Guieu Jimmy - EBE 2 L Entite Noire d Andamooka

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  • E.B.E.Lentit noiredAndamooka

    Jimmy GUIEU

  • JE DEDIE CE LIVRE BASE SUR UN CERTAIN NOMBRE DE FAIT REELS A:

    Lt-colonel Wendelle C. Stevens (retrait de l'US Air Force Technical Intelligence) qui, vilipend, critiqu, calomni par les forces malfiques de la dsinformation, contribua donner ses lettres de noblesse l'ufologie. Coauteur, avec William Steinman, du fameux UFO Crash at Aztec. Avec Robert L. Brown (coproducteur du film documentaire UFOs, a need to know [Les OVNI, le besoin de savoir]), Wendelle Stevens organise, avec la participation de John Lear, du 8 au 13 dcembre 1991 Las Vegas, le NEW Vega International UFO Congress (renseignements, rservations : 4266 Broadway, Oakland, CA 94611, USA ; Phone : (415) 428-0202).

    Major Colman VonKeviczky, directeur de l'ICUFON (Intercontinental UFO Galactic Spacecraft Research and Analytic Network), certainement le tout premier avoir lanc un cri d'alarme l'ONU sur la caractre inquitant de certains de nos visiteurs dont les engins se livrent l'espionnage systmatique des sites stratgiques terriens.

    Charles Berlitz, minent chercheur et traqueur d' trangets , auteur de divers ouvrages documentaires sur le Triangle des Bermudes, le triangle du Dragon, etc., lui aussi maltrait par les jaloux et autres scientistes de seconde zone.

    Jacques Valle, astrophysicien de formation mais informaticien de profession (aux USA depuis 1962), investigateur du phnomne OVNI, abord sous l'angle autres dimensions qu'il ne faut pas rejeter, ces engins ayant, l'vidence, des origines multiples.

    Roger Rmy, charg de mettre en place un institut de recherches / IMSA-Mondial (Institut Mondial des Sciences Avances) aux USA. Infatigable chercheur de top niveau, R. Rmy, avec l'assistance universitaire et celle d'autres laboratoires, oeuvre au Nouveau-Mexique dans les disciplines de pointe convergeant vers des applications spatiales avec des retombes technologiques profitables dans la vie quotidienne.

    Aim Michel, pionner de l'ufologie, pre de l'orthotnie un peu htivement enterre sans doute par les scientifiques et qui pourrait bien, un jour, ressurgir la faveur de dcouvertes nouvelles.

    Lt-colonel Jean Plantier, le prcurseur gnial qui, lieutenant en 1953, labora une thorie rvolutionnaire : La Propulsion des soucoupes volantes par action directe sur latome , titre galement de son ouvrage paru en 1955. Une version revue et augmente, mise jour, sera rdite en 1992 sous le titre : OVNI et propulsion du futur.

    Guy Tarade, lui aussi chercheur infatigable, chantre de linsolite et du mystrieux inconnu comme ltait notre fraternel ami commun Robert Charroux.

    Philippe Schneyder, ufologue de pointe, dont il faut lire lexcellent OVNI, premier bilan, ditions du Rocher (1983).

    Spatialis, minent juriste dissimul sous ce pseudonyme, prfacier de louvrage de Ph. Schneyder, nhsitant pas lui aussi fltrir les ngateurs patents (les officiels en tte), en prconisant la cration dun Shadow Government (Gouvernement de lombre) de lufologie (Quil faudra interdire aux valets du MJ 12 J. Guieu dixit !).

    Enfin, aux cinq mystrieux civils lallure de militaires (et srement pas des bidasses !), probablement vtrans du Vit-Nam, lors dune rencontre inattendue au march indien annuel de Santa Fe, Nouveau Mexique, le samedi 17 aot 1991, veille dune excursion Dulce ! Je leur tmoigne ici ma gratitude pour leurs encouragements et leurs assurances futures

    Joublie invitablement des noms dignes dloges, car la liste est longue des battants toujours plus nombreux rejoindre nos rangs. (ceci nimplique point que lensemble de ceux auxquels je rends hommage ici nous aient dj rejoints)A tous, cependant, je tmoigne de mon admiration pour leurs travaux, leurs recherches ingrates railles par les imbciles, les autorits et les Diafoirus du rationalisme !

  • Que la Force soit avec euxFraternellement

    J. G.

  • AVERTISSEMENT AU LECTEUR

    Le sigle EBE (Entit Biologique Extraterrestre) prte confusion (mea culpa !) et lon est tout naturellement tent de lappliquer uniquement aux tres gris, de petite taille, au crne volumineux, surnomms Short Greys (Petits Gris) ou plus communment : les Gris. En fait, ce sigle, cr aux USA par le docteur Detlev Bronk (lun des membres initiaux du MJ 12 dans les annes 40), ne signifiait pas autre chose, au dpart, que les extraterrestres en gnral. Cependant, il est vident que les EBE, sigle conu pour rester hypocritement anonyme, offrait au premier degr un impact moins prononc que extraterrestres tout court1 !Il convient donc de clairement prciser que si les Gris sont effectivement des EBE (savoir des tres pensants non terriens), les EBE ne sont pas tous des kidnappeurs, des mutilateurs et des envahisseurs comme le sont les Gris. Les Gris qui possdent de trs nombreuses bases souterraines travers le monde, bases partir desquelles ils contrlent notre plante avec la complicit du Majestic 12 et de tous ceux qui, de prs ou de loin, rengats et tratres lespce humaine, y sont infods.Hors de ce contexte dagressivit, dhgmonie, on recense aussi des trangers humanodes ; en fait des humains ( quelques diffrences prs) manant dun phylum commun leur espce et la ntre. Des humanodes que lon peut (non sans ouvrir lil, toutefois) qualifier de pacifiques. Ceux-ci comptent de nombreuses varits observes depuis des millnaires ici-bas et plus particulirement au cours du sicle coul. Sans doute en saurons-nous bientt davantage leur sujet

    Jimmy GUIEU

    CHAPITRE PREMIER

    Nous serons peut-tre obligs dutiliser lnergie atomique en cas de conflit entre les races humaines et les sinistres forces dune autre plante de la galaxie. Gnral MacArthur.(In New York Times du 9 octobre 1955.)

    2 mai 1979, quelque part au large des les Ryu-Kyu (archipel japonais).

    Appartenant la flotte de pche du Pacifique (port dattache Vladivostok-Nakhodka), le chalutier sovitique Novorski croisait au large, lest dOkinawa, aprs une courte campagne de pche en mer de Chine orientale, suffisamment loin de Shangha pour ntre pas accuser de spolier les pcheurs chinois ! A la faon dont il jetait assez rarement son chalut pour le haler bord aprs une petite heure, ou mme moins que cela, on aurait t en droit de se demander si ses hommes ne pchaient pas en dilettante ou pour la galerie ! Une galerie peu nombreuse, hormis les rares bateaux de faible tonnage faisant du cabotage entre les les, ou quelques embarcations de pcheurs indignes. Pourtant, la zone tait poissonneuse et les

    1 A noter que nos amis ufologues doutre-Atlantique appellent parfois les Gris les Rticuliens, cette espce inamicale ayant laiss entendre quelle tait originaire dun systme solaire de la Constellation du Rticule (assez prs, visuellement parlant, du Grand Nuage de Magellan).

  • cales frigorifiques du Novorski devaient tre longues et spacieuses, en juger par la masse imposante du bateau : ponts et superstructures fort bien quips, multiples treuils et coutilles de chargement, radars, centrale de froid, palans, potences, et bien dautres appareillages un peu bizarres qui dformaient les grandes bches de protection, tant sur le gaillard davant que vers la poupe.Les niveaux infrieurs ne ressemblaient gure ceux dune unit de pche, mais davantage un laboratoire accol une puissante centrale lectrique alimentant en nergie des salles bourres dinstruments lectroniques. Et ceux-ci noffraient quun trs lointain rapport avec les quipements dun chalutier ! De mme, la plupart des hommes son bord navaient-ils de pcheurs que le nom : techniciens minents, physiciens, lectroniciens, spcialistes des transmissions, ils oeuvraient dans les laboratoires ou devant les batteries dordinateurs sophistiqus qui donnaient cette passerelle un peu laspect dune tracking station, cest--dire dune station de poursuite des lanceurs de satellites Cap Kennedy, Bakonour, ou encore Kourou.Ag de vingt-cinq ans, lingnieur Mstislav Feodorenko, lectronicien et informaticien, dune carrure athltique, trs blond, le teint hl, dpassant son mtre quatre vingt-cinq, ne possdait certainement pas une femme dans chaque port , comme on le prtendait autrefois des marins de la Royale , mais il tait assurment de ceux auxquels les reprsentantes du beau sexe ne devaient pas refuser grand-chose ! Il nabusait pas dun tel privilge, consacrant ses soires studieuses la prparation dun doctorat dastrophysique aprs avoir rendu de brlants hommages Tania, sa partenaire du moment.En dehors de certaines missions spciales telle celle daujourdhui , il vivait dordinaire Novossibirsk et ne jouait pas les marins-pcheurs bord de bateaux-espions camoufls en chalutiers.Espion ? Feodorenko aurait pu ltre coup sr sil avait rpondu aux sollicitations peine discrtes de pseudo-inspecteurs acadmiques. Ceux-ci lui avaient laiss entendre combien sa candidature de scientifique de top niveau aurait t apprcie, trs probablement , dans certaines sphres proches du pouvoir Moscou. Lingnieur-docteur s sciences (un pluriel rsultant de cinq doctorats !) Mstislav Feodorenko, spcialiste des transmissions, des lasers, des ultra-hautes frquences, de la mcanique quantique et autres banalits du genre psychotronique, ondes gravitationnelles et physique des champs, avait feint de ne point comprendre ces sollicitations peine voiles dont il tait lobjet. Il souriait un peu innocemment ses interlocuteurs venus le sonder dans son laboratoire dAkademgorodok, la Cit des Savants proche de Novossibirsk, difie en 1957, au cur de la Sibrie. Car, en dpit de son jeune ge, Feodorenko mritait le titre de savant, ayant t ds sa dixime anne chaudement recommand par ses professeurs pour affronter les Olympiades , cette manire de concours gnral rserv aux enfants surdous en Union sovitique. Sorti parmi les cinq premiers, Mstislav, lanne suivante, entrait au Campus scientifique de Novossibirsk (Section Sibrienne de lAcadmie des Sciences de lURSS).Son frre an, Oleg, se moquait gentiment de lui, arguant quavec sa grosse tte il aurait toujours du mal mettre une chapka ! Oleg, lui, passionn par la mer, avait fait carrire dans la marine ; ingnieur mcanicien, il avait opt pour les sous-marins et servait bord du Dzierzynski2 au titre dingnieur en chef. Un puissant SNA (sous-marin nuclaire dattaque) en mission secrte dans ce secteur du Sud-Est asiatique o il avait rendez-vous avec le pseudo-bateau de pche NovorskiDans la grande cabine du centre de contrle situe sous la passerelle de commandement, Mstislav, un peu nerveux, allait de lun lautre des nombreux pupitres de commande sur lesquels travaillaient les oprateurs, scrutant les crans et les donnes qui sinscrivaient en cristaux liquides rougetres sur les cadrans tmoins. Il alluma une cigarette et sapprocha dune baie tribord, laissa errer son regard sur la mer gris-vert, assez calme, et au loin sur la ligne plus sombre des les Ryu-Kyu, la plus grande Okinawa domine par le Yonahadake, cne volcanique culminant quatre cent quatre-vingt-dix-huit mtres.Le sous-marin nuclaire o servait son frre Oleg naviguait quelque part dans le secteur, en plonge silencieuse, quasi indcelable, mme par les sondeurs-dtecteurs sophistiqus du Novorski ; indcelable, sauf sil rduisait volontairement le coefficient de son gnrateur de champ morphogntique de camouflage, une invention de lingnieur-docteur Mstislav

    2 Dzierzynski (Feliks Edmundovich), bolchevik fanatique, organisateur, sous Lnine, de la Tcheka, administration politique de la scurit de lEtat, puis directeur du GPV, une Gestapo amliore par Staline, tape vers lactuel KGB. (Cf. Narkoum : finances rouges, N 4, srie Les Chevaliers de Lumire , par Jimmy Guieu, Ed. Fleuve Noir.)

  • Feodorenko, capable de mimtismer le submersible en baleine ou cachalot, mettant les mmes types dondes ultra ou infra-sonores que ces gants des mers ! Une srie de couinements et de tops graves troubla le silence, et lingnieur se hta vers les oprateurs chargs des sonars. Lun deux annona :- Je crois que cest enfin le Dzierzynski, ingnieur Feodorenko. Le profil de lcho se modifie, saffine et cesse de prsenter celui dune baleineDu menton, il dsignait lcran rvlant effectivement cette transformation intentionnelle dun cho de baleine en celui dun sous-marin !- Je vais vrifier avec la bcaneLa bcane dsignait en ralit une sorte de scooter immerg, remorqu, abritant un sonar, de multiples sondes tlmtriques, une camra vido entre autres instruments capables dexplorer divers paramtres. La bcane , si ncessaire, devenait autonome, plongeait de grandes profondeurs et larguait alors une antenne mettrice, envoyant au Novorski la fois des images et une foule dinformations, directement saisies par les ordinateurs.Sur lcran dun moniteur de tlvision sinscrivit bientt limage du sous-marin nuclaire, fidle au rendez-vous. Machinalement, Feodorenko leva les yeux sur le planisphre, dominant les consoles de travail. Il actionna un bouton, fit dfiler la carte lumineuse et cadra le Sud-Est asiatique, depuis les ctes chinoises, celles de la Core, du Japon et plus au sud le secteur des Philippines. Il pianota sur le clavier de lordinateur et matrialisa sur la carte un double pointill rouge, au dpart de la base navale de Vladivostok : la route suivie par le Novorski confondue avec celle du sous-marin nuclaire Dzierzynski. Litinraire lumineux descendait vers le sud, franchissait le dtroit de Core, sinflchissait vers le sud-est, coupait larchipel des Ryu-Kyu, pour sarrter une cinquantaine de milles lest dOkinawa-Jima. L, un signal pulsant vert sallumait, clignotait.- Le Dzierzynski a largu sa balise hertzienne flottante et nous allons pouvoir communiquer, indiqua loprateur de la bcane sonar-camra.Appel durgence, le commandant Oulianov dvala les marches conduisant de sa passerelle au centre de contrle et vint se poster aux cts de Mstislav Feodorenko :- Si cette jonction stait opr en surface, vous auriez t pratiquement porte de voix pour changer quelques mots avec votre frre !- Certainement, Commandant. Cela nous aurait fait plaisir car nous ne nous voyons pas souvent, lui Vladivostok ou en plonge dans le Pacifique, moi dans les cubes en bton dAkademgorodok !Oulianov et le jeune savant portrent leurs regards sur le grand cran o venait dapparatre filme par la camra-sonar immerge la masse fusiforme du Dzierzynski. La voix monocorde du commandant Saltchenko se fit entendre dans la salle de contrle :- Toundra appelle Albatros. A vousNom-code du pseudo-chalutier, Albatros rpondit :- Je vous reois cinq sur cinq, Toundra. A vousLe commandant Saltchenko reprit :- Nous atteignons la zone V-O et commenons dcrire des cercles seulement deux cents mtres de la surface, avec quatre mille mtres de flotte sous les pieds ! Progressivement, nous orientons nos cercles vers le sud, l o la fosse dOkinawa accuse plus de sept mille mtres de profondeur. A vous, Albatros- Bien reu. Nous allons larguer la bcane, qui calquera sa route sur la vtre et nous enverra des images en continu.Le commandant Oulianov fit excuter lordre, et lune des camras remorques prit le relais, montrant cette fois la bcane devenue autonome et sloignant vers la masse oblongue du Dzierzynski.- Camra-sonar largue, Toundra. Recevez-vous son image ? A vous.- Oui, Albatros. Nous cap tons.. leHache par des crachotements, la voix du commandant Saltchenko svanouit, remplace par une longue srie de notes graves au dbit rapide, Mstislav Feodorenko frona les sourcils, maintenant alarm par ce quil apercevait sur lcran : le fuseau du submersible nuclaire avec, plus loin et plus bas, montant en oblique des abysses, une curieuse tache lumineuse jaune.Le haut-parleur retransmit de nouveau la voix de Saltchenko, mais affaiblie, peu audible :- Albatros, nos mandes plus Je dis rpondent plus ! Nous ons- Rptez ! Toundra ! Mauvaise rception ! A vous- enfonons ! jaune che se rappro niers magn que sonniers !

  • Un effet de zoom sur le sous-marin rvla, lavant, un jet vertical de grosses bulles.Mstislav jura entre ses dents :- Lcoutille du sas de sauvetage avant sest incompltement ouverte, Commandant !- Je le vois, Feodorenko ! grommela Oulianov. Et cette putain de chose sphrique aurole dune lueur jaune poursuit tranquillement sa progression vers le Dzierzynski !La voix du commandant Saltchenko reprit mais en faiblissant, selon un phnomne de fading :- mandes ne rpondent plus ! Sas de tage bloqu Un aspirant phandrier camra devait tenter de Fuyez Albatros ! Fuy Moscou doit savoir pas pour rienUn lger sifflement continu remplaa la voix de Saltchenko. Sur lcran, la camra sous-marine autonome transmettait limage du submersible dont lavant sinclinait, comme pour amorcer une plonge en eau profonde. Une manuvre que le commandant Saltchenko, lvidence, navait pas ordonne ! Mstislav, angoiss, vit le submersible piquer du nez, semblant mettre le cap sur ltrange halo jaune qui slevait inexorablement vers le fuseau de mtal ; comme une murne jaillissant de son trou et fonant sur une proie venue malencontreusement nager sa porte ! Le Dzierzynski pouvait voluer sans danger, en immersion suprieure cinq cent mtres (sa coque traite au titane rsisterait mme, sans doute, aux pressions exerces une profondeur de six cents mtres), mais, au-del, il serait cras comme une noix sous un marteau-pilon !Et son quipage rduit ltat de pure poissons !Lingnieur-docteur Feodorenko eut une contraction de ses massters, en pensant la mort sans phrase que connatraient ces malheureux, dont son frre Oleg, de dix ans son an.La bcane en immersion autonome envoyait limage dune norme lueur jaune reflets verdtres, vaguement sphrique, tel un soleil subaquatique en train davaler le Dzierzynski, bourr de missiles trois ttes nuclaires, de torpilles auto et tlguides qui, dun instant lautre, sous la formidable pression, pouvaient exploser en expulsant vers la surface une onde de choc, un champignon deau vaporise qui annihilerait instantanment le Novorski !Dune voix rauque, au comble de lmotion, le commandant Oulianov avait ordonn la modification du cap. Pour autant quil ne soit pas trop tard Le faux chalutier dcrivit un arc de cercle et fila de toute la puissance de ses moteurs vers les les Takabanare, quelque cinquante milles3 de sa position initiale et rparties lentre de la baie de Chimu 4 vers le milieu de lle dOkinawa.Le scooter, dot dune camra vido, dun sonar et autres instruments, nenvoyait plus que des images zbres, indchiffrables, puis il cessa dmettre alors quil plongeait dans le sillage du SNA dont la masse avait d tre absorbe mais comment ? par lnigmatique lueur jaune surgie des abysses. Le commandant Oulianov jeta un coup dil au jeune savant, le masque durci, les yeux humides, et se fit hsitant :- Je Je comprends ce que vous prouvez, Mstislav (ctait la toute premire fois quil lappelait par son prnom), mais nul naurait pu tenter quoi que ce soit pour sauver le Dzierzynski. Et nous-mmes vous en tes bien conscient allons tre pulvriss si lcrasement de sa coque runit la masse critique de ses charges nuclaires Tous les regrets que je pourrais exprimer lendroit de la disparition de votre frre Oleg ne changeraient rien ce drame Si vous le souhaitez, vous pouvez regagner votre cabine- Non, merci, Commandant- Bien (Oulianov sclaircit la voix, embarrass.) Selon vous, ctait quoi, cette trange lueur qui montait la rencontre du Dzierzynski ? Euh Bien entendu, vous ne me rpondez pas, si cela fait partie des secrets dEtat auxquels vous pouvez avoir accs, se hta-t-il de prciser.Lingnieur-docteur Feodorenko hocha doucement la tte :- Peut-tre avez-vous lu des ouvrages sur la guerre du Pacifique, lors du second conflit mondial, en particulier au chapitre consacr la formidable bataille dOkinawa, dans larchipel des les Ryu-Kyu que les Japonais, eux, appelaient les de Nansei Shoto- Oui, jai lu a dans le temps, en particulier deux gros ouvrages traduits de langlais, tout fait remarquables : La Guerre du Pacifique5.- De John Costello, qui a pu consulter les archives secrtes des tats-majors et apporter de prcieuses prcisions sur ce conflit titanesque. Mais ce que je vais vous apprendre, Commandant, ne figurait pas dans les archives mmes secrtes mises la disposition de cet historien scrupuleux

    3 Quatre-vingt-douze kilomtres environ.4 Autres toponymes : Chin Wan, Kin Bay. Aprs la Seconde Guerre mondiale, de trs nombreux toponymes ont chang.5 Ed. Pygmalion, Grard Watelet, Paris.

  • Printemps 1945, QG du gnral de corps darme japonais Mitsuru Ushijima, Okinawa (archipel des Nansei Shoto).

    Le nombre croissant des units amricaines de la Task Force aux ordres du gnral de division Roy S. Geiger, avec ses hroques Marines (ceux de la 1 re division avaient pris Eniwetok, Guam et Saipan), les GIs de linfanterie, les escadrilles de bombardement du gnral Curtis Lemay et tout le formidable potentiel de guerre de loncle Sam, qui, progressant travers le Pacifique, allait concentrer ses forces sur Okinawa, ne laissaient pas dangoisser le gnral Mitsuru Ushijima. Et ce, mme sil affectait une confiance inbranlable devant ses 107 000 hommes de la XXXIIe arme impriale, retranche Okinawa. Les Amricains, eux, allaient opposer 154 000 hommes au cours de lOpration Iceberg, nom-code de lattaque de cette grande le (quatre-vingt-seize kilomtres de longueur, dix vingt kilomtres de largeur), destine devenir le tremplin de linvasion finale du Japon.Inquiet mais non fataliste, le gnral Mitsuru Ushijima se souvenait des fortes paroles de lamiral Maishi Shibasaki, exhortant les 4 500 hommes de la garnison de Betio (atoll de Tarawa, aux les Gilbert) rsister lassaut dun million dhommes pendant cent ans sil le fallait ! Lui aussi galvaniserait ses soldats, les exhorterait lutter jusqu la mort contre ces loups dAmricains qui simaginaient pouvoir dvorer impunment des troupes dvoues corps et me au Mikado ! Soutenu par les kamikazes qui dtruiraient lun aprs lautre leurs porte-avions, leurs escorteurs, leurs diverses units navales, lui, le gnral Ushijima, massacrerait sans piti tous ces Marines qui tenteraient de dbarquer sur les ctes dOkinawa Quitte truffer de bunkers, de terriers, de casemates et de piges le sol de lleDix jours avant le dclenchement de lOpration Iceberg, un bombardement terrifiant pilonna les positions japonaises dOkinawa, tandis que des kamikazes dcollaient et piquaient sur les btiments amricains, coulant par le fond des porte-avions, des escorteurs, des destroyers. Du moins ceux des avions qui chapprent aux chasseurs US et la DCA parvinrent-ils ce rsultat.Mais un vnement alarmant, de par son irrationalit, allait ajouter linquitude du gnral Mitsuru Ushijima : des pilotes aussi bien que des fantassins ou des marins dcrivaient un engin nouveau incroyable. Sur tous les champs de bataille, des disques lumineux ou des sphres de faible dimension, dous dune maniabilit extraordinaire et capables datteindre des vitesses fantastiques, staient impunment mls aux combats ariens dans le ciel des Nansei Shoto ! Nul ne pouvait assurer que ces objets fantasques (surnomms alors les Fantmes de Nansei Shoto) avaient effectivement particip aux combats ; non, ils semblaient plutt se borner observer, tester les avions, valuer leurs performances, sans intervenir directement.Mais demain, quelles seraient les ractions de ces Fantmes si une rafale de mitrailleuse, ou un obus de DCA, les abattait ? Aucune Aucune raction pour lexcellente raison que ces Fantmes de Nansei Shoto paraissaient invulnrables, les projectiles semblant les traverser sans leurs infliger de dommage ni entraner de riposte de leur part6.Renseign sur lapparition de ces machines secrtes non offensives de lennemi, le Quartier Gnral de lArme Impriale censura purement et simplement toute information relative aux Fantmes de Nansei Shoto.Il serait temps, aprs la victoire du Japon, de demander des prcisions sur la nature de ces petits engins aux Amricains vaincus, crass, implorant grce

    Du ct des forces aro-navales et de linfanterie des Allis engags dans la campagne du Pacifique, de nombreux rapports taient parvenus au gnral MacArthur, commandant suprme des puissances allies, ainsi quil serait officiellement nomm par le prsident Harry Truman, successeur de Roosevelt, en avril 1945.A la diffrence des Japonais, ces mystrieux petits engins volants non identifis furent baptiss Foo Fighters (Chasseurs ennemis) par les Amricains et attribus aux Japonais ! Arme secrte nippone ? Non : les Foo Fighters agissaient comme des appareils-espions, sans intervenir directement dans les combats. Des sortes de mouchards ultra-perfectionns dont les Allis rcupreraient les plans (et sans doute aussi des spcimens) aprs la victoire, la reddition sans condition des Japs !Le prsident Truman et le gnral MacArthur, eux, possdaient quelques renseignements supplmentaires, savoir que les premires observations navaient pas t faites sur le

    6 Rigoureusement authentique. Cf. Les Soucoupes Volantes viennent dun autre monde, Jimmy Guieu.

  • thtre des oprations dans le Pacifique, mais aux Etats-Unis mmes, deux ans plus tt, le 25 fvrier 1943, Los Angeles. L, dans le ciel californien, la 37 e brigade de DCA avait tir mille quatre cent trente obus contre des avions circulaires (srement un coup des Japs !) en vol stationnaire sans parvenir les abattre7 !Mmes observations, mme inquitude devant linconnu, sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale en Europe et en Union sovitique.Ces interrogations traversrent-elles lesprit du gnral japonais Mitsuru Ushijima lorsque, le 22 juin 1945, au seuil de sa casemate-QG souterraine de la colline 89, il se fit hara-kiri avec son poignard ? Il avait pris soin de se couper les cheveux et de sagenouiller sur une natte avant daccomplir le suicide rituel, tandis que les quipes mdicales parcouraient les galeries de son terrier pour achever les blesss en leur injectant une dose mortelle de morphine. Une mort douce que navaient malheureusement pas connue les GIs capturs par les Japonais et qui furent martyriss, sauvagement torturs : seize aviateurs dtenus Kyu-Shu ayant t littralement hachs en morceaux8.LOpration Iceberg allait prendre fin avec le nettoyage des poches de rsistance sur Okinawa. Bilan : plus de 107 000 combattants japonais morts dans la bataille, outre prs de 28 000 dfenseurs des systmes souterrains de dfense, ensevelis dans les galeries ; 75 000 civils de lle avaient aussi pay leur tribut ce massacre sanglant. Les pertes amricaines se soldaient par 7 374 tus et 31 807 blesss, 34 navires couls par les kamikazes et les Bakas (bombes volantes pilotes par un aviateur-suicide), 763 avions de laronavales abattus, 4 907 marins morts ou disparus. Les Japonais, eux, avaient perdu 16 units de guerre et 800 avions.Porte-avions, destroyers, escorteurs, transporteurs de troupes et de munitions, navires-hpitaux, sous-marins, chasseurs et bombardiers, aussi bien allis quennemis, avaient coul au cours de la terrible bataille dOkinawa. Et ctait, grosso modo, depuis ce cimetire marin, au fond des abysses, qutait apparue cette mystrieuse lueur jaune, qui trente-quatre ans plus tard, le 2 mai 1979, avait englouti le SNA, le sous-marin nuclaire dattaque sovitique Dzierzynski L o, au plus fort des combats de la guerre du Pacifique, taient apparus les Fantmes de Nansei Shoto9 Les Foo Fighters, ainsi baptiss par les GIs, nagure surnomms avions circulaires en 1943 Los Angeles ou Bolides kraut en Europe par les Allemands du IIIe Reich. Autant de noms et surnoms qui sombreraient dans loubli, remplacs le 24 juin 1947, aux USA, par lexpression de Kenneth Arnold : Flying Saucers, ces soucoupes volantes que les autorits du monde entier (pour une fois unies comme larrons en foire !) rebaptiseraient pudiquement OVNILa plus scandaleuse, la plus inquitante, la plus criminelle campagne de dnigrement, de mensonges et de calomnies allait commencer de par le monde pour touffer la vrit propos des disques volants . Les gouvernements tous les gouvernements , volontairement ou involontairement complices des Dzorls ou EBE, ces Entits Biologiques Extraterrestres implantes sur notre plante10, tromperaient les scientifiques (dcidment peu curieux et trs vite acquis aux thses mensongres officielles !) puis les mdias, manipuls par ces faux savants, ces canailles de la science ( les soucoupes volantes nexistent pas , credo devenu plus tard : les OVNI nexistent pas , enfin les extraterrestres nexistent pas ), dont les ngations ex cathedra leurreraient, sans difficult, le bon peuple, avec lappui de certains journalistes de la presse et de laudiovisuel. Autant de valets la solde des pontifes, de groupes de recherche officiels prtendant enquter sur les OVNI, pour mieux touffer ce quils auraient dcouvert ! Valets dociles et serviles, parfois par btise ou cupidit, mais tous tratres lespce humaine, leurs frres terriens, dj vendus aux Dzorls, aux Gris, vers la fin des annes 40, par le prsident Harry Truman, lequel, naturellement, ne pouvait souponner

    7 Rigoureusement authentique.8 Authentique.9 Cette vaste zone de la mer de Chine orientale, des annes aprs la Seconde Guerre mondiale, reut le surnom de Triangle du Dragon ; en fait un losange o disparurent nombre de navires et davions, tout comme ce fut le cas dans le Triangle des Bermudes. No comment Sinon pour recommander particulirement la lecture du rcent ouvrage documentaire de Charles Berlitz : Le Triangle du dragon (Editions du Rocher, 1991). Un fascinant voyage dans cette zone maudite o, depuis des gnrations, dextraordinaires phnomnes se produisent, tout comme au Triangle des Bermudes, galement tudi par Charles Berlitz. Un chercheur courageux, digne dloges, spcialement vilipend par un scientifique prtentions ufologiques, lequel a ainsi perdu le peu de crdit dont il disposait encore auprs de ceux (de plus en plus rares) lui avoir accord une once dintrt !10 Cf. EBE Alerte rouge (Ed. Vaugirard).

  • lpoque cette finalit, en concluant des accords avec ces entits originaires du cosmos11

    Mercredi 17 mai 1989, quinze heures, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

    Entre Forcalquier et le village de Mane, le Kamaz, norme poids lourd sovitique, ngocia un virage gauche, pour sengager sur un petit chemin qui sinuait travers la colline. Le conducteur et son quipier, en salopette brune, regardaient attentivement le paysage, se penchant un peu sur le large pare-brise, pour regarder vers le haut, semblant chercher un lieu lev quapparemment ils ne trouvaient pas. Le conducteur dut freiner, essayer de se ranger au maximum vers la droite, pour laisser le passage un gros tracteur qui arrivait en sens inverse. Manuvre difficile, en raison de lexigut du passage. Lhomme au tracteur descendit de son engin en grommelant et apostropha le routier :- Eh ! O tu crois aller, sur ce chemin priv qui file entre les champs de lavande et se perd dans la colline ?Le Russe eut une mimique contrarie et secoua la tte, descendit de la cabine en tenant une feuille de papier :- Ia vass n panimaou.Le cultivateur frona les sourcils et son tour (sans se douter quil dclarait exactement la mme chose) soupira :- Tu tombes mal, lami, je comprends rien ce que tu disLe routier dplia le feuillet et, de son index macul de cambouis, souligna une adresse sur cette sorte de bordereau. Lhomme du tracteur ne comprit strictement rien ces caractres cyrilliques, mais lautre finit par souligner une adresse en franais, patiemment rdige en lettres btons.- Ah bon, l, je comprends, fit le Provenal avec son accent chantant. Ben l, mon gars, tu tournes exactement le dos, ou presque, lObservatoire. Tas loup la route, un peu plus au sud Attends Je vais virer dans le champ avec mon tracteur et je ty conduirai. Faut retraverser Mane et plus bas, sur la nationale, on prendra la direction Saint-Michel-lObservatoire.Il regarda le Russe qui secouait dsesprment la tte et choisit de se faire comprendre avec un langage gestuel, se dsignant, dsignant le tracteur, faisant le geste de lcher le frein, de tourner le volant, montrant la route dans la direction oppose.- Tas pig ?- Da-da ! fit le Sovitique.- Eh non, pas cheval, couillon, se mprit le Provenal. Bon, cherche pas comprendre et suis moi, OK ?- Spassiba !12- Et si, cest plus bas. Toi, tes mont trop haut vers Forcalquier. Allez, pinaillons plus, tas qu me suivre.Grce au langage international des gestes, les deux hommes finirent par se comprendre et les deux vhicules, aprs de multiples manuvres, sengagrent enfin sur le bon chemin, sous les yeux un peu surpris des ares personnes rencontres. La plupart de celles-ci, vivant dans le pays, avaient beau lire les inscriptions en gros caractres sur la bche du Kamaz, cela ne les avanait gure, nentendant rien cette graphie non plus qu la langue de Tolsto. Sil stait agi du contraire, nul doute que cette inscription les aurait tonnes : Prodintorg Syr Na Kafkas (Fromage Le Caucase ) Produits laitiers, animaux de ferme, poissons, caviar Suchumi.Daucuns se seraient demand pourquoi le personnel de lOAP (lObservatoire Alpin de Provence) importait des fromages et des produits laitiers fabriqus aussi loin Suchumi, port de la mer Noire alors que lindustrie franaise proposait sur le march une gamme incomparable de fromages, srement aussi savoureux que ceux du Caucase ! Une autre fois, cest un poids lourd dIrkoutsk, lac Bakal, qui vint livrer du matriel lectrique avec, sur sa cabine, linscription : Eletronorgtechnica Mockba. La socit exportatrice tait bien Moscou, mais le matriel, lui, semblait provenir de lextrme est de lURSS

    11 Cf. EBE Alerte rouge (Ed. Vaugirard).12 Merci !

  • Les discussions allaient bon train, le soir, au Caf du Commerce, o lon commentait les grands vnements du jour. Et lvidence, dans les bourgades du canton, les grands vnements du jour ou mensuels nencombraient gure les colonnes des rubriques villageoises, sauf peut-tre lorsque, lt dernier, rentrant plus tt que prvu des commissions , Charlotte Favier, fermire de son tat, trouva son mari et Justine Labouret, tous deux quatre pattes dans la grange, jupon trouss et pantalon aux chevilles, jouant le dernier acte de La charge de la brigade lgre ! Ce drame bucolique fit les beaux jours des mauvaises langues, mais les naturels du pays, se targuant de ne pas faire de politique, avaient jusque-l prfr ne pas parler de ces camions venus dau-del du rideau de fer sgarer dans leurs chemins vicinaux, lorsquils ne trouvaient pas immdiatement la route du nouvel observatoire.Mais l, aujourdhui, stait produit lincident majeur, sujet de toutes les conversations : la rencontre dun de ces poids lourds par Emile Dugouzaux, au volant de son tracteur. Les langues se dliant, lon appris ainsi que, depuis plusieurs annes, deux ou trois fois lan, des vhicules lourdement chargs, tous dorigine russe, hantaient ce secteur de la Haute-Provence13 et prenaient la direction de lOAP.- Moi qui vous cause, amorait le pre Jules (un pilier du Caf du Commerce), je suis sr quy zapportent des gros tlescopes aux astrologues de Saint-Michel. Mais vaut mieux fermer sa gueule pour pas avoir demmerdes : Qui de rien se mle, de rien se dmle , comme disait dj ma grand-mre qui avait vu les Prussiens en 1870 !- Les Prussiens ? A Forcalquier ? Stonnait Marcel, le bistrot.- Mais non, pas Forcalquier : dans le Nord, vers Chlons ou Strasbourg.Et sur les Ah bon de lassistance, le pre Jules, davantage dialecticien que familiaris avec la gographie, laissait son imagination fertile vagabonder allgrement

    Dimanche 16 juillet 1989, Washington DC.

    En bordure du parc du Capitole, la Cour Suprme des Etats-Unis navait jamais t aussi bien garde que ce matin-l. Ds sept heures, un fourgon pnitentiaire, escort par une vingtaine de motards, avait pntr dans la cour intrieure de limposant et austre difice, dj occup par des hommes de la MPF, la Metropolitan Police Force, dpendant de lautorit du maire de la capitale fdrale. De surcrot, larme verrouillait le secteur, des automitrailleuses occupaient les carrefours de Constitution Avenue et Independance Avenue, et des hlicoptres voluaient lentement au-dessus du quartier.Officiellement, les participants cette opration ignoraient lidentit des prisonniers de marque ainsi livrs sous bonne escorte, mais il ne fallait pas tre grand clerc ni voyant extralucide pour deviner de qui il sagissait. Une semaine plus tt, moins de quatre kilomtres de l, sur la pelouse de la Maison-Blanche, un cosmonef tincelant stait pos, avec son bord des humanodes pacifiques, originaires du systme stellaire de ltoile Polaire.Et ces Polariens, ramenant avec eux le prsident Alan Nedwick (que lon avait cru suicid ) et son fidle ami Harold Blackwood, avaient frapp trs pacifiquement de stupeur la foule des curieux et les mdias invits attendre l que se produise un vnement capital dont rien navait pralablement transpir. Avant de cder la parole au prsident Nedwick, la voix anonyme dun reprsentant des FTL, les Forces Terriennes Libres de la clandestinit, avait annonc larrestation, la veille, du nouveau prsident des Etats-Unis Edmond C. Marsh et de son vice-prsident Morris Newbury, complices du MJ 12, le gouvernement secret, lorganisation criminelle contrle par les Gris. Ainsi donc, ce dimanche matin l, dfaut davoir t inform, nul parmi les forces de lordre ne pouvait ignorer quil sagissait bien de ces deux forbans de haute vole, coupables du plus grand crime qui puisse exister : celui davoir pactis avec des ennemis de lespce humaine et, ds lors, coupables de tratrise envers leurs frres de race.Lon imagine avec quelle curiosit les forces de scurit, dployes dans la cour, attendaient louverture des portes arrire du fourgon pnitentiaire qui souvrirent finalement sur deux individus, menotts les mains au dos mais la tte recouverte dune cagoule. Des policemen les prirent par le coude et les firent avancer dun pas rapide, courant presque dans le couloir, prcds par lun de leurs collgues qui ouvrit une cellule garnie de solides barreaux. Dbarrasss de leurs menottes, oscillant un peu sur leurs jambes, probablement en proie

    13 Authentique.

  • une violente motion, les captifs entendirent claquer les verrous tandis quun policier prononait :- Dans cinq minutes, vous pourrez retirer vos cagoules. A midi et six heures, une sonnerie vous avertira et vous devrez alors les remettre, le temps quon vous apporte vos repas. Le non-respect de ces consignes entranerait des reprsailles.Les pas sloignrent et les deux prisonniers, hbts, restrent debout compter les minutes.

    CHAPITRE II

    Il y a bien des choses dont il mest interdit de parler. U-Thant, secrtaire gnral des Nations unies,questionn sur les OVNI Ottawa, le 23 aot 1970.

    Dimanche 16 juillet 1989, Washington DC, huit heures du matin.

    Non loin de sa villa de lAnacostia Park qui longeait la rivire du mme nom cinq kilomtres vol doiseau au sud-est de la Cour Suprme, un homme plutt replet, le front dgarni, la cinquantaine proche, faisait tranquillement son jogging, revtu dune combinaison bleu ple, en coton ponge. Directeur du FBI, Leonard Trenholm sastreignait, quand il le pouvait, accomplir cet exercice matinal ; une petite heure dvasion quotidienne afin dchapper sans y parvenir toujours aux stressantes contraintes de sa charge.Une matine calme qui lui permit, aprs cet exercice, de prendre une bonne douche et de sattabler devant un copieux petit djeuner compos dufs au bacon, de crales, verre de jus dorange et th au lait quil savoura en soupirant daise, ce qui ne manqua point de faire plaisir Molly, la cuisinire-gouvernante-factotum, depuis bien des annes au service de ce clibataire endurci. Une cuisinire tout loppos de limage conventionnelle de lopulente personne saffairant ses fourneaux. Rien de cela chez cette accorte quinquagnaire brune,

  • mince et osseuse mais volontiers souriante, dvoue corps et me ce grand commis de lEtat quelle vnrait et chouchoutait dattendrissante faon. Ce qui, parfois, ne laissait pas dirriter oh ! pour peu de temps le directeur du FBI.Le petit djeuner achev et ngligeant son bureau ntait-on pas dimanche ? Trenholm sinstalla confortablement dans lun des fauteuils du living dont les baies dominaient la rivire Anacostia avec vue sur le John Philip Sousa Bridge vers la droite. Le rituel dominical consistait savourer un petit cigare Vnus lger de la gamme Pliades, tout en parcourant les journaux, fort heureusement moins nombreux quen semaine, mais (et ceci ne compensait point cela !) beaucoup plus surchargs en publicits. Il exhala lentement la fume, posa son Vnus dans le cendrier et sapprtait tourner la une du Washington Post lorsque le tlphone sonna.Leonard Trenholm jeta un regard rancunier lappareil et dcrocha en se demandant si sa quitude dominicale nallait pas tre srieusement compromise- Jyotsn, pronona lentement une voix masculine.

    Une Plymouth Gran Fury trs anonyme, modle 1981, qui aurait bien mrit une couche de peinture, pntra dans la cour intrieure de la Cour Suprme, suivie des yeux par le cordon de gardes en armes arrivs l ds sept heures du matin. Steve Madow, le porte-parole de la Maison-Blanche, blond, sportif et trs play-boy, abandonna le volant et, aprs un signe dacquiescement du capitaine des services de scurit, il laissa la conduite intrieure banalise et suivit lofficier jusquaux sous-sols du grand difice. Arriv devant la grille coulissante fermant la cellule o deux hommes, dissimuls par une cagoule, avaient t amens sous bonne garde, trois heures plus tt, Madow fut un peu surpris de les trouver allongs sur le bat-flanc, en train de ronfler, la cagoule roule leur servant doreiller.Le porte-parole de la Maison-Blanche toussota puis :- Monsieur le Prsident (nouveau toussotement) Monsieur le PrsidentLun des dormeurs tourns face au mur grogna, renifla, se remit sur le ct et sassit en ruminant pour lever un il torve sur les visiteurs. Lautre en fit autant, mais avec moins dlgance puisque ses premires paroles furent :- font chier, ces mecsDouble haut-le-corps puis stupeur du capitaine de la scurit et du porte-parole qui changrent un coup dil effar, avant de reporter leur attention sur ces deux inconnus la face divrogne, les cheveux hirsutes, le costume froiss, lun triqu, lautre trop grand, qui les dvisageaient en retour pour raliser quils taient enferms dans une cellule.- Mais mais ce ce nest pas le Prsident ni le vice-PrsidentEt, devant cette sombre constatation, Steve Madow adressa un regard de reproche au chef des services de scurit qui leva la main en secouant doucement la tte :- Non, non, monsieur le Porte-parole, ce ne sont ni le Prsident ni le vice-Prsident, mais je ne suis pour rien dans cette dans ce enfin, je ne comprends pas comment ce cette substitution a pu se produireEt de se tourner pour questionner schement les occupants de la cellule :- Qui tes-vous ?Ils sapprochrent de la grille, dune dmarche la verticale relative, et lun deux rota avant de dclarer :- Moi cest Bill Rolando, de Baltimore, et je trouve quici a manque de bire !- Et vous ? insista le porte-parole de la Maison-Blanche en questionnant lautre inconnu.- Moi, cest Charly Charly Pingler, comme mon co pain, du mme bled.- Et que faites-vous ici ?- Co comment, ce quon fait ici ? Mais on attend la soupe et nos cent bucks14 avant de rentrer chez nous. Pas vrai, Bill ?Steve Madow et le capitaine des services de scurit froncrent les sourcils, compltement dpasss.- Mais enfin, comment avez-vous atterri ici ? Qui vous a promis cent dollars et pour quoi faire ?- Ca, mon pote (ce mon pote fit sursauter lhomme de la Maison-Blanche qui prit un air pinc), nous on en sait rien. Cette nuit, un mec bourr de fric nous a fil cinquante bucks aprs nous avoir pay boire Gnreux, le type (un rot sonore, jailli du fond de ses entrailles, le coupa dans son lan), on a bu tant quon voulait. Puis on a chang de crmerie ; dans sa bagnole, il nous a dit quon allait cluser ailleurs, alors, on sest pas fait prier. Le type

    14 Dollars.

  • a dit quon toucherait cent dollars demain si on voulait bien passer une cagoule et rester muets tant quil nous apporterait pas loseille. Cest ce quon a fait.Le second enchana, les yeux pas trs bien en face des trous :- Alors l, vous et tous vos prsidents, nous, on en a rien glander. Ce quon veut, cest une bonne bire, nos cent bucks et salut la compagnie. Et cent bucks bien vrais, hein, pas des spurious15, OK ?Des explications complmentaires arraches peu peu ces poivrots, il ressortait que, clochards de leur tat, dots dun costume presque neuf , de quelques bouteilles de bire et de cinquante dollars avec promesse den recevoir cent de plus, ils staient endormis pour se rveiller ce matin dans cette cellule ! Dcrire lauteur de cette mauvaise plaisanterie ? Facile : lun affirmait quil tait gros et grand, g dune trentaine dannes, blond et fris, vtu dun jean et blouson de cuir et quil roulait les r comme un Xicanos ; pour lautre, il sagissait dun homme petit et maigre, la cinquantaine, chauve, sexprimant avec laccent prcieux dun rupin trs british et portant costume sombre et crois. Et pour clore ce portrait la Laurel et Hardy, Charlie Spingler tait sr que lhomme avait un bob sur la tte ; Bill Rolando, lui, jurait ses grands dieux que ctait une casquette ! Bref, une description prcise et concordant seulement sur le sexe masculin de lindividu !Atterr, Steve Madow les abandonna l, en entranant lofficier de scurit, sans se soucier des vocifrations indignes des deux clochards qui, brandissant le poing entre les barreaux, juraient de porter plainte pour squestration arbitraire, escroquerie, parjure, privation de nourriture et (surtout) de boisson !- Et mme quon se plaindra au Prsident, si on veut ! Pas le vtre !Car les deux solards ne pouvaient un seul instant imaginer que leurs visiteurs, en parlant de prsident et vice-prsident, faisaient bien allusion au premier magistrat du pays et son second, arrts par les Forces Terriennes Libres, mis au secret avant dtre conduits la Cour Suprme des Etats-Unis dAmrique pour y tre jugs sous quarante-huit heures

    Dimanche 16 juillet, Washington, dix heures trente du matin.

    Leonard Trenholm reposa le combin et demeura un long moment troubl au point doublier de tirer sur son cigare qui se consumait dans le cendrier en onyx vert. Son correspondant ne stait pas nomm, par souci de discrtion, mais le mot-cl utilis ne laissait aucun doute quant lidentit de celui qui venait de lappeler : un ami des plus srs et invariablement bien inform Harold Blackwood, lex-directeur de la CIA et conseiller de la Maison-Blanche du temps du prsident Alan Nedwick.Aprs son apparition fracassante la tlvision, en compagnie des humanodes Polariens 16, nul nignorait plus son appartenance aux FTL. Avant de se fondre dans lanonymat de cette organisation clandestine, Blackwood avait confi Trenholm un mot de passe pour sidentifier dans lventualit o il aurait besoin, un jour, de reprendre contact avec lui : Jyotsn, un mot un nom trange, que lon ne pouvait phontiquement confondre avec un autre dans la plupart des langues europennes. Dans le Vishnou Pourna, lun des plus anciens textes sacrs de lInde, il signifie lAurore, lun des quatre corps de Brahm.Ce mot de reconnaissance qui dsignait Blackwood en appelait un autre, uniquement attribu Trenholm et que celui-ci formula aussitt : Ahan (le Jour), de mme origine et appliqu pareillement lun des corps de Brahm. Stant ainsi reconnus et rassurs , les deux amis changrent quelques phrases dune consternante banalit pour toute oreille innocente qui aurait involontairement surpris cet entretien. Ces paroles anodines recouvraient pourtant des informations qui, elles, ne ltaient pas du tout..Puis, de nouveau, le tlphone sonna et le directeur du FBI dcrocha, se nomma.- Bonjour, Leonard, Al Connors lappareil. Jaimerais quon se rencontre au Triangle17 au plus tard dans la demi-heure, OK ?- OK, Al. Jy seraiRponse laconique, sil en fut ! Let-il voulu quil naurait rien pu faire pour esquiver cette invitation la fois ferme, pressante et assurment dune importance exceptionnelle pour avoir t formule par Alfred Connors en personne, le DCI, le Director of Central Intelligence, en dautres termes le patron de la CIA. Connors avait t nomm ce poste en remplacement

    15 Des faux.16 Cf. EBE Alerte rouge (Ed. Vaugirard).17 Surnom de limmeuble du FBI (Federal Triangle) sur Pennsylvania Avenue.

  • de Morris Newbury, appel au poste de vice-prsident des USA, jusqu son kidnapping, en compagnie du prsident Marsh, par la mystrieuse organisation terroriste baptise FTL ou Forces Terriennes Libres, ou encore Phi Omga

    Comme tous les dimanches, les Gmen (agents fdraux) taient beaucoup moins nombreux occuper les bureaux du Federal Building, et, hormis le personnel de scurit effectuant ses rondes horaires chaque tage, Leonard Trenholm ne rencontra videmment que des agents affects des missions spciales. Lun des hommes de la scurit avait introduit Connors, le directeur de la CIA, dans la petite salle dattente voisine de son bureau, et Leonard, prvenu, alla lui-mme accueillir son homologue de Langley, arriv quelques minutes plus tt seulement. Alfred Connors, grand, de larges paules, le cheveux rare, tempes argentes, fine moustache, gardait de ses annes de service dagent action overseas18 une souplesse, une musculature et une classe qui devaient faire rver encore, souvent, ses collaboratrices.- Content de vous voir, Al, et navr de vous avoir fait attendre, mais je suis dans les temps malgr une flope de cars de touristes sur Independance et Constitution, qui ne facilitent gure la circulation.Ils changrent une cordiale poigne de main et le patron de la CIA, sans dtour, amora :- Je sais, Lon, car ces fournes de cars de touristes sajoutent aujourdhui, dans le quartier, des vhicules de larme et quelques-uns de lAgence19 autour de la Cour Suprme.- Ah bon ? Stonna Leonard Trenholm. Une opration de protection ? Mais dans quel but ?Connors sclaircit la voix, plutt mal laise pour avouer :- Une autorit suprieure a charg lAgence de mettre en place un dispositif de scurit autour et lintrieur mme des sous-sols de la Cour Suprme, ce matin ds sept heures, heure prvue pour larrive du fourgon pnitentiaire escort de motards amenant le prsident Edmund Marsh et le vice-prsident Morris Newbury kidnapps par les FTL ! Ces terroristes, dune inconcevable impudence, avaient dcid denfermer leurs prisonniers dans lune des cellules provisoires de la Cour, jusqu leur jugement des prochains jours. Ordre de ne pas intervenir avant larrive de Madow, le porte-parole de la Maison-Blanche.Trenholm sindigna :- Et le FBI, troitement li au Dpartement de la Justice, a t dlibrment cart de cette opration ? Merde ! Ca vous parat juste, Al, cette magouille pour nous mettre sur la touche ? En quoi avons-nous dmrit ? Cest scandaleux ! On se croirait revenu quarante ans en arrire ; on nous carte de cette affaire exactement comme nous avons t, ds juillet 1947, vincs des enqutes sur les crashes dOVNI rservs au seul profit de lAir Force et, ultrieurement, de la CIA20.Alfred Connors le coupa, avec un geste dapaisement :- Ne vous nervez pas, Lon, je ne suis pas responsable des dcisions qui nous dpassent, vous et moi, de cent coudes. Quoi quil en soit, quand Steve Madow a pu tre joint il tait parti en week-end sur les bords de la Shenandoa et jai envoy un hlico le chercher , il na trouv dans la cellule que deux clodos de Baltimore, endormis aprs une cuite et, sitt les yeux ouverts, rclamant cor et cri leurs cent dollars : on les avait conduits l, une cagoule sur la tte, avec promesse de les payer ce matin mme. Le reste de leurs propos ne nous a rien appris sur les auteurs de cette substitution, laquelle a d soprer trs tt ce matin, dans des conditions que nous ignorons totalement.Leonard Trenholm rumina, sarcastique :- Et alors, vous vous tes dit : Lautorit suprieure va faire un foin de tous les diables en apprenant ce coup fourr et, comme je ne serais pas fch de partager lengueulade avec quelquun plutt que de lencaisser tout seul, je vais voir ce bon gros Trenholm et lui demander de me donner un coup de main pour retrouver le prsident et le vice-prsident. Comme a, si nous faisons chou blanc, lui aussi en prendra plein la gueule. Un partage quitable, quoi !- OK, Lon, OK, vous tes en rogne, et votre place jaurais manifest les mmes ractions mais, une fois encore, les ordres viennent de trs haut et

    18 Littralement, au-del des mers. Le mot dsigne plus gnralement les postes ltranger.19 Abrviation pour Agence Centrale de renseignement (CIA).20 Rigoureusement authentique et attest par des documents du FBI ; ce qui prouve que Washington, depuis belle lurette, connaissait lorigine extraterrestre des vaisseaux appels soucoupes volantes puis OVNI ! Ds lors, amis lecteurs, ne vous laissez plus abuser par les criminelles ngations des officiels et pseudo-savants de tous horizons...

  • - Ca va, Al, je ne suis pas le balayeur du coin et, sans tre dans le secret des dieux, je sais trs bien ce que vous entendez par les autorits suprieures . Vous en fates pas allusion aux prsident et vice-prsident intrimaires dsigns ipso facto par la vacance de ces postes pourvoir ; vous fates allusion au mystrieux mais aussi fameux Majestic 12 ou MJ 12, cet Etat dans lEtat.Voici une dizaine de jours, lors de lintervention fantastique des Polariens et des FTL, le public a appris que le chef du MJ 12 ct terrien tait le professeur Lionel Dennsmore, lequel a pri dans la destruction de la base EBE souterraine de Dulce, au Nouveau-Mexique.Vous pensez bien que, si les ufologues intelligents et encore libres du monde entier savent que ce gouvernement secret existe, avec ses ramifications tous azimuts, nous, au FBI, nous ne pouvions ignorer son existence, mme si ledit MJ 12 ne nous a jamais honors dune circulaire ou transmis des consignes ponctuelles prcises. A linverse de Langley, nest-ce pas, mon cher Al ? fit le directeur du FBI en poussant vers son visiteur un coffret de cigares Vnus avant de sen coller un entre les dents.Connors se servit, nota sur lun des cts du coffret en cdre la marque Pliades et offrit du feu son confrre :- Vous savez, Lon, ces contacts pisodiques que certains de mes proches collaborateurs et moi-mme avons avec le MJ 12 sont un privilge parfois lourd porter ! Et je nai jamais, personnellement, rencontr le professeur Dennsmore qui vivait reclus dans son ranch de Dulce, non loin de la base. Et je nai pas davantage rencontr les nos htes.- Vous pouvez dire les Gris, Al, je ne crois pas quon ait planqu des micros dans mon bureau, ironisa Trenholm. De toute manire, le fait de les appeler ainsi nimplique aucune intention de mpris de ma part, mais si cela vous choque, je peux aussi les dsigner par leur nom : les Dzorls.- Ca ne me choque pas, Al, et nous ne sommes pas l, face face, pour nous espionner lun lautre et aller ensuite rapporter aux Dzorls lopinion que vous ou moi pouvons avoir deux. Et au demeurant, je crois bien quils sen foutent. Ils se bornent donner des ordres au MJ 12 qui les rpercute la branche MIB21 de lAgence et ces spcialistes les excutent, parfois mme sans que jen sois inform.Le directeur du FBI hocha la tte en signe de comprhension et se dit in petto que, si son interlocuteur sexprimait aussi librement avec lui, ctait quil devait avoir des raisons prcises immdiates ou futures de le faire. A noter sur ses tablettes, toutes fins utiles. Sans oublier cependant quil pouvait y avoir, au bout de tout cela, un coup fourr, malgr la bonne mine de son confrre Dautre part, lancien directeur de la CIA, devenu vice-prsident des USA, Morris Newbury, ne portait pas particulirement dans son cur Leonard Trenholm. Ds lors, si par on ne savait quel coup du sort lex-prsident Marsh et Newbury refaisaient surface en bnficiant de la toute-puissante protection du MJ 12, lui, Trenholm, risquait fort de se retrouver mis la retraite anticipe dans les meilleurs dlais !Sauf sil se montrait en mesure de rendre ces deux hauts personnages un signal service susceptible de le ddouaner dfinitivement et de regagner lestime de ces deux hommes qui avaient t pour peu de temps les plus puissants du pays.Et Jyostn nom-code de Harold Blackwood ce matin mme et assurment pas par hasard, venait de lui en fournir lopportunit.- Alors, Lon, vous me donnez un coup de main avec vos Gmen pour retrouver Marsh et Newbury, ou bien cest la guerre entre nous ? Je ne vous cache pas que je serais du ; nouveau au poste que joccupe, je nai pas le moindre grief contre vous. En consquence, nous aurions vraiment intrt nous serrer les coudes Quitte cest vous qui lavez fait remarquer prendre des risques ensemble et quelques coups galement ensemble, si les choses venaient mal tourner.Le chef du FBI joua un instant, machinalement, avec son briquet de bureau, puis revint son interlocuteur quil fixa dans les yeux :- Banco, Al, je veux bien faire quipe, jouer franc jeu avec vous mais, en retour, jattends la mme chose de vous, OK ?Le DCI se leva, lui tendit la main en bauchant un sourire chaleureux et sans quivoque.- Cest ce que jesprais, Lon, et je crois bien que ni vous ni moi naurons regretter cet oubli des antagonismes plus ou moins traditionnels existant entre le Triangle et Langley. Notre intrt commun est de cooprer.

    21 Men in Black (Homme en noir). Cf. EBE Alerte rouge (Ed. Vaugirard) et Chasseurs dhommes, N 10, collection SF Jimmy Guieu, mme diteur.

  • - Cest aussi un peu lintrt du pays, non ? Plaisanta Trenholm, en raccompagnant son visiteur jusqu la porte. Je vous rappellerai dans le courant de laprs-midi.- Vous avez dj un plan ? Stonna Connors.- Non, une heure dtermine pour recevoir lappel dun informateur anonyme. Dieu sait comment ce type-l a pu se procurer mon numro personnel ! Il ma presque tir du lit ce matin, pour mannoncer que, moyennant la modeste somme de un million de dollars, il me donnerait le tuyau du sicle. Il a raccroch, mais je doute quil ait fait allusion aux courses de chevaux, le gars ne mayant pas du tout donn limpression dtre un bookmaker !- Et vous pensez que ce tuyau du sicle pourrait concerner le lieu de dtention de nos illustres kidnapps ?- Avec ce que vous venez de mapprendre, qui sest droul la Cour Suprme, cela me parat logique ou du moins plausible. Mais je ne vous cache pas, Al, que notre caisse noire ne renferme pas une somme pareille. Jignore quelles sont vos liquidits occultes mais, de toutes les faons, puisque nous faisons quipe, il faudrait sans retard contacter la Maison-Blanche. Et il ne me dplairait pas de voir la tte que fera le prsident intrimaire Sarsfield si nous venons faire la qute en lui demandant poliment : Soyez chic, nous avons besoin dun petit million de dollars pour dlivrer sains et saufs le Prsident Edmund C. Marsh et son vice-Prsident qui, aussitt revenus la Maison-Blanche, vous renverront dans vos foyers, en vous remerciant davoir contribu librer votre fauteuil et celui de Dudley Killroy, votre vice-Prsident tout aussi intrimaire ! Al Connors fit la grimace, assez dconcert par les propos de Trenholm :- Un million de dollars, cest une sacre somme pour nos caisses noires respectives, mais cest une aumne pour les finances du MJ1 12, matre plantaire de la drogue. Reste savoir si votre correspondant anonyme nest pas un simple escroc dot dun culot monstre qui a combin cette histoire abracadabrante pour se sucrer au maximum et filer ensuite aux Bahamas, Hawaii ou dans un coin isol o nous naurons jamais lide daller lui rclamer des comptes ! Dans lventualit o nous ne pourrions pas le prendre la main dans le sac lorsquil voudra encaisser ce pactole.- Pour lheure, Al, je nai pas la moindre ide du processus de rcupration quil emploiera, ni de quelle manire lchange se fera si change il y a, car vous avez peut-tre raison : lhypothse de lescroquerie majeure nest pas du tout exclue.- Wait and see, Lon.

    De retour son bureau de Langley, en Virginie, une quinzaine de kilomtres au nord-ouest du FBI Building, Al Connors jeta un coup dil sur son tlcopieur priv, archiva lunique fax tomb en son absence et composa un numro sur le clavier dun ordinateur. Sur lcran sinscrivit en caractres vert fluo : Donnez votre cl didentification bis. Le directeur de la CIA obtempra et composa 13-10-L-I-Aph, soit 13 pour M (treizime lettre de lalphabet) ; 10 pour J (dixime lettre) ; L pour 12 (douzime lettre) ; I pour Intelligence Agency et enfin Aph pour Aleph, premire lettre de lalphabet hbraque, codification pour n1/CIA.La machine digra les informations et rpliqua presque aussitt : Donnez votre cl didentification ter.Accoutum la procdure, Al Connors composa Burgall, lun des noms de la perche bleue que lon pche sur les ctes atlantiques de lAmrique du Nord, galement appele Cunner, forme ancienne du nom de famille Connor(s). Le DCI ayant ainsi montr patte blanche, le tlphone sonna au bout de quelques secondes et une voix masculine questionna :- Votre ge, sil vous plat ?- Je suis plus g que vous ne le pensez.- Bien, rpondit linconnu au bout du fil. Qui demandez-vous ? Al Connors ne rpondit point dans le combin mais composa sur le clavier de lordinateur : Top Sachem P. Alpha.Il y eut un bref sifflement dans lcouteur tlphonique et une voix masculine, un peu casse, prit le relais :- Je vous coute, Burgall.Ce dernier ne put sempcher de battre des paupires et dafficher une expression dincrdulit : non, ce ntait pas possible ! Cette voix Non ! Connors rejeta limage inquitante que suscitait en lui cette voix avant de confier au Top Sachem (le grand patron du MJ 12) ce que Leonard Trenholm lui avait appris.

  • Le responsable du gouvernement secret, contrl par les Dzorls, parfaitement labri dans leurs bases souterraines, observa un instant de silence, comme pour digrer lnormit de ce chantage, puis il reprit de sa voix casse, au dbit assez lent :- Le montant de la ranon peut tre disponible sous quelques heures et, ds que vous connatrez les modalits de lchange, informez-men sans perdre une minute. Je crains cependant que ces criminels ne choisissent un secteur dsertique, trs difficile surveiller sans trahir votre approche. Quel pourcentage de confiance accordez-vous Trenholm ?- Pour autant que mon jugement soit valable, et je crois quil lest, partir des sources dinformations dont je dispose, je lui accorde quatre-vingt-dix pour cent. Les dix pour cent dincertitude dcoulent dune relative inimiti entre Leonard Trenholm et le vice-Prsident Edmund Marsh, que le faux suicide du prsident Alan Nedwick allait porter la prsidence. Les relations de Trenholm avec Newbury, mon prdcesseur, devenu vice-Prsident des Etats-Unis, ntaient pas non plus toujours au beau fixe ; mais ces divergences, finalement, devraient tre oublies si, justement, Trenholm, via cet informateur inconnu, nous conduit au lieu de dtention de Marsh et Newbury.- Vous essayez de me dire que le sort de ces derniers tant potentiellement entre les mains du directeur du FBI, celui-ci pourrait tout aussi bien garder linformation pour lui et laisser crever nos amis quil ne porte pas dans son cur ?- Cest une possibilit, monsieur, admit le directeur de la CIA.- En revanche, si Trenholm obit son devoir et permet la dlivrance de Marsh et Newbury, que nous remettrons la tte du pays, en remerciant leurs intrimaires , Peter Sarsfield et Dudley Kilroy, nous saurons ainsi quil joue franc jeu et que nous pouvons compter sur sa fidlit.- Je partage votre analyse, monsieur, approuva hypocritement Connors.Le Top Sachem du Majestic 12 ne fut pas dupe et gronda de sa voix casse qui monta dun registre :- Ne me prenez pas pour un imbcile sensible la flatterie, Burgall ! Ce nest pas l mon analyse, mais le point daboutissement de votre raisonnement. Rappelez-moi aussitt que vous aurez du nouveau !Dclic, sans formule de politesse ou autre, aprs cet clat colreux qui donna froid dans le dos du pourtant redout chef de la CIA, lequel se sentit soudain fort mal laise.

    Un peu plus tard, mis au courant de cet entretien par Al Connors, le directeur du FBI le renseigna sur les modalits de lchange des otages contre la ranon :- A huit heures ce soir, mon correspondant, codifi en Roger , rappellera pour me donner ses instructions ; lchange devrait avoir lieu dans le courant de la nuit. Pour la ranon, vous avez eu satisfaction ?- Oui. Le responsable du dpartement financier du MJ 12, Barney Mills, apportera personnellement la valise contenant la somme en coupures de cinquante, cent et mille dollars. Largent sera livr chez vous. Je pense donc que cest du FBI Building que nous dmarrerons pour aller rcuprer le Prsident et le vice-Prsident, nest-ce pas ?- Sur lhliport du building, prcisa Trenholm. Un petit hlico polyvalent Hugues 500 Defender nous amnera Andrews Field22 o nous prendrons un hlico plus performant si besoin est, ou bien un jet si nos VIP devaient tre livrs lautre bout du pays !Instruits des exigences des ravisseurs, cest neuf heures du soir quun Sikorsky UH-60A, modle Credible Hawk de lUS Army, avec pilote et copilote, dcolla dAndrews Air Force Base avec, son bord, les deux hommes et la (trs) prcieuse mallette contenant un million de dollars. Lhlico devait se poser Deep Creek, un village de Virginie, en bordure de la route n 17, conduisant Portsmouth. Prs de la station-service Gulf, un parking, peu frquent la nuit, permettrait latterrissage. L, de nouvelles instructions leur seraient communiques.Volant faible altitude, deux cent quatre-vingt-dix kilomtres/heure en moyenne, le Credible Hawk ne mit gure plus dune heure quinze pour franchir les trois cent dix kilomtres sparant Washington de cette agglomration de Virginie et reprer la station-service Gulf et son parking dsert. Dsert, lexception dune voiture qui dmarra en trombe, occupe par un couple damoureux affols par larrive de cet hlicoptre dassaut, trapu, aux courtes ailes pourtant prives de leurs missiles, venu prmaturment interrompre leurs batsDe la station-service sortit un homme en tee-shirt et jean. Levant demi son bras droit repli pour se protger des gravillons, projets en tous sens par effet de sol, tandis que les pales

    22 Base de lAir Force, situe une vingtaine de kilomtres au sud-est de Washington, sur lautre rive du Potomac.

  • ralentissaient leur rotation, il marcha vers lhlico et se tourna un peu de ct pour opposer moins de prise au brassage de lair.Il dut crier pour se faire entendre, malgr la baisse de rgime des deux turbomoteurs :- Lequel de vous deux est Trenholm ?Dans lembrasure de la porte latrale coulissante, le chef du FBI cria :- Cest moi- Votre copain Roger a tlphon, il y a un quart dheure. Il vous attend sur la rive nord du lac Drummond, douze miles dici, au sud-sud-ouest. Vous connaissez ?- Sur la carte seulement.- Faites quand mme gaffe, car le lac est en plein milieu des marcages et la bande de terre ferme o vous pourrez vous poser est tout juste suffisante pour votre machine. Quest-ce qui passe ? Ce sont des manuvres ?- Cest a, des manuvres aronavales en connexion avec la base de Norfolk, mais rien de secret, sourit Trenholm. Merci du tuyau et bonne nuit.Le Sikorsky reprit lair, survola bientt le Dismal Swamp (Marcage Lugubre) et ne tarda pas discerner, sous le dernier quartier de lune, le Drummond Lake et ltroite bande de terre ferme sur sa berge nord. L, dans la nuit, un homme agita une lampe-torche, puis se recula lorsque lhlico, allumant son phare datterrissage, manuvra pour se poser. Bientt, Alfred Connors et Leonard Trenholm sautrent au sol, lindex sur la dtente dun Colt 11.43 quils rengainrent, interdits, en constatant que le porteur de la torche ntait autre que le vice-prsident Morris Newbury, seul ! Le pilote et le copilote, nullement dans la confidence quant la finalit de cette mission, staient mis au garde--vous, mduss, en saluant !Au tout va bien ? de Connors fit cho un oui maugr sans enthousiasme, puis :- Le prsident ne sera libr quaprs vrification du contenu de la mallette ; ce dont je dois massurer personnellement au pralable.Le directeur de la CIA ouvrit la mallette :- Pour votre scurit et celle du prsident, nous avons d nous conformer aux exigences des ravisseurs dont Trenholm ma tenu inform dheure en heure ; nous navons donc pas pu alerter les forces armes ni faire verrouiller le secteur par la police.Newbury acquiesa dun mouvement de tte, tout en inventoriant sommairement, dans la mallette, les paquets de dollars rassembls en liasses de cent, retenues laide dun bracelet en plastique. Pendant ce temps, les deux hauts fonctionnaires fdraux inspectaient du regard la morne tendue marcageuse avec, de place en place, des touffes dherbes anmiques, des mamelons moussus, leurres dangereux pour tout gar dans ce terrain fangeux, instable.- Nexhibez plus vos armes, conseilla Newbury mi-voix. Ils sont assez nerveux ; je ne voudrais pas quune bavure, une mprise survienne au dernier moment de lchange. Attendez ici sans bougerIl sloigna sur la berge, mallette en main, marchant sur plusieurs centaines de mtres la faible clart nocturne. Jusque-l dissimules par des touffes de joncs, deux silhouettes se dressrent, pour examiner le contenu de la mallette. Au bout dun moment, une troisime silhouette se mit debout, vint se placer au ct de Newbury, tandis que les deux autres se baissaient nouveau, caches par les joncs. Les otages pressrent le pas en direction de lhlico.Plus encore que son compagnon dinfortune, le prsident Marsh prsentait des traits tirs, avec sa barbe de plusieurs jours, son costume frip, macul de terre et de boue. Parfaitement incongrue, une petite fleur jaune de jonc restait accroche dans ses cheveux, rcolte sans doute lorsquil avait t forc de saccroupir sur ordre des ravisseurs. Emu, il serra chaleureusement la main de ses librateurs. Newbury, lui, montra une petite bote en mtal nickel :- Lantidote qui doit tre administr dans un dlai dune heure au prsident ; oui, ces criminels lui ont inocul je ne sais quoi, en affirmant sils nont pas menti que les effets mortels seront rapidement dissips par ledit antidote.- Nous allons immdiatement vous conduire au QG de la base navale de Norfolk, monsieur le Prsident, dcrta Leonard Trenholm. Par radio, nous aviserons de votre arrive lhpital de la Navy.- Merci, Tren Lon, rectifia familirement Edmund Marsh. Merci galement vous, Connors, et nos gars de lAir Force, complta-t-il dune voix lasse lintention du pilote et du co-pilote.Le Sikorsky dcolla, orientant son phare datterrissage vers la zone o lchange avait eu lieu, en pure perte ; sils ne staient pas engloutis avec la mallette ! dans les marcages, les ravisseurs staient vapors. Mais comment ? Tandis que lappareil sloignait vers le nord-

  • nord-est et la base navale de Norfolk, moins de trente kilomtres, sur une surface rduite du Dismal Swamp, une trange lueur bleutre miroita puis disparut au bout dune ou deux secondes.Les instruments de bord, curieusement, accusrent simultanment une altration, un dysfonctionnement tout aussi inexplicable que ce bref phnomne lumineux.- Les terroristes vous ont-ils bien traits, durant votre dtention ? Le prsident Marsh soupira la question du directeur du FBI :- Nous ne sommes pas srs que les FTL soient seules en cause, Lon. Si ce sont bien ces tratres qui nous ont enlevs, avec laide des envahisseurs Polariens, en revanche, ce sont dautres individus qui, jouant les sauveurs, nous ont soi-disant dlivrs aprs avoir abattu nos geliers. Nos pseudo-librateurs nous ont offert un jus de pamplemousse, dans le fourgon pnitentiaire o ils ont pris la fuite avec nous. Peu aprs, nous avons perdu connaissance : le jus de fruits contenait un puissant soporifique ! Je pense que ces gens-l appartiennent la mafia plutt quaux fantoches des Forces Terriennes Libres.Morris et moi sommes convenus de taire lpisode de la ranon. Il sera prfrable de privilgier une action dclat, mene conjointement par la CIA et le FBI pour nous dlivrer. Nous tudierons ensemble un plan vraisemblable, aux yeux des citoyens, pour expliquer votre courageuse intervention salvatrice

    Lundi 17 juillet 1989, New York City, sept heures du matin.

    Dans le spacieux appartement de Manhattan qui, au dix-septime tage de la 81 e Rue Ouest, dominait les vertes frondaisons de Central Park, Dora, la jeune employe portoricaine de Teddy Cowen et Ariellah Greenstein, commenait le mnage ; en fredonnant, elle passait laspirateur sur le tapis chinois recouvrant, de son ovale gris perle, la moquette du grand living. Un tapis orn doiseaux et de fleurs aux teintes pastellises que la patronne voulait obstinment laisser tel que, alors que Dora son got aurait prfr y disposer une table basse, comme celle qui se trouvait, dcentre, vers la chemine, entoure de fauteuils et dune banquette en cuir gold.Mais, bah, Dora lui pardonnait volontiers cette inexplicable faute de got car, par ailleurs, Mme Greenstein tait une patronne muy simptica, muy gentil et lui fichait une paix royale. Dailleurs, la Seora et son novio, lcrivain Teddy Cowen, taient des artistes, des intellectuels, alors il ne fallait pas stonner de quelques excentricits dont la moindre ntait pas cet espace vide, incongru au milieu du salon. Et Dora, accoude sur le manche de son aspirateur, se prit rvasser sur ce jeune couple, beau, heureux, qui tout semblait russirTout coup, comme mue par un ressort trop longtemps comprim, la petite Portoricaine, profitant de labsence de ses patrons, se rua sur la table basse et la tira au milieu du tapis au centre du living. Madre de Dios, ctait tellement plus beau !Le tlphone sonna et Dora tressaillit, balanant un instant entre dcrocher ou remettre la table sa place initiale, puis optant pour le tlphone ! Les patrons ne devraient pas arriver avant un bon quart dheure ; elle aurait amplement le temps de remettre cette table sa place devant la chemine, mme si elle y faisait si moche ! Dora dcrocha, prit une voix suave dhtesse daroport (sans parvenir effacer compltement son accent o les r avaient tendance rouler) :- Bonjour All ?Elle rpta deux autres fois son all tandis que, dans son dos, mue par une force mystrieuse, la table basse se soulevait et allait reprendre sa position initiale devant la chemine ! En mme temps, le gros cendrier en cristal, quittant le fauteuil sur lequel Dora lavait provisoirement laiss, voltigeait avec lenteur pour se poser au milieu de la table au plateau de cramique. Cela fit un petit bruit qui incita Dora tourner vivement la tte.Dcouvrant cette remise en ordre dans lamnagement du living, la Portoricaine poussa un hurlement de terreur, puis se mordilla les lvres en serrant, lui faire mal, ses doigts autour du combin tlphonique. Ce combin dans lequel, maintenant, une voix anonyme, probablement fminine mais grave, prononait avec une pointe dhumour :- Diga, Dora : cuando el diablo no tiene nada que hacer, con el culo mata moscas ! Verdad ?23Sur un oooooohhhh ! dpouvante, la Portoricaine se signa, fona vers le hall dentre, rcupra son sac provisions et partit en courant vers lascenseur, invoquant Dieu et tous les

    23 Ecoute, Dora : quand le diable na rien faire, avec son cul, il tue les mouches ! Pas vrai ?

  • saints, plus exactement Dios y todos los santos, car cest en espagnol quelle avait lanc cette invocation

    A une centaine de kilomtres de l, non pas lhorizontale mais la verticale de Manhattan, Teddy Cowen et Ariellah Greenstein avaient suivi la scne sur lcran tlvisionneur du Kaltor, un patrouilleur polarien, engin discodal de douze mtres de diamtre, renfl son axe par le dme de lhabitacle transparent ; un vaisseau prsentement protg par son champ dinvisibilit qui avait ramen le couple dcrivains-journalistes pratiquement domicile ! Et ce, aprs une journe et une nuit des plus charges puisque, pour les archives (provisoirement) secrtes des Forces Terriennes Libres, ils avaient couvert lvnement majeur de ces dernires vingt-quatre heures : la double libration de lex-prsident Edmund Marsh et de son complice et vice-prsident Morris Newbury, arrachs aux mains des terroristes , grce un plan retors conu par Harold Blackwood, Dear Harold, minence grise de la Maison-Blanche, sous le mandat de son vieil ami le prsident Alan Nedwick, entr tout comme lui dans la clandestinit des FTL, avec lappui logistique des Polariens.Lhomme qui, en collant duniforme vieil or, pilotait le patrouilleur navait pas vu le jour sur la Terre mais sur Dankor, la quatrime plante du soleil Hiliraon, plus connue ici-bas sous le nom dtoile Polaire, do le surnom de Polariens attribu ces humanodes, ces humains, nos frres Dankorans. Ariellah Greenstein ntait que le pseudonyme terrien du commandant Aringa Griint-Louhark, du service dAction Psychologique des Forces Spatiales Dankorannes en poste sur la Terre. La peau cuivre, de magnifiques cheveux noir dbne, un lger accent un peu rauque, la trs belle Aringa/Ariellah passait sans difficult pour une Isralienne, une Sabra, parlant aussi couramment lhbreu, le yiddish, langlais, le franais, lespagnol que le russe. Nombre de ses reportages et articles de fond avaient t trs remarqus dans des grands quotidiens ou des hebdomadaires de dimension internationale o elle exerait ses talents de journaliste free-lance.De son ct, Teddy Cowen, ex-chercheur dopales, Australien, stait fait un nom avec trois best-sellers de la science-fiction. Homme daction, voire casse-cou si les circonstances lexigeaient, en aimant Ariellah, en liant son destin celui de cette femme dont il ne pouvait au dpart souponner lorigine extraterrestre, il tait entr dans la rsistance ; rsistance contre les Gris et les menes du MJ 12, cette super-mafia de criminels de haute vole uvrant la plupart sous les aspects ou des couvertures les plus rassurants ! Tu dans la destruction de la base EBE de Dulce, au Nouveau-Mexique, le chef du Majestic 12, Lionel Dennsmore, malheureux infirme sur son fauteuil roulant, ne pouvait quinspirer la compassion. Qui aurait pu, par ailleurs, souponner le prsident des Etats-Unis, Edmund C. Marsh, le directeur de la CIA, Morris Newbury, son bras droit, dappartenir, comme tant dautres tous les niveaux de la socit humaine, ce gouvernement secret vendu aux Dzorls et, en consquence, tratres lespce pensante de notre plante ?- Prts pour la translation, Commandant ? questionna le pilote en regardant une dernire fois, sur lcran du tlvisionneur du pupitre de commande en arc de cercle, limage de lappartement dsert si prcipitamment par la jeune Portoricaine.- Nous sommes prts, aspirant Louvrango, confirma-t-elle en allant se placer, au ct de Teddy Cowen, sur une dalle circulaire de cuivre tincelant, dans laxe du vaisseau.LAustralien avait dpos leurs pieds la mallette renfermant le million de dollars soutir au MJ 12 pour la libration providentielle de Marsh et Newbury, aprs avoir abattu leurs prtendus geliers avec une rafale de balles blanc !- Attention, processus de translation enclench, prvint laspirant Louvrango.Sans transition, le couple se rematrialisa sur le tapis chinois, au milieu du living, l o Ariellah avait refus nergiquement Dora de mettre la table basse ; sans pouvoir videmment lui rvler la prsence, sous la m