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Il s’épanouit au XVIIe siècle à La Haye, Utrecht et Haarlem notamment, favorisé par une richesse
commerciale sans précédent. Marchands et capitaines,dont les portraits fixent le visiteur, y jouèrent un rôle
prépondérant. Signés Rembrandt, Frans Hals, Vermeer,ils émeuvent les foules. Au XXe siècle, Escher et Rietveld
retiennent à leur tour l’attention. De nos jours, lecharme discret des villes hollandaises rayonne.
TEXTE DANIELLE TRAMARD - PHOTOS FRÉDÉRIC REGLAIN
PLUS DE CONTENU
SUR TABLETTE
À Utrecht, toute l’année, quandtombe la nuit, Trajectum Lumen meten lumière la ville, colorant ici lecanal Oudegracht et soulignant les reliefs de la tour du Dôme.
WEEK-END PAYS-BAS
LA HAYE // UTRECHT /
/ HAARLEM
LE SIÈCLE
D’OR
WEEK-END PAYS-BAS
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SCHEVENIGEN, IMMENSE PLAGE, ÉVOQUE L’ATMOSPHÈRE BRUMEUSE DESTOILES DE RUYSDAEL ET VAN DE VELDE
La station balnéaire de Scheveningen. Au centre, le Grand Hotel Amrâth
Kurhaus, Belle Époque, contemple lesimmenses plages de la mer du Nord.
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En face du musée Frans Hals,Groot Heiligland à Haarlem.Les façades des habitationspour vieillards faisaient partie de l’ancien hospiceSainte-Elisabeth.
WEEK-END PAYS-BAS
TÉMOIGNAGE DE L’INFLUENCE HOLLANDAISE : DE LA BALTIQUE JUSQU’À
SAINT-PÉTERSBOURG, LES MAISONS ADOPTENT LES PIGNONS À REDENTS
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Deux niveaux de quais, l’un au ras de l’eau, caves voûtéesservant d’entrepôts reliés auxmaisons, l’autre au niveau de la
rue, font le charme uniqued’Utrecht. Tous deux noirs demonde dès que le soleil brille.
dilemme, la majorité est catholique. Le pragma-
tisme dicte un compromis. Les catholiques pour-
ront pratiquer dans leurs églises pourvu qu’elles
soient cachées. D’où ces églises clandestines mais
cependant connues de tous. Un brin d’hypocrisie
pour beaucoup de tolérance…
L’Âge d’or ne fut pas exempt de guerres, le conflit
avec l’Espagne se poursuivant jusqu’en 1648.
Mentionnons une stratégie qui favorisa la victoire :
alignés sur sept rangs, les soldats tiraient puis recu-
laient pour recharger leur arme, laissant la place
à d’autres, ce qui donnait un feu quasi continu.
L’immigration, importante, soutint l’économie. Les
Flamands ressuscitèrent l’industrie du drap à
Haarlem et établirent un réseau international de
marchands. «Sans ces immigrants, la République
ne serait jamais devenue la puissance économique
qu’elle fut et l’Âge d’or aurait été moins doré »,
écrivent Hans Goedkoop et Kees Zandvliet, histo-
riens auteurs d’un livre passionnant, The Dutch
Golden Age, d’où nous tirons ces informations.
La flotte joua un rôle primordial. Les Pays-Bas
approvisionnaient la Baltique, l’Europe, et éten-
daient leurs échanges jusqu’à Batavia, antique nom
de Jakarta, alors siège de la VOC, la Compagnie
néerlandaise des Indes orientales, pendant presque
deux siècles, de 1619 à 1799. Nos auteurs la consi-
dèrent comme la première multinationale aux
actions négociées en Bourse ! À la fin du XVIIe, leur
valeur avait quintuplé. Enfin, ultime témoignage
de l’influence hollandaise, l’architecture : autour
de la Baltique et jusqu’à Saint-Pétersbourg, les mai-
sons adoptent les pignons à redents.
Idiosyncrasie propre à ce petit pays, les deux pro-
vinces le long de la côte, Hollande septentrionale
et méridionale, où sont situées LaHaye et Haarlem,
constituent la Hollande, les autres provinces avec
Utrecht, les Pays-Bas.
D ans la rue silencieuse, un léger cli-
quetis. Une femme, dos droit,
pédale dans un léger balancement
du corps. À La Haye, Haarlem,
Utrecht, la bicyclette est reine. Et leur nombre ne
fera qu’augmenter au fil des jours. Siège de la plus
grande université du pays, Utrecht grouille de bicy-
clettes. Décorées d’accessoires : fleurs, sacoches,
paniers, cageots, sièges de bébé, pour se distin-
guer des milliers qui attendent, appuyées au
parapet des quais. Les précèdent un cliquètement
grinçant si elles sont rouillées, un frottement léger
sur la brique qui pave les rues, assumant diverses
positions pour guider le pied sur la chaussée
réservée à la petite reine, sur la voie piétonne plus
étroite, ou sur le bas-côté transformé en parking
à vélo. Passent un peloton riant, deux commères
roulant de front ou, pur bonheur, un jeune papa
poussant un petit carrosse oblong où des yeux
bleus ravis regardent la ville.
Canaux, maisons à pignon, carillon donnent le sen-
timent de pénétrer dans le tableau d’un grand
maître. Pas de boutique dite « branchée ». La
Hollande efface la modernité et se donne à voir
dans son authenticité pure et simple, savoureuse
et tranquille, sûre de ses secrètes beautés.
Un siècle, le XVIIe, l’a forgée. Son Âge d’or ouvre
la porte à l’époque contemporaine, les Pays-Bas
préfigurant l’Europe d’aujourd’hui. La guerre fait
rage entre la très catholique Espagne de
Charles Quint et la Hollande sur le point d’em-
brasser la Réforme. Guillaume d’Orange dans son
discours du Nouvel An 1564: «Je ne puis approuver
les souverains qui veulent régner sur la conscience
de leurs sujets et les priver de liberté religieuse.»
En 1573, il choisira le calvinisme. En 1581, les
Provinces lui emboîtent le pas, refusant de se sou-
mettre à Philippe II, fils de Charles Quint. Mais,
PARCOURUE DE CANAUX OÙ BOURDONNENT LES RESTAURANTS, CES CITÉS OFFRENT
UN BONHEUR DE VIVRE DISCRET.
WEEK-END PAYS-BAS
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Mauritshuis le « palais de Maurice », incarne la
grâce, la dignité, la douleur. Et la vérité. Voyez
l’Autoportrait de Rembrandt : depuis des siècles, le
maître du clair-obscur nous regarde, une lueur d’in-
quiétude au fond des yeux. Rembrandt et ses cent
nuances de noir. Les spécialistes vous parleront
de ses empâtements au couteau, une technique
avant-gardiste en faveur aujourd’hui. Regardez aussi,
avec les yeux du cœur, Rubens et sa Vieille femme
et Garçonnet aux bougies (1616-1617), aussi atten-
tivement que, de Vermeer, La jeune fille à la perle
(1666) et, si calme au matin, la Vue de Delft (1660),
ville natale du peintre représentative des villes hol-
landaises. Admirez le captif Chardonneret (1654),
de Carel Fabritius, sans oublier les natures mortes,
un art national maîtrisé.
En totale rupture voici, dans un ancien palais XVIIIe
de la reine Emma, le délire géométrique d’Escher,
le maître des métamorphoses. Le monde d’Escher
est fait de trompe-l’œil, il donne le vertige avec
ses perspectives audacieuses, ses transformations,
déformations convexes et concaves qui se jouent
de la diffraction du verre. Au troisième étage,
démonstration dans une pièce au sol en échiquier
noir et blanc, ses couleurs.
Au loin, maisons serrées les unes contre les
autres sous les flèches d’églises perçant un ciel
floconneux.À nos pieds Scheveningen, sable jonché
d’épaves, bateaux de pêche échoués, travailleurs
de la mer réparant leurs filets. Des chevaux atten-
dent patiemment sous le soleil, les ombres se pro-
filent sur le sable. Une scène comme le pays en a
connu tant. Le panorama Mesdag, peint en quatre
mois, en 1881, est un faux glorieux, un trompe-l’œil
réussi. Peu de temps après, la photographie fit
son apparition, les panoramas périclitèrent.
Heureusement, subsiste celui-ci.
Scheveningen, immense plage du nord, évoque l’atmo-
sphère brumeuse des toiles de Ruysdael et de Van
de Velde. En hiver, frissonnant dans l’air vif qui rougit
les joues, poussez la porte d’un café. Le chocolat
brûlant aura plus de saveur. Ce jour-là, des villageois
de Staphorst en costume traditionnel évoquaient
les dames en longues robes de jadis… Précision :
aujourd’hui, c’est Rotterdam qui gagne l’argent que
l’on dépense à LaHaye, élégante et cultivée.
LaHaye, bourgeoise autant qu’aristocrate, ouvre
le bal. Ainsi apparaît le palais royal, bâtisse crème
à un étage et fronton central autour d’une cour
fermée de grilles. En son centre, une couronne et
un écusson avec la devise « Je maintiendrai », la
Cour, au XVIIIesiècle, comme d’autres monarchies
européennes, parlant français. Ici travaille le roi.
Tout au long de Noordeinde, bow-windows, fenê-
tres à guillotine, disent l’essence patricienne de
la rue. Car si Amsterdam enfile le costume de capi-
tale, La Haye abrite le Parlement, le gouverne-
ment, la famille royale, les ambassades et la Cour
de justice internationale qui lui donnent un petit
air cosmopolite.
LaHaye apparaît sur la carte au XIIIe siècle quand
le comte de Hollande fait construire un pavillon de
chasse qui deviendra le château autour duquel
grandit Sgravenhage, le «village du comte». Il attire
au fil du temps l’aristocratie et, aujourd’hui, les diplo-
mates dont les résidences occupent les belles villas
de Hollandais enrichis dans le commerce avec l’Asie.
Aussi donne-t-on à La Haye le nom familier de
«veuve de l’Indonésie»… Autour du Hofvijver, l’étang
de la Cour, le Parlement, Binnenhof ou «cour inté-
rieure » entourée de bâtiments de différentes
époques, où le roi prononce, le troisième mardi de
septembre, Jour des Princes, le discours du Trône
écrit par le Premier ministre, ouvrant ainsi la ses-
sion parlementaire. Le Mauritshuis et, à sa gauche,
une tour discrète, le bureau du Premier ministre.
Le Jour des Princes, un carrosse doré emmène les
souverains du palais de Noordeinde au Parlement.
Une foule bon enfant se presse derrière les bar-
rières, agitant des drapeaux orange, près des sol-
dats l’arme au pied. Sous les arbres de Lange
Voorhout défilent les régiments jouant de la
musique militaire, un détachement de cavaliers en
uniforme chamarré, la maison royale et, finalement,
le roi et la reine dans leur carrosse construit en
1898 pour Wilhelmine. Le premier roi des Pays-
Bas était français. Louis-Napoléon, frère de
Napoléon Bonaparte. Lui succédèrent trois rois pré-
nommés Guillaume (Willem) et trois reines,
Wilhelmine, Juliana et Beatrix, avant, aujourd’hui,
Willem-Alexander qui a épousé Maxima, une rotu-
rière argentine très populaire.
Le Jour des Princes, le carrossedoré du roi Willem-Alexander etde son épouse Maxima s’engagedans Lange Woorhout pour se
rendre au Parlement.
Ces chefs-d’œuvre duMauritshuis, palais XVIIe devenumusée en 1822, éclatent sur lasoie française rouge de la salle
de l’Escalier.
Le quartier des ministères dresse fièrement son
architecture contemporaine. À gauche, Hoftoren, achevé en
2004, abrite celui de l’Éducation,de la Culture et de la Science. Ses
lignes blanches futuristes sontl’œuvre d’un cabinet new-yorkais.Puis viennent les ministères de laJustice, de la Santé ainsi que de
l’Intérieur et des Affairesroyales. De dos, la statue deGuillaume le Taciturne, prince
d’Orange, sur Het Plein, dans lavieille ville.
WEEK-END PAYS-BAS
LA HAYE ROYALE De prestigieux musées, dont le Mauritshuis rénové, ont fait la renommée de cette ville cosmopolite, élégante et cultivée.
HÔTEL DES INDESUn portrait en pied de MataHari, d’Isaac Israëls, vous
accueille. Bienvenu dans cepalais construit par un baronen 1858, puis devenu palace
pour rois et chefs d’État participant notamment à laConférence internationale
de la Paix, en 1899. Historique donc, élégant,
son aggiornamento ayant étéconfié au brillant décorateur
Jacques Garcia.
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Six ans plus tard, en 1784, le Teylers Museum ouvre.
Il est resté en l’état, si bien que, fait rarissime, le
visiteur contemple un musée du XVIIIesiècle, éclairé
à la lumière naturelle afin de garder son atmosphère
d’origine. Premier achat, l’Encyclopédie de Diderot,
puis tous les livres importants de l’histoire natu-
relle des XVIIIe et XIXe siècles. Dans les domaines
les plus divers : astronomie, géologie, physique,
botanique… Et des instruments scientifiques anciens.
Mais aussi, à l’abri de la lumière, les dessins, trop
fragiles pour être montrés. Aussi des fac-similés de
croquis de Michel-Ange ou de Rembrandt ont-ils
été tirés. La Fondation, qui gère le musée, a notam-
ment acquis les collections de dessins d’une grande
érudite, la reine Christine de Suède.
Fraise blanche, habit noir et cordon rouge, ils
posent. Tous ne regardent pas le peintre. Ils vien-
nent de faire bombance ces joyeux drilles aux joues
rougies par le vin. L’on aura reconnu le Banquet
des officiers du corps des archers de Saint-Georges
(1616). Dans le fond, un drapeau aux couleurs de
leur compagnie. La visite se déroule au son des
carillons posés dans les salles, devant ces hommes
et ces femmes, calvinistes sans doute, en noir,
contrastant avec les scènes villageoises débordant
de gaieté. Frans Hals (1580-1666), né à Anvers,
vécut à Haarlem, aussi est-ce justice que son musée
soit ici. Une maison de poupée richement décorée
donne une idée précise d’un intérieur hollandais
au XVIIIe siècle.
Pourquoi ce goût effréné du noir ? Modestie, sim-
plicité ? Non. Le noir était un signe de richesse
car il devait subir plusieurs bains pour obtenir un
reflet profond. Garnitures et accessoires d’un blanc
éclatant et raide étaient en lin, en laine peignée,
les broderies extrêmement fines. Vers 1630, avec
l’opulence vint l’attrait pour les couleurs cha-
toyantes. Le rouge, le jaune, l’or remplacèrent le
noir omniprésent. Pour les mettre en valeur, l’ex-
travagance des châles, des ceintures à nœud bouf-
fant, des chapeaux à plumes et larges bords tenus
négligemment à la main par de fiers patriciens…
La guerre s’éloignant, vint le temps de rire, de
boire, de patiner sur les lacs gelés. C’est tout cela
que Frans Hals donne à contempler dans l’éton-
nant musée qui porte son nom.
Villageoise, bon enfant, la ville de Frans Hals
était, au Xesiècle, un bourg de pêcheurs au bord
de la rivière Spaarne rendu prospère, aux XVIe et
XVIIe, par la construction navale, le textile et le bras-
sage de la bière. Non sans influence sur le peintre
de la joie de vivre. L’un de ces bourgs ceints de murs,
avec des portes que l’on fermait le soir, entouré de
terres agricoles fournissant nourriture, combustible
– la tourbe – et eau. Négociants, drapiers et bras-
seurs font la fortune de Haarlem quand le comte
de Hollande y installe sa résidence, au XIIesiècle. Il
fait construire sur Grote Markt, la Grand-Place, un
pavillon de chasse devenu hôtel de ville, patchwork
de styles intéressants. Retenons, à l’angle, un édi-
fice marqué d’un cartouche blanc : ici était imprimé
le Haarlem Dagblag, premier journal de la ville. Il
existe toujours.
Sur cette même place où avaient lieu les joutes, les
habitants élevèrent en cent cinquante ans, de 1370
à1520, la Grote Kerk ou église Saint-Bavon, de style
flamboyant, dotée d’un orgue du grand facteur
Christian Müller : cinq mille soixante-huit tuyaux,
trois claviers, un pédalier et soixante-cinq registres
que firent sonner Haendel en 1740 et 1750, Mozart
en 1766 et, plus tard, Mendelssohn, attirés par sa
renommée. Achevé en 1838, après quatre années
de labeur, c’est l’un des cinq plus grands au monde.
Le buffet d’orgue à dorures, en bois de pin teinté
acajou, est dominé par deux lions portant les armes
de la ville. Au sol, de grandes dalles usées : les pierres
tombales. Dans le chœur est enterré Frans Hals : une
simple dalle noire à son nom et deux dates.
Particularité de Haarlem, les hofjes, anciens hos-
pices pour vieilles dames, enclos de charme,
des béguinages en somme. Imaginez une pelouse
et un bassin gazouillant entourés de maisons de
poupées. Maisons vraiment petites – quelque vingt-
cinq mètres carrés – mais si soignées. Une habi-
tante vous fera peut-être visiter son logis aménagé
avec goût de façon à ne point perdre de place. Hofje
Van Bakenes fut fondé en 1395, mais la plupart
datent du XVIIe siècle. Sur la quarantaine des ori-
gines, il en reste vingt, propriété de la ville ou regrou-
pées en associations.
Pieter Teyler, homme des lumières, lègue sa for-
tune à sa ville afin qu’elle soit consacrée à la science.
Le Banquet des officiers de laGarde civique de Saint-Georges, de Frans Hals (1616), dont lesnoms et grades sont précisémentconnus, et la reconstitution d’une table d’époque.
Grote Markt, la Grand-Place,délimitée par l’église Saint-Bavon et, ici, l’hôtel de ville de Haarlem, ancien pavillon dechasse du comte de Hollande.
WEEK-END PAYS-BAS
Canal scintillant, le Bakenessergrachtfermé, au fond, par l’anciennebrasserie De Olyphant, l’Éléphant,construite sans doute au XVIIe siècleau bord de la rivière Spaarne. Deuxmaisons jumelles, en brique décoréede pierre, signe de richesse, et pignonsà redents, toujours très en faveur.
La ville de Frans Hals séduit par le charme intime et discret émanantdes hofjes et du musée de ce jovial artiste, son peintre emblématique.
HARLEM - NEW YORKÉMIGRATIONFÉCONDEDifficile d’imaginer que cettepetite ville paisible est à l’ori-gine d’un quartier branché aunord de la Grosse Pomme. Etpourtant ! Le premiercomptoir hollandais fut établidans le sud de Manhattan et levillage de Harlem fondé en1658 par le gouverneur PieterStuyvesant qui emprunta lenom de cette ville desProvinces-Unies.
HAARLEM BUCOLIQUE//
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Joyau de la ville, l’église cachéeSaint-Willibrord, premier évêqued’Utrecht. La finesse du décor decette beauté néogothique éclate
au premier regard.
Catharijneconvent, le très beau musée du couvent Sainte-Catherine, dédié à l’art religieux
et à l’histoire chrétiennemouvementée des Pays-Bas,expose dans un monastère
médiéval statues polychromes etpeintures sur bois qui émeuvent
le visiteur, fût-il incroyant.
Du sommet de la tour du Dôme,contempler la ville ancienne :Oudegracht, le vieux canal, et
le clocher de Buurkerk abritantle musée de la musique.
WEEK-END PAYS-BAS
croisée d’ogive. Au-delà, la zone piétonne, très animée.
Willibrordkerk nous laisse un souvenir impérissable.
Cette église catholique, cachée, construite en 1875,
est la plus belle de style néogothique des Pays-Bas.
La place disponible étant étroite, les architectes lui
donnèrent vingt-sept mètres de hauteur. Tout ce
qui fait un lieu d’exception est ici réuni : une féerie
de couleurs sur les murs, un décor médiéval, des
boiseries sculptées et des vitraux qui filtrent la
lumière. Quand le chant grégorien s’élève lors de
l’office du dimanche ou lors d’un concert, le visi-
teur est transporté par ce « secret véritablement
céleste ». Elle est dédiée à saint Willibrord, pre-
mier évêque d’Utrecht, au VIIIe siècle.
Au Museum Catharijneconvent, le musée du cou-
vent Sainte-Catherine, condensé de l’histoire
religieuse mouvementée des Pays-Bas, point n’est
besoin d’être croyant pour être touché par la grâce
de Vierges délicates, le magnifique tableau du Christ
crucifié (1490), les objets du culte en or, et amusé
d’apprendre que, sur les tableaux qu’ils avaient com-
mandités, les donateurs se faisaient représenter. Ô
surprise, ce musée abrite un Rembrandt coloré,
daté de 1626, le peintre avait alors vingt ans !
Excentrée, décalée, sous le patronage du Centraal
Museum qui présente une collection de tableaux de
maîtres de la ville, la maison Rietveld Schröder, porte
les noms de son commanditaire et de l’architecte
qui la réalisa. Membre du mouvement artistique De
Stijl – le Style –, Gerrit Rietveld dessina en 1924
une maison étonnante, aux cloisons modulables qui
s’ouvrent et se referment, privilégiant les couleurs
primaires, le noir et le blanc. Inscrite au patrimoine
mondial, elle préfigurait déjà l’avenir.
Utrecht, fin du voyage, qui résume si bien la Hollande,
ces villes de silence où cliquettent les bicyclettes,
où s’éparpillent soudain les notes d’un carillon, nous
a séduits. Parcourue de canaux, de quais au ras de
l’eau chatoyante, de rives moussues sous les grands
arbres. Au niveau supérieur tournoient, silencieuses,
affairées, des milliers de bicyclettes. Au niveau infé-
rieur bourdonnent les tables des cafés, des restau-
rants frôlant l’eau. Une femme chante, la lumière
des réverbères tremble sur l’onde. Un bonheur de
vivre, discret, sans effusions inutiles.
Avenante et joyeuse, voici Utrecht, siège de la
plus grande université du pays, quelque quarante
mille étudiants nourrissent son effervescence. Au
début du XVIesiècle, c’était la plus grande ville des
Pays-Bas du Nord, environ vingt-cinq mille âmes.
Car Utrecht est fille du Moyen-Âge : ses édifices
en couvrent la plus grande superficie.
Ses canaux sont uniques au monde. Un ingénieux
système médiéval utilisant la différence de niveaux
entre les rues et les quais reliait entre elles les
caves voûtées immenses servant d’entrepôts. Il
faut y circuler pour comprendre que Oudegracht,
le vieux canal central nord-sud, était un véritable
port en usage jusqu’au XIXe siècle. Trois kilomè-
tres d’eau verte bordée, de chaque côté, par les
caves des maisons à l’étage supérieur. Parallèle,
Nieuwegracht, le nouveau canal, et enfin un canal
défensif entourant la ville. Sur leurs rives se sont
construits quelques-uns des monuments mar-
quants d’Utrecht. Ainsi, dans la courbe voluptueuse
de l’Oudegracht, l’hôtel de ville historique est com-
posé de sept maisons du Moyen-Âge, dont deux
ceintes de murs néoclassiques. En face, le Winkel
van Sinkel, statues néoclassiques de 1840, devenu
grand café d’où l’on observe la vie qui va. En bas,
les quais sont noirs de monde. Sur la rive, les
grandes halles des maisons de riches marchands
telle Drakenborch aux pignons à redents, en tuf à
l’origine, la façade ayant parfois été modifiée au
Siècle d’or. Une immense bâtisse de quatre étages,
Oudren, se distingue par ses caves de 1300. Quittant
les quais, gagner la vaste place Neude, colonisée
par les terrasses de cafés, contempler l’ancienne
Poste, un édifice dans le style de l’École
d’Amsterdam, ses milliers de briques disposées en
motifs. Au sud le quartier des musées, calme, avec
le campanile en son centre.
Domtoren, la tour du dôme, la plus haute (112m)
des Pays-Bas et icône de la ville, est reliée par une
arche à Domkerk, la cathédrale Saint-Martin. Las, en
août1674, une tornade détruisit cette arche sauvant
ainsi la tour. De la cathédrale subsistèrent le transept
et le chœur, gothiques, d’une hauteur vertigineuse.
En prendre la mesure en allant à l’extérieur, derrière
le chœur, admirer les arcs-boutants soutenant la
La plus importante université des Pays-Bas fait de cette cité duMoyen-Âge une ville jeune et dynamique dont les églises rayonnent.
GRAND HOTEL KAREL V
Il porte le nom deCharles Quint qui y séjourna àl’hiver 1546, hôte de l’ordredes Chevaliers teutoniques.
Son architecture à toitplongeant évoque les
puissantes bâtisses de Forêt-Noire. Tout, ici, est vaste,
élevé, grand. Une aile XVIIIe
abrite les chambres. Quedemander d’autre si ce n’est un
parc centenaire où l’ondéjeune quand brille le soleil.
Guide pratique pages93 et 94.
UTRECHT SÉDUISANTE//