 1908 : « L’établissement d’un Etat juif fort et libre, à la croisé des chemins

entre l’Europe et l’Afrique, gardien des routes terrestres vers l’orient, serait non seulement

un avantage de taille pour l’empire britannique, mais également un pas remarquable vers une

disposition harmonieuse du monde entre ses peuples ».

Donc, à l’issue de la première guerre mondiale, contradiction d’intérêt britannique :

1 – Favorable à un « foyer national juif » car peuplé d’occidentaux

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2 – favorable à des monarchies arabes « indépendantes » (i.e. des dominions GB)

3 – Etant entendu que dans tous les cas sous domination britannique

A l’origine du conflit :

1. Pour les nationalistes arabes, présence juive = présence coloniale : juifs et GB sont des

occupants

2. Pour les sionistes, Palestine = Terre d’Israel = Arabes et Britaniques sont des

occupants

Conséquences :

Après la 1ère guerre mondiale et jusqu’à la seconde, quiproquo entre Arabes et Sionistes :

11. Pour les Arabes, espoirs de créer une grande confédération d’Etat arabes

12. Pour les Sionistes, espoir de créer un Etat juif en Palestine.

Pendant l’entre deux guerres, escarmouches :

1. Entre Arabes et Sionistes,

2. Mais aussi et surtout entre Arabes, Sionistes et Britanniques (Irgoun d’Yitzhak Shamir

et le Groupe Stern).

1939 : Britanique publie un « Livre blanc » = contingentement de l’immigration juive et de

l’achat de terre par l’Agence juive.

A l’issue de la seconde guerre mondiale,

1. Six Etats arabes indépendants (Arabie, Egypte, Liban, Syrie, Irak,

Jordanie) dont deux possédant une armée compétente.

2. Palestine toujours sous mandat britannique avec espoir des arabes et des

juifs d’en faire un Etat et un seul : le leur.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à l’origine, les « Palestiniens » n’existent pas. Ils existent

des Arabes habitants en Palestine :

1. Du point de vue sioniste, la Palestine représente un minuscule territoire parmi tous

ceux que possèdent les Arabes : l’idée est donc que les Arabes de Palestine peuvent

aussi bien aller vivre en Jordanie, au Liban…

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2. Du point de vue Arabes, il n’y a qu’une nation arabe (même si divisée en différents

Etat). Donc ils ne peuvent admettre l’existence d’un Etat non-arabe au milieu de la

Nation arabe.

Essentielle de comprendre cela car explique qu’à l’origine, il n’existait pas de conflit

« Israélo-palestinien » mais un conflit « arabo-sioniste ». C’est-à-dire que l’objectif arabe

n’était pas de créer un Etat palestinien mais de détruire Israël. Le paradoxe est que c’est ce

conflit qui va créer une identité palestinienne propre qui n’existait pas.

C’est le conflit « arabo-sioniste » qui va créer l’identité palestinienne.

A – La naissance de l’idée palestinienne

B – Les conditions de création d’un Etat Palestinien

A – La naissance de la question palestinienne (1948-1966)

Se fait en 3 temps à l’occasion de trois guerres :

1. Annexion de la Palestine arabe par ses voisins (1948)

2. Occupation de la Palestine arabe par Israël (1967)

3. La radicalisation des mouvements palestiniens (1973)

a) La guerre d’indépendance (1948)

1947 : L’ONU propose un plan de partage entre un Etat juif et un Etat arabe avec

internationalisation de Jérusalem.

1948 : Fin du mandat britannique, Israël proclame son indépendance = 1ère guerre =

1. Victoire israélienne = maintien d’un Etat juif indépendant sur les ligne fixée par

l’ONU (en fait plus large).

2. Fuite de la majorité des populations arabes vivant sur les terres attribuées à Israël

(début du problème des « réfugiés »)

3. Les terres arabes (la partie arabe de la Palestine : ce qui devait être l’Etat palestinien)

sont occupés par l’Egypte et la Jordanie (Transjordanie à l’époque) :

1. d’une part par l’Egypte au Sud (Bande de Gaza)

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2. d’autre par la Jordanie qui annexe les terre à l’ouest du Jourdain (Cisjordanie

avec la vieille ville de Jérusalem)

L’Egypte (Nasser) est alors le pays qui va le plus aider (officiellement) les mouvements

palestiniens. Mais ils s’agit pas tant d’aider les Palestiniens à créer leur Etat (cela aurait pu

être fait sur la bande de Gaza et la Cisjordanie) que de soutenir un mouvement au nom du

nationalisme arabe.

En 1964 (28 mai) est créé l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine, présidé par

Ahmed Choukeiri) grâce à la ligue arabe :

1. BUT : destruction de l’« entité sioniste » et « liquider la présence sioniste en

palestine ». Charte national palestinienne)

2. COMPOSITION : différents groupes de Fedayin dont le principal est le Fatah de

Yasser Arafat.

Avant 1967, le Fatah organise des actes de sabotages mais poursuivit et réprimé par les pays

arabes (notamment Egypte et Jordanie) car craignent d’être entraîné dans une guerre

b) La guerre des 6 jours (1967)

La guerre des 6 jours n’est pas la seconde, mais la troisième des guerres Israélo-arabe. Car :

En 1956, seconde guerre (Guerre de Suez) mais sans effet fondamentale si ce n’est de détruire

le matériel égyptien et de retarder une conflagration inévitable = ce sera en 1967 la guerre des

6 jours.

Pourquoi la guerre en 1967 ?

La question se pose car existe désormais un consensus officieux chez les dirigeants arabes sur

l’existence d’Israël. Mais existe un double problème :

1. d’une part, existe une compétition relative au leadership de la Nation arabe (entre

Egypte, Syrie, Irak). Or la lutte contre Israël en est le symbole. En fait aucun Etat

arabe ne veut la guerre mais tous la réclament.

2. d’autre part, les organisations palestiniennes sont en train de devenir des forces de

perturbation et de déséquilibre dans tous les Etats arabes où elles sont installées

notamment en Jordanie.

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Quoiqu’il en soit, les Etats arabes frontaliers d’Israël constitue un danger objectif pour Israël

qui va prendre l’initiative en profitant d’une erreur de Nasser.

Nasser remilitarise Charm-el-Cheikh (à l’extrême sud du Sinaï) ce qui revient à interdire aux

bateaux Israéliens de passer par le golfe d’Akaba pour atteindre le port d’Eilat. Pour Israël,

c’est un casus belli

5 juin 1967, Israël (FDI) détruit par surprise la totalité de l’armée de l’air égyptienne, puis

attaque l’armée de terre égyptienne dans le Sinaï : en 3 jours, les FDI conquiert Gaza, Charm-

el-Cheikh et parviennent sur la rive est du Canal de Suez.

La Syrie, le Liban, l’Irak et la Jordanie se porte à la défense de l’Egypte : à partir du 7 juin,

Israël conquiert la Cisjordanie et Jérusalem.

Le 11 juin, cessez-le-feu.

Bilan :

1. Nouvel exode palestinien (population et organisation) vers la Jordanie et le Liban

(accentue le problème des « Réfugiés »).

2. Création du problème des « Territoires occupés »

3. Occupation d’une partie des terres égyptiennes et syriennes (Sinaï + Golan)

La « Guerre des Six jours » change considérablement la donne politique et stratégique :

1 – du point de vue israélien

2 – du point de vue des Etats arabes

3 – du point de vue palestinien

1 – S’agissant d’Israël, deux points de vue s’affrontent :

1. A gauche majoritaire, idée de négocier la Paix et la reconnaissance d’Israël contre les

territoires

2. A droite minoritaire et à l’extrême droite, idée d’annexer les territoires pour créer le

« Grand Israël » avec l’idée qu’il existe déjà un Etat palestinien (Jordanie). Cette

coupure est toujours actuelle.

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=> Or, en l’absence de réponse, va s’installer une situation de fait, plus ou moins

favorisée par la droite : la création de colonies sauvages à Gaza et surtout en

Cisjordanie.

2 – S’agissant des Etats arabes, la paix (officieusement souhaitée) est moins possible que

jamais car occupation + humiliation. A l’époque un seul Etat, l’Egypte (à partir de Sadate) est

prête à accepter cette idée. Mais problème car désormais Israël occupe le Sinaï. C’est ce qui

explique la guerre du Kippour.

3 – S’agissant des Palestiniens, existent désormais une menace sur leur existence en tant que

telle. Or, l’OLP est consciente que les Etats arabes peuvent négocier la paix et accepter

l’annexion des territoires. => Radicalisation à la fois contre Israël (terrorisme) mais aussi

contre Etats arabes.

= risque de déstabilisation en Jordanie. => « Septembre noir ». Septembre 1970, répression

sanglante de l’armée jordanienne contre les camps palestiniens. Csq : fuite de l’OLP au Liban

(origine de la guerre de 1982)

c) La guerre du Kippour (1973)

La guerre du Kippour - 6 octobre 1973 :

Déclenché par l’Egypte et la Syrie dans un but précis : récupérer leurs territoires (Sinaï et le

Golan). En fait, Sadate veut la paix mais veut la faire sur un pied d’égalité. Contexte très

différents de 1967 car :

1. Perte du soutien de l’opinion publique pour Israël (seul allié sont les USA)

2. Soutien politique et matériel soviétique des Etats arabes

Bilan de la guerre du Kippour :

1. Première fois où égalité de valeur entre arabes et israéliens (malgré la victoire

israélienne)

2. Par conséquence, grande méfiance d’Israël quant aux Territoires occupé (se sait

vulnérable) + programme nucléaire

3. Choc pétrolier (réponse arabe pour forcer les occidentaux à faire pression sur Israël)

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4. Conditions de paix rempli du point de vue egyptien = Traité de Paix en 1979

(Conduira à l’exclusion de l’Egypte de la ligue des Etats arabes en 1976 + assassinat

de Sadate en 1981)

5. Aucune solution autre (notamment pas pour les Palestiniens). Si ce n’est leur

reconnaissance par l’ONU en 1974 (qui avant parlait de « réfugiés »).

d) Les guerres du Liban (1982 et 2006)

1982 : Intervention d’Israël au Liban

Pourquoi la « guerre du Liban » ? :

1. 1970 : « Septembre noir », OLP se réfugie au Liban

2. 1975 : Même cause, même effet, mais dans un Etat instable du fait de luttes politique

interne entre Chrétiens/Droite et Sunnites/Gauche => Guerre civile à 4 (car également

Chiites du Hezbollah)

Du fait de la guerre civile, l’OLP acquiert des bases militaires de fait au Sud Liban => origine

de l’intervention Israélienne :

1. Théoriquement uniquement sécuriser la frontière nord d’Israël

2. Mais Sharon décide d’aller jusqu’à Beyrouth pour chasser l’OLP du Liban (et de fait

devra s’installer à Tunis jusqu’en 1993)

Bilan de la guerre du Liban :

1. Déséquilibre encore plus le Liban (création d’une ALS)

2. Aucune solution au problème palestinien

3. Détérioration durable de l’Image d’Israël (massacre de Sabra et Chatila)

Interventionisraélienne en 1982

Interventionisraélienne en 2006

Contexte1970 : « Septembre noir »

1975 : Guerre civile libanaise (alimentée par opposition

Le Hezbollah enlève deux soldats israéliens (Ehud Goldwasser et Eldad Reguev) à la frontière.

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sunnites (gauche) et chrétiens (droite).

OLP = autonome au sud Liban

NB : Le Hezbollah reprend à son compte la lutte contre l’ennemi sioniste et en faveur des palestiniens.

ButIntervention pour sécuriser la frontière (mais Sharon veut en profiter pour chasser l’OLP du Liban)

Intervention pour sécuriser la frontière (mais Olmert veut en profiter pour chasser le Hezbollah du Liban)

Conséquences

1 – Aggravation de la crise libanaise2 – Aucune solution à la question palestinienne3 – Détérioration de l’image d’Israël

1 – Reprise de l’agitation politique au Liban (le Hezbollah est soutenu par la Syrie et l’Iran)2 – Détérioration supplémentaire de l’image d’Israël

B – Vers la création d’un Etat palestinien ?

1. Les années 90 = fin de la guerre froide = à la fois conditions

d’une solution et facteurs de remise en cause de cette solution

2. Les années 2000 = plus d’espoir, et notamment du fait de l’échec

des néoconservateurs en Irak

a) La fin de la guerre froide : espoirs et conséquences perverses

Rappel : Début de la décennie des années 90 =

1. Chute de l’URSS et espoirs d’un « Nouvel ordre international » (F.Fukuyama)

2. La guerre du Golfe (1ère) a placé Arafat et les Israéliens en position de devoir négocier

= Accords d’Oslo de 1995 = création de l’ « Autorité palestinienne ».

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Mais échec du processus qui devait conduire à la création d’un Etat palestinien en 1999 car

situation politique a changé en Israël et dans les territoires occupés :

1 – S’agissant d’Israël

problème démographique : le sionisme est fondé sur l’idée du retour des Juifs sur la terre

d’Israël (loi du droit au retour en 1950). Donc, Israël favorise et finance l’émigration juive.

Mais cette émigration a beaucoup changé :

1. Dès origines au années 80, population ayant survécue (essentiellement Achkénazes) à

la Choa puis Séfarades après la décolonisation.

2. A partir des années 80, forte émigration venue de l’URSS.

La différence :

1. Population d’origine était pauvres (surtout les Achkénazes)3 et à majorité socialistes =

gouvernement Travaillistes jusqu’en 1977.

2. Après, glissement vers la droite de l’opinion publique fondée sur deux idées :

1. Méfiance des Arabes (logique du « Choc des civilisation » de Lewis)

2. Volonté du « Grand Israël »

= Favorise des majorités de droite = De plus en plus de gouvernements de Droite fondé sur

des alliances entre Likoud et Partis religieux.

2 – S’agissant des Palestiniens

Relatif échec de l’ « Autorité palestinienne ». Mise en place en 1993 car :

1. Monté de l’intégrisme (Hezbollah et surtout Hamas et Jihad islamique) fondé sur la

lutte et la destruction d’Israël (L’intégrisme reprend à son compte la lutte contre

Israël)

3 : A l’origine, on distinguait deux grands groupes :

1. Les ASCHEKENAZES : Populations juives d’Europe (et notamment d’Europe centrale)

2. Les SEFARADES (d’Espagne et ultérieurement d’Afrique du Nord)

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2. Cette monté de l’intégrisme s’explique par l’échec du nationalisme arabe en générale

et du développement économique en particulier. Taux de croissance : - 6,3% en 2000,

- 16% en 2001, -19,1 en 2002, - 20% en 2003 (Taux de chômage 40%)

3. Or, d’autant plus attirant que forte corruption de certains responsables de l’Autorité.

Cela a conduit

1. à la seconde Intifada de septembre 2000 (cf. II – B – c de l’introduction)

2. à la construction de la « Barrière de sécurité » depuis 2002 (annexion de fait d’une

partie de la Cisjordanie et surtout de Jérusalem Est) = accélère la crise économique.

Plus retrait unilatéral.

b) Des solutions envisageables

Espoir existe cependant de voir création d’un Etat palestinien vivant en paix au côté d’un Etat

Israélien d’ici quelques années car :

1. Disparition d’Arafat supprime prétexte israélien (personne avec qui négocier) : des

personnalités comme Mahmoud Abbas (Abou Mazen) ou Ahmad Qoreï (Abu Ala)

sont susceptible de le remplacer.

2. Pressions US d’autant plus crédibles que présent militairement en Irak (c-à-d) capable

de garantir sécurité d’Israël).

Ne sera cependant possible que si :

1. Palestiniens acceptent rectification de la « ligne verte » au profit d’Israël (annexion

là où se trouve les principales colonies), renonce au droit de retour des réfugiés et

accepte une sorte d’autonomie territoriale des colonies juives en Cisjordanie. Il s’agit

là des causes de l’échec de Camps David 2000)

2. Israéliens acceptent : partage de Jérusalem et gestion commune des ressources,

notamment eau (comme pour le charbon entre la France et l’Allemagne en 1950 et le

statut de la Rhur et de la Sarr). Or l’opinion israélienne ne l’acceptera que contrainte et

forcée. Forcé par les USA (à condition que les Néo-Cons soient toujours au pouvoir

(afin de légitimer leur action au Moyen-orient).

La question du partage de l’eau est peu évoquée et pourtant fondamentale :

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Les grandes nappes aquifères (phréatique) se situent de part d’autre de la « ligne verte » (ligne

de partage entre Israël et la Cisjordanie. L’agriculture israélienne, et surtout côtière, est

entièrement dépendante de ces ressources (15% de la consommation annuelle total). Israël ne

peut donc admettre l’existence d’un Etat indépendant en Cisjordanie qui capterait l’essentiel

de ces nappes.

Cependant, problème est théoriquement relatif car :

1. Existe d’autres ressources : sources, eaux de ruissellement et citernes (représentent

actuellement les 2/3 des besoins palestiniens)

2. Les ressources totales de la Cisjordanie sont supérieures aux besoins Israéliens et

Palestiniens.

3. Le développement de techniques modernes permettrait d’accroître ces ressources

(canalisation, forage, distribution…)

Donc, solution existe mais nécessite :

1. Une collaboration étroite entre Israël et les autorité d’un futur Etat palestinien (et

notamment éviter pompage sauvage des nappes qui risque d’augmenter leur salinité

comme à Gaza).

2. Que Gaza soit alimentée par le système de distribution israélien (à partir du lac de

Tibériade).

3. Investissement dans des systèmes modernes d’exploitation

4. D’une manière générale, accords entre tous les pays traversés par le Jourdain (Syrie,

Jordanie, Liban, Israël et futur Etat palestinien)

Conclusion sur le II (c-à-d sur la question arabo-sioniste) :

1. il ne peut y avoir d’Etat palestinien que dans le cadre d’une union économique Israélo-

palestinienne (Union douanière plus structure supranationale).

2. Il n’y aura pas d’Etat palestinien sans terrorisme intégriste (il s’agit donc pour le futur

président palestinien de faire un choix que n’a pas su/pu faire Arafat).

Conclusion sur le « Grand moyen orient ».

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1 - La théorie Néo-conservatrice de la « Théorie des dominos » n’est pas absurde mais :

1. Ignore la différence entre l’intégrisme musulman et le nationalisme arabe

2. Repose plus ou moins sûr l’idée du « choc des barbaries » (Lewis) i.e. sur idée que le

monde arabo-musulman ne sera pacifié que par une action extérieure lui imposant des

valeurs extérieurs.

2 - L’échec ou le succès du « Grand Moyen-Orient » américain ne se fera pas en Irak (l’échec

est quasiment consommé) mais en Palestine.

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Dossier n°3 :

L’Europe ou le complexe du « Vieux continent »

Intro : Accroche : « Vieux continent » =

1. expression en opposition au « Nouveau monde » (=USA)

2. expression utilisé par Dominique de Villepin (Ministre français des affaires

étrangères) à l’ONU en 2002 lors du débat sur l’Irak en réponse à Collin Powell.

Cependant, C.Powell n’avait pas utilisé l’expression « Vieux continent », mais « Vieille

Europe » afin de caractériser :

1. La « Vieille europe » frileuse et conservatrice : France, Belgique, Allemagne,…

(Europe occidentale)

2. La « Nouvelle Europe », libérée de la tutelle soviétique et ouverte au Monde :

Pologne, Hongrie, République Tchéque, Slovaquie… (Europe centrale et orientale).

Le fait est que l’intégration à l’OTAN (dominé par les USA) fut pour ces pays beaucoup plus

rapide et enthousiaste que leur entrée dans l’UE.

Définition de l’OTAN et de l’UE

1 – L’OTAN (NATO) : Organisation du traité de l’Atlantique Nord – Crée le 4 avril

1949

Comme son nom l’indique, l’OTAN est d’abord un « traité d’alliance » se doublant d’une

« Organisation commune » :

1. Traité d’alliance au terme duquel chaque membre de l’alliance considère qu’une

attaque contre l’un d’entre eux équivaut à une attaque contre tous (Article V du traité,

invoqués par les pays membres le 12/09/2001 dans leur soutien aux USA). Pendant

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toute la guerre froide, ces pays furent 14 : à l’origine USA, Canada, Danemark,

Grande-Bretagne, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Islande, Pays-bas et

Portugal. Rejoint en 1952 par la Grèce et la Turquie puis en 1955 par la RFA

2. Organisation : Est dirigé par une structure permanente, le « Conseil de l’Atlantique »

(1 représentant par pays) ayant autorité sur un Etat-major intégré.

1. Jusqu’en 1991, est clairement dirigé contre l’URSS (qui constitue de son côté le

« Pacte de Varsovie » en 1955).

2. Sommet de Rome 1991 : L’OTAN devient une « organisation de sécurité ». Se

compose aujourd’hui de 26 membres (les nouveaux adhérants étants des ex-

républiques soviétiques ou de Pacte de Varsovie).

C’est ce changement de nature de l’OTAN (qui de défensive contre l’URSS et devenue

offensive en intégrant une partie de l’ancien bloc soviétique) dont il va ici être question.

2 – L’Union européenne – 1992

Contrairement a une idée reçue, l’UE n’est pas une organisation (n’a pas de personnalité

morale) : c’est tout l’enjeux de la « Constitution européenne ». L’UE est un accord de

principes, créé en 1992 (TUE), entre « Hautes parties contractantes » sur trois points :

1. Collaboration en matière de politique étrangère et de sécurité extérieure

2. Collaboration en matière de justice et de sécurité intérieure

3. Approfondissement des communautés européennes existantes

Donc l’UE n’a pas remplacé les Communautés européennes. A l’origine, ces communautés

étaient trois :

1. 1951 – CECA entre France, RFA, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et Italie. Création

d’une organisation supranationale chargée de la définition et la mise en œuvre des

politiques en matières d’industrie lourde

2. 1957 – CEEA : chargée de la politique nucléaire

3. 1957 – CEE : organisation chargée de supprimer tous les entraves aux échanges et de

créer une Union douanière.

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Au fil des années, d’autres pays ont rejoint les Communautés. De ces trois communautés,

seule la CECA a disparue (en 2004). Par contre la CEE a changé de nom en 1992 : elle est

devenue la CE. Par conséquent, quand un Pays signe et ratifie « d’adhésion » à l’UE, il fait en

fait deux choses :

1. Il devient membre des deux communautés, et donc surtout de la CE avec tout ce que

cela implique (libre circulation, participation à l’Euro…) dans le cadre d’institutions

communes (Commission…)

2. Il s’engage à collaborer, notamment en matière de politique étrangère et de sécurité

commune

Depuis 2004, l’UE se compose de 25 pays (15 + 10 nouveaux entrants PECO) auquel

s’ajouteront en 2007 la Bulgarie et la Hongrie. Soit : France, Allemagne, Italie, Belgique,

Luxembourg, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Irlande, Danemark, Grèce, Espagne, Portugal,

Suède, Finlande, Autriche, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République Tchèque,

Slovaquie, Hongrie, Malte, Chypre, Slovénie, Roumanie, Bulgarie.

Depuis la fin de la guerre froide, les ancien pays de l’est cherchent à rejoindre le champ

occidental. Et tout fonctionne comme si :

1 – les USA les avaient rapidement accueilli et sans restriction dans l’OTAN

2 – L’Europe occidental l’avait fait avec réticence dans le cadre de l’UE.

DONC, en apparence, deux blocs :

1 – Un bloc hostile à l’hégémonie américaine conduit par l’axe franco-allemand (la « Vieille

Europe »)

2 – Un bloc allié aux USA conduit par la Pologne (la « Nouvelle Europe »)

Cependant, existe en fait ligne de fond de convergence des intérêts géopolitiques de

l’ensemble du continent européens.

Autrement dit :

1. A - la transition des PECO vers les valeurs occidentales s’est faites d’abord par le biais

des USA et leur intégration à l’OTAN

2. B - Mais, on semble assisté depuis quelques temps à un rapprochement des deux

Europes.

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A - La transition vers l’ouest des PECO : l’OTAN contre l’UE

Philosophie :

1. S’agissant des USA, tout fonctionne comme si les USA aient voulu profiter de

l’abaissement de la Russie pour pousser les frontières de l’OTAN le plus loin

possible vers l’est de l’Europe (toujours dans la logique de l’endiguement de la

Russie).

2. S’agissant des Pays de l’Europe occidentale (ceux de l’UE), tout fonctionne

comme si ils avaient peur des PECO et cherchaient à prendre le maximum de

garantie avant un éventuel élargissement.

a) L’élargissement de l’ OTAN

Le traité de 1949 définissait, à l’origine, la zone de compétence par l’article VI comme ne

couvrant que les pays membres, les territoires sous leur juridiction et leurs forces « dans la

région de l’Atlantique nord au nord du tropique du Cancer »

Sommet de Rome 1991 : L’OTAN devient une « organisation de sécurité ». De purement

défensive (et défense sur la zone Atlantique Nord) devient offensive (si sécurité des membres

l’exige partout dans le monde)

Sommet de Madrid en 1997 : décision de principe d’élargissement à la Pologne, Hongrie,

République Tchèque. Adhésion en mars 1999.

Prague, novembre 2002 : Slovénie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Etats baltes (Lettonie,

Estonie, Lituanie). Adhésion en 2004.

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Sur les 25 (bientôt 27 pays membres de l’UE), 6 seulement ne sont pas (ou pas encore)

membres de l’OTAN (Autriche, Chypre, Finlande, Irlande, Malte et Suède) : en fait pays

traditionnellement neutre depuis 1945

b) – L’élargissement de l’UE

Lors de la chute du mur (1989) et de l’URSS (1991), la nouvelle UE (créée en 1992) ne

comprenait encore que 12 pays (depuis 1986).

La fin de l’URSS a permis d’envisager quatre nouvelles candidatures (Suède, Finlande,

Autriche et Norvège. Car :

1. Pays de culture européenne et d’économie de marché

2. Pays obligé de maintenir une attitude neutre vis-à-vis du bloc soviétique

Sur ces 4, un refusera : la Norvège.

Par contre, rien de précis n’est décidé s’agissant des autres pays européens. Plus exactement,

le consensus des pays européens est de prendre leur temps. Pour deux raisons :

1. Les PECO sont alors des « Economie en transition » (passage vers l’économie de

marché)

2. Cette transition implique des coûts de restructuration très importants

Or, pose un problème compte tenu de ce qu’était devenu l’UE depuis 1993. A savoir un

« Grand marché unique », i.e. :

1. Un espace d’échanges intégré (disparition des spécificités nationales) avec processus

de mis en place d’une monnaie unique

2. Une intégration s’appuyant sur des politiques d’harmonisation des structures

économique (FEDER ou FEOGA)

Conséquences :

1. l’UE accepte le principe d’une intégration des PECO mais sur la base d’exigence

stricte (critères de Copenhague) en matière de liberté économique et de finances

publiques.

2. Ces pays, et le plus importants d’entre eux, la Pologne (38,6 millions d’Hbts), vont

vivre ces contraintes comme l’expression d’une certaine réticence de la « Vieille

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Europe ». D’où le soutien de ces pays à l’intervention USA en Irak (et même à la

participation militaire de la Pologne).

Bilan : l’intervention US en Irak semble avoir montrer au grand jour l’absence de toute

cohérence politique de l’UE se manifestant par :

1. Un certain ressentiment de la « Nouvelle Europe » proche des USA contre l’

« Ancienne Europe » hostile à la politique US

2. Une GB décidément plus atlantiste qu’européenne

3. La question turque mis en avant en 2003 par GW.Bush laissant entendre que les USA

conçoivent l’UE comme un appendice de l’OTAN

B – Vers une PESC d’une grande Europe ?

En fait, le bilan précédent doit être relativisé :

1. S’agissant du ressentiment de la « Nouvelle Europe » et son soutien aux USA, ce

soutien n’a pas résisté à l’épreuve irakienne. I.e. que ces pays se sont vite rendu

compte qu’ils avaient été manipulé.

2. S’agissant de la GB, comprendre que la participation GB à la guerre à deux raisons :

13. Vision morale de Tony Blaire de type Wilsonienne + idée qu’il faut mieux être avec

les USA et les modérer plutôt que contre et les radicaliser

14. Surtout, existe une interdépendance très grande des armées américaines et

Britanniques

3. S’agissant de la question turque, le principe de son adhésion est posé depuis les années

60 (i.e. à une époque où les démocraties étaient peu nombreuses en Europe). La

déclaration Bush s’explique par :

15. Volonté de soutenir la Turquie à la suite du refroidissement de 2003 lors de

l’interdiction de passage des troupes turques vers l’Irak

16. Volonté de jeter de l’huile sur le feu (notamment en France)

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Actuellement on assiste :

1. Rapprochement des positions diplomatiques entre la « Nouvelle » et l’

« Ancienne », notamment à l’occasion de la question ukrainienne mais aussi

irakienne

2. Collaboration étroite (et que n’a jamais remis en cause la question irakienne) entre

la France et la GB

3. Un consensus sur la Turquie (malgré des oppositions fortes en France et en

Autriche).

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