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Graux (Charles), Essai sur les origines du fonds grec de l’Escurial. Épisode de l’histoire de la renaissance des lettres en Espagne, 1880

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Graux (Charles), Essai sur les origines du fonds grec de l’Escurial. Épisode de l’histoire de la renaissance des lettres en Espagne, 1880.http://archive.org/details/bibliothquedel46ecol

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  • BIBLIOTHQUEDE l'cole

    DES HAUTES TUDESPUBLIEE SOUS LES AUSPICES

    DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

    SCIENCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES

    QUARANTE-SIXIEME FASCICULE

    ESSAI SUR LES ORIGINES DU FONDS GREC DE l'eSCURIAL,

    PAR CHARLES GRAUX.

    PARIS

    F. VIEWEG, LIBRAIRE-DITEUR67, HUE RICHELIEU, 67

    M

  • \ lai.

    /tS-7i

  • ESSAI

    LES ORIGINES DU FONDS GREC DE L'ESCURIAL

  • Chartres. Imp. Durand frres, rue Fulbert.

  • ESSAI

    LES ORIGINES DU FONDS GREC

    L'ESGURIAL

    EPISODE DE L HISTOIRE DE LA RENAISSANCE DES LETTRES

    EN ESPAGNE

    CHARLES GRAUXRPTITEUR A l'cole PRATIQUE DES HAUTES TUDES, SOUS-BIBLIOTHCAIRE

    A LA BIBLIOTHQUE DE l'uNIVERSIT.

    PARIS

    F. VIEWEG, LIBRAIRE-DITEUR67, RUE DE RICHELIEU, 67

    t880

  • Digitized by the Internet Archive

    in 2010 witii funding fromUniversity of Ottawa

    http://www.archive.org/details/bibliothquedel46ecol

  • A MONSIEUR

    DON MANUEL REMON-ZARCO DEL VALLE

    BIBLIOTHCAIRE DU ROI D'ESPAGNE.

  • TABLE DES CHAPITRES.

    Introduction : Du caractre de la renaissance des lettresgrecques en Espagne.

    Pages.

    Objet de cette introduction. I. Les humanistes. II. Lesphilologues. ^ III. Les hellnistes espagnols. Les deuxNuiez, Paez de Castro, Laguna, Antoine Augustin, Cardona. IV. La philosophie et la mdecine grecque, le droit cano-nique et le droit byzantin, les Pres de l'Eglise d'Orient, sonttudis en Espagne. On n'y publie point de textes grecs,mme indits. V. Les Espagnols collectionneurs de livresgrecs. Projet de fonder une bibliothque royale Valladolid

    ;

    cration de celle de l'Escurial 1

    PREMIRE PARTIE : Lcs anclois fonds.

    Chai'itrk l'RKMiER : Foudatiou du monastre de l'Escurial. I. Conseils d'Ambrosio de Morales sur la cration de labibliothque du monastre; collection Gonzalo Perez. II.Collection Honorato Juan. III. La bibliothque du cardinalde Burgos. Prix des manuscrits grecs vers la lin du seizimesicle. IV. La bibliothque du cardinal n'est pas acquisepour l'Escurial. La bijjliothquc du cardinal Tolde, puis Coria et Plasencia. V. Episode : la bibliothque deZurita, la chartreuse d'Aula-Dei et Philippe II 31

    Chapitre sf.cond : La bibliothque du cardinal de Burgos (suite)

    .

    Elle se retrouve en grande partie la Bibllotcca iiacioital.Reliures et autres signes de provenance. II. Le Mmorialdes livres du cardinal. III. Les copistes du cardinal. IV. Juan Paez de Castro. Les hellnistes au concile deTrente. La bibliothque de Paez. V. Destine de quelques-uns des manuscrits de Paez. Le titre De le^atioiiibus. Lemdecin Laguna, traducteur de Dioscoride, et le manuscritancien de Dioscoride que possdait Paez 60

    Tableau des manuscrits grecs de la Bidlioteca nacional deMadrid qui proviennent du cardinal de Burgos 7.3

    CuAiMTRK TRoisiMK : I. Uu Certain fonds de manuscrits grecsfort apprci d'Alvar Gomez. iMatteo Dandolo, de Venise, et

  • X TAUI.K l)i:S CHAPITIIKS.

    sa collection de manuscrits grecs. ^11. Le gentilhommecorliotc Antoine Epanjne. Il voyage dans le Levant pourrecueillir des manuscrits grecs. Il en vend Franois F'', labibliothque d'Augsbourg, l'Escurial, etc. Les reliures anti-ques ne sont pas respectes l'Escurial. > III. Zle dployen Italie par (lu/.man de Silva et Madrid par Antonio Graciaii, pro])os de la jiiiita tic libros. IV'. Le marchand vni-tien Sicolo larelli offre vingt-deux manuscrits grecs en prsent Philippe II. ^ V. Le philosophe et polygraphe FrancescoPatrizi vend des manuscrits grecs l'Escurial 10:2

    Collection J)am)oi-o de mamscrits grecs a r.'EscuniAi. 108

    (hiAiMTRi-. QL'VTRiMF. : I. Pcdro Poucc dc Lcfm, vque dePlascncia ; sa bibliothque. Le prt des manuscrits au seizimesicle. i:; II. Petits fonds de provenances diverses : Serojas,Don (Carlos, Francisco de Rojas, les livres du Palais. III.Premire livraison de vohmies faite par ordre du roi au monas-tre de l'Escurial. Le d[)t provisoire, i)our le temps antrieur cette livraison, a d tre La Fresncda. IV. La Ixblio-thcpic particulire du roi. Reliures de Salamanque. V.Le catalogue de la bibliotli([ue particulire du roi. Quand cecatalogue a-t-il disparu d(> l'Uscurial? 130

    DEUXiKMK l'AiTU". : Lc Foluls Mentlozci.

    CiiAi'rruE ciXQUiibiK . Entre du fonds Mendoza. 1. DonDiego llurtado de Mendoza. Formation de sa bibliothque.

    II. Mendoza (envoie iNicolas Sophiaiuis en Orient la recher-che de livres grecs. (Cadeau de manuscrits adress Mendozapar le sultan Soliman. i^ III. Mendoza emprunte labil)lioth([ue St-Marc de Venise des manuscrits pour les fairecopier ; on l'a accus tort de ne pas les avoir rendus. Ai-noldArlenius, bibliothcaire de Mendoza. Co|>istes grecs: Nicandre(ou Andronic) \uccius, etc. Activit dploye par Mendozapour se procurer des textes grecs de tout genre 163

    (iuM'iriu. sixiKMr. : I, Le catalogue dtaill, aujourd'huidisparu, des manuscrits grecs de Mendoza. On en |)ossde nnabrg sous le titre de : Mmorial de las lihro.s f;r/e'cniTrRE, entre les p. 'lO'l et203.

    Ohvimtrk si'.t'TiiMic : I. Criticjuc de la lUhliot/icca lunversalislie Gesner. Ce cju'on en peut tirer pour la reconstitution dufonds grec de Mendoza.

    ^ IL Usage de la correspondancede Paez de Castro, et de celle d'autres sav.mts du mme temps.Usage des prfaces d'ditions princeps. \a\ registre dn prt de

  • TABLE DRS CHAPITRES ET J)E L APPENDICE. X

    la Marciana. III. Tableau de la collection de manuscritsgrecs de .Mendoza. IV. Conclusions sur cette collection. . ^^SS

    Tableau de i-a bibliothque grecque de Mendoza 25:i

    Troisi'nie partie : Les Derniers Fonds.

    Chapitre uuitimf. : I. Les manuscrits grecs de Diego deCovaiTubias refuss par l'Escurial. Livres apports par DonSylvestro Marolo. II. Notice biograpiiique d'AntoineAugustin. Le copiste et colporteur de livres grecs, AndrDarmarius, d'Epidaure : son atelier de copie, ses voyages enEspagne, son im[)robit littraire. Manuel Glynzunis, de Chio. III. Le catalogue imprim de la bibliothque d'Augustin.Statistique de cette bibliothque. A quels signes reconnait-on, l'Escurial, les manuscrits qui proviennent d'Augustin ?Nombre de ces manuscrits, l^e rappf)rt du docteur Valverdesur les manuscrits grecs de l'Escurial et sur ceux d'Augustin.Tous les manuscrits grecs d'Augustin entrrent l'Escurial.De l'usage actuel du catalogue imprim d'Augustin. IV.Ngociations, qui n'aboutirent point, en vue de l'achat de labibliothcpie du cardinal Sirlet. Le manuscrit grec d'AriasAlontano. V. Rangements successifs de la bibliothque del'Escurial. Opinions d'Antoine Augustin et de Cardona surl'installation et le service de la bibliothque. Projet d'unePalographie grecque et latine. Classement du Pre Siguena. VI. Installation en 1667, et installation actuelle. L'in-cendie de 1671 et ses ccmsquences 275

    Chapitre neuviime : Acci'oissements du fonds grec pendant lexvii^ sicle. I. Manuscrits grecs d'Antonio de Covarrubias.A quels signes on les reconnat. Liste de ces manuscrits. ^5 II. Fonds divers. Vicente Mariner. Le Demetrlus Cydoinusde Charles-Quint. HL Bibliothque du comte-duc d'Oli-vaies. Sort des manuscrits grecs qu'avait recueillis Zurita. l^aHibliotlicca scLccta du comte-duc. Le comte-duc ac(|,ureiu'des livres grecs de matre Alvar Gomez, de Tolde. Un lvede Darmarius, Antoine Calosynas, de Crte. Juan Vergara.Blasco de Alagon. IV. L'original del Chroiquc pascale. 321

    RSUM i.T Conclusion 353

    Appendice. IN" 1. Dbut et (in de la prface mise par Diegollurtado de Mendoza sa traduction esjjagnole de la Mcaniqued'Aristote 357

    N" 2. Mcniorial de los lihros

  • XII TABLE DE L APPEIVDICE.

    N 5. Lettre de Paez de Castro Cazalla 402

    N" 6. Extrait d'une lettre de Paez de Castro Honorato Juan. . 404

    N" 7. I. Extrait de la prfiice de l'dition princeps de FlaviusJosphe 406

    II. Extrait de la prface de l'dition princeps de Zacharias deMytilne 407

    N" 8. Extrait de l'ancien registre du prt de la bibliothqueSaint-Marc de Venise 408

    N 9. Catalogue de cent manuscrits grecs mis en vente parAntoine Eparque 413

    N 10. Mmorial de los libros ciel ill"^^ y /"'" senor cardinal deBurgos que aya gloria. (Extraits.) 417

    N" H . Copia de carta escripta par el d' Paez al sccr MatheoMasquez sobre cl prccio de libros manuscriptos 427

    N" 12. Acte du notaire qui assista Ambrosio de Morales dansl'inventaire de la bibliothque de feu Paez de Castro 429

    N 13. i^ettre de Sbastien de Lon Antoine Augustin, concer-nant Darmarius 433

    N" 14. Lettre de matre Alvar Gomez 436

    N 15. Lettre italienne de Darmarius Ant. Augustin 439

    N 16. Lettre de Gracian Augustin, avec la rponse de ce der-nier, sur l'organisation de la bibliothque de l'Escurial .... 440

    N 17, Lettre grecque de Manuel Glynzunis, de Chio, Augustin 442

    N" 18. Extraits de la correspondance latine change entre A.Schott et H. Cock 444

    N" 19. Relacion de lo que cl dotor f'ah'crdc lzo en S. Loreiicoel Real '. 450

    JN" 20. Liste des manuscrits grecs d'Antoine Augustin encoreexistants l'Escurial 458

    N 21. Annotations manuscrites dans un exemplaire de la: Jnt.Augustini Bibliotlicca graeca rusta 460

    N" 22. Note de David Colvil 462

    N*" 23. Tableau des manuscrits grecs encore existants l'Escurial,rangs selon la classification (jui tait en usage lors de l'in-cendie de 1671 464

    No 24. Tableau de l'tat actuel du fonds grec de l'Escurial. . . 474

  • PRFACE

    Un beau livre publi rcemment, Le cabinet des ma-nuscrits de la Bibliothque Nationale^ par M. LopoklDelisle*, a montr quelle mine de renseignements pr-cieux pour les tudes littraires, historiques, artistiques,renferme l'histoire dtaille d'une grande collection demanuscrits. Les anciennes bibliothques renvoient quel-ques vifs et fidles reflets des temps qui les ont vu

    former : il y a intrt recevoir ces reflets et les fixer.Bien que le fonds des manuscrits grecs l'Escurial,jadis l'un des cinq ou six plus considrables de l'Europe,ait beaucoup diminu d'importance par suite de pertesqu'il a subies dans le xvn'' sicle, il compte encore au-jourd'hui parmi ceux qui sont dignes d'attirer l'attention.La recherche des origines de ce fonds n'est donc pas re-garder comme un travail inutile.

    Chemin faisant, on a t conduit s'occuper de plu-sieurs questions qui touchent l'histoire de la renaissancedes lettres, surtout en Espagne, et la biographie

    ' Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothciuc Nationale. Etude surla formatio/t de ce dc'pot, comprenant les clments d'une histoire de lacalligraphief de la miniature, de la reliure et du commerce des livres Paris avant l'invention de l'imprimerie. Paris, Imprimerie Nationale,t. ret II, in-fol., 18G8 et 1874.

  • XIV PREFACE.

    de grands hommes qui v prirent part. De l le sous-titre que porte ce livre : pisode de thistoire de larenaissance des lettres en Espagne.

    Un certain nombre des pages qui vont suivre pourronttre consultes par les historiens de la littrature;

    d'autres, par les bibliophiles : mais c'est principalement

    aux philologues que cet Essai s'adresse.

    En cherchant jeter un peu de jour sur un coin del'histoire de la formation du dpt de Saint-Laurent, onn'a nullement prtendu rsoudre toutes les difficultsqui se prsentaient. Il aurait fallu pour cela, entre

    autres conditions, faire un beaucoup plus long sjour enEspagne mme, que les quelques mois qu'il nous a tdonn d'v passer.

    Nous devons fournir ici au lecteur des explications :1" sur la mthode que nous avons suivie dans la publi-cation des textes indits et dans la reproduction des autrestextes; 2" sur les divers inventaires ou catalogues dufonds grec de l'Escurial, ([ui ont t rdigs (lej)uis le

    xvf sicle jusc[u' nos jours; 3" sur la confection etl'usage des tableaux et de la table qui terminent cetEssai ; 4" sur quelques abrviations dont nous nous

    sommes servis.

    I. L'orthographe des documents, en cpielque langue(ju'ils soient, publis, soit intgralement, soit en extraits,pour la premire fois dans cet Kssai, a t conserve, celaprs cpi'on a fait ordinairement la distinction de l'Uetdu V,del'l et du J. Il a pu, ce|)endant, arriver que nous ayons,par moment, sans v })rendre garde, rajeuni l'orthographedes documents espagnols. Pour les noms propres, dontl'orthographe varie dans ces anciens documents, nous lesavons ciits la moderne dans tout le cours de notre v,-daction franaise : l/fv/r/osr/, et non Meudoca ; Zurlta,

  • ORHOGRAPHK. CATALOGUES J)E L ESCURIAL. \V

    et non urita ou orita. (C'est par omission que nousavons laiss subsister presque partout Sigueiia.)

    On a accentu l'espagnol ancien aussi bien que l'espa-gnol moderne. Mme, pour aider l'intelligence destextes, on a t assez prodigue d'accents : en quoi l'on n'apoint suivi l'usage du temps de Philippe 11. On a prisaussi les liberts les plus compltes relativement laponctuation

    .

    II. L'article Inventaires de VEscurial, la table,renvoie aux diffrents passages de l'Essai oi il est faitmention des premiers inventaires provisoires qui furentrdigs. Ils sont perdus, sauf deux dont GuillaumeLindanus prit copie en 1579, et qu'on trouvera repro-duits dans le Catalogue des manuscrits grecs de VEscu-rial, de M. E. Miller, p. 501 et suivantes.

    Les inventaires et catalogues de la plupart des diversfonds qui ont t successivement runis l'Escurial, nese sont pas conservs non plus jusqu' maintenant. Lecatalogue du fonds Philippe II a disparu vers le milieude ce sicle-ci mme. Le catalogue dtaill de la biblio-thque grecque de Mendoza et les inventaires de Dandolo,Eparque, Perez, Olivares, etc., ont d tre brls en1671. On parlera en leur lieu d'un certain mmorial,succinct et incomplet, des manuscrits grecs de Mendoza,ainsi que du remarquable catalogue de la bibliothqued'Antoine Augustin, qui est imprim.

    Sous le bibliothcariat d'Arias Montano, il fut procdau premier classement gnral du dpt de Saint-Laurent.La date de cette opration doit tre postrieure l'instal-lation des livres dans la Bibliothque haute en octobre1587. Nous pensons ([ue les plus anciennes notationsqu'on voit sur les manuscrits grecs de l'Escurial j)ro-venant, soit du fonds Mendoza, soit des anciens fonds, comme par exemple 1.13.1 au volume actuellementnumrot f2-I-l, remont(int la classiricaliou de Mon-

  • XVI PRKFACE.

    tano. Ces notations sont traces de la plume de Nicolasde la Terre.

    Nicolas de la Torre tait Cretois d'origine. Il prit femme S;ovie avant l'anne 1565'. On ignore son vritablenom de famille ; il signe en grec Nt/.o/.ao; Toupptav; Kpv^;. Il

    remplit la charge d' crivain grec de l'Escurial

    ((SaotXt/. cv7i7pa(j);, comme il s'intitule lui-mme % Ilexcuta, en cette qualit, des transcriptions, nettes et

    faciles lire, de plusieurs anciens manuscrits en par-

    chemin, contenant des textes indits, et qu'on craignait

    de voir se dtriorer force d'tre mis dans les mains deslecteurs ^

    En tte de chaque manuscrit grec, il plaa une table, en

    grec, de ce que le volume contenait, avec l'indication dufeuillet oii chaque pice commenait. Dans un petitnombre de cas o cette i)esogne se trouvait dj faite, ilse contenta de vrifier et, au besoin, de complter ou rec-tifier la table existante.

    Puis il rdigea deux catalogues (hi fonds grec, qui sontencore conservs aujourd'hui au monastre. L'un, engrec pur, dispos par ordre de matires, a pour titre :

    IltvaE "^wv iv ~r, ^ocadv.fi (3t/toOr,/.y; (3i)aoi)v. C'est le n" actuel

    X-I-16. Le catalogue de la bibliothque de l'Escurial

    qu'on peut consulter la bibliolh([ue Barberini, Rome, o il a port et porte peut-tre encore le n 39-87,

    1 Lettre de Diego de Covairubias Antoine Augustin, de Sgovie,

    16 juillet 1565 (Barcelone, nis. de l'Universit, n 8-1-40).

    - Souscription de \'Escorialcnsis ^-1-6.

    ' Par exemple, le n ^-11-19 actuel est un manuscrit du xiii*^ sicle,en pai)icr de coton, renfermant une Chane sur les Rnii et les Pavalipn-

    mcitcs. On y lit sur le premier feuillet : Esta copiado de mono deNicolas de la Torre, escriptor de la rcal libreria. En effet, ^''-I-S estune copie de ce manuscrit du xui" sicle, et l'on y reconnat bien l'cri-ture de Nicolas; on y lit une note, dont les deux premiers mots sontdidicilos dchillrcr, mais suivis de : VIl.E.T. Cette notation est la

    plus ancienne (juait porte M"- 1-8. D'autre part, on voit tlans ;;^-Il- 19, surlui feuillet de garde don tte, le mot copiado. de la main de Nicolas.

  • CATALOGUES DE NICOLAS DE LA TORRE. XVII

    parat en tre une copie. Dans ce livccl^ la cote des

    manuscrits n'est pas indique. La description de chaquevolume commence par une initiale rouge.

    L'autre catalogue grec de Nicolas est un catalogue des

    noms d'auteurs, rangs par ordre alphabtique. Il est r-dig en grec sur les verso, et en latin sur les recto qui leur

    font face. Il porte actuellement la marque X-I-18. Le grec

    y est transcrit de la main de Nicolas lui-mme, mais nonle latin. Soit Nicolas, soit un autre employ, avait faitune traduction latine, en brouillon, de cet original grec :

    un calligraphe habile fut charg de la rcrire au net dansX-I-18. Il tait ignorant et copiait sans comprendre.C'est ce que prouve le rapprochement du grec et du latinde cet article-ci, par exemple, aux fol. 341 v - 342 r" :

    'Epirr^veu elq loli '^oi.X\).0'JC, ocr^i xoij '.""' [J-tyi'. tou p"""'-

    V.B.9 (biff); V.r.l.

    Intej'pretatio in Psnlmos a primo usque ad Job. V.B.9(biff); V.r.l.

    Le calligraphe a lu : /", au lieu de '. 10 \ ai iob^ au lieu

    de: i06.

    Le second classement de l'Escurial a pour auteur lePre Siguenza, et il est postrieur l'installation de labibliothque dans les trois salles dfinitives qu'elle occupajusqu' l'incendie de 1671 (voy. ci-dessous, p. 316). Pourle fonds grec, il ne semble pas qu'on ait alors rdigd'autres catalogues. Ceux de Nicolas continurent servir

    ;

    il suffit Siguenza de biffer les anciennes marques et deles remplacer par les nouvelles, sur le catalogue alphab-ti([ue et dans les manuscrits eux-mmes. Par exemple,dans le cas du numro actuel -1-1, la notation I.K.l doittre la classification du Pre Siguenza. Cette classificationest celle d'aprs laquelle les manuscrits grecs de l'Escurialsont cits par David ('olvil, par le Pre Alexandre Barvoetet par l'auteur anonyme de ce catalogue des manuscrits

    LE FONDS GRKC DE I, ESCURIAI..

  • XVIII PREFACK.

    grecs de la Bibliothque de l'Escurial, qui, sous le n" 356,est conserv dans le fonds Coislin de la Bibliothque na-tionale de Paris 1.

    Barvot^ semble s'tre servi, vers le milieu du wii*^ sicle, l'Escurial mme, d'un ancien catalogue, diffrent deceux de Nicolas, et qui tait class sous la mar(|ue YII.B. 1

    .

    Il aura disparu.

    Vers 1620, un tranger, qui signe David ColvillusScotus, fit un catalogue assez dtaill, ce qu'on a dit,

    satis accuj'atiun^, de tous les manuscrits grecs del'Escurial. En 1648, il tait question de le publier*. En1740, le mme travail, ou un extrait du mme, se trou-vait, toujours indit, entre les mains de Muratori^ Onne sait point aujourd'hui, Milan, ce que ce prcieuxouvrage est devenu.

    Barvot, en 1647, avait eu entre les mains, l'Escu-

    rial mme, le catalogue de Colvil, et il avait mme d leperfectionner. Mais il ne donna lui-mme l'impressionc[ue le catalogue des principaux aiiecdota de l'Escurial,

    qu'on trouvera reproduit dans le Catalogue des inauu-scrits grecs de l'Escurial, p. 511 et suiv., ainsi que danstrois ou quatre autres publications plus anciennes, telles

    que la Nova bibliotlieca mss. libroruin du Pre Labbe(Paris, 1653, in-4').On renvoie au Catalogue Miller^ pour les dtails qui

    concernent les inventaires et catalogues du xvni" et du

    * Miller, Catalogue., etc., p. xxvii.

    2 Barvoct, die/ Miller, Catalogue, etc., p. 511.

    ' IhicL

    Ihicf.

    ' Antlqtdtatcs Italicac medii aci'i, t. III (Milan, 1740. in-fol.),col. 927-928 : list milii catalogus manu scriptus rarioruni codicu/ngraccoruin manu xcriptorurn hibliothccac rcgiac Escorialc/ixix, (jticm

    David Colvillus Scotus, vir doctissinius, ante annox cetituin exaravit.

    " Pages xxvni sq.

  • CATALOGUES DE COLVIL ET DE BARVOET. XIX

    XIX* sicle, savoir ceux de Montfaucon', Iriarte% Vi-

    llegas, Antonio de San Jos^ Clarke, Pler, Haenel.

    Le catalogue du Pre Cuenca'^ mrite seul de nous

    arrter. Il occupe dans l'armoire H (= 120), sur ledeuxime rayon, les n' d'ordre 3 21, et sur le quatrimerayon, les n"' 7, 8 et 9. Ce sont en tout 22 volumes in-

    folio, manuscrits, en partie recopis au net, en partie

    l'tat de bronillon. Le P. Cuenca avait consacr un tome

    entier la description de chaque pluteus, ou rayon de

    manuscrits ; la partie de son uvre qui existe comprend22 tomes. (La concidence de chiffres qui se produit ici

    entre le nombre de tomes du P. Cuenca et celui desvolumes de lui qui restent l'Escurial, est purement

    fortuite.) Il arrive plusieurs fois que deux tomes sontrelis en un seul volume.

    Certains tomes se trouvent en double exemplaire :

    brouillon, et copie au net. Les deux volumes H-IV-8*

    1 C'est en effet Dom Montfaucoit et non Pl-re Lahhc qu'il faut lire auCatalogue, p. xxviii, 1. 5.

    ^ Le ms. S (== armoire 109)-2-25 de l'Escurial contient quatre pages(fol. 99-100), de la main, bien reconnaissable, de Juan de Iriarte, .surles catalogues de manuscrits grecs de l'Escurial qui ont ctc faits et quidoivent se trouver dans la bihliotlicque mcnie. Nous n'y avons rienappris.

    ^ On peut douter que ni Villegas ni San Jos aient t auteurs d'au-cune uvre vraiment originale, relative au fonds grec.

    '' Tout ce qui, la page xxviii du Catalogue Miller, est dit du cata-logue grec de Ferez Bayer est exact, mais condition d'tre entendudu catalogue de Cuenca. Bayer n'a pas catalogu, que nous sachions, demanuscrits grecs. On ignore d'o 11. G. Andres (/J/ri'c e.rposicion delliteratura griega, 2^ dit., Madrid, 18GG, p. 11) a tir l'information,assurment errone, que voici : Pkuf.z Bayi;r, Catdlogo de los nianu-scritos griegos del Eseorial., 3 toinos en folio : ohra que e.clste inanu-scrita en la misma biblioteca .

    ' H-IV-8 dbute par une liste d'abrviations de l'criture grecque.Il y a, en outre, sur un cahier dtach, plac dans le mme volume,un supplment cette liste.

  • XX PREFACE.

    et 9 sont le brouillon des quatre rayons de l'armoireli, soit des quatre premiers volumes de la copie aunet (H-II-S). II-I1-7 est le cinquime volume (ledernier qui soit achev) de la copie au net; il con-tient le catalogue du pluteus I de l'armoire ^. Quant H-lV-7, c'est une liasse de feuilles libres, comprenant,entre autres choses, des fragments du travail de Cuenca,savoir : une partie, au net, du pluteus II de l'armoire ^,et le commencement d'un catalogue alphabtique desmanuscrits grecs (a-aiaiaiv.).

    Les n"' H-II-8 21 sont, en brouillon, la description

    de la suite du fonds grec, c'est--dire des plutei II, IIIet IV de l'armoire ^, puis des armoires compltes X, y,T, $, enfin an pluteus I de l'armoire T'. Il est probableque le travail du P. Cuenca n'aura pas t pouss plusloin.

    Voici le titre que porte le premier volume de la copieau net :

    Glapis regiae bihliothecne graecae Escurialensis, Grae-coriiin nianuscrlptorum onmluni lu ea asservatoriun ar-cana indicens thesaurosque detnonstrans, a F. JoanneConchano monacho inihi expresse professa elnborata no-tisqiie varlis illustrata. Anna Domni M DCC LXXVII.

    Le tome II porte en tte le millsime 1778, et il a t

    fini, ce qu'on apprend par une souscription, le 2 juil-let 1781. Les tomes III, IV, V portent respectivementen tte: 1782, 1785, 1786. Le cinquime completusest die 18 decembr. aiin. Dui. 1787. En brouillon,le tome Kl avait t termin le 29 mai 1783; les xvif,x\% xxi" et xxn% respectivement les 22 fvrier 1785,

    1 I/ordrc peu prs naturel des lettres qui a t rtabli dans leCatalogue Miller, est le rcuversement de l'ordre dans lecpiel se suivent

    les armoires au cabinet de Saint-Laurent et, par suite, dans l'ouvrage duPre (Uienca.

  • CATALOGUE DU PRE CUEJNCA. XXI

    18 dcembre 1787, P'" juin 1788, et enfin 13 no-vembre 1790.

    En rsum, quatre catalogues sont o seraient con-sulter pour suivre sans interruption l'histoire du fondsgrecs de l'Escurial depuis sa cration jusqu' nos jours:

    1 Celui de Nicolas, en partie double, o l'on voit l'tatdu fonds vers la fin du xvf sicle (X-1-16 et 18 l'Escu-rial)

    ;

    2" Celui deColvil, qu'on retrouvera sans doute quelque

    jour en Italie, et qui reproduit l'tat du fonds en pleinXVII* sicle, dans la priode o il est le plus complet,avant l'incendie (la copie du catalogue Colvil que Bar-vot avait enrichie de ses propres notes, serait peut-tre,

    si elle se rencontrait, encore prfrable au manuscrit

    autogra])he de Colvil, que possda Muratori) ;3" Celui du Pre Cuenca, rdig aprs l'incendie et

    postrieurement l'arrive des derniers fonds, en appro-chant de la fin du xviii" sicle ;

    4 Le catalogue de M. Miller, imprim en 1848, quidonne l'tat actuel. (Il nous a sembl que le classe-ment actuel diffrait fort peu de celui du temps deCuenca, et que le nombre des manuscrits grecs n'avait,depuis lors, ni augment ni diminu.)

    Tous les autres inventaires qui ont pu tre rdigs

    n'offrent qu'un intrt bien infrieur celui de ces

    quatre catalogues princij)aux, (|ui reprsentent les tatssuccessifs de la collection de sicle en sicle ; et il parat

    peu prs indiffrent c[uc ces autres inventaires se soient

    conservs ou perdus.

    111. Le n 23 de l'Appendice est un tableau danslequel on s'est ])ropos de ranger tous les manuscrits grecs(jui ont chap|) l'incendie de 1671, dans l'ordre qu'ilsoccupaient au moinciil du dsastre, (k)mnie ce tableau at form uniquement l'aide du relev des anciennes

  • XXn PREFACE.

    cotes qui sont encore visibles sur les manuscrits eux-

    mmes, et que plus d'une cote a d disparatre, que plusd'une aussi a pu nous chapper, on ne peut esprer qu'ilse prsente au grand complet. Sauf ces quelques casd'omissions possibles, les lacunes dans ce tableau rpon-dent aux volumes brls. Leur position montre bien queles manuscrits n'ont pas t atteints par le feu en place,

    mais alors qu'ils taient amoncels ple-mle : ce quiconfirme nettement le rcit de Quevedo (voy. page .319).

    Dans le tableau du n" 24 de l'Appendice, tous les ma-nuscrits grecs de la bibliothque de l'Escurial se suiventdans l'ordre mme qu'ils occupent actuellement sur lesrayons. Les indications relatives chaque volume sontrunies dans de potites cases. Elles sont de (juatre sortes :

    1" Immdiatement au-dessous de la notation actuelle,vient l'indication de la collection laquelle appartenait lemanuscrit avant d'entrer l'Escurial, lorsque cette pro-venance est connue avec certitude, ou ([u'elle a pu tredtermine avec une plus ou moins grande probabilit.L, le chiffre (pii suit le iumii de Dandolo renvoie autableau des pages 108-109 ; celui (pii suit Mendoza^ auxpages 252-271 ; celui qui suit Augustin, au Catalogueimprim de ce savant, et en mme temps au w" 20 denotre Aj)pendice.

    2" En troisime ligne, on trouve dans chaque case lesanciennes notations qu'a portes le manuscrit. Il n'a pastoujours t possible i\^ les disposer srement dans leurordre chronologique, dpendant, on pense y avoir russidans le cas des manuscrits cpii, commeii-l-1, n'ont jamaisreu que les deux classifications Montano et Siguenza,outre colle ([ui est en usage aujonrd'hui : les manuscritsde cette catgorie forment le plus grand nombre.

    3" La ligne suivante mentionne la prsence ou l'absence,en tte du volume, de la table des matires crite ou revuej)ar Micolas de laTorre. L'astrisque est ici emplo\ quand

  • EXPLICATION DES TABLES DE CE VOLUME. XXIII

    Nicolas n'a fait que revoir une table prexistante. D'autresfois, l'criture de Nicolas ne se reconnat nulle part dansla table, qui est de premire main : ce qui peut rsulterde ce que Nicolas n'avait trouv rien y reprendre ou yajouter. On en avertit alors le lecteur par cette indication :Table de premire main (en abrg, T. V^ main).

    4 On indique ensuite le genre de la reliure de chaquevolume. Le lecteur se reportera, dans l'Essai, pour la des-cription des reliures de l'Escurial et de Mendoza, aux pages229-230 ; de Dandolo, la p. 105 ; de Philippe II, p. 150 ;de Ferez (?), p. 39; du cardinal de Burgos, p. 62; d'Ho-norato Juan, p. 40-42 ; de Barelli, p. 124.

    Enfin, on a group dans le bas de chaque case lesrenvois toutes les pages de l'Essai o le manuscrit de lacase est cit. Ce systme permettra de retrouver rapide-ment les petits supplments au Catalogue Miller, quisont dissmins dans le prsent travail.

    Certaines indications extraordinaires qui se rencontrent

    dans quelques cases s'entendent assez d'elles-mmes.

    La Table est un Index nominum et rerum, en uneseule srie alphabtique. Les articles de diverses natures

    y sont distingus par l'emploi de caractres diffrents.Les noms propres d'homme sont imprims en romainordinaire. Les articles de choses, en italique, comme :Fautes de copie., Trente (Concile de), etc. Le romainespac sert pour quelques noms de villes ou de couventspossdant ou ayant possd des bibliothques, sur les-quelles l'Essai fournit des renseignements de quelquegenre que ce soit; par exemple : Saragossc, Biblio-thque de Notrc-Dame-du-Pilar. Les articles en petite ca-pitale ou en petite capitale italique (ex : DEMOSTHENES ; ano-NVMi, scmPTORES MILITARI' s) renvoient exclusivement desj)assages on il est (|ncsli()n de niannscrils d'auteurs grecs :en gnral, les manuscrits nienlionns dans les pices19 a 21 de l'Appendice ne sont j)as signals dans la table;

  • XXIV PREFACE.

    OU n'y a pas relev davantage beaucoup d'endroits osont simplement rpts ou rsums les renseignementsdj donns par le Catalogue Miller.

    Les noms d'auteurs (et les anonvmes) anciens sont enlatin dans la table. Il en est de mme d'un petit nombrede noms de savants de la renaissance. Hors de l on aconserv aux noms modernes leur forme nationale.On a observ l'ordre de l'alphabet franais, sans tenir

    compte des signes qui peuvent tre ajouts nos lettres,dans les mots trangers, pour en modifier la valeur.Ainsi, Live est plac dans l'ordre alphabtique l'en-droit qu'occuperait Loive^ et Nunez l'endroit (\Q,Nuiiez.

    Enfin, les mots grecs sont intercals dans l'ordrealphabtique en les supposant transcrits aussi fidlementque possible avec des lettres franaises.

    IV. On a vit d'abuser des abrviations. Plusieursouvrages, cependant, c[ui revenaient trs souvent dansl'Essai, ont d tre ordinairement cits en abrg ; envoici les titres plus complets :

    1. Progresos de la historin en el reino de Aragon y elo-gios de Gerninio Ziirita, su primer cronistn^ etc.Contienen varias sucesos desde el aho de M D XIIhasta el de M D LXXX^ y otras cosas, etc. Ideesta ohra y la dispuso el doctnr Juan FranciscoAndrs de Uztarroz^ etc., y la ha jormado de nuevoen el estilo y en todo el doctor Diego Jos Dor-nier, etc. Saragosse, 1080, in-fol.

    2. Antonii Augustini arc/ticpiscopi Tarraconcnsis opcraonuiia quae niulta adJiibita diligentia colligi potue-rnnt. Lucques, Joseph Rocclii, 8 volumes in-fol.,1765-1774.

    3. Cartas eruditas de algunos literatos espanoles. Pnbli-calas D. Melchior de Azagra (pscu(lonyin(> poiii- :D. Ignacio de Aso). iMadrid, 1775, in-12.

    4. Antonii Aui^ustini archicpiscopi Tarraconcnsis cpistolae

  • EXPLICATION DES ABREVIATIONS. XXV

    latinae et italicae nunc priinum editae a Joanne An-dresio. Parme, Aloys Miissi, 1804, in-8.

    5. Joawiis Alherti Fabricii Bibliotheca graeca, etc. Editioqiiarta varinrum ciiris einendatior atque auctior,curante Gottlieb Christophoro Harles. Hambourg,1780-1838, en 12 volumes et un index, in-4''.

    6. Catalogue des manuscrits grecs de la Bibliothque del'Escurial, par E. Miller. Paris, Imprimerie Natio-nale, 1848, in-4".

    7. Rapport sur une mission en Espagne, par CharlesGraux. (Extrait des Archives des missions scienti-

    fiques et littraires , 3'' srie, tome V.) Paris, Impri-merie Nationale, 1878, in-8.

    Pour distinguer les deux Mendoza qui jouent l'un etl'autre un grand rle dans cet Essai, on a toujoursdsign Francisco de Mendoza y Bobadilla par son titrede cardinal de Burgos^ en rservant le nom de Men-doza pour Don Diego Hurtado de Mendoza, l'ambassa-deur de Charles-Quint Venise.La Biblioteca nacioncil, sans plus, c'est la Bibliothque

    nationale de Madrid.Le Iltya; et le Catalogue alphabtique, tout court, ce

    sont respectivement les deux catalogues du fonds grec del'Escurial, l'un par ordre de matires, l'autre par ordrealphabtique, construits par Nicolas (voy. page xvi).Quand on dit ancien numro sans spcifier davantage,

    on veut ])arler de la classification qui tait en usage l'Escurial au moment o clata le erand incendie. Unenotation isole, de la forme 111. Z. 12, se rapporte cettemme classification. Quand on mentionne aussi laplus ancienne classification, on a soin d'indiquer l'ordrechronologique des deux marques, soit en termes exprs,soit par la remarque que l'une c'est toujours la j)lusancienne est OiJJe. (Exemple: JlI.F.l (biff); 1.11.6.)

    Les manuscrits ([iialifis ici de inenibranacei ou decliartacei, sans indication de sicle, ne sont pas, les pre-

  • XXVI PREFACE.

    miers, plus rcents que le xii" sicle; les seconds, plus

    anciens que le xv*. Un bombjcinus est, on pourraitpresque dire, toujours du xiii" ou du xiv" sicle'.

    En terminant cette prface, nous voudrions pouvoir

    adresser ici mme nos sincres remerciments chacune,en particulier, des nombreuses personnes qui, en Espagne

    et hors d'Espagne, nous ont oblig de quelque manireque ce lt, soit en nous recommandant la bienveillancedes bibliothcaires, soit par la communication de ren-seignements littraires ou par la copie de documentsd'archives et de bibliothques. Au moins nommerons-nous Don M. R. Zarco dcl Valle, qui nous a constam-

    ment guid dans nos recherches, et qui veut bien

    aujourd'hui accepter la ddicace de cet ouvrage, dontl'ide vient en partie de lui; Uon Flix Rozanski, l'actifbibliothcaire de Saint-Laurent, sans le concours dvoude qui ce travail n'aurait pu tre men bonne fin;MM. Gustav linvc. Don Francisco Fernandez \ Gonzalez,nos rudits compagnons de travail au monastre pendantl't de 1879; le chanoine Codera, qui nous a ouvert la

    bibliothque de Notre-Dame-du-Pilar, Saragosse; DonJos Maria Octavio de Toledo et Paz y iNIelia, les excel-

    lents et si complaisants conservateurs de la Bibliothque

    nationale de Madrid; nos amis Don Eduardo de Ilinojosaet Don Marcelino Menendez Pclayo, les jeunes savantsmadrilgnes, et surtout Alfred Morel-Fatio, notre com-

    j)atriote.

    ' Parmi le millier de manuscrits grecs qui sont conservs dans lesbibliothques espagnoles, et que nous avons tous tenus un par un, nous

    ne nous souvenons pas d'avoir rencontr un seul manuscrit bomlncin(jui lui attribuabic, soit au w", soit au vu'' siclo.

  • ADDENDA ET CORRIGENDA.

    Page 13, notes, ligne 2, ;ui lieu de : sino niiinei'O, il faut lire: sill niimei'O

    Page 26, fin de la note qui vient de la page prcdente :

    Un antre tmoignage (jui sera cit ci-dessous... ] Il est cit la page 183, la (in de la note qui vient de la page prcdente.

    Page 38, ligne 3, au lieu de: 2-111-4, corrigez : Q-III-14

    Pages 38-39. Aux six manuscrits qui sont l.'i numrs, il faut joindre un septimemanuscrit qui est dans le mme cas, savoir :

    T-III-7. Galien. xiii'' sicle.

    Par suite, aux pages 37, ligne 4, 38, ligne 2, et 39, ligne 12, au lieu de: six,corrige/, : sept

    Page 4y, notes, j)ropos de IJecanus et du c;udinal de Burgos, ligne 13 du has dela page, devant NicolaS AntOnio, ajoutez :

    Cf. Dormer, Piogrcsos, etc. (p. 109 de la nouvelle dition) : Juan Goropio Becano, bibliotecario suyo (le celebro, celebro alcardenal de Burgos) in Hispcmlc.

    Par suite, tfctd., au lieu de : Nicolas Antouio, corrigez : Domier, que Semblesuivre ici Nicolas Antonio.

    Page 49, note 2, ligne 7, au lieu de : p. 32, corrigez: p. 320.

    Page 50, note 1. Les expressions Tons les manuscrits qu'on voudra (ligne 2) et Ne renferme pas non jjIus de manuscrits du cardinal (ligne 12), sont inexactes. Elles rclament les correctifs suivants: Tous les manuscrits..., saaj deux ou trois, et: Ne renfer-ment pas non plus d'autres manuscrits du cardinal que les deux outrois auxquels on vient de faire allusion. Par suite, la phrase quitermine la note est rectifier ainsi : Cf. au sujet de ces deux outrois volumes, etc.

    Page .'il, notes, 1. 4, aprs les mots : au jourd'luii gar, ajoutez : Cf. Cepen-dant la note 1 de la page 78.

    Page 51, ligne 8 du texte, au lieu de : aU fol. 308 V, corrigez : aU fol. 3G8 v".

    Page 64. La question discute dans le paragraphe qui conunencc par lesmots l'orthographe Mendotza est mal |)osc. Il faut partir de ceprincipe que le son de la lettre espagnole r ou zta n'existait |)oint

  • XXVIII ADDEjVDA et CORRIGEIVDA.dans la langue parle par les Grecs du xvi* sicle. En transcrivantMendoza ou Garcia en lettres grecques, s'ils avaient rendu 3 ou cpar un Zr,Ta simple, ils lui auraient donn le son du z franais, ce quiet t fort inexact. Pour durcir le son de ce ^, ils le faisaient alorsprcder d'un t: FocpTlc'ai;, OjpT-ioo Z MsvSoT^a (cf. la note 1 de lapage 380). MENDOTZA est la transcription en lettres latines del'orthographe du grec moderne MevSor^a. D'o l'on voit que lerelieur du cardinal tait certainement grec.

    Page 7G, ligne 4, au lieu de : l'-II--4, corrigez: ^-'-11-3

    Page 96, ligne 21, au lieu de : IIII.H.6, corrigez : IV. H.

    6

    Page 97, note 1, ligne 6, au lieu de : Tophylacte, il faut lire : ThophylaCte

    Page 99, note 2, ligne 9, au lieu de : y OCCUpC, il faut lire : y occupait

    Page 100, note 2, avant-dernire ligne, au lieu de: BcisiUscos, lire: BaxiUcOS

    Page lOi), au n 109 du Tableau, dans la quatrime colonne (Classification actuelle),au lieu de : Y-II-13, cori'igez : Y-lf-3

    Page 114, ligne 3, au lieu de : Marcellus, il faut lire : Marcel

    Page 117, ^ III, deuxime alina, propos du docteur Rasarius, ajoutez la notesuivante :

    Le manuscrit de l'Escurial R-I-16 porte deux noms de possesseurs,savoir : 1 Jo. Jngcliix Augustonus (sic) de HoIjI/io, et 2 Rasarius. Le manuscrit 2-III-21 porte : 1 Rasarius, 2 De Andra Darniar.

    Page 118, note 3, ligne 1, au lieu de : p. 321, corrigez: p. 320

    Page 120, notes. Le grcc dont il est l question, et qui est si mal im-prim dans l'dition Rivadencyra, se trouve dans le commentaire deQuevcdo sur les Posies aiiacrc'ontiques.

    Page 121, note 2, ligne J, aprs: porcjUC Se dezi'an, ajoutez: (sicj

    Page 128, note 1, au lieu de : Michel SoplliaUUS, corrigez: NicolaS Sophia-nus.

    Page 14."), dans la souscription grecrpie qui est l rapporte, il faut lire (comme i)age300, ligne U) : 'Vub Toj 'AvSpO'j Aaijxapi'ou Tol 'E-i5a'jct'o'j, uoCJ, etc.(On a suivi tort, p. 145, la transcription du Catalogue Miller.)

    Page l'if), ligne II. A la souscriptiou de VEscorialensis l-\Y-'i\, on peutjoindre celle du l'aticanus graecus n" 1187, rapporte dans la note2 de la page 303.

    Ihid. Aux textes relatifs aux anciens inventaires de l'Escurial, qui sont cits dans lanote, on ])eut ajouter celui-ci :

    A7 cardenal Carraja lun'icialo r/sf/> cl itidieiitario de las lihrosftianuscriptos que tnia J\ M^. todavia de antes que huviese las deD. Diego de Meiidoa, etc. (Dpche du comte d'Olivarcs, amhassa-deur flomc, Philippe U, de Home, 27 janvier 1587; dont unecopie se trouve l'Escurial dans le manuscrit X-I- 15 [cf. Miller,|). 305, 1. 1, oit il faut corriger italien en espagnol ], fol. 7-8.)

    Page 14'.l, noie I, dernire ligne, au lieu de : //// fcnip/c. il faut lire : ItlIC c'glise

  • ADDENDA E CORRIGEKDA. XXIX

    l'ge IfiO, dans la citation, la septime ligne, au lieu de : sacrari , il faut lire:sociarii).

    Page lf)5, note, ligne 4 d'en bas, au lieu de: CoUecciotl, il faut lire: Coleccin/l

    Page 171, notes, ligne 4, au lieu de : pOUVer, il faut lire: pi'Ollver

    Page 176, ligne 17, au lieu de : malgr, il faut lire : bien

    Page 179, ligne 8 d'en bas, au lieu de : /tacco/ial, il faut lire : lUlcinnal

    Page 185, lignes 6 et suivantes. J^a phfase cjui Commence par les mots Ilne viendra, etc. n'offre pas de sens ; elle doit tre remplace parce qui suit : Il ne viendra la pense de personne d'en tirer argu-ment pour supposer qu'il ait pu se passer alors des irrgularits. Lecaractre d'un personnage tel ({ue Mendoza n'autorise aucun degrle soupon.

    Page 202. Ajoutez la note 1 le renseignement suivant :

    On conserve la Bibliothque nationale de Paris (fonds espagnol,n 277j un manuscrit contenant deux traits de Bartolomeo de LasCasas, qui est tout entier de la main du mme secrtaire deMendoza que les deux copies de la traduction espagnole de la M-canique d'Aristote l'Escurial. Ce volume porte sur un feuillet degarde : D. Di de Meiidoa, d'iuie criture que nous hsitons iden-tifier avec celle du secrtaire ordinaire; puis: hierro, que nouscroyons avoir lu, de mme main qu'ici, sur d'autres manuscrits del'Escurial, mais dont, au reste, nous ignorons le sens.

    Page 202, ligne 10 : Parmi plus de quatre-vingts manuscrits grecs,etc. ] U Y en a environ quatre-vingt-dix (cf. p. 272).

    Page 207, notes, dernire ligne, au lieu du: -III-13, corrigez: -III-12

    Page 211, ligne 3 d'en bas: Le \\ 179 du Mmorial n'est donc, etc. ]Le mot donc est de trop.

    Page 252, au n" 14 du Tableau, dans la colonne qui porte en tte : GESNER, Eusebll, il faudrait ajouter : Orlgeiies, Zacliarlac, Theophllus

    Page 257, au n" 85 du Tableau, dans la colonne qui porte en tte : MATIERE ETAGE, au lieu de : 1532, corrigez: 1332

    Page 258, au n 93 du Tableau, dans la colonne de GESNER, la ligne Tlieodorl Anaest de trop.

    Page 270 : Le manuscrit ([ui est rang sous le n d'ordre 240 du TableauMendoza, outre roilus, devait contenir iberius et d'autres rhteurs;ou bien il existait chez Mendoza encore un autre manuscrit, pourlequel serait crer dans le Tableau un n" 240 bis, et qui renfermaitces crits de Tiberius et autres. Cf. Gesner, articles Tiberii etTRoiLi,p. 399 et 400.

    Page 270, au n" 262 du Tableau, dans la colonne dcN" ACTUELS, la ligne: (Q-I-2?),est biffer.

    Page 277, note .'), ligne I, au lieu de: lilhtlotllCca^

    il faut lire: lilhllotcca

    .

  • XXX ADDENDA ET CORRIGENDA.

    l'ge 278, note 3, au lieu de: N^ actuels R-I-7 OU T-I-6 ? , corrigez:N actuel T-I-6 ?

    l'agc 282, note 1, ligne 8, au lieu de: publicadaS por D. etc., il f;i"l lire:.Publcalas D. (Cf. Prface, p. xxiv.)

    Page 284, note 3, ligne G du has do la page, aprs Baylc, ajoutez : 'iic ?)

    Page 295, note 2, ligne I, au lieu do : Pal()gr(iphu\ il faut lire : Palographic.

    Page 300. Aprs les deux alinas consacrs i2-IV-2l et X-II-7, ajoutez :

    Le manuscfit de l'Escui-ial $-11-16, de la main de Sophian Mlis-scne, avait t destin par Dai-mai'ius Antoine Augustin. Entreautres annotations de la plume de Darmarius, on lit, en effet, celle-ci,sur le cinquime feuillet de garde d'en tte, l'encre rouge :

    Tw VMO'.M TUTXOTTtO AyOUTlVCO.Mais nous hsitons croire que ce volume ait jamais t acquis parAugustin ; car on n'y dcouvre point le numro d'ordre, qui nemanciue sur aucun des manuscrits, conservs intacts, de ce savant;et, dans la Bibtiotlieca graeca m.sta., il ne ligure point de manuscritde mme contenu que 4>-lI-16.

    Page 325, note, ligne 5 d'en has, au lieu de : ScottUS, il faut lire : SchottUS.

    Page 328, ajoutez la note 2 :

    Les n* X-IV-23 et 24 doivent provenir aussi d'Antonio de Covar-rubias. Ils contiennent, le premier, des extraits d'Agatharchide, lesecond, des extraits d'Himerius, tirs les uns et les autres de la Biblio-thque de Photius. X-lV-23 renferme, en outre, un morceau sur laProvidence, par Hieroclcs ; d'ailleurs, Ilimerius, Isidore et Proclus,([iii sont annoncs par la table du volimie, ne s'y trouvent point. Cesdoux tomes sont de la main de Calosynas, qui a plac en tte deX-IV-23 une lettre latine de quatre petites pages, sans adresse, maiso le copiste parle, videmment, Antonio de Covarrubias. En voiciles derniers mots : Oiniiibas practcrcn est in co/ijcx.so (jua/itiini sittitnin stndiuin obscn'aiulac non soluni Acadcmiae (il doit s'agir del'Acadmie de Tolde), vcruni etiam anipllftcandne. Idcirco faciatDcus optlnius nia.riinus ut annns Nestoris vinvax jclix et jortunatus.'Eypx'fi acpTry', vosup. xS'. El Doctor Antonio Kalosinas.

    Page 355, ligne 23, au lieu de: jadis, "1 faut lire : nagure.

    Page 361. La note 4 est de trop : c'est une autre rdaction d'une partie de la note 5.

    Page 407, dans le titre, an lieu de : MITYLKXK, corrigez : MYTII-iiXF..

    Page 413, coionno de gauche, deuxime case, au lieu de : Pselli|, il faut lire : Psell).

    Page 432, ligne 9. Kotrc coj)ie porte: por UO buscarlo; mais le sons exige lasuppression de : no

    Page 430, ligne ( i\'i:n i)as : (c Ihi .tiidrca, ^ricgo lia titrai, (pic moi a euJ'cnaiicia y tieite tracto dc.st(} (de iirox), etc. ] Il devrait y avoirl une note pour dire qu'il s'agit d'Andr Darmarius.

    Page 446, extrait n" 7, au lieu de : Scott, il faut lire : ScllOtt.

  • ADDENDA ET CORRIGENDA. XXXI

    N. B. Ce serait une russite bien rare, si nous avions aperu toutes les fautes

    d'impression d'un livre aussi plein de chiffres et de renvois que celui-ci. Mais, quandune indication, exprime en chiffres arabes, n'est pas exacte, il ne faut pas pour celarenoncer la trouver, du moins avant d'avoir essay sur les chiffres certaines correc-

    tions mthodiques, que suggre naturellement la frquence de certaines fautes. Ainsi,

    il faut se souvenir que le 3 et le 8, le et le 6 prennent souvent, dans l'impression,

    la place l'un de l'autre. Un 1 disparat, pour un rien, d'en tte ou de la fin d'unnombre, et il apparat indment aux mmes places avec une gale facilit : on doitaussi en tenir compte. Enfin, nous attirons surtout l'attention sur le fait que voici : la

    faute d'imi)ression qui se commet le plus communment dans les chifffres, c'estl'errew d'une unit dans un sens ou dans l'autre. Comme tous nos renvois ont toriginairement vrifis, il est croire que, le cas chant, les conseils qui prcdent

    pourront tre utilement mis en pratique.Quant aux fautes d'accentuation et de ponctuation que nous avons remarques,

    bien que celles-l soient assez nombreuses, surtout dans les premires feuilles,

    aucune ne nous a paru valoir la peine d'tre releve dans l'Addenda et corrigenda.

  • INTRODUCTION

    DU CARACTERE DE LA RENAISSANCE DES LETTRES GRECQUESEN ESPAGNE

    Sommaire. Objet de cette Introduction. I. Les humanistes. II. Les philologues. III. Les hellnistes espagnols. Les deuxNunez, Paez de Castro, Laguna, Antoine Augustin, Cardona.

    I IV. La philosophie et la mdecine grecque, le droit canonique etle droit byzantin, les Pres de l'Eglise d'Orient sont tudis en Es-pagne. On n'y publie point de textes grecs, mme indits. V. LesEspagnols collectionneurs de livres grecs. Projet de fonder unebibliothque royale Valladolid ; cration de celle de l'Escurial.

    Une histoire complte de la bibliothque de l'Escurialserait, peu de chose prs, celle de la renaissance deslettres classiques en Espagne. Avant de retracer l'histoiredes fonds grecs de l'Escurial, il nous parait ncessaire demontrer le caractre particulier de cette renaissance ; et,pour mieux le dfinir, nous devons dire d'abord quelquesmots de la renaissance en France et en Italie.

    L'admiration de l'antiquit en a prcd l'tude: leshumanistes ont paru avant les philologues. La plupart desreprsentants illustres de l'humanisme sont italiens; laphilologie est surtout franaise. Les hellnistes espagnolsse rapprochent plutt des humanistes que des philologues;ils ne se peuvent confondre ni avec ceux-ci ni avec ceux-1m : ils forment un groupe ])art.

    L: FONDS GREC DE l'SCURIAL. 1

  • 2 INTROnUCTIOV.

    Dans cette premire priode de la Renaissance quis'tend jusqu' l'invention de l'imprimerie, les grands let-trs italiens allaient par les clotres d'Occident, recherchantles manuscrits des anciens auteurs latins. Ils les copiaientet les rpandaient. Ils les expliquaient, les commentaientavec admiration dans les chaires puhliqucs, que les petitsEtats de l'Italie craient alors l'envi. Ces commentairestaient publis. La corresjjondance des professeurs, rdi-ge pour tre lue par les destinataires leurs amis,pour tre communique mme tout le public lettr,clbrait les vieux auteurs dont chaque jour vovait rap-paratre des chefs d'uvre la veille encore oublis.Dans ces premiers temps, on sait peu le grec. La litt-

    rature de la Grce est admire de confiance, pour le bienque les Latins en ont dit. Cependant, dans le dernierdemi-sicle qui prcda l'introduction de l'imprimerie enItalie, de grands progrs avaient t accomplis. Les Lio-nardo Bruni, les Ambrogio Travcrsari, les Guarini, lesLorenzo dlia Valle (Laurentius Valla), et d'autres qui nele leur cdent gure en clbrit, avaient commenc tra-duire en latin les principaux prosateurs grecs. Un grec,le grand cardinal Bessarion, mettait lui-mme en languelatine des ouvrages d'Aristotc et de Xnophon. Le mmeGuarini, Franois Philclphe, Jean Aurispa, faisaient levoyage de Constantinople et en rapportaient des manu-scrits grecs. Ils formaient ainsi, rexemj)le de Bessarion,les premires de ces bibliothques greccpies, qui, dans lesicle suivant, seront tenues en si grand honneur.

    Lorsque les premires presses fonctionnrent Rome,puis bientt aprs Bologne, Milan, Venise et Flo-rence, il semble ([ue le moment tait venu o cet enthou-siasme ardent, qui avait enflamm les imaginations pen-dant ])lns d'un sicle dj, aurait pu faire place dessentiments plus critiques. L'imprimerie, en livrant aulibraire des centaines d'exemplaires identiquement sem-

  • LES HUMANISTES.

    blables les uns aux autres, changeait du tout au tout lesconditions de la reproduction des textes. Une correctionfaite une seule fois se reproduisant ds lors l'infini, onpouvait esprer d'arrter l'altration jusque-l incessantedes uvres littraires. La conduite qui tait tout indi-que, c'tait de rechercher parmi les exemplaires jus-qu'alors retrouvs de chaque auteur classique, ceux quiparaissaient le moins corrompus et de fixer tout jamaisla base de la tradition en multipliant ces textes-l seulspar l'impression.

    Mais les Italiens de la fin du xv'' et du commencementdu xvf sicle taient, comme leurs pres, des artistes etdes potes. C'est avec des yeux d'artistes qu'ils contem-plaient le beau rivage de la littrature antique, au sortirde tant de sicles d'aride scholastique. Comme le peintreremarque surtout, dans la nature, des lignes et des tons,le groupement des objets, un ravon de lumire et uneombre, sans tudier le brin d'herbe ni l'insecte, sans sesoucier des lois physiques qui ont fait crotre ce chne etsoulev cette roche, ce qui est affaire au naturaliste : ainsi les mes loquentes et potiques qui prirent part aumouvement de la renaissance des lettres en Italie furentpresque uniquement touches, en prsence des uvresclassiques, de leur aspect pittoresque. Un monde se refltedans cette riche littrature : on ne chercha point alors leconnatre fond. On pntra peu avant dans les secretsde la vie grecque et romaine. On tait pris des beautsde Platon, d'Homre, de Cicron, mais sans prouverpour ces grands gnies l'amour respectueux et plus pro-fond que d'autres races depuis ont ressenti. On ne sedonnait point l'antiquit pour elle-mme. On n'y cher-chait que la satisfaction de l'instinct qui attirait vers lebeau.

    Qu'importait de lire les auteurs dans un texte ou dansun autre ? Les diffrences se rduisent peu de chose.On imprima donc les premiers manuscrits venus. L'exem-plaire qui tombait sous la main de l'diteur tait bon, s'iltait complet. Les lacunes dplaisaient. On se mettait enqute de manuscrits poui" remplir les grandes. On reni-

  • 4 INTRODLCTIOA.

    diait aux autres sans effort, en se laissant entrainer aucourant de la plume. On arrangeait aussi de r de l, encoutant l'inspiration du moment, quelque phrase dontl'altration trop vidente dparait un morceau loquent.Les traductions valaient ce que valaient de tels textes. Lescommentateurs planaient au-dessus des petites difficults,

    et ne les apercevaient mme point. On trouvait que toutallait fort bien ainsi. Il s'agissait de faire revivre dans sesgrandes lignes la pense et la science antiques. Chacuns'y dvouait de son mieux.En moins de cinquante ou soixante ans, le texte original

    de tous les chefs-d'uvre qui s'taient retrouvs tant dela Grce que de Rome, la traduction latine de presquetous les grands classiques grecs, une partie dj consid-rable des littrateurs du second ran et des auteurs scien-tifiques taient sortis des presses italiennes sous formed'lgants, quelquefois de splendides volumes. L'lan seralentit mesure que la besogne avanait. Pass le milieudu xvi^ sicle, on commena ne plus gure rencontrerdans les bibliolhcfues d'Italie d'uvres indites de pre-mier ni mme de second ordre, surtout j)armi cellesqui pouvaient plaire uniquement par le charme du styleou l'lvation des ides. Faute d'aliments nouveaux (|uipussent les entretenir, l'enthousiasme et l'admiration s'al-faiblircnt de jour en jour. Le rgne des humanistes ita-liens cessa.

    IL

    JjCS, philologues reprirent en sous-uvre tout le travaildes humanistes. Ils obissaient, en se livrant l'tude dela litlrature antique, un sentiment bien diffrent*.Ils V cherchaient, non point une inspiration, ou seulement

    ' Don Marcclino Mcnentlcz Pclayo s'exprime ainsi sur le caractretout autre de la renaissance en gnral dans le nord et dans le midide l'Europe : Ante todo conviene distinguir el carcter que tonio elRenacimiento en los paises del Norte, y el que tnia en Italia y Es-paa. Aqui era niiiclio mas artxtico., alli nuis hcttallador y agresvo. (Leon cite chez Garcia Romero, Apuiites para la hio^rafia de J). Mar-coUiio Mciiciidez Pelajo, p. 123).

  • LES PHILOLOGUES. O

    une pure jouissance de got, mais la connaissance de l'an-tiquit mme et de sa civilisation, de sa manire depenser, de sentir et de vivre, de son dveloppement his-torique. Ds lors, il ne leur suffisait plus de savoir en grosce qu'avait dit Platon ou Eschyle, de les lire dans un texte moiti compris, moiti devin. Ils se proposrent derestituer, autant que cela serait en leur pouvoir, l'uvredes anciens dans sa forme native, avec ses nuances lesplus dlicates. Ils essayrent de se rendre compte dechaque phrase et de chaque mot. Ils firent des rappro-chements o^i s'clairaient les divers textes les uns par lesautres; ils commentrent les auteurs par les monuments,inscriptions, objets d'art, monnaies, ruines. Ils fondrentla science de la grammaire, qui permet d'interprter lestextes avec certitude ; celle de la critique verbale, quidgage ingnieusement de la forme altre du mot ou dela phrase la leon originale de l'auteur. Surtout, ilsprirent pour devise, avec le vieil Epicharme : Nc^e, vm^uipatj' aTTiOTen/ (Sobrit et mfiance \J . Ils surent se r-signer voir des lacunes dans les ditions, y reconnatredes altrations incurables. Ils se mirent en garde contreles fausses attributions d'ouvrages, les interpolations, les

    mprises et fraudes de tout genre, qui venaient troublerla perspective si attrayante, quoique si incomplte, del'antiquit.

    Les humanistes, premiers diteurs des auteurs classi-ques, avaient ordinaireinent livr tels quels l'impression

    les manuscrits conservs dans les bibliothques de leurpays, en choisissant ceux dont l'criture tait surtoutfamilire aux ouvriers typographes et qu'eux-mmes ilslisaient le plus volontiers, c'est--dire des manuscritscopis peu prs de leur temps : de toute cette longuesrie de transcriptions successives qui s'tend de l'appa-rition de chaque ouvrage juscpi' rem])loi de l'impri-merie, c'taient les plus dgnres de la puret origi-nelle. Les philologues se mirent courageusement fairel'inventaire des ressources de toutes les bibliothques dumonde. A ct des manuscrits datant de la renaissance,ils Y dcouvrirent bien des manuscrits, en parchemin ou

  • 6 INTRODUCTION.

    en papier de coton, qui taient respectables par leuranti([uit et par la bonne conservation de la tradition.Ils les collationnrent \ ils v puisrent mainte correction,ou mainte leon fautive au travers de laquelle ils voyaientluire la vraie leon. Ils rimprimrent alors les auteurs,constituant des textes beaucoup moins loigns de l'au-thenticit que les ditions priiiceps qu'avaient donnesles humanistes.O se reconnat aussi la diffrence de "nie entre ces

    deux catgories d'amis de la littrature classique, c'estdans le zle ([ue dployrent les premiers philologues venaer les historiens

  • LES PHILOLOGUES. 7

    ^< Robertus Stephaniis, Typographus Regiiis, Lectori, s. Cum jam Dionysii Halicarnassei historici praestantis-

    simi de Romanorum antiquitatil)us lihros undecim divul-gassem, ut ordinem jam inde ab initio mdii propositumservarem, placuit liosce Dionis cognomento Cocceii xxiiilibros, quibus historiam Romanam ipse quoque diligen-tissime, ad verum singula exigens, persequitur, continuataquadam srie deinceps publicare. Quae res nobis multosecius ac optassem cessit, siquidem ex libris lxxx quos ab60 de Romana hisloria scriptos esse auctor est Suidas,xxiii duntaxat ad nos pervenerunt : quodque omniummaxime nobis dolendum est, in iis excudendis unicoexemplari usi et adjuti sumus, eoque accuratam ac dili-gentem castigationem desyderante. Nos vero id quidquiderat incommodi diligentia quanta potuimus maxima sar-cire studuimus ; idque si non omnino, aliqua certe exparte consecuti sumus : ita tamen ut locos mutilos etimperfectos intactos reliquerimus, locos etiam adeo de-pravatos, ut nulla jam rectae ac integrae lectionis vestigiasuperessent, non modo non correxerimus, sed ne corrigerequidem conati fuerimus, medicorum hac in re auctorita-tem secuti, qui deploratis adliibenda esse remdia negant.Ac ne cui hac in parte officio nostro desse videremur,parum esse existimavimus locis illis asterisci notamapposuisse, nisi etiam lis de quibus plane desperatumnon esset, medicinam aliquam adliiberemus. Quocirca adcalcem Jibri castigationes ' locorum aliquot rejecimus,quas non inutiles tantisper fore speravimus, dum quidmelius ac certius emendatioris alicujus exemplaris colla-tio nobis afferret. De caetero hoc etiam te admonitumvelim, primas lias paginas, a quibus initium sumimus,fragmenta quaedam libri xxxv nobis videri, quas omninout in nostro exemplari reperimus, ita tibi offerimus.Expositam habes, lector, rationcm consilii mei, quam inexcudendo hoc auctore secutus sum. Reliquum est ut teetiam atque etiam orem, ut omnia grato animo interpre-teris, ac boni consulas : quod eos quibus liujusmodi rescognitae sunt facturos non dubito. Vale.

    Fernan Nuriez de Giizman, de Valladolid (Nonius Pin-cianusj ; Conrad Gesncr, do Zurich; Arnold Arlenius,

    ' Usus est in iis conscribendis Nicolai Leoniceni versione italica,(juia illum integriore castigatioreque codice usum fuisse intellexit. Istasvero castlgationes maxima ex parle a filio Henrico profectas fuisse, expraefationis posterioris editionis loco adparet. (Ilofi'mann, Lcxlconbiblioj^rapliicumy t. II, p. 51, Lipsiae, 1833).

  • 8 IlNTROnUCTIO^

    .

    (le Bois-le-Duc; Pietro Vettori (Petrus VictorinusJ, deFlorence, on pourrait ajouter encore plusieurs noms ceux-l, mritent d'tre considrs comme desi)rcurseurs de la philologie. Le premier germe de cettescience a clos en Italie, o ces rudits tudirent, alorsque dclinait dj l'humanisme. Mais elle ne fit que v-gter sur le sol italien. C'est en France que la grandecole philologique se forma et se dvelo})pa.Le fcond mouvement intellectuel que la renaissance

    venait de produire en Italie ne tarda pas se propagerdans les pays environnants. La France et l'Espagne lereurent des premires, presque en mme temps. Lespotes et les auteurs franais tombrent aussitt sous lecharme de la belle littrature grecque. L'enthousiasmede l'Italie de Ptrarque renaissait en France sous uneautre forme. C'est surtout en rcitant les vers de Ron-sard qu'on s'y passionna pour tout ce qui tait grec.Ce gnie harmonieux et inspir, l'idole des Franaisde son temps, ne contribua pas peu, par sa posie })lusnourrie encore de souvenirs que de mots hellniques i, procurer chez nous au grec une popularit qu'alors ilne rencontra nulle part ailleurs. L'esprit de l'antiquitplut merveilleusement en France. On sentit le dsir de lecomprendre fond ; on tudia de plus prs les textes : lebon sens fit le reste. Les Bud et les Turnbe fravrentla voie. Avec les Henri Estienne, les Joseph Scaliger et lesHenri de Valois, la philologie franaise brilla d'un vifclat.

    Ui.

    Chez les Espagnols, l'homme qui eut t en situation deprovoquer un retour vers la littrature antique, Diego deMendo/,a, n'tait |)as de la taille de Bonsard. l^es posiesde ce grand seigneur cpu' savait le grec, couraient manu-scrites de main en main dans un cercle choisi de con-

    ' Voy. K. ll^'gci', y Ilcllndsmc en France, dixime leon.

  • LA PHILOLOGIE EN ESPAGNE. 9

    naisseiirs ; elles n'exercrent pas une grande influencesur la nation. Pour quelque cause que ce ft d'ailleurs, laconnaissance du grec au xvf sicle en Espagne demeural'apanage d'une classe privilgie, trs peu nombreuse,d'esprits suprieurs, qui elle servait d'instruments pourleurs autres tudes. Qui tudiait alors en Espagne le grecpour lui-mme ? ou l'antiquit, pour la jouissance de re-vivre, en quelque manire, dans un monde si diffrent duntre ? On pourrait rpondre : personne. Le grec taitsu des membres du haut clerg, de quelques grandsd'Espagne aux instincts d'lite ; hors de l peut-trerencontrera-t-on encore quelques vocations isoles : etc'est tout.

    Dans ce petit cercle d'adeptes, il se trouva que la philo-logie proprement dite fit peu de fortune. Plus d'un savantespagnol eut une conception plus ou moins leve de laphilologie, en connut plus ou moins imparfaitement lesmthodes : et mme quelques noms illustres dans cettebranche des tudes doivent tre cits ici. Mais il manqua l'Espagne un Joseph-Juste Scaliger, qui lui apprit em-brasser d'un coup d'il d'ensemble et parcourir succes-sivement, avec une pleine indpendance d'esprit, tout ledomaine de la science de l'antiquit : et lorsque Scaligerfut venu, l'Espagne ne se rallia pas lui.

    Fernan Nu nez de Guzman, lve du Portugais Arias Bar-bosa dont on ne connat gure que le nom, fut l'introduc-teur et le pre des tudes grecques en Espagne \ Ses con-temporains l'appellent le Commandeur grec. Il expliquaitles auteurs en serrant le texte de plus prs que les huma-nistes italiens, ses matres. Il publia, ds 1519, Alcal,des traductions d'auteurs grecs, en latin, juxtalinaires.

    1 II vint alors en Esj)agne des Grecs de nation, qui occuprent deschaires dans les universits. Pour n'en citer ici qu'un exemple, DiegoSigeo, de Tolde, dclare, dans un livre rare intitul De latioiie acccn-tuum (Lisbonne, 15G0), avoir eu pour professeur de grec Alcal,Demelrius Ducas : (( Et vivae vocis praeccptoi-ern meuni in scliolaComplutcnsi Demctriuin Ducam natione Graecum, patria Cretensem. (Barbicri, dans le lolctln hlstiico^ t. I, 1880, p. 54).

  • 10 INTRODUCTIOIV.

    qui, bien qu'elles ne soient pas le premier modle dugenre, sont probablement du moins des premires quiaient t imprimes ; dans la prface, il se plaint de ladifficult d'un pareil travail ^ . Fernan Nunez avait cer-

    tainement nne ide juste de l'importance de la critiqueverbale. On en peut juger par l'extrait suivant de la pr-face de ses Observationes in loca obscurci Historiae natu-

    7'a lis Piina ^ :

    * Le Commandeur grec a donn : BasUcl Mag/ii oratio hortatoria adpuero.i quo pacto ex Graecis juventur libris^ suivi de : Demetrii MoscldLaconis quae circa Helenam et Alexandrum. L'un et l'autre texteportent : Complutl impressum per egiegium viruni Ariialdum Guil-llcrmum de Brocario anno 1519. Le Demetrius commence ainsi:

    (Primum musarum sacrum chorum precor cantus'/\ npwTOv Mouffacov lEpov yopov suyoy.

    ' oiSj)

    Dans rexemjjlaire de Notre-Dame-du-Pilar, de Saragosse, que nousavons eu sous les yeux, il s'arrte, au bas d'un verso, sur ces mots :

    i venit rctribuens : et in me cariun filium impulit :)

    ^OcV (X[Xto[ji.vr|, xat [xot cpiXov ulov sTrwpasv,)Le Basile et le Demetrius sont chacun [)rcds d'une prface latine :Frcdeiiandus Plnciaims Antonio Ncbrisscnsi. Extrait de la prface duBasile: Et graecum simul et latinuni sermonem eadem paginacomplexi sumus, et utrumque auctorem verbum verbo reddentes ver-timus. Id quidem lieri ob difllcultatem vix potuitsine aliqiio faniae meaediscrimine : sed ego me ita comparavi, (piosdam non semissis homun-culos parvi momenti loco ducendos esse, dummodo ex litterulis mcisstudiosis juvenibus utilitas aliqua perventura sit. Certe graecc promo-vere incipientibus magis hoc traducendi gnre consuli nemo diUite-bitur. Et opiiici nostri qui rei diflicultate deterriti haec studia aggredinonaudcnt, mirum quantopere bac commoditate allecti ad ea capessendaalacriores exurgent Extrait de l'autre j)rface : Est quidemhoc munus quod nuper suscepi transferendi graecos cjuosdani auctoresad usus juvenum qui graecis litteris incumbuiit, idque verbum ut aiuntex verbo, ac postea excudendi ac castigandi dillcile adeo et operosum,ut nemo sit in co obeuudo tam diligens et accuratus qui non in variascotidic liominum reprchensiones incurrat. Nam cum nudtiplex sit inalienam linguam iuterpretandi genus dictionem rcddens dictioni,sensnm scnsui, et cv utroque mixtum, disceptatio est non parva(juodnam sit illorum c(uod ad utilitatem discentiuui ceteris anteponidebeat, etc.

    - Ohservatioiies Fredcnandl Plntianl profcssoriSy etc., in locaohsciira et depravata Ilistoiinc nalurolis C. P/inii, etc. Impressae inurbe clarissima Salmantica, in officina eximii viri .loannis (iiuntae..lussu et impensa H""' in C-luisto patris et illustrissimi antistilis 1).Francisci Bobadiliae, Episcopi (laurionsis, Archidiaconi Toletani, etc.[\ic). Anno M. 1). XLIIH, mense januario. Cum privilgie) ne quis ex-cudat aut vendat. La prface est adresse l'vtiue de C

  • NUNEZ DE GUZMAN. 11

    Cum sint multa ac varia scribendi gnera, antistesclarissime, in quibus plerique nostrorum temporum insi-gnes ingenio ac doctrina viri, magna cum lande versantur,judltiin j/ii/ii fnictuosiiis magisque e repuhlica litterariuni'ideri solet, qiiam qiiod priscis illis ne praejudicatae aucto-ritatis scriptoribus, qui scientiae atque eloqaentiae foresnobis reseravere^ a vitiis mendisque Ubrariorum, interdumet correctornm, vindicandis impenditur. Historias quidamet annales condunt. Alii orationes et epistolas scribunt.Poemata nonnulb pangunt. Multi graecos in omni discipli-narum gnre auctores jure latii douant. Non pauci difficilesobscurosque scriptores scboliis illustrant. Ne desunt quiartes etiam et glossematon libres componant. Omnesmehercule dignissimi qui maxime laudentur, quod quaparte quisque valet, latinae linguae ac liumanorumstudiorum pomoerium promovere ac tblatare conantur.Caeterum, quemadmodum in aedificandi ratione primasemper fuit cura fundamentorum, ut alte a principio fidc-literque jacta intgra illibataque serventur, deinde ut siqua ex parte exesa, vitium fecerint, primo quoque tem-pore fulciantur (alioquicorruantquaesuperstruxerisnecesscest): pari ratione si clarissimosillos et antesignanos auctores,quibus tanquam firmissimis fundamentis scientia omnis eteloquentia nititur, erratis librariorum veluti situ quodamac paedore obduci ac corrumpi paulatim sinas, interiturosfunditus non multo post speres omnes lionestas disciplinas,et cum illis bene dicendi ornamenta, cultumquc orationisquae nos potissimum a mutis aniinalibus secernit. Hancigitur inipendentem litteris caiamilatem, majorem in diesSI contemnatur futuram, multi nostri aetatis celeberrimiviri praesentientes, omnes eo cogitationes ac conatus sucsdirigunt, ut obviam perniciosissimo nialo praeeant et quamlongissimc a litterarum finibus [)ropellant. Ego vero (simodo sententia mea, boc est bominis perquam in litteristenuis, praejudicii cujuspiam loco ducitui) cunctis inviniversum doctissimis hominibus, in hoc tam utile, tanthonestum, tam necessnrium munus^ caeteris studiis si nonprorsus abjectis, saltem prae boc postputatis, incum-benduni^ xnwno incubeuduin censco Prima enim opcrumaeditio, ut quorumdani aiiimalium foetus, iinpcrrccla fereesse consuevit.

    Francisco de Mondo/a v IJobadilla. Suit une rponse de deux pagesde l'cv{|uc de Coria, alors g de trente ans ( Et liacc omnia i/itratrlgcsiinuin quartuni,

  • 12 IIVTRODUCTION.

    Paez de Castro s'adonna pendant une partie de sa vie cette besogne que le Commandeur grec qualifie de siutile, si honorable, si ncessaire. A en juger par lesdtails f[n'il donne sur ses tudes dans sa correspondance,il avait dii apporter bien des corrections au texte desphilosophes grecs; mais il n'en publia jamais le moindrespcimen. L'un des premiers, il avait compris le parti quel'on peut tirer des scolies pour la restitution du textecomment \

    Le mdecin Lasuna traduisit Dioscoride comme notreAmyot traduisit Plutarquc, en se servant, outre le texteimprim, de collations de manuscrits d'une valeur sup-rieure l'dition^

    Le seul peut-tre des hellnistes espagnols qui jouisseencore de nos jours de quelque rputation de philologue,c'est matre Pierre Nunez (JSunnesius), de Valence,grce son dition de Phrvnichus : et encore Lobeck nele traite-t-il pas avec trop d'gards'.

    * Voy. ci-dessous le chapitre II, iv.2 Voy. Und.^ v.^ Phrjnicl cclogac /lomi/aan et vcrhonim atticonim (l.cipzig,

    1820), p. Lxxv : Supeiioium interprctuin copiis ita usas sum, utJ. .1. Scaligei'i notas fcre intgras et illibatas, Niiiiiic.iii, lloeschelii,Pauwii, in hrevius conliactas exliibereni. Nccjue futurum arbitror, (juisibi bac contractionc alicpiid detractum jure ([ucratur. Nam Scdligcrlqiildcm nullcnn iiitain litcram pcrirc fos duco. Sed ex iis, quae boniollispanus, non indoctus sane, ut illa crant tcmpora, ante hos ducentosainios commentatus est, pleraque ad nostram aetatem ita vetusta snnt,ut neque fructus ncquc delcctationis causa legi niercantur. Is euiin j)ci-saepc nihil aliud nisi Polhicis, Thoinae et l.exicogiapborum graecorumtestinionia, eaque nonnunquam paruni ad probationeni conferentia,producit, primum i|)sis, quibus scripta sunt, veibis graccis, deiudceadeni in latinuni conversa sermoneni. lUieccinerursns apponi intgra?Quae unicui([ne promta et tractata esse debcnt ? Quae in notis ad Tho-mam, ad Mocridcinet cctcros dialectoruni scri|)t()res, in Granunaticoriunlibris scholastiiis, in l>exicis adeo vnlgaribiis tum ubeiins tuni expla-natius et ad usuin accomniodatins exposita sunt? Inio hacc phUalo'j^ine sihiprniudcntis rrcpi/iidia... seusini abjiciantur oportct. Cf. MenendozPelayo [leon cite ci-dessus la note 1 de notre page 41: Y (|u decirde las aulas valentinas, doude Pedro Juan \unez, de vuelta de Paris,curado va de sns exageracioncs ramistas, v convertido al cultt) deAristoteles, fundaba a(|uolla osciieia liclcnistica (jue prodnjo obras tau

  • PAEZ. LAGUNA. PIERRE INUNEZ. AUGUSTIN. 13

    L'archevque de Tarragone, rminent canoniste etjuriste Antoine Augustin, fit de la philologie ses heures.Quoiqu'il se connt fort bien en manuscrits grecs, il ne sehasarda jamais publier aucun texte grec, hormis desConstitutions byzantines. Rarl-Otfried Midler lui dcernede grands loges pour son dition de Festus et de PaulDiacre. Il dpouilla, selon MUer, le manuscrit Farnsien(ou de Naples) en palographe consomm et proposa uneinfinit de conjectures heureuses ^ Mais qu'Augustin,comme philologue, est ingal lui-mme ! L'dition deVarron, De lingua latina, en fournit la preuve. Rholan-dellus avait donn en 1475, Venise, par hasard d'aprsde bons manuscrits, une bonne dition de ce trait. Cettedition ou des rimpressions qui en avaient t faitesavaient seules eu cours dans le monde savant jusqu' cequ'Augustin en publit une nouvelle (Rome, 1557). Celle-ci, dit Spengel ^ prsente un texte compltement nou-

    memorables como las Explaiiaclones ci Dlonisio Jpluo, trabajo delmaestro, y el tratado de la Eiitelcclda de Monllor, y los trabajos sinonumro de Vicente Mariner, autor qui/ el ms fecundo que ha tenidoEspaa, aunque entren en cuenta el Tostado y el mismo Lope deVega? )) (Page 116.)

    1 K.-O. MuUer (prf. du Festus, p. xxxvi), propos de l'ditiond'Ant. Augustin : t'arnesiani codicis singuli articuli, etiam truncati etlaceri omnes, magna iide redduntur In utroque vero, et Paulo etFesto, tt vitiosa verba conjectura ductus sanavit, ut dubitem an nuUusalius unus utrique grammatico tt locis profuerit quam A. Augu-stinus. Ihid.^ p. xxxvn : Josephus Scaliger neque codicem nequeuUa subsidia adhibuit, sed ex solo A. Augustini exemplari felicissima

    ' ingenii acie dispecto Festum magis auxit quam alius quisquam criticusex opulentissimo apparatu Nihil posse divinius. Cf. J. Bernays,qui fait la part moins belle Augustin (Joseph Justus Scaliger, p. 9) : Und die Niederlage (der Italiener) war um so enipfindlicher,da der Siger zum Theil mit AVaflen focht, welche die Italiener ilimhatten darreichen mssen, ohne sic sclbst benutzen zu knnen. Aus ita-lischen Bibliotheken batte nian die brauchbaren Ilandscluiften desVarro und Festus bervorgelangt ; aber unter dcn stobernden Hndendes Augustinus und Victorius bliebten die vergilbtcii Pergamente wassie waren : cin K.ehriclitliaufen von Abscln-eibfehlern ; von der Wiin-schelrutbe Scaligerscher Kritik berulirt, vervvandelte sich das sterqui-liniuin in Gold.

    2 liaec recensio novum plane Varronis textum exhibet ; interpo-latorum cnim librorum auctoritate omni scriptoris quam valde sectaturantiquitate deleta (delccta cdit.) vulgarcm dicendi rationem Augustinus

  • 14 nTRODUCTIOlN.

    veau de Varron. Augustin suit des manuscrits interpols,et limine tout archasme du texte de notre auteur. Ledocte archevque a t dupe de corrections spcieuses, quirtabUssent un sens facile et n'avant rien d'absurde,dans les passages embarrassants, et qui remplacent lesformes archaques, tonnantes au premier aspect, parcelles do la langue ordinaire. Turnbeet surtout J.-J. Sca-liger rclamrent hautement contre l'emploi d'une tellemthode pour diter les textes anciens *. Nanmoins,jusqu'en ce sicle-ci mme, la recension d'Augustinrgna. Spengel, dont l'dition remonte 1828, en eutenfin raison.

    C'est dans sa jeunesse, sans doute, qu'Augustin duttraduire en castillan le premier livre de la Cyropdie deXnophon *. Esprit ardent et dou de tous les genresde curiosit, il se porta quelquefois vers l'histoire ro-maine. On connat son recueil des fragments des ancienshistoriens latins, son ouvrage sur les Familles romaines,ses uvres de numismatique. Il se tint sans cesse l'afftdes ac([uisitions cpic faisait chaque jour la science de l'an-ti([uit; il salua avec enthousiasme toutes les dcouvertesaccomplies autour de lui dans les lettres *.

    reposuit Fefellerunt doctum archiepiscopum, (|u;ic in codice nostroli ap[)arent cmendationes, ([uas, cum et scnsum intcrdiim non ineptecnodcnt, et nostiae iotpiendi lationi quam priscae et liorridae auctorismagis conveniant, nec prohabilitate carere videantnr, primo aspcctuveras facile censeas ; accuratius vero si cvolveris, (ictas : neque praetervcterum codicum lectionen), hic illic leviter inc|uinatam, aliam e Var-ronis manu venisse agnosces. (Edit. du De liiigua lat.^ Berlin, 1826. Cf. l'dition de K.-O. MUer, Leipzig, 1833).

    ^ Joscphl Scaligcrl conjcctanca in Farroncm de lingua latina(Paris, 1565), prface: Nam quod aiunt isti, post Antonium Augu-stinum frustra illud negotium a nie susccptum esse, j)rimum altcrutrum :aut prolitcntur tcmeritatem suani, cpii audeant praestare illam cdi-tionem, (piam ipsi legisse non videntur ; aut supinitatem, qui, si Icge-runt, non vident in ca tt mcndosos locos rclictos, non paucos etiamj)crperam mutatos esse, ut niiiii videautur magnam injuriam facereoptimo viro, qui ejus magnitudincm ingcnii hac una editione volantuestimari.

    * Voy. Latasa, lUblloteca aragonexa.

    ^ Cf. la correspondance d'Augustin avec Zurita (chez Donner,Progresos, etc.], passi/ii.

  • ANTOmE AUGUSTIN. 15

    L'lve des humanistes italiens reparat pourtant sou-vent en lui. C'est croire par moments que ce qui l'attirele plus dans les historiens anciens, c'est l'art de la com-position, l'loquence de son auteur. Les beaux discours,voil ce qu'il trouve de plus admirable chez Thucydide,Tite-Live, Salluste, Csar, Tacite, et mme chez Denysd'Halicarnasse. Augustin n'avait le got ni sr ni fm. Onne refuse certes point de reconnatre une certaine valeurhistorique aux fragments de Denys d'Halicarnasse quinous ont t rendus par la dcouverte du titre De lega-tionibus ; mais Augustin force la note quand il s'crie:(( Ce sont de trs beaux morceaux ! Le cristal n'est pasplus brillant : peine les toiles le sont-elles ! Et quelle

    pice Augustin a-t-il surtout en vue ? Ce discours siverbeux, d'un genre faux, que Fabricius tient Pyrrhusau vingtime livre des Antiquits romaines^ . Le savantvque, qui trouvait cela parfait, ne comprenait pointque son ami Zurita pt crire l'histoire (ki royaumed'Aragon, sans l'orner de discours directs et indirects. A quoi Zurita rpond, avec beaucoup de bon sens et nonsans esprit, que pour ce qui est des discours indirectset directs, les anciens ont sans doute eu raison d'enuser, puisque cela leur a russi, mais que, pour lui, il nese sent point le talent requis pour en composer de beaux ;puis mme que, l'et-il, il ne voudrait pas mettre dansla bouche de ses personnages des discours l'ancienne,tomber dans la rhtorique, au risrjue de discrditer lect srieux de son livre. Mais Augustin n'tait point faitpour goter ces raisons : il ne voyait qu'une chose, c'est

    1 Augustin Orsini (^^.f/^///. Opcr., t. VII, p. 256), de Lrida,26 septembre 1574 : Dunque per tanto belle cose vengo a Dio/iysloche possiamo chiamar antiquario di nostra citt et Rcpublica. Sapetebene che scrisselib. XX, et arrivavacon essi al primo bello Punico. llnelle mani alcuni bellissimi fragmenti che non c pi lucido il cristallo,et tantum non le stclle. Tr le altre cose narra la Legatione di Ci. Fa-bricio al li Pyrrho, e la riposta dcl R scritta in versi da Enniolodati da Cicrone Narra due bellissime orationi, vero raggiona-menti secreti di Fabricio e Pyrrho, dove il R libcralissimamente od'e-risce moite cose a Fabricio, et l'altro con non minor magnanimitrfuta le olierte, e loda le sue rammoi'accie e rpe.

  • 16 INTRODUCTION.

    qu'il manquerait au livre de Zurita une des partiesqu'ont les bons auteurs grecs et latins \

    Ni Augustin ni matre Nuriez ne comprirent le mritedu Thsaurus linguae graecae d'Henri Estienne, qui parutde leur temps. Nuiez l'a tenu deux heures entre lesmains ; il sait dj quoi s'en tenir sur le compte de celivre: Estienne cite du grec chaque instant sans v joindrela traduction ; il ne tire point Nuiez d'affaire dans lespassages d'Aristote et de Thoj)hraste que celui-ci n'en-tend point ; il s'appuie sur le tmoignage d'auteurscomme Athne pour tablir la rgle du bon usage % etc.

    ' Augustin Zurita (Augustin, oper., t. VII, p. 219], la datedu 5 dcembre 1578 (sans lieu] : La historia de V. M., coniparada conlos historiadores espanoles que hasta agora iian salido a luz, es niuybuena y aventajada, pero no liene todas las partes que tienen losgriegos y latinos buenos, y lo que mas se eclia de ver es la falta de lasoraciones dirctas y obliquas, (jue en Tucidides y l/ivio y Salustio dangrau ornamento su historia. En los commentarios de Csar estn masdissinmladas, pei'o hailas; y Cornelio Tacito, cl idolo de V. M., ahunquees duro y baxo de lengua, tiene buenas oraciones y brves. Las deGuichardino tcngo yo en mucho, y algunas de Paulo Jovio. Zurita[ibid.], rpond, de Santa-Engracia, le 12 dcembre de la mme anne : Yo veo bien lo de las oraciones obliquas y rectas, y no me parecebien del todo la opinion de Trogo que las condena, pues los mas exce-lentes griegos y latinos las usaron tan acordadamente. A mi me pa-reci faltarme mucho caudal para esto; y, (juando le tuvicra, si aviade j)rocurar (juc fuesse con aquella imitacion, se avian de dexar inli-nitas cosas, que es menos inconvcniente que no se ayan perdido, (jueaiular rlictoriraiulo y pcrdicndo cl crdita en lo principal.

    2 Nunez cit dans une lettre de Martin Vaylo Augustin (Cartaseruditas, ctc.^ publies i)ar Ignacio de Aso), de Lrida, 17 octobre1572 : El Thcsauro de llenr. Steph. apenas le he podido gozar doshoras cumplidas, y assi no puedo dezir dl, sino ([ue me parece lecuesta caro a Trincher, y no vender muchos, porque dexa de traducir cada jjaso lo que trac en griego, y por tantas rcmesas que la gentecomun se causa dcUas, y de los ordinarios cuidados que yo tengo deArist. y Theophrasto, de ninguno me ha sacado, ni me ha pucsto enotros nuevos; bive tambien mucho de prestado de Gorreo (ily ;i Gorrcodans l'original; l'dition porte corrco] v otros que no me agradan.Fltale cl delecto y la graduation de autores por Pausanias poi- otro.Allega mucho Ateneo y otros semejantes para la lengua, pero trastodo esto dobc scr gran tiicsoro y mas para quicn dicrc veintc libraspor l. Gorreo, auquel Nuez fait allusion, est Jean des Gorris(-[- 1577), en latin Gorracu.s-, auteur d'un gros dictionnaire mdicalgrec-latin, plusieurs fois rimprim, et intitul Dcfnitionain niedicartinilibri XXIf .

  • JUGEMENTS SUR LE TRSOR GREC d'eSTIENNE. 17

    Le Thsaurus devra, malgr tous ces dfauts, tre ungrand trsor, selon matre Nuez, surtoutpour qui Vaurapaj vingt livres.

    Augustin n'exprime pas une meilleure opinion sur lemme livre. Je viens d'avoir entre les mains, crit-il Orsini', le Trsor grec d'Henri Estienne. Estienne meparait tre un grand bavard (ciccalone) ; il reprend beau-coup les autres, et lui-mme n'est pas la perfection. C'estgrand dommage que nous n'ayons personne pour bientaire cette besogne. A quoi bon nous servir une tellemacdoine tout bout de champ ? Pourquoi ne construit-on pas des index des mots et locutions attiques qui setrouvent chez Platon, Dmosthne, Eschine, qui sont lesplus attiques des crivains ? On les enrichirait ensuite, petit petit, en dpouillant les autres orateurs attiques, les his-toriens, les potes

    ;puis, on y joindrait les mots de la langue

    commune et des dialectes, en citant chaque fois les anciensqu'il conviendrait, et non point tous ces fanfarons mo-dernes, ni cette foule de grammairiens qui nous assas-sinent de leurs interprtations. Je voudrais bien savoirce qu'est devenu le trs docte Micer Mathia, qui avaitentre les mains un travail de ce genre fort bien digr .Augustin, s'il revenait aujourd'hui au monde, continuerait demander vainement des nouvelles de Micer Mathia.Comme il serait surpris de voir le cas que les philologuesfont du Trsor !

    Enfin, l'vque de Tortosa, Juan Bautista Cardona,

    ^ DcLrida, 4 novembre 1572 (t. VII, p. 252, dit. de Lucques) : Ilora mi viene nelle mani il Thesauro di Ilenr. Stephano greco. Mipare un gran ciccalone, riprende molti, ed egli non c perfettissimo.Gran peccato che non abbiamo chi tratti bene quel suggetto. Clieaccade far tante insalatc di mescolanze a tutto pasto ? Perche non sifanno indici di paiolle et locuzioni Attici, quanto si trova in Platone,Demostene, Aeschine, che sono li Atticissimi, et poi di mano in manodi altri attici oratori, historici, et [)octi, |)oi dlie parollc comnuuii etdi dialetti, citando in ciascuna |)ar()lla li anti([ui a proposito, et nontanti forfanti moderni, et tanto luimero di Grammatici che ci assassi-nano con le sue interpretazioni ? Desidcro saper che la il dottissitnoM. Mathia che aveva nelle niani una siniilc (aticha ben digesta.

    r.E FONDS flllKC I)K I.'KSCUniAF.. %

  • 18 INTRODUCTION.

    serait sans doute compter parmi les philologues, si lemanuscrit de l'dition de saint Hilaire, qu'il avait prparede longue main, n'avait pas t malheureusement dtruit,au moment d'tre mis sous presse, Anvers, chez Plantinmme, pendant le sac de la ville. Cardona avait certai-nement de saines ides sur la valeur relative des manu-scrits, comme on peut s'en convaincre par l'extrait sui-vant d'une des rares uvres qu'il ait publies *:

    Neque vero ii tantum libri colligi debent, qui nunquamantea sint impressi ; sed et qui jam excussi sunt, si quaesint eorum exempla vetustiora, praesertim manuscripta.Accidere enim saepe videmus, et magno reip. litterariaeincommodo experimur, ut inter imprimendum quaedamvel omittantur vel addantur vel in pejus mulentur, libra-riorum vel incuria vel audacia vel malitia et animi perver-sitate...

    Jam vero librorum non pretium idem et aestimatioerit. Certe enim quem auctor sua manu scripserit omnibusaliis est praeferendus. Quo etiam loco liabendus is, quemnon auctoi' quidem scripsit, verum scriplum (amen ab alioipse cmendavit. Secundo loco erunt dlius exempla : et sicdeinceps vel pUiris vel minoris aestimahunlur pro tcm-poris praei'og^ativa. Neque vero ideo velim rejici aliosomnes a bibliothecae Regiae praefecto ; nam et multoslibros videmus manu quidem recenti descriptos, multotamen aliis puriorcs et integriores, quod sint exemplapriorum et prohatissimorum, unde quasi c l'on li bus emaiia-rint. Pateat liis igitur etiam aditus, sintque unius iil)riexempla piurima. Jam ut verum sit (ut certe est) lihrosdescrihendo depravari, illud tamen negari non poteslplerisque in locis veram scripturam retineri, aut certevestigia quaedam illius adumhrari : quo fit ut, cum anti-quiores sint [)luril)us locis meliorcs, tamen alicubi maieairecii cum sint, recentiorum ope saepe adjuventur, prae-sertim si quae eorum litterae obsoleverunt, ut nisi luminehinc accenso perpeluis tenebris damnentur.

    ' De rcgia '. Laurc/ii /jibliot/ieca [Turrugonc, 1587: ouvrage rim-prim en dernier lieu dans Claroriiin lUspnnoium opascula selecta,Madrid, 1781).

  • CARDONA. LE GREC PEU CULTIV POUR LUI-MME. 19

    IV.

    Quelques vocations exceptionnelles et incompltes nesuffisent point pour donner la renaissance des lettresgrecques en Espagne un caractre franchement philolo-gique. A considrer ce mouvement dans son ensemble, ilapparat comme une autre phase, assez originale, del'humanisme. Ainsi, parmi les auteurs grecs^ il sembleque ls potes, quelque genre qu'ils appartinssent, lesorateurs, les historiens, n'aient pas t gots au seizimesicle en Espagne. On les lisait fort peu ; on ne les tra-duisait et ne les commentait gure. En revanche, laphilosophie, la mdecine, les auteurs canoniques et lesPres suscitrent une foule de travaux de diverse nature,notanuiient des commentaires en latin. On n'aimait le grecque pour le parti qu'on en pouvait tirer.La philosophie tait la mode : on sentait l'avantage de

    pouvoir mditer sur le texte d'un penseur mthodiquecomme Aristote, d'un gnie sublime comme Platon, et derecourir, au besoin, la nombreuse pliade de commen-tateurs anciens qui avaient lu ces maitres dans des ditionsplus pures que les ntres. La mdecine moderne n'taitpas encore fonde, et l'on dpendait encore d'Hippocrate,de Galien et de Dioscoride : ce fut avec enthousiasmequ'on remonta jusqu'aux sources mmes d'o dcoulaientpresque toutes les connaissances mdicales et pharma-ceutiques du temps. Etre aussi familier avec les premiersPres de l'Eglise grecque qu'avec ceux de l'Eglise latine,vers dans l'tude des vastes collections conciliaires etcauoniques, et surtout capable de les lire en rdaction ori-ginale, c'est--dire dans le texte grec, passait, juste titre,pour le plus sr moyen de briller au premier rang et d'im-poser son autorit, en vue du plus grand bien de l'Eglise,dans les assembles ecclsiastiques et les conciles. Ne levit-on pas bien Trente? On en refaisait l'expriencejournalire dans ces conciles provinciaux ([ui se ru-nissaient alors si souvent en Espagne.

  • 20 i\TRoi)U(/no>.

    Voil, ce qu'il semble, les diffrentes et principalescauses qui poussaient certains esprits suprieurs sedonner l'tude du grec. Mais le ravissement de l'hu-maniste italien en contemplation devant le spectacleenchanteur de la littrature classique; mais l'ardeur pas-sionne d'un Scaliger vou l'analyse et la reconstruc-tion idale du monde grco-romain, besogne si varie, siintressante, si pleine d'enseignements: c'taient l dessentiments peu communs dans la socit espagnole verslaquelle nous tournons en ce moment le regard'.

    Certes les vrais humanistes de la bonne cole eussenttrouv leurs descendants en Espagne bien tides. Engnral, ces nouveaux humanistes publient peu