1
COMMUNICATIONS ORALES Approche de Santé globale psychique en milieu de travail par l’application d’un questionnaire psychosomatique et de vécu au travail M. GACIA-FONDAN (1) , W. RAPP (2) , N. GREARD (3) , P. REUNGOAT (3) , P. GABINSKI (4) , P. BESSIERES (5) (1) AHIRP Pau. (2) Toulouse. (3) Laboratoire santé travail environnement. (4) S.M.T.A., Bordeaux. (5) DRTEFP Bordeaux. Objectif : en 1993 une analyse de vécu au travail en Aquitaine a mis en évidence l’importance des troubles psychosomatiques en lien ou non avec le travail et leur coût social et médical. Puis en mars 2001 l’étude des phénomènes et situations de violence en milieu professionnel sur cette région a montré la nécessité d’une prévention et d’un dépistage précoce et le besoin d’indicateurs d’alerte et d’outils spécifiques d’enquête. Méthode : dans cette continuité, des médecins du travail de terrain ont utilisé un auto questionnaire bâti par W. Rapp sur la base du DSM IV et du CM10 et surtout de l’expérience clinique, couplé au questionnaire sur le vécu au travail élaboré en 1993 par eux en Aquitaine, adaptés aux besoins spécifiques de la médecine du travail. Les buts sont de donner au praticien en peu de temps des éléments fiables de dépistage de troubles psychosomatiques, de mesurer la part de subjectivité dans la survenue de ces phéno- mènes, d’élaborer une orientation diagnostique, d’amener le patient à une réflexion et à une prise en charge adaptée, indivi- dualisée, via le médecin traitant et/ou le spécialiste. Enfin cet outil, partie du dossier médical, sert de base de réflexion et de décision pour l’aptitude au poste par le médecin dans les situa- tions de souffrance psychique des individus et de leur environne- ment. Résultats : les premiers résultats de l’application de ces tests, leur acceptation, leur faisabilité, puis une première validation statistique menée en parallèle, sont les différentes étapes de cette étude. Ensuite l’objectif est de faire éventuellement une approche de la souffrance psychologique dans l’entreprise, mission spéci- fique du médecin du travail, interface entre l’individu et le groupe social « entreprise » avec le respect absolu du secret profession- nel et de l’anonymat. Conclusion : c’est là notre rôle spécifique de préventeurs, en santé globale, au-delà des écoles dans le concret de notre activité et ceci semble un moyen de nous y aider. Harcèlement moral et pronostic professionnel chez 126 patients d’une consultation de pathologie professionnelle L. BENSEFA (1) , N. SANDRET (2) , C. DECLAVIERE (2) , A. DESCATHA (3) , J.C. PAIRON (2) (1) Service de pathologie professionnelle, Hôpital Cochin, Paris. (2) Service de pneumologie et de pathologie professionnelle, Centre hospitalier intercommunal de Créteil. (3) Unité de pathologie professionnelle et de santé au travail, Hôpital R. Poincaré, Garches. Objectifs : 1) décrire la population des patients venus consulter dans l’Unité de pathologie professionnelle de Créteil pour suspi- cion de harcèlement moral ; 2) déterminer les facteurs pronosti- ques du devenir professionnel. Méthode : les patients ayant consulté entre janvier 2000 et juin 2002 ont été inclus dans l’étude. Tous les dossiers ont été analysés à l’aide d’une grille de recueil de données afin d’évaluer les caractéristiques socio-démographiques et de discriminer les cas de harcèlement des cas de conflit ou de surcharge au travail. Un auto-questionnaire a été adressé en décembre 2002 afin de connaître le devenir socioprofessionnel des patients. L’évolution a été considérée favorable en cas de cessation du harcèlement et maintien d’une activité professionnelle. Résultats : l’étude a concerné les 126 patients adressés pour suspicion de harcèlement moral au travail. Ont été considérés victimes d’un harcèlement présumé 108 patients (86 %). Dans 18 cas (14 %) il s’agissait d’un conflit ou d’une surcharge au travail. Il existait une sur-représentation du milieu associatif (21 cas soit 16,5 %), des activités de santé (18 cas, 14 %) et du commerce de détail (14 cas, 11 %). Sur les 85 réponses obtenues par question- naire, 72 sujets étaient présumés harcelés. Les facteurs qui influençaient significativement le maintien au sein de l’entreprise étaient l’âge avancé, la taille de l’entreprise et son caractère public. Parmi les 40 patients harcelés ayant quitté leur entreprise (55 % des réponses), 90 % ont été licenciés et 17 patients (42,5 %) avaient de réelles difficultés professionnelles. Une exposition longue à la situation de harcèlement était un facteur péjoratif. Parmi les 32 salariés présumés harcelés qui étaient restés dans la même entreprise, 47 % avaient une évolution défavorable mais il n’a pas été mis en évidence de facteur pro- nostique significatif dans cette dernière situation. Conclusion : une évolution favorable est liée à la brièveté d’exposition au harcèlement moral. Le véritable enjeu est donc de dépister le plus tôt possible ces situations où le médecin du travail devient l’interlocuteur clef. 130 SANTÉ MENTALE ET TRAVAIL

Harcèlement moral et pronostic professionnel chez 126 patients d’une consultation de pathologie professionnelle

  • Upload
    jc

  • View
    215

  • Download
    2

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Harcèlement moral et pronostic professionnel chez 126 patients d’une consultation de pathologie professionnelle

COMMUNICATIONS ORALES

Approche de Santé globale psychiqueen milieu de travail par l’applicationd’un questionnaire psychosomatiqueet de vécu au travail

M. GACIA-FONDAN (1), W. RAPP (2), N. GREARD (3),P. REUNGOAT (3), P. GABINSKI (4), P. BESSIERES (5)

(1) AHIRP Pau.(2) Toulouse.(3) Laboratoire santé travail environnement.(4) S.M.T.A., Bordeaux.(5) DRTEFP Bordeaux.

Objectif : en 1993 une analyse de vécu au travail en Aquitaine amis en évidence l’importance des troubles psychosomatiques enlien ou non avec le travail et leur coût social et médical. Puis enmars 2001 l’étude des phénomènes et situations de violence enmilieu professionnel sur cette région a montré la nécessité d’uneprévention et d’un dépistage précoce et le besoin d’indicateursd’alerte et d’outils spécifiques d’enquête.

Méthode : dans cette continuité, des médecins du travail deterrain ont utilisé un auto questionnaire bâti par W. Rapp sur labase du DSM IV et du CM10 et surtout de l’expérience clinique,couplé au questionnaire sur le vécu au travail élaboré en 1993 pareux en Aquitaine, adaptés aux besoins spécifiques de la médecinedu travail. Les buts sont de donner au praticien en peu de tempsdes éléments fiables de dépistage de troubles psychosomatiques,de mesurer la part de subjectivité dans la survenue de ces phéno-mènes, d’élaborer une orientation diagnostique, d’amener lepatient à une réflexion et à une prise en charge adaptée, indivi-dualisée, via le médecin traitant et/ou le spécialiste. Enfin cetoutil, partie du dossier médical, sert de base de réflexion et dedécision pour l’aptitude au poste par le médecin dans les situa-tions de souffrance psychique des individus et de leur environne-ment.

Résultats : les premiers résultats de l’application de ces tests,leur acceptation, leur faisabilité, puis une première validationstatistique menée en parallèle, sont les différentes étapes de cetteétude. Ensuite l’objectif est de faire éventuellement une approchede la souffrance psychologique dans l’entreprise, mission spéci-fique du médecin du travail, interface entre l’individu et le groupesocial « entreprise » avec le respect absolu du secret profession-nel et de l’anonymat.

Conclusion : c’est là notre rôle spécifique de préventeurs, ensanté globale, au-delà des écoles dans le concret de notre activitéet ceci semble un moyen de nous y aider.

Harcèlement moral et pronostic professionnelchez 126 patients d’une consultationde pathologie professionnelle

L. BENSEFA (1), N. SANDRET (2), C. DECLAVIERE (2),A. DESCATHA (3), J.C. PAIRON (2)

(1) Service de pathologie professionnelle, Hôpital Cochin, Paris.(2) Service de pneumologie et de pathologie professionnelle,Centre hospitalier intercommunal de Créteil.(3) Unité de pathologie professionnelle et de santé au travail,Hôpital R. Poincaré, Garches.

Objectifs : 1) décrire la population des patients venus consulterdans l’Unité de pathologie professionnelle de Créteil pour suspi-cion de harcèlement moral ; 2) déterminer les facteurs pronosti-ques du devenir professionnel.

Méthode : les patients ayant consulté entre janvier 2000 et juin2002 ont été inclus dans l’étude. Tous les dossiers ont été analysésà l’aide d’une grille de recueil de données afin d’évaluer lescaractéristiques socio-démographiques et de discriminer les casde harcèlement des cas de conflit ou de surcharge au travail. Unauto-questionnaire a été adressé en décembre 2002 afin deconnaître le devenir socioprofessionnel des patients. L’évolutiona été considérée favorable en cas de cessation du harcèlement etmaintien d’une activité professionnelle.

Résultats : l’étude a concerné les 126 patients adressés poursuspicion de harcèlement moral au travail. Ont été considérésvictimes d’un harcèlement présumé 108 patients (86 %). Dans 18cas (14 %) il s’agissait d’un conflit ou d’une surcharge au travail.Il existait une sur-représentation du milieu associatif (21 cas soit16,5 %), des activités de santé (18 cas, 14 %) et du commerce dedétail (14 cas, 11 %). Sur les 85 réponses obtenues par question-naire, 72 sujets étaient présumés harcelés. Les facteurs quiinfluençaient significativement le maintien au sein de l’entrepriseétaient l’âge avancé, la taille de l’entreprise et son caractèrepublic. Parmi les 40 patients harcelés ayant quitté leur entreprise(55 % des réponses), 90 % ont été licenciés et 17 patients(42,5 %) avaient de réelles difficultés professionnelles. Uneexposition longue à la situation de harcèlement était un facteurpéjoratif. Parmi les 32 salariés présumés harcelés qui étaientrestés dans la même entreprise, 47 % avaient une évolutiondéfavorable mais il n’a pas été mis en évidence de facteur pro-nostique significatif dans cette dernière situation.

Conclusion : une évolution favorable est liée à la brièvetéd’exposition au harcèlement moral. Le véritable enjeu est doncde dépister le plus tôt possible ces situations où le médecin dutravail devient l’interlocuteur clef.

130 SANTÉ MENTALE ET TRAVAIL