Harvey, F. - Le Québec et l'lnde: Jalons historiques et contemporains d'une relation en construction, 2010

7/30/2019 Harvey, F. - Le Qubec et l'lnde: Jalons historiques et contemporains d'une relation en construction, 2010

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Le Qubec et l'lnde :

Jalons historiques et contemporains d'une

relation en construction

Fernand Harveylnstitut national de la recherche scientifique

Centre Urbanisation, Culture et SocitQubec

Dans le contexte actuel de l'intensification deschanges de toutes sortes entre les peuples de laplante, de nouvelles questions surgissent l'esprit deceux qui s'intressent l'origine et l'volution de cesrapports. L'lnde et le Qubec partagent, cet gard,certains lments insouponns d'une histoire commune.Ce retour au pass nous intresse maintenant, dans lamesure o une nouvelle relation est en train de se

construire entre nos deux socits. Cet article se proposed'esquisser certaines pistes de recherche en vue d'unapprofondissement souhaitable.En 2008, l'lnde comptait plus d'un milliard d'habitants,alors que le Qubec n'en comptait que moins de 8millions, soit environ le quart de la population totale duCanada1. L'lnde est une civilisation millnaire, alors quele Qubec demeure une socit neuve issue de la

colonisation franaise en Amrique, amorce au dbut duXVlle sicle et contemporaine de la naissance des Treizecolonies amricaines. Qu'ont en commun l'lnde et leQubec? premire vue, voil deux socitscompltement diffrentes, situes des milliers dekiiomtres l'une de l'autre, et que tout semble sparer.


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L'lnde est multiculturelle, multilingue etmulticonfessionnelle, alors que le Qubec a une longuetradition franco-catholique qui s'est longtemps juxtapose une puissante minorit anglo-protestante, avant de

devenir son tour une socit pluriculturelle,particulirement depuis les annes 1970. Au niveaupolitique, l'lnde a acquis son indpendance de la Grande-Bretagne en 1947, alors que le Qubec demeure l'unedes dix provinces de la confdration canadienne. Parailleurs, au sein de l'empire britannique, le Canada aprcd l'lnde dans l'acquisition de la responsabilitministrielle pour ses affaires locales, soit ds 1848, et il

a obtenu son indpendance en 1931. L'accs au selfgovernment a t plus tardif dans le cas de l'lnde. Onpourrait ainsi multiplier les contrastes et les diffrencesentre les deux socits. ll n'y a, vrai dire, que sur le plande la superficie que le Qubec marque des points avecses 1667 441km, soit la moiti de la superficie de l'lnde.ll faut cependant noter que plus de 80% de sa populationest concentre au sud de son territoire et plusparticulirement dans la valle du fleuve Saint-Laurent.

Malgr toutes ces diffrences, des liens historiqueset contmporains, encore relativement peu connus,unissent l'lnde et le Qubec. Pour en rendre compte, ilconvient d'adopter une perspective interdisciplinaire eninsistant sur les aspects conomiques, politiques etculturels qui permettent d'tablir des liens entre les deuxsocits. Si cette vue d'ensemble ouvre de nouvellespistes de recherche, elle n'a pas la prtention de

l'exhaustivit. Parmi ces pistes prometteuses, tant auniveau historique que contemporain, il faut mentionner,l'insertion dans des rseaux conomiques et politiquescommuns, la dcouverte culturelle de l'Autre, le dialogueinterreligieux, et l'imaginaire littraire. ll est certain, parailleurs, que le dveloppement des tudes qubcoises


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en lnde depuis les annes 1990 a contribu mieux faireconnatre la ralit qubcoise auprs des litesintellectuelles indiennes. l'inverse, dans les milieuxqubcois intresss par les questions de pluralisme

culturel et de spiritualit orientale, l'intrt pour l'lnderemonte au moins quelques dcennies.

Les liens historiques entre l'lnde et le QubecIl arrive que les mots prcdent les ralits. LorsqueChristophe Colomb a dcouvert l'Amrique il croyait avoirdbarqu en lnde, d'o le vocable d'lndiens longtempsattribu aux premires nations de ce nouveau continent.

Aprs les Espagnols et les Portugais tablis, au sud del'Amrique au XVle sicle, les Franais et les Anglaisexplorent, pour leur part, l'Amrique septentrionale. Aucours de ses voyages au Canada, entre 1534 et !542,l'explorateur franais Jacques Cartier avait cherch envain un passage pour se rendre aux lndes et en Chine.Un demi-sicle plus tard, Samuel de Champlain fondeQubec en 1608, tablissant ainsi ies bases d'unecolonie permanente dans ce qui deviendra la Nouvelle-France. ll amorce aussi l'exploration de l'intrieur ducontinent nord-amricain, jusque l demeur terraincognito pour les Europens. Paralllement, les Anglaisfondent des colonies en Nouvelle-Angleterre et enVirginie sur la cte atlantique. La France envoie descolons en nombre restreint pour peupler sa nouvellecolonie, mais s'intresse surtout au lucratif commerce desfourrures avec les peuples amrindiens de l'intrieur du

continent. C'est grce d'ailleurs une srie d'alliancesavec ces peuples autochtones que la France russit contenir les colons amricains sur la cte atlantique et se constituer un empire nord-amricain qui s'tend de laNouvelle-France (le Qubec actuel) jusqu'en Louisiane,en passant par les Grands lacs et la valle du Mississipi2.


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Le fort taux de natalit des colons franais du XVllesicle, devenus aprs deux gnrations des Canadiens,assure ledveloppement de cette colonie qui comptait quelque

70,000 habitants au moment de la conqute anglaise duterritoire de la Nouvelle-France en 1760. la mmepoque, la population des 13 colonies amricainess'levait 1,6 million d'habitants.

Pour les fins de comparaison avec l'lnde, il importede situer la Nouvelle-France dans le cadre du premierempire colonial franais3. On peut, ds lors, tablir lespremiers liens indirects avec l'lnde. En effet, Colbert,

ministre de Louis XlV, cre deux compagnies pourassurer le monopole du commerce franais en 1664. LaCompagnie des lndes occidentales s'intresse la traitedes fourrures au Canada et au commerce du sucre danstes Antilles4. Paralllement, la Compagnie des lndesorientales a pour but de concurrencer les Anglais et lesHollandais pour le commerce du coton, de la soie, du thet des pices et s'installe Pondichry, devenu comptoirfranais en 1674. Des tudes seraient ncessaires pourmieux connatre la nature des changes commerciaux ausein de l'empire colonial franais, mais il est certain queles colons canadiens de l'poque n'avaient pas lapermission de commercer directement avec l'lnde nid'importer directement des produits indiens puisque cedroit relevait uniquement de la mtropole.


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Armoiries de la Compagniedes Indes orientales

Armoiries de laCompagnies des Indesoccidentales

Malgr l'norme distance, un destin crois lie Pondichryet la Nouvelle-France. En.1759, l'arme britanniqueassige Qubec et s'empare de la ville. L'anne suivanteles troupes franaises capitulent et quittent dfinitivementle pays. En 1761, c'est au tour de Pondichry de tomberaux mains des Anglais. En 1763, le trait de Paris restituePondichry la France, qui cde, par ailleurs le Canada l'Angleterre, lui prfrant ses lucratives colonies

sucrires aux Antilles.

Vue imagine de Pondichry au XVlllesicle.Muse de la Compagnie deslndes. Lorient.

Vue de Qubec vers 1761, par RichardShort


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Dans ces affrontements entre deux empirescoloniaux, la Grande-Bretagne l'emporte. Ledveloppement de son empire marquera une nouvelletape dans les rapports entre l'lnde et le Canada. En

effet, comme le souligne juste titre l'historien SergeGranger, l'Angleterre a eu recours des coloniss pouragrandir et grer son empire. Puisque le Qubec intgreIe systme colonial britannique sensiblement en mmetemps que l'lnde, une mobilit entre les deux rgionss'intensifie5.Cette mobilit s'observe d'abord au plus haut niveaupuisque plusieurs gouverneurs gnraux chargs par

Londres d'administrer la colonie canadienne font carrireau sein de l'empire. En effet, les administrateurscoloniaux anglais, qui appartiennent pour la plupart l'aristocratie anglaise, sont souvent en poste dans lesAntilles anglaises d'abord, puis au Canada, avant d'trenommes en lnde, considr comme un sommet decarrire. Ainsi, Sir Alured Clarke est d'abord lieutenant-gouverneur de la Jamaque, de 1782 1790, avantd'occuper un poste similaire dans la Province of Quebec.Nomm gouverneur-gnral du Canada par intrim, pourremplacer lord Dorchester, de 1791 1792, il est chargde crer des districts lectoraux en vue de mettre surpied la premire Chambre d'assemble du Bas-Canada,issue de l'Acte constitutionnel de 1797. Sa carriresubsquente se droule en lnde o il est successivementlieutenant-gnral de l'lnde, commandant en chef Madras, puis au Bengale, brivement gouverneur-gnral

de l'lnde en 1798 et enfin commandant en chef jusqu'en18016.

Pour sa part, Sir George Ramsay, lord Dalhousie,est en poste comme gouverneur-gnral du Canada, de1819 1828. Fin lettr, on lui doit la fondation en 1823 dela plus vieille socit savante au Canada, le Quebec


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Literary and Historical Society. Aprs avoir quitt leCanada, il est nomm commandant en chef en lnde, de1829 1832.Son plus jeune fils, James Andrew Broun Ramsay,

marquis de Dalhousie (1812-1860), qui avait vcuplusieurs annes de son enfance avec ses parents Qubec, devient gouverneur-gnral de l'lnde de 1847jusqu'en 1856. C'est au cours de cette priode que lePanjab est annex l'empire britannique des lndes7.

Sir George Ramsay (1770-1838),lord Dalhousie,Gouverneur gnral du Canada,

1819-1828;Gouverneur gnral de l'lnde, 1847-1856.(Bibliothque et archives nationalesdu Qubec)

Un autre gouverneur gnral du Canada s'inscrit dans lafilire indienne. Charles Metcalfe est n Calcutta. Sonexprience dans le service civil en lnde, puis titre degouverneur de la Jamaque (1839-1842), l'avait malprpar son poste de gouverneur gnral du Canada,de 1843 1845, car il s'opposa au principe dugouvernement responsable dans le dbat qui faisait rage cette poque entre le gouverneur et son conseil d'unepart et les dputs du parlement du Canada-Uni, d'autre

part8.Lord Elgin, quant lui, sera beaucoup plus souple

comme gouverneur-gnral du Canada-Uni puisqu'ilintroduit la responsabilit ministrielle dans les institutionsparlementaires canadiennes en 1848. partir de cettedate, le gouverneur ne conserve qu'un droit de veto


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symbolique et la Grande-Bretagne n'intervient plus dansles affaires internes du Canada. Quant lord Elgin, aprsson dpart du pays, il est nomm Haut Commissaire enChine (1857), puis vice-roi des lndes, de 1861 jusqu' sa

mort en 18639. cette liste s'ajoute le nom du marquis Dufferin

(Frederick Temple Hamilton Temple Blackwood),gouverneur gnral du Canada, de 1872 1878, puisvice-roi des lndes, de 1884 1888. Cet aristocrateanglais a jou un rle dterminant dans la prservationdu patrimoine du Vieux-Qubec en vitant de justesse ladmolition des murs de la ville10. ll parvient faire rtablir

la porte Saint-Louis en 1878 et propose un pland'ensemble pour la mise en valeur des fortifications entenant compte du cachet particulier de Qubec. Son planprvoyait mme la construction d'un nouveau chteauSaint-Louis l'intrieur de la citadelle, mais ce plan nesera pas ralis, faute de financement. Cependant, songot pour les rsidences somptueuses et romantiques semanifeste nouveau lors de son mandat de vice-roi deslndes. On lui doit la construction du Viceregal Lodge Shimla, dans l'tat de Himachal Pradesh, au nord del'lnde.

Projet de construction d'un nouveauchteau Saint-Louis, sur les hauteursde la citadelle de Qubec prconispar le gouverneur Dufferin en 1878.

Le Viceregal Lodge, construitpar lord Dufferin sur les hauteurs deShimla, lnde, de 1884 1888.

Aujourd'hui: l'lndian lnstitute ofAdvanced Studyhttp:,//en.wikipedia.orslwiki/lndianlnstitute of Advanced Study


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Lord Dufferin, 3egouverneur gnral

du Canada, 1872-1878.

Lord Dufferin, vice-roides lndes, 1884-1888.

Le profil de carrire des gouverneurs gnraux duCanada illustre bien la mobilit administrative et militairequi existe au sein de l'empire britannique au XlXe sicle.Cette mobilit se manifeste tous les niveaux de lahirarchie. Dans le domaine militaire, des rgimentsayant servi au Canada sont ensuite expdis en lnde et

vice-versa. C'est ainsi qu'au lendemain de la guerre deSept ans (1756-1763), des bataillons quittent le Canadapour se rendre en Asie. De plus, des coloniaux ns auQubec participent aux guerres de l'empire11. On entrouve un bel exemple dans vieille famille seigneurialecanadienne-franaise des Joly de Lotbinire, allie desadministrateurs britanniques de la colonie. Edmond-Gustave Joly de Lotbinire (1823-1857) s'enrle dans

l'arme britannique en 1849. ll est post en lnde l'annesuivante, dont trois ans au Cachemire, de 1852 1855.

Aprs avoir particip la guerre de Crime, il revient enlnde en aot 1857 pour rejoindre son rgiment assig


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Lucknow, lors de la rvolte des Cipayes. C'est l qu'iltrouve la mort12.

lnspir par ce parcours, deux de ses neveux, Henri-Gustave et Alain Chartier de Lotbinire participent pour

leur part la seconde tape de la colonisation britanniquede l'lnde, celle de la construction et de l'amnagementdes infrastructures. Tous deux diplms en gnie del'Universit Bisop's qui formait au Qubec des RoyalEngineers au service de l'empire, ils exercent leurprofession en lnde. En 1892, Henri-Gustave est affect Gilgit dans le Cachemire or il est nomm assistantpremire classe pour la construction de la route qui relie

cette localit Skardu, aujourd'hui en territoirepakistanais. De son ct, Alain Chartier de Lotbinirepasse une vingtaine d'annes dans la rgion, soit de1892 1900, puis de 1905 1921, o il s'occupe destravaux d'irrigation dans la rgion de Jammu, prs deRawalpindi. Entre temps, on le retrouve dans la rgion deMysore o il uvre la ralisation de la centrale hydro-lectrique des chutes Cauvery. ll agira aussi commeconseiller pour l'lectrification de plusieurs villes dontBangalore, Chennai et Delhi13. Des recherches pluspousses permettraient sans doute de retracer d'autresmilitaires ou ingnieurs canadiens-franais qui ontsjourn en lnde durant la priode coloniale.

Par ailleurs, il est tonnant de constater que lesluttes parlementaires des Canadiens franais pourl'obtention de leurs droits politiques, linguistiques et

culturels au XlXe sicle ont eu des chos dans les milieuxrformistes et intellectuels indiens. ll en va de mme del'obtention du principe du gouvernement responsable.

On soulignera dans ces milieux que l'exemple du Canadapourrait servir de modle pour l'obtention d'une plus


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grande autonomie politique interne en lnde. Ainsi, lors dudeuxime congrs indien tenu en 1886, l'minentindianiste Rajendralal Mitra rclame pour sescompatriotes le mme traitement que celui accord aux

Canadiens franais, lesquels pouvaient suivre lesexamens de la fonction publique dans leur propre pays.

Canada is under the British Government. But herMajesty the Queen Empress does not require thatevery French subject there shall go to England topass an examination before being admitted into theCanadian service 14.

Ces quelques lments puiss dans les domainesmilitaire, politique et administratif suffisent dmontrerl'intrt qu'il y aurait explorer davantage l'histoire desrelations entre l'inde et le Qubec dans le cadre del'empire britannique t, par !a suite, au sein duCommonwealth.

Missions catholiques, dialogue interculturel et qutespirituelle

Les relations entre l'lnde et le Qubec peuvent, parailleurs, tre analyss sous l'angle culturel et religieux.On en retrace l'origine avec l'envoi des premiersmissionnaires en - provenance du Qubec. ll faut serappeler que les Canadiens franais ont particip defaon significative l'lan missionnaire de l'glise

catholique travers le monde au cours de la premiremoiti du XXe sicle, particulirement partir des annes1920. L'Amrique latine, l'Afrique subsaharienne et laChine constituent les principales rgions d'implantationde ces missions. Cependant, l'lnde et de Bangladeshattirent galement quelques communauts religieuses15.


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La communaut de Sainte-Croix (pres, frres etsurs) a t particulirement active en lnde. Fonde enFrance par Basile Moreau en 1837, elle prend racine au

Canada dix ans plus tard. Un premier groupe demissionnaires franais de cette communaut s'installe auBengale oriental ds 1853. Deux prtres qubcois sejoignent la mission de Dacca en 1888. L'appartenancecommune du Canada et de l'lnde au Commonweath allaitfavoriser l'implantation ultrieure des missionnairesqubcois en sol bengali et indien. Aprs l'indpendancede l'lnde, en 1947, la communaut de Sainte-Croix, dj

installe Chittagong (Pakistan oriental), dveloppe unemission auprs du peuple Mizo dans la rgion del'Assam, au nord-est de l'lnde. Puis, en 1959, dans le butde former un clerg catholique indien qui alimenterait cesnouveaux tablissements, la communaut dcide des'implanter Yercaud, dans l'tat de Madras. Cettedcision n'est pas sans lien avec le fait que le sud del'lnde regroupe les plus importantes minorits chrtiennesdu pays16. En 1964, Sainte-Croix possde dj descoles Yercaud et Salem, ainsi que des rsidencespour tudiants et un scolasticat Bangalore pour formerde futurs religieux. Tant et si bien qu'en 2009, lacommunaut pouvait clbrer ses 50 ans de prsencedans le sud de l'lnde17.

Dans la philosophie traditionnelle des missions travers le monde, le but tait de convertir les peuples la

religion catholique. Cette approche tait galementprsente chez les premiers missionnaires canadiensfranais en lnde et au Bengladesh avant le ConcileVatican II (1962), lequel a plutt privilgi par la suite undialogue interreligieux. Ce changement de mentalit estdj amorc dans deux pisodes d'une mission


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religieuse intitule La Bonne nouvelle produite par laSocit Radio-Canada en 1961. On y prsente letmoignage de quelques missionnaires qubcois tablisen lnde quant la ncessit de s'adapter une culture

diffrente18.

Par ailleurs, on mconnat gnralement l'impactculturel que ces missionnaires, hommes ou femmes, ontpu avoir au Qubec, particulirement avant la Rvolutiontranquille. lls ont t pour les Canadiens franais leurpremire fentre sur le monde. Dans le cas de l'lnde, lafilire des pres de Sainte-Croix est l'origine de la

fondation Montral du Centre Monchanin par JacquesLanglais c.s.c., en 1963. Ds sa cration, ce centreoriente son action vers le dialogue interconfessionnel etjoue un rle pionner dans le dveloppement des relationsinterculturelles au Qubec. l'origine, le centre tirait soninspiration des crits et de l'action du pre JulesMonchanin, un missionnaire catholique franais ayantvcu en lnde, de 1932 1957. Selon lui, il s'agissait nonde s'adapter par tactique aux coutumes de l'lnde, mais des'assimiler par amour ce que l'lnde a d'essentiel dansles modes de son exprience spirituelle, de sa pense,de sa vie consacre. Le pre Jacques Langlais ferasienne cette approche en l'adaptant au contextequbcois du dialogue interculturel, titre de directeur-fondateur du Centre Monchanin durant sept ans (1963-1970) et comme cofondateur et rdacteur des revuesOrient (1953-1969) et Studies in Religions/ Sciences

religieuses (1971)19. Le centre puisera aussiabondamment dans la philosophie de Raimon Panikkar,un pionnier du dialogue interreligieux hindou-chrtien20.

La Revue Monchanin, qui devient par la suite lnterculture,comptera ce philosophe parmi ses collaborateurs


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rguliers. Dans le but de mieux reflter la diversitethnoculturelle croissante du Qubec, le centreinterculturel Monchanin modifie son nom en 1990 pourdevenir l'lnstitut interculturel de Montral. Robert Vachon

succde Jacques Langlais comme directeur en 1970. llest lui-mme remplace par madame Kalpana Das,originaire de l'lnde, depuis 197921.

Les trois directeurs successifs del'lnstitut interculturel de Montral (de g. d.) : madame Kalpana Das (1979- ,le preJacques Langlais c.s.c.

fondateur (1963-1970) etRobert Vachon (r,970-1979).Photo : lnstitut interculturel deMontral

Le professeur Fernand Ouellet del'Universit de Sherbrooke(1er gauche), accompagn destagiaires qubcois et d'htesindiens, janvier 2009. Collection

Fernand Ouellet

Une autre exprience de dialogue interculturelmrite d'tre souligne, soit celle du professeur FernandOuellet, dans le cadre du programme de matrise ensciences humaines des religions de l'Universit de

Sherbrooke. Ce programme qui comprend un cours surl'lnde et un sjour sur le terrain prcd d'une recherchesur un sujet pertinent avait pour but de former desenseignants pour le rseau scolaire qubcois quiseraient en mesure de sensibiliser leurs lves laconnaissance et l'exprience des diverses religions.


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Pour sa part, Fernand Ouellet s'intressera plusparticulirement l'tude de l'hindouisme, dubouddhisme et de l'islam. Ds 1977, il organise cet effetune srie de stages en lnde afin de familiariser ses

tudiants et futurs professeurs aux cultures et religions del'lnde. Au total, quelque 125 stagiaires qubcois rpartisen petits groupes ont ainsi pu bnficier d'un tel un sjourdans le nord et le sud de l'lnde, entre 1977 et 2009. ll est,par ailleurs, intressant de noter que Fernand Ouellet estle seul Qubcois avoir traduit de l'hindi au franais desuvres du clbre crivain indien Munshi Premchand(1880-1936)22.

D'autres universits qubcoises offrent uneformation similaire qui a pour objectif de sensibiliser lestudiants aux cultures et aux religions sud-asiatiques. l'Universit du Qubec Montral, cette formation dedeuxime cycle qui comprend galement trois semainesd'initiation sur le terrain en Inde est sous la responsabilitdu professeur Mathieu Boisvert du dpartement dessciences des religions23. De son ct, l'Universit McGilla dvelopp au fil des ans l'un des plus vastes ventailsde programmes d'enseignement sur les religionsasiatiques en Amrique du Nord, incluant l'hindouisme etle bouddhisme tant au niveau de la matrise que dudoctorat24.

Un orientalisme la qubcoise?

On peut situer dans le prolongement du dialogueinterculturel la question de l'orientalisme en Occident.Dans son livre Orientalism, Edward Sad dfinit l'Orientcomme une invention europenne associ aucolonialisme et l'imprialisme25. Dans quelle mesure lescrits qubcois sur l'lnde s'inscrivent-ils dans


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l'orientalisme occidental? ll faudrait, pour rpondre cettequestion, reconstituer et analyser le corpus des crits desmilitaires, des voyageurs et des missionnaires du XIXe

sicle et de la premire moiti du XXe sicle. Par ailleurs,il faut attendre le milieu des annes 1970 pour voirrapparatre l'Orient dans la littrature qubcoise,selon Serge Granger26.

Dans une intressante tude qu'elle consacre unedizaine de romans qubcois rcents, Vijaya Raoconstate que le corpus qubcois dgage une

reprsentation quasi inconsciente d'une lnde indoue, ose ctoient spiritualit et rotisme, comme pour la plupartdes textes occidentaux. Cet imaginaire littraire atendance passer sous le silence l'lnde multiculturelleavec ses minorits musulmanes et chrtiennes. Sicertains traits du discours colonial sont prsents dansl'criture qubcoise, l'orientalisme qubcois prsente,selon Vijaya Rao, certains traits originaux. En effet,compte tenu de l'histoire du Qubec franais, marqu parle colonialisme et une forme de dsappropriation, lediscours qubcois sur l'Orient prend ses distances parrapport au discours britannique caractreethnocentrique et parfors arrogant. ll s'identifie pluttavec la victime, le faible ou le protagoniste hsitant27.

Les relations commerciales entre !e Qubec et l'lnde

Une autre approche pour l'tude des relations entre leQubec et l'lnde fait rfrence l'conomie et auxrelations commerciales. Ces relations sont anciennespuisque Qubec constituait le port d'entre au Canadades produits indiens, comme le th, les pices et lestissus, imports par l'East lndia Company, l'poque du


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rgime anglais28. On pourrait reconstituer ainsi l'histoirede ces liens commerciaux au cours des XlXe et XXesicles, bien qu'ils occupent une place marginale dans lecommerce international du Qubec.

L'lment nouveau qui est apparu rcemment dansl'volution des relations conomiques entre le Qubec etl'lnde concerne l'intervention de l'tat qubcois dans ledossier. En vertu de la constitution canadienne, leQubec dispose de certains pouvoirs dans le domaine del'conomie, de l'ducation et de la culture qu'il a cherch prolonger sur la scne internationale depuis les annes

1960. Ces relations se sont d'abord dveloppes avec laFrance et la Francophonie, sans oublier les tatsamricains, en particulier ceux de la Nouvelle-Angleterre.Par ailleurs, la recherche de nouveaux marchsd'exportation a amen le Qubec, par l'intermdiaire deson ministre des Relations internationales, tablir desdlgations et des bureaux dans diffrents paysd'Europe, d'Amrique latine et d'Asie. En 1990, parexemple, le Qubec possdait des antennes Tokyo,Hong Kong, Bangkok et Singapour, mais aucunereprsentation en lnde. Le bureau de Mumbai n'a tcr qu'en 2006, l'anne o le premier ministre duQubec Jean Charest a effectu une premire missioncommerciale en lnde, accompagn d'une trentaine dedlgus du secteur industriel. Situ l'intrieur duConsulat gnral du Canada Mumbai, ce bureau n'avritablement pris son envol qu'aprs la nomination de

son premier chef de poste, monsieur Benot-JeanBernard, le 30 octobre 2007.

La volont du gouvernement du Qubec deconsidrer l'lnde comme une nouvelle prioritconomique avec d'autres pays mergents comme laChine et le Brsil tient videmment au potentiel des


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changes envisags au niveau commercial et industriel,notamment dans le secteur de l'environnement, desbiotechnologies et des infrastructures de transports et decommunications29. Cet intrt s'est traduit par une

seconde mission qubcoise compose de 130reprsentants des milieux d'affaires, de l'ducation et dela recherche, prside par le premier ministre JeanCharest. La dlgation a visit les villes de Mumbai,Bangalore et Delhi, du 31 janvier au 6 fvrier 201030.Mme si l'lnde n'est qu'au 14e rang des partenairescommerciaux du Qubec, il est intressant de noter queles exportations du Qubec en lnde ont augment de

54% en 2008, par rapport l'anne prcdente, pouratteindre 427 millions de dollars31. Du ct indien, degrandes entreprises comme Tata ont pris pied Montral32.

Le premier ministre du Qubec, Jean Charest, avec ungroupe d'tudiantes de l'Universit de Mumbai, lors deson second voyage en lnde, le lerfvrier 2010. PhotoGouvernement du Qubec


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L'une des contributions originales du Qubec dansle domaine des relations internationales concerne sonimplication active dans la constitution d'un rseau des

tats fdrs. Grce ce rseau, le Qubec a puconclure des ententes internationales dans le champ deses comptences constitutionnelles avec divers tatsfdrs d'Europe et d'Amrique33. La seconde mission duQubec en lnde a d'ailleurs t l'occasion de conclureune premire entente de coopration entre le Qubec etl'tat de Maharashtra34.

L'avenir des tudes qubcoises en lnde

Le dveloppement des tudes qubcoises en lnde estrelativement rcent et s'explique par divers filiationsinstitutionnelles et disciplinaires. Les professeurs RorneyBorges, Ramaya Kichenamourty et K. Madanagobalaneen ont rappel les origines dans deux articles publisdans Globe, la Revue inteinationale d'tudesqubcoises en 200135. On peut identifier. deux sourcesprincipales l'origine de cet intrt des universitairesindiens pour le Qubec et le Canada franais en gnral.D'abord la filire anglophone. Les programmes desCommonwealth Studies qui existaient dans lesdpartements d'anglais des universits indiennes dansles annes 1960, puis la cration du Shastri lndo-Canadian Institute, en 1968, ont favoris la cration d'unpremier centre d'tudes canadiennes la M.S. University

of Baroda, en 1982, puis de Indian Association forCanadian Studies, en 1985. Cinq ans plus tard,l'Universit de Baroda organisait un premier sminaireinternational intitul National ldentity and FrenchCanadian Literature) (5-7 janvier 1990). Cet vnementa, par ailleurs, permis d'tablir un lien avec le Centre


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d'tudes franaises et francophones de la JawaharlalNehru University (JNU) de New Delhi qui avait, de sonct introduit un programme d'tudes canadiennes-franaises en 1987. Plusieurs universitaires qubcois,

principalement en littrature, ont t invits JNU par lasuite36.

Compte tenu du fait que les rseaux anglophonesd'tudes canadiennes ne s'intressaient quemarginalement aux tudes qubcoises, la filirefrancophone du milieu universitaire et collgial indien asenti le besoin de dvelopper ses propres rseaux pour

dvelopper les tudes qubcoises partir des annes1990. ll n'y a pas de doute que le Centre d'tudesfranaises et francophone de JNU a jou un rle pionnierdans ce domaine, tout en s'associant d'autresdpartements de franais, particulirement dans le nordde l'lnde. C'est, en effet, de JNU qu'ont t produites lespremires thses consacres la littrature qubcoise,soit celles de Vijaya Rao sur Michel Tremblay et d'AbhijitKarkun sur Jacques Godbout37. De son ct, le ministredes Relations internationales du Qubec a fourni unsoutien financier au cours des annes rcentes pour lamise sur pied d'un centre de documentation sur leQubec JNU.

Par ailleurs, les dpartements d'tudes franaisesdes universits de Madras et de Pondichry ontgalement t actifs pour faire connatre et tudier la

littrature qubcoise dans le sud de l'lnde, notammentpar la publication de recueil de textes en franais ou entraduction tamoule38. Cette action a t renforce parl'implication de l'lndian Association for Teachers in Frenchqui a considr que l'introduction de la littraturequbcoise dans l'enseignement constituait un moyen de


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maintenir, voire d'largir, l'intrt pour l'tude du franaisen lnde. D'autant plus que la position du franais est plusou moins menace de marginalisation la suite de lanouvelle politique d'enseignement des langues en lnde,

qui relgue le franais derrire l'hindi, l'anglais et leslangues rgionales.

Conclusion et perspectives

Ce tour d'horizon, forcment incomplet, des relationsentre le Qubec et l'lnde dmontre la fois l'anciennetet la nouveaut de ces rapports. Aussi loin que l'on peut

remonter dans l'histoire, il existe des traces de cesrapports. lls s'inscrivent dans le cadre d'empirescoloniaux, d'abord franais, puis britannique, mais lesliens demeurent indirects avant l're des indpendances,puisque l'lnde et le Canada demeuraient des socitscolonises et contrles par une mme mtropole. Cestatut de dpendance n'a pas empch certains individusde se construire une carrire au sein de l'Empirebritannique au niveau de l'administration coloniale, del'arme ou du gnie civil. ll est, par ailleurs tonnant deconstater que certains vnements politiques survenusau Canada franais - comme la lutte pour la languefranaise et celle en faveur du gouvernementresponsable, voire la rbellion de Louis Riel dans le Nord-ouest - ont eu des chos dans les milieux nationalistesindiens au XlXe sicle.

Quant aux relations plus directes entre le Qubecfrancophone et l'lnde, elles sont plus rcentes. Sansdoute pourrait-on remonter aux annes 1920 pour enretracer l'origine avec les missions catholiquescanadiennes-franaises en lnde. Ce premier contactinterculturel s'est transform au fil des dcennies, et plus


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particulirement depuis les annes 1960, au point d'avoirun impact en retour sur le dialogue interreligieux etinterculturel au Qubec, devenu entretemps une socitlaque.

La nouvelle relation en construction entre le Qubec etl'lnde a d'abord t de nature culturelle avant d'treconomique. Du ct qubcois, des intellectuels, desprofesseurs, des crivains, des artistes ou de simplesvoyageurs en qute de spiritualit, d'altrit ou dedpaysement ont voulu faire l'exprience personnelle del'lnde. On pourrait, cet gard, analyser l'volution des

perceptions de l'lnde travers ces itinraires personnelsou celle des mdias qubcois. Mise part la questionde la religion et de la spiritualit, une telle recherchedmontrerait sans doute que l'image de la socitindienne s'est radicalement transforme depuis lesannes 1950, alors que le pays luttait contre le sousdveloppement, jusqu'au tournant du XXle sicle quicorrespond une socit moderne propulse par uneconomie mergente.

D'une faon gnrale, les tudes sur l'lnde auQubec ont surtout t le fait des universitsanglophones jusqu'ici. L'Universit McGill possde, eneffet, une longue tradition dans ce domaine avec sesprogrammes d'enseignement sur les East Asian Studies,au sein de la facult des Arts, ceux de l'Asian ReligionArea de la facult d'tudes religieuses, de mme qu'avec

ses recherches l'lnstitute for the Study of lnternationalDevelopment, et au Centre for East Asian Studies39.L'Universit Concordia a galement dvelopp de solidesliens avec plusieurs universits indiennes dans ledomaine du gnie, des technologies de l'information etdes communications, de l'nergie, de l'environnement et


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des arts. Sans compter que 5% de son corps professoralrgulier est natif de l'lnde et qu'entre 300 et 350 tudiantsinscrits l'universit possdent la citoyennet indienne40.La barrire de la langue constitue-t-elle un obstacle au

dveloppement des tudes sur l'lnde dans les universitsfrancophones du Qubec et l'change d'tudiants dansune perspective interinstitutionnelle? Toujours est-il qu'l'exception des tudes en sciences humaines desreligions, la recherche sur une base institutionnelle ydemeure encore embryonnaire.

Pour approfondir l'histoire et l'tat actuel des

relations entre le Qubec et l'lnde, de nouvellesrecherches s'avrent ncessaires, notamment dans ledomaine commercial, politique et social. La prsencerelativement rcente Montral d'une communautindienne issue de l'immigration a dj fait l'objet d'unepremire recherche qui, en dpit de la barrirelinguistique, dmontre une certaine convergence entre laproblmatique de l'identit qubcoise et celle de cettecommunaut autour de la question de l'autonomiepolitique. De cette interaction, crit Anna Maria Fiore,nat une nouvelle appartenance multiple qui combine deslments de la culture d'origine et ceux de la socitqubcoise41.

Les tudes compares et les regards croiss entrela socit qubcoise et la socit indienne dans ledomaine, conomique, social, littraire et artistiques ont

appels se multiplier au cours des annes venir.L'mergence du champ des tudes qubcoises en lndeen constitue d'ailleurs un tmoignage rcent.

Par ailleurs, d'une faon plus gnrale, cette vued'ensemble rvle que les rapports historiques ou


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contemporains entre la socit qubcoise et la socitindienne ne procdent pas d'un foyer unique, mais qu'ilss'inscrivent l'intrieur de rseaux spcifiques etgnralement parallles : professeurs indiens de

littrature ou de franais langue seconde, universitairesou enseignants qubcois (francophones ouanglophones) qui s'intressent la culture ou lareligion, entrepreneurs qubcois qui souhaitent faire desaffaires avec l'lnde, etc. De toute vidence, les relationsentre le Qubec et l'lnde demeurent un chantier enconstruction en ce dbut du XXle sicle.

Notes1 Population totale en 2008: lnde: 1,147,995,000 personnes;Qubec : 7,828,879 personnes.

2 Sur cette question des alliances voir: Denys Delge, Les Premires Nations et laGuerre de la Conqute (1754-1765), Les Cahiers des Dix, no 63 (2009) : pp. 1-67.

3 Le premier empire colonial franais se dveloppe du XVIe sicle jusqu' dbut duXlXe sicle et s'achve avec la vente de la Louisiane par Napolon (1804) etl'indpendance d'Haiti (1804). Le second empire franais s'tend de la conqute del'Algrie (1830) jusqu'au mouvement de dcolonisation des pays africains, au cours

des annes 1960.4 La Compagnie des lndes occidentales (1664-1674) est remplace, par la suite pard'autres compagnies dont la plus stable est la nouvelle Compagnie des lndesoccidentales (1718-1760).

5 Serge Granger, Les Lotbinire au Cachemire avant la premire guerremondiale, Synergie - lnde, no 3 (2008) : p.130.

6 Sir Alured Clarke (1745-1832), Dictionnaire biographique du Canada en ligne :http://www.biographi.calindex-f.html

7

Marjory Whitelaw, d., The Dalhousie Journals, Ottawa, Oberon, 1978-1980.8 Charles Metcalfe, baron (1785-1846), Dictionnaire biographique du Canada enligne.

9 James Bruce, 8e comte d'Elgin 1811-1663), Dictionnaire biographique du Canadaen ligne.


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10 Georges Drolet, The mighty Empire. Lord Dufferin's 1875 Embellish, Bulletin,Society for the study of architecture in Canada / Socit pour l'tude del'architecture au Canada,vol.21, no 1 (mars 1996) : p.78-23.

11 Serge Granger, Le recherche historique sur les relations entre l'Asie et le

Canada d'avant 1850, lnternational Journal of Canadian Studies, vol. 31 (2005) :p.770.

12 Serge Granger, Les Lotbinire au Cachemire avant la premire guerremondiale, op. cit., p. 134.

13 Ibid, p. 137.

14 lndian National Congress, Report of the Proceedings of the Second lndianNational Congress, Calcutta, 1886. Cit dans: Serge Granger, lbd, p.733.

15 Sophie-Laurence Lamontagne, La mission sans frontire, dans Muse du

Qubec, Le Grand hritage. L'glise catholique et la socit du Qubec, Qubec,1984, p. 171-209; Lionel Groulx, le Canada franais missionnaire, Montral,dltions Fides, 1962. Sur l'lnde et le Pakistan : p.199-229.

16 En 1952, la pointe sud de l'lnde comptait 78% des 5,500,000 indiens catholiquesrpartis dans les tats du Mysore, de l'Andhra Pradesh, du Kerala et de Madras.Voir : Denis Prescott, c.s.c. Sainte-Croix en Asie. Dossier Orient (revuemissionnaire des pres de Sainte-Croix), Montral, no 335 fianvier- mars 2010) :p.5-22. (Prsence de cette communaut dans le sud de l'lnde, de 1969 2010).

17 Denis Prescott, op. cit., p.17.

18 Les archives visuelles de Radio-Canada permettent de visionner en ligne cesdeux pisodes qui ont valeur d'anthologie Le travail de missionnaires en lnde,mission La Bonne Nouvelle, 23 juillet 1961, anim par Jean Pellerin et le preLouis-Marie Rgis, o.p.,

Archives de Radio-Canada :http://archives.radio-canada.ca/emissions/908-6289/page/1/Propager la foi par l'aide la population,6 aothttp ://archives. radio-canada.calemissions/908-6290

19 Jacques Langlais, Du village au monde. Autobiographie, Montral, ditions Carteblanche, 2000, p. 157 -15?; 235-237.

20

Biographie de R. Panikkar: http://www,raimonpanikkar.orglfrancese/biografia-intellettuale-2.html

21 Voir le site Web de l'lnstitut interculturel de Montral :http://www,iim.qc.ca/index.html

22 M. Premchand : Deux amis et autres nouvelles, Paris, L'Harmattan, 1996;Dlivrance, L'Harmattan, 2000; Godan. Le don d'une vache, L'Harmattan, 2006; (en


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collaboration avec Andr Couture et al.), La marche vers la libert,L'Harmattan,2009.Entrevue tlphonique de Fernand Harvey avec Fernand Ouellet,Qubec, 27 avril 2010.

23http://www.international.uqam.ca/pages/uqam inde.aspx

24http://ara.mcgill.ca

25 Edward Said, Orientalism, London, Routledge & Kegan Paul, 1978, p.1.

26 Serge Granger, Les coureurs de l'Extrme-Orient. Visions de l'Ailleurs avant laRvolution tranquille, dans Mounia Benalil et Janusz Przychodzen, dir., ldentithybrides. Orient et orientolisme ou Qubec, (coll. Paragraphes), Montral,Dpartement des littratures de langue franaise, Universit de Montral, 2006,p.37.

27 Vijaya Rao, Orientalisme qubcois et reprsentation hindoue, dans MouniaBenalil et Janusz Przychodzen, dir., ldentit hybrides, op. cit., p.71.28 Voir Serge Granger, Le recherche historique sur les relations entre l'Asie et leCanada d'avant 1850, op. cit., p. 170. Voir aussi : Yvon Desloges, Au rythme desmares : Qubec et son conomie, 1608-1791, dans Marc Vallires et al., Histoirede Qubec et de sa rgion, Quhec, Presses de l'Universit Laval, 2008, p. 127.

29 Politique internationale du Qubec. Plan d'action 2009-2014, Qubec, 2009, 25p.Voir : www.mri.qouv.qc.ca

30 la conqute de l'lnde. Entrevue avec Pierre Arcand (Ministre des Relationsinternationales du Qubec), La Presse, Montral, 30 janvier 2010, p. A16 - A17.

31 En 2009, Tata Communication employait 250 personnes Montral dans ledomaine des tlcommunications.

32 Qubec@monde, vol. 6, no 1 (fv. 2010).

33 L'Observatoire de l'administration publique - NAP en coll. Avec Nelson Michaudet Marc T. Boucher, Les relations internationales du Qubec compares, Qubec,NAP, aut. 2006, 41p.

34 Les secteurs cibls par la dclaration sont : la promotion des changesconomiques, l'ducation suprleure, la collaboration en recherche et innovation, le

dveloppement durable et les changements climatiques, le tourisme et la culture.Voir:http://www.mri.gouv.qc.ca/fr/relations_quebec/asie/inde/maharashtra.asp

35 35) Romey Borges, De la ncessit d'exploiter et de valoriser l'intrt croissantpour les tudes qubcoises en lnde, Globe. Revue internationale d'tudesqubcoises (Montral), vo. 4, no 2 (2001) : p. 343-359; Ramaya Kichenamourty etK. Madanagobalane, Rapport sur la situation des tudes qubcoises dans


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quelques centres d'tudes franaises en lnde, Globe, Revue internationaled'tudes qubcoises, vol. 4, no 2 (2001,l : p.362-372.

36 Fernand Harvey, Les tudes qubcoises et canadiennes-franaises dans lesuniversits indiennes. Rapport d'une 2" tourne de confrence de Fernand Harvey,

7-21dcembre 1991, Qubec, lnstitut qubcois de recherche sur la culture, mars1992.

37 Vijaya Rao, Le thme de la rvolte chez Michel Trembloy, mmoire de matrise,JNU, 1988; Vijaya Rao, Le monde des morginaux dans l'uvre de Michel Tremblay,thse de doctorat, JNU, 1995; Abhijit Karkun, L'homme en lutte dans les uvres deJocques Godbout et Kateb Yacine : une tude compore de Salut Galarneau(J.G.) et Nedjmo (K.Y.), mmoire de matrise, JNU, 1990.

38 titre d'exemple : K. Madanagobalane, R. Kichenamourty, R. Venguattaramane,S. Panniselvame et N.C. Mirakamal, lntroduction la littrature qubcoise. Auteurschoisis, Chennai, Samhita Publications, 2010, 159p. ; Anthologie de lo nouvelle

qubcoise actuelle, tablie et prsente par Gilles Pellerin. Textes recueillis ettraduits en tamoul par K Madanagobalane et R. Kichenamourty, Chennai, SamhitaPublications, 2008, 136p.

39http://sea.mcgill.calresources/info/other.php

40http://mediarelations.concordia.ca/pressreleases/archives/2010/02/quebec_trade_mission_solidifie_1.php

41 Anna Maria Fiore, Parcours identitaires croiss: Le cas des immigrants de l'Asiedu Sud,au Qubec, Synergie-lnde, (Revue du GERFLINT), Numro spcial sur le

Qubec, sous la direction de Vidya Vencatesan et Vijaya Rao, Paris, no 3 (2008) :p.37.

Documents

Harvey, F. - Le Québec et l'lnde: Jalons historiques et contemporains d'une relation en construction, 2010