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L’ACCESSIBILITÉ AU LOISIR MESURÉE PAR LA LORGNETTE DES CENTRES COMMUNAUTAIRES DE LOISIR LE LOISIR ACCESSIBLE : UN DROIT POUR TOUS GUIDE POUR L ANALYSE DE L ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

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Page 1: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

L’ACCESSIBILITÉ AU LOISIR MESURÉE PAR

LA LORGNETTE DES CENTRES COMMUNAUTAIRES DE LOISIR

LE LOISIR ACCESSIBLE : UN DROIT POUR TOUS

GUIDE POUR

L’ANALYSE

DE L’ACCESSIBILITÉ

AU LOISIR

Page 2: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

Ce document est le résultat de travaux réalisés par le

CENTRE D’ÉTUDE ET DE RECHERCHE EN INTERVENTION SOCIALE (CÉRIS)UNIVERSITÉ DU QUÉBEC EN OUTAOUAISC. P. 1250, succursale HullGatineau, Québec J8X 3X7Tél. : 819 595-3900 poste 2291Téléc. : 819 595.22.27Courriel : [email protected] Internet : http://w3.uqo.ca/ceris

L’édition du document est rendue possible grâce au

CONSEIL QUÉBÉCOIS DU LOISIR4545, av. Pierre-De Coubertin, C. P. 1000, Succ. MMontréal, Québec H1V 3R2Tél. : 514 252-3132Téléc. : 514 252.30.24Courriel : [email protected] Internet : www.loisirquebec.com

avec la collaboration de

L’ALLIANCE DE RECHERCHE UNIVERSITÉS-COMMUNAUTÉSEN ÉCONOMIE SOCIALE (ARUC-ÉS)dans le cadre du Chantier d’activités partenariales Loisir et tourisme socialUniversité du Québec à Montréal

grâce à la contribution financière :

Conseil de recherches en sciences humaines du CanadaMinistère de l'Éducation, du Loisir et du Sport

ISBN : 2-922551-66-0 (2e édition, octobre 2007)ISBN : 978-2-89251-315-8 (1re édition, mars 2007)

Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, octobre 2007Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, octobre 2007

L’ACCESSIBILITÉ AU LOISIR MESURÉE PARLA LORGNETTE DES CENTRES COMMUNAUTAIRES DE LOISIR

Page 3: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

PRÉAMBULE

1 L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

Depuis l’adoption de la première politique du loisirau Québec en 1979, la personne est au cœur despréoccupations des décideurs et des gestionnairesde service du loisir public. Cette préoccupationnous force à nous questionner sur la valeur réellede l’accessibilité pour tous les membres de noscommunautés. Rendre accessible le loisir supposedonc, entre autres :

• la possibilité d'accéder à une activité, à unlieu de pratique, à un équipement;

• la capacité de comprendre et de pratiquer;• la qualité de la mise en relation et de

l'échange.

L'accessibilité renvoie aussi à l'égalité des chan-ces, à la notion du droit défini comme la facultéd'accomplir ou non quelque chose ou de l'exigerd'autrui, en vertu de règles reconnues. Elle semesure par le maillon le plus faible; elle est quali-fiée d'universelle lorsqu'il est possible pourn'importe quelle personne d'accéder, de pratiquer,

d'échanger de façon équivalente mais, dans lesfaits, elle exige souvent des mesures spécifiquespour répondre aux besoins et aux attentes d'unepartie de la population.

L’accessibilité est sans doute la valeur qui caracté-rise le plus le loisir public dans une société dé-mocratique. Au Québec, la mission d’accessibilitéau loisir public est inscrite dans la Loi visant àlutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale adop-tée par l’Assemblée nationale le 13 décembre2002. Cette dernière stipule clairement à l’article8, aux points 4 et 6, que les actions liées à la pré-vention de la pauvreté et à l’exclusion socialedoivent « favoriser, pour les personnes en situa-tion de pauvreté, l'accès à la culture, aux loisirs etaux sports » en plus de « soutenir les actions béné-voles et communautaires qui contribuent à l’in-clusion sociale des personnes en situation depauvreté. » 1

« Faire du citoyen le centre et la priorité d’une politique du

loisir, c’est tirer les conséquences les plus évidentes de nos

propos sur la nature même de l’expérience du loisir. »

(Gouvernement du Québec, 1979 : 32)

_____________________________________________________

1 Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, L.R.Q., c.L-7, article 8

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AVANT-PROPOS

2L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

Le projet de grille d'analyse de l'accessibilité au loisir, lequel a servi d'outil de travail lors du Forum québé-cois du loisir 2005, constitue le cadre de référence pour l’analyse de l’accessibilité au loisir. Les participantsont été invités à se l'approprier et à proposer des ajouts et des modifications, même après l’événement.

Il fut élaboré au sein du chantier d'activités partenariales en loisir et tourisme social de l'Alliance derecherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS), sous la responsabilité de Louis Jolin,professeur au département d’études urbaines et touristiques, École des sciences de la gestion (ESG) del’Université du Québec à Montréal (UQÀM), avec la collaboration, à la recherche et à la rédaction, de MehdiDriss, étudiant à la maîtrise en gestion et planification du tourisme et de Marie-Ève Lépine, agente derecherche à l’École des Sciences de la gestion de l’UQÀM, ainsi que des membres du comité d’orientationdu Forum 2005.

Le comité d’orientation, sous la coordination de Sonia Vaillancourt, coordonnatrice au développement auConseil québécois du loisir, était composé de professeurs et de professionnels du loisir : Jean-Luc Bessette,ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport; Lynda Binhas, Comité sectoriel de main-d’œuvre en éco-nomie sociale et action communautaire (CSMO-ESAC); Daniel Caron, directeur général du Conseil québécoisdu loisir; Mario Chamberland, Loisir et Sport Montérégie; Dany Gilbert, ministère de la Culture et des Com-munications; Louis Jean, Association des camps du Québec; Steeve Martel, ministère de l’Éducation, duLoisir et du Sport; Jocelyn Morier, Cégep du Vieux Montréal, Pierre Morin, consultant, milieu municipal;Michel Nolin, Département des sciences du loisir et de la communication sociale, Université du Québec àTrois-Rivières.

Les données statistiques et factuelles, telles les tendances qui y sont énoncées, ne sont présentées qu’àtitre d'exemples pour concrétiser l'un ou l'autre des paramètres de la grille. Elles n'ont pas prétention àl'exhaustivité. Une mise à jour des données a été effectuée au début de l’été 2007. Par ailleurs, comme lesindicateurs de réalisation et les questions posées constituent uniquement des pistes de réflexions, nousencourageons les utilisateurs à les enrichir en fonction de leur contexte.

Page 5: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

TABLE DES MATIÈRES

3 L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

1. INTRODUCTON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

2. PARTIR DES ACQUIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3. LE LIEN AVEC LES RECHERCHES SUR L’ACCESSIBILITÉ AU LOISIR EN SUIVI AU FORUM QUÉBÉCOIS DU LOISIR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

4. LE POUVOIR D’ATTRACTION DE L’ACTION SOCIO-COMMUNAUTAIRE EN CCL ET LA PROPOSITION D’UN NOUVEAU VECTEUR . . . . . . . . . . . . . . 16

5. EN CONCLUSION : C’EST DANS LEUR FAÇON DE VIVRE LA PROXIMITÉ DE LA POPULATION QUE S’EXPLIQUE LE MIEUX L’ACCESSIBILITÉ AULOISIR DANS LES CCL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

RÉFÉRENCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Page 6: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

1. INTRODUCTION

4L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

L’accessibilité au loisir est un thème qui rejointautant les gouvernements à l’échelle locale etnationale. Tous les énoncés de politiques associéesau loisir mentionnent la nécessaire accessibilité auloisir. Le Forum québécois du loisir y a consacréune plénière en 2005 et plusieurs municipalités endiscutent régulièrement. Dans le cadre desactivités du Centre d’étude et de recherche enintervention sociale (CÉRIS), Lucie Fréchette en afait un objet de recherche en collaboration avec laFédération québécoise des centres communau-taires de loisir (FQCCL).

Nous avons choisi de scruter l’accessibilité auloisir à partir de l’expérience des centres commu-nautaires de loisirs (CCL). L’étude avait pourobjectif d’identifier les mesures prises par les CCLpour favoriser l’accès au loisir chez les populationsen situation de précarité. Dans la foulée du Forumquébécois du loisir de 2005 et des travaux de LouisJolin en collaboration avec Sonia Vaillancourt,notre projet a cherché à mieux comprendre lesfacteurs qui contribuent à l’accessibilité au loisirpar des mesures financières, des mesures partici-patives ou des mesures organisationnelles.

Dans le cadre des activités de l’ARUC en économiesociale de l’UQAM, le Conseil québécois du loisirvéhicule une notion large de l’accessibilité auloisir. Celle-ci renvoie à la possibilité d’accéderphysiquement à une activité de loisir en un lieu etavec des équipements appropriés, à la capacité decomprendre et de pratiquer le loisir dans un cadrerelationnel agréable. L’accessibilité renvoie aussi àl’égalité des chances faisant que le loisir estpossible pour les gens de toutes conditions socia-les ou économiques.

Nos travaux, sans s’inscrire au sein des travaux deJolin et Vaillancourt, ont toutefois cherché àétablir des liens utiles avec ces derniers et, à leursuggestion, ont utilisé la grille d’analyse d’ac-cessibilité qu’ils ont développée et continuent deraffiner depuis quelques années.

Les travaux menés par Fréchette (2000) et parBellemare, Briand et Fréchette (2003) depuisquelques années ont analysé le loisir communau-taire en CCL selon divers angles. La question del’accessibilité au loisir bien qu’évoquée dans cestravaux méritait une analyse plus soutenue en

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5 L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

___________________________________________________

1 Les recherches ont été soutenues par diverses sources. Dans le cas plus spécifique de l’accessibilité au loisir, l’ARUC en économiesociale de l’UQAM a investi 4 000 $ en soutien à la recherche.

raison de l’actualité de la question au sein desorganisations de loisir

1. Le travail effectué en ce

sens a mis à contribution principalement LucieFréchette de l’UQO, Pierre Vigeant et CarolePelletier de la Fédération québécoise des centrescommunautaires de loisir (FQCCL) et GinetteD’Auray professionnelle de recherche au CÉRIS del’UQO. Le travail s’est concentré sur une cueillettede données à partir de la documentation dispo-nible à la FQCCL, de la littérature de recherche surles CCL, des échanges en équipe de recherche. Lesrésultats des travaux ont été discutés à quelquesreprises en cours de recherche à la direction de laFQCCL.

Ce cahier présente en synthèse certains de cesrésultats de façon à laisser des traces écrites de ceprojet pour que puissent en profiter d’autresinstances intéressées à la question de l’acces-sibilité au loisir.

NOTE SUR LES AUTEURS :Lucie Fréchette, docteure en psychologie, estprofesseure au Département de travail social et dessciences sociales de l’Université du Québec enOutaouais. Elle est coordonnatrice du Centred’étude et de recherche en intervention sociale(CÉRIS) et dirige l’Alliance de recherche université-communauté/Innovation sociale et développementdes communautés (ARUC-ISDC).

Pierre Vigeant, diplômé en sciences du loisir, estdirecteur général de la Fédération québécoise descentres communautaires de loisir (FQCCL) et CarolePelletier, spécialisée en mesure et évaluation, estprofessionnelle dans la même organisation.

Page 8: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

Une recherche menée en 1999-2000 sur la spéci-ficité des centres communautaires de loisir(Fréchette, 2000) ayant mené à ce qui est mainte-nant connu sous le nom du rapport Fréchette,présentait la question de l’accessibilité au loisircomme un acquis dans les CCL. Une description desusagers des CCL démontrait que l’observation et lesdonnées recueillies sur la participation auxactivités de loisir en CCL indiquent qu’ils sont fré-quentés par un nombre appréciable de personnes,des gens de tous les âges, des hommes et desfemmes, Québécois de longue date ou d’adoptionplus récente, des gens de toutes conditions socio-économiques. Nous reprenons ici une partie del’information.

La formule décrivant la participation dans les CCLpeut être qualifiée d’asymétrique. Certains centrescomptent des membres en bonne et due formepossédant une carte de membre individuel ou unecarte familiale. D’autres centres n’exigent pasd’adhésion officielle, mais calculent comme usagerstoutes les personnes ayant participé à l’une oul’autre des activités du centre. Là ou le statut demembre existe, plusieurs activités sont cependantouvertes à d’autres que les seuls membres. Dansd’autres centres, la qualité de membre réfère à unprogramme particulier et contribue à développer lesens de l’appartenance au groupe.

Le premier aspect à souligner quant à la participa-tion au loisir est le grand nombre de personnes quifréquentent les activités formelles et informellesdes CCL. La revue de la FQCCL rapporte en 1996 quel’action des CCL s’est exercée auprès de 200 000membres réguliers et auprès de 600 000 partici-pants occasionnels pour l’ensemble des centresfédérés, ce qui à l’époque signifiait 56 de centres.La FQCCL en compte en 2006 plus de quatre-vingt.

La participation aux activités des CCL ne comportepas de dominante de sexe. En effet, dans les centresétudiés, on retrouve autant de garçons que de fillesparmi les activités destinées aux jeunes. Il en va demême pour la participation des adultes soit commebénévoles ou comme consommateurs de loisir. Larépartition des participants traduit plutôt desintérêts dominants chez les hommes ou les femmes.La pratique de certains sports ou des activités tellesl’ébénisterie attireront plus de participantsmasculins tandis que certaines activités artistiquesou culturelles comme les ateliers de porcelaine oules travaux à l’aiguille regrouperont une majorité defemmes. La question de la participation esttoutefois toujours à examiner en relation avec lacomposition démographique du territoire couvertpar le CCL. On ne s’étonnera pas de recruter plus defemmes dans des milieux où prédominent les famil-les dirigées par un parent féminin seule ou plus depersonnes âgées dans certains milieux ruraux moinsbien garnis en jeunes de 16 à 30 ans.

Les CCL sont des milieux favorisant le rapproche-ment interculturel. Les données que nous avionsrecueillies indiquent qu’à ce moment, des effortsfructueux avaient été accomplis en ce sens spé-cialement dans la région de Montréal et dans unecertaine mesure dans la région de Québec et enOutaouais. Finalement, les CCL sont sensibles àl’intégration de personnes plus vulnérables au seinde leurs activités. Les centres et la FQCCL fournis-sent facilement, à partir de leur connaissance dumilieu et des rapports fournis par les CCL, desexemples d’activités impliquant des personnes àmobilité réduite, des malentendants, des personnesaux prises avec des problèmes de santé mentale.

Nos travaux voulaient aller plus loin et mieux com-prendre comment il se fait que les CCL réussissent àrejoindre des populations aussi diversifiées.

6L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

2. PARTIR DES ACQUIS

Page 9: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

Notre questionnement sur l’accessibilité au loisirs’est arrimé aux catégories que les travaux deJolin et al. ont qualifié de dimensions de l’acces-sibilité : la dimension temporelle, la dimensionspatiale, la dimension économique et la dimen-sion culturelle. Nous n’avons cependant pasdécoupé notre exercice de façon aussi détailléeque dans la grille de cette équipe de recherche,n’ayant pas isolé comme ils l’ont fait les cinq

objets de l’accessibilité (territoire services, infor-mation, activités et équipements) et les modesd’interventions (politique, gestion, animation,tarification, communication). Sans en faire desmarqueurs distincts, nous en avons tenu comptedans nos échanges. Le schéma reproduit avec lapermission des auteurs donne le portrait completdes catégories qu’ont dégagées les travaux aux-quels nous référons.

3. LE LIEN AVEC LES RECHERCHES SUR L’ACCESSIBILITÉ AULOISIR EN SUIVI AU FORUM QUÉBÉCOIS DU LOISIR

7 L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

Page 10: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

8Cadre de référence pour l’analyse de l’accessibilité au loisir

VECTEUR SPATIAL• accès au territoire• accès physique

VECTEUR ÉCONOMIQUE• capacité de payer• tarification

VECTEUR CULTUREL• mode de vie• tradition, valeurs• environnement social• éducation

ENVIRONNEMENT• démographie• niveau de revenu• niveau d’éducation• niveau de sécurité

VECTEUR TEMPOREL• temps libre disponible• heures d’ouverture

PERSONNES ET

POPULATION

___________________________________________________

2 La grille de l’accessibilité en loisir telle que présentée par monsieur Louis Jolin, professeur au département d’Études urbaines ettouristiques de l’Université du Québec à Montréal, le 8 avril 2005, dans le cadre du Forum québécois du loisir.

Page 11: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

4. LES VECTEURS DE L’ACCESSIBILITÉ

9 L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

La grande majorité des CCL offrent des activités deloisir selon une plage horaire large. Les heuresd’ouverture sont empreintes de flexibilité. On ytrouve des activités le jour et le soir, la semaineet les fins de semaine. La carte des loisirs varieselon les saisons et se présente sous une offre deloisir le plus souvent selon trois saisons, automne(septembre-décembre), hiver (janvier-avril), été(juin–août). L’été se caractérise surtout par uneactivité intense auprès des enfants et des ado-lescents. Les CCL sont nombreux à offrir des campsde jours et parfois même dans quelques CCL desséjours en base de plein air.

Les CCL prennent aussi en compte le calendrierscolaire et les périodes de fêtes civiles ou reli-gieuses. Des activités spécifiques sont ainsi orga-nisées pendant les semaines de relâche scolaire,aux Fêtes ou à des moments particuliers del’année. Par exemple, des CCL fêtent la Saint-Jean,organisent des fêtes de quartier estivales, etc.

Des exemples en rafale :

• Durant le congé des Fêtes, le Centre communau-taire Hochelaga de Montréal demeure ouvert« quand tout est fermé ». Il tient un camp de jouren s’adressant aux jeunes de 4 à 14 ans qui fré-quentent les écoles du quartier.

• Le Centre communautaire de loisir Sherbrooke estouvert sept jours sur sept, de 8h00 à 21h00 etmême jusqu’à 23h30 s’il y a lieu, ainsi que les joursfériés. Les membres ont accès à une salle d’accueilqui est un véritable lieu de socialisation.

• Les aînés s’inscrivent au club de marche du CentreMgr Marcoux de Québec et débutent leur journée ense tenant en forme. Les participants se donnentrendez-vous au centre pour une marche en groupe.

• Plusieurs centres communautaires de loisir, encollaboration avec les autres organismes de leurquartier, profitent de l’Halloween pour organiser unegrande fête avec décors et animation.

Définition Le vecteur temporel réfère au temps disponible qu’a le citoyen pour effectuer des activités de loisir. Ilenglobe aussi les périodes de temps, les plages horaires pendant lesquelles les activités, les espaces etles équipements sont accessibles aux publics cibles.accessibles.

4.1 LE VECTEUR TEMPOREL

Le texte qui suit présente les grandes lignes de nos résultats présentés selon les vecteurs temporel,spatial, économique et culturel associés à l’accessibilité au loisir. Notre recherche, en raison de sesmoyens plus que modestes, permet un premier registre explicatif de l’accessibilité au loisir en centrecommunautaire de loisir. Elle s’appuie cependant sur une documentation solide, des études de cas issuesde recherches antérieures et un savoir expérientiel riche à la FQCCL. Les définitions données sont tiréesdu projet de grille distribué au Forum québécois du loisir à partir d’un travail dirigé par Louis Jolin(2005). Nous avons aussi pu bénéficier des travaux préliminaires de Morier (2006) sous la direction deJolin quant à l’élaboration d’un outil d’animation et d’analyse de l’accessibilité au loisir. Nous ajoutons ànos synthèses un ou deux exemples de l’appropriation de ces vecteurs en CCL.

Page 12: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

Dans notre étude, la dimension du territoire estcelle le plus souvent d’un quartier et de ses envi-rons dans le cas des grandes villes, d’une villedans le cas des villes de taille moyenne ou moinset d’une région ou d’une municipalité régionale decomté (MRC) dans le cas du milieu rural.

Chez les CCL le vecteur spatial réfère à des situa-tions variables. L’histoire des CCL nous apprendque les premiers centres se sont établis en milieupopulaire urbain, dans les quartiers ouvriers desvilles du Québec. L’histoire des patros, organisa-tions plus que centenaires, est éloquente en cesens et elle traduit déjà l’esprit d’ouverture auxpopulations démunies qui caractérise encoreaujourd’hui les CCL. Les centres fondés plusrécemment sont aussi assez souvent situés enmilieu populaire et parfois dans des milieux quenous qualifions de mixtes. On entend par là desmilieux, le plus souvent de larges quartiers ou desrégions où l’on retrouve à la fois des populationsen situation de précarité ou de pauvreté et desgens de classe moyenne.

Au moment où nous avons entamé cette étudespécifique sur l’accessibilité, nous avons vérifiédans quel type de milieu les CCL membres de laFQCCL logeaient. À partir d’un échantillon de 66centres, nous avons éliminé les centres enprobation ou affiliés et avons retenu 60 centres.

La FQCCL rapporte que 90% d’entre eux ont pignonsur rue en quartier populaire, 7.3 en milieu mixte(milieu à faible revenu et classe moyenne) et1.7% en milieu de classe moyenne avec une popu-lation majoritairement plus à l’aise.

En CCL, le vecteur spatial renvoie aussi à lavisibilité du centre dans le milieu et à saparticipation à l’identité collective et au senti-ment d’appartenance. Les CCL ont dans plusieurscas des immeubles bien situés au coeur desquartiers populaires. Leur visibilité et la qualitéde l’activité qui s’y organise et la proximité entreles gens qui s’y déploie en font des pôles deréférence dans une ville ou une région.

En milieu rural, quelques CCL ont expérimentél’extension de leurs activités en divers sites. Ilsont tenté d’éviter les pièges, qui sont encore undéfi à relever, qui font que la dispersion desactivités de loisir sur un territoire met parfois enpéril le caractère attractif des lieux de loisir. Onne saurait trop dire qu’un sous-sol d’église, unesalle terne dans une école désaffectée, un terrainde jeu en piètre état ne constituent pas des pôlesd’attraction bien forts. On retrouve de bellesexpériences parmi les réalisations des CCL. Desexemples comme la Maison de Jeunes portable deSAJO en Outaouais sont de celles-là.

10Cadre de référence pour l’analyse de l’accessibilité au loisir

Définition Le vecteur spatial englobe à la fois la répartition de l’offre du loisir sur l’ensemble du territoire national(région urbaine, rurale et périurbaine) et l’accessibilité physique aux sites, aux équipements et auxactivités (notamment pour les personnes à capacité physique restreinte).

4.2 LE VECTEUR SPATIAL

Page 13: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

La géographie humaine en lien avec la psycho-logie communautaire donne à penser l’espacedans sa dimension subjective, tel que les gensl’internalisent. Ainsi les habitants d’un territoireen viennent à développer en eux une cartecognitive des réponses qu’offre leur milieu àdifférents besoins. C’est-à-dire qu’ils se représen-tent les services utiles pour répondre à leursbesoins, représentation qui sert à les localiserrapidement.

Lalli (1992) dans une étude sur l’identité urbainerappelle que ces cartes servent à la fois le besoind’orientation dans l’espace et le besoin de donnerdu sens à l’espace. Plusieurs centres communau-taires de loisir prennent ainsi place sur la cartecognitive des résidents d’une ville ou d’unerégion. L’effet de fréquentation sur plus d’unegénération ancre solidement cette inscriptiondans les cartes cognitives non seulement desindividus mais encore des familles d’un territoire.Il n’est pas rare de rencontrer des familles quicomptent trois générations qui sont des membresou ont été membres du CCL local ou régional. Ilsont fréquenté le CCL, un peu comme on le faitpour l’école du quartier ou du village. L’école,l’église et le centre de loisir font ainsi partie deces services de proximité qui définissent lepaysage géo-social du territoire local ou régional.

À l’échelle nationale, la question spatiale ne sepose pas en soi. Cependant le fait que les CCLsoient regroupés en une fédération nationale, laFQCCL (fédération québécoise des centres commu-nautaires de loisir) n’est pas sans influence sur lefait que l’esprit d’ouverture aux populations auxprises avec des conditions socio-économiques

difficiles traverse l’ensemble des CCL sur leterritoire québécois.

Des exemples en rafale :

• Loisirs Fleuri-Est à Sherbrooke est un centrecommunautaire de loisir éclaté qui utilise plusieurslieux publics (parcs, écoles et édifices municipaux)pour rejoindre les gens là où ils sont.

• SAJO offre en Outaouais un service d’animationjeunesse dans des lieux où peu d’activités sontoffertes aux jeunes. La Maison de jeunes portable,qui se déplace de village en village, en est unexemple frappant. Cela permet de rejoindre desjeunes et des ados de plusieurs municipalités quine pourraient l’être autrement.

• Grâce à ses trois plateaux d’activités, le Centrecommunautaire de Beauport se rapproche des genset peut adapter sa programmation à la réalité duquartier.

• Le Patro de Charlesbourg organise des circuits detransport en autobus le matin et en fin d’après-midi pour les jeunes de 4 à 15 ans pendant l’été.C’est un service qui, tout en accommodant lesparents, permet à un plus grand nombre de jeunesde vivre un été inoubliable.

• Le Centre communautaire Drummondville-Sud etle Centre Mgr Marcoux sont des points de ralliementdes adolescents du quartier même lorsque le localados n’est pas accessible dans l’immédiat.

11 L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

Page 14: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

12Cadre de référence pour l’analyse de l’accessibilité au loisir

4.3 LE VECTEUR ÉCONOMIQUE

Définition Le vecteur économique correspond à la part du revenu consacré par les gens ou les organisations auloisir ainsi qu’aux tarifs fixés pour la pratique d’activités récréatives

Le vecteur économique, tel que défini ci haut, selit donc à la fois du point de vue des individus etde la portion de revenu qu’ils peuvent accorder auloisir et du point de vue des CCL et de leur grilletarifaire.

Les CCL prennent en considération la conditionsocioéconomique des gens de leur milieu. D’unepart, les activités en CCL ne sont pas toutes desactivités basées sur la règle de l’utilisateurpayeur. D’autre part, des mesures de soutien sonten place pour favoriser la participation de gensmoins à l’aise financièrement. La majorité descentres communautaires de loisir ont une politi-que de tarification favorisant l’accès aux loisirsaux familles et aux personnes à faibles revenus.

Plusieurs centres de loisir ont développé des lieuxd’accueil des gens pour des activités libres, desactivités non payantes et des moments de reposou d’échange avec d’autres personnes fréquentantles centres. Par exemple, des centres ont un localavec divans, tables et chaises mis à la dispositiondes gens qui veulent bien s’y retrouver et s’orga-niser une activité ou l’autre, des centres disposentde salon pour les jeunes où ces derniers se ren-contrent pour jaser, écouter de la musique oujouer au billard, aux cartes ou tout simplementrelaxer entre jeunes, des centres ont des program-mes de répit pour les jeunes mamans qui prennentun café ensemble pendant que les jeunes sont à lagarderie, etc.

La tarification est souvent qualifiée de moduléedans les CCL qui prennent alors en considérationdes éléments comme le nombre d’enfants dans lafamille ou le revenu des individus ou des ména-ges. Des réductions sont parfois accordées pourdes groupes qui prennent en main l’organisationpartielle d’activités ou encore lors de périodesparticulières comme les semaines de relâchescolaire.

Des CCL ont mis en place des mesures incitant laparticipation en n’égratignant pas la dignité degens moins fortunés. Le travail comme bénévoledans des centres est reconnu à travers des réduc-tions accordées ou la gratuité de participation àcertaines activités.

Des ententes sont aussi conclues entre des CCL etdes organisations du secteur public pour lefinancement d’activités pour des familles ou desindividus en situation de précarité ou de pauv-reté. Les ex-CLSC et les centres jeunesse sontsouvent parmi ceux qui favorisent la participationdes jeunes ou des familles au loisir. Les CCL fontaussi appel à des clubs sociaux ou à desfondations qui financent une partie de leurs équi-pements destinés aux jeunes ou des inscriptions àdes activités.

Page 15: GUIDE POUR ANALYSE ACCESSIBILITÉ AU LOISIR

Des exemples en rafale :

• Le Patro Fort-Coulonge/Mansfield se chargechaque hiver de l’aménagement du Canal Patro surla Rivière des Outaouais pour les loisirs en famille(glissade, pêche blanche, patinage, etc.).

• Le Centre Mgr Pigeon, à Montréal, offre gratuite-ment à la population ses installations de glisse,etc. Les heures d’ouverture des couloirs de glissevarient selon les jours de la semaine. Les samediset dimanches, les personnes et les familles peuventen profiter en toute sécurité également de midi à20 heures.

• Une quarantaine de centres communautaires deloisir ont établi un partenariat avec la fondationCanadian Tire qui, grâce à son programme Placeaux sports, permet à plusieurs milliers de jeunes departiciper à des activités sportives.

• Le Patro Roc-Amadour de Québec met sur piedannuellement un encan sportif. Cette activité definancement permet à des jeunes de participer àcoûts accessibles à des camps sportifs et culturels.

• Le Centre Loisir Multi-Plus de Trois-Rivières metgratuitement ses installations et le matériel d’acti-vités à la disposition des familles à chaque fin desemaine.

• Le Centre communautaire Hochelaga à Montréalrejoint les parents d’enfants non-inscrits aux campsde jour pour s’enquérir des raisons de leur absenceet y réagir, au besoin en offrant des places gra-tuitement.

13 L’accessibilité au loisir mesurée par la lorgnette des Centres communautaires de loisir

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14Cadre de référence pour l’analyse de l’accessibilité au loisir

4.4 LE VECTEUR CULTUREL

Définition Le vecteur culturel fait référence aux connaissances, croyances, coutumes, valeurs, traditions, rites,rythmes ainsi qu’à l’environnement social et à l’éducation qui influencent l’individu sur ses choix enmatière de loisir.

Les documents présentés au Forum québécois duloisir et les discussions en cours dans les milieuxmunicipaux de loisir font surtout référence auxcommunautés culturelles quand il est question duvecteur ou de la dimension culturelle du loisir. LesCCL qui sont situés dans des environnementssociaux où vivent des gens de diverses commu-nautés culturelles prennent en compte les particu-larités associées à la qualité de vie dans cescommunautés. Nous ne nous étendrons pas ici surle sujet sinon pour dire que dans certains milieuxmontréalais, les CCL s’avèrent des organisationsfavorisant hautement l’intégration harmonieusedes gens provenant de diverses communautés cul-turelles.

Nous désirons cependant souligner ici une limitedes vecteurs proposés au Forum québécois. Lanotion de culture semble se limiter surtout à ladimension ethnique et ne couvre pas ou très peudes réalités comme les cultures régionales oulocales, les cultures familiales. Or la culturepopulaire comporte elle aussi ses différences, sescroyances, ses valeurs, ses rites. On pourrait endire autant des familles ou des groupes defamilles d’un milieu qui sont porteuses de diffé-rences culturelles les unes des autres.

La jeunesse est elle aussi porteuse de traits cultu-rels qui la distingue des autres générations. Onpeut parler d’une culture de la jeunesse, culturemouvante qui se refait sans cesse dans ses modesd’expression. Et lorsqu’il s’agit de la jeunesse enrupture ou en voie de décrochage social, de lajeunesse marquée de diverses vulnérabilités, lemode de vie est empreint de souffrance, deprotestation et de mésadaptation. La situationdes jeunes vulnérables ou marginalisés manque delieu d’appartenance et affiche une désorgani-sation identitaire. Nicole-Drancourt et Roulleau-Berger dans leurs études sur les jeunes parlentd’espaces de recomposition. Elles ne travaillentpas le concept dans le secteur du loisir en soi,mais nous pouvons extrapoler. On peut dire desespaces de recomposition qu’ils se construisent àpartir d’une coopération négociée entre desjeunes vulnérables en insertion professionnelle etdes intervenants centrés sur un modèle de recon-struction des compétences et des intérêts. Onpeut ajouter qu’en CCL la composition sociale desgroupes autour de diverses activités est rarementhomogène. On y cultive les avantages de la mixitésociale en mettant en interaction des gens auxcaractéristiques diversifiées mais partageant unmême intérêt pour une activité nommée. Cettemixité ajoute de la valeur à l’effet de resociali-sation des jeunes à travers les CCL.

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Plusieurs CCL se reconnaîtront facilement danscette idée de contribution à la resocialisation dejeunes aux prises avec diverses difficultés. Ils sontsouvent en relation avec des jeunes que nouspourrions qualifier de population dans l’anti-chambre du décrochage social. Les CCL fort d’unetradition de loisir auprès de toutes sortes de jeu-nes ont développé des antennes pour repérer lesjeunes en difficulté et pour s’ajuster à la culturedes jeunes en voie de marginalisation. Le vecteurculturel classique aurait donc avantage dans lemonde du loisir à s’enrichir de cet élargissementde la notion de culture en l’appliquant plus sou-vent à d’autres facteurs que ceux associés auxethnies.

Une des grandes forces des centres communau-taires de loisir est leur connaissance par l’inté-rieur des milieux où ils sont ancrés. Ils connais-sent les traits culturels de « leur monde ». Ils sedonnent régulièrement les moyens de sonder lesintérêts des populations locales. Ils le font àtravers des sondages sur l’offre de loisir comme lefont parfois des municipalités ou des associationsde loisir. Ils le font aussi sur une base régulière àpartir des nombreux comités que l’on retrouvedans les CCL.

Des exemples en rafale quant au rapprochementculturel entre diverses ethnies :

• Au Centre Côte des Neiges de Montréal, on est fierde desservir, bon an mal an, des gens de plus d’unecentaine d’ethnies.

• Au Centre Mgr Marcoux de Québec, 80% desenfants participant à l’aide au devoir et aux sportsaprès la classe proviennent de famillesimmigrantes. Le centre a des cuisines dont lethème est un pays différent à chaque mois. On ytravaille aussi la francisation au moyen de sessionsdispensées par des bénévoles et d’un projet deparrainage avec des aînés du quartier.

• Le Relais des jeunes Gatinois en Outaouais a étépromoteur des Soirées « Richesse du monde àpartager » et ateliers interculturels.

• PEYO dans Parc-extension à Montréal offre desdîners culturels et organise en août une immensefête interculturelle pour le quartier.

Des exemples en rafale de proximité culturellelocale :

• Le Centre Landry de Trois-Rivières est immédiate-ment pressenti comme partenaire dès qu’unorganisme pense à élaborer un projet dans sonmilieu, comme une fête de quartier, la semaine dela famille, etc.

• Le Relais des jeunes Gatinois en Outaouais a créétoute une mobilisation auprès de la jeunesse enutilisant le hip-hop et sa culture musicale chère àun bon nombre de jeunes.

• Au CCSE Maisonneuve de Montréal, la Caserneimplique les jeunes en situation de vulnérabilitédirectement dans les orientations de cet immeubledestiné aux jeunes et jeunes adultes.

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Les considérations précédentes montrent que lesCCL partagent avec plusieurs autres organisationsde loisir des façons de faire qui cherchent à rendrele plus accessible possible la participation auloisir. Nos observations en CCL et les résultats denotre recherche associés à ceux de diverses

recherches dont celle sur l’accessibilité au loisiren CCL nous conduisent à ajouter un vecteuradditionnel pour traduire avec plus de justesse lelien entre les CCL et l’accessibilité au loisir. Nousqualifierons ce vecteur de social.

On le sait, le loisir est un concept large, polyformequi, dans son application, recouvre de multiplesactivités exercées pendant le temps libre des genset selon leur libre choix.

Dans une étude française traitant des inégalitésdans l’accès au loisir, Potier et Zegel (2003) ontréfléchi aux facteurs restreignant le loisir hors dudomicile, le loisir plus organisé. Ils ont ainsiidentifié des facteurs associés à l’âge, à la santé,au revenu, au niveau d’étude, à l’emploi et ladistance géographique. De façon plus précise, ilsen viennent à identifier les personnes âgées, lespersonnes de bas niveau scolaire, les ménages àfaibles revenus, les gens sans emploi comme étantceux dont la condition en fait les gens les plussusceptibles de vivre une certaine exclusion duloisir.

Les centres communautaires de loisir envisagentle loisir non seulement dans la perspective duplaisir ou de la détente que les gens retirent del’exercice d’une activité liée à leur intérêt

personnel mais encore comme levier de sociali-sation des personnes et des familles et un levierde développement social des communautés. Lecadre de référence des CCL tel que porté par laFQCCL est clair à ce propos.

L’action du centre vise à soutenir le dévelop-pement des individus, des familles et de lacollectivité et ce, à différents points de vue :social, économique, culturel et autres. À cettefin, le centre élabore et organise des activités,des projets et des programmes qui favorisent ledéveloppement du pouvoir d’agir de ses mem-bres et de la collectivité.

Cette conception du loisir est porteuse d’un savoirfaire qui n’est pas sans influence sur le pouvoird’attraction des CCL sur diverses catégories depopulations. Déjà en 2000, le rapport Fréchettereconnaissait que dès que l’on pénètre le mondedes CCL, on se rend compte que la dimension com-munautaire est au coeur de leur représentation duloisir. Le cadre de référence des gestionnaires, des

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4.5 LE POUVOIR D’ATTRACTION DE L’ACTION SOCIO-COMMUNAUTAIRE

EN CCL ET LA PROPOSITION D’UN NOUVEAU VECTEUR : LE VECTEUR SOCIAL

Définition Tel que conçu à partir de nos données, en CCL, le vecteur social renvoie à la capacité de générer dulien social et un sentiment d’identité collective.

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intervenants et des bénévoles est celui de la valeursociale du loisir s’ajoutant à sa valeur récréative.Cette représentation se traduit par une perceptiondu loisir comme instrument favorisant ledéveloppement de la personne, de la famille et duquartier.

Ce vecteur social se mesure plus à l’aune demarqueurs qualitatifs que les vecteurs précédents.Il explique cependant fortement en quoi les CCLont un pouvoir d’attraction fort sur une catégoriede population que les loisirs en général disentavoir de la difficulté à rejoindre ou encore plus àfidéliser. Le vecteur social apporte des questionsaux organisations de loisir quant à la façon dontles modes d’intervention et les mécanismes degestion de l’offre de loisir sont plus ou moinsproches des usagers et des populations locales. Ilpose aussi des questions sur la capacité à générerun rapport significatif au loisir et en extrapolantun rapport « affectif » aux environnements ou auxintervenants en loisir.

La notion de milieu de vie distingue les CCL desorganisations centrées sur l’offre classique deloisirs. Citons à cet effet un autre extrait du Cadrede référence

Le centre offre un milieu de vie ouvert à l’en-semble des membres de la collectivité. Ce milieude vie est un lieu d’accueil, de regroupement, desolidarité, d’échange et d’implication qui créeun sentiment d’appartenance entre les membresde la collectivité. Il permet aux gens de serencontrer, d’échanger, de s’entraider, de mettreen commun leur savoir-faire, de partager leursexpériences et d’acquérir ensemble de nouvellescompétences, le tout dans un cadre noncontraignant et convivial.

Dans les centres, le milieu de vie rejoint troisangles de rapport aux participants : un rapport detype psychosocial, un rapport centré sur la miseen réseau et l’entraide, un rapport de solidaritéfondé sur l’ouverture au développement commu-nautaire.

Dans les CCL où le rapport aux participants estplutôt psychosocial, le loisir communautairepasse alors par l’accueil de la personne et de sacondition quelle qu’elle soit, par des valeurshumanistes et par la croyance dans le potentieldes gens. L’action cible surtout le développementde la personne par la définition de ses besoins, laconnaissance puis l’affirmation de soi, laresponsabilisation vis-à-vis soi et ses proches. Onperçoit le loisir comme un moyen d’aider les gensà « se prendre en main », expression récurrentedans le vocabulaire des CCL.

Dans d’autres centres, le rapport aux participantsmet un peu plus l’accent sur la mise en réseau etl’entraide. Le discours dominant est celui de larelationnalité comme moyen de se développer etcomme moyen d’additionner des forces pouraffronter les difficultés et s’engager dans lechangement social. Finalement, certains centress’engagent dans une perspective d’organisationcommunautaire et de développement local. Lediscours de la prise en charge se déplace despersonnes vers les quartiers ou les communautéslocales. La logique sous-jacente à l’action prônequ’un milieu possède les ressources pour affronterles difficultés collectives auxquelles il estconfronté. Conscient du pouvoir d’attraction duloisir, le CCL envisage la mobilisation des gens enlui associant l’expérience de la réussite et de lasolidarité. L’analyse des problèmes sociaux estglobale et situe le CCL comme acteur de la lutte

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contre l’exclusion sociale avec d’autres acteurs dumouvement communautaire. La conscientisation,l’entraide, la solidarité et la citoyenneté y sontdes référents incontournables pour qualifier lavaleur du loisir.

Le milieu de vie fait aussi référence à la partici-pation citoyenne. Les gens peuvent s’engageractivement au sein des centres. Le cadre de réfé-rence est aussi précis en la matière comme entémoigne ces deux extraits

- Le style et les méthodes de gestion ducentre doivent favoriser l’implication activedes employés et des personnes bénévoles etleur participation à l’élaboration desorientations, des projets et des programmes,ainsi qu’à leur évaluation.

- Le centre s’assure que toutes les personnes quiparticipent à ses activités ou qui utilisent sesservices sont incitées à participer activement àsa vie associative et au fonctionnement de sesinstances décisionnelles.

Les CCL activent un rapport aux gens en dehors dela logique sectorielle propre à plusieurs servicespublics comme ceux de la santé et des servicessociaux. Sans s’enfermer dans une logique terri-toriale stricte, ils en bénéficient en substituant lanotion de milieu à celle de territoire. Dans lediscours des CCL et de leur fédération, le milieu devie est à échelle variable. Plus large que l’espacedomestique caractérisé par le mode de vie desfamilles, il se présente parfois à l’échelle du centrelui-même et de ses installations, ou de façongraduellement plus large, à l’échelle d’un pâtéd’habitations ou des environs d’une école, parfois

à l’échelle d’un quartier, parfois à l’échelle d’uneville ou encore d’une région. À chacune de ceséchelles, le souci de la proximité des participantsse fait sentir. On pourrait parler de perspectivesmicrosociologiques ou mésosociologiques.

C’est l’ensemble de ces éléments du vecteur socialqui font que les CCL deviennent des organisationsqui participent du sentiment d’appartenance à unecommunauté, un quartier, une ville ou une région.Le CCL devient alors non seulement accessiblephysiquement mais socialement. Il fait partie deces quelques organisations d’un territoire donnéqui sont des milieux accueillants où les gens sesentent chez eux parce que les activités leur plai-sent, qu’ils y ont la parole et qu’ils y sont invitésà développer leur communauté. Il ne suffit pasqu’un milieu soit accessible physiquement pourque les gens aient le désir d’y aller et surtout dele fréquenter régulièrement. En CCL, au-delà del’accessibilité physique, c’est la proximité socialequi consolide le pouvoir d’attraction et fidélise lafréquentation.

En toile de fond de l’intervention communautairedes CCL, on retrouve les ferments de l’empo-werment. Cette dernière notion est malheureu-sement si utilisée dans tous les univers prochesdes populations en difficulté qu’elle en vient àperdre de son sens. Les CCL n’échappent pas aupiège et, dans certains cas, ils ont tendance àqualifier d’empowerment toutes démarchesdestinées à l’expérience de la réussite. Il ne s’agitlà que de l’un des ingrédients de l’empowermentmême s’il s’agit d’un ingrédient incontournable.Néanmoins, on peut affirmer que les CCL abordentle loisir selon une pédagogie qui s’inspire forte-ment des principes de l’empowerment. Au-delà de

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l’entraide développée dans les centres, plusieursactivités sont appuyées sur la mise en œuvre desituations influençant la prise de pouvoir desindividus et de groupes.

On retrouve en CCL un double socle à l’empower-ment. D’une part, on y trouve une action dirigéevers l’augmentation du potentiel des personnes etciblant le passage à l’action et d’autre part, lafaçon dont travaillent les personnels des CCLfavorise la prise de pouvoir des gens qui fréquen-tent les centres.

Dans une communication sur le travail communau-taire en loisir, au Forum sur le loisir de 2003,Lachapelle (2003) rappelle combien est importantl’ancrage des organisations communautaires dansleur milieu et le défi de maintenir la participationcitoyenne dans l’organisation des loisirs sur unterritoire local ou régional. Il rappelle ainsi

l’inquiétude au sujet de la relève bénévole dansles documents du Conseil québécois du loisir quirenvoie à cet enjeu fondamental que le loisircommunautaire conserve toujours ses racinesdans les collectivités locales. On se demande siles générations montantes qui connaissentdavantage la formule des activités commercialesque des organisations bénévoles, saurontprendre le relais.

Les CCL participent de la mise en réseau des genssur leur territoire. Les réseaux sont aussi faitsd’interactions entre organisations ou institutions.Les CCL en sont partie prenante en siégeant àplusieurs tables de concertation dans leursmilieux respectifs ou en entretenant des liensavec diverses organisations de leur territoire quece soit dans le domaine de la santé et des servicessociaux, des loisirs ou d’autres tables sectorielles

comme celles sur la pauvreté, ou du dévelop-pement social, etc. Tous les centres reconnaissentl’importance de la concertation et des parte-nariats mais constatent aussi son effet énergivoresur les personnels impliqués.

La valorisation de la proximité des populations ouencore la définition du CCL comme service deproximité ne doit cependant pas occulter uneanalyse globale des enjeux sociaux et unedistance critique qui permet le bilan occasionnelde l’action des centres.

Finalement, soulignons que la FQCCL anime leregroupement des centres en remettant sans cesseà l’ordre du jour la question de la participation dela population. Elle a mis en œuvre de grandesopérations conçues pour donner la parole auxcitoyens et soumettre à la discussion la façondont sont conçus et organisés le loisir et la viecommunautaire de leur milieu.

Quelques exemples en rafale quant à laparticipation :

• Le fonctionnement du Centre communautaire deloisirs de la Côte-des-Neiges à Montréal reposeessentiellement sur le travail des comités depersonnes bénévoles issues du milieu. Le pland’action du centre est notamment le résultat d’unprocessus de consultation mis en place auprès deces comités.

• Le Pavillon d’éducation communautaire (PEC) deMontréal exerce systématiquement une actiond’information et de soutien à la participation. Rienn’est mis en œuvre sans l’implication des per-sonnes, la mise sur pied de comités.

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• Le Centre communautaire récréatif Saint Jean-Baptiste de Drummondville a mis en œuvreOpération Quartier, une stratégie qui donne laparole aux gens du milieu et qui suscite leurimplication dans la vie communautaire par laréalisation de projets. Sont ainsi nés au fil des ansune halte-garderie, l’entreprise Colin-Maillard (ani-mation de fêtes), des comités d’adolescents, lasortie d’un journal, etc.

• La FQCCL a organisé Expédition jeunesse qui arejoint plus de 2000 jeunes en ateliers réguliers dediscussion ici et là au Québec et qui a culminé parle grand rassemblement de plus de 1 000 jeunes àQuébec en octobre 2000.

Quelques exemples en rafale quant à la mise enréseau :

• Grâce au programme Maman prend congé, lePatro Le Prévost de Montréal permet à un groupe demères de se ressourcer et de tisser des liens entreelles pendant que leurs tout-petits sont confiés entoute sécurité à la halte-garderie du centre.

• Plusieurs centres communautaires de loisir ontinstauré des centres d’accès communautaire Inter-net (CACI) dans leurs locaux. Les CACI sont trèsfréquentés et accessibles gratuitement. Les person-nes âgées s’y intéressent vivement. Une autre façonde créer des liens !

• Le Patro Laval de Québec tisse de nombreux liensavec des organismes du milieu qui sont devenus despartenaires importants dans l’exercice de l’actiondu centre. On pense ici aux écoles du quartier, auCentre Durocher, à la Maison des jeunes, au servicede police de la Ville de Québec, etc.

• Le Patro de Jonquière est en lien avec le collègerégional et reçoit régulièrement des jeunesétudiants pour des stages de formation pratiquedans diverses disciplines.

• Les CCL de Drummondville sont membres actifs dela Corporation de développement communautairede leur région.

Le vecteur social n’est peut-être pas un vecteuruniversel nécessaire pour que se développe uneaccessibilité au loisir jugée satisfaisante par lesgouvernements locaux ou provinciaux. Tous lesorganismes de promotion de l’exercice du loisirn’ont pas la même mission de loisir à dimensionsociale. On ne peut cependant pas pour autantl’escamoter là où il serait pertinent de l’utiliserpour en arriver à élargir le registre de l’acces-sibilité au loisir.

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DIMENSIONS DE L’ACCESSIBILITÉ AU LOISIR SELON L’EXPÉRIENCE DES CENTRES COMMUNAUTAIRES DE LOISIR

5. EN CONCLUSION

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Les lieux où lespersonnes et lesfamilles peuvent exercer un loisir dansleur communauté locale

• La couvertureterritoriale de l’offrede loisir

• La proximité des sites

• La qualité des locauxou espaces et deséquipements

• Des lieux ouverts en permanence oufréquemment etassociés au loisir

Le temps disponibledes personnes et desfamilles pour le loisir

• Les horaires souples

• La variationsaisonnière desactivités

• Les périodesspéciales de congéet fêtes civiles oureligieuses

La capacité pour lesgens de différentsunivers culturels à vivre un loisir proche de leurs valeurs et de leurs modesd’expression

• La prise en comptedes différencesculturelles de groupes de citoyens

• La connaissance descultures locales et/ou populaires

• La proximité desintérêts de diversgroupes de la société(ex : les jeunes)

La part du revenupersonnel ou familialdisponible pour lesactivités le loisir

• Les tarifs

• Les activités gratuites

• Les mesures desoutien financier

• Les mesures ensubstitut au soutienfinancier favorisant la participation

• La valorisation d’unbénévolat varié

La capacité pour lespersonnes et famillesd’influencer l’offre deloisir et le plaisir defréquenter uneorganisation perçuecomme un milieu de vie

• Les mesures et leslieux favorisant laconvivialité

• Les ressources etstratégies d’animation de la viede quartier ou degroupes cibles

• Les instances departicipationcitoyenne au sein des organisations

• Le réseautage et une actiond’empowerment àpartir du loisir

SPATIALE TEMPORELLE CULTURELLE ÉCONOMIQUE SOCIALE

c’est dans leur façon de vivre la proximité de la population que s’explique le mieux l’accessibilité auloisir dans les CCL.

L’expérience des CCL indique que des éléments reliés à leur façon de transiger avec les participants et lespopulations locales influent aussi sur l’accessibilité au loisir. Il s’agit parfois de facteurs plus difficilementmesurables mais évaluables à partir de marqueurs qualitatifs. Le tableau suivant résume les dimensions del’accessibilité en CCL selon les résultats de nos travaux.

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Chacun des facteurs décrit sous ces vecteursfavorisant l’accessibilité au loisir est, bien enten-du, un plus dans une organisation. Chaque facteuren soi n’est cependant pas garant de l’acces-sibilité. Dans le cas des CCL, chaque facteur prisisolément n’explique pas non plus le pouvoird’attraction des CCL, ni ne donne la recette qui faitque les CCL réussissent à rejoindre des populationsque les municipalités décrivent de faibles utili-satrices du loisir organisé. C’est la combinaison deplusieurs facteurs qui en vient à créer un effet delevier du loisir en milieu populaire. C’est encoreplus la présence de ces facteurs au sein d’orga-nisations dont les fondements de l’action et lesvaleurs sont celles qui animent le mouvementcommunautaire avec sa sensibilité aux genscomme acteurs de leur développement et de celuide leur milieu.

Comme nous l’avons déjà souligné dans un articleparu au Carrefour Action municipale et famille(Fréchette 2004)

3, forts d’une tradition sensible à

la situation des démunis, les CCL ont, sommetoute, souvent pignon sur rue dans les quartierspopulaires. Ils logent dans des édifices bien con-nus de la population qui deviennent avec le tempsdes repères socio-communautaires dans le quartier.Le loisir y est en évolution constante et prend encompte des problématiques sociales comme lacrise de l’emploi, la mutation des modèles fami-liaux, le décrochage scolaire et social, les nouvel-les formes de précarité et de pauvreté.

On a pu le constater dans le texte, aux activitéssportives, culturelles, sociales régulières desservices de loisir qu’on retrouve un peu partout,les CCL ajoutent des activités fort diversifiées

selon les intérêts et besoins de leurs milieuxrespectifs. Les exemples donnés précédemment enrafale en font foi. On aurait pu lister mille et uneautres activités comme des cuisines collectives,des centres de la Petite enfance (CPE) ou deshaltes garderies, de petites entreprises d’économiesociale dans le secteur récréatif, des activitésd’alphabétisation, la participation à des program-mes d’insertion en emploi du travail de rue, et laliste pourrait s’allonger.

S’ils ont autant de succès, c’est que les CCL ontdéveloppé une forme d’animation proche des inté-rêts de gens, axée sur la participation et soutenuepar un bénévolat significatif qui en fait devéritables milieux de vie. Bref, les individus et lesfamilles s’y sentent chez eux. On leur fait aussisentir que le loisir c’est leur affaire. En effet, lesgens qui fréquentent les CCL, jeunes ou vieux,enfants, adolescents ou parents, sont invités àparticiper à la définition de l’offre de loisir dans lesmultiples comités qui jalonnent la vie associative.

En terminant, dans la perspective de l’accessibilitédans son sens le plus large, nous réitérons que lesCCL sont de réels services de proximité. Proximitégéographique qui se traduit par des installationsbien visibles et accueillantes dans les quartiers.Proximité sociale qui se déploie avec des activitésen lien avec la culture locale, la culture populaire,avec la participation des gens à l’offre de loisir,avec une pédagogie valorisant le faire avec lesgens plutôt que le faire pour les gens. Proximitéinstitutionnelle qui prend forme de structures departicipation qui donnent la parole aux usagers etles impliquent en partie dans la prise de décision.

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3 http://www.carrefourmunicipal.qc.ca/1/upload/File/ BulletinCAMF-juillet2004.pdf

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• BELLEMARE, Guy, BRIAND, Louise et Lucie FRÉCHETTE (2003) La configuration économique descentres communautaires de loisir sous l’angle des pratiques de gestion des ressources humaines et despratiques comptables, Rapport de recherche, Centre d’étude et de recherche en intervention sociale(CÉRIS), Gatineau, UQO, juillet, 74 p.

• FRÉCHETTE, Lucie (2000) À propos de la spécificité des centres communautaires de loisir, CÉRIS,Université du Québec en Outaouais, Gatineau, 51 p.

• FRÉCHETTE, L. (2004) « Familles, municipalités et loisirs. Le défi de l’accessibilité au loisir pourtous » Municipalité et famille, vol 1 no 3, p. 8-9.

• JOLIN, Louis, sous dir. de (2005) Projet de grille d’analyse de l’accessibilité au loisir présenté auForum québécois du loisir 2005, ARUC en économie sociale, UQAM, Montréal, 35 p.

• FQCCL (2003) Cadre de référence des centres communautaires de loisir fédérés, Perspectives etengagement, Québec, 8 p.

• LACHAPELLE, René (2003) Les défis de la reconnaissance du travail communautaire en loisir,communication Forum du loisir 2003,http://www.loisirquebec.com/file/Conference_rlachapelle_03.pdf

• MORIER, Jocelyn, sous la dir. de Louis Jolin (2006) Outil d’animation et d’analyse de l’accessibilitéau loisir, Document de travail inédit, ARUC Économie sociale, chantier d’activités partenariales :loisir et tourisme social. UQAM, Montréal.

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• POTIER, Françoise et Pascale ZEGEL (2003) Exclusions et inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme,www.innovationtransports.fr/IMG/pdf/255-RPUCA10.pdf

RÉFÉRENCES

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4545, av. Pierre-De Coubertin, C.P. 1000, Succ. M Montréal, Québec H1V 3R2Tél. : (514) 252-3132Téléc. : (514) 252.30.24Courriel : [email protected] Internet : www.loisirquebec.com

Photos : toutes les photos sont une grâcieuseté des membres du Conseil québécois du loisir.