39
Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique APIA

Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : [email protected] Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

22 rue Rothschild - 1202 Genève

Site : www.apia-asso.ch

Contact : [email protected]

Gouvernancepourdes PME performantes

Le Guide pratique APIA

APIA

Sw

iss

-

Gouv

erna

nce

pour

des

PM

E pe

rform

ante

s

Page 2: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

11

Table des matièr es

Mot de la Présidence d’APIA Swiss ..................................................................3

Introduction : Pourquoi un guide ? .................................................................4

A Qu’est ce que la gouvernance ?1 Un concept simple et complet..............................................................62 Le système de gouvernance.................................................................73 Les spécificités des PME/PMI ...............................................................104 Gouvernance et famille ......................................................................115 La création de confiance, condition et résultante de la gouvernance..136 L’administrateur professionnel indépendant........................................14

B Les missions de la gouvernance en PME1 La stratégie ........................................................................................172 Les comptes.......................................................................................253 Les dirigeants.....................................................................................304 Les risques .........................................................................................345 Corporate Social Responsability (CSR) .................................................426 La responsabilité des administrateurs..................................................45

C Les bonnes pratiques1 Les critères d’une gouvernance de performance ................................462 Le fonctionnement du Conseil ...........................................................503 Les qualités des administrateurs du Conseil ........................................524 Le comportement des administrateurs................................................615 Évaluer le système de gouvernance ...................................................66

Conclusion .......................................................................................................68

Qui est APIA ? ..................................................................................................71

Page 3: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

32

Mot de la Présidenced’APIA Swiss

Trop souvent la gouvernance reste perçue comme une contrainte parles PME et entreprises familiales, alors qu’elle devrait être un moyend’en garantir la bonne marche des affaires et la pérennité.

Afin de faire face à tous les nouveaux défis d’une économie en plein boule-versement, une accélération des innovations et un changement des para-digmes de travail, les conseils d’administrations sont de plus en plus sollicitésdans l’établissement de stratégies de développement ou de stratégie défen-sive dans des marchés en perditions. L’administrateur ne peut aujourd’huiplus être un acteur passif et bienveillant, ou encore un garant des bonnesprocédures. Pour faire profiter la PME de toute son expérience profession-nelle et pratique, il doit jouir d’une totale indépendance et faire preuve d’unegrande dextérité face aux défis de l’entreprise.

APIA Swiss est une association de chefs d’entreprises et administrateurs pro-fessionnels souhaitant promouvoir auprès de leur pairs, une bonne gouver-nance basée sur leur expérience collective. Animés par une volontécommune de professionnaliser le rôle d’administrateur, les membres construi-sent ensemble une expertise pratique qui s’appuie sur des forumsd’échanges d’expérience, des réflexions thématiques et des publications. Ceguide pratique s’adresse tout d’abord aux chefs d’entreprise. Il se veut courtet beaucoup plus axé sur la performance que sur la conformité. Il comportedes exemples concrets pour mieux cerner la réalité du terrain. Il promulgueles objectifs de nos membres dans l’exercice de nos mandats, et met enavant toute l’importance d’une gouvernance indépendante afin d’assurer lapérennité des entreprises.

Daniel BrandenburgerPrésident APIA Swiss

Pierre TaurianVice-Président APIA Swiss

Page 4: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

54

Ce guide est destiné aux dirigeants de petites etmoyennes entreprises. Elles sont environ 580 000

en Suisse, selon l’Office Fédéral de la Statistique1, cequi correspond à 99% de l’ensemble des organisationsà fin lucrative. Beaucoup, dirigées par des membres defamille propriétaire, ont choisi une structure juridiqueleur imposant de faibles contraintes réglementaires enmatière de gouvernance. De fait, elles se sentent moinsconcernées par les discours sur le sujet de la gouver-nance et pas davantage par les codes qui en définis-sent les règles.

Alors pourquoi leur proposer une professionnalisationde leurs conseils d’administration ?

Parce que les dirigeants peuvent poursuivre à travers lamise en place d’un système de gouvernance trois ob-jectifs distincts :- le premier est la conformité à la loi ;- le second, porté par l’actualité des vingt dernières an-nées, est le contrôle ;- le troisième vise la performance, la création de valeuret la pérennité de l’entreprise.

Se conformer à la loi est une obligation. L’objectif decontrôle a motivé l’écriture des codes destinés à l’entre-prise cotée en bourse suite aux affaires des banques ;Crédit Suisse et UBS2 ; le traumatisme national du Swis-sair-Grounding3, l’affaire Yukos4, les pots de vins Mabe-tex5, le scandale FIFA6 ainsi que le scandale de l’accordsecret d’une prime de départ exorbitante (dissimulécomme clause de « non-concurrence »7) en faveur du

Pourquoi un guide ?In

trod

ucti

onprésident du conseil d’administration sortant dugroupe Novartis qui avait provoqué un fort succès del’initiative populaire « Minder » contre les rémunéra-tions abusives qui avait été approuvé à 67,9% par lesvotants au référendum du 3 mars 2013.

Bâtir un système de gouvernance qui soit levier de per-formance et de pérennité, protégeant l’intérêt social,est une décision courageuse qui contribue efficace-ment à la création de valeur.

Quand l’entreprise n’est pas cotée, elle ne peut plus secontenter d’une conformité légale « minimum ». Elle abesoin d’un système de gouvernance qui soit d’unepart un outil de contrôle et d’autre part un atout poursa performance et sa survie. Selon les objectifs pour-suivis, le système mis en place et son fonctionnementseront donc plus ou moins complexes.

Aujourd’hui, le dirigeant de PME ne trouve pas forcé-ment les réponses appropriées pour la mise en placeou l’amélioration de son système de gouvernance.

APIA, Administrateurs Professionnels Indépendants As-sociés, propose de donner aux nombreuses PME qui lesouhaitent les repères pour mettre en place une gou-vernance souple, pragmatique et conforme aux règleslégales permettant aussi le contrôle, l’amélioration deleur performance et la préservation de leur responsa-bilité sociale.

Le Guide Pratique APIA Swiss sur la « Gouvernancepour les PME performantes » comprend trois parties :a) Qu’est-ce que la gouvernance ?b) Quelles en sont les missions principales ?c) Quelles en sont les meilleures pratiques ?

1 https://www.kmu.admin.ch/kmu/fr/home/politique-pme/politique-pme-faits-et-chiffres/chiffres-sur-les-pme.html

2 https://www.tdg.ch/economie/scandale-libor-ubs-credit-suisse-poursuivies/story/111188673 https://www.letemps.ch/suisse/2011/09/28/swissair-une-mort-brutale-aux-consequences-anodines4 https://www.letemps.ch/economie/2016/04/25/ioukos-une-saga-50-milliards-loin-denouement-final5 https://www.letemps.ch/opinions/2000/06/03/avez-rate-debut-affaire-mabetex-un-feuilleton-inacheve6 https://www.nzz.ch/sport/fifa-korruptionsskandal/7 https://www.tdg.ch/economie/entreprises/novartis-continuera-verser-millions-vasella/story/17362220

Page 5: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

76

Souvent présentée comme un phénomène nou-veau, né aux États-Unis, la gouvernance trouveen fait son origine dans l’antiquité. Le mot gou-

vernance provient du grec « kubernan »: piloter unchar ou un navire.

D’abord mise en place en réaction à des comporte-ments déviants, la gouvernance a, dans un premiertemps, un rôle de « maintien de l’ordre »: limiter lesrisques, éviter les dérives, rééquilibrer les pouvoirs entreactionnaires et management, contrôler le bien-fondédes options stratégiques. Ce sont des verbes à conno-tation plutôt négative qui résument ses objectifs : évi-ter, restreindre, limiter, surveiller. L’idée est de garantirau mieux les intérêts des actionnaires en contrôlantétroitement les possibilités d’action du management.Légalement imposée dans les grandes entreprises, lagouvernance est alors peu présente dans les organi-sations n’ayant pas l’obligation de l’adopter. Puis, vientle temps où s’ajoutent les objectifs d’accompagnementde l’équipe dirigeante pour rompre son isolement etapporter une capacité extérieure de recul et d’analyse.Ainsi, la gouvernance vient améliorer la performance

1Un concept

simpleet complet

Qu’est ce quela gouvernance ?

économique et sociétale de l’entreprise, et contribuerà la sauvegarde des intérêts de toutes les parties pre-nantes. Cette évolution fait passer d’une gouvernancedisciplinaire, à une gouvernance positive, source decréation de valeur : c’est le passage d’une contrainte àun choix, c’est la voie que propose APIA aux PME. L’his-toire économique a cependant montré que la gouver-nance n’est pas la potion magique garantissant leparfait équilibre entre les pouvoirs, la justesse des dé-cisions, la qualité de la vision stratégique ou la bonneanalyse dans la gestion des risques : certaines entre-prises en grande difficulté étaient en effet dotées d’or-ganes de gouvernance étoffés comprenant despersonnalités reconnues.

C’est donc ailleurs qu’il faut rechercher les recettesd’une « bonne » gouvernance.

Quelle définition pouvons-nous donner au mot gou-vernance ?

La gouvernance est un système permettant ladéfense de l’intérêt social, la conduite, la ges-tion, le contrôle, et la pérennité de l’entreprise,précisant les pouvoirs, les responsabilités et lesrelations des actionnaires comme des diri-geants, et s’assurant que l’objectif de créationde valeur pour l’entreprise est bien pris encompte. En résumé, la gouvernance, c’est cequi permet de mieux piloter l’entreprise !

Le terme d’intérêt social est souvent employé mais peudéfini ! On peut le présenter comme l’intérêt propre dela société, personne morale, transcendant ainsi l’intérêtdes associés : il constitue alors la boussole des diri-geants, une forme d’impératif de conduite qui imposede respecter un intérêt supérieur à son intérêt person-nel.

2Le systèmedegouvernance

Page 6: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

sont la partie prenante à ne pas oublier dans le sys-tème de gouvernance.

D’autres parties sont aussi concernées par l’évolutionde l’entreprise :- les clients, qui attendent d’être livrés au bon prix et

dans le bon délai ;- les fournisseurs et les sous-traitants, exposés à des dif-

ficultés de trésorerie en cas de retards de paiement,voire d’exploitation lors de difficultés plus sérieuses ;

- les banquiers, face au risque constitué par les créditsqu’ils ont octroyés ;

- l’État et les organismes sociaux, financés par l’impôtet les cotisations sociales ;

- la commune et le canton qui se préoccupent des ré-percussions sur l’économie locale.

La confiance qui relie les différentes parties prenantesest un rouage essentiel du système de gouvernance.

98

De ce fait, chaque décision importante devrait appli-quer un questionnement structuré :

« En quoi cette décision…

1 favorise-t-elle ou met-elle en risque la pérennité de l’entreprise ?

2 sert-elle l’intérêt des associés ?

3 contribue-t-elle au projet d’entreprise ?

4 crée-t-elle de la valeur pour les parties prenantes ? »

Les actionnaires de l’entreprise ont pris des risquesen investissant leur fortune et détiennent le pouvoir dupropriétaire. Les dirigeants détiennent le pouvoir exé-cutif et généralement un meilleur niveau d’informationsur l’entreprise. Enfin, les administrateurs représen-tent les actionnaires et assurent le contrôle et l’orienta-tion du pouvoir exécutif.

Les employés sont le rouage principal de l’entrepriseet jouent un rôle fondamental dans son succès ; ils

Les 5 sphèresde la gouvernance

Actionnaires

SalariésDirigeants

Autresparties prenantes

Administrateurs

Gouvernance

Page 7: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

1110

TEXTES

Internes : statuts, règlement inté-rieur, charte…Externes : lois, codes, soft law, pra-tiques…

Le système de gouvernance

ACTEURS

Internes : actionnaires, dirigeants,administrateurs, salariés.Autres parties prenantes : Clients,Fournisseurs, État, commissaire auxcomptes, banque…

INSTANCES

Assemblée Générale, Conseil d’Ad-ministration, de surveillance, comi-tés, directoire, groupe de travail outout autre organe de gouvernance.

ATTITUDES

Comportements, procédures in-ternes, mode de fonctionnement,culture et valeurs d’entreprise…

Situation des PME

Face à un environnement de complexité croissante,avec des prises de décisions de plus en plus rapides, lesystème de gouvernance doit se renforcer et le rôled’administrateur doit se professionnaliser.

Renforcement du système de gouvernanceparfois contesté…

Le dirigeant de PME, est souvent influencé par sa per-ception des systèmes de gouvernance des grandes en-treprises. La mise en place d’un système degouvernance dans son entreprise soulève de nom-breuses réflexions. Son doute va s’exprimer au traversdes objections qu’il va généralement avancer à l’en-contre de la mise en place dans son entreprise d’unpareil système :- Ça sert à quoi ? Absence de liens perçus avec ses

besoins concrets.- Je n’ai pas envie qu’on discute tout ce que j’ai

3Les

spécificitésdes PME

décidé ! Crainte de n’être plus le seul maître à bordet d’être contredit.

- Ça doit coûter cher ! Perception d’un coût élevé dusystème de gouvernance.

- C’est du temps perdu ! Manque de volonté deconsacrer du temps au bon fonctionnement du sys-tème de gouvernance.

- Ça n’est pas fait pour nous ! Perception que lagouvernance ne concerne que les entreprises cotéesen bourses ou du moins les très grandes.

- Chez nous, c’est différent, if faut être de la fa-mille ! Méfiance vis-à-vis de l’intrus et d’une culturedifférente de celle de l’entreprise et de la famille fon-datrice.

4Gouvernanceet famille

L’imbrication entre la famille et l’entreprise rend la pra-tique de la gouvernance complexe à mettre en œuvre.Il faut notamment veiller à ce que les avantages de l’en-treprise familiale (valeurs fortes, actionnariat engagé,stratégie à long terme) ne se transforment pas en risquepour la pérennité de l’entreprise (tensions, confusiondes patrimoines, immobilisme, problèmes de succes-sion). La définition de règles claires quant à l’implicationde la famille dans l’entreprise et la mise en place d’outilsconstituent la solution pour instaurer un climat sain,propice au bon fonctionnement de l’entreprise.

Pour ce faire, il faut créer des organes de gouver-nance distincts entre la famille et l’entreprise :

Rédiger une chartede gouvernance familialeLa charte de gouvernance familiale est la base d’unegouvernance sérieuse et pacifiée de l'entreprise fami-liale. Elle permet de préciser les objectifs et les valeursde la famille, ainsi que les procédures permettant de

Page 8: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

nication. Pour favoriser l’ouverture du dialogue, il estpréférable que cette figure tutélaire ne soit pas le diri-geant de l’entreprise, surtout si plusieurs générationsou membres de la famille détiennent des parts dansl’entreprise.

Constituer une assemblée familialeÀ partir d’une certaine taille et d’une certaine com-plexité, il est conseillé de constituer une assemblée fa-miliale qui représente la famille dans son ensemble.Selon la situation et la tradition familiale, l’assembléefamiliale peut se composer non seulement des proprié-taires directs de l’entreprise mais également de leursconjoints, enfants… ainsi que de la génération qui acessé son activité.

L’assemblée permet d’informer l’ensemble de la famillede la situation de l’entreprise, des événements impor-tants et des grands projets. Elle peut être organisée pé-riodiquement (tous les deux ans par exemple), enprivilégiant un caractère informel.

La gouvernance familiale doit aussi s’appuyer surdes administrateurs indépendants de la famille avecdes compétences nouvelles et complémentaires àcelles existant dans la famille et pouvant apaiser et sim-plifier les débats.

1312

les mettre en œuvre. Elle contiendra notamment leséléments suivants :

Exemple de contenu d’une charte de gouver-nance familiale- Valeurs et vision de la famille.- Histoire de l'entreprise familiale.- Objectifs financiers de la famille.- Carrières dans l'entreprise.- Rémunérations et avantages des membres de la fa-

mille.- Rôles des non-membres de la famille dans l'entreprise.- Formation et communication.- Règles pour sortir des conflits.

Ce document doit être élaboré par un tiers extérieur àla famille. Il permettra d’identifier les attentes de cha-cun en réduisant fortement le risque ultérieur deconflit. Il n’a pas de portée juridique mais représenteun engagement moral des membres de la famille.

Établir le pacte d’actionnaires familiauxUn pacte prévoyant les modalités de détention, devente, d'héritage et de rachat des actions évitera depénibles débats nuisant au développement, voire à lasurvie de l’entreprise.

Ce pacte pourra aussi utilement décrire la façon –contenu et rythme – dont les actionnaires familiaux quine travaillent pas dans l’entreprise, sont tenus informésen dehors de l’Assemblée Générale annuelle obligatoire.

Tenir un Conseil de familleLe Conseil de famille est le lieu qui permet de manièrerégulière et spécifique de regrouper ses membres pouraborder les questions liées à la conduite de l'entreprise.Il veillera à l’application de la charte familiale et traiterade points spécifiques épineux comme, par exemple, leniveau de distribution des dividendes. Le Conseil de fa-mille se tient au moins une fois par an. Sa direction doitêtre confiée à un membre de la famille expérimenté etdisposant de bonnes capacités en matière de commu-

5La créationde confiance,conditionet résultantede lagouvernance

La confiance est au cœur de la gouvernance d’entre-prise. Elle est d’abord une condition indispensable àson bon fonctionnement. Actionnaires et dirigeants ac-tionnaires doivent s’assurer qu’il existe toujours un ali-gnement suffisant des attentes et objectifs entre eux.Dans le cas contraire l’affectio societatis entre associésdisparaît et l’entreprise est menacée. C’est l’alignementde leurs valeurs, du projet et de sa traduction dans leplan stratégique qui permettront à la gouvernanced’opérer dans de bonnes conditions.

Le fonctionnement réussi d’un mode de gouvernance

Page 9: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

sant la palette des talents du conseil d’administrationpour adresser des chantiers précis, ponctuels (trans-mission, ouverture du capital, rupture) ou récurrents(finances, marketing, technologies).

Sur une ligne de crêteDans une entreprise moyenne, l’administrateur indé-pendant pourra éventuellement intervenir ponctuelle-ment sur des missions opérationnelles, au-delà de sonrôle non-exécutif, si la nécessité s’en fait sentir. Notreadministrateur sera donc souvent amené à passer del’autre côté de la barrière dans l’intérêt de l’entreprise,à condition de revenir à son rôle « hands off » dès lamission terminée.

Un système à géométrie variablePar ailleurs, le système de gouvernance de la PME seraégalement adapté à sa taille et à ses objectifs. De cefait, il va évoluer avec son développement, les expé-riences et les circonstances.

1514

adapté aux PME a un effet très significatif sur le renfor-cement des relations de confiance et la qualité du dia-logue entre tous. Les débats constructifs et formelsfavorisent le progrès sur les thèmes clés pour le déve-loppement de l’entreprise.

Peut contribuer au renforcement du système de gou-vernance et peut faciliter son bon fonctionnement.

Quelques-uns des nombreux avantagespour les propriétaires de PME :- Objectivité accrue pour une meilleure perception

de l’écosystème et du long terme qui améliore deschoix stratégiques.

- Contribution à une meilleure performance, parla qualité de la réflexion stratégique et des débatsentre dirigeants et administrateurs.

- Prise de recul en mettant la « tête hors du guidon »pour une meilleure perception de l’environnementet du long terme qui améliore les choix stratégiques.

- Ouverture de vrais débats avec un vrai challengeconstructifs sur les questions de fond et les grandesoptions.

- Un débat apaisé car, devant un externe, on se re-tient et sa présence limite l’émotionnel. De même saneutralité facilite un débat factuel et la recherche desolutions.

- Une rigueur efficace dans la préparation desConseils, la rédaction des PV et leur suivi pour ne lais-ser aucun dossier de côté.

- Nouvelle image de l’entreprise liée au fait que ledirigent de PME consulte régulièrement des adminis-trateurs indépendants et compétents.

- La fin de l’isolement car le dirigeant s’ouvre vers ledialogue avec des administrateurs professionnels in-dépendants, ce qui est difficilement réalisable avecses collaborateurs et / ou investisseurs.

- L’accès à des compétences nouvelles en élargis-

6L’administrateur

professionnelindépendant

Ingénieur durant 10 ans dans une grande entreprise générale, PierreLeytraz a réalisé son rêve en rachetant une petite affaire de ce secteur.Cette PME employait 40 personnes pour un CA de 10MCHF. Le comitéde direction comprenait deux chefs de chantiers, une comptable et un com-mercial. La gouvernance se résumait au strict minimum légal, une assembléegénérale et un conseil par an. Pierre, issu d’une entreprise doté une gouver-nance plus formelle, comprend qu’il ne peut imposer à cette PME la disci-pline de 6 Conseils d’une demi-journée par an avec autant de préparation.Cependant, il est le seul actionnaire et mandataire social et se sent très seul!

Membre d’un club d’entrepreneurs industriels local, il a l’idée de demanderà trois parmi ses vingt membres de le challenger durant une réunion de 2heures chaque trimestre. Ce repas amical programmé devient bien vite l’em-bryon d’un système de gouvernance grâce auquel il brise sa solitude, testeses idées et éprouve sa stratégie.

Cinq années plus tard, ce qu’il appelait « Conseil des sages » s’est transforméen un comité stratégique de 5 personnes.

Un cadre de l’entreprise et le dirigeant avec les trois personnes choisies àl’origine se réunissent cinq fois par an durant une demi-journée. Ces réu-nions sont préparées et un compte rendu en est rédigé. L’entreprise emploie100 personnes et réalise un CA de 15MCHF.

Page 10: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

1716

La rémunérationde l’administrateur externe

Cette ressource a naturellement un coût. Le meilleurcritère pour l’approcher est le temps passé. Les hono-raires de l’administrateur professionnel indépendantvarient de mille-deux-cent à deux-mille-cinq-cent CHFpar jour, selon le nombre de réunions et du temps depréparation et de suivi. Selon les analyses de fidu-ciaires8, on estime que le montant des honoraires an-nuels se situe dans une fourchette entre quinze ettrente mille CHF par an et par administrateur indépen-dant.

Les missions dela gouvernance en PME

Le système de gouvernance prévu par la loi9 ré-serve au conseil d’administration des attributionsqui sont intransmissibles et inaliénables. Au-delà

de ces dispositions du législateur il convient de prendreen compte les recommandations du code suisse debonnes pratiques pour le gouvernement d’entre-prise10.

Nommé par les actionnaires, le conseil d’administra-tion :- Exerce la haute direction de la société ou du groupe ;- Définit les objectifs stratégiques, les moyens généraux

pour y parvenir et les personnes à qui la gestion desaffaires doit être confiée ;

- Veille dans sa planification à coordonner la stratégieet les finances ;

- Fixe l’organisation en attribuant et révoquant lesfonctions de direction, de contrôle et de la représen-tation ;

1La stratégie

8 Etude BDO des Conseils d’administration Edition 2017 https://ch-www.bdo.global/getmedia/781a103b-831d-49f3-9d7b-9a375bd833d9/Etude-BDO-des-Conseils-d_administration-2017.aspx.

9 Art. 716 et Art. 716a CO10 https://www.economiesuisse.ch/fr/publications/code-suisse-de-bonnes-pratiques-pour-le-

gouvernement-dentreprise

Page 11: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

les objectifs à moyen terme de développement de l’en-treprise. Les objectifs répondent à une définitionSMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste etTemporel).

Existe-t-il une cohérence entre les attentes et lesobjectifs ?La vision et les orientations stratégiques doivent êtrealignées avec les valeurs de l’entreprise et celle des ac-tionnaires. Le tout est formalisé dans un plan de miseen œuvre à, moyen terme avec actions, calendrier etbudget. Ce plan devient le guide commun à toutes lesparties prenantes.

1918

- Edicte un règlement d’organisation délimitant claire-ment les compétences ;

- Se réserve le droit d’approuver des affaires d’une cer-taine portée ;

- Fixe les principes de la comptabilité et du contrôle fi-nancier ;

- Exerce la haute surveillance sur les personnes char-gées de la gestion pour s’assurer notamment qu’ellesobservent la loi, les statuts, les règlements et les ins-tructions données ;

- Etabli le rapport de gestion, prépare l’assemblée gé-nérale et exécute ses décisions ;

- Informe le juge en cas de surendettement.

Les statuts peuvent autoriser le conseil d’administrationà déléguer tout ou partie de la gestion à un ou plu-sieurs de ses membres ou à des tiers conformément aurèglement d’organisation. Lorsque la gestion n’a pasété déléguée, elle est exercée conjointement par tousles membres du conseil d’administration11. Les admi-nistrateurs doivent exercer leurs attributions avec toutediligence nécessaire et veiller fidèlement aux intérêtsde la société12.

Les points clésLes attentes des actionnaires sont-elles bien dé-finies ?Connaître les idées, les visions, les projets des proprié-taires de PME, ainsi que leurs valeurs, sont des élé-ments essentiels. Par exemple, le dirigeant souhaite-ilune transmission familiale ou une cession ? Est-il prêt àouvrir le capital à des investisseurs financiers pour dé-velopper son entreprise ou lala transmettre ? Refuse t’iltout adossement à une autre entreprise ?

Les objectifs stratégiques sont-ils bien établis ?Les orientations stratégiques fixent à la fois le cadre et

11 Art. 716b CO12 Art. 717 CO c’est-à-dire seulement pour cette société. Ils doivent traiter de la même manière tous les

actionnaires qui se trouvent dans la même situation.

Horizon temporelVision long terme> 5 ans

Objectifs stratégiques3-5 ans (objectifs SMART)

Business Plan3-5 ans

Budget1 an

Conseild’administration

Intera

ction

s

Direction générale

L’entreprise connaît-elle bien ses métiers,son marché et ses concurrents ?L’entreprise dispose-t-elle d’une veille stratégique poursurveiller son environnement d’affaires et les tendancesà moyen-long terme ? L’impact des changements pré-visibles sur les domaines d’activités sont à analyser ré-gulièrement en termes d’opportunité et de risque.

Par exemple, l’impact de la digitalisation sur le « busi-ness model » de l’entreprise doit être examiné danschaque revue stratégique du conseil d’administration.

Page 12: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

clients ;- Accès à de nouvelles sources de financement innova-

tives ;- Facilitation de la succession des personnes-clés ;- Nouvelle perspective dans les domaines automatisa-

tion, transformation numérique,…

Les signaux d’alerteL’absence de véritable débatLe premier signal d’alerte est de constater que les ques-tions de fond, en particuliers les options stratégiquesde la société, ne font jamais l’objet de véritables discus-sions lors des réunions du Conseil. Il appartient aux ad-ministrateurs de faire en sorte que l’examen approfondide la stratégie fasse partie intégrante des préoccupa-tions essentielles du Conseil d’administration.

Ne pas questionner l’intuitionIl peut arriver que la direction générale mette en avantsa grande connaissance de l’entreprise, sa force de per-suasion voire son intuition pour faire valider l’opportu-nité d’un choix stratégique. Il appartient auxadministrateurs de ne pas se contenter d’intuition, maisde la conforter ou de la modifier par des argumentsplus rationnels et factuels.

Le déficit ou l’excès d’informationL’administrateur doit disposer d’information fiables etpertinentes pour se forger une opinion sur les orienta-tions qui lui sont proposées. L’art. 715a CO prévoit quechaque membre du conseil d’administration a le droitd’obtenir des renseignements sur toutes les affaires dela société. Il doit être en mesure de préparer les séancesdu conseil d’administration suffisamment en avance etde manière professionnelle.

Le manque de prise en considération /connaissance de l’environnementLes administrateurs s’assureront que l’entreprise est enprise directe avec son environnement : connaissances

2120

Les scénarios de croissance envisagés sont-ilsréalistes et existe-t-il des scénarios alternatifs ?Le conseil d’administration doit questionner les diri-geants sur les hypothèses et la réalisation des objectifsdéfinis. Il doit s’assurer que la PME dispose des res-sources humaines et financières pour la réalisation deses objectifs ; par exemple croissance, parts de marché,amélioration de la rentabilité.Compte tenu des incertitudes pesant sur l’environne-ment économique, l’entreprise devra envisager des« plans B » pour ses principales options stratégiques.

La gestion des risques est-elle pertinente ?Les choix stratégiques exigent un examen approfondides risques financiers, humains, juridiques, environne-mentaux et organisationnels.

L’avis d’un expert externe est-il souhaitable ?Si les organes de gouvernance estiment ne pas avoirdes compétences suffisantes, ils doivent pouvoir sollici-ter l’intervention d’un expert externe.

Quel bénéfice un administrateur indépendantpeut-il apporter à la PME ?L’administrateur indépendant apporte trois avantagesprincipaux :1La professionnalisation : plus réactif, plus structuré,

et le dirigent se prépare mieux car il se sent observépar un administrateur professionnel.

2Plus grande objectivité et donc plus de crédibilité parrapport aux investisseurs, actionnaires, employeurset autres parties prenantes.

3Vecteur de solution par sa propre expérience ou parsa participation dans d’autre conseils et sa vue de si-tuations similaires vécues dans d’autres entreprises.

Exemples de domaines ou l’administrateur apporte sescompétences aux PME :- Contribution à l’optimisation continue du « business

model » de l’entreprise ;- Amélioration des relations avec les fournisseurs ou les

Page 13: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

stratégique est supportée par un processus dans lequelchacun joue son rôle et par un véritable débat, notam-ment concernant l’examen des questions clés présen-tées ci-dessus. Il pourra être utilement mené au seind’un séminaire stratégique annuel, organisé hors del’entreprise.

La proposition de plan de mise en œuvre et son exé-cution sont du ressort des dirigeants. Le conseil d’admi-nistration valide la stratégie et l’atteinte des objectifs.

Utiliser des outils méthodologiquesNous recommandons d’utiliser quelques outils simplesd’analyse stratégique qui fourniront autant de réfé-rences invariantes dans l’évolution de l’entreprise. Ontrouvera le détail de ces outils ( forces de Porter, ma-trices de portefeuilles d’activité, Business Model Can-vas13 ) dans les ouvrages de stratégie d’entreprise.

S’assurer que la stratégie est bien implémentéeLes trois pouvoirs (dirigeants, actionnaires et adminis-trateurs) devront être d’accord pour admettre que leConseil soit associé à toutes les étapes de la démarchestratégique. Les projets devant être approuvés par leConseil seront déterminés en fonction de plusieurs cri-tères (synergie, montant, risque,…). Un document re-prendra les choix stratégiques approuvés par le Conseilavec un calendrier et leur chiffrage.

Les administrateurs s’assureront de la réalité du débat,notamment concernant l’examen des questions clésprésentées ci-dessus. Il pourra être utilement mené ausein d’un séminaire stratégique annuel, organisé horsde l’entreprise.

Design ThinkingDe nombreuses entreprises attribuent leur succès àl’approche Design Thinking qui est devenu un thèmetraité au plus haut niveau par le conseil d’administra-tion. La pluridisciplinarité des membres du conseil d’ad-

2322

du marché et de ses évolutions, veille concurrentielle,intégration des remontées terrain, identification desnouvelles technologies et des nouveaux entrantsconstituent autant de points de vigilance.

L’inadéquation ressources / objectifsC’est un point crucial pour la mise en œuvre de la stra-tégie. Le Conseil s’assurera que l’entreprise disposebien des ressources financières, organisationnelles ethumaines pour déployer son plan stratégique.

Absence ou manque de suiviLe dernier signal d’alerte est la non mise en place unsuivi de l’exécution de la stratégie. Or il est banal dedire que la réussite d’une stratégie dépend de la pro-fondeur de l’analyse préalable, de la pertinence deschoix réalisés et de la qualité de la mise en œuvre. Cepoint crucial devra faire l’objet de toute l’attention desadministrateurs.

Les recommandations pratiquesSe poser les bonnes questionsCinq questions doivent guider la réflexion de la gouver-nance dans sa mission de réflexion stratégique :• Dans quelle direction développer l’entreprise ?• Comment acquérir un avantage concurrentiel ?• Quels modes de développement choisir ?• Comment allouer les ressources ?• Comment créer de la valeur ?

S’assurer que la stratégie est bien définiedans un processus formaliséLe conseil d’administration pilote le processus en asso-ciation avec les actionnaires pour définir la vision et lesorientations stratégiques, puis avec les dirigeants pourélaborer le plan de mise en œuvre de la stratégie àlong terme. Le plan opérationnel détaillé à court termeest proposé par les dirigeants dans le cadre du budgetannuel.

Le conseil d’administration s’assurera que la réflexion 13 Un Business Model Canvas numérique est disponible sur https://canvanizer.com/

Page 14: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

leurs et le projet qui puisse aussi être utilisé comme unebase solide d’information, de communication pour en-rôler les parties prenantes.

Envisager la création d’un comité stratégiqueEn fonction du contexte de l’entreprise, il pourra êtreenvisagé la création d’un comité stratégique pour pré-parer et faciliter le travail du Conseil, en veillant à nepas « déposséder » le Conseil de ses attributions.

2524

ministration et des personnes clés de l’entreprise ap-porte de nombreux bénéfices tels que l’améliorationde la créativité, une mise en perspective par un mé-lange des compétences et des expériences qui sont es-sentiels pour concevoir une innovation (voir aussi lecahier APIA « Inscrire l’innovation dans l’ADN de l’en-treprise »). Encore faut-il un bon « designer » (si possibleun coach externe pour gérer le processus de manièreindépendante et neutre) pour mener à bien cette ap-proche importante qui analyse le client et l’utilisateurfinal, comment il voit, pense, utilise et expérimente leproduit ou service.

Mettre en place un processus formaliséLa gouvernance s’assurera que la réflexion stratégiqueest supportée par un processus dans lequel chacunjoue son rôle : les administrateurs et les dirigeantsconstruisent ensemble la stratégie de l’entreprise alorsque tant sa proposition que sa mise en œuvre sont duressort exclusif de ces derniers. Ce sont toutefois les or-ganes de gouvernance qui valideront la stratégie etl’atteinte des objectifs.

Respecter des recommandations de formeIl s’agit de recommandations de base visant à optimiserle travail du Conseil : réserver suffisamment de tempsdans l’ordre du jour, vérifier que le niveau d’informa-tion des administrateurs est suffisant, intégrer systéma-tiquement une approche risque.

Ne pas s’arrêter à la définition de la stratégieet questionner le Business PlanLe Conseil devra s’assurer de la bonne mise en œuvrede la stratégie. Le cas échéant, il pourra suggérer laprise d’actions correctrices. Il contrôlera également lesrésultats de sa mise en œuvre grâce à un tableau debord particulier. Il pourra participer à l’élaboration de lacommunication de cette stratégie, notamment dansdes situations particulières comme une acquisition ouune ouverture de capital. Il contrôlera l’existence d’unBusiness Plan clair, en phase avec la stratégie, les va-

L’arrêté des comptes et la rédaction des rapports degestion relèvent des attributions intransmissibles et ina-liénables du Conseil d’administration. L’organe de révi-sion ne peut être chargé d’attribution incombant auconseil d’administration ni de tâches qui compromet-traient son indépendance14. Le rapport de révision doitêtre disponible avant que l’assemblée générale ap-prouve les comptes annuels. Si le rapport de révisionn’a pas été présenté, les décisions d’approbation descomptes annuels et les comptes de groupe ainsi que ladécision concernant l’emploi du bénéfice sont nulles15.Le rapport annuel doit notamment réaliser une évalua-tion des risques16 et les comptes seront soumis à l’as-semblée générale des actionnaires pour approbation.Le Conseil d’administration doit veiller à ce que l’infor-mation transmise aux actionnaires soit sincère et debonne qualité : au-delà de la nécessaire fiabilité deschiffres, cela signifie que la présentation doit être intel-ligible et pertinente, et que des éléments comparatifssoient intégrés.

2Les comptes

14 Art. 731a al. 2 CO15 Art. 731 al. 3 CO16 Art. 961c al. 2 ch. 2 CO

Page 15: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Les conclusions des réviseurs- Existe-t-il une lettre de recommandation (« manage-

ment letter »)?- Est-elle communiquée aux administrateurs ?- La certification est-elle sans réserve ?- Existe-t-il des conventions réglementées ; si oui, sont-

elles approuvées sans réserve ?

Les signaux d’alerteUn temps insuffisant consacré aspectsfinanciersLe premier signal d’alerte concerne des aspects deforme. Prétextant un ordre du jour chargé, un temps in-suffisant est consacré à l’arrêté des comptes ; ou jugétrop technique, le point est relégué en toute fin duConseil. Il n’existe en effet pas d’obligation légale detenir un Conseil spécifique dédié à l’arrêté des comptes.

Un déficit d’informations exploitablesLa qualité de l’information fournie, sa disponibilité àtemps et avant le Conseil, son exhaustivité, sa clarté,sa transparence doivent être centre de l’attention desadministrateurs.

Une relation détériorée avec les vérificateursdes comptesLe Conseil devra apprécier la qualité de la relation et du par-tenariat entre les dirigeants et les réviseurs ; leur absenceconstituera toutefois une préoccupation pour le Conseil carelle interdira tout échange constructif avec eux sur lescomptes de la société, la fiabilité du système d’informations,le contrôle interne ou les conventions réglementées. Demême, l’absence de communication de la lettre de recom-mandation (ou « management letter ») du réviseur constitueévidemment un signal d’alerte.

L’existence d’éléments anormaux ou inhabituelsToutes les variations brutales dans les éléments de ges-tion, tout changement dans les méthodes comptableset périmètres de consolidation, toute imprécision ou

2726

Les points clésL’établissement des comptes est du ressort de l’entreprise.Le Conseil doit vérifier qu’ils sont fiables et questionner :

Les chiffres d’exploitation- la concentration de l’activité sur peu de clients ou l’in-

verse,- le niveau et la qualité de l’encours client,- les indicateurs financiers ayant varié de manière signifi-

cative,- la situation de trésorerie,- les résultats exceptionnels,- les variations de provisions.

La politique financière- Les projets d’investissement sont-ils validés par le

Conseil ? en ligne avec la stratégie ?- Quelle est la politique de couverture des risques finan-

ciers ?- Les règles comptables sont-elles stables ?- Quels sont les cautions, garanties et autres engage-

ments ?- Quels éventuels engagements / covenants pourraient-

ils être rompus ?- Comment les ratios de liquidité et de solvabilité évo-

luent-ils ?

La clarté des présentations- Les documents présentés sont-ils clairs ?- Permettent-ils une analyse pertinente ?

Le système d’information et le contrôle interne- Quelle est la fiabilité du système d’information financière

et du contrôle interne ?

Le lien entre résultats et rémunération du diri-geant- Existe-t-il une grande pression sur les dirigeants concer-

nant les résultats ?- Quel est le lien entre la rémunération des dirigeants et

l’atteinte des objectifs ?

Page 16: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

rapport de gestion) aux administrateurs au moins dixjours avant la date du Conseil d’administration d’arrêtédes comptes, fait partie des bonnes pratiques. Les élé-ments doivent être présentés de manière claire et com-préhensible.

Le soutien des réviseursLe Conseil d’administration doit vérifier la qualité de laproduction de l’information financière dans l’entreprise.Pour ce faire, il s’appuie sur les réviseurs en veillant à cequ’ils aient validé l’efficacité du système de contrôle in-terne.

Une analyse approfondie des comptes annuelsUne revue analytique de l’exploitation et du bilan estprogrammée par le Conseil dès la mise à dispositiondes comptes. Elle met l’accent sur les éventuelles varia-tions significatives de postes clés (résultat, provisions,masse salariale, endettement, dépréciation de titres,valorisation des brevets et fonds de commerce…). Ony valide la pertinence d’éventuels changements de mé-thode et le montant des engagements hors bilan :- les principes comptables retenus ont-ils été validés par

la direction générale, revus par les réviseurs et portésà la connaissance du Conseil ?

- les principales options comptables ainsi que les choixeffectués ont-ils été expliqués et justifiés par la direc-tion générale ?

- le Conseil reçoit-il l’assurance des réviseurs qu’il aaccès à l’ensemble des informations nécessaires àl’exercice de leurs responsabilités ?

- la formation du résultat, la présentation du bilan, dela situation financière et des annexes, sont-ils clairs ?

- le Conseil a-t-il été régulièrement informé par le ma-nagement du niveau de la trésorerie, notammentdans le cas de situations de tensions importantes ?

Surveillance des indicateurs sensiblesLe Conseil portera une attention particulière à l’évolu-tion de certains indicateurs comme la trésorerie, l’éva-luation des « goodwill », les résultats exceptionnels

2928

délai dans les réponses apportées retiendront l’atten-tion du Conseil d’administration. Les variations des pro-visions, les engagements hors bilan, la situation de latrésorerie sont à considérer tout particulièrement.

Le recours exagéré à un discours très techniqueSi le Conseil d’administration se sent dépassé par l’uti-lisation de termes ou de mécanismes difficiles à appré-hender, il ne doit pas hésiter à demander desexplications plus claires. Les présentations hermétiquesconstituent un signal d’alerte tout comme, par ailleurs,le recours à des montages financiers sophistiqués.

Une forte pression sur les résultatsL’existence de pressions importantes sur l’entreprisepour qu’elle atteigne rapidement des résultats élevésdoit éveiller la vigilance du Conseil tout autant qu’unestructure de rémunération du dirigeant trop axée sur leniveau de résultat net.

Les recommandations pratiquesUn Conseil compétent en matière financièreLe Conseil d’administration, organe collégial, doit êtresuffisamment compétent dans les domaines financierset comptables pour pouvoir exercer ses prérogativesde manière efficace. Cela signifie que les administra-teurs comprennent la lecture des comptes et sachenten discuter avec les comptables et les commissaires auxcomptes ; si ce n’est pas le cas, une formation complé-mentaire sera programmée. Il leur faut en effet tou-jours pouvoir faire le lien entre les résultats financiersqui leur sont présentés et la réalité économique de laperformance.

Une information complète, adaptée et remise àtempsCommuniquer l’ensemble de la documentation (projetde comptes annuels, revue analytique des postes dubilan et du compte de résultat, comparatif avec le bud-get de l’exercice et les années antérieures, projet de

Page 17: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

questionnement régulier et sans complaisance.

Une bonne gouvernance va d’abord apporter au(x) di-rigeant(s) la possibilité de cet échange régulier, voireprogrammé, hors du Conseil, sur les sujets clés qui nepeuvent être abordés avec son équipe. Une des singu-larités du système propre aux entreprises moyennes estla disponibilité permanente de l’administrateur pour ledirigeant hors du calendrier des cinq ou six réunionsannuelles.

L’exemplaritéLe dirigeant incarne des valeurs et un projet. À ce titre,son comportement doit rester cohérent avec eux et ildoit se montrer exemplaire.

Les risques spécifiquesLes dirigeants sont-ils compétents ? (Népotisme ? Clien-télisme : promotion de fidèles à des fonctions qui lesdépassent ?).Le risque de défaillance des dirigeants est-il adressé ?Leur fin de carrière planifiée ? Existe-t-il une stratégiede recrutement / succession ?Le dirigeant est-il indispensable ? Peut-il durablements’absenter ?

L’équilibre de l’équipeUne entreprise moyenne articule son activité autour defonctions clés. L’histoire de l’entreprise a souvent fait quecertaines des fonctions (ventes, production, R&D, fi-nances, RH) n’ont plus de manager, soit que celui-cin’existe pas, soit qu’il ne soit pas au niveau. Le Conseilet l’administrateur doivent poser la question et persévé-rer tant qu’une réponse ne leur est pas apportée : cha-cune des fonctions clés recensée est-elle entre les mainsd’un dirigeant compétent ?Ce point acquis, il faut vérifier qu’une diversité suffisantedes compétences existe vraiment dans l’équipe de di-rection et qu’aucune des fonctions clés n’a été négligée.Les personnalités des membres de l’équipe de directionet sa dynamique sont également importantes. Un diri-geant, entouré d’une équipe capable de challenger ses

3130

Le comité d’auditDans le cas où la mission de contrôle des comptes serévèle complexe et risque de prendre trop de temps,on peut envisager la création d’un comité spécialiséavec la même réserve que pour le comité stratégique.

Celui-ci permet, en liaison étroite avec la direction fi-nancière, l’audit interne et les réviseurs, d’examiner lesprojets de comptes afin de faciliter le travail du Conseild’administration.

C’est du capital humain de l’entreprise au plus haut ni-veau dont il est question ici. Les codes de gouver-nance doivent être adapté à l’univers des PME quibâtissent leur succès sur un nombre restreint de per-sonnes clés. Le dirigeant d’une PME s’il est souvent uneforce, peut constituer aussi une faiblesse – car il a unimpact plus marqué dans une entreprise de cette tailleet il est moins modéré par des contre-pouvoirs. Laconfiance qu’il va créer avec son équipe rapprochéequi la diffusera à son tour aux siennes et la possibilitéqu’il aura de se confier et d’échanger avec le Conseilconstituent les socles de sa réussite.

Les points clésLa solitudePorteur des valeurs, il incombe au dirigeant de les dif-fuser et de mobiliser ses équipes. Il incarne une histoireet un projet. En contrepartie, il est seul avec ses douteset peut difficilement se confier en interne. Le systèmede gouvernance doit lui permettre d’en finir avec ce« talon d’Achille » et d’échanger en confiance avecquelqu’un dont l’indépendance et la compétence nefont pas de doute. Dans une entreprise prospère le pa-tron est souvent entouré de flatteurs, il peut perdre lesens des réalités si personne ne vient lui apporter un

3Les dirigeants

Page 18: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

tionnement réel / aux prérogatives.Un dirigeant s’occupe aussi de la fonction assumée parun autre selon l’organigramme.La vision du projet d’entreprise est différente d’un ma-nager à l’autre.

Absence de débatLes comités de direction sont des conférences et desdémonstrations du dirigeant principal.Le recours à des consultants différents, nombreux etsuccessifs est habituel.

DépendanceL’un des dirigeants est indispensable et ne peut s’ab-senter.L’un des dirigeants fait le travail d’un de ses collègues.

Le syndrome du cloneLes dirigeants ont le même âge / profil / type de forma-tion.

Le Turn-over est trop important ou trop faibleLe dirigeant s’entoure d’un collaborateur qu’il révoqueen l’espace de quelques mois.Les postes clés sont dans les mêmes mains depuis plusde 10 ans.

La familiarité, le recrutement en réseau,le feelingIl n’y a pas de distance entre le dirigeant et son équipe,tout le monde se tape dans le dos ou se fait la bise.On ne recrute que des relations. On les sent ou on neles sent pas !

Les recommandations pratiquesRencontrer chacunSe faire raconter l’histoire de l’entreprise par chaquepersonne clé. Vérifier que les valeurs sont partagées.Que le projet et la stratégie sont connus et que chacunse les approprie.

3332

idées et de faire valoir des arguments différents, pourraparvenir à des décisions plus nuancées et solides.

L’organisationExiste-il un organigramme fonctionnel et si besoin parmatrice17? Une définition de fonction pour chacune despersonnes clés ?Ces documents sont-ils connus et appliqués dans leséquipes ?Existe-il pour ces postes un plan, une prospective de re-crutement intégrant les remplacements et les successionséventuelles sans idéalisme ni feeling ?Cette prospective est-elle en cohérence avec la stratégie ?

L’évaluationChaque dirigeant fait-il l’objet d’un entretien d’évalua-tion dont le compte rendu est disponible ?Qui évalue la direction générale ? Cette prérogative duConseil n’est pas plus facile à aborder que dans lagrande entreprise. Elle doit l’être cependant en touteindépendance par les administrateurs qui en sont char-gés et on comprendra qu’il ne peut pas s’agir de mem-bres de la famille propriétaire.

La rémunérationEst-elle conforme à la fonction ? Ni trop faible parceque le dirigeant est un actionnaire familial, ni trop forteparce qu’il est le seul à en décider ?Un benchmark des rémunérations avec l’extérieur est-il réalisé ?La rémunération inclut-elle un bonus sur la perfor-mance ?Tous ses éléments sont-ils transparents ?

Les signaux d’alerteOrganigramme non-effectifLa définition de fonction ne correspond pas au fonc-

17 Rapport direct (straight line) et rapport indirect (dotted line).

Page 19: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Ainsi, ce chapitre ne reviendra pas sur les risques sui-vants qui ressortent des trois chapitres précédents :- produits et activités ;- concurrence et marché ;- charges et structure du coût produit ;- fonds propres, trésorerie et fonds de roulement ;- dirigeants (défaillance, départ, motivation, organisa-

tion, compétence).

Les points clésLes clientsCe sont des « vaches sacrées » pour la plupart des en-treprises. Il faut cependant vérifier que se pose régu-lièrement la question d’une dépendance éventuelle àun faible nombre de comptes, de leur solvabilité et desraisons de leur engagement : est-ce pour l’offre intrin-sèque, pour répondre à un prescripteur dans un rap-port de force ou par intuitu personae envers unepersonne ?

Des contrats ont-ils été formalisés avec les clients prin-cipaux ? que garantissent- ils ? Quel risque s’il n’y en apas ?

Enfin, l’administrateur doit vérifier que le managementa une connaissance précise du processus de décisionet des critères d’achat du client.

3534

Parler du risque de défaillance du dirigeantCe sujet est difficile puisqu’on évoque un évènementpotentiellement dramatique. La pérennité de l’entreprisene peut cependant pas faire l’économie de ce question-nement : c’est un chantier de gouvernance qu’il fautouvrir. Il peut être l’objet d’un Conseil particulier chaqueannée où seront évoqués globalement les risques spé-cifiques liés au départ, volontaire ou non, des dirigeantsmais également leur évaluation et évolution.

Définir des règlesUn processus d’évaluation et d’entretien annuel.Un cahier des charges pour chaque recrutement et lerecours à des professionnels.L’implication les administrateurs dans le processus derecrutement.

Dans la grande entreprise on trouve des équipes spé-cialisées coiffées par un « Risk Manager ». Les entre-prises de taille moyenne ne peuvent pas investir dansce type de fonction. Mais aussi elles sont moins préoc-cupées de gestion des risques. Ceux qui les inquiètentle plus sont dans l’ordre : la sanction du client, lesrisques techniques ou opérationnels puis les risques in-dustriels, juridiques, fiscaux et informatiques.

Le risque dans l’entreprise a été récemment définicomme « l’effet de l’incertitude sur les objectifs ». Gérerle risque est une prérogative de la direction, le ques-tionner, l’identifier pour en dresser un panoramaconstitue en revanche une des missions de la gouver-nance. À ce titre dans une entreprise moyenne où unecartographie académique n’a pas sa place, cette mis-sion consiste à passer en revue d’une manière prag-matique les sources d’aléas qui n’ont pas été examinéspar le travail de questionnement des comptes, de lastratégie et des dirigeants présenté plus haut.

4Les risques

Au moment d’ouvrir son capital à un investisseur stratégique qui lui faitune offre magnifique, le dirigeant de cette PME en pointe dans les outilscoupants réalise que la moitié de ses clients distributeurs spécialisés tra-vaillent avec lui en l’absence de tout contrat et sur la force de la relation in-tuitu personae que les dirigeants de ces entreprises, des PME aussi,entretiennent avec lui. Dans l’urgence car il sait que cette lacune est de na-ture à compromettre l’opération, il entreprend de les visiter tous en l’espaced’une semaine pour obtenir la formalisation de leur relation commerciale.Cette tournée provoque des discussions et des échanges entre les clientsqui se connaissent et redoutent le changement. Au final, ils se fédèrent enun groupement informel qui tente d’obtenir de meilleures conditions avecune capacité de négociation accrue et fait jouer la concurrence.

Ce « bras de fer » aura des conséquences rapides sur les ventes et la renta-

Page 20: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

La conformité à loi, les règlements et lesnormesL’administrateur doit vérifier que le management sepose les questions suivantes :- les exigences de compliances sont-elles identifiées ?

les processus de compliance et mesures prises appor-

3736

Les fournisseursLes mêmes types de risques que pour les clients exis-tent pour les fournisseurs ; l’administrateur doit vérifierqu’on utilise à leur égard la même grille de questionne-ment.

La productionL’outil de production est-il en bon état ? Les investisse-ments nécessaires lui ont-ils été consacrés ? Offre-t-il suf-fisamment de souplesse et de sécurité ? Répond-t-il auxbesoins de compétitivité ?

bilité de l’entreprise et le deal ne se fera pas. Qu’aurait fait une gouver-nance de performance ? Dans le cadre d’une approche risque elle au-rait vérifié la formalisation de contrat avec ses principaux clients.

« CONNECT+», le N°1 européen des systèmes de câblage informa-tique. Le marché était en croissance forte avec de gros à coups d’uneannée sur l’autre imposant parfois un doublement de la production

en quelques mois. Pour y faire face la société avait opté pour une productionen sous-traitance et investi dans une dizaine de machines de production ré-parties entre plusieurs sites. La société fait l’objet d’une OPA de la part d’unleader mondial du secteur. Parmi les synergies on identifie immédiatementune amélioration spectaculaire du coût de production d’un produit pharegrâce à l’investissement dans une chaine de production entièrement inté-grée. La décision est prise : le process mis en place commence à produire 18mois après la décision. Les sous-traitants sont peu à peu abandonnés.

Six mois plus tard un problème majeur bloque toute la production pendanthuit semaines. La concurrence en tire un profit maximum et les ventes ne re-viendront au niveau initial qu’après deux ans d’efforts commerciaux.

Aujourd’hui l’activité conserve en back-up quelques outils semi-automatiquesaux côtés de la chaine de production.

Qu’aurait fait une gouvernance de performance ? Elle aurait ques-tionné les conséquences d’une immobilisation de l’unique ligne de pro-duction et recommandé un « plan B ».

tent-elles une garantie suffisante ?- les conséquences éventuelles d’une défaillance des

produits / prestations sont-elles correctement appré-ciées et couvertes par une police d’assurance bien di-mensionnée ?

- le droit du travail est-il respecté ? Les licenciementséventuels préparés, argumentés, construits, négo-ciés ?

- l’organisation et la forme juridique de la société oudu groupe est-elle logique, lisible ?

- les normes qui s’appliquent à l’offre sont-elles prisesen compte ? Participe- t-on à des comités de norma-lisation ?

- la propriété industrielle est-elle gérée ? À l’inverse ob-serve-t-on celle des concurrents ?

Ce spécialiste des courants faibles est dirigé depuis sept ans par deux as-sociés dont l’un, inventeur compulsif, déploie une créativité horsnormes. L’entreprise réalise quinze millions de CHF de chiffre d’affairesavec une bonne rentabilité quand ce dernier développe un produit ingé-nieux mais dont le lien avec l’offre est limité. La production monte en puis-sance et alors que les ventes s’annoncent prometteuses, la société se trouveassignée en contrefaçon par une entreprise d’un secteur voisin possédant unbrevet qui couvre le nouveau produit. Il ne faudra pas moins de cinq annéesde joutes juridiques et plus un million de CHF de dépenses pour se sortir duguêpier en abandonnant au final la production querellée. Durant cette pé-riode la direction a été fortement mobilisée sur le litige et bien évidemmentson efficacité opérationnelle en a souffert.

Qu’aurait fait une gouvernance de performance ? Dans le cadre d’uneapproche risque elle aurait questionné la pertinence de ce développe-ment et l’existence d’une propriété industrielle externe.

Les dérivesUn risque majeur peut découler de changements lentsqui n’ont pas été décelés et qui n’ont pas provoquer deréactions salutaires

Le rôle de la gouvernance est de questionner les diri-geants sur ce qui leur paraît évident. Un retard danscertains investissements, des non-conformités à cer-taines règles ou normes (Santé-sécurité, salaires, em-plois fictifs, charges, bilan), des fournisseurs jamais mis

Page 21: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Les signaux d’alerteMéconnaissance des clients et des fournisseursLes dirigeants ne savent pas identifier les principauxclients et fournisseurs ni leur importance en termes dechiffre d’affaires ou volume achats.

Interdiction de rencontrer un client et/ou unfournisseurEn cas de nécessité, l’administrateur est fondé à ren-contrer des clients et des fournisseurs. L’opposition dudirigeant à ces rencontres constitue un signal d’alerte.

Pas de suivi des impayésLes dirigeants ne procèdent pas eux-mêmes à unerevue régulière des factures impayées.

Absence de dossiers d’investissementsIl n’existe pas d’étude chiffrée en amont des décisionsd’investissement majeures.

Des contentieux nombreuxL’entreprise a plusieurs instances juridiques en cours etles litiges portent sur des inexécutions contractuelles,des conflits de propriété industrielle et desprud’hommes. Absence de processus d’alerte et de ré-solutions de conflit.

Une personne clé ne prend jamais de congésL’entreprise ne doit pas plus dépendre de son dirigeantque de l’une des personnes clé. Un manque total dedélégation et une présence constante sont un signald’alarme qui peut indiquer une fraude (détournement,surfacturation, collusion).

Absence de suivi des incidents récurrentsIl n’existe pas d’indicateurs ni de processus d’élimina-tion des causes.

3938

en concurrence ou simplement de l’immobilier dans lebilan, voilà quelques exemples.

La fraudeDans cette taille d’entreprise, le poids du contrôle estmoindre en raison de la proximité entre le manage-ment et l’équipe. Le risque de fraude y est donc impor-tant et sur une période suffisamment longue aucunen’y échappe. Découvert, l’incident est souvent dissi-mulé pour éviter les retombées négatives en termesd’image. Le management procède-t-il à des contrôlesaléatoires sur les factures fournisseurs ? Existe-t-il uncode de bonne conduite pour maintenir une éthiqueentrepreneuriale et une intégrité irréprochable vis-à-visdes clients et des fournisseurs ?

Le numériqueJusqu'à très récemment sujet technique, le numériqueest maintenant sujet de gouvernance car opportunitéet aussi risque majeur pour toute entreprise.

Aucune ne peut durablement faire l’économie de l’ins-crire dans les sujets de son Conseil. Continuer de met-tre dans des cases ce qui est digital et ce qui ne l'est pasest faux et limite le progrès. La transformation digitaleconstitue un axe de réflexion stratégique qui ne se dé-lègue pas. Ce sujet recèle un risque de premier ordreet à ce titre la gouvernance posera donc les bonnesquestions pour s’assurer que la direction :- identifie bien les enjeux ;- procède régulièrement à un passage en revue de son

organisation et de sa stratégie dans un prisme numé-rique.

Les AssurancesIl appartient à la gouvernance d’attirer l’attention dudirigeant sur son système d’assurance en distinguantles risques assurables – à quel coût – et les risques nonassurables.

Page 22: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Auditer la propriété intellectuelleSe faire rapporter une fois l’an au Conseil, l’état du por-tefeuille et le coût de son entretien. Effectuer une com-paraison si possible avec la concurrence.

Assurer une gestion des conflits efficaceToute mésentente coûte du temps et de l’énergie. Parconséquent il est utile de se doter d’un système d’esca-lation de conflits et de pratiquer le « Dispute Avoi-dance » comme posture à travers l’organisation. Ceciveut dire qu’il faut se préparer aux éventualités d’undifférend et mettre en place des règles pour une ges-tion des conflits efficace comme par exemple par desclauses de médiation commerciale dans les contratsavec les clients et les fournisseurs. La médiation al’avantage d’être confidentielle, rapide et peu coûteuseet peut surtout traiter le problème humain et la ques-tion du fond de façon utile18.

En outre le Conseil devra s’assurer qu’une personne deconfiance, hors hiérarchie, a été désignée et que le rè-glement concernant le traitement interne des litigesdans l’entreprise19 soit en place.

Pratiquer des contrôles aléatoiresTant sur les encours clients, que sur les factures fournis-seurs, demander de manière aléatoire, par exempleune fois par semestre, à passer en revue l’ensemble desengagements (commandes ou factures).

4140

Les recommandations pratiquesConstruire une approche risquesC’est à la gouvernance de définir un niveau de risqueacceptable pour chaque sujet clé et d’établir clairementles responsabilités : un Conseil annuel doit être consa-cré à l’examen des risques.

Concentrer la gouvernance sur les risquesmajeursSans se substituer au management, le Conseil s’assu-rera que les risques majeurs sont identifiés et pris encompte dans l’entreprise :- quel est le processus d’identification des risques ?- sont-ils hiérarchisés ?- quelles conséquences possibles ?- existe-t-il un plan de gestion de crise ?- quelles sont les assurances souscrites lorsque le risque

est assurable ?Disposer d’une cartographie des risquesSa complexité et son exhaustivité seront adaptées à lataille et aux moyens de l’entreprise. Outil importantpour la gouvernance, il permet d’identifier rapidementles risques critiques majeurs en les classant selon leurgravité potentielle et leur probabilité d’occurrence.

Mettre en place un indicateur « retards depaiement » pour le ConseilCet indicateur peut aussi être un élément dans le calculdu bonus des commerciaux qui sont tenus de vérifierle règlement de leurs ventes.

Instaurer un Conseil « revue des investissements »Une fois l’an, organiser une revue des investissementshors considérations stratégiques et financières pour ensuivre l’évolution relative. Un « benchmark » avec laconcurrence est aussi souhaitable.

Auditer les contrats clésUne fois l’an, passer en revue les contrats ayant uneimplication financière en termes de risque supérieur à10% du CA.

18 Essayer la résolution par la voie médiative laisse toujours la possibilité d’aller devant un tribunal ordi-naire / de commerce par la suite - l’affaire y sera tranché en public et uniquement sur l’interprétationdes faits et de la loi, ce qui est souvent bien moins avantageux pour les parties et a également un coûtau niveau de la procédure et temporel.

19 Depuis l’arrêt du Tribunal Fédéral, 2C_462/2011, du 9 mai 2012 une entreprise doit disposer d’uneprocédure interne de règlement des litiges ; les Offices Cantonaux de l’Inspection et des Relations duTravail exigent également une « personne de confiance », hors hiérarchie, dans l’entreprise pour pré-venir des risques psychosociaux en entreprise.

Page 23: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

model et elle est l’opportunité d’associer logique éco-nomique, condition environnementale, droits del’homme, droit du travail et la réduction de la pau-vreté à la responsabilité sociale et les responsabilitésdes entreprises vis-à-vis de leurs parties prenantes. Lefait d’adopter une posture plus durable devient deplus en plus un facteur de différenciation pour les ac-teurs de la vie économique. Cela se traduit par la pu-blication de principe directeurs pour desinvestissement responsables22, des standards ISO etdes paramètres pour évaluer la performance glo-bale23. La politique de CSR de l’entreprise s’est forte-ment professionnalisée ces dernières années et faitl’objet de rapport annuels de plus en plus poussés24

et une évaluation de la performance durable de l’en-treprise connu comme triple bottom line25. Nombreuxsont les clients qui demandent plus de transparenceet ils n’hésitent plus de choisir un concurrent s’ils nesont pas entendus. Il en est de même pour les talentsqui choisissent de rejoindre l’entreprise qui lesconvaincra par une politique RSE et une bonne cul-ture d’entreprise. Il est donc primordial pour le conseild’administration de se placer comme garant d’uneCorporate Social Responsibility qui mérite son nom.Certaines organisations ont établi une « dotted line »d’un Corporate Responsability Officer vers le Conseild’administration pour assurer un reporting et unecommunication exemplaire.

4342

La CSR, en français Responsabilité Sociétale des Entre-prises (RSE), repose sur le concept que les entreprisesont des responsabilités sociétales20:- Économiques,- Juridiques,- Éthiques et- Discrétionnaires (ou philanthropique).

5Corporate

SocialResponsability

(CSR)

Engagementsociétal et

Philanthropie

RHet Droits de

l’homme

Dialogue avec les parties prenantes

GouvernanceQuestions

relatives auxconsommateurs

Loyautédes pratiques

Relationsclients et

fournisseurs

Environnement

Depuis le lancement de l’agenda 203021 des NationsUnies, l’importance de la mise en œuvre des 17 ob-jectifs de développement durables ne cesse de s’ac-croitre dans le monde des PME qui représentent lamajeure partie des structures du secteur privé (p.ex.Objectif 8 : Promouvoir une croissance économiquesoutenue, partagée et durable, le plein emploi pro-ductif et un travail décent pour tous). Avoir une ap-proche plus durable, axé sur le plus long termenécessite des changements au cœur du business

20 Carrol, 1979; d’autres auteurs parlent de contrat social tacite entre l’entreprise et la société par lequelle contrat confère certains droits en contreparties de certaines responsabilités, Donalson et Dunfee,1999.

21 http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

22 www.unpri.org23 ISO 26000 donne des lignes directrices aux entreprises et aux organisations pour opérer de manière

socialement responsable.24 https://www.globalreporting.org/standards/gri-standards-download-center/ publié par le World Bu-

siness Council for Sustainable Development wbcsd.org et le groupe de travail inter-gouvernementalde la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement pour l’intégration de l’im-pact de la durabilité dans le reporting http://isar.unctad.org/sustainability-reporting/

25 Triple performance, triple résultat, triple bilan, source: https://en.wikipedia.org/wiki/Triple_bottom_line

Sensibiliser les administrateurs à l’ensembledes questions RSEEn tant que responsable de la définition de la stratégiede l'entreprise, la gouvernance est le garant de la pé-

Page 24: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

4544

rennité de l’entreprise et de son développement dura-ble. Quelle que soit la taille de l’entreprise, les adminis-trateurs doivent aborder la RSE dans leur programmeannuel de travail.Ne pas attendre !Comme son nom l’indique, le développement durables’inscrit dans une perspective de moyen et long terme :plus tôt l’entreprise se saisira de ces problématiques,plus elle anticipera les nouvelles réglementations enmatière d’environnement, plus le nécessaire coûtd’adaptation sera supportable. D’autant plus que lesclients ont des attentent de plus en plus concrètes parrapport a la responsabilité sociale.

Considérer la RSE comme source de créationde valeurEn réconciliant l'entreprise avec son environnement,l’approche RSE permet à la société de créer de la valeurnon seulement pour l'entreprise et ses actionnairesmais également pour l'ensemble des autres parties pre-nantes (salariés, fournisseurs, clients, associations, can-tons…). En respectant son environnement, enprotégeant les ressources que lui offre la nature, encréant de la valeur pour l'ensemble des groupes depersonnes impliquées directement ou indirectementdans ses activités, l'entreprise diminue son expositionen matière de risques et protège ses capacités de dé-veloppement à long terme.

En Suisse, la responsabilité du conseil d’administration,de même que les tiers lors de la délégation de ges-tion26 est engagée du fait même de leur fonction si desirrégularités, des dissimulations ou des fraudes sontavérées. La Conseil engage sa responsabilité de dili-gence quant au respect des 3 « curae »:- « curae in eligendo » soin dans le choix des per-

sonnes à qui la gestion est déléguée,- « curae in instruendo » soin dans les instructions don-

nées à ces personnes et- « curae in custodiendo » devoir de surveillance de ces

personnes.Les membres du conseil d’administration ne pourronts’exculper et éviter de devoir répondre à l’égard de lasociété, de même qu’envers chaque actionnaire oucréancier social, du dommage qu’ils leur cause, qu’enprouvant avoir pris en matière de choix, d’instruction etde surveillance, tous les soins commandés par les cir-constances. Il s’agit donc d’une responsabilité du faitmême de leur fonction !

6LaResponsabilitédesadministrateurs

26 Pour autant qu’il y ait eu délégation licite Art. 716a CO (attributions inaliénables et intransmissibles duconseil d’administration) et Art. 716b CO (base statutaire et adoption d’un règlement d’organisation).

Page 25: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

4746

Comment déterminer les critères d'une gouver-nance de performance ?xxxx xxxxxxx xxxxxxPeut-on qualifier de performant un système qui

contraindrait seulement les managers à servir au mieuxles intérêts des actionnaires ?

Nous pensons que cette conception de la gouver-nance, protéger les actionnaires des comportementsdéviants et opportunistes des dirigeants, est inadé-quate. Elle n’a pas permis d’éviter les grands scandalesfinanciers des dernières années ; elle intègre peu lesnotions de parties prenantes et de responsabilité so-ciale de l’entreprise ; elle est inutile pour les entreprisesdont les dirigeants sont aussi les propriétaires.

Une nouvelle vision s’impose qui interprète mieux lescodes de gouvernance avec une perspective centréesur l’intérêt social et la durabilité de l'entreprise, biencompris par les membres du Conseil d'Administration.

1Les critères

d’unegouvernance

deperformance

Les bonnes pratiques

Selon le Code Suisse de Bonnes Pratiques (CSBP) pourle gouvernement d'entreprise : « Le gouvernementd’entreprise désigne l’ensemble des principes qui,tout en maintenant la capacité de décision et l’effica-cité, visent à instaurer au plus haut niveau de l’entre-prise, dans l’intérêt des actionnaires, la transparenceet un rapport équilibré entre les tâches de di-rection et de contrôle ». Un système de « checksand balances ».

Les 15 principesd’une gouvernance de performance

Ne répondant pas seulement à des obligations lé-gales, elle résulte de la conviction partagée par tous,dirigeants, actionnaires et parties prenantes, que lagouvernance est source de développement pour lesentreprises.

Son système répond aux attentes de l’entreprise, saforme correspond à la taille, à la structure juridique,à la composition de l’actionnariat et au style de sonmanagement.

L’ensemble des actionnaires et des dirigeants recon-naissent son importance et celle de l’organe qui l’in-carne. Tous tiennent compte de ses avis et acceptentses décisions.

Ses différentes sphères notamment les dirigeants, lesactionnaires et les administrateurs exercent chacuneleur rôle de manière équilibrée tant dans les missionsque dans les débats et les relations.

Elle a conscience de ses obligations, de ses droits, etde l’importance des missions qu’elle doit conduire.Elle respecte pleinement les règles de droit et les sta-tuts de l’entreprise. Il existe une formalisation de sonfonctionnement.

Elle sert le développement de l’entreprise et laconstruction d'une stratégie de performance qui fa-vorise la création de valeur ajoutée pour l’ensembledes parties prenantes.

Voulue

Adaptée

Respectée

Équilibrée

Responsable

Constructive

Elle déploie ses meilleurs efforts pour analyser les in-formations, travailler collectivement, se forger un aviset prendre des décisions. Sa compétence et son enga-gement sont reconnus.

Active

Page 26: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Cette charte se complète des recommandations pra-tiques suivantes :

Recommandations pratiques pourla gouvernance en PME

4948

En position de veille stratégique permanente elleconsidère tous les sujets clés et risques qui pourraientavoir un impact sur la croissance à long terme de l'en-treprise.

Elle fait partie de l’entreprise dont elle connaît l’envi-ronnement concurrentiel, la situation, les marchés,les métiers et les dirigeants.

Exhaustive

Intégrée

Elle informe régulièrement les actionnaires, les diri-geants et les autres parties prenantes, de ses travauxet de son fonctionnement. Sa communication est ob-jective, transparente et de très haute qualité.

Communicante

Avec le principal objectif de préserver l’intérêt social del’entreprise, les administrateurs restent « libres », dansleur expression et l’indépendance d’au moins une par-tie d’entre eux vis-à-vis de leur rémunération ou desactionnaires et des dirigeants, ne doit faire aucundoute.

Elle est exemplaire et intègre. Elle représente les va-leurs éthiques et morales de chaque PME.

Elle cherche en permanence à s’améliorer à s'évaluer,à apprendre et à construire une vision stratégiquepour optimiser la croissance de l'entreprise.

Éthique

Évolutive

Elle traite chaque partie prenante, quelle que soit sonimportance de manière équitable.Équitable

Indépendante

Prenant en compte le contexte spécifique, elle res-pecte une formalisation essentielle pour cadrer unegouvernance irréprochable tout en restant agile :ordre du jour, procès-verbaux, nombre de réunions,règlement intérieur, charte équipe.

Organisée

Système de gouvernance

Dissociation des fonctions

Nombre de membres du Conseil

Cumul des mandats

Nombre d’externes

Durée des mandats

Renouvellement des mandats

Limite d’âge

Rémunération des administrateurs

Détention d’actions

Nombre de Conseils par an(hors comités)

Engagement annueldes administrateurs

Selon contexte, en fonction de la maturitéet des moyens de l’entreprise

Oui

Entre 4 et 10 (au-delà difficile à gérersur le plan humain)

Maximum 3 si non-exécutifMaximum 1 si exécutif dans autre société

Minimum 30% de l’organe de gouvernancepour assurer une perspective indépendanteet neutre

Entre 3 et 5 ans

Pas plus de deux fois

Maximum 25 % du Conseil de plus de 70 ansÂge moyen du Conseil inférieur à 65 ans

Liée au temps passé pour les externes

Possible si valeur négligeable au regarddu capital global et du patrimoine del’administrateur

Entre 4 et 10

Entre 6 et 20 jours

L’objectif poursuivi est le déploiement d’une gouver-nance responsable, efficace et source de création devaleur pour l’entreprise.

Une certaine souplesse dans les règles d’applicationconstitue une contrepartie acceptable au strict respectdes principes de bonne gouvernance.

Les contraintes concernant sa mise en place seront

Page 27: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

- des réunions préparées avec une diffusion de l’infor-mation en amont,

- des débats permettant la libre expression de chacun,- des procès-verbaux traduisant fidèlement les

échanges,- une planification annuelle des travaux,- une procédure d’autoévaluation annuelle des tra-

vaux.Des applications informatiques dédiées27 permettent defaciliter le travail et les échanges du conseil d’adminis-tration.

La mise en place de comitésCompte tenu de l’extension des travaux confiés aux or-ganes de gouvernance, la création de « comitésd’étude » s’est développée au cours des dernières an-nées y compris dans l’entreprise moyenne ; ils permet-tent l’approfondissement de points complexes enamont du Conseil, facilitant ainsi la tenue de débatsfondés sur une préparation documentée et objectiveet donc paradoxalement peuvent permettre de gagnerdu temps s’ils sont bien utilisés. Attention cependant àne pas multiplier les comités, au risque d’entraîner ladéresponsabilisation du Conseil !

Une activité réellePour conserver leur fonction originelle, les organes degouvernance ne peuvent se permettre de basculerdans une routine mettant en péril l’état de veille per-manent qui doit les animer. La diversité du Conseil, sonrenouvellement régulier, la limitation du nombre demandats et de leur nombre de renouvellements succes-sifs, la variété des thèmes abordés et le développementde travaux collectifs sur des sujets particuliers, y contri-buent. Mais l’élément clé est constitué par l’implicationréelle et le travail de l’administrateur : trop de Conseilssouffrent du manque de participation des administra-teurs ! Entre douze et vingt jours de travail annuels per-mettent de contribuer à la création de valeur en PME.

5150

adaptées à la situation de l’entreprise, sinon cette der-nière cherchera à contourner des obligations qu’ellepourrait juger excessives

D’ailleurs, l’application des recommandations descodes de gouvernance et la conformité à des check-lists (ce que les Américains appellent le « box-ticking »)ne constituent pas une garantie de « bonne » gouver-nance…

Une bonne composition du Conseil et des admi-nistrateurs de qualité constituent les conditionsindispensables à une gouvernance efficace.

Mais il faut leur rajouter quelques règles simples de bonfonctionnement de la gouvernance.

Une information de qualitéL’administrateur se trouve confronté à un défi impor-tant : il lui est demandé de se prononcer sur des do-maines nombreux, dans des disciplines diverses, avecun haut niveau de complexité ( justification d’avoir unConseil…) en relativement peu de temps !

Les administrateurs doivent donc pouvoir disposerd’une information fiable, pertinente, adaptée à leursbesoins et facilement exploitable. Ils n’hésiteront pas àréclamer les informations qui leur sembleraient néces-saires.

Un travail collectif organiséLe Conseil demeure une instance collégiale dont le tra-vail requiert un minimum d’organisation pour être effi-cace :- des réunions du Conseil régulières (entre 4 et 10 par

an),- une durée des réunions suffisante pour aborder se-

reinement les thèmes,- un ordre du jour précis portant sur des points ma-

jeurs,

2Le

fonctionnementdu Conseil

27 Par exemple Brainloop, Sherpany…

Page 28: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Ces réactions sont légitimes en effet :- quelqu’un, souvent parmi les actionnaires ou les diri-

geants opérationnels, est à l’origine du choix de l’ad-ministrateur. Ce dernier peut donc se sentir redevableenvers qui l’a choisi. De plus, au fil du mandat, desliens personnels peuvent se tisser entre cet adminis-trateur, les dirigeants et les actionnaires

- la rémunération perçue par l’administrateur peutaussi constituer un rapport de dépendance.

Ceci va nous amener à examiner les liens entre l’indé-pendance et les qualités essentielles qui doivent la sup-porter et parmi lesquelles : courage, compétence,différence et disponibilité.

En préambule, il convient de préciser que la premièrequalité qui doit être validée dans le recrutement d’unadministrateur externe est sa capacité à travailler enbonne intelligence avec les autres dirigeants dans lecadre de l’organe de gouvernance.

Cette alchimie essentielle ne se présume pas de la lec-ture d’un CV. Elle nécessite des rencontres du candidatavec chacun des acteurs du système de gouvernanceafin que soit levée toute réserve quant à une poten-tielle incompatibilité d’humeur qui nuirait au bon fonc-tionnement du Conseil. À l’issue de ces entretiens, lecandidat fait à l’entreprise une proposition de lettre demandat qui reprend les attentes perçues se rapportantà son rôle dans le Conseil.

Indépendance et courageLe courage est une vertu, et c’est aussi une qualité quiconcerne tout à la fois l’expérience et la personnalitéchoisies, particulièrement dans les périodes difficiles.Cette qualité est précieuse dans les situations de ten-sions entre actionnaires où l'administrateur peut êtreinstrumentalisé.

5352

C’est essentiellement d’administrateurs externesdont il est question dans cette partie.

La présence d'administrateurs externes garantit aumieux la mise en place d’une gouvernance de perfor-mance, en comparaison à d'autres catégories :- représentant d’un bloc d’actionnaires y compris les

salariés (si ces derniers possèdent + de 3% du capi-tal),

- représentant des salariés.

APIA Swiss regroupe des dirigeants d’entreprises exer-çant, par ailleurs, les fonctions d’administrateur souhai-tant promouvoir les besoins d’une gouvernanceindépendante auprès d’autres dirigeants de PME. L’as-sociation veut promouvoir cette ressource, peu recon-nue et encore trop rare dans les PME et perfectionnerles pratiques de chacun de ses membres dans l’exer-cice de ses mandats.

Depuis sa création, l’association favorise une gouver-nance professionnelle de l’entreprise moyenne. Le « I »qui figure dans le nom de l’association signifie bien« indépendant »: que recouvre cet adjectif dansnos qualités ?

Selon la loi, un administrateur devrait être, par nature,indépendant, car il représente l’ensemble des action-naires et non seulement une catégorie d’entre eux.Ceci suppose un certain nombre de qualités. En effet,gardien de la sécurité de l’exploitation, de sa pérennitéet surtout pas support d’une stratégie favorable à telleou telle partie prenante, l’administrateur doit asseoirson indépendance sur un socle de compétence et deliberté dont la définition demeure délicate et adaptableà chaque cas.

Ceci explique les efforts déployés, depuis des années,pour donner de la substance à la qualité d'administra-teur indépendant.– Malgré cela, il est toujours réguliè-rement mis en question.

3Les

qualitésdes

administrateursdu Conseil

Page 29: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

acceptables par les deux parties en désaccord et le dé-part de l’administrateur ne joue pas alors le rôle qu’unemanifestation complète de sa détermination auraitconsacré.

Indépendance, compétence et différenceLes compétences à rechercher chez un administrateurexterne par une entreprise moyenne sont essentielle-ment celles qui font défaut dans le Conseil, voire dansla direction opérationnelle de l’entreprise. Il s’agit dedifférences enrichissantes et qui servent l’intérêt social.La diversité des profils qui y contribuent est la premièrequalité d’une gouvernance.

L’administrateur externe y est aussi choisi pour comblerces lacunes et les absences de savoir-faire. À l’inverse dece qui se passe dans une grande entreprise, il est sou-vent seul pour mener sa réflexion du début jusqu’à lafin et pilote parfois tout un processus dans le cadred’une mission spécifique confiée par le Conseil.

Un aspect essentiel de son indépendance est constituépar les compétences requises pour remplir ce rôle. Sanselles, il n'y a point de véritable indépendance, pas depouvoir de proposition véritable ni de contradictionconstructive.

L’apport de l’administrateur « externe » c’est aussi la di-versité de ses expériences. Ceci est évidemment fonc-tion de ses activités. Ici se pose la question de sonparcours, mais aussi celle de ses autres activités et dunombre de ses mandats. APIA plaide pour que le nom-bre de mandats exercés dans une entreprise non cotéesoit adapté au temps de travail disponible de l’adminis-trateur dans l’ensemble de ses occupations. En effet,l’administrateur doit exercer à côté de ses mandats,d’autres activités qui contribuent à maintenir sa compé-tence et enrichir ses apports.

Rester ouvert au monde extérieur à travers d'autres en-gagements qui viennent nourrir son professionnalismeet sa valeur, ne pas assoir cette compétence unique-ment sur son passé, voilà le défi de la compétence qui

5554

Situation vécue N°1 :

Actionnariat : Majoritaire : un fonds d’investissementMinoritaire : dirigeant fondateur

Contexte : L’administrateur externe est appelé par le fonds pour « valider lemodèle en place », celui-ci considérant que la dépendance del’activité vis-à-vis du dirigeant (fort intuitu personae) crée une si-tuation de risque.

Problématique : Une fois en place, l’administrateur externe découvre être le cin-quième successif nommé au cours des deux dernières années etque fonds et dirigeant sont en conflit ouvert, ce dernier conti-nuant à exercer le pouvoir comme s’il détenait 100% du capi-tal.

Issue : Le fonds d’investissement annonce à l’administrateur externe qu’ilenvisage de remercier le dirigeant et lui demande d’évaluer lesrisques pour l’entreprise résultant de cette décision. Se jugeantinstrumentalisé, l’administrateur externe refuse et démissionne.

Déceler ce type de manœuvre demande à la fois unegrande expérience, l’intelligence des situations et ducourage.

La première manifestation de courage consiste à expo-ser son désaccord avec suffisamment de mesure pourque cette opposition n’altère pas la confiance et lacourtoisie nécessaire au bon fonctionnement des or-ganes de gouvernance.

Toutefois dans certains cas, la manifestation ultime dela détermination d’un administrateur est sa démissionaprès avoir formulé et motivé son opposition puis tiréle constat que celle-ci ne modifie en rien l’attitude dudirigeant.

Il doit toutefois ne le faire que dans les situations qui envalent la peine comme dans l'exemple cité plus haut.Mais le courage ne s'arrête pas là, il faut ensuite moti-ver la démission et en exposer les motifs à ses pairs aucours d'un Conseil de sorte à ce que tout ceci soit portéau PV de la réunion.

Encore trop souvent la démission est habillée de motifs

Page 30: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

La transparence en matière de rémunération est essen-tielle, selon l'art 663b du Code des Obligations.

Trop faible, la rémunération a inévitablement commecontrepartie l’insuffisance du temps consacré, trop éle-vée elle menace son indépendance.

En effet, si ce revenu devient une nécessité pour lui, laliberté de débattre va s’en trouver amoindrie toutcomme la faculté de démissionner.

C’est aussi l’attitude du candidat administrateur quipeut éclairer l’entreprise quant aux risques encourus àce propos en le recrutant. Paradoxalement, elle devrapréférer celui qui tient ferme sur un montant en rapportavec le travail et les risques encourus à celui qui accepteune rémunération inférieure sans discuter.

Contourner l’absence ou la modestie des jetons en de-mandant d’être rémunéré comme un consultant, c’est-à-dire par honoraires pour des missions spécifiques ettemporaires ou chroniques est clairement déconseillé.Ces missions complémentaires sont acceptables quandles circonstances l’exigent et quand le statut de presta-taire même temporaire n’altère pas la liberté de juge-ment et l’indépendance de l’administrateur. Le dirigeantpeut alors les lui confier, de manière ponctuelle.

Par ailleurs il est recommandé à ce candidat une totaletransparence quant à l’exercice de ses autres activités.Ceci recouvre les autres mandats dont il doit préciser letemps qu’ils prennent, et celui qui peut être consacré àl’exercice du mandat en discussion.

5756

fonde aussi l’indépendance !

Ainsi peut-il siéger par ailleurs dans les Conseils de so-ciétés dont il est l’actionnaire, diriger lui-même une en-treprise moyenne. Cette vision pose la question ducumul et du nombre des mandats qui, par simple lo-gique et dans un souci d’efficacité, se trouve limité.

Situation vécue n°2 :

Actionnariat : Majoritaires : financiers(Très) minoritaire: dirigeant-cofondateur

Contexte : Dans une société industrielle confrontée à une dégradationde ses marges le dirigeant, profil financier, propose auConseil de délocaliser toute une partie de l’activité.

Problématique : Les actionnaires majoritaires s’y rallient, mais le diagnosticde l’administrateur externe qui par ailleurs dirige une entre-prise industrielle de même taille, est différent. Pour lui lasource des problèmes réside dans une dérive managériale,laissant au directeur technique (également co-fondateur) untrop grand poids qui fige l’entreprise et l’empêche d’évoluer.L’administrateur externe qui a déjà vécu cela dans son entre-prise sait quels dommages cela peut causer.

Issue : L’administrateur externe s’oppose donc à ce projet et com-munique ses doutes au dirigeant. Ce dernier admet qu’ilavait conscience du problème mais se refusait, du fait de saproximité historique avec son associé et de sa position trèsminoritaire, à le traiter ; L’administrateur externe obtient desactionnaires financiers que le dirigeant retrouve une positionplus forte au capital. Il le « coache » pour faire évoluer le mo-dèle. Le dirigeant se sépare du directeur technique et en re-crute un nouveau qui, avec une équipe dédiée, contribueraà restaurer les marges.

Indépendance, disponibilité, implication etrémunérationL’administrateur externe endosse une véritable respon-sabilité. Il apporte à sa fonction toute son expérience,ses compétences et son temps. Tout ceci a évidemmentde la valeur. APIA Swiss consacre l’essentiel de sesmoyens pour que ses membres approchent l’excellencedans leurs mandats et plaide pour une contrepartie fi-nancière équilibrée à ce professionnalisme.

Situation vécue n°3 :

Actionnariat : Majoritaire : familialMinoritaire : investisseurs financiers

Contexte : Un groupe de sous-traitance qui s'est constitué par « buildup » en vingt ans pour atteindre CHF 150 millions de CA etdont le dirigeant recherche à améliorer l'image et la gouver-nance en recrutant deux administrateurs externes.

Problématique : Ils sont nommés. Il leur est demandé d'assister à 4 Conseilspar an dans l'entreprise pour un forfait de CHF 4 000. Le di-rigeant occupe tout l’espace et il n’attend de son Conseil

Page 31: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Le courage d’être différentC’est la différence des profils de ses acteurs qui fondela qualité d’une gouvernance. Ceci est vrai quelle quesoit la catégorie d’entreprise. Ce constat bien connudes professionnels de la gouvernance n’emporte ce-pendant pas, dans les pratiques, une franche adhé-sion. Car faire entrer la différence, et pas seulementpour la revendiquer et communiquer à son sujet, estun acte contre nature, courageux, inconfortable, maispourtant sain et avisé !… Dans la grande entreprise,l’indépendance de l’administrateur, affichée ou réelle,reste souvent théorique.

Dans l’entreprise moyenne non cotée, l’approche est

5958

Indépendance, proximité et durée du mandatLa durée du mandat est un paramètre en interactionavec l’indépendance. Si les premières années, une cer-taine distance garantit l’exercice du libre-arbitre de l’ad-ministrateur, cette situation peut évoluer. Avec letemps, des liens personnels se tissent entre lui, les ac-tionnaires ou les dirigeants. Si un travail efficace nepeut être accompli sans une certaine permanence, lesdangers d’une perte de recul et donc d'indépendanceexistent au-delà de quelques années, trois ou quatreen moyenne. Ceci est d’autant plus vrai que le travailen équipe est intense, fructueux, ce qui rapproched’autant les membres du Conseil. Ceci souligne la spé-cificité de ce métier qui est d’accepter de partir asseztôt, même et paradoxalement d’autant plus tôt qu’ona bien réussi.

C’est la raison pour laquelle les formalités pratiques doi-vent être respectées le plus longtemps possible. Il estsouhaitable qu’une certaine distance, un certain for-malisme restent la règle dans les rapports que l’admi-nistrateur entretient avec ses interlocuteurs dans lasociété.

Une bonne cordialité reste bien sur indispensable.Cette règle peut se révéler particulièrement utile quandon rencontre des périodes de crise.

Plus prosaïquement, ceci doit interdire le choix d'amis,de relations proches, voire même de personnes quetout simplement le dirigeant apprécie et a fréquentédurablement avant de les solliciter.

qu’une approbation sans réserves.

Issue : Peu sollicités, les administrateurs externes, par ailleurs peurémunérés, s'impliquent peu, ne préparent pas les réunionset n’interviennent que sur des points de détail. L’un d'euxdémissionne avant la fin de sa première année de mandat.

Situation vécue n°4 :

Actionnariat : Majoritaire : familialMinoritaire : associés dirigeants opérationnels

Contexte : Société de services dans le second œuvre du bâtiment,CHF 80 millions de CA, 30 ans d’existence, le fondateur 57ans y règne en maître absolu. Lucide et sans héritier, il dé-cide de préparer la cession de son entreprise tant qu’il en al’énergie.

Problématique : Il appelle à ses côtés un administrateur externe afin de l'ai-der à préparer l’opération par cession-transmission à ungroupe de cadres. Il choisit un profil d'entrepreneur créa-teur assez proche du sien mais riche d'une expérience decession réussie.

Issue : L'apport de l'administrateur se traduit rapidement par unepréparation de l'entreprise à plus d'autonomie : déléga-tions, embauches, licenciements et clarification de certainesfonctions.Le dirigeant et son administrateur passent beaucoup detemps ensemble et une grande proximité se construit. Cecifavorise des échanges trop directs entre eux lorsque sur lechoix du successeur recherché pour le dirigeant, ils se trou-vent en désaccord. L’administrateur, comprenant qu’il n’estplus écouté parce que trop proche, démissionne. Sa proxi-mité avec le dirigeant lui interdit d'expliquer au Conseil lesvrais motifs de sa démission comme il aurait dû cependantle faire.

Page 32: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

6160

toute autre. Tout d’abord hors de toute obligation lé-gale, ceux qui décident de recruter des administrateursprofessionnels externes susceptibles de contester leursdécisions et donc remettre en cause leur pouvoir, res-tent une exception.

C’est de toute évidence un acte contre nature que des’imposer à soi-même un tel contre-pouvoir. Une por-tion infime des entreprises destinataires de ce guide,environ 5%, ont à ce jour réellement une organisationde gouvernance comptant au moins une personnelibre et compétente qui joue ce rôle dans leur systèmede gouvernance.

C’est d’abord le courage du chef d’entreprise qui choi-sit cette voie contre nature et d’être différent en faisantrentrer la différence dans son Conseil qu’il convient desaluer. Trop rares sont ceux qui se connaissent suffisam-ment pour, sachant qui ils sont, choisir leur complé-ment mais aussi sinon un imprécateur du moins unpossible contradicteur !…

Ces dirigeants avisés qui pratiquent la voie du milieu« Ni abus, ni austérité » ont réalisé que leur entrepriseétait une personne distincte d’eux-mêmes et que leurcouple n’est pas éternel. Chacun de son côté doit pou-voir vivre, et pourquoi pas prospérer sans l’autre. Lecourage, n’est donc pas le seul apanage de l’adminis-trateur externe mais d’abord celui du dirigeant lucidequi se dépasse et s’impose à lui-même un miroir pourla bonne marche de son entreprise dans le long terme.

Les différents rôles de l’administrateurL’intérêt de la fonction d’administrateur réside en partiedans la grande diversité des situations et des interlocu-teurs qu’il va rencontrer. Au-delà de la grande variétédes missions, il va se trouver confronté à des séquencesde vie de l’entreprise dans lesquelles son rôle est diffé-rent.Nous avons identifié sept rôles distincts que l’adminis-trateur peut être conduit à mener tout au long de sonmandat, certains d’ailleurs de manière simultanée :

4Lecomportementdesadministrateurs

Administrateurs

Les 7 rôlesde l’administrateur

ACCOMPAGNATEUR

VIGIE ÉCLAIREUR

CATALYSEUR

MÉDIATEURCHALLENGEURTUTEUR

Accompagnateur,le soutien du dirigeant C’est la mission la plus demandée par les dirigeants : lesmembres des comités de direction attendent des admi-nistrateurs de l’accompagnement.Cette notion, relativement difficile à objectiver, ne doitpas, selon nous, être assimilée à une simple validationplus ou moins formelle des prises de décision des diri-geants ; l’accompagnement des dirigeants doit êtreconçu comme un partenariat réel dans la compréhen-sion des enjeux de l’entreprise et la prise de décision endécoulant.

L’administrateur« accompagnateur »

• Bien préciserles attentesrespectives

• S’imprégnerdes problématiquesopérationnelles

• Garder un regardcritique

Com

port

em

ents

clé

s

Page 33: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

6362

Vigie,le veilleur permanentC’est l’une des missions essentielles de la gouvernance : laprévention des risques, la fiabilisation de la situation actuelleet future, la priorité accordée au contrôle et à la protectiondes actifs. Cependant, le rôle de vigie implique égalementque l’administrateur exerce toute son attention pour pallierun éventuel manque de clairvoyance des dirigeants ou desactionnaires sur des enjeux majeurs ; cela nécessite que l’ad-ministrateur soit informé à la fois de l’évolution des marchéset des concurrents, et qu’il ait réussi à diversifier ses sourcesd’informations en n’ayant pas uniquement la version des di-rigeants.

L’administrateur« vigie »

• Êtreen état de veillepermanente

• Décelerles signaux faibles

• Oser alerter• Diversifier

ses sourcesd’information

Com

port

em

ents

clé

s

Catalyseur,l’accélérateur du développementCe rôle peut concerner l’accélération du développementde l’entreprise ou la meilleure utilisation des ressourcesinternes de l’organisation. L’administrateur a pour objec-tif de favoriser la meilleure combinaison possible descompétences, des savoir-faire et des moyens financierset techniques pour maximiser la création de valeur.

L’administrateur« catalyseur »

• Savoir identifierdes opportunités

• Bien connaîtreles ressourcesinternes

• Ne pas se substituerau dirigeant

• S’investir en temps

Com

port

em

ents

clé

s

Éclaireur,l’explorateur de nouvelles frontièresIl s’agit ici pour l’administrateur d’aller à la recherched’horizons nouveaux, de proposer des alternatives stra-tégiques, d’ouvrir le champ des possibles. En « éclai-rant » les chemins futurs que l’entreprise va emprunter,l’administrateur va également permettre de rassurer ac-tionnaires et dirigeants sur la justesse de la stratégie miseen œuvre. Seule une grande expérience alliée à une par-faite connaissance de l’entreprise et de son environne-ment, peut permettre de jouer ce rôle.

L’administrateur« éclaireur »

• Menerune réflexionstratégique affûtée

• Parfaitementconnaîtrele contexte

• Savoir anticiper• Être créatif

Com

port

em

ents

clé

s

Médiateur,le facilitateur de solutionsLa conciliation de points de vue différents entre les actionnaireset les dirigeants (ou d’ailleurs entre les actionnaires) exige del’administrateur de construire des passerelles avec une approchemédiative pour permettre un alignement dans le meilleur intérêtde la société. Il peut d’ailleurs être amené à jouer ce rôle au seinmême du Conseil en écoutant les intérêts de chaque partie afinde permettre la poursuite des relations commerciales ou inter-personnelles plus saines. La médiation commerciale est unmoyen efficace de transformer les points de vue et positions afinde résoudre les conflits dans le monde des affaires et de l'éco-nomie. En effet elle est moins longue et moins chère qu’un pro-cès et permet aux parties de rester maître de leur destin.

L’administrateur« médiateur »

• Savoir identifierles points de vue

• Objectiverles convergences/ divergences

• Connaîtrela gestion de crise

• Rechercherun accordgagnant-gagnant

Com

port

em

ents

clé

s

Tuteur,le préparateur d’une transitionSi l’administrateur doit savoir parfois bousculer, il saitégalement être le tuteur du ou des dirigeants. Cette si-tuation se produit, par exemple, en cas de changementde dirigeant lors d’une succession organisée entre deuxgénérations ou d’un départ précipité ; il s’agit alors pourl’administrateur de renforcer la légitimité du dirigeantdans l’entreprise.

L’administrateur« tuteur »

• Établirune grande relationde confiance

• Logiquede contributionet non de pouvoir

• Capacitépédagogique

• Savoir fonctionnerhors Conseil

Com

port

em

ents

clé

s

Challenger,l’impertinence courtoise !La récurrente disposition des organisations à pêcher parconservatisme, l’installation d’une routine de fonction-nement, la trop grande force d’un management installédepuis longtemps, rendent indispensable le rôle de chal-lenger joué par l’administrateur.Réalisé avec mesure, sans agressivité et toujours dansun état d’esprit de construction et non de remise encause individuelle, le questionnement stratégique doitêtre permanent : quelle stratégie, quels changements,quels objectifs, quels moyens, quels dirigeants…?

L’administrateur« challengeur »

• Être crédible• Avoir prouvé

sa compétence• Savoir dire

les choses• Ne pas

se substituerau dirigeant

Com

port

em

ents

clé

s

Page 34: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Les devoirs de l'administrateur« Les membres du conseil d'administration, de mêmeque les tiers qui s'occupent de la gestion, exercentleurs attributions avec toute la diligence nécessaire etveillent fidèlement aux intérêts de la société. Ils doiventtraiter de la même manière les actionnaires qui se trou-vent dans la même situation », Art. 717 Code des Obli-gations.

La fonction d’administrateur doit maintenir en perma-nence deux équilibres. D'une part l'administrateur doitrépondre aux attentes et démontrer son niveau deconnaissance et de l’entreprise, sa disponibilité detemps dédié à l'entreprise ses compétences. D’autrepart, l'administrateur doit garder d'excellentes relationstant avec les dirigeants que les actionnaires.

6564

L'importance du rôle de l'administrateurexterne pour l'entrepriseDistinction entre administrateur externe et dirigeantopérationnel

Qu’il vienne de mettre un terme à sa carrière d’opéra-tionnel ou qu’il assume toujours une fonction exécu-tive, la tentation est souvent grande pourl’administrateur novice de se comporter en gardant seshabitudes de dirigeant. Or, il doit bien comprendreque la fonction d’administrateur est différente de cellede dirigeant opérationnel.

Cette distinction des rôles est un point de vigilance per-manent pour l’administrateur, sous peine de modifierl’équilibre fragile entre les pouvoirs respectifs dechaque sphère de la gouvernance, notamment cellesdes actionnaires, des dirigeants et des administrateurs.De plus, la distinction entre administrateur externe etdirigeant opérationnel est essentielle pour l’entrepriseau vu des limites du temps disponible de l’administra-teur et de la nécessité de construire une solide relationde confiance avec le ou les dirigeants.

Un administrateur n'a pas la même fonction qu'un di-recteur général ou qu'un président, par exemple. Ilfaut distinguer l'opérationnel de la stratégie.

Distinction entre administrateur externe etconsultantL’administrateur contrairement au consultant n’a pasde relation commerciale avec l’entreprise et ne peutêtre dépendant financièrement de l’entreprise. Commele disent si bien les Anglo-Saxons, l’administrateur est« on board », à bord, quand le consultant est en de-hors de l’entreprise. L'administrateur externe qui siègedans un Conseil d’administration, a un mandat socialqui engage sa responsabilité selon le Code des Obli-gations, Art. 754 al.1, personnelle, solidaire, subsi-diaire, pénale, selon les cas.

Information faible• Conseil

• Contacts• Visites

Temps limité• Peu de jours

Compétences ?

Le premier déséquilibre entre les attentes et les moyens

Création de valeur

Ne pasêtre

« complaisant »

Ne passe substituer

Êtreun administrateur

« libre »• Libre d’intérêt• Libre d’expression• Pratique

du questionnement• Intérêt social

Le second déséquilibre entre les positions et les rôles

Création de valeur

Attentes élevées• Stratégie

• Dirigeants• Pérennité

Page 35: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

Aspects factuels• Nombre, durée, fréquence des réunions.• Assiduité des participants, formations suivies.• Composition du Conseil (diversité, compétences, in-

dépendance, parité…).• Qualité des ordres du jour et procès-verbaux.• Qualité de la documentation transmise et de la pré-

paration des travaux.

Aspects subjectifs• Pertinence et intérêt des sujets mis à l’ordre du jour.• Qualité des discussions.• Efficacité du processus décisionnel.• Ambiance générale des débats et gestion collective

des émotions.• Contribution effective de chaque membre.

À l’issue du processus d’évaluation, un plan d’actionscorrectrices est mis en place et l’ensemble communi-qué aux actionnaires.Menée avec la participation active de chacun desmembres du Conseil, l’évaluation constitue un puissantfacteur d’amélioration de l’efficacité de la gouver-nance, est source de progrès et renforce les liens desmembres et leur capacité à travailler en équipe.

6766

Le Code Suisse de Bonnes Pratiques28 (« CSBP »)recommande aux conseils d’administration des so-ciétés cottées et des sociétés ou organismes écono-

miques importants de faire le point sur leur performanceet sur celles de leurs membres (CSBP, chiffre marginal14).Le Swiss Foundation Code29, en sa recommanda-tion 430, recommande a l’organe suprême des fonda-tions et associations de procéder a leur autoévaluation.L’évaluation du Conseil n’est pas une obligation légale.Cependant, il est naturel que les organes de gouver-nance, chargés de missions précises visant à préserverl’intérêt social, soient évalués sur leur aptitude à répon-dre aux attentes des actionnaires dans le cadre d’unfonctionnement efficace ; il apparaît logique que lesConseils soient évalués comme le sont les dirigeants.Ce processus d’évaluation collective, conduit chaqueadministrateur à s’interroger sur son efficacité et sonapport individuel.Nous recommandons que cette évaluation ait lieu unefois par an et qu’elle soit réalisée soit en auto-évalua-tion, soit avec l’appui d’un cabinet extérieur. Cette éva-luation est délicate à mettre en œuvre, car elle touchedes aspects humains sensibles et ne peut être réduiteà un ensemble d’indicateurs purement quantitatifs(p.ex. régulation des émotions). Elle s’articule autourde quatre domaines principaux (la composition duConseil, son fonctionnement, les processus de travail etd’information, les comportements) et traite par exem-ple des points suivants :

5Évaluer

le systèmede

gouvernance

28 http://www.economiesuisse.ch/sites/default/files/publications/economiesuisse_swisscode_f_web.pdf29 http://www.swissfoundations.ch/fr/bonne-gouvernance30 « Le conseil de fondation révise périodiquement la politique, la stratégie et l’organisation de la fonda-

tion. Il évalue également le travail effectué par la direction ainsi que son propre travail ».

Page 36: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

parfois impactent aussi le projet de l’entreprise,- celui-ci est partagé avec les parties prenantes les plus

importantes que sont les actionnaires, les dirigeantset les collaborateurs, voire au-dehors de l’entrepriseles clients et fournisseurs,

- cet exercice de questionnement fait appel à des per-sonnes extérieures à l’entreprise,

- il est organisé selon des règles (fréquence, ordre dujour, compte-rendu, suivi) qui pour être légères sontnéanmoins précises et respectées,

- sa pertinence et son efficacité sont régulièrement éva-luées et remis en cause.

Si ces conditions sont réunies, il s’agit bien d’un sys-tème qui protège l’intérêt social en maintenantla confiance et l’adhésion de l’ensemble des partiesprenantes au projet de l’entreprise (véritable supportaux dirigeants), la gouvernance contribue alors effica-cement à la création de valeur.

6968

Guidée par l’intérêt social, la gouvernance deperformance permet de soutenir, d’encadrer etd’accompagner les dirigeants. Elle contribue

au développement d’entreprises durables, maîtrisantleurs risques et orientées principalement vers la créa-tion de valeur.Bousculant l’approche traditionnelle d’une gouver-nance répressive et disciplinaire, trop centrée sur la ges-tion des conflits d’intérêts entre actionnaires etdirigeants, s’ouvre aujourd’hui l’ère d’une gouver-nance de performance ; ayant gagné en maturité, elletrouve un meilleur équilibre entre contrôle et créationde valeur.Pour cela, il est indispensable que soient poursuiviesles réflexions suivantes :- adapter la gouvernance à chaque entreprise ;- privilégier le fond sur la forme ;- être vigilant quant à la simple application de check-

lists ;- avoir un Conseil actif et engagé ;- intégrer des administrateurs « libres ».

Ainsi, la gouvernance ne se contente plus de courirderrière les nouvelles lois pour s’y adapter mais anticipeles évolutions futures.Choisie et non pas uniquement imposée par la régle-mentation, elle joue un rôle dans la performance éco-nomique et sociétale de l’entreprise. À ce titre, ellecontribue à sauvegarder l’intérêt des actionnaires maisaussi ceux de l’ensemble des parties prenantes.Cette démarche peut commencer de manière extrême-ment informelle et se structurer au fur et à mesure dela croissance et des besoins de l’entreprise. Dans uneentreprise de taille moyenne on peut estimer qu’un sys-tème de gouvernance efficace existe dès que :- le dirigeant organise régulièrement le questionne-

ment de ses attentes et de sa réflexion sur le projet,la stratégie, les risques, l’équipe de management etles comptes,

- ces échanges orientent les décisions importantes et

Con

clus

ion

Page 37: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

7170

Création en France en 2004par des chefs d’entreprise persuadésqu’une bonne gouvernance de l’entreprisecontribue à ses performanceset son développement.Présent en France, Belgique et Suisse.

Vocation : promouvoir et professionnaliser par des actions et destravaux collectifs la fonction d’Administrateur Indépendant.

Cooptation des membres suivant des critères exigeants, enparticulier :• être ou avoir été chef d’entreprise d’une PME• être ou avoir été administrateur d’une PME ou administrateur pro-

fessionnel• être indépendant financièrement,• être formé et accepter de se perfectionner à la fonction d’admi-

nistrateur indépendant,• être disponible pour promouvoir la gouvernance et la reconnais-

sance des Administrateurs Indépendants.

Vie de APIA :• rencontres mensuelles,• autoformations,• rédaction de cahiers thématiques,• carrefours annuels.

Membres et partenaires :• plus de 200 membres actifs,• possédant tous une expérience réelle de dirigeants dans des

PME,• exerçant ou ayant exercé dans des entreprises de toutes tailles

ou de tous secteurs d’activités,• ayant vécu toutes les étapes de la vie de l’entreprises (création,

développement, réorganisation, transmission…),• plus de 30 entreprises partenaires experts de l’audit, du droit, des

ressources humaines, des cessions/acquisitions/transmissions, dufinancement et du capital investissement apportant leur expertisedans le cadre des rencontres internes.

Qui

est A

PIA

?

Page 38: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

72

Les cahiers APIA déjà parus :

• Cahier APIA n°1 : « Quelques conseils en ma-tière d’assurance de la responsabilité des diri-geants et des mandataires sociaux ».

• Cahier APIA n°2 : « Rôle des administrateursen matière de contrôle interne et de gestion desrisques ».

• Cahier APIA n°3 : « Un administrateur Indé-pendant dans les Sociétés par Actions Simplifiées(S.A.S.) ? ».

• Cahier APIA n°4 : « L’administrateur d’entre-prises : un facteur de succès d’une transmissiond’entreprise ».

• Cahier APIA n°5 : « Administrateur et Chefd’Entreprise, une alchimie gagnante ».

• Cahier APIA n°6 : « Anticiper ! Dépasser l’ap-proche traditionnelle ».

• Cahier APIA n°7 : « Un administrateur indé-pendant dans les entreprises patrimoniales ».Partie 1 : hors cession ou transmission de l’en-treprise.

• Cahier APIA n°8 : « Un administrateur indé-pendant dans les entreprises patrimoniales ».Partie 2 : En cas de cession ou transmission del’entreprise.

• Cahier APIA n°9 : « Les enjeux de la gouver-nance dans les jeunes entreprises en croissance ».

• Cahier APIA n°10 : « Vous avez dit indépen-dant ? ».

• Cahier APIA n°11 : « Les ressources humaines :un facteur stratégique de succès ».

• Cahier APIA n°12 : « Repères pour la rémuné-ration des Administrateurs Indépendants ».

• Cahier APIA n°13 : « La logistique et l’Admi-nistrateur ».

• Cahier APIA n°14 : « Les délégations de pou-voirs ».

• Cahier APIA n°15 : « Les procédures amia-bles ».

• Cahier APIA n°16 : « Challenger la stratégie oupourquoi et comment l’administrateur doit, enpermanence, susciter son élaboration ».

• Cahier APIA n°17 : « Le risque de fraude dansles entreprises : le rôle des administrateurs danssa prévention ».

• Cahier APIA n°18 : « Le rôle de l’Administra-teur Indépendant dans un processus d’externali-sation ».

• Cahier APIA n°19 : « Apport, dans une PME,d’un Administrateur issu d’une ETI ou d’ungrand groupe ? ».

• Cahier APIA n°20 : « L’Administrateur Indé-pendant et la Responsabilité Sociétale des Entre-prises (RSE) en PME-ETI ».

• Livre bleu APIA : « Pour une gouvernance d’en-treprise choisie, la réponse d’APIA : l’Adminis-trateur Indépendant »

• Cahier APIA n°21 : « Indisponibilité du diri-geant actionnaire, les nouveaux outils pour s’ypréparer ».

• Cahier APIA n°22 : « Développer ou transmet-tre avec un investisseur financier, Bonnes pra-tiques pour le dirigeant et l’administrateur».

• APIA n°23 : « Le risque de sanctions pour le di-rigeant et les administrateurs en cas de liquida-tion judiciaire ».

• APIA n°24 : « Comment ouvrir son Conseil àun Ad-ministrateur Indépendant ? ».

• APIA n°25 : « Inscrire l’innovation dans l’ADNde l’entreprise ».

• APIA n°26 : « Gouvernance et rupture numé-rique, Opportunité stratégique et risque ma-jeurs : c’est un sujet de gouvernance ».

• APIA n°27 : « Le rôle de l’administrateur indé-pendant dans la gestion du risque ».

• APIA n°28 : « Auto-évaluation des Conseils ».• APIA n°29 : « Se développer à l’international ».• APIA n°30 : « Pourquoi mettre la

Logistique/Supply Chain à l’agenda duConseil ».

• APIA n°31 : « De bonnes pratiques de Gouver-nance dans les associations ».

Sur simple demande à : [email protected]

Page 39: Gouvernance pour des PME performantes - APIA Suisse · 22 rue Rothschild - 1202 Genève Site : Contact : info@apia-asso.ch Gouvernance pour des PME performantes Le Guide pratique

22 rue Rothschild - 1202 Genève

Site : www.apia-asso.ch

Contact : [email protected]

Gouvernancepourdes PME performantes

Le Guide pratique APIA

APIA

Sw

iss

-

Gouv

erna

nce

pour

des

PM

E pe

rform

ante

s