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Harinordoqui dans midol

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IMANOL HARINORDOQUY - TROISIÈME LIGNE CENTRE DE BIARRITZPARTICULIÈREMENT TOUCHÉ PAR LA SAISON CAUCHEMARDESQUE QUEVIENNENT DE TRAVERSER LES BASQUES, LE CAPITAINE TENTE TANT BIENQUE MAL DE TOURNER LA PAGE... IL ÉVOQUE ICI AUSSI SON AVENIR, SURLEQUEL IL SEMBLE ENCORE PLANER L’OMBRE D’UN DOUTE.

« Nous sommes passés pourdes clowns »Propos recueillis par Marc DUZAN [email protected]

Le Biarritz olympique est relégué en Pro D2.Comment avez-vous vécu cette saison ?

Le début de championnat nous a tués. A Aguilera, on afait de jolis cadeaux à l’Usap, puis à Grenoble et àBordeaux… Petit à petit, on a décroché au classement.C’est une saison noire.

Vous avez disputé trois Coupes du monde, gagnétrois grand chelem, touché le Brennus à deuxreprises… Ce palmarès n’ajoute-t-il pas à ladéception du moment ?

Je ne sais pas… Le plus déprimant, en fait, c’est d’êtretrès tôt devenu le club où les autres venaient pourgagner. La victoire à Aguilera était devenue la norme enTop 14. C’est vexant. Ca fout les boules.

Voici deux ans, le BOPB avait déjà frôlé la relégation. N’y étiez-vous pas préparé,fatalement ?

Oui, on savait que ce serait compliqué et qu’on se battrait pour le maintien. A l’époque, nousavions eu une réaction d’orgueil aux abords du mois de janvier. Cette fois-ci, nous n’avons pas su

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nous relever la tête. […] A la fin de l’année, le club a connu quelques problèmes extrasportifs (leBOPB est passé devant la DNACG, des rumeurs ont évoqué une bagarre à l’entraînement,N.D.L.R.), puis il y a eu toutes ces histoires de fusion. Enfin, vers février, les joueurs ont alorsregardé leurs intérêts personnels. Mais c’est normal, il faut bien penser à l’avenir.

Et ?

Tout s’est rapidement délité. Vous savez, ce genre de situation ne facilite pas la remobilisation.J’avais du mal à trouver les mots justes dans mes discours de capitaine. Je me suis posé millequestions. C’était difficile à vivre.

N’y a-t-il rien eu de positif cette année ?

Depuis quelques semaines, on ne prend plus de branlées. L’équipe n’a jamais lâché le morceau.On a même failli gagner à Toulon. C’est toujours ça de pris…

Racontez-nous ces histoires de fusion…

C’était surréaliste. Dans le vestiaire, les joueurs ne parlaient que de ça. Chacun ramenait sesbruits de couloir. Le sportif était passé au second plan. A Bayonne, les joueurs avaient étéprévenus par leurs dirigeants. Ici, non. Tout s’est fait en coulisses et la confusion s’est installée.Quand on est salarié d’un club, on aime bien savoir ce qu’il s’y passe…

Finalement, la fusion est tombée à l’eau après le désistement des Bayonnais. Cela vousa-t-il surpris ?

Pas vraiment… Mais à Biarritz, nous sommes alors passés pour des clowns. Les gens pensaientaussi que la fusion était une manœuvre politique pour sauver l’équipe de la relégation. Ce projetfut plus négatif qu’autre chose finalement. Ce n’était que des paroles en l’air.

Vous êtes pourtant favorable à cette idée, non ?

Oui, et je le serai toujours. La grande équipe du Pays basque verra bientôt le jour, j’en suisconvaincu. Maintenant que les élections municipales sont passées, le processus derapprochement sera probablement réactivé. Les nouveaux maires de Bayonne (UDI) et Biarritz(Divers droite) y seront peut-être plus favorables. Mais ne parlons pas de fusion. Il est hors dequestion de brûler l’histoire de deux clubs âgés de 100 ans. Je préfère évoquer une entitéprofessionnelle du Pays basque.

Au début de la saison, auriez-vous pu imaginer une descente en Pro D2 ?

Non. On ne pense pas à ce genre de choses quand on démarre un championnat. Mais je savais

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pertinemment qu’on jouerait le maintien. On avait perdu Wenceslas Lauret, Jean-PascalBarraque... Notre formation en avait pris un coup. A côté de ça, le club n’avait pas recruté, ou trèspeu…

Lorsqu’il avait quitté son poste d’entraîneur au BOPB, Jean-Michel Gonzalez avait confiéau président Blanco : « Si tu ne recrutes pas, tu es en Pro D2 dans trois ans. » Sa prophéties’est vérifiée, n’est-ce pas ?

Il n’y a pas de cellule recrutement au BO. C’est le gros point noir de ce club. Il n’y a pas depersonne dédiée à cet exercice.

La gestion paternaliste de Serge Blanco a-t-elle montré ses limites ?

Je n’irai pas jusque-là. Serge a néanmoins compris qu’il lui faudrait déléguer davantage et qu’onne pouvait pas tout faire tout seul. Je crois aussi que dans un monde professionnel, il faut veiller àne pas laisser l’affectif prendre toute la place. Toute est une question d’équilibre.

Comment réagissent les gens dans la rue ?

Ils ne sont pas agressifs, juste déçus. Pensez-vous, il y a quelques années, nous leur ramenionsdeux boucliers (2005 et 2006) coup sur coup ! Les rues étaient bondées, la ville rouge et blanche !Ils sont nostalgiques mais pas amers.

Benoît August et Jérôme Thion sont partis. Dimitri Yachvili est annoncé au Lou, JulienPeyrelongue à Dax, Damien Traille à Pau. Comment vivez-vous cette situation ?

Quand on débute une carrière, on aimerait la terminer entouré des potes avec lesquels on l’acommencée. J’ai compris depuis quelques temps que ce ne serait pas le cas. J’ai joué plus de dixans avec ces mecs-là. Nous avons noué des liens d’amitié très forts et, là, on va tous partir sur lasaison la plus noire de l’histoire du club. Ca fout un coup un moral. C’est très con…

Que ferez-vous l’an prochain ?

Je veux continuer à jouer, mais je ne sais pas encore où. Je sais simplement que je n’entraîneraipas. Ni au BO, ni ailleurs. Ou alors, si je deviens coach, ce sera dans un petit club de l’intérieur desterres, pour m’occuper des jeunes…

Après le derby, vous avez été montré du doigt par Serge Blanco. Vous êtes-vousexpliqués depuis ?

Oui. Quand on m’a rapporté ses propos, j’ai aussitôt demandé à le voir. Serge avait ouvertementcritiqué les « anciens ». Or, nous ne sommes pas cinquante « anciens » au club. Je lui ai dit que je

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n’étais pas content, que ses critiques étaient injustifiées et nous nous en sommes expliqués… Jecrois surtout qu’on était tous déçu du résultat.

Pensez-vous le Biarritz olympique capable de remonter en Top 14 ?

Si le club monte un vrai projet sur trois ans, bien sûr ! Mais ça ne se fera pas en un coup debaguette magique. Le Pro D2 est un championnat différent, difficile. Les recettes n’y sont pas lesmêmes.

Qu’avez-vous pensé du plan de restructuration du club dévoilé par Serge Blanco leweek-end dernier ?

Un squelette a été présenté. J’attends de voir désormais qui va s’occuper du sportif, qui seront lesdeux managers… Le recrutement n’est pas fini, il reste encore quelques postes à pourvoir. Il y ades débuts de réponses. Mais pas encore toutes les réponses.

Vous ne figurez pas sur la liste des joueurs annoncés dans l’effectif biarrot pour lasaison prochaine. Pourquoi ?

Parce que je suis en fin de contrat. Le club veut me garder et je n’y suis pas défavorable. Desnégociations ont débuté. On verra ce que ça donne.

De quoi avez-vous envie ?

Je suis déchiré par plusieurs sentiments. D’un côté, j’ai envie de jouer en Top 14. D’un autre, jesuis très attaché au club et je ne le quitterai pas sur un coup de tête, même si cet attachement doitme conduire en Pro D2. J’ai aussi quelques touches en Angleterre et au Japon.

Personnellement, la fin de carrière est-elle douloureuse à concevoir ?

La fin de carrière en elle-même, non. Je m’y suis préparé depuis longtemps. Je ne sauterai pasdans l’inconnu le jour où elle arrivera. Ce que je vis mal, en revanche, c’est de ne pas finir enbeauté.

Vous avez deux ans de moins que Julien Bonnaire, lequel pourrait être rappelé parPhilippe Saint-André en équipe de France. Avez-vous aussi eu des contacts avec le staffdes Bleus ?

(rires) Question bizarre ! Je n’ai eu aucun contact avec « PSA » (sic), non. Quand je pense aurugby, l’équipe de France n’est pas la première chose me venant en tête en ce moment… Jepense surtout au BO.

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« D’un côté, j’ai envie de jouer en Top 14. D’un autre, je suis très attaché au club et je ne lequitterai pas sur un coup de tête, même si cet attachement doit me conduire en Pro D2. »

Imanol HARINORDOQUY

Troisième ligne de Biarritz