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BELGIQUE - BELGÏE P .P . BUREAU DE DÉPÔT 5000 NAMUR 1 P .P . 7 583 P 401154 N° 126 TRIMESTRIEL Mars - Avril - Mai 2014

Trimestriel 126

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1 n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl

BELGIQUE - BELGÏEP.P.

BUREAU DE DÉPÔT5000 NAMUR 1

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Sommaire> ÉDITORIAL

3 Regard extérieur sur la société française par Timothée DEMONT

> AgIR

4 Faire face à l’agressivité par Christelle LACOUR

6 La négociation, un outil de gestion de conflit - 2ième partie par Julien LECOMTE

9 Comment communiquer et poser un cadre à la maison? par Cathy VAN DORSLAER

14 Petits pas, biberons… et douces violences par Patricia ZUCCO

> CAUSERIE16 Entretien avec Semra UMAY par Christine CUVELIER

> ACTIVITÉS DE CET HIVER…

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> LIBRAIRIE20

> BOîTE à OUTILS21 Fiche d’activité reproductible: Stop à l’agressivité!

> AgENDA22

Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs respectifs

Publié avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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ÉditorialREgARD ExTÉRIEUR SUR LA SOCIÉTÉ FRANçAISE

Cela fait un peu plus d’un an que j’habite et travaille en France. Je trouve ce grand pays fascinant à de nombreux égards. Je pensais le connaître et me sentais si proche, en tant que Belge francophone. Pourtant, de vivre en son sein, de suivre au quotidien les débats et remous sociaux et politiques qui l’habitent, je me suis rendu compte que nous étions en fait des sociétés assez différentes. Il s’agit pour une grande part de ressentis informes, difficiles à transcrire. Néanmoins, un constat n’a cessé de me revenir régulièrement à l’esprit. Il s’agit d’un constat nécessairement subjectif et simplificateur, mais que j’avais néanmoins envie de partager ici puisqu’il trouve son origine dans l’outil de lecture de la croix de Barry-Hart découvert à l’Université de Paix. Ainsi donc, je ressens une logique de compétition très prégnante dans la sphère publique française. L’État français, ce n’est un secret pour personne, est un État centralisé, fort et influent. Le Président se doit d’avoir une bonne dose de charisme et d’autorité. Les Français ont l’habitude que l’État régule abondamment et fixe la marche à suivre jusque dans ses moindres détails. Ils ont aussi l’habitude de s’en plaindre, d’ailleurs. Il reste, non sans ambiguïté, qu’ils en ont d’une certaine manière besoin. Le Président Hollande est arrivé au pouvoir, dans un mouvement de retour de balancier. Une majorité des citoyens s’étaient montrés fatigués par les manières excessives de Sarkozy et s’étaient prononcés en faveur d’un changement de profil radical. Cependant, les sondages actuels montrent que beaucoup d’entre eux regrettent le côté «rassurant» d’un Président et d’un gouvernement «autoritaire».

Je voudrais évoquer un exemple récent, proche de la réalité de l’Université de Paix, d’une de ces décisions prises à Paris et imposées tant bien que mal à grand renfort de communication. La loi Peillon contre le harcèlement à l’école demande à chaque établissement de mettre en place une politique préventive, sur base de conseils prodigués dans une série de guides pratiques publiés par le gouvernement(1). Résultat: un recueil de bonnes intentions, dans lequel on retrouve notamment la nécessité de mettre en place un climat scolaire agréable, des règles claires, des espaces de parole, des pratiques collaboratives et de l’empathie entre enfants, un système de médiation par les pairs, etc(2). Bref, une bonne idée… malheureusement largement inefficace parce que dénuée d’accompagnement et de formations de longue durée sur le terrain, capables d’impliquer et de transformer progressivement tous les acteurs de la communauté éducative en gardiens du savoir vivre ensemble. Loin de cette approche «top-down» cherchant à faire du bruit et du chiffre, l’Université de Paix sème des graines de médiateurs en Fédération Wallonie Bruxelles depuis plus de 15 ans… Qui ont déjà fait éclore autant de fleurs dans les classes et cours de récréation. Mais il est vrai que le contexte n’est pas le même.

Timothée Demont,Administrateur à l’Université de Paix

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(1) Il est vrai que le phénomène de harcèlement dans l’hexagone a pris des dimensions inquiétantes: une enquête de l’Observatoire de la violence à l’école auprès d’élèves de primaires montre que 14% et 10% des élèves déclarent avoir subi un harcèlement moral et physique, respectivement. Les chiffres sont assez proches pour le niveau secondaire.(2) Plus d’informations sur www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr

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AgirVous vous êtes trouvé devant une personne agressive et vous n’avez pas su comment réagir. Cette personne est votre collègue, un membre de votre famille, un bénéficiaire du service dans lequel vous travaillez,... Faire face à l’agressivité avec calme devient un atout tant professionnel et que personnel.

Comment faire, alors? Des techniques seront abordées lors de mises en situation à la formation «Faire face à l’agressivité» de l’Université de Paix, les 1ier et 24 avril 2014.

Le mot «agressivité» vient du latin aggredior, qui signifie «aller vers». L’agressivité est une pulsion qui contribue à la survie de l’espèce. Elle nous pousse à nous protéger des dangers et à nous mobiliser pour atteindre nos objectifs. Puisqu’elle est naturelle, l’agressivité n’est donc ni un bien, ni un mal. C’est la manière de l’exprimer et de la gérer qui sera constructive (limites exprimées de manière socialement acceptable) ou destructrice (agression physique ou verbale).

Dans le langage courant, l’utilisation du mot «agressivité» se substitue tantôt au mot «colère» (alors qu’elle préexiste à la colère), tantôt à l’agression violente, alors que cette pulsion instinctive peut se traduire par des comportements respectueux. Par ailleurs, la perception de ce qui est agressif et violent est subjective et liée au vécu personnel et aux normes (sociales, familiales, organisationnelles, sociétales,…): ce qui est «agressif» et violent pour l’un, ne l’est pas forcément pour l’autre. Les techniques

abordées ici sont donc à utiliser lorsque je perçois, lorsque je vis subjectivement mes comportements ou ceux des autres comme agressifs…

Qu’elle soit déclenchée par un stimulus dans l’ici et maintenant, par une accumulation soudaine ou progressive de tension ou par une tendance naturelle à dominer son entourage, l’agressivité peut être décelée grâce aux sensations physiques et au langage corporel traduisant la colère: augmentation de la fréquence cardiaque, de la température et de la tension, croissance du tonus musculaire (surtout dans les bras), crispation de la mâchoire et des poings, respiration plus forte, sourcils froncés, yeux mi-clos, posture et bras vers l’avant, montée sonore du ton, narines dilatées, gestuelle saccadée, brusque et cassante, signes de domination,… Le but est de se montrer impressionnant pour éviter le combat, car dans le monde animal, il y a toujours un risque de mourir suite à une lutte. Au-delà de ces informations sensorielles et corporelles, les pulsions agressives se traduisent par l’assurance d’avoir raison, la certitude que l’autre a tort («Quel con!») et l’envie de prendre le dessus. L’empathie des personnes «agressives» est limitée, tout comme celle des hommes préhistoriques qui, pour survivre, n’éprouvaient pas d’empathie envers les animaux qu’ils tuaient (pour se nourrir), ni envers les autres humains qu’ils chassaient de leur territoire (pour protéger leur clan).

En choisissant un moment favorable pour discuter, un endroit neutre (ni le territoire

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de l’autre ni le mien), et en parlant avec mon interlocuteur en privé (en dehors de tout spectateur), je préviens déjà partiellement l’escalade symétrique. Si je crains la désapprobation agressive de mon vis-à-vis, je peux aussi m’adresser à lui par courrier, par téléphone ou par mail.Au moment de l’échange, il est utile de rester aussi calme que possible, en m’ancrant dans le sol; en effectuant quelques respirations abdominales; en déchargeant mes tensions sur un objet sécurisant; en pratiquant la visualisation ou la répétition mentale de phrases apaisantes; en me mettant dans la posture du sphinx (visage impassible et avant-bras sur la table, le bureau ou les cuisses); en utilisant la technique du poisson froid (compter jusqu’à 5 dans ma tête avant de répondre à l’agresseur);...

En cas d’agressivité, il est déconseillé de toucher ou de s’approcher de l’interlocuteur, même dans l’intention louable de le calmer avec douceur. Au lieu de cela, il est possible de:• Créer son espace pour mieux réfléchir,

quitte à reculer d’un pas, à faire un pas de coté, à se lever,…

• Mettre un obstacle entre les parties en conflit (une table, la voiture, une porte,…).

• S’éloigner lentement, sans tourner le dos et en restant dans la pièce.

• Ouvrir une porte ou se rapprocher d’une porte ouverte.

• Partir en cas de danger.

Une position solide et ouverte aide à calmer le jeu : se mettre de ¾ (le face à face augmente le rythme cardiaque); si possible s’asseoir (il est plus difficile de s’énerver assis); garder une gestuelle et une voix calmes; montrer des signes d’écoute et reproduire partiellement la colère (sourcils froncés, bouche en avant, léger haussement de ton, …), afin de se mettre en empathie avec le ressenti de l’interlocuteur; regarder l’interlocuteur dans les yeux (ou sur le front si je suis mal à l’aise) quand il parle, et détourner le regard sur les côtés quand je

lui réponds; m’exprimer en peu de mots, avec une voix calme et posée (les personnes en colère ne sont pas capables de traiter mentalement un débit de paroles rapide);…

Une fois la posture adaptée, je peux choisir l’une ou l’autre de ces stratégies:• Valider l’agressivité: confirmer ce

qui est vrai et juste pour moi; accueillir la manière dont l’autre vit les choses; répondre brièvement («Ouf!», «Ah oui.», «Eh ben ...»), en notant les commentaires désagréables pour mieux y revenir plus tard; reformuler l’essentiel des propos (les mots cités en haussant le ton ou les répétitions);…

• Questionner la colère: clarification générale (technique du «Oui, et…?»); enquête négative («Je t’ai répondu… Tu as autre chose à me dire?»); questionnement du message clair (fait, émotion et souhait concret);...

• refuser l’agression: refus de forme; désaccord sur le fond; référence au cadre (loi, procédures, règles); arrêt de la discussion (quitte à la post-poser);...

• décontenancer: ignorer consciemment; changer de sujet; gagner du temps; pratiquer la technique du brouillard ou de l’édredon; faire preuve d’humour (dramatisation, preuve par l’absurde, auto-dérision, ironie,…); montrer une attitude décalée; recadrer en donnant une signification positive à ce qui m’est reproché;...

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Christelle Lacour,Formatrice à l’Université de Paix

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AgirLa négociation correspond à une situation particulière de communication conflictuelle. En ce sens, analyser les différentes dimensions communicationnelles de la négociation permet d’élaborer des stratégies pratiques, accompagnées surtout de réflexions concrètes, afin de maximiser l’atteinte de ces objectifs.

Dans la première partie de cet article paru dans le trimestriel n°125 de décembre 2013, nous vous avons présenté quelques techniques de négociation. Dans cette 2ième partie, vous découvrirez l’illustration de cet outil dans un contexte de travail.

1. dimensions d’une négociation salarialeNous sommes en présence d’un cas où deux personnes entretenant une relation hiérarchique ont des objectifs divergents. Cela ne signifie pas qu’ils sont tout à fait opposés: on remarque même un probable terrain d’entente sur la volonté que le travailleur demeure dans l’organisation. L’objet du conflit ne concerne peut-être pas uniquement une question monétaire, mais éventuellement aussi «relationnelle», de traitement ou de reconnaissance. Des parties bien préparées à la négociation pourront élucider concrètement leurs véritables intérêts, et par ce biais élargir le panel des solutions possibles (avantages extra-légaux, formation professionnelle, redistribution des tâches,…).

Dans ce cas précis, il ne faut pas tant se borner à l’opposition entre les objectifs particuliers – être augmenté versus diminuer les dépenses – que par rapport aux enjeux que la situation conflictuelle peut revêtir. Le contexte de la demande nécessite d’être analysé: le conflit ne concerne peut-être pas en réalité qu’un employeur et le travailleur, mais bien également toutes les personnes qui ont une situation similaire à ce travailleur qui négocie son augmentation dans l’organisation. Concrètement, une des conséquences d’une augmentation pourrait être que tous les travailleurs ayant une fonction identique adoptent la même

démarche et que l’employeur se retrouve avec une épidémie de demandes dans les jours qui suivent, qu’il sera peut-être incapable de satisfaire. à contrario, il est possible qu’il existe des responsabilités à attribuer, qui justifieraient le caractère exceptionnel de la hausse salariale négociée. à l’inverse, refuser unilatéralement toute promotion reviendrait peut-être à noircir un climat d’équipe déjà en manque de confiance, d’autant plus si le turn-over de l’association est déjà élevé.

Dans une négociation de ce type, il est important que chacun puisse prendre conscience des enjeux de l’autre partie et des conséquences contextuelles possibles. D’un point de vue matériel, une organisation en difficulté ayant de fortes contraintes budgétaires sera peut-être dans l’impossibilité de fournir un salaire plus élevé: qu’est-elle prête néanmoins à proposer pour tâcher que le travailleur décide malgré tout de rester? Nous constatons à quel point il convient de ne pas se borner à une discussion où chacun a des exigences minimales chiffrées, car il se peut que la solution se trouve ailleurs, en fonction des véritables intérêts des parties.

2. la dimension contextuelle dans une négociation «client»Dans cette section, nous souhaitons traiter de réflexions tactiques par rapport à une négociation. Ce sont des aspects extrêmement concrets, à envisager avant, pendant et après une négociation.

S’il est donc important de soigner la relation, Aubert et al.(1) invitent à réfléchir sur des dimensions contextuelles très concrètes.

la négociation, un outil de gestion de conflit - 2ième partie

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Avant la négociation, il peut être un avantage tactique de choisir le lieu où elle se déroulera, ainsi que son moment et sa durée. Par exemple, un «client» sera disposé différemment selon qu’il se déplace ou que la société qui lui vend un produit vient à lui. Les conditions d’accès, l’éventuel prestige des bureaux et l’accueil qui lui sera offert s’il se déplace peuvent favoriser ou non le climat des discussions.

Un temps de réflexion suffisant a-t-il été pris pour élaborer une stratégie avant d’entamer les échanges? D’un autre côté, le négociateur doit prendre garde à l’urgence, aux attentes du «client» en termes de rapidité. Il faut se préparer à de telles éventualités, d’où le fait que certaines décisions ne se prennent pas au cas par cas, mais nécessitent une réflexion globale sur les actions mises en place.

Les dispositions matérielles, éventuellement culturelles, sont également importantes : on ne négocie pas de la même façon avec un client japonais qu’avec un client français.

Enfin, établir un ordre du jour et délimiter les rôles et prises de parole de chacun (le négociateur principal peut être accompagné, notamment s’il y a besoin de comptes-rendus, de rédiger ou amender un contrat, éventuelles délégations, etc.) sont des préliminaires essentiels à de telles discussions.

Les tactiques organisant la négociation en amont sont loin d’être anodines. Rappelons par ailleurs les principes énoncés précédemment: une attention a-t-elle été portée aux différentes autres dimensions de la situation? Quid des autres acteurs indirectement concernés, comme la

concurrence, par exemple? Une MESORE a-t-elle été envisagée? Au-delà de l’acte d’achat ou de vente d’un produit ou d’un service, quels sont les enjeux en présence? Un écueil fréquemment rencontré lors de nos formations correspond à une volonté de tout négocier tout de suite, en négligeant le temps d’analyse et de questionnement antérieur, préalable à la discussion.

En ce qui concerne la négociation proprement dite, nous retenons principalement deux grands points.

Premièrement, le démarrage de la négociation. Il s’agit de la prise de contact, éventuellement ritualisée. Dans le cadre d’une négociation commerciale distributive, il s’agit bien souvent de se montrer le plus rassurant possible, voire avec des attentes minimalistes, afin d’endormir la méfiance de l’autre et de bâtir une tactique ascendante. Il est possible d’adopter une attitude inverse, mais la logique est la même: exagérer une attitude qui permette de donner la plus grande marge de manœuvre possible. Dans une vision coopérative, la satisfaction du client est une donnée capitale, qui peut éventuellement remettre en cause de telles pratiques.

Deuxièmement, les concessions et accords provisoires. Plus que de contenu, il est question ici de la relation qu’ils supposent. Concrètement, faire une concession peut engendrer une dissymétrie de rapports entre la partie qui concède et celle qui en «profite». Il est possible d’assister en réponse à de véritables mises en scène des concessions, sortes d’effets d’annonce calculés. Par conséquent, si celles-ci sont le moyen de parvenir à des accords provisoires, et sont donc une condition pour progresser, il est important de veiller à ce qu’elles ne rompent pas la dynamique de réciprocité. Même si la négociation débute sur base d’intentions coopératives, le processus qui en découle engendre des repositionnements qui suscitent parfois un retour à des stratégies compétitives, voire de manipulation. Toutes les décisions ne résultent pas d’un respect rationnel des objectifs initiaux que chacun s’était fixé, mais aussi d’impressions, d’attitudes et d’adaptations pratiques en situation de rapports de forces.

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Notons enfin qu’une négociation suppose des risques de blocages et d’impasse. à ce propos, il est parfois opportun de suspendre des séances. Nous touchons ici à la problématique des qualités comportementales des négociateurs, à leur sang-froid, leur écoute et leur volonté constructive.Après les discussions, certains enjeux subsistent, en particulier en ce qui concerne la présentation des résultats. Il s’agit en bref de valoriser les décisions qui ont été prises tant par le «client» que par le «fournisseur de services», notamment pour que le client n’ait pas l’impression après coup d’avoir été trompé, mais aussi pour l’image de l’organisation et de ses concessions en communication interne, ainsi qu’externe, par rapport aux autres clients, par exemple.

3. évaluer la négociationL’évaluation de la négociation pourrait se résumer en une seule question: «Cela valait-il la peine d’entrer en négociation?». En effet, négocier représente un coût, en temps, en énergie, en concessions et en moyens matériels. Si les partenaires entrent en négociation, c’est parce qu’ils ont la croyance selon laquelle il y a une chance que ces coûts soient inférieurs d’une part aux avantages que l’accord permettra d’obtenir, et d’autre part aux risques que représenterait l’absence d’une solution négociée (par exemple, lors d’une crise organisationnelle).

La phase d’évaluation nécessite que des critères aient été préalablement réfléchis. La négociation a-t-elle été préparée? Les intérêts et éventuelles convergences ont-ils été exprimés? Quelles conséquences sur les relations? L’ensemble des parties ressort-il satisfait des échanges? Quels résultats monnayables? Quels impacts dans l’organisation?

Cette question de l’évaluation nous sert

également de base pour établir des prolongements critiques. Une première considération est qu’il n’est pas toujours profitable d’entrer en négociation. Une des premières questions à se poser, en parallèle avec la détermination de ses objectifs, est de savoir si cela vaut la peine de négocier. Contraintes de temps, d’énergie, urgence,… sont autant de raisons qui font que la négociation représente un coût qu’il n’est pas toujours avantageux de dépenser. Nous avons repéré une tendance récurrente lors de nos formations: certaines personnes considèrent la négociation gagnant-gagnant comme la modalité de gestion idéale par rapport à toutes les situations conflictuelles auxquelles elles sont confrontées. Par rapport à cette attitude, nous émettons deux réserves majeures. D’une part, il faut s’interroger sur les intentions des parties en présence: ce mode de résolution est voué à l’échec face à une personne qui utilise et reste dans une attitude gagnant-perdant. D’autre part, nous soulignons que tout n’est pas négociable. Certaines règles de l’ordre de la sécurité du groupe, par exemple, ne sont pas à discuter.

Il reste que si négociation il y a, notamment dans le cadre d’une discussion entre un employeur et les travailleurs, il est parfois intéressant de quitter la position de rapport hiérarchique afin de traiter conjointement un problème spécifique. Cela remet-il en cause le pouvoir de l’employeur, ou le conforte-t-il au contraire dans un rôle d’homme ou de femme capable de trouver des compromis?

Les interactions dans les organisations dépassent effectivement la question de simples intérêts monnayables, chiffrables ou rationnels. C’est la raison pour laquelle il convient de prendre en compte les différentes dimensions communicationnelles (parfois même socio-affectives) que peut revêtir une situation conflictuelle.

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Julien Lecomte,Chargé de communication

(1) AUBERT, N. et al. (1991), Management: aspects humains et relationnels, Paris: PUF (Fondamentale)

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AgirLe samedi 26 octobre 2013, 17 parents d’élèves de l’école libre du Sacré-Cœur de Poulseur (14 mamans, un papa, un couple de parents) sont retournés sur les bancs de l’école pour s’initier aux compétences de communication, de négociation et de médiation acquises par leurs enfants, pour s’inspirer du cadre de vie mis en place dans l’école, de façon à les mettre en œuvre de retour à la maison, contribuant ainsi à renforcer la démarche entreprise par l’équipe éducative en relayant dans leur quotidien les compétences de gestion positive des conflits enseignées et vécues dans l’école.Cathy Van Dorslaer partage avec nous quelques temps forts de cette conférence.

Nous vous proposons la suite de l’article paru dans le périodique trimestriel 125, décembre 2013.

> CommuniCaTion non ViolenTe, néGoCiaTion eT médiaTion

Depuis la rentrée de septembre, les parents de l’école fondamentale du Sacré-Coeur de Poulseur entendent leurs enfants raconter que, suite à une dispute, ils sont allés sur la marelle de la médiation (qu’ils voient d’ailleurs, tous les matins, peinte en blanc dans la cour de récréation) ou que Madame/Monsieur a utilisé les cartes de la négociation. Ils entendent parler de «langage girafe», de «coin girafe» (dans la cour de récréation des petits), de «tables des girafes» (à laquelle les élèves de 3ème maternelle vont s’asseoir pour se calmer et être consolés en cas de conflit et grâce auxquelles ils arriveront à trouver des solutions pour redevenir copains). Il est vrai que les girafes sont bien présentes, en images, en bricolages ou en peluches, un peu partout dans l’école. Ils entendent leurs enfants chantonner «Quand je suis énervé, stop, je respire,…»(1), parler de «vu, pas vu», d’interprétations. Ils les surprennent à respirer bien fort, en faisant des grands gestes «comme le bûcheron» pour se calmer.

C’est aussi pour être initiés à ce nouveau langage que les parents étaient présents, un samedi de congé, sur les bancs de l’école. J’ai donc développé et explicité, en premier lieu, l’attitude éducative «girafe» qui

privilégie la négociation et la médiation, en s’appuyant sur les principes et les étapes de la communication non violente. J’ai posé les cartes au sol, fait écouter la «Négocia song», puis j’ai successivement présenté chaque étape et montré de quelles façons leur prise en compte modifie de manière constructive la communication.

Il s’agit, pour l’un et l’autre, de se calmer. La communication sera possible quand chacun aura pu ressentir pleinement ses émotions, se sera donné le temps et les moyens

de les apaiser et sera prêt à entendre l’autre et à chercher avec lui des solutions qui satisferont les deux parties. Les parents ont expérimenté deux exercices qui aident à se calmer: le fameux «bûcheron» (exercice de respiration inspiré du yoga) et le bouton «pause» (exercice en lien avec l’enseignement de la pleine conscience)(2).

Il s’agit d’éviter les jugements et les interprétations qui avortent toute tentative de communication et de réconciliation.

Pour illustrer de façon claire les transformations que la communication non violente apporte, je suis partie de situations souvent évoquées par les parents : les disputes entre enfants, les résultats scolaires, les oublis, le manque de soutien dans les tâches ménagères.

ainsi, les phrases telles que:- Tu es insupportable. - Tu n’y arriveras jamais. - Tu oublies toujours tout. - Je fais toujours tout toute seule.seront remplacées par une description objective des faits observés et entendus:- Durant le trajet, tu as crié et tu as frappé ton

frère.

Comment communiquer et poser un cadre à la maison?

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- C’est la seconde fois que tu es en échec alors que tu avais dit que tu avais bien étudié.

- Cela fait deux fois que je dois venir t’apporter ton repas parce que tu l’as oublié.

- J’ai fait les courses, je les ai rangées, j’ai préparé le repas et personne n’est venu m’aider.

Il s’agit d’exprimer les sentiments suscités par la situation vécue et d’exprimer les besoins satisfaits ou non par la situation.

En début de formation, les parents ont eu l’occasion d’expérimenter deux activités qui permettent d’exprimer ses sentiments et ses besoins (la «météo-escargot» et «Je vous emmènerais»)(3). Le choix du soleil pour exprimer la joie d’être parent mais aussi les nuages pour traduire les soucis et les difficultés que cela génère, quand il y a trop souvent d’opposition, quand une famille recomposée multiplie et complique les interventions. Le choix d’un lieu où l’on aimerait partir pour exprimer son besoin de calme, de détente, de relation, de mise à distance.

Ainsi, la description objective des faits sera suivie de l’expression des sentiments et des besoins.

- Durant le trajet, tu as crié et tu as frappé ton frère.

Je suis fatiguée et stressée et j’ai besoin de calme pour conduire en toute sécurité.

- C’est la seconde fois que tu es en échec alors que tu avais dit que tu avais bien étudié.

Je suis inquiète et j’ai besoin d’être sûre que tu as une bonne façon d’étudier.

- Cela fait deux fois que je dois venir t’apporter ton repas parce que tu l’as oublié.

Je suis fâchée d’avoir dû modifier mon organisation et j’ai besoin d’être respectée dans mes horaires.

- J’ai fait les courses, je les ai rangées, j’ai préparé le repas et personne n’est venu m’aider.

Je suis fatiguée, énervée et j’ai, tout comme vous, besoin de me détendre.

Au travers de cet exercice «lexical» deux principes essentiels de la communication non violente apparaissent:• exprimer ses besoins plutôt que d’attendre

qu’ils soient devinés• mais aussi et parfois avant tout, écouter

réellement son enfant ou son adolescent, l’amener à prendre conscience de ses sentiments et de ses besoins et à les exprimer.

Les situations conflictuelles seront donc d’autant plus facilement résolues qu’elles auront été exprimées ainsi:

- Je suis fatiguée et stressée et j’ai besoin de calme pour conduire en toute sécurité.

Vous êtes excités après une journée d’école et vous avez besoin de vous défouler.

- Je suis inquiète et j’ai besoin d’être sûre que tu as une bonne façon d’étudier.

Tu es découragé et tu as besoin de comprendre tes erreurs et d’être aidé.

- Je suis fâchée d’avoir dû modifier mon organisation et j’ai besoin d’être respectée dans mes horaires.

Tu es stressé par l’effervescence des départs matinaux et tu as besoin de calme et d’organisation pour ne rien oublier.

- Je suis fatiguée, énervée et j’ai besoin de me détendre.

Vous êtes également fatigués par votre journée. Vous avez besoin de vous détendre mais aussi de savoir clairement ce que j’attends de vous.

à présent que les besoins de chacun sont clairement connus, il est plus aisé de trouver des solutions qui satisfassent pleinement l’un et l’autre. En modifiant l’organisation, le

temps, l’espace, les moyens pour y répondre, en faisant preuve de créativité, des solutions inattendues et plus que satisfaisantes émergent.

Voici, par exemple, différentes pistes pour réduire les tensions durant le trajet en voiture :• Rester une fois ou deux à la garderie pour

jouer avec ses amis.• Organiser une tournante de ramassage

scolaire entre adultes.• Prévoir un stock d’activités amusantes

qui peuvent être menées calmement en voiture.

• Écouter de la musique qui plait à tous.• Dès le retour à la maison, un temps sera

laissé pour s’amuser et se détendre avant de se mettre aux devoirs.

• Dès le retour à la maison, nous goûterons et vous pourrez raconter ce qui s’est passé à l’école.

> éCouTe empaThiQueL’attitude d’accommodation déjà envisagée dans l’attitude éducative ci-dessus a trouvé écho auprès des participants. En effet, il n’est pas aisé,

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voire impossible, en tant que parent, de ne pas prendre en compte l’amour que l’on porte à ses enfants. Nous les écoutons, nous les comprenons, nous devinons ce qu’ils ressentent, nous prévenons bien souvent leurs souhaits.

Il ne s’agit pas pour autant de basculer dans le «laisser faire». Cette attitude éducative a pour objectif de garantir une bonne relation entre le parent et l’enfant, entre les enfants eux-mêmes, de façon à ce qu’une communication constructive existe, soit la base de l’épanouissement et du développement de chacun.

Différents outils de cohésion ont été présentés aux parents. L’importance de moments conviviaux a également été rappelée. Ainsi que la nécessité de décider de temps qui permettront une réelle écoute, empathique, patiente, centrée sur l’autre et non sur ses craintes, ses croyances, ses objectifs à court terme.Différents parents ont témoigné des rituels qu’ils ont instaurés pour favoriser ces temps de cohésion et d’expression. Le besoin de routines a également été évoqué. Si elles s’avèrent parfois contraignantes, elles permettent aux plus jeunes de savoir comment les moments de la journée vont se succéder, ce qu’ils auront à y vivre et à y faire, de quelle manière se succéderont les temps de détente et les temps de contrainte.

> le repliLa nécessité de se calmer a déjà été évoquée précédemment. L’attitude éducative du repli offre d’autres options encore. Il est parfois, souvent même, nécessaire de prendre du recul, d’annoncer qu’on va se laisser du temps avant de décider.

Leurs témoignages le montrent, les parents sont régulièrement adeptes du repli, mais trop souvent par défaut, par lassitude, par difficulté de s’opposer, par indécision quant à la bonne façon de réagir. Je leur ai, par maints exemples, démontré l’intérêt de cette attitude quand elle est choisie et annoncée, quand elle permet de se ressourcer pour mieux rebondir. J’ai également vanté les mérites d’une option du repli que les parents s’autorisent peu: prendre soin de soi. S’octroyer des moments rien qu’à soi, des plaisirs, des rencontres, des loisirs, est souvent le meilleur moyen, même s’il est court, de trouver l’énergie, par après, de mener son rôle éducatif de manière juste et efficace.

> la CompéTiTionLa journée de formation s’est terminée par l’attitude éducative «qui fâche». Qui fâche l’enfant ou l’adolescent contrariés dans leurs désirs. Qui fâche le parent qui devra poser ou imposer un cadre, qui devra le maintenir avec détermination et patience, longtemps parfois.Les questions, les interventions, les propositions de cas à «travailler» ont cependant fusé, ont débouché sur une réflexion passionnée, suivie d’une proposition collective de règles à poser à la maison et de sanctions à envisager en cas de non-respect de celles-ci.

Pour nous guider dans cette ébauche(4) collective de règles et de sanctions applicables à la maison, j’ai utilisé le principe d’hiérarchisation des règles que je propose habituellement dans les écoles en demande, ainsi que le principe des sanctions éducatives annoncées(5).Depuis quelques années, les parents présents en voient l’application dans le règlement de l’école, dont ils ont eu connaissance, qui est affiché dans la cour, dans les couloirs, dans les classes.

> rèGles non néGoCiablesTout d’abord des règles non négociables garantissant la sécurité physique et psychologique de tous, partout. Pour les décider et les faire respecter, les parents s’investiront pleinement de l’autorité que leur statut d’adulte leur octroie.

• Nous devons toujours savoir où tu es, avec notre autorisation préalable.

• Il est interdit de se frapper.

Par leurs interventions constructives, les parents ont permis que soient évoquées toutes les nuances à apporter à ces principes simples:• Il est essentiel d’expliquer le pourquoi de

ces règles non négociables et de préciser ensuite qu’elles seront dorénavant d’application.

• Pour de jeunes enfants, la règle sera formulée différemment: «Tu dois rester dans la maison, dans le jardin, dans l’école» et il conviendra de lui montrer clairement, et à plusieurs reprises, quelles sont les limites à ne pas dépasser.

• Si je veux savoir où est mon ado, avec mon autorisation, il faut que je lui en donne les moyens: il faut qu’il ait pu en exprimer la demande et que nous ayons pris le temps de trouver un moyen de satisfaire à la fois mon exigence de sécurité et ses besoins

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d’amusement, d’intégration dans un groupe, d’aspiration à l’autonomie.

• Si l’on exige que les conflits ne se règlent pas par les coups, il est pertinent de prévoir des temps où ils pourront être désamorcés grâce aux mots.

Des parents ont estimé que, avec leurs enfants ou leurs adolescents, cette façon de procéder serait déjà fort efficace.D’autres, par contre, ont, témoignages à l’appui, craint que cela ne suffise pas.

En effet, un des principes d’une règle éducative est qu’elle doit être assortie d’une sanction éducative en cas de non-respect. Si la première étape est la plupart du temps envisagée, la seconde est souvent oubliée car elle semble inconfortable dans l’immédiat, avant de paraître constructive à long terme. C’est au moment de la sanction que l’enfant ou l’adolescent va être confronté à l’aspect non négociable de la règle, qu’il va réellement ressentir de la frustration et qu’il va l’exprimer. C’est également à ce moment que l’Éducation se vit et est intégrée.

Des conséquences au non-respect successif des règles doivent donc être annoncées en même temps que celles-ci. Elles varieront en fonction de l’âge de l’enfant ou de l’adolescent.

Par exemple:> pour les plus jeunes:• à la première infraction: la règle sera à

nouveau expliquée ainsi que la façon de la respecter. à la prochaine fois, la sanction annoncée sera d’application.

• à la seconde infraction: privation momentanée d’un droit ou d’un privilège acquis.

• Obligation de rester près du/des parents pendant quelques minutes

- avec une occupation calme (lecture, jeu, dessin, bricolage,…)

- pour réaliser un dessin qui explique ce qui s’est passé

- pour réaliser un dessin qui consolera celui qui a été blessé

- pour vivre et ressentir ses émotions (colère, tristesse,…) en sécurité

• Obligation d’aller dans sa chambre pendant un temps pour se calmer avant de pouvoir donner une explication sur ce qui s’est passé, en utilisant les étapes de la communication non violente (avec l’aide éventuelle des cartes)

• Privation momentanée d’un temps de loisir, d’amusement, d’autonomie

> pour les adolescents:• à la première infraction: il aura à rappeler

la règle enfreinte et les raisons de son existence, à expliquer pourquoi il ne l’a pas respectée, à dire comment il veillera à l’appliquer dorénavant. Sachant que, à la prochaine fois, la sanction annoncée sera d’application.

• à la seconde infraction: Privation momentanée d’un droit ou d’un privilège acquis (sortie, loisir, autonomie,…)

Les interventions des parents ont à nouveau permis d’éclairer et de préciser les objectifs de la sanction. La sanction n’est pas là pour apaiser la frustration du parent à qui on a désobéi. Elle a pour but de permettre à l’enfant ou à l’adolescent d’évoluer en prenant conscience du cadre dont il a encore besoin. Elle doit donc être réalisable (un trop long temps de sanction risque de mettre en péril son exécution), éducative (elle permet une prise de conscience), réparatrice (elle offre l’occasion d’effacer le préjudice commis). Elle mobilise donc les attitudes éducatives évoquées plus haut: la prise de recul, l’empathie, l’écoute et l’expression des sentiments et des besoins.

> rèGles spéCiFiQues à des Temps, à des lieux, à des TâChes

D’un point de vue organisationnel, la vie d’une famille se construit autour de temps, de lieux et de tâches spécifiques : le lever, le coucher, le bain, l’habillage, le départ à l’école, le retour de l’école, les repas, la répartition des tâches ménagères, l’étude scolaire, les temps communs et les temps d’intimité, les jeux autorisés ou non, les temps de loisirs de chacun, la façon de communiquer et de gérer les désaccords,…

En fonction du nombre de personnes concernées, de l’âge et de l’autonomie de chacun, cette «organisation familiale» (qui est le tremplin à l’apprentissage de la vie en société) se vivra dans une relative sérénité, ou, au contraire, générera de nombreuses tensions et des conflits récurrents et épuisants.

Loin de nous décourager face à l’ampleur de la tâche, les parents et moi-même avons tenté de dégager des axes pour lesquels des règles spécifiques devaient exister, s’ajoutant aux règles non négociables déjà existantes:• le respect des besoins de chacun• la participation aux tâches• l’implication dans la scolarité

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La simple formulation de ces axes d’intervention a fait apparaître que, outre des règles à préciser et des conséquences à annoncer en cas de non-respect, spécifiques à la réalité de chaque famille, les attitudes éducatives décrites ci-dessus devraient être mobilisées: • Prendre le temps, ensemble, de repérer les

causes de dysfonctionnements.• Se donner les moyens d’être capables

de communiquer, de donner à chacun l’occasion d’exprimer ses sentiments et ses besoins.

• Exprimer clairement ses besoins, formuler des demandes concrètes, rappeler calmement des exigences annoncées et motivées.

• Éviter les jugements et les interprétations et partir de faits objectifs.

Alors que l’horaire de la formation était dépassé d’un quart d’heure, trois interventions venaient encore relancer le débat:• La prise de conscience que les règles sont

applicables par tous. Si, par exemple, l’adulte exige que son enfant intervienne avec respect (sans violence verbale ni physique, sans jugement), il doit pouvoir le mettre en application également.

• Quelle place laisser à la récompense?• à partir de quelle limite la décision de règles

et de sanctions peut-elle devenir l’affaire de tous?(6)

Elles sont restées sans réponse, par manque de temps.

> ConClusion

L’initiative d’une journée de formation pour les parents et à leur demande était dès le départ enthousiasmante et gratifiante pour l’équipe éducative.

Cette journée a, selon moi, dépassé l’objectif d’une initiation aux compétences de gestion positive des conflits mises en place dans l’école. Elle a donné lieu à de nombreux échanges, à des prises de conscience, à des partages de vécus et de ressentis, à une réflexion collective. Je remercie les parents présents pour la sincérité et la confiance dont ils ont fait preuve, grâce auxquelles la journée a dépassé la dimension d’un simple exposé.

En mettant par écrit le contenu de la journée de formation, j’ai pris conscience de la diversité des thèmes abordés, des répercussions qu’ils entraînent, de l’ampleur de la tâche à mener si on souhaite les mettre en application. Je fais confiance aux parents que j’ai rencontrés: l’amour pour leurs enfants et adolescents a illuminé la journée, ainsi que leur conscience d’un cadre à mettre en place, à maintenir. Ces quelques pages sont là pour leur permettre de se remettre en mémoire tout ce qui a été vécu et dit. Elles sont là aussi pour offrir à d’autres parents les fruits de notre partage.

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(1) Paroles de la «Négocia comptine» ou de la «Négocia song», connues des enfants, qui leur permettent de mémoriser les étapes de la communication non violente, de la négociation et de la médiation. L’air, les paroles et la méthode sont à découvrir sur le site www.gira-coli.be. Un CD est en vente à l’Université de Paix, au prix de 5 euros, port non compris.

(2) Différentes activités en lien avec ces étapes sont proposées dans l’ouvrage «graines de médiateurs II» et sur le site www.gira-coli.be. Sur celui-ci également, une bibliographie recommande différents ouvrages dont «Calme et attentif comme une grenouille» d’Éline Snel . Accompagné d’un CD, ce livre propose aux enfants et à leurs parents de brefs exercices de méditation pour tous les jours.

(3) Idem(4) Le lecteur ne trouvera ici que l’ébauche de règles et de sanctions, permettant cependant d’en comprendre les

principes de construction. Le temps a manqué pour les affiner, les formuler en tenant compte de l’âge, les adapter à la complexité de chaque cellule familiale.

(5) Voir l’article paru dans le Trimestriel de l’Université de Paix n°124: «Règlement, sanction éducative, conseil de discipline».

(6) La question de la construction collective des règles et des sanctions m’est régulièrement posée par les professionnels de l’éducation (enseignants, éducateurs, encadrants parascolaires) et ce seul fait m’interpelle. Je partagerai peut-être mes réflexions à ce sujet dans un prochain article. Mon questionnement de départ sera: «Dans ce souhait de construire ensemble toutes les règles, quelle est l’attitude sous-jacente? Quelle est la part entre une réelle volonté d’éduquer, de mener progressivement à l’âge adulte et responsable et une forme partielle et inconsciente d’accommodation, une difficulté à assumer son autorité d’adulte? Le degré envisageable de construction collective des règles ne doit-il pas être proportionnel au degré de maturité du public concerné, à son degré d’adhésion aux objectifs fixés?»

Cathy Van Dorslaer,Enseignante, Formatrice

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AgirLes douces violences envahissent aujourd’hui les relations humaines. Que ce soient dans les pratiques parentales, éducatives, professionnelles,.. dans les pratiques de soin, d’apprentissage ou d’encadrement,… les douces violences s’expriment au travers d’un ensemble d’attitudes souvent banalisées.

Pour répondre à la question Comment y remédier et repenser nos pratiques professionnelles, aujourd’hui?, l’Université de Paix a invité Patricia Zucco(1) pour une conférence «Les douces violences au quotidien» dans le cadre des Mardis de l’Université de Paix, le mardi 18 février 2014.

Les douces violences touchent de nombreux secteurs où l’humain est au rendez-vous. Dans ce texte, je m’attache particulièrement au milieu de la petite enfance.

La vie en collectivité dès le plus jeune âge est une réalité quotidienne pour de nombreux enfants. Certains passent de nombreuses heures dans un milieu d’accueil où des professionnelles tentent de s’organiser au mieux pour leur proposer un accueil de qualité. L’enfant placé au centre, considéré comme une personne, son bien-être recherché, son autonomie favorisée, sa sécurité physique, affective.... tant d’éléments à mettre au centre de nos réflexions en vue de les améliorer.Les mots tels que bien-être, qualité et bienveillance prennent tout leur sens.

Cependant, voilà que depuis une dizaine d’années des nouveaux concepts apparaissent, enfin nommés, comme la non-bientraitance et surtout celui qui nous intéresse: «les douces violences». Ces concepts invitent chaque adulte (professionnel, parent,...) à une remise en question dans la relation à l’enfant.

essai de définition....Les douces violences, ce n’est pas de la violence pure, ni de la maltraitance... Elles peuvent se situer entre dérives et négligences... Elles colorent des moments éphémères où la professionnelle n’est plus en lien avec l’enfant en tant que personne. De brefs moments où l’adulte se laisse emporter par un jugement, un a priori, un geste brusque... L’enfant n’est alors plus considéré comme un être unique, comme une personne dans sa globalité.

De très courte durée, ces moments sont fréquents tout au long d’une journée, ils passent presque inaperçus pour l’adulte. Cette manière d’agir n’est pas intentionnelle. Au contraire, les professionnelles sont persuadées que c’est pour le bien de l’enfant. Ces conduites font partie du quotidien, des habitudes... Ces moments se répètent, se glissent doucement dans nos pratiques.

Depuis plus de dix ans, Christine Schuhl parle du concept «douces violences». Cet oxymore met en relation deux mots de sens opposés. Elle choisit le terme «douce» pour atténuer le mot violence, l’enrober en quelque sorte, et ainsi faciliter la remise en question qui ouvre la porte aux changements. Le terme «violence», quant à lui, fait écho à certains comportements, gestes, paroles qui peuvent blesser l’enfant en portant atteinte à sa personne, en touchant à son estime de soi, à sa sécurité affective...

repérer les douces violences au quotidienQuelques moments-clés au cours d’une journée, les exemples ne sont pas exhaustifs:

> L’accueil du matin et du soir- ne décrire que les moments négatifs de la

journée- lui enlever immédiatement son doudou, ne

petits pas, biberons,... et douces violences

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pas laisser de la place à son émotion- critiquer son parent dès que celui-ci a quitté

la pièce- …

> Le repas- presser l’enfant pour qu’il termine son

assiette- lui racler systématiquement la bouche avec

la cuillère- «tu manges comme un cochon», «tu fais des

caprices»- …

> Les soins- « tu as encore fait caca, tu pues »- « tu es bien potelé »- déshabiller l’enfant sans le faire participer

comme une poupée- …

> Le sommeil- laisser le doudou dans le lit- ne pas laisser un enfant s’éveiller en douceur- faire dormir tous les enfants au même

rythme- …

> Les activités- proposer des activités inappropriées à

l’enfant- ne pas respecter ses compétences et ses

limites- critiquer son dessin- …

> Tout au long de la journée- respecter le rythme du groupe et pas celui

de l’enfant- discuter des dynamiques d’équipe, des

horaires en section- ne pas prévenir les enfants des changements- …

et pour l’enfantL’enfant se construit au contact de l’adulte, en lien avec lui. Telle «une éponge sensorielle», l’enfant absorbe les émotions qui circulent au-dessus de sa tête. Pour qu’il se développe harmonieusement il a besoin d’être en confiance. Par conséquent, il a besoin d’être apprécié à sa juste valeur en tant que personne, en tant qu’être en devenir (comme disait Françoise Dolto).

Un enfant confiant, reconnu dans ses compétences propres peut faire l’expérience de son autonomie.

à répétition, les exemples cités ci-dessus s’inscrivent dans le patrimoine affectif de l’enfant. Chaque professionnelle actrice dans cette relation à l’enfant est invitée à réfléchir à ses pratiques professionnelles et à reconnaître ses limites et ses compétences. Sans quoi, elle risque de faire violence.

Ce terme peut choquer et déranger. Pourtant, c’est bien une violence que de ne pas reconnaître l’enfant avec ses compétences et ses limites, c’est bien une violence que de le mettre en situation d’échec, de le laisser aux prises avec l’insécurité...

les différentes causesLes causes sont multiples et se juxtaposent aisément. Elles peuvent prendre source tant dans l’institution, que dans le projet d’accueil et dans l’équipe; se nourrir dans les personnes que sont la professionnelle, l’enfant et encore le parent. Le champ d’investigation est large. Nous pourrions également élargir notre réflexion en ouvrant l’axe de l’inconscient collectif, des valeurs sociétales, culturelles...

Comment essayer d’y remédier?La recette miracle n’existe pas. Chaque professionnelle, chaque équipe, chaque institution progresse à son rythme. L’observation facilite le repérage des douces violences qui se glissent au sein de nos pratiques quotidiennes. C’est un outil qui peut favoriser la compréhension des circonstances propices au dérapage. Les prises de conscience individuelles et collectives permettent une remise en question et un remixage des pratiques qui seront alors adaptées au mieux à un accueil de qualité pour l’enfant.Se mettre à la place de l’enfant, vibrer de ses émotions, de ses ressentis, mettre en alerte tous nos sens tel un enfant... tant de moyens qui nous permettent de comprendre où et comment l’enfant est touché.Donner sens à nos pratiques nous invite à faire des petits pas, à progresser dans le respect de l’enfant en tant que personne en devenir.

en conclusionOsons parler des douces violences. Osons porter notre regard autrement. Osons remettre en question nos pratiques. Osons penser à l’enfant en tant que personne en devenir. Osons le respect. C’est là une importante démarche professionnelle de prévention. C’est aussi ouvrir la porte à la créativité...

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(1) Patricia Zucco - Professionnelle de la petite enfance, Directrice de MCAE (crèche) à Chaumont, Formatrice à l’ISBW, Psychothérapeute à Béquet Médic à Namur

Patricia Zucco

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16 n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl

bonjour, semra. si nous te demandons de te présenter en quelques mots, que dirais-tu?Je travaille dans le secteur de la Jeunesse depuis bientôt 20 ans. Déjà !C’est presque par hasard que j’ai commencé ma vie professionnelle dans une maison de jeunes liégeoise. Ma formation me destinait à enseigner. Si j’avais un bagage utile pour assumer mes fonctions d’animatrice et de coordinatrice, je manquais aussi d’une série d’outils d’analyse et de compréhension des enjeux d’une politique culturelle pour la Jeunesse. Sans parler des particularités du fonctionnement associatif dans lequel je débarquais littéralement.Habitée par une confiance en tout (qui me sidère aujourd’hui), soutenue par la formation continuée ainsi que le réseau associatif, j’ai pu enrichir et changer mes représentations et pratiques. L’expérience extraordinaire tant au niveau professionnel que personnel à la maison de jeunes a été suivie par celle de C-paje, organisation de jeunesse tout comme l’Université de Paix d’ailleurs. J’ai changé d’association mais je suis restée dans le même univers: celui de l’animation Enfance et Jeunesse avec en plus celui de la formation continuée des animateurs. C-paje est membre de la COJ, Confédération des Organisations de Jeunesse indépendantes et pluralistes. J’en suis effectivement présidente et cela, depuis 3 ans.

la CoJ a été fondée en 1975, quels ont été et sont aujourd’hui ses objectifs?La COJ est née après son ancêtre, la Fédération des Services et Mouvements Indépendants (SMI) créée en 1971.La COJ s’est créée autour de valeurs philosophiques telles que l’indépendance et

le pluralisme pour faire contrepoids aux confédérations marquées politiquement. Ses objectifs actuels et passés restent inchangés. Il s’agit de promouvoir la place effective des jeunes dans la société dans les domaines sociaux, économiques et culturels... et de soutenir le développement auprès des jeunes des valeurs de solidarité et d’engagement que cela soit

au travers des actions des organisations de jeunesse (OJ) membres qu’au niveau de prises de positions et d’interpellations auprès des politiques. Cela se traduit très concrètement par la représentation et la défense des membres de la COJ dans divers instances, la coordination de projets globaux qui réunissent les organisations membres autour d’enjeux qu’elles ont identifiés et enfin, l’organisation et la mise en place de services au bénéfice des OJ membres qui contribuent à la poursuite de leurs buts et au renforcement de leur professionnalisme : information officielle et juridique, communication, techniques liées aux activités des membres, formations,…

Quel(s) rôle(s) joue la CoJ dans le développement de la politique de jeunesse en Fédération Wallonie-bruxelles?La COJ influence les orientations politiques et pèse dans le rapport de forces qui la met en présence des autres fédérations d’OJ et des politiques.Si ses avis ne sont pas toujours suivis, ils sont entendus tant au niveau des Cabinets qu’au niveau de l’Inspection et des Administrations.

Tu as choisi de t’investir dans la vie et le fonctionnement de la CoJ. Quelles sont les qualités pour être présidente de la CoJ? Avant tout, je pense qu’il est important d’avoir du temps pour se familiariser avec les enjeux

CauserieDepuis 1977, l’Université de Paix est membre de la Confédération des Organisations de Jeunesse (COJ)(1).

Nous vous emmenons à la rencontre de sa Présidente, Semra Umay(2).

entretien avec semra umay

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internes et externes de la COJ: connaître la COJ et avoir une vision globale de ses actions et de ses méthodes est une base importante. Du temps, il en faut ensuite pour les réunions de préparation et de concertation. Comme il s’agit de collaborer étroitement avec la Direction, il y a aussi intérêt à être en capacité de travailler en tandem avec la Secrétaire générale. ça, je dirais que ce sont les prérequis.Viennent ensuite une bonne mémoire, la capacité d’articuler et d’anticiper les décisions et donc, une organisation efficace de l’information.être un bon communiquant (prise de parole interpersonnelle et collective) et animateur de réunion sont des atouts presque incontournables. La patience, un certain sens du recul et la résilience ne gâchent rien.Je terminerai en soulignant que je n’ai pas toutes ces qualités...

Quels sont les enjeux de ce mandat?J’en suis à mon deuxième et dernier mandat qui devrait s’achever mi-2015.La manière dont les reconnaissances pour la période 2013-2016 se sont passées en 2012 nous ont amenés à organiser un soutien et un accompagnement des associations mises en difficulté pour qu’elles puissent bien évidemment passer le cap de la reconnaissance probatoire. Cela nous rappelle que la COJ doit continuer à être à l’écoute des éventuels besoins et demandes des OJ quant à leur agrément en cours et leur plan quadriennal et de définir le cas échéant des stratégies pour y répondre. La COJ doit rester ouverte aux nouvelles affiliations et au soutien de nouvelles reconnaissances.2014 est marquée sous le sceau de la communication car c’est l’année de lancement officiel de nos nouveaux trimestriel et site web qui se veulent être plus le reflet de la COJ et des ses membres, plus engagés, plus attractifs, plus en articulation avec les enjeux politiques votés en assemblée générale (éducation permanente, travail international de jeunesse, l’image des

jeunes dans les media, l’accès à la culture).Au niveau de la représentation dite politique, négocier le tournant aux très prochaines élections et tenter un travail de confiance et de respect mutuel auprès du nouveau Cabinet Jeunesse seront à mettre à l’agenda et surtout, surtout, il s’agira de continuer à se mobiliser pour faire barrage aux mesures d’austérité qui frappent le secteur, pour neutraliser les menaces qui pèsent sur l’emploi ACS et APE et pour créer ensemble un plan de relance du non marchand.

selon toi, que peut apporter l’université de paix aux travaux, à la réflexion de la CoJ?Comme toutes les autres OJ membres de la COJ, sa participation active à la gestion de l’association et à la réflexion, conception, réalisation des actions est essentielle et vient enrichir les points de vue et les prises de position de l’association. Au delà de cela, l’Université de Paix par sa représentante apporte bien entendu sa touche singulière à savoir sa capacité à favoriser un dialogue de qualité et une vision plurielle et complexe d’une situation.

Quel est le meilleur compliment que nous puissions te faire?Dans le cadre de mon mandat de présidence de la COJ, si les membres me disaient que mon action rendait les décisions plus transparentes et compréhensibles et qu’ils se sentaient plus conscients des enjeux et plus impliqués dans l’association, cela me ferait très plaisir.

en quelques mots et en guise de conclusion, le mot de la fin pour toi, ce serait…En cette période de début d’année électorale, c’est doublement de circonstances de souhaiter et de revendiquer que la Politique Jeunesse dans tous ses aspects soient au centre des préoccupations des prochaines législatures et qu’elle soit soutenue, renforcée et valorisée.

Merci beaucoup Semra pour cette causerie…

Propos recueillis par Christine Cuvelier,Chargée de relations publiques

(1) La COJ est un organisme confédérant 36 organisations de jeunesse, toutes pluralistes et indépendantes. Celles-ci sont actives dans des domaines très divers: séjours de vacances, politique de jeunesse, animation, hébergement, échanges internationaux, environnement, information, loisirs actifs, médiation, formation,…Pour mieux cerner les actions, objectifs, projets de la COJ, visitez www.coj.be(2) Semra Umay - Directrice au C-Paje (Collectif pour la Promotion de l’Animation Jeunesse Enfance). Cette asbl réunit actuellement plus de 150 structures affiliées, plusieurs centaines de travailleurs et des milliers d’enfants et de jeunes. Ces structures aux identités multiples sont reliées par la volonté commune de mener un travail d’animation visant à l’épanouissement culturel et social d’enfants. Diverses activités et services sont proposés à ces professionnels de l’animation (formation, information, projets collectifs, promotion, etc.). Plus d’infos: www.c-paje.net

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n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl 19 18 n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl

Activités de cet hiver...

Depuis plusieurs années, l’Université de Paix propose, pour contribuer à un climat scolaire serein, des programmes de formation de longue durée en développement d’habiletés sociales, par exemple «graines de médiateurs - Médiation par les pairs» pour les enfants de 8 à 12 ans, l’implantation de cellules de médiation pour les adolescents de 12 à 18 ans,…

Au cours des exercices de 2007 à 2011 et 2011 à 2014, l’Université de Paix a assuré, grâce à l’octroi d’une subvention de la Fondation Bernheim, la réalisation de cette formation, durant des périodes de 2 ans, dans 72 classes primaires (tous réseaux confondus et dans toutes les zones) en formant les enfants et les enseignants-titulaires et en sensibilisant l’ensemble de la communauté éducative (accueillantes extrascolaires, éducateurs, parents, direction,…).

Afin d’assurer la pérennité des compétences acquises par les équipes et de favoriser leur développement, des différentes opportunités sont proposées pour partager, découvrir, valoriser et dynamiser des pratiques pédagogiques.

Pour ce faire, l’Université de Paix propose trois formations, reconnues comme journées de formation par l’IFC:• Une formation à destination des enseignants-titulaires des exercices 2007-2009,

2009-2011 et 2011-2013, le 24 janvier 2014. Cette journée est avant tout expérientielle: la mise en situation d’expériences vécues proposées par les participants, les jeux de rôle,… sont l’occasion de s’exercer aux outils et démarches en prévention et en résolution non-violente et créative de conflits dans des conditions proches de la réalité.

• Une formation à destination de nouveaux enseignants-titulaires de l’exercice 2013-2014, les 3 février et 17 mars 2014. Les objectifs poursuivis lors de ces 2 journées sont:- Prévenir les conflits en installant un climat de confiance et de coopération dans la

classe, ainsi qu’un cadre clair.- Analyser les situations conflictuelles (tant les

objectifs que les attitudes) en tant que partie au conflit et tiers intervenant).

- gérer positivement un conflit, c’est-à-dire:> énoncer les faits en les distinguant des

jugements> exprimer ses sentiments et besoins et être à

l’écoute de ceux des autres> proposer différentes solutions> choisir une solution qui convienne aux deux

parties

• Une formation à destination des directions des écoles déjà engagées dans le projet, le 10 janvier 2014. Pour les directeurs, c’est l’occasion de faire le point sur les difficultés de mise en place du programme dans leur école, de rechercher les façons d’y remédier et d’évaluer les stratégies développées.

3 formations du programme «Graines de médiateurs – médiation par les pairs» reconnues par iFC

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Malgré une certaine médiatisation, le harcèlement entre élèves dans le milieu scolaire reste un phénomène encore largement sous-estimé ou méconnu.

Aujourd’hui, cette problématique est encore amplifiée par l’utilisation des nouvelles technologies d’information et de communication. En termes de santé mentale et de parcours scolaire, les conséquences du harcèlement sont lourdes et touchent enfants et adolescents qui se trouvent en situation de victimes, de harceleurs ou de témoins.

Plusieurs initiatives d’analyse, de prise en charge, de sensibilisation et de prévention existent en Fédération Wallonie-Bruxelles. De nombreux professionnels issus de secteurs d’activité variés de l’enseignement, de la jeunesse, de la santé, de l’égalité des chances s’en préoccupent. Cependant, le harcèlement à l’école manque de reconnaissance et les modalités d’intervention, tant dans sa prise en charge qu’en prévention, manquent de concertation.

Un groupe de travail composé de professionnels issus de différents secteurs (universités, acteurs de terrain, pouvoirs publics) a pris l’initiative d’organiser un colloque, le 18 février 2014 au Palais des Académies de Bruxelles, sur ce thème. Ils ont souhaité, par cette journée de sensibilisation/formation, amener les professionnels concernés à réfléchir ensemble à cette thématique et à partager leurs représentations et leurs nombreuses expériences dans ce domaine.

objectifs du colloque:• sensibiliser à l’importance et aux conséquences du phénomène (prévalence, spécificités,

impacts et complexité du phénomène);• informer sur les types de harcèlement, les processus impliqués, les acteurs en jeu

(harceleur, victime et témoins);• identifier les différents services impliqués dans l’accompagnement de situations

de harcèlement à l’école au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces services émanent des secteurs de l’enseignement, de la jeunesse, de l’aide à la jeunesse, de la santé, de l’égalité des chances;

• échanger sur les limites et les éléments facilitant les interventions de ces différents services;

• amener le professionnel à questionner ses propres représentations et propositions de réaction en situation de harcèlement;

• se questionner sur les approches préventives et sur les conditions d’adaptation d’un projet de prévention au sein d’une école.

> Plus d’infos: http://www.enseignement.be/index.php?page=27002

Une organisation de:

Colloque participatif «le harcèlement à l’école: Croisons nos regards»

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n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl 21 20 n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl

Librairie> remédier aux douces violencesOutils et expériences en petite enfancede Christine Schuhl

Ce livre est une proposition à structurer des pistes d’analyse pour que les pratiques professionnelles gardent du sens. Il y est question de valeurs professionnelles, de cadre, d’aménagement des espaces de vie dans le souci de respecter au plus près les besoins fondamentaux et l’intérêt de l’enfant de moins de trois ans. Une approche pédagogique où les détails du quotidien prennent toute leur importance.

Éd. Chronique sociale - 80 pagesPrix: 13,80 euros, port non compris

> arrête d’embêter ton frère ! et toi, laisse ta sœur tranquille !de Elizabeth Crary

Un livre pratique et rempli d’exemples concrets pour apprendre aux enfants à recevoir de l’attention sans taper ou pleurnicher, à s’occuper de leurs émotions sans exploser ou baisser les bras, à établir leurs limites et respecter celles des autres sans esprit de vengeance et à résoudre les problèmes sans avoir recours ni aux cris ni aux coups.

Éd. JC Lattès - 160 pagesPrix : 13,25 euros, port non compris

> Grandir ensembleActivités pour enseigner des habiletés de résolution de conflitsde Naomi Drew, traduite par Francine Bélair

L’objectif de ce guide est de fournir aux professionnels de l’éducation (enseignants, éducateurs, animateurs,...) tout ce qu’il leur faut pour acquérir des compétences nécessaires à la résolution des conflits et à la prévention de la violence et les transmettre aux enfants.

Éd. Chenelière - 184 pagesPrix : 43,10 euros, port non compris

> Comment réussir une négociationde Roger Fisher & William Ury

Que ce soit dans la vie professionnelle ou dans la vie privée, nous sommes amenés à négocier. Or, la négociation ne s’improvise pas, il est bon d’en connaître les règles. Ce livre expose, concrètement, des stratégies pour apprendre à négocier et à parvenir à un accord satisfaisant pour les deux parties.

Éd. du Seuil - 267 pagesPrix : 27,60 euros, port non compris

w w w.u n ive r s i te d ep a i x . b eUn livre vous plaît?D’un clic, commandez-le en ligne dans la rubrique «Librairie»

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Boîte à outilsDans un potager luxuriant, Petit Poilu se fait de nouveaux amis: Coxibelle la coccinelle, Ernesto la fourmi, Relax l’escargot et le petit Puceron. Mais… une guêpe belliqueuse rôde et ne laisse personne tranquille. Que faire?

objectifs

• Comprendre la raison d’être de l’agressivité.• Apprendre aux enfants à mettre des mots sur leur colère ou frustration.• Apprendre à reconnaître et à nommer les sentiments chez les autres.• Augmenter le vocabulaire des sentiments chez les enfants.• Apprendre aux enfants à gérer leur agressivité d’une manière

constructive.• Faire preuve de créativité.

public• Enfants de 3 ans et plus• De 1 à 20 participants

matériel

• Livre «Petit Poilu, Pagaille au potager»

déroulement

• Raconter aux enfants (ou faire raconter par les enfants) l’histoire muette de cette BD.• Leur demander de reconnaître les sentiments par les expressions de visage: «à ton avis, que ressent

Petit Poilu?» ; «Que vois-tu sur son visage qui te fait penser qu’il est fâché?» ; «Quels gestes fait la guêpe et que signifient-ils d’après toi?» ;…

• Parler du ressenti des personnages de cette histoire et discuter des causes possibles de l’agressivité : «D’après toi, pourquoi la guêpe souhaite-t-elle piquer Petit Poilu et ses amis?» ; «Qu’est-ce qui la rend agressive?» ;...

• Rechercher des moyens qui permettent d’évacuer l’agressivité et de trouver des solutions  : «Comment Petit Poilu a-t-il fait pour aider la guêpe à vivre une action valorisante?» ; «Qu’est-ce qui pourrait aider la guêpe à se sentir mieux?» ; «Comment les amis de Petit Poilu se sont-ils organisés pour lui venir en aide?» ;…

• Encourager les enfants à raconter une situation, une anecdote, une histoire semblable à celle du scénario de ce Petit Poilu. Cela reflète souvent des sentiments, des frustrations, des difficultés que l’enfant a lui-même vécus et face auxquels il a trouvé ses propres solutions. L’animateur peut aussi proposer ses propres idées et solutions pour prévenir et/ou gérer l’agressivité dans telle ou telle situation.

pistes de réflexion

• Comment l’enfant s’est-il senti dans le groupe : content, fâché, curieux, triste, effrayé,…?• Est-ce facile d’accueillir le regard que les membres du groupe ou l’autre porte sur moi?• Est-ce facile de trouver une expression, un geste, une intonation pour traduire un sentiment?• Y a-t-il des situations de la vie quotidienne où je me suis comporté comme dans l’activité?• Ce que j’ai appris et découvert grâce à l’activité, puis-je l’appliquer dans des situations de la vie

courante?

stop à l’agressivité!

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w w w.u n ive r s i te d ep a i x . b e Des outils pour prévenir et gérer les conflits de manière positive sont à votre disposition dans la rubrique «Ressources»

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n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl 23 22 n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl

> Faire face à l’agressivitéavec Christelle Lacour & Almudena Vaquerizo gilsanz – Formatrices UP

Une agression verbale peut être aussi blessante qu’un coup.Comment agir de manière efficace et se protéger tout en évitant l’escalade ?

Dates : Mardi 1ier & jeudi 24 avril 2014Lieu : Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros - Référence: 1425Membre adhérent UP: 140 euros - Jeunes de moins de 26 ans: 80 eurosSi votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

> Systémique & communication avec gilles Fossion & Julien Lecomte - Formateurs UP

L’approche systémique propose un nouvel éclairage et ouvre de nouvelles pistes d’action aux personnes qui souhaitent voir, comprendre et agir différemment face à la complexité du monde.

Dates : Jeudi 3 & vendredi 4 avril 2014Lieu : Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros - Référence: 1426Membre adhérent UP: 140 euros - Jeunes de moins de 26 ans: 80 eurosSi votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

> Atelier de pratique : AïkiComavec Christian Vanhenten - Professeur aïkido (3ième dan aïkido), Maître-praticien en PNL

Une journée pour approfondir l’approche corporelle de la communication et de la résolution non-violente des conflits inspirée de l’Aïkido.

Pré-requis: Avoir suivi le module AïkiComDate: Vendredi 25 avril 2014Lieu: Université de PaixPrix: 90 euros - Référence: 1427

> Mieux communiquer en osant s’affirmeravec Érika Benkö & Almudena Vaquerizo gilsanz - Formatrices UP

L’affirmation de soi est essentielle pour la confrontation constructive des idées et des personnes. Elle peut être utile à tous ceux qui désirent améliorer leurs relations familiale, professionnelle, sociale,…

Dates: Mardi 29 & mercredi 30 avril 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros (Membre adhérent UP: 140 euros) - Référence: 1428Si votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

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Agenda

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n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl 23 22 n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl

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> Conférence: demain sera plus humain en apprenant à mieux gérer tensions et conflitsAborder autrement les tensions et conflits, une méthode efficace

avec Brieux Denis - Médecin généraliste, Formateur en développement personnel pour l’école de formation PRH (Personnalité et Ressources Humaines)

Vivre ensemble, travailler avec d’autres, s’engager à partir de ce qui nous tient à cœur, nous confronte inévitablement au regard de l’autre, à son point de vue, à nos différences. C’est source de rencontre, de partage de complémentarité, mais aussi de tensions et parfois de conflits. Que signifient ces tensions ? Quel est l’enjeu humain qui est alors engagé ? Comment décoder cela afin de mieux comprendre nos tensions, les conflits?Porter un regard sur ce qui se passe en soi est une des clés pour une meilleure compréhension de ces tensions et conflits. Lors de cette conférence, nous aborderons ensemble ce regard sur soi au service du bien commun, du « avancer ensemble » vers la recherche de solution où chacun s’y retrouve, où chacun en ressort grandi, gagnant.

Date: Mardi 29 avril 2014, 19h30Lieu: Université de PaixPrix: 15 euros (Prix pour les moins de 26 ans : 10 euros)Les réservations et préventes se font par virement bancaire au compte de l’Université de Paix BE73 0010 4197 0360 en mentionnant la référence de la conférence «1429» + votre nom + nombre de places

> Adapter mon attitude en situation conflictuelleavec Érika Benkö & Frédéric Duponcheel - Formateurs UP

Identifier les ingrédients d’un conflit. Prendre en compte ses comportements dans une situation conflictuelle. Découvrir les différentes attitudes et stratégies face aux conflits.

Dates: Lundi 5 & mercredi 7 mai 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros - Référence: 1430Membre adhérent UP: 140 euros - Jeunes de moins de 26 ans: 80 eurosSi votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

> Développer ses compétences émotionnellesavec gilles Fossion & Christelle Lacour - Formateurs UP

Comprendre le fonctionnement d’une émotion et son impact sur la communication. Connaître les émotions de base et leur utilité dans notre vie quotidienne et nos relations. Décoder les émotions des autres, afin de communiquer de manière adéquate. Expérimenter des techniques de gestion corporelle et des postures qui apaisent les tensions en situation délicate (stress, colère intense, découragement…). Expérimenter des techniques variées pour réguler nos émotions en fonction du contexte. Exprimer leur ressenti de façon non-violente, plutôt que leur jugement sur la situation ou la personne.

Dates: Mardis 6 & 20 mai 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros (Membre adhérent UP: 140 euros) - Référence: 1431Si votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

mai 2014

Les formations reprenant ce logo sont soit gratuites pour les professionnels de l’Enfance, dans le cadre du décret ATL (3-12 ans) et/ou pour ceux de 0-3 ans. Renseignements : Université de Paix - 081 55 41 40 - [email protected]

Les formations reprenant ce logo sont gratuites pour les travailleurs du non-marchand relevant des CP 319.02, 327.02, 329.02 & 329.03 et 332.Plus d’infos : APEF - 02 229 20 23 - [email protected] - www.apefasbl.org/news

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24 n°126 Mars 2014 - Université de Paix asbl

www.universitedepaix.be

BoulevardduNord,4•5000Namur•BelgiqueTél+32(0)81554140•Fax+32(0)81231882

[email protected]•N° national : 4161339-58

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