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Grandes figures de l’Ordre de Malte - exultet.net · L’ingénieur Gabriele Tadini di Martinego fortifie la ville en vue des affrontements. ... Dès son arrivée sur l’île,

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Grandesfiguresdel’OrdredeMalte

BernardBerthod

GRANDESFIGURESDEL’ORDREDEMALTE

ARTÈGESpiritualité

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Jacques deVitry signale dans saChronique queGérard et sesfrèresprennentunhabitrégulieravecunecroixblanchecousuesurlapoitrine.L’OrdredeshospitaliersdeSaint-Jeanestné;ilest reconnu canoniquement par le pape Pascal II, le 15 février1113. «Pascal, évêque, serviteur des serviteurs deDieu, à sonvénérable filsGérard, fondateurde l’HôtelleriedeJérusalemetaux légitimes successeurs de celui-ci tant qu’il y en aura. Tapieuse demande doit être satisfaite par une mesure favorable,attendu que ton zèle à demander que l’Hôtellerie que tu asfondée dans la ville de Jérusalem, près de l’église Saint-Jean-Baptiste, soit assurée de la garantie du siège apostolique etsecourueparlepatronagedubienheureuxapôtrePierre».Parlabulle Piae postulatio voluntatis, le pontife romain, alors enséjour à Bénévent, soustrait l’Ordre naissant à l’autorité desévêques, lui octroie des privilèges fiscaux concernant la dîmeperçue et autorise l’acquisition de domaines et propriétés enEurope.

L’historien Alain Beljens démontre que l’Hôpital et lacommunauté de frères sont administrés après la mort de frèreGérard,le3septembre1120,paruncertainPierredeBarcelone.Ladépouilledufondateurestdéposéevers1283auchâteaudeManosque ; son crâne est prélevé en 1749 pour être exposé àMalte;cechefestaujourd’huivénérédanslachapelledupalaismagistraldeRome;leresteducorpsdisparaîtàlaRévolution.Son iconographie reste assez modeste. Deux bustes en argentsontcommandésauXVIIesièclepourlachapelledeManosque,lepremieroffertparlebailliJean-FrançoisduPuget-Chasteuil,disparaîten1792,lesecond,réaliséparPierrePugetpourJean-Jacquesd’Esparbès-Lussan,esttoujoursconservéàlamairiedeManosque.

R

RaymondduPuyvers1080-1160

aymond du Puy est issu d’une ancienne famille duDauphiné, la maison du Puy-Montbrun établie àPeyrins, au bord duRhône, non loin deValence. Son

pèreHuguesprendlacroixen1096avecRaymondetsesdeuxfrères. Raymond, à la différence de ses frères s’engage auprèsdes hospitaliers de frère Gérard ; se distinguant, sans doute,grâce à ses qualités, il est élu par les frères de Saint-Jean en1123 pour diriger l’Hôpital et la communauté et succéder àGérard. Il devient le premier grandmaître, bien que le titre nesoitaccordéqu’en1267.

En1135,RaymondduPuyréorganisel’Hôpitaletrédigeunenouvelle règle en quinze chapitres, inspirée de celle de saintAugustin ; c’est-à-dire une règle simple observée par denombreuxinstitutsreligieux.ApprouvéeparlepapeEugèneIII,elle se distingue d’une règle monastique ordinaire enrépartissantlesfrèresentroisclasses:lesprêtres,leschevalierset lesservants.Lesprêtresouchapelainsassurent lespirituel ;leschevaliers,choisisparmilanoblesse,s’occupentdespauvreset prennent part aux combats ; les servants ont la chargematérielle de l’hôpital. Aux trois vœux de religion, chasteté,pauvreté,obéissance,Raymondajouteunquatrième,celuide«défendreleSaint-Sépulcrejusqu’àladernièregouttedesangetdecombattrel’infidèlepartoutoùilserencontrera».En1154,AnastaseIVdonneauxhospitaliersledroitd’établirdesclercspourleservicedivin.

Depuis1127, les hospitaliers prennent part à la défensedesLieux saints de plus en plus fréquemment. En 1137, le roi deJérusalem, Foulques Ier, leur confie la forteresse de BethGibelin,prèsd’Ascalonquiestunpointstratégiqueduroyaume.En 1142, le comte de Tripoli, Raymond II, leur cède sonterritoire perdu à charge pour eux de le reconquérir ! Il leurremet également le château fort élevé près de Akkar quideviendra le Krak des chevaliers ainsi que deux forteressesdéfendant la trouée de Homs. En 1144, la chute d’Edessedétermine laprédicationde la2e croisade,organiséepar le roide France Louis VII et prêchée par Bernard de Clairvaux àVezelayetàSpire.Lacroisadesesoldeparunéchec,leroideFrance étant plus soucieux de son pèlerinage que du combat.Les hospitaliers participent avec les troupes françaises àquelques expéditions peu glorieuses. En revanche, quelquesannéesplustard,ilsparticipentavecsuccèsausièged’Ascalonmené par Baudouin III, en 1153. Sous les murs périssent legrand maître des templiers et ses chevaliers. La ville, siègefatimide, est réintégrée pour une trentaine d’années dans leroyaume franc. Ce faisant, les hospitaliers de Saint-Jeanviennentsur lesbriséesdesTempliersdont lamissionmilitaireestclairementdéfiniedèsl’origine:défendrelaTerresainte.Lesdeuxformationséchappentaucontrôledufaibleroyaumelatin,signent directement des trêves avec leurs adversaires égyptiensou arabes de Damas et rivalisent sans cesse. Cependant l’étatmilitaire des chevaliers de Saint-Jean est mentionné pour lapremière fois sous la grande maîtrise de Roger des Moulins(1177-1187), le successeur de Raymond puis est confirmé parAlphonsedePortugal,vers1205.

C’est sous l’autorité de Raymond du Puy que les signes

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le10septembre1521.

Sous sa magistrature, les attaques de Soliman ne vont pascesser. Il demande vainement l’aide du roi de France.L’ingénieurGabrieleTadinidiMartinegofortifielavilleenvuedes affrontements. L’ultime siège commence le 26 juin 1522.Aprèsunerésistancehéroïque,lavilleestlivréeauxOttomans,trahieparlegrandprieurdeCastille,Andréd’Amaralqui,selonla tradition, seseraitvengéde l’Ordrepourn’avoirpasétéélugrandmaître ! Le 10 décembre, le sultan,magnanime, accordeauxhospitaliers les honneurs de la guerre, « ce n’est pas sansregretquejeconduishorsdechezluicecourageuxvieilhomme».Leschevaliersquittentl’îlele1erjanvier1523,accompagnésde plus de quatre mille insulaires, emportant leur trésorliturgique, leurs reliques et leurs archives à bord de trentenavires. Les chevaliers sauvegardent en particulier leurs deuxprécieuses icônes, la Vierge de Philermos et Notre Dame deDamas. Parmi les reliques, la plus précieuse est le bras duPrécurseur. Plusieurs familles grecques suivent les hospitaliersdansleurexode.

Au début de leur exil, les chevaliers s’installent à Viterbe,danslesÉtatspontificaux.Legrandmaître,déjàsexagénaire,estaniméparledésirdereconquérirRhodes; ilrencontrelepapeAdrienVIpuis,toutàsonprojet,visitel’AngleterreetlaFranceaveclesoucidemaintenirlesdroitsetprivilègesdel’OrdreenEurope.IlintervientauprèsdeCharlesQuintetdeFrançoisIerdans l’espoir de trouver un appui. Après Viterbe, il imagines’installer à Villefranche-sur-mer, puis à Nice en attendantmieux.

L’île deMalte, alors propriété desHabsbourg avecTunis et

Tripoli, apparaît, dès 1526, comme une place possible pourréinstaller les chevaliers au cœur de la Méditerranée. CharlesQuint qui se sent redevable auprès de la papauté aprèsl’impardonnable sac de Rome, la cède à la Religion, sur lesinstancesdeClémentVII.LesaccordsdeCastelFrancoscellentce don, le 24 mars 1530, en contrepartie de l’hommagesymbolique d’un faucon. Le 25 novembre 1530, la grandecaraque Santa Anna entre dans le port principal de l’île etquelque tempsplus tard, legrandmaître reçoit l’hommagedesnotables de la seule ville de l’île, Mdina. Les chevalierss’établissentd’abordauBirgù,petiteagglomérationsedressantautourd’unfortinsurunedeslanguesdeterreàl’abridugrandport. Ils s’organisent comme à Rhodes, dans des dimensionsplus modestes. Dans l’esprit du grand maître, Malte n’estqu’unebasearrière,carsondésirestd’organisersaprincipautéautour de Tripoli, cédée enmême temps que l’île. Cependant,sansperdredevueun futurétablissementenAfriqueduNord,L’Isle-Adamrétablitlecouventen1532,puisfaitconstruirelesseptaubergesdeslanguesetposelapremièrepierredel’hôpital.IlmetenplacedesolidesfortificationsquirésisterontauxTurcsen1551et1565.

Dès son arrivée sur l’île, Philippe de Villiers crée unecommission de santé composée de deux chevaliers et de troisnotables, les magistri sanitatis qui sont généralement desmédecins. Il installe la Sacrée Infirmerie et une apothicaireriedès 1532. La Sacrée Infirmerie est élevée sur la falaise pourrecevoirlesventslesplusfrais,avecundébarcadèresurleportpourévitertoutepropagationdesmaladiescontagieusesàtraversla ville.Troismédecins assument les soins à tour de rôle avecl’aide de deux assistants, de trois chirurgiens, de vingtinfirmiers, d’un pharmacien et de trois apprentis. En février

1533, il convoque le premier chapitre général et le désignecomme la suprême autorité législative de l’Ordre dont lesdécisionssonttoujourssoumisesauSiègeapostolique.

Il meurt à la suite d’une courte maladie le 21 août 1534.Selon ses dernières volontés, ses entrailles sont déposées àl’église franciscaine de Rabat, près de Mdina tandis que soncœurestoffertà l’égliseduTemple,àParis.Leresteducorpsest enterré dans la chapelle Sainte-Anne, à l’intérieur du fortSaint-Ange.Ilrestedesagénérositéunensembledehuitlivresliturgiquesenluminés,d’originefrançaise,conservédansl’égliseconventuelle.

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G

GabrielduBoisdeLaFerté1644-1702

abriel deLaFerténaît en1644au seind’une familleangevine qui, de génération en génération, fournitl’Ordreenchevaliers.Enfant sage, il estdésignéavec

un de ses frères pour entrer dans laReligion. Son bégaiementincitelesparentsàlaisserdecôtésonéducation;toutefois,sonprécepteurquiluiapprendàlireetàcompter,estfrappéparleraffinementmoraldel’enfant.Àquinzeans, ilpartpourMaltepuis,aprèsquelquessemainesdansl’île,revientenFranceoùilentre chez les gendarmes de laMaison duRoi et sert sous lemaréchal de Soubise. Il complète son éducation lacunaire toutenrestantunjeunehommedehautemoralitésansêtredévot.À24ans,ilrepartpourMalte.Malgréunmaldemerpersistant,ilseportevolontairepourlaguerredeCandie.Àl’issuedecettecampagne, repoussant la date de ses vœux afin de ne pass’engageràlalégère,ilretourneenFrance,sertsouslesordresdeCondéets’illustreàSeneffe.DeretouràMalte,ilprononceenfin ses vœux et intègre l’état-major d’une galère. Lui quihaïssait la mer, part pour la Morée, soutenir les troupesvénitiennes assiégeant Negrepont. La campagne est rude, lamaladie décime les chevaliers. Il se comporte en chrétien etmontre par des gestes simples sa compassion ; par exemple, ilsauve une jeune turque ensevelie sous les décombres d’unemaisonetlafaitsoignerdansuncouvent;ilrachèteunejeunefemmeesclavequ’il place également dansun couvent.Nommécapitaine de galère, il reste dans l’île attendant unecommanderie.Ils’attache,àladifférencedebiendeschevaliers,auxtroisvœuxprononcés:pauvreté,chastetéetobéissance.Le

premier, il l’assumedepuis toujours, étantnédansune familledésargentée ; il semble bien respecter le second quant autroisième, il y adhère scrupuleusement et continue ses coursesmalgré sonmaldemer.LegrandmaîtreAdriendeWignacourtnote la bonne grâce de ce chevalier qui obéit sans jamais seplaindre,quinequémandenihonneurs,nipension.Illenommecapitaine du Casal, puis Provéditeur c’est-à-dire trésorier del’Ordre,surveillantdesgalèresetdeshôpitaux,puismembreduconseil de l’Auberge deFrance. Il vit hors lesmurs, dans unemodestemaison;ilfréquenteunepetitecommunautéforméedecinqfrèresousixfrères,capitainesdegalèrecommelui,vivantensemble,priantetsoignantlesmalades.Enfin, la commanderie arrive, celle de Thiéval (Thévalles),

prèsdeLaval,nonloindesterresdesesparents.IlquitteMalteendécembre1695pourn’yplus revenir.Aprèsun séjour chezsonfrèreoùilfrappelesvisiteursparsaviequasimonastique,ils’installe dans sa commanderie qui devient vite un asile pourtous les pauvres du voisinage. On le voit même donner sachemise à un mendiant en haillons ; mais comme ungentilhommenesedévêtpasenpublic«lecommandeurallaunpeu à l’écart, tira de dessous son justaucorps sa camisole defutaine et la lui donna pour le vêtir ». Ses austérités nel’empêchaient pas de tenir son rang ! Il prend froid pendantl’hiver 1702 et meurt par manque de soin le 28 décembre.Enterrédanslachapelledesacommanderie,sapierretombaleaété entretenue longtemps et il resta dans le souvenir desvillageois un saint et un héros. Cette figure méconnue estattachante, elle reflète bien la sainteté laïque duXVIIe siècle,tellequ’elleétaitencouragéeparlepartidévotetlestenantsdela Réforme catholique. On pourrait y voir une marquejanséniste, mais c’est plutôt l’esprit de Pierre de Bérulle, de

saint François de Sales et de saint Vincent de Paul quitransparaîtdecettevieédifiante.

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discipline très stricte :ondort touthabilléetbotté.Mais, lorsd’un duel qui tourne mal, il « a trop de bonheur » et blessemortellement le jeune Bonaventure de Crécy Mornay. Cemanquementàlarèglel’envoieauxfers;enprincipe,c’estlafindesacarrièrecarilrisquel’emprisonnementàvie.Déodat,desaprison, sollicite la bienveillance du pape Clément XIII tandisquesonpèreintervientauprèsduducdeChoiseul.Finalement,sa peine est commuée en sept mois de détention. Pendant saréclusion, il parfait sa culture, lit Strabon, Hérodote et Plineainsiquedesouvragesdegéologiequi lepassionnent.Rétablidanssesdroitsenmars1769,ilparticipeàsasecondecaravane.DepassagedansleDauphiné,ilrencontreChoderlosdeLaclos,fréquentelessalonsdeGrenobleetdevientmembredediversesacadémies littéraires et scientifiques ; il s’inscrit aux cours dechimie de Jean-BaptisteThyrion dont la fille le charme autantque la science du père. Il aime travailler dans la bibliothèquesomptueuse des La Rochefoucauld, à la Roche-Guyon et enétudier la collection d’échantillons minéralogiques. Il faitplusieursséjoursenBretagne,observant lesminesdeplombetcommencelarédactiond’unCahierd’observation. Ilétudieenparticulierlaformationdusalpêtredanslacraie.Parallèlement,ilsepassionnepourlapolitiqueaméricaine,émuparletextedeBenjamin Franklin sur les droits de l’Homme et s’ouvre auxidéesnouvelles.En 1776, il reprend le chemin de Malte où il mène ses

recherches géologiques et météorologiques. En 1778, ilaccompagnelebailliCamilledeRohan-RochefortauPortugal;ilobserve leseffetsdu tremblementde terredeLisbonneet semet à en chercher méthodiquement les causes. Surpris derencontrer«àchaquepas,despierresbasaltiques»,ildécouvresonoriginevolcaniquede«produitdufeu».Ilaffirmequelesbasaltesproviennentd’unfeuprofondd’origineintratellurique.

ÀNaples, il rencontre le jeune secrétaire d’AmbassadeVivantDenon qui le présente à la société scientifique napolitaine. Ildevient membre correspondant de l’Académie royale desSciences.Cetteannée-là,ilestreçucommeprofèsdansl’Ordre.En 1781, il entreprend un voyage d’exploration géologique enSicileaccompagnéd’unchevalierdessinateur,lecommandeurdeBosredon. Il visite les volcans des îles éoliennes et faitl’ascension de l’Etna en éruption. C’est l’occasion de décrireplusieursminéraux telsque l’analcime, lebéryl, l’émeraude, lacélestineetl’anthracite.

Enthousiasmé par les idées philanthropiques de laRévolution,Dolomieu rentre enFrance en1791, tandis que laLégislative prive de la nationalité française tout citoyenappartenant à un Ordre étranger. Le bailli de Virion,ambassadeur de Malte, tente de sauver les biens maltais,Dolomieu semet à son service. Il se fait inscrire au club desFeuillants tout en poursuivant ses recherches avec Nicolas-ThéodoredeSaussuresur«l’espècedepierrescalcairesquej’aiindiquées aux naturalistes » et qui ne tarderont pas à êtrenommées dolomies. Partisan d’une monarchie réformée, leglissement vers laTerreur l’affole, d’autant que son amiLouisAlexandredeLaRochefoucauld estmassacré sous sesyeux, àGisors, le 14 septembre 1792. Le 18 septembre suivant, laLégislative confisque les biens de l’Ordre.Dolomieu est ruinéalorsqu’ilaàsachargesononcleetsonfrèreàMalteetsamèreetsessœursenFrance.Ilentrecommeprofesseuràl’ÉcoledesMines puis devient inspecteur desMines desAlpes ce qui luipermet de renouer avec lesmontagnes où « il oublie quelquesinstants les crimes des hommes et les viles passions qui lesagitent ».ÀParis, il loge chez la veuveLaRochefoucauld, ensonhôteldelaruedeSeine.

Membredel’InstitutdeFrancedepuis1795,ilyrencontrelegénéral Bonaparte qui l’invite à participer à l’expéditiond’Égypte avec d’autres savants enmai 1798 ; il y effectue denombreux relevés et observations géologiques ; au bout dequelques mois, malade, il décide de rejoindre la France ets’embarque avec le général Dumas, au début 1799. Alors queleurbateaus’abrited’unetempêteàTarente, lespassagerssontincarcérésàMessine.Tandisquel’onrelâchesescompagnons,Dolomieutombantsouslecoupd’undécretdebannissementàperpétuité du royaume de Naples est retenu dans un cachotsordide pendant 21 mois. Toute l’Europe s’occupe à le fairelibérer, le roi d’Espagne, lord Halifax, mais la reine MarieCaroline, lui reprochant sa participation aux intrigues russes,s’acharne à le maintenir aux fers. Il doit sa libération à lavictoiredeMarengo(14juin1800)etàlapaixdeLunévillequifaits’écroulerlasecondeCoalition.DeretouràParis,épuisé,ilassurelachairedeminéralogieauMuséumd’Histoirenaturelle,etmeurtchezsasœur,auchâteaudeCurbigny,le28novembre1801.

SavieromanesqueetaventureuseinspirelesécrivainscommeChoderlosdeLaclosquienfaitlevicomtedeValmontdanslesLiaisonsdangereuses;AlexandreDumasluiempruntelestraitsde l’abbé Faria dans Monte Cristo et il est le géologue duVoyageaucentredelaTerredeJulesVerne.Ainsiquel’écritC.Engel « Dolomieu aurait été de ceux qui pouvaient sauverl’Ordre sur le plan politique, s’il n’avait pas étésystématiquementmalcompris».Ildemeureungrandsavant.

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Seisin Aiskai. Au cours de l’été 1936, il devient chevalier deMalte.Le1ernovembre1937,ilquittelamaisonimpérialepourfaire le tour du monde ; mi janvier 1938, après une étape enTerresainte,ilarriveàRomepourplusd’unmois.Ildonnedesconférences sur le Japondans de nombreuses villes italiennes,puisenmars1938,visitelaFrance,laBelgiqueetl’Espagne,lesÉtats-Unisetl’Amériquedusud.RentréauJapon,ilreprendsesfonctions au palais impérial ; des années durant, il essaie defaire reconnaître la religion catholique par le gouvernementjaponais, soutenu par le délégué apostolique PaoloMarella. Ilmeurt en avril 1942. Sa vie exemplaire est réglée comme celled’unreligieuxoud’unmoinelaïc,sansfairepeserdecontraintesursesproches.Cechevaliertantoccidentalqu’orientalavouluvivre sa foi, la faire partager à ses compatriotes, la mettre auservicede sonpaysetde sonempereur. Il aainsi réponduauxattentesdeBenoîtXVqui lui a confiédes tachesdélicates, lapenséedominantede savieétantde répandre la foicatholiqueauJapon.

F

LudovicoChigiAlbanidellaRovere1866-1951

ils du prince Mario et de Antonietta de SaynWittgenstein,ilnaîtaupalaisfamiliald’Ariccia,danslesCastelliRomani, le10juillet1866.Ilestundesgrands

dignitairesde laCourpontificale. Il est nomméà la chargedeMaréchaldelaSainteÉgliseRomaineparBenoîtXV,le12avril1916,deuxansaprèslamortdesonpère.Gardienhéréditaireduconclave, il confie la garde des tours aux chevaliers deMaltelorsduconclavedemars1939quiélitlecardinalEugènePacelli(PieXII).Ilestégalementmembredel’AcadémiepontificaledesSciences. Chevalier d’honneur et de dévotion, il devientchevalier profès à la mort de son épouse, la princesse AnnaBorgheseAldobrandini,en1898;ilaalors33ans.Ilestadmiscomme chevalier de Justice en 1914 et fait sa professionreligieuse définitive en 1921. Au sein de l’Ordre, son actions’oriente vers la Méditerranée. En 1925, il préside lacommissionmagistrale qui se rend enGrèce à la demande dugouvernement italien, chargée de distribuer les secours auxGrecsréfugiésd’Asiemineurelorsdel’ultimatumdeCorfou.Legrand magistère lui confie la restauration des immeubles del’OrdreàRhodes.IldevientensuitePrécepteurdugrandprieurédeRomeetbaillidejustice.

Il est élu grand maître le 30 mai 1931, dans la salle desconclavesdel’Aventin.Dèssonélection,ilmetl’accentsurlesactivitéshumanitairesetfavoriselarecherchemédicale.Lorsdesa visite officielle à Paris, en 1932, il inaugure le pavillon deMalte à l’hôpital Saint-Louis, orienté vers le soin de la lèpre.

Dès1933,ilsoutientleschevaliersallemandsauxprisesaveclepouvoirhitlérien ;positioncourageusequ’il intensifiependantla guerre. Aux côtés de la Croix Rouge, il essaie d’aider lesvictimes civiles. Après 1944, il agit en faveur des réfugiés del’Europecentraleetorientalefuyantl’avancéedel’Arméerouge,tandisque l’arrivéeaupouvoirdescommunistesdanscespaysdésorganiselesprieurésetlesassociationsnationales.

Il donne à l’institution de l’Ordre un visage résolumentmoderne.Danscebut, il faitapprouver,en1936, lesnouvellesconstitutionsmisesenchantierparsonprédécesseur.Ellessontconformes au Code de droit canonique promulgué en 1917auqueldoiventêtresoumistouslesreligieux.Lesconstitutionsprennentencomptelabaissed’effectifdeschevaliersnovicesetprofès et donnent aux autres chevaliers davantage deprérogatives.Ellesaménagentaussilesactivitéshospitalièresettraitent tous lesaspectsde laviede l’Ordre.Deuxpoints sontchers au prince Chigi : l’accroissement des relationsdiplomatiques pour lui donner une meilleure visibilité et unsoucidecohésionenfaisantserencontreretmieuxseconnaîtreleschevaliersdetoutesnationalités.Àl’occasionduJubilédelaRédemption,célébréen1933etpour lapremière fois, tous leschevaliersdechaquenationsontinvitésàserendreàRome.En1937, lafondationdelaRevuedel’Ordre renforce les liensetfaitcirculerl’information.En1938,legrandmagistèreorganiseunegranderéuniondetousleschevaliersàBudapestautourdel’archiduc Josef de Habsbourg, président des chevaliershongrois. C’est une assemblée de paix au cœur de l’Europeavant la grande déflagration du conflit mondial qui séparerapoursixanstouslesprotagonistes.Ilencouragelacréationdesassociationsnationalesd’Irlande (1934)etd’Argentine (1951).En 1947, il appuie la création, à Paris, de la Société de

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Wismes,Armelde,LesChevaliersdeMalte,Paris,1972.

Tabledesmatières

IntroductionHistoiredel’OrdredeMalteLaViergeodighitriaFrèreGérard1050-1120RaymondduPuyvers1080-1160GuillaumedeChâteauneufvers1200-1258ou59FoulquesdeVillaretvers1250-1319HeliondeVilleneuvevers1263-1346Pierred’Aubusson1423-1503PhilippedeVilliersdel’Isle-Adamsvers1460-1534JeandeLaValetteParisot1496-1568JeandeHabsbourgditDonJuand’Autriche1545-

1578AlofdeWignacourt1547-1622CaravageetquelquespeintresmaltaisPaulAlbertdeForbin,lieutenantgénéraldesgalères

1580-1661GabrielduBoisdeLaFerté1644-1702JacquesFrançoisdeChambray,RougedeMalte1687-

1756PierreAndrédeSuffrendeSaint-Tropez1729-1788

ManuelPintodaFonseca1681-1773EmmanueldeRohan-Polduc1725-1797DéodatdeDolomieu1750-1801

PaulIerdeRussie1754-1801GiovanniBattistaCeschiaSantaCroce1827-1905BernardCabogaCerva1823-1882GaleasvonThunundHohenstein1850-1931ShinijroÉtienneYamamoto1877-1942LudovicoChigiAlbanidellaRovere1866-1951AntoniodeMojanadiCologna1905-1988AndrewBertie1988–2008LessaintesetlessaintsLaMédecineetquelquesmédecinsdel’Ordre

ConclusionMatthewFesting,79èmegrandmaîtreRemerciementsBibliographieindicative

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