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Guide pratique de la rénovation de façades Pierre, béton, brique Alexandre CAUSSARIEU Thomas GAUMART © Groupe Eyrolles, 2005, ISBN 2-212-11624-1

Guide pratique de la rénovation de façades - eyrolles.com · surcharge de la structure. Le délitage se manifeste comme la desquamation par ... Le cycle gel/dégel peut être cause

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Guide pratiquede la rénovation

de façadesPierre, béton, brique

Alexandre CAUSSARIEU

Thomas GAUMART

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© Groupe Eyrolles, 2005, ISBN 2-212-11624-1

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1.1 DIFFÉRENTES PATHOLOGIES

Les façades des immeubles urbains comme des habitations rurales sont sujettes àde multiples agressions : humidité, vent, pollution, cycle gel/dégel, etc. En résultentdifférentes pathologies, depuis les simples salissures jusqu’aux dégradations dusupport pouvant mener à la ruine du bâtiment. Diagnostiquer ces problèmesnécessite une grande rigueur d’analyse : c’est tout un ensemble d’observations etde mesures qui permet de cerner les problèmes, d’en comprendre l’origine et detrouver le traitement approprié.

1.1.1 Pathologies n’induisant pasde dégradation du support

Résidus de peintures • Peinture adhérant encore ponctuellement au support.

Salissures et encroûtements noirs • Salissures directement liées à la pollutionatmosphérique : dépôts de résidus de la combustion du fuel, de l’essence, de pro-duits industriels, etc. Les encroûtements se différencient des salissures par leurépaisseur, qui est d’un millimètre environ. En règle générale cette croûte est peuadhérente sur les pierres dites « froides » (pierres dures à grains fermés, calcairemarbrier ou marbre par exemple). Elle se détache ou se ramollit sous l’action duruissellement de l’eau. Sur les pierres tendres ou poreuses, par exemple la pierre deSaint-Maximin dans l’Oise, l’encroûtement est très rapide car des cristaux de gypseou de calcite retiennent les particules noires.

Diagnostic des pathologies

Exemple de résidusde peinture.

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Salissures grasses • Salissures invisibles à première vue, formant une sorte depellicule grasse sur le support. Provenant de la pollution atmosphérique, lessalissures grasses accompagnent souvent les salissures noires. Un test efficace pourles diagnostiquer consiste à projeter de l’eau sur la façade : si l’eau reste en surfaceet forme des perles, un traitement pour dissoudre ou entraîner les graisses estnécessaire.

Salissures rouges • Salissures aisément reconnaissables à l’aspect rouge queprend le support, et apparaissant suite à une abrasion de la brique ou de la pierre.Il ne s’agit donc pas d’un processus de superposition sur le matériau, comme c’estle cas pour une couche desalissure, mais plutôt d’unemise à nu d’une couleurcontenue à l’intérieur decelui-ci. La couleur rougepeut être d’origine végé-tale, elle est alors causéepar des micro-organismesde type cryptogame (ils’agit de champignonsmicroscopiques incrustésdans la pierre), ou miné-rale, dans ce cas des grainsde pyrite ou des oxydes ferconstitutifs du supportcréent des traînées ocre ourouges.

Guide pratique de la rénovation de façades

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Exemple de salissures rouges.

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R Façade présentant des salissuresnoires et des salissures grasses(Maison de la Mutualité – Marseille).

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Salissures vertes • Appellation regroupant toutes les salissures d’origine biolo-gique: mousses, lichens, moisissures, algues, etc. Ces salissures ne sont pas toujoursvertes : elles peuvent prendre différentes teintes selon la nature des micro-organismes qui les composent. Il existe ainsi des salissures vertes de couleur noire, dela famille des lichens. Leur apparition est favorisée par l’humidité et par le vent, quitransporte les substances utiles à leur développement.

1.1.2 Pathologies induisant une dégradation du supportAlvéolisation • Dépres-sion sableuse ou pulvéru-lente creusée dans la rocheou la brique. Elle est due àl’action du vent qui, chargéde particules abrasives,érode et creuse le support.Le recul de la surface peutatteindre plusieurs dizainesde centimètres.

Délitage • Séparationdes plans de stratifica-tion ou de schistosité dela pierre (les « lits ») leplus souvent induite parune sollicitation méca-nique, par exemple unesurcharge de la structure. Le délitage se manifeste comme la desquamation parun débit en feuillets, mais la texture de la pierre n’est pas modifiée et on n’ob-serve pas de zone pulvérulente. Le cycle gel/dégel peut être cause de délitage :les lits offrent un passage naturel à l’eau qui, en gelant, se dilate et détache leslits les uns des autres.

Diagnostic des pathologies

Exemple d’alvéolisation.

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Exemple de délitage.

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Exemple de salissures vertes.

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Désagrégation sableuse • Dépression sableuse ou pulvérulente apparaissant à lasurface des pierres calcaires, due à l’action des remontées capillaires. Ce phéno-mène, qui s’apparente à une alvéolisation, peut creuser la pierre sur une profon-deur de plusieurs dizaines de millimètres.

Désagrégation saccharoïde • Dépo-lissage de la pierre, dont la surfaceprend l’aspect du sucre. La désagréga-tion saccharroïde survient dans uncontexte de forte exposition au soleil,lorsqu’un matériau de couleur claireet un autre de couleur sombre (deuxtypes de marbre par exemple) sontcontigus. Le matériau clair absorbantpeu la chaleur du soleil, le matériausombre emmagasine plus d’énergieque si toute la surface était de mêmeteinte. Il subit donc une altérationplus rapide que s’il avait été placédans une surface unie.

Desquamation • Décollement encroûtes ou en plaques de la surface dumatériau dû le plus souvent au cyclegel/dégel. On observe par tranches suc-cessives un écaillage en plaques, puisune zone pulvérulente (dont l’épais-seur peut atteindre plusieurs dizainesde millimètres) et enfin la roche dure.Ce phénomène est également appeléexfoliation ou écaillage.

Guide pratique de la rénovation de façades

Exemple de désagrégation sableuse.

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Exemple de desquamation.

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Dissolution • Désagré-gation de surface des pierrescalcaires due à l’acidité del’air et des pluies. Cette aci-dité dissout le carbonate decalcium (CaCO3) composantles pierres calcaires.

Éclatement • Rupture dubéton causée par la cor-rosion des armatures. Leséclatements se produisentlorsqu’un acier mis à nu ouenrobé d’une épaisseur debéton insuffisante (moins de2,5 cm) s’oxyde en présence d’eau. Se développe alors de la rouille, dont le volumeplus important que l’acier induit un éclatement du béton.

Efflorescences (traces blanches, salpêtre ou crypto-efflorescences) • Dépôtsblanchâtres (lorsqu’ils ne sont pas encrassés) causés par la migration dans lamaçonnerie d’eau chargée de sels solubles (nitrates, sulfates, etc.). Lorsque l’eaus’évapore, ces sels se déposent soit à l’intérieur même de la maçonnerie, créant descrypto-efflorescences, soit sur le parement extérieur, donnant ainsi naissance à desefflorescences (appelés plus familièrement « traces blanches »). La composition decette couche superficielle est fonction de la solubilité et de la quantité des selsdissous par l’eau.Les efflorescences n’entraînent pas de dommages mécaniques majeurs, tout auplus causent-elles parfois un effritement superficiel des matériaux. En revanche lescrypto-efflorescences peuvent engendrer des dégradations importantes : détache-ment de plaques, décollement d’enduit, etc.

Diagnostic des pathologies

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Exemple de dissolution.

Exemple d’éclatement. © W

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Lorsqu’elles sont composées desulfates (sel de l’acide sulfuriquecontenu dans la maçonnerie), lesefflorescences peuvent appa-raître en n’importe quel pointde la maçonnerie. Composées denitrate (sel de l’acide nitrique),elles proviennent soit d’uneinfiltration latérale d’eau du sol,soit de remontées capillaires dusol à travers le mur. Elles ne peu-vent donc se former qu’à la basedes murs. Les efflorescences semanifestant sous forme de traî-nées ou de taches horizontalesen bas des murs constituentdonc un symptôme fiable d’hu-midité en provenance du sol. Par contre les manifestations d’efflorescences isolées,notamment sur les maçonneries de brique, ne constituent pas un symptôme suffi-sant pour déterminer le type d’humidité.On utilise souvent le terme de salpêtre pour identifier les efflorescences d’unemanière générale. En réalité le salpêtre est un type d’efflorescence constitué denitrate de potassium.

Épaufrure • Éclat causé par un choc direct.

Nitrification • Dissolution de surface des pierres calcaires due à l’action de micro-organismes, les bactéries nitrifiantes. Ces bactéries génèrent des acides nitreux etnitriques à partir de l’ammoniaque et de l’azote contenus dans l’eau de pluie oudans les remontées capillaires. Ces acides dissolvent le calcaire de la pierre, dont lasurface se transforme en une poudre grossière constituée surtout de grains siliceuxou de gros cristaux de calcite (qui résistent mieux aux acides que le calcaire).

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lière Exemple d’attaque

par les sels induitepar des remontéescapillaires.

Exemple d’épaufrure.

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Pathologies des joints • Différents types de dégradation des joints, depuis lasimple altération ponctuelle jusqu’à la disparition totale. Ces pathologies sontdues le plus souvent au cycle gel/dégel, qui fait éclater les joints, ou à de mauvaisdosages en liant. Ainsi un sous-dosage en chaux ou en ciment ne liera pas assez lesable et rendra le joint fragile et pulvérulent ; à l’opposé, un mortier surdosé seratrop rigide par rapport à la façade (qui « bouge » toujours, en particulier à causedes variations de température et d’hygrométrie) et pourra entraîner une fissura-tion précoce du joint.

Diagnostic des pathologies

Mur de briquedont les jointsont disparu.

L’analyse de prélèvements en laboratoire peut apporter des indications complémen-taires quant au degré de dégradation du support : étude de la pétrographie de laroche (c’est-à-dire de sa structure et de sa composition minéralogique), de la naturedes grains, de la texture, de la porosité. On voit ainsi apparaître selon le cas un chan-gement de composition (présence de sels solubles) et/ou un changement de porosité(augmentation de la porosité et/ou recristallisation, changement de la taille despores). Des essais de type mécanique (micro-dureté, vitesse du son) permettent devisualiser la profondeur de la zone atteinte.Ces analyses peuvent être effectuées par les laboratoires spécialisés dans l’étude desmatériaux de construction : Laboratoire d’études des matériaux (LEM), Laboratoired’études et de recherche des matériaux (LERM), Centre scientifique et technique dubâtiment (CSTB), Centre d’étude du bâtiment et des travaux publics (CEBTP),Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH), etc.

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