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{
HENRY-EMILE CHEVALIER ET LE FEUILLETON CANADIEN-FRANCAIS
(1853-1860)
par
Claude Beauchamp
mémoire présenté à la
Faculté des études supérieures et de la recherche
dans le cadre de l'obtention
du diplôme de
Maîtrise ès arts
Département de langue et littérature françaises
Université McGiII, Montréal
juillet 1992
© Claude Beauchamp, 1992
RESUME:
Proscrit par le Coup d'Etat du 2 décembre 1851 en France, Henry-Emile
Cheval:er débarque à Montréal en mars 1853. Dès son arrivée, il s'active dans
le réseau journalistique de Montréal ainsi qu'à l'Institut canadien de Montréal.
En mars 1853, B s'associe à Georges-Hlppolythe Cherrier qui vient de fonder la Ruche littéraire illustrée. Ce mémOire propose une biographie plus définitive de
Chevalier, une analyse de la place de l'exotisme dans son oeuvre romanesque
canadienne <1853-1860) et de son apport au développement du f6uilleton au
Canada français.
{
A,aSTRACT:
Henry-Emile Chevalier was forc&d in exile by the December 1851 Coup
d'Etat in France. In March 1853, "e came to Montreal and joined
Georges-Hippolythe Cherrier who had just started a new periodical called 1-.a Ruche Littéraire Illustrée. In addition, dLlring his stay in Montreal, Chevalier
worked for several periodicals, was an aC\lve member of the Institut canadien
de Montréal, and wrote many novels and s~lrials depicting Canada's exoticism.
This thesis will provide the most accu rate bli\'jlgraphy of Chevalier up to date, it
will also present an analysis of the exoh .. ~ism in his novels and seriais
(1853-1860), and of his contribution to the evolution of seriais in French
Canada.
,"
~-.
Nous remercions d'une façon particulière le professeur Vvan Lamonde
qui fut un guide patient, critique et juste. \1 nous a offert une écoute généreuse
et a su "jazzer" tous ces moments qui resteront des souvenirs inoubliables d'un
travail fascinant.
Au Tricycle.
( TABLE DES MATIERES
Introduction 1
Chapitre 1: Henry-Emile Chevalier et Montréal (1853-1860) 6
Chapitre 2: La Ruche littéraire et la profession d'homme de lettres 29
Ctlapitre 3: L'exotisme dans les feuilletons et les romans de Chevalier 62
Conclusion 99
Annexe A 103
Annexe B 107
Bibliographie 124
1
A partir de 1850, la vIe culturelle de Montréal connaît un essor important.
L'élargissement du réseau scolaire, le mouvement associationniste, la
fondation de nombreuses bibliothèques et de divers lieux de diffusion du
savoir, tel l'Institut canadien de Montréal, le développement de la presse,
autant d'exemples qui permettent une expression plus large de la vie culturelle
montréalalse.
En littérature, entre 1850 et 1860, on ne fait pas encore profession
d'écrivain, même si on commence à s'Interroger à propos d'une littérature
nationale; le système de diffusion reste très restreint et étroitement lié au
journal. A cette époque, les Intellectuels canadiens-français s'Intéressent plus à
la politique et aux questions socio-économiques.
En 1853, le Français Henry-Emile Chevalier, proscrit par le Coup d'Etat
du 2 décembre en France, débarque à Montréal et s'active immédiatement
dans le milieu journalistique ainsi qu'à l'Institut canadien de Montréal. " ~e lie
rapid~ment à Georges-Hyppolite Cherrier qui vient de fonder la Ruche littéraire
et en deviendra propnétaire en 1859 Chevalier restera à Montréal de 1853 à
1860 et, durant cette période, il publiera des textes sur "histoire du Canada
français. les moeurs de ses habitants et des tribus autochtones, bref tout un
exotisme canadien-français qui fait de lUi une figure incontournable de la
littérature canadienne-française de cette époque.
On cite parfois Chevalier lorsqu'il est question des lettres canadiennes
françaises des années 1850 Quelques dictionnaires lui ont consacré une
notice biographique intéressante, mais souvent incomplète et aucune étude
véritable n'existe sur Henry-Emile Chevalier ou sur ses écnts. Chevalier milita
ardemment pour fonder une littérature nationale au Canada français et il reste
le romancier le plus productif de la décennie de 1850 au Canada français.
Dans cette mesure, "originalité première de notre travail sera de mieux faire
connaître Chevalier et ses écrits durant son passage à Montréal.
• 2
Nous avons choisi de limiter notre étude de la naissance de Chevalier,
en , 828, à son départ de Montréal, en 1860. Une étude complète Jusqu'en
1879 aurait dépassé le cadre de ce travail, en revanche, la pénode choIsie est
importante dans la mesure où c'est durant son pé::ssage à Montréal que
Chevalier développe sa conception du Canada Nous montrerons la part
importante que mérite Chevalier dans l'histoire des lettres canadiennes
françaises tant par l'Impulsion qU'II donne au roman-feuilleton
canadien-français, par son Implication dans le milieu mtellectuel de Montréal
que par ses textes qUI exploitent un exotisme canadien-français, d'où le titre de
ce mémoire: Henry-Emile Chevalier et le feuilleton canadien-français
(1853-1860).
Le premier chapitre de ce mémOire constitue la blograph'e la plus
détaillée à ce jour SUi Chevalier Nous avons passé en revue les différentes
études qui existent sur Chevalier depuis les premières biographies publiées à
Paris dans le Grand dictionnaire umyersel du XIXe siècle, de Larousse, et le
Dictionnaire universel des contempora!Os, de Vapereau, à la fin du XIXe siècle.
Ces biographies restent superficielles bien que celle de Vapereau nous
indique les collèges fréquentés par Chevalier La première étude sur Chevalier
est celle d'Edmond Lareau parue dans son HJstQm~ de la littérature
canadienne: cette étude influencera la cntique de 1874 Jusqu'à l'article de
Beatrice Corrtgan paru en 1944 Lareau sera le premier à saisir l'importance de
Chevalier pour les lettres canadiennes-françaises, mais des préjugés contre le
genre et parfois l'homme l'empêchent d'être objectif En 1910, Edouard-Zotique
Massicotte publiera "Emile Chevalier et Montréal vers 1860" dans La Revue
populaire. Cet article reprendr3 à son compte la cntlque de Lareau, mais Il reste
très superficiel en plus de mal situer les relations familiales de Chevalier. La
seule véritable étude sur Chevalier est l'esqUisse biographique et analytique
de Beatnce Corngan parue dans The Romantic Revlew sous le titre: "Henn
Emile Chevalier and his Novels of North America" Corngan dresse la première
3
bibliographie des oeuvres de Chevalier et offre un premier regard objectif sur
l'homme et ,'oeuvre Il faudra ensuite attendre les années 1960 avant de
retrouver quelques notes mtéressantes sur Chevalier Davld-M Hayne et Paul
Wyczynskl, dans les Archives des lettres canadlenne.s, seront les premiers
cntiques modernes à montrer "Importance de Chevalier pour le genre
romaneSQue au Canada français Les différentes notices biographiques
publiées entre-temps resteront superfiCielles et parfoIs fautives, Jusqu'à la
notice de Marc La Terreur du Dictionnaire blQgraphiQue QU Canada. Depuis
cette notice et celle du Dictionnaire des auteurs de l'AmériQue du Nord,
Chevalier est mieux connu En 1984, dans Les Romanciers français et le
Canada et , en 1986, dans "Avant Agaguk, deux romans esql.llmaux éCrits par
des Français", Paulette Collet est la première à amener des pistes d'analyse
différentes en centrant son propos sur l'exotisme de Chevalier. Or, comme il
n'est pas l'objet principal de son étude, l'analyse reste au ",veau de l'esquisse.
En 1984 également, Lise Gaboury-Dlallo tentera une analyse dans un article
Intitulé. "L'Exotisme chez Henn-Emile Chevalier", mais son propos a le
désavantage malheureux de chercher à en cerner trop; elle n'offre aucune piste
nouvelle. Notre étude sera donc la première à analyser en profondeur le
passage et le travail de Chevalier à Montréal.
Afin de cerner l'Implication sociale de Chevalier à Montréal, nous avons
dépouillé' le Courrier des Etats-Unis, du 3 avril 1851 au 12 mars 1853, dans le
but d'y allalyser le travail de Chevalier dès son arnvée à New York, en mai
1852, jusqu'à son départ pour Montréal, en mars 1853. Nous avons ensuite
dépouillé les Journaux montréalais sUivant: la Ruche littéraire, de février 1853 à
JUin 1859, le Pays, du 1 er janvier 1853 au 2 novembre 1859; la Patrie, du 26
septembre 1854 au 17 JUillet 1858 - ainSI que l'édition hebdomadaire du 13 juin
1857 au 17 Juillet 1858; 1aMQO!teur canadien, du 1 er Janvier 1853 au 4 octobre
1855; la Minerve, sporadiquement entre le 1 er Janvier 1853 et le 1 er janvier
1855, et, finalement, la Guêpe, du 11 févner 1858 au 23 novembre 1860. Nous
• 4
avons aussi parcouru les archives du fonds de l'InstItut canadien de Montréal,
de 1853 à 1859 inclusivement, afin de cerner l'Implication de Chevalier à
l'Institut. Le Pays, qui rapporte le compte rendu des réunions de l'Institut, nous
fut aussi très utile.
Le second chapitre explique ce qu'est .Ia...Bl.l2e littéraiIe et quelle part y
occupe Chevalier. Nous y évaluons l'apport de Chevalier grâce à une table des
matières de cette publication que nous avons dressée (Annexe B) On trouvera
aussi une lIste des journaux parus à Montréal entre 1830 et 1860, liste qui nous
a permis de situer la Ruche littéraire (Annexe A). Ce chapitre se termine par la
conception personnelle de Chevalier sur le travail de journaliste et, plus
généralement, sur le travail d'écrivain au Canada français avant 1860.
Finalement, le troisième chapitre traitera de l'ensemble des textes que
Chevalier produisit durant son séjour à Montréal. Nous montrerons que ses
écrits font la promotion d'un exotisme canadien~françals et qu'ainsi il est le seul
romancier au Canada français, entre 1853 et 1860, à s'inspirer presque
exclusivement des particulantés de la société canadienne. Il devient ainsi le
premier romancier à favoriser une littérature nationale de façon active et c'est
dans cette mesure qu'il mérite une place dans l'histoire de la littérature
canadienne~ française du XIXe siècle
Dans ce travail, nous présentons Henry-Emile Chevalier de la façon la
plus complète jusqu'à présent. En plus de notre étude, le lecteur trouvera, à la
fin de ce travail, l'état présent des études sur Chevalier ainsi que la
bibliographie la plus exacte de sas productions
Afin de simplifier la lecture, nous avons choiSI d'uniformiser le titre de la
Ruche littéraire. Au début de la publication en 1853. Cherrier avait choisi
d'intituler sa revue la Ruche littéraire illustrée. Pour des raIsons économiques,
elle deviendra la Ruche littéraire et PQlitlQu~ Jusqu'à son premier arrêt en
janvier 1855 Lorsqu'ils €;n reprennent la publication, en 1859, Chevalier et
5
Cherrier l'intitulent plus simplement la Ruche littéraire. A moins d'indications
contraires, nous avons généralement utilisé le titre la Ruche IiUéraire.
Nous aimerions profiter de l'occasion pour remercier madamô- Sarah
Montgomery, archiviste de référence des Archives nationales du Canada, qui
nous a offert si gentiment son aide, et monsieur Roger Le Moine qui nous a
fourni quelques renseignements sur la franc-maç-:Jnnerie.
(
(
6
Gabriel Chevalier, marchand tanneur, et Geneviève Adrienne
Chauchefoin se marièrent le 10 mai 1819 à Gigny, département de l'Yonne en
France. Sept ans plus tard, elle donnait naissance à Jean-Baptiste-Henry-Emile
Chevalier, le 13 septembre 1828, à deux heures du matin dans la demeure
familiale à Châtillon-sur-Seine. Un oncle Chevalier ainsi qu'un oncle
Chauchefoin étaient présents'.
Henry-Emile Chevalier fit ses études aux collèges de Châtillon-sur-Seine,
de Chaumont et de Troyes. En 1847, il s'engagea comme volontaire dans les
dragons. Déjà, à cette époque, il collabore à divers journaux et, en 1851, il
fonde le Progrès de la CÔte-d'Or2 . Dans sa dédicace de la "Huronne de
Lorette", on apprend qu'il prit aussi part avec Lucien Coutant, homme de lettres
et président de la Société de sphragistique de France (SOCiété intéressée par
les sciences naturelles), à des travaux en archéologie3 . A la suite du coup
d'Etat du 2 décembre 1851 en Fr ance, il fut emprisonné à Dijon - à cause d'un
article trop virulent - et puis exilé. Chevalier parle quelquefois dans ses
productions de l'exil et de la prison: ccSoyez sans inquiétude, mademoiselle; je
ne suis ni un fripon, ni un faussaire; mais j'avais été incarcéré pour délit
politique [H']», rétorque Alphonse à Angèle dans le Pirate du St-Laurent après
qu'elle l'eût recueilli et soigné4. Chevalier souffrit de la prison, mais encore plus
de l'exil: où qu'il aille. il se dira toujours Français et parlera de l'Europe
comme de son lieu d'appartenance: ccOn dit que l'amour du lieu qui nous vit
naître est un préjugé, mais crions-le de toutes nos forces, c'est un magnifique
préjugé, supérieur, à notre sens, aux plus nobles affections.,,5
Vers le milieu du XIXe siècle, la cÔte orientale américaine se présente
comme le refuge des exilés. Pour plusieurs, les Etats-Unis représentent à
l'époque la république modèle si on fait abstraction de l'esclavage. Plusieurs
.. 7
cOMmunautés: juive, polonaise, anglaise, française et italienne, s'établissent
dans les villes côtières - surtout New York - et y recréent un milie'J quasi
européen:
The bulk of immignants, probably s~eking a climate and environment similar to that of their nativity, landed at Northern ports and either settled in and about the large coastal cities [ ... ). Aliens constituted about the third of the mid-century population of Boston and Philadelphia and nearly half that of New-York. Into these cities man'~ of the refinements 0: Old World culture were transplanted by exiled intellectuals.6
Arthur Charles Cole fait une observation intéressante: il y avait plus de
54000 Français en 1850 aux Etats-Unis; tout près de 20 000 sont arrivés
vers 1851. De ce nombre, écrit Cole, «Sorne had been refugee
revolutionnists resident in England, whom the French government wisely
furnished with funds to proceed to more distant shores." 7 En va-t-il de même
pour Chevalier? A-t-il fait un séjour en Angleterre, lui qui affectionnait
particulièrement Lord Byron, avant de ve"ir en Amérique? Peut-être y
aurait-il perfectionné ses connaissances de la langue anglaise, ce qui lui
aurait permis plus tard de faire de la traduction en Amérique?
La période qui s'étale entre la sortie de prison de Chevalier et son
arrivée aux Etats-Unis reste encore nébuleuse. Du reste. il arrive à New
York dans une communauté francophone très importante et aussi, bien
organisée:
Des Français. que leur dévouement à la liberté condamne à l'exil, vont arriver prochainement sur nos rivages: leurs compatriotes de New-York doivent se tenir prêts à les recevoir et à leur prêter secours au besoin.8
(
8
C'est en ces termes que P.A. Gerdy exposa le but d'une réunion tenue
au Shakespeare-Hotel de New York, le 14 février 1852, qui avait pour but
d'amasser des fonds afin d'aider les exilés. Il n'est pas surprenant de
retrouver l'éditeur du Courrier des Etats-Unis, Paul Arpin, comme
vice-président9 du comité, car le Courrier des Etats-Unis, alors l'un des
journaux importants d'Amérique, est avant tout républicain; les éditeurs
acceptent aussi de publier des idées différentes des leurs :
La majorité des Français aux Etats-Unis est sincèrement républicaine, et ceux qui sont bonapartistes, orléanistes ou légitimistes, reconnaissent que les Editeurs du Courrier des Etats-Unis, en gardant une conviction qu'ils expriment sans détour, ouvrent largement les colonnes de leur journal aux opinions les plus opposées à la leur. 1o
Mais le Courrier est beaucoup plus qu'un journal politique; il est le
représentant de la communauté francophone new yorkaise de l'époque, On
y trouve de tout: des faits divers, des nouvelles, des correspondances d'un
peu partout, des feuilletons (Dumas, Sand, etc.) ainsi que différentes
critiques de la vie sociale et culturelle de New York. C'est aussi un lien
entre l'Europe et l'Amérique car les dépêches qui arrivent de l'Europe par la
voie maritime sont publiées prioritairement. Comme le journal fait un compte
rendu rigoureux de ces dépêches, il tient aussi un horaire strict de tous les
bateaux en provenance de l'Europe ou partant de j'Amérique. Le Courrier,
comme plusieurs journaux de l'époque, vend des livres dont il annonce
l'arrivage par tel ou tel navire, On peut se procurer les productions récentes
de plusieurs auteurs français dont: Dumas, Sue, Hugo, Lamartine, Balzac,
Sand, Mérimée, etc. Eventuellement, il serait intéressant d'analyser
l'importance de cette plaque tournante qu'est New York en regard du
commerce et de l'approvisionnement en imprimés pour le Canada français.
9
Chevalier débarque à New York en mai 1852 : ccf ... ] En France,
j'avais travaillé à la formation de plusieurs organisations sociétaires; [ ... }
Aussi, dès mon débarquement à New-York en mai dernier. souhaitai-je
vivement voir fonctionner le North American Phalanx [ ... ]n 11. Cette
communauté que Chevalier visite vers le 9 janvier 1853 ressemble
beaucoup aux Quakers où chacun vit pour le groupe. Chevalier écrit: cc[ ... ]
L'idée de Fourrier [sic] n'était pas absolument mienne: [ ... ] Croire que le
North American Phalanx est un phalanstère comme l'a compris. développé
et tracé le grand réformateur, serait une grosse erreur [ ... ]" 12. Chevalier
n'était pas fouriériste; cependant, l'idée d'harmonie universelle rejoignait
assez bien ses vues.
Dès le 6 décembre 1852, Chevalier tient, dans le Courrier des
Etats-Unis, une chronique de critique SUI les théâtres de New York13. Il s'y
fera parfois mordant, mais généralement se limitera au simple compte
rendu. Etrangement, il signera cette chronique sous le couvert du
pseudonyme: X.Y.Z., jusqu'à sa dernière chronique qu'il signe de son nom.
Il reprendra ce pseudonyme à Montréal dans la Ruche littéraire.
A part cette chronique qu'il tient régulièrement. Chevalier ne publie.
antre son arrivée à New York et son départ du Courrier des Etats-~, le 12
mars 1853, que six articles signés dans le Courrier. Le premier texte de
Chevalier s'intitule: "Umon douanière du Midi de l'Europe"14 et est signé
Emile Chevalier. 1\ y rend compte d'un article paru dans le Constjtutjonnill
de Paris à propos de la Belgique et qui évoque une cccombinaison qui
regrouperait commercialement autour de la France la Belgique, l'Espagne
et une partie au moins de l'Italie, en laissant à chaque état la plénitude de
son indépendance politique.)) 15 Chevalier y voit un problème de taille: ces
peuples ne consentiront jamais à établir à leurs frontières le système
(
(
10
douanier français, trop prohibitif à son aVIs. Le 26 octobre 1852, il publie
sous sa signature: "De l'Aérostation"16, un article sur E. Petin et ses
découvertes sur l'aérostation. Le lendemain, 27 octobre, il publie son
premier ouvrage littéraire en Amérique, la nouvèlle : "Une première nuit de
noces"'7, qu'il signe encore Emile Chevalier. Un jeune marié fait le
cauchemar que sa femme le trompe avec son meilleur ami. Il publie ensuite
une nouvelle qui est signée Em. Chevalier et qui s'intitule : "Origine du
journalisme"18. Un jeune homme veulant épouser une jeune fille dont il est
épris doit trouver du travail afin de satisfaire aux demandes de la
belle-famille. Il décide de recueillir les nouvelles qui circulent dans la ville et
de les publier. En inventant le journalisme, il fait fortune et peut ainsi se
marier. Le 27 décembre 1852, Chevalier publie une courte biographie de
Washington sous le titre: "Ephémérides Américaines"19. Finalement, le 11
mars 1853, il publie un compte rendu de la première livraison de la Ruche
littéraire de Montréal dans lequel il féh{;ite l'éditeur Cherrier pour son travail.
Il y critique Un épisode de la vie d'un faux dévot de Lécuyer, en affirmant
que, tout en connaissant mal le "Tartuffe des bords du Saint-Laurent"20 , il
est certain que cette nouvelle est «longue, emphatique et, parfois
fastidieuse»21 et que l'auteur utilise abusivement les italiques. Enfin,
Chevalier offre à l'éditeur Cherrier tout le concours qu'il est possible de lui
donner.
Chevalier ne quittera pas New York avant la mi-mars 1853, car il tient
sa chronique sur les théâtres de cette ville jusqu'au 12 mars. Cette date est
en fait une charnière dans l'évolution du Courrier des Etats-Unis :
MM. Ch. Lassalle, propriétaire du Courrier des Etats-Unis et E. Masseras, propriétaire du Phare de New-York, ont décidé de réunir, à dater de lundi prochain 14 mars, les deux journaux qu'ils dirigent respectivement. l ... ] A dater de ce jour [12 mars], MM. P. Arpin, iédacte~r en chef, A.F.
•
Gandon et H. Emile Chevalier, cessent de contribuer à la rédaction du Courrier des Etats-Unis .2~
1 1
Arpin précisera aux lecteurs du Courrier qu'entré républicain à la
rédaction, il en sort républicain, même s',1 demeure un correspondant d'un
journal maintenant devenu bonapartiste.
Chevalier se fera plus optimiste dans sa dernière revue des théâtres,
datée du 11 mars et cette fois signée de son nom:
En terminant cette Revue, qu'il me soit permis d'adresser mes adieux au monde artistique de New-York. Si parfois, dans mes appréciations, j'ai blessé quelques susceptibilités, j'en demande bien pardon à ceux qui se seront cru froissés; mais j'espère qu'ils ne me garderont pas rancune. A mes lecteurs aussi j'envoie un humble adieu; puissent-ils vivre cent ans, avoir une postérité plus nombreuse que les grains de sable du rivage et souvent échangent leurs chers dollars contre un billet de spectacle. 23
Comment Chevalier connut-il le Canada? Plusieurs hypothèses sont
possibles. Peut-être rencontra-t-il quelqu'un à New York qui aurait pu agir
comme intermédiaire entre lUI et quelque rédacteur montréalais. C'est ce qui
s'était produit dans le cas d'Alfred-Xavier Rambau24 . Ce dernier arriva à New
York en 1832 et travailla pour un certain Peugnet. Pierre-Dominique Debartzch,
qui venait de fonder L'Echo du pays, était un ami de Peugnet et fit venir
Rambau au Canada.
Bien avant 1853, les journaux francophones new yorkais, dont ~
Courrier des Etats-Unis, alimentaient les journaux canadiens-français. Ainsi, les
rédacteurs montréalais étaient à même de connaître les nouveaux journalistes
et écrivains venus d'Europe. De toute éVidence, nous ne croyons pas le trajet
de Chevalier - Europe-New York-Canada unique en son genre; que penser
des Félix Vogeli et des Frédéric Ossaye? Marc-A. Perron écrit: ceLa carrière
d'Qssaye est certes caracténstique de celle de nombreux Européens, venus au
Bas-Canada vers le milieu du XIXe siècle, qui ont oeuvré dans des domaines
{
12
spécialisés et relativement nouveaux comme l'agronomie, la médecine
vétérinaire ou encore le journalisme agricole»25.
Il serait douteux que Chevalier vînt au Canada avant de travailler d'abord
au ~ et au Moniteur canadien, puis avec Cherrier à la Ruche littéraire. Du
reste, il est certain que Chevalier est connu è Montréal avant son association à
la Ruche littéraire. En effet, dans une lettre d\~ janvier 1853 adressée au
rédacteur du ~, Chevalier écrit :
C'est avec un vif sentiment d'estime pour votre personne que j'observe la ligne démocratique du Pays ; recevez par ma bouche les félicitations du républicanisme européen.
Je voudrais pouvoir vous consacrer périodiquement ma plume, mais mes engag~ments avec mes éditeurs en France, et le Courrier des Etats-Unis et l'Orléanais en Amérique ne m'en laissent guère le loisir. Cependant, je tâcherai de vous envoyer quelques lettres littéraires ou politiques.[ ... ]26
Cette lettre que la rédaction du ~ publie en épigraphe à la légende "Sur
la tour de l'Est dans l'ancien Château des Ducs de Bourgogne à
Châtillon-sur-Seine (Côte d'Or)"27, prouve que des pourparlers ont eu lieu,
vers le mois de janvier 1853, afin que Chevalier pût se joindre à la
rédaction du f.an. De plus, il collabore déjà à la rédaction du Moniteur
canadien car le 7 janvier 1853, Chevalier y publie, sous le titre "Mort du
général Washington à l'âge de 68 ans", ses "Ephémérides américaines"
déjà parues dans le Courrier des Etats-Unis.
Chevalier débarque à Montréal vers le 15 avril 1853. On lit dans la ML~~ du 21 avril 1853 : cele second No. de la Ruche littéraire nous a été
remis hier soir. Nous voyons que la direction en est maintenant confiée à M. H.
E. Chevalier, homme de lettres français, arrivé la semaine dernière en cette
ville.,,28 Le Pays du 16 avril 1853 publie la lettre suivante de Chevalier:
Messieurs les Editeurs du Pays et du Moniteur Canadien.
Messieurs, Je penserais manquer aux règles de la plus
simple politesse si je ne vous témoignais publiquement ma reconnaissance pour le fraternel accueil que vous avez fait, ainsi que plusieurs de vos estimables compatriotes, à une des victimes de la persécution despotique.
Merci, messieurs! Jamais je n'oublierai votre bienveillance à mon égard, et si, un jour, de légitimes désirs peuvent s'exaucer; si je re~ourne aux liens de mon enfance, je serai fier de dire aux Français qu'il y a par-delà l'Atlantique une population généreuse, charitable, hospitalière, qui parle notre langue. et qUI revendique notre origine autant par sa bonté, son affabilité et sa courtoisie e'lvers les étrangers, que par son droit de descendance.
Croyez bien, messieurs, que mes concitoyens. eux aussi. seront fiers d'apprendre que partout où il y a une goutte de sang français, se trouve toujours cette délicatesse exquise de procédés qui avait valu à nos pères la confiance et l'admiration du monde entier.
Croyez encore que. durant mon séjour au milieu de vos charmantes populations, je ferai mon possible pour mériter cette estime que vos sympathies m'ont déjà accordée.
Agréez, messieurs, l'expression de ma gratitude, H. Emile Chevalier.
Montréal, le 16 avril 1853.
Toujours dans le Pays du 16 avril, on lit:
La deuxième livraison de la Ruche littéraire paraîtra vers le commencement de la semaine prochaine. Par suite d'arrangements faits avec M. Cherrier. M. H. Emile Chevalier prendra désormais la direction de cette intéressante publication. Nous osons espérer que sous l'impulsion que lui donnera M. Chevalier, la Ruche deviendra bientôt une oeuvre aussI estimée que recherchée.
13
Chevalier arrive donc à Montréal grâce à la bienveillance des "Editeurs"
de deux journaux litiéraux importants de la ville, J.A. Plinguet du ~ et
C.-J.-N. De Montigny du Moniteur. Nous pouvons soupçonner justement que
(
14
ce sont eux qui présentent Cherner29 à Chevalier. Peut-être un arrangement
avait-il été fait au préalable assurant à Chevalier, s'il venait à Montréal, la
direction de la Ruche littéraire? L'affirmative est fort possible. Chevalier est
alors, dès son arrivée, mêlé au milieu culturel de la ville.
Chevalier entre aussi en contact avec des réfugiés dès son arrivée à
Montréal. Le 22 septembre 1853, se tint à Montréal ulle manifestation à
l'académie de danse d'un certain Adams, rue Notre-Dame, en faveur du
capitaine Ingraham, «qui par sa bravoure arracha Martin Koszta, réfugié
hongrois à Smyre, aux violences iniques du consul autrichien,,30. Il semble que
Chevalier ait été amené par Charles Daoust, rédactem du ~, membre de
l'Institut canadien et, plus tard, député de Beauharnois. Chevalier y prononça
un discours sur l'honneur américain. Une assemblée similaire était tenue le
même SOir au Metropolitain Hall de New York.
Alors qu'il est à Montréal, Chevalier effectue quelques voyages. Vers le
début d'août 185331 , il se rend à Québec à Bord du Rowland Hill. Il Y
retournera au début de septembre 185332. Vers le 10 août 1853, Chevalier se
rendra aussi à New York afin d'assister à l'exposition qui a lieu alors au Palais
de Cristal (Crystal Palace). \1 y rencontre un certain Pooler, sûrement un
représentant de la Commission géologique du Canada : «Grâce aux bons
offices de M. Pooler, le représentant du comité canadien, j'ai pu me procurer
tous les renseignements nécessaires sur les nombreux spécimens d'art,
d'industrie ou de minéralogie fournis à l'Exhibition par la noble colonie
ang lai se.» 33
Chevalier a donc un intérêt certain pour la géologie. II est cependant
difficile de dire dans quel but il effectua ces voyages. Tourisme, Commission
géologique, affaires, autant de pistes possibles qui permettraient d'avancer
quelques éléments de réponse. Peut-être était-ce aussi pour rencontrer un ou
divers correspondants de la Ruch.~?
1
15
En plus de son travail à la...Ruche, de sa collaboration au~, à la Patrie
et au Moniteyr Canadien, Il est à l'emploi de la Commission géologique du
Canada en qualité de traducteur. Nous avons cherché la présence de
Chevalier dans le fonds d'archives de cette Commlsslon34 , mais Chevalier ne
figure nulle part Il faut toutefOIS dire que les renseignements sur la Commission
des années 1840 à 1860 sont minces Il existe des registres de membres
seulement depuis la fin du XIXe siècle Nous émettons l'hypothèse qu'il ait
effectivement traduit des rapports de la Commission géologique, lui qUi
s'intéressait à l'archéologie et qui connaissait Thomas Sterry Hunt, le chimiste
et le minéralogiste de la Commission géologique du Canada. En effet, le 4
décembre 1856, lors des élections annuelles de l'Institut polytechnique35 ,
Chevalier fut élu premier vice-préSident de l'Institut et président de la classe de
littérature. Il y retrouve Thomas Sterry Hunt, élu second vice-président de
l'Institut et président de la classe de sciences
Ce travail de traducteur peut être considéré comme ,'une des sources
importantes de renseignements où pUisa Chevalier. Les arpenteurs de la
Commission se rendaient dans un endroit précis et devaient étudier la géologie
du territoire environnant en consignant les données dans des carnets de notes
- "field notebooks"- qUi prenaient souvent l'allure d'un journal "personnel". Ces
carnets, au nombre de 2500, dans les archives, couvrent la période de 1842 -
date de fondation de la Commission - à 1900.
[ ... ]while they contain much technical information, sorne of these early note books will also prove of interest ~o historians and anthropologists for there are vivid descriptions of the native ,"habitants, as weil as of the terrain and animai life 36
Entre 1855 - date du premier arrêt de publication de la Ruche - et 1859 -
date de reparution de la Ruch~ ., Chevalier diverSifie ses activités Dans une
annonce parue dans la Ruche, sous le titre "ens8Igriement", on lit:
/
f
M. H. E. Chevalier, rédacteur en chef de la Ruche litté,-aire , pouvant disposer de quelques heures, les consacrerait volontiers à donner des leçons de langue ou littérature française. Prix de chaque leçon d'une heure, pour un ou plusieurs élèves .$1.37
16
En octobre 1854, dans la Patrie, on annonce que Chevalier donne des cours:
ccM. H.E. Chevalier, rédacteur en chef de la Ruche littéraire, bien connu à
Montréal par ses talents distingués, commence, lundi prochain, dans les salles
de l'Institut Canadien, un cours de littérature française»38. Ces cours
commencèrent lundi le 16 octobre 1854 et on annonçait dix-huit leçons à raison
d'une leçon par lundi.
Dès le premier arrêt de Ja Ruche, Chevalier devient rédacteur de
la Patrie. Il y publie ses "Célébrités contemporaines", le feuilleton "L'Hôtel du
Cygne" et tient une chronique sur les théâtres presque identique à celle qu'il
tenait au Courrier des Etats-Unis. Le Pays du 27 novembre 1855 nous apprend
que Chevalier est, à cette époque, enseignant à l'école de M. Philips à
Montréal.
Les quatre années de la carrière de Chevalier qui précèdent la
réouverture de la Buche, seront marquées par son appartenance à l'Institut
canadien de Montréal. Dès le 21 avril 1853, Chevalier avait été admis - nous
n'avons pu trouver qui se fait le proposeur - comme membre de l'Institut,
devenu depuis peu le refuge du libéralisme radical. Il y retrouvera, entre autres,
son éditeur Cher rier39 déjà admis depuis le 28 octobre 1852.
Au début du mOIs de novembre 1854, Chevalier fut élu bibliothécaire de
l'Institut. C.J.N. de Montigny travailla à ses côtés comme assistant
bibliothécaire. Dans "ce milieu prêtrophobe", selon l'expression de Philippe
Sylvain 40 • Chevalier se signala assez rapidement. Le 2 novembre 1854,
Chevalier propose le sujet de discussion suivant: «Le mariage civil serait-il
1
-17
préférable au mariage religieux?))41 et Il s'inscrit dans l'affirmative. Dans la
même veine, Chevalier se fit remarquer lors d'une des séances de la
Convention sur l'éducation, qUI tenait ses réunions à l'Institut, en proposant de
refaire le système scolaire au profit des écoles mixtes. Le Pays du 28 novembre
1854 rapporte à ce ~ujet:
[ ... ] Après la lecture du rapport dans les deux langues, [. J, M. le Président suggéra de laisser le rapport sur la table jusqu'à la prochaine séance, et de le faire publier dans l'intervalle, afin que chaque membre de la Convention et les personnes du dehors puissent en prendre connaissance et venir discuter à la prochaine séance. [ .. ~ M. H.E. Chevalier se leva pour opposer la suggestion du président, en disant que le sujet était d'une telle importance qu'il fallait se hâter d'agir, afin d'en venir au plus tôt avec un bon plan d'éducation. Il s'étendit au long sur la nécessité des écoles mixtes, comme moyen de faire disparaître la démarcation et l'esprit de haine et de jalousie qui existe[sic] entre les différentes sectes religiEiuses 1\ dit aussi que l'éducatIon des femmes en ce pays, comme partout, devrait être cultivée avec le plus grand soin, car se[sic1 sont les femmes qui forment le coeur et l'esprit des enfans[sic]; c'est d'elles 1U'ils reçoivent leurs premières et leurs plus fortes impressions. et c'est sous ce rapport que la femme a l'avenir de la SOCiété entre les mains.
\1 professa aussi un cours de littérature qu'il présente à la séance du 11
mai 1854 : «Le secrétaire donne lecture d'un rapport du Comité de Régie,
soumettant une lettre de M. H. Emile Chevalier, qUi offre d'ouvrir une chaire de
littérature et d'histoire sous le patronage de l'Institut.»42 ,
Par le p~ du 10 janvier 1855 au 18 janvier 1856, il est possible de
suivre l'activité de Chevalier au sein de l'Institut. En 1855, il assista à la séance
du 10 janvier alors qu'il agit comme président remplaçant et qu'il donna 24
livres au fond de la bibliothèque43 Lors des séa.nces du 21 et du 28 mars, alors
que l'Institut débattait sur le rapport entre les Journaux et I~ censure, Chevalier
proposa un amendement par lequel il souhaitait que l'Institut continue de
18
recevoir les journaux religieux ou autres qui seraient envoyés gratuitement,
pourvu que ces journaux ne soient pas obscènes ou immoraux. Le résultat du
vote nous demeure inconnu. Il fut présent à la réunion du 5 avril ainsi qu'à celle
du 19 avril lors de laquelle il seconda la proposition de F. Chagnon d'admettre
comme membre J.A. Labadie, notaire de Montréal. Il fut présent lors des
séances du 26 avril, du 3 mai et du 14 mai ( Le Pays du 19 mai 1855 reproduit
le rapport du bibliothécaire produit par Chevalier). Finalement, lors de la
séance du 3 janvier 1856, certains membres exprimèrent le désir que quelques
membres soient appelés à faire des lectures publiques durant l'hiver dont
Chevalier.
Lors de la séance du 11 décembre 1856: ceE. Chevalier donne avis
qu'il proposera au temps voulu par les règlements Henry Chapman pour
membre actif de l'Institut,,44. Chapman n'était pas étranger à l'Institut car il avait
été présent, avec entre autres Chevalier, Charles Daoust et Louis-Antoine
Dessaulles, à la réunion du comité pro-Lamartine tenue à l'Institut le 19
novembre 185645. Chapman fut admis à l'institut le 8 janvier 185746.
Le pays du 22 janvier 1857 annonce dans ses faits divers : cc Lecture.
Nous rappelons à nos lecteurs que demain, vendredi, M. Chevalier fera une
lecture sur le territoire et la Compagnie de la Baie d'Hudson. Il En fait, la
question que débat Chevalier était la suivante: «Serait-il avantageux pour le
Canada de posséder le territoire dont jouit maintenant la Compagnie dite de la
Baie d'Hudson en vertu d'une charte accordée par Charles 1II,,47? Il s'inscrit
dans l'affirmative. Cette "lecture" devait être présentée comme un "essai"
devant l'Institut, c'est-à-dire, comme le définit Yvan Lamonde : cc[une]
conférence privée, une présentation faite par un membre en règle de l'Institut à
l'intention des seuls membres, et ce à l'occasion d'une "séance ordinaire" de
l'association. 1148
-19
Cependant. lors de la séance du 18 décembre suivant, Chevalier
demande qu'il lui soit permis plutôt de faire une lecture publique sur cette
question49 :
[ ... ] l'usage des termes lecture publique, lecture, lectureur indique avant tout un phénomène de mimétisme culturel, d'emprunt d'une terminologie qui réfère à un phénomène d'abord anglo-saxon, [ ... ]. Les contemporains parlent donc de lecture et non de conférence publique.5o
.Lf Pays annoncera cette "lecture" le 27 janvier 1857 : eeNous rappelons au
public que ce soir M. Chevalier discourra sur la baie d'Hudson et fera lecture
d'un ouvrage de M. G. Franchère au sujet de la traite des pelleteries. - La
séance aura lieu à l'Institut-Canadien à ah. du soir.,,51 Le lendemain, la Patrie
en donnera un compte rendu:
La salle de l'Institut Canadien était peu garnie.[ ... } Le sujet choisi par M.Chevalier était peu propre, croyons-nous, à attirer le monde, non pas qu'il ne fût essentiellement instructif, mais il tombait dans la catégorie des choses dites et redites. Sujet usé en un mot. Chacun doit avoir lu, en effet, les articles remarquables du Pays sur la baie d'Hudson. M.H.E. Chevalier les a répétés au public. Disons en passant, qu'on éprouve plus de plaisir à les lire soi-même, car le lectureur ne lit pas bien. Sa voix a quelque chose d'affecté qui déplaît. Ses contractions de figure faisaient un effet déplorable, et la ponctuation, ou plutôt les temps d'arrêt, si nécessaires dans une lecture, nous ont paru peu observés. Pourquoi, par exemple, parler fourrure d'une voix caverneuse, presque sépulcrale, et puis imiter tout-à-coup le bruit du clairon en dépeignant les neiges éternelles, les fleuves congelés et le vaste territoire de la baie d'Hudson?[ ... ] Cette critique paraîtra peut-être sévère, mais elle traduit fidèlement nos impressions. Nous estimons trop, d'ailleurs, M.Chevalier, pour lui cacher notre opinion et ne pas l'éclairer sur un défaut qu'il peut corriger facilement.
(
20
Chevalier présentera une seconde lecture devant l'Institut, annoncée
dans le Pays du 24 février 1859, s'intitulant: "La Langue française et la
nationalité canadienne". Le 24 mars, le Pays en annonce une troisième ayant
pour titre: "La Presse franco-américaine". Elle sera remise au 29 mars et,
finalement, au 31 mars: cc- Ce soir, M. H. E. Chevalier lira devant
l'Institut-Canadien un travail littéraire, intitulé la presse franco-américaine ,,52
Ces deux "essais" de Chevalier constitueront ses premiers textes de fond à être
publiés dans la Ruche renaissante.
A partir de 1855, Chevalier sera souvent malade et plusieurs de ses
feuilletons seront retardés; il ne faut pas s'en étonner avec le nombre d'emplois
qu'il occupe afin de faire vivre sa famille. Le 30 mars 1856, Chevalier et sa
femme, [Sophronie] Bouvier, inhument dans le cimetière de la paroisse de
St-Rémi de Lasalle un enfant ondoyé53. Chevalier eut au moins un autre enfant,
une fille, durant son séjour à Montréal. Dans la Patrie du 6 février 1858, une
correspondance de Chevalier nous apprend qu'il fut dérangé par un importun à
son domicile devant sa femme et 5a fille. La Guêpe du 11 février explique un
peu cette affaire de défi en duel entre Chevalier et un certain de la Marteillère.
De la Marteillère, insulté par Chevalier, se rend à son domicile désireux de
régler l'affaire et semble y avoir fait tous les temps. Chevalier, insulté à son tour
de toute cette brouille dans son salon, sort de la Marteillère et, selon la Guêpe,
las deux hommes auraient prononcé le mot duel. Dès le lendemain, tout tombe
dans l'oubli. C'est aussi dans ce numéro qu'on peut lire la première description
de Chevalier:
Monsieur E.H. Chevalier ce n'est pas Gargantua: c'est tout simplement un jeune garçon-bourgeois, d'autres disent "garçon-café "de trente ans, haut de cinq pieds huit pouces trois lignes et demie moins un quart portant barbe et moustache à la façon d'Eugène Sue[ ... ]
~----------------------------------------------------
• 21
Toujours en 1858, le pays du 7 septembre rapporte que Chevalier fut
admis la veille à l'étude du droit par le bareau des examinateurs de Montréal.
Chevalier, peut-être épuisé d'occuper plusieurs emplois temporaires, tente sa
chance au bareau. Il ne terminera pas ses études.
En mars 1859, toujours associé à Cherrier, Chevalier reprend la
publication de la Ruche dont il est maintenant devenu le propriétaire. Ellp.
s'intitule alors la Ruche littéraire et ses bureaux sont installés dans ceux du
fans". Déjà. en jL.n 1859, la Ruche Ijtté[aire ferme définitivement. En 1859,
Chevalier collabore activement au ~:
A cette date [février 1858], [Charles] Daoust était encore rédacteur du Pays, mais il s'était assuré la collaboration de l'émigré français Henri-Emile Chevalier. Pour sa part, le propriétaire de la feuil/e libérale, Plinguet, sans doute alarmé par l'effet des anathèmes épiscopaux sur la circulation du journal, avait cédé les droits à la Société Dorion et Cie en juin 1858. Un an plus tard, Daoust se retirait à son tour du Pays, tandis que Chevalier restait seul rédacteur jusqu'au mois de novembre 1859, moment où le jeune Médéric Lanctôt prit la relève.55
Il Y publiera la traduction des "Trappeurs de la baie d'Hudson" de J.H.
Robinson; la suite s'intitulant "Le Chasseur noir"; fit le compte rendu des
théâtres de la ville; avant de remettre sa démission le 30 octobre 1859. Le Pays du 2 novembre reproduit sa lettre:
(
Montréal 30 octobre 1859 MM. les directeurs du journal Le Pays
MESSIEURS LES DIRECTEURS: -L'Etat de ma santé ne me permettant plus de prendre une part active à la politique, j'ai l'honneur de vous envoyer ma démission de rédacteur du Pays , journal auquel je resterai, néanmois, attaché et comme démocrate et comme actionnaire.
Daignez agréer, messieurs, l'assurance de ma très haute considération,
H.E. CHEVALIER.
22
A partir de cette date, l'activité de Chevalier demeure inconnue jusqu'en
mars 1860: ccM. Henri-Emile Chevalier. ancien rédacteur du Pays s'est
embarqué samedi dernier [17 mars 1860], à bord du Glasgow ,pour l'Europe.
Que les vents lui soient favorables?,,56
Henry-Emile Chevalier retourne en Europe à 32 ans, l'année même où se
fonde, à Québec, l'Ecole patriotique et littéraire de l'abbé Casgrain. La France
avait changé: on amnistia les exilés du coup d'Etat dont fut victime Chevalier.
Son romantisme a été délaissé au profit du réalisme. Balzac n'est plus et
bientôt les naturalistes connaîtront de grands succès.
Peu de temps après son retour en France, Chevalier collabore au fan ainsi qu'à L'Opinion nationale, à Paris. Il publie aussi divers ouvrages ayant
majoritairement comme thème le Canada et l'Amérique. Certaines de ces
productions seront des reprises de textes parus à Montréal. par exemple: ai
hommes pour une femme (L'Ile de Sable) et La Huronne (La Huronne de
Lorette). D'autres avaient sans doute été commencés à Montréal. sans jamais
être publiés:
Deux nouveaux ouvrages concernant l'histoire canadienne paraîtront prochainement. L'un est une oeuvre anecdotique intitulée: La Sorcière de St-Charles, épisode de la Révolution canadienne; l'autre est purement historique: il portera le titre de 37 et 38. Ces deux livres sont dus à la
,-
plume de M. H.E.Chevalier, qui dans ce moment travaille à une histoire du Canada depuis l'Union des deux provinces jusqu'à nos jours! Des documents privés, inédits jusqu'à ce jour, donneront sans doute aux dernières productions de M. Chevalier un intérêt tout particulier et qui captivera l'attention des amis de la littérature et de la politique rationnelle.57
23
En 1858, ces productions ne sont pas encore teminées. Cans le Pays du 20 avril 1858, on lit:
1837-38 par Chevalier à paraître prochainement. L'auteur serait obligé aux personnes qui possèdent quelques renseignements spéciaux sur ces remarquables époques de l'histoire canadienne, de les lui communiquer. Quoique son ouvrage soit presque terminé, il s'estimera heureux d'y faire les additions ou altérations qu'on voudra bien indiquer en le favorisant d'informations ou détails nouveaux.
De retour à Paris, Chevalier fut le directeur d'une Correspondance
franco-étrangère qui tenait ses assises au 19, rue Lourmel. On retrouve une de
ses lettres dans le fond Alphonse Lusignan aux Archives nationales du
Canada58. Premièrement, cette lettre montre que Chevalier a continué à
entretenir des relations avec le Canada après son départ; ce qui,
deuxièmement, nous apprend qu'il recevait des informations dont il se servait
pour écrire ses Drames de l'AmériQue du Nord:
Depuis longtemps, je n'ai point reçu de nouvelles de mon vieil ami G. H. Cherrier. Si vous le voyez, soyez assez bon pour me rappeler à son souvenir, et dites-lui que j'attends toujours le dernier rapport sur les Pêcheries canadiennes qu'il m'a promis.
Et dans le but d'inclure des pièces canadiennes à un de ces ouvrages intitulé
La Littératl'''e et l'esprit français en AmériQue, il demande à Lusignan: "[ ... ] si
vous désirez m'envoyer quelques pièces de prose ou poésie (imprimé) de vous
ou de vos amis, je serai enchanté de leur ouvrir mon recueil.» Finalement, on y
apprend que Louis Fréchette a fait ses débuts dans la Ruche littéraire: "Si j'ai
bonne mémoire, M. Fréchette est une [ ... J connaissance à moi. Il a fait ses
(
(
24
débuts dans la Ruche et je possède, en un coin de ma bibliothèque, un petit
volume de lui, intitulé Mes Loisirs, où l'on peut cueillir de bien jolies fleurs .•• 59
Après 1870, il fait partie de la commission municipale du XVe
arrondissement de Paris et devient inspecteur général des
approvisionnements. Enfin, ses aspirations politiques durent être comblées le
30 juillet 1871, alors qu'il est élu au second tour, par 920 voix, membre du
conseil du quartier de Grenelle. Il y sera réélu en novembre 1874. Il meurt à
Paris, à l'âge de 51 ans, le 25 août 1879.
-25
NOTES DU PREMIER CHAPITRE
1. Mairie de Châtillon-sur-Seine, registre d'état civil: table décennale 7 (1823-1833) et registre de 1828 au numéro 171.
2. Nous n'avons aucune information sur ce journal. Nous avons cherché son existence dans: Eugène Hatin, Bibliographie historique et critique de la presse périodique franQaise, Paris, Librairie de Firmint Didot et frères, fils et cie, 1866, 660p.; Bibliothèque nationale(département des périodiques), Catalogue collectif des périodiques du début du XVIIe siècle à 1939, Paris, Bibliothèque nationale, 1969, tome III, J-O.; Centre national de coopération des bibliothèques publiques, presse régionale franQaise, Catalogue collectif des périodiques microfilmés, Massy, 1990, 257p.; Edna Brown Titus, éd., Union List of Seriais in Librairies of the United States and Canada, New York, The H.W. Wilson Company, 1965, vol.4, NoR. 3. Henri-Emile Chevalier, "Huronne de Lorette", la Ruche littéraire et politique, août 1854, p.421. Dans le Moniteur canadie~ du 22 septembre 1853, une note de Chevalier, dans le quatrième chapitre des "Souterrains du château de Maulnes", indique que Lucien Coutant était aussi membre de la Société archéologique de Bourgogne et que Chevalier avait participé avec lui à des travaux d'archéologie autour du "Puit des Romain", près de chez lui. 4. Henri-Emile Chevalier, le Pirate du St-Laurent, Montréal, Lovell, 1859, p.46. 5. Henri-Emile Chevalier, "L'Ile de Sable", la Ruche littéraire et politique, juillet 1854, p.308. 6. Arthur C. Cole, The Irrepressible Conflict 1850-1865, New-York, The Macmillan company, 1951, p.122. 7. ibidem. p.128. 8. le Courrier des Etats-Unis, 17 février 1852. 9. ibidem.24 février 1852. 10. ibi.d:., 6 février 1852. 11. m, 12 janvier 1853. 12. m. 13. l.b.i.d., 6,11,20 décembre 1852; 3,17,24,31 janvier 1853; 1,7,14,23 , février 1853; 7 mars 1853. 14. il:lli1.., 21 juin 1852. 15. mkL,. 16. m, 26 octobre 1852 17. m, 27 octobre 1852. 18. m, 11 novembre 1852. 19. m, 27 décembre 1852. 20. iDkL, 11 mars 1853. 21. m. 22. m, 12 mars 1853. 23. itlli;l.
(
(
26
24. Philippe Sylvain, "Alfred-Xavier Rambau", Djctionnaire biographiQue du Canada, Québec, Presses de l'Université Laval, 1985, tome VIII, p. 816. 25. Marc-A. Perron, "Frederic-M.-F. Ossaye" Dictionnaire biographiQue du Canada, Québec, Presses de l'Université Laval, tome IX, p.287. 26. le Pays, 15 février 1853. 27. ibidem. 28. la Minerve, 21 avril 1853. 29. Georges-Hippolyte Cherrier est le frère d'André-Romuald Cherrier,connu sous le pseudonyme de "Pierre-André". Tout comme ses frères André-Romuald et Trefflé, il a fait ses études au Collège de Montréal. A ce sujet: Aurélien Boivin, "Un Episode gallico-canadien [ ... ]", Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, Montréal, Fides, tome " p. 735. On sait peu de chose de Georges-Hippolyte Cherrier (fils), le directeur de la Ruche. Ses parents, Georges-Hippolyte Cherrier et Marie-Anne Roy, se sont mariés le 17 juin 1811 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal. Cherrier, fils, quant à lui, s'est marié à Caroline Decouagne, dont les parents se nommaient François Decouagne et Eloïse Héneau-Deschamps, le 5 novembre 184fi à Berthierville. Le jeune couple inhuma son premier enfant, Marie-Anne Héloïse Caroline Cherrier à l'âge de 4 ans et 9 mois le 21 juillet 1851 (Archives nationales du Québec à Montréal, registres d'état civil). Les Cherrier eurent au moins un autre enfant, un fils (anononcé dans le Moniteur canadien du 7 septembre 1854). Un détail est intéressant. John Lovell était l'ami intime de Cherrier. En effet, on retrouve sa signature sur l'extrait de mariage de Cherrier. C'est d'ailleurs Lovell qui imprima la presque totalité des oeuvres de Chevalier lors de son séjour à Montréal. 30. le pays, 24 septembre 1853. 31. la Ruche littéraire, août 1853, p.416. 32. ibidem, septembre 1853, p.479. 33. i.bkL, p.41 7. cc Lors des grandes expositions internationales qui suivent celle de 1851 [Great Exhibition of the Work of Industry of Ali Nations, tenue à Londres], les minéraux et les fossiles de la Commission géologique du Canada forment chaque fois le noyau de la participation du Canada»»: Luc Chartrand; Raymond Duchesne; Raymond Gingras, Histoire des sciences au Québec, Montréal, Boréal, 1987, p.138. 34. Archives nationales du Canada, RG-45. Sur les débuts de la Commission: C. Gordon Winder, "Sir Edmond Logan", Dictionnaire biographiQue du Canada, Québec, Presses de l'Université Laval, 1972, tome X, pp.486-492. 35. Elections annoncées dans La Patrie le 5 décembre 1856. Sur les débuts de cet Institut, lire le pays du 1 er juillet 1856. Sur Hunt on lira: Raymond Duchesne, "Thomas Sterry Hunt", Dictionnaire biographiQue du Canada, Québec, Presses de l'Université Laval, 1990, 'tome XII, pp.498-499.
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27
36. Archives nationales du Canada, Division des archives gouvernementales, Collection de l'inventaire général. Archives de la Commission géologique du Canada(RG-45}, index du fonds, p.TR-7. 37. la Ruche littéraire, février 1854. 38. la Patrie, 13 octobre 1854. 39. Archives nationales du Québec à Montréal, fonds de l'Institut canadien de Montréal, procès-verbal du 28 juin 1855. Cherrier quittera l'Institut le 25 juin 1855, selon le registre des membres. Cependant, ce n'est qu'à la séance du 28 juin qu'il lira une lettre (coffrant sa résignation comme membre de l'Institut». Quant à Chevalier, il ne quittera pas les rangs de l'Institut. 40. Philippe Sylvain,"Lamartine et les catholiques de France et du Canada", Bevue d'histoire de l'AmériQue française. (1950-1951): 380. 41. Annoncé dans le Pays le 7 novembre 1 854. 42. le Pays, 13 mai 1854. 43. Les titres donnés par le E..au sont: Armorial historiQue de France par Milleville(1); Las Cnatro Postrimerias dei Hombre(8}; New Spanish aod English Dictionnary(1); A Winter in Madeira(1); Poems by Amelia(1); Kick-Knacks(1); Histoire du Directoire(1); Nicholas Nickelby(1); Eçarté( 1 ); Antonia. Angelica Catalani-Un baron comme il y en a peu(1); Beatrice( 1); Saturnin Fichet. les plaisirs du roi. le chiftonier de Pa~(2); Official CataloQue of the New-York Exhibition(1). 44. Archives nationales du Québec à Montréal, procès-verbaux de l'Institut canadien de Montréal, le 11 décembre 1856. Henry Chapman s'était fait connaître à Montréal vers 1840. Auparavant, il exerça son métier d'imprimeur dans le Haut-Canada. Il imprima en 1831, à Niagara, un ouvrage de John Galt (1779-1839) intitulé The Lite of Lord Byron. (Roger Hall; Nick Whistler, "John Galt" , Dictionnary of Canadian Biography, Toronto, University of Toronto Press, tome VII, p.339.) Vers 1845, Chapman s'associe avec Thomas Ryan (1804-1899), un homme d'affaires et tous deux fondent la Ryan. Chapman and Company, General Merchants , compagnie qui oeuvrait également à Montréal et à Québec. (Gerald J.J. Tulchinsky; Alan A. Dever, "Thomas Ryan", Oiçtionnary of Canadian Biography, Toronto, University of loronto Press, tome XI, p. 781.) En 1846, avec John Glass et Thomas Kay, il se joint à John Young (1811-1879) qui venait de fonder The Free Trade Association in Montreal. (G. Tulchinsky; Brian J. Young, "John Young", DictjQnnary of Canadian Biography, Toronto, University of Toronto Press, tome X, p. 724.). 45. la Patrie, 21 novembre 1856. 46. le Pays, 20 janvier 1857. 47. Archives nationales du Québec à Montréal, procès-verbaux de l'Institut canadien de Montréal, le 11 décembre 1856. 48. Yvan Lamonde, Gens de Parole, Montréal, Boréal, 1990, p.88. 49. Archives nationales du Québec à Montréal, procès-verbaux de l'Institut canadien de Montréal, le 18 décembre 1856. 50. Yvan Lam onde, QQ.cit., p.41.
(
(
28
50. Yvon Lamonde, QP.CIt., pA'. 51. le Pays, 27 janvier 1857. 52. ibidem, 31 mars 1859. 53. Archives nationales du Québec à Montréal, registres d'état civil, St-Rémi de Lasalle, index 1830-1877, bobine 485, no 72 sépultures. 54. la Ruche littéraire, mars 1859, p.2. 55. Philippe Sylvain, "Charles Daoust", Dictionnaire biographique du Canada, Québec, Presses de l'Université Laval, 1977, tome IX, p.213. 56. L'Ordre, 21 mars 1860. Le 19 mars, L'Ordre annonçait dans sa rubrique "Par le Télégraphe" que le Glasgow était parti de New York le 17 mars en après-midi pour l'Europe, avec 10 passagers de chambre et 30 de ponts. 57. la Patrie, 28 septembre 1855. 58. Archives nationales du Canada, MG29 D 27, volume 1, correspondance C-D. 59. Nous avons tenté sans succès de trouver le texte de Fréchette dans la Ruche.
, \
29
[ ... ] la décennie de 1850, décennie qui apparaît d'ailleurs de plus en plus décisive dans la mise en place des formes culturelles du dix-neuvième siècle'
Qu'est-ce que la Ruche littéraire de Cherrier et de Chevalier et quelle
place y occupe Chevalier? Ce sont là les deux principales questions
auxquelles nous répondrons dans ce chapitre.
Vers 1850, s'établissent à Montréal des lieux de diffusion du littéraire,
souvent de tradition anglophone: salles de nouvelles (news room),
bibliothèques d'associations, bibliothèques de paroisses, bibliothèques
professionnelles et bibliothèques scolaires, autant de lieux favorisant la
connaissance de l'imprimé, tant local qu'étranger, peur un public grandissant:
L'alphabétisation au Québec franchit une étape décisive entre 1840 et 1880 [ ... ]. Une hypothèse conservatrice basée sur le fait que les grandes villes connaissent un taux d'alphabétisation plus fort et sur le fait que ce taux est supérieur pour les angle-protestants permet d'avancer que la majorité des Montréalais est alphabétisée vers 1840.2
Et l'élargissement de la presse le montre bien. A partir de La Presse
Québécoise de Beaulieu et Hamelin3 , nous avons mis en évidence quelques
statistiques au sujet de la presse montréalaise de 1830 à 1860 (Voir annexe A).
Le tableau A montre le nombre d'années de publication des journaux par
décennie.
30
TABLEAU A : Nombre d'années de publication des journaux, rar décennie (%).
nbre d'année(s) 1 n* 1 1830-1840 / n / 1840-1850 1 n / 1850-18f:0 1 20 46,S 31 44,2 20 29,4 2 12 27,9 12 16,6 9 13,2 3 1 2,3 7 9,7 9 13,2 4 1 2,3 4 5,5 4 5,8 5 4 9,3 5 6,9 5 7,3 6 0 0 2 2,7 1 1,4 7 2 4,6 2 2,7 2 2,9 8 0 0 0 0 1 1,4 9 1 2,3 1 1,3 2 2,9 10 2 4,6 9 12,5 15 22
• "n" représente le nombre de titre(s) par décennie
Durant la décennie de 1830 à 1840, la majeure partie des journaux
publiés s'avère des publications éphémères : 74% des journaux ne durent que
d'une à deux années; tandis que les jourllaux de durée plus longue (neuf à dix
années) ne constituent que 6,9% de l'ensemble. Dans la décennie suivante,
1840 à 1850, les journaux de courte durée (une à deux années) représentent
60,8%; alors que le nombre de journaux de longue durée double pour atteindre
13,8%. Finalement, durant la décennie qui nous intéresse, 1850 à 1860, les
journaux de courte durée ne représentent plus que 42,6%, tandis que les
journaux de longue durée passent à 24.9%. Entre 1850 et 1860, ,es journaux
ayant une longévité de 3 à 8 ans sont sensiblement plus présents que dans la
décennie précédente. Durant la décennie de 1850 à 1860, la mise en place de
lieux de diffusion facilitera la publication des journaux.
Le développement des bibliothèques de collectivité à Montréal connaît,
chez les francophones, un essor qUi n'est certes pas négligeable4. Entre 1840
et 1850, 5 bibliothèques ont été fondées chaz les francophones de Montréal et
10 chez les anglophones. Entre 1850 et 1860, 29 bibliothèques francophones
ont vu le jour, tandis que les anglophones en fondaient 10 nouvelles. La
décennie suivante, 1860 à 1870, verra la fondation de 16 nouvelles
31
bibliothèques francophones et 10 anglophones. Montréal passe de 15
bibliothèques à 39 en dix ans : signe éloquent de ,'essor de la culture de
l'imprimé dans cette ville. Logiquement, la longévité des journaux étant
conditionnelle à leur diffusion, la fondation des 39 nouvelles bibliothèques,
entre 1850 et 1860, est sûrement un indice qu'un plus large réseau de diffusion
s'installe, permettant ainsi de rejoindre un plus vaste public.
Cet essor des lieux de diffusion de l'imprimé est étroitement lié au
mouvement associationniste. Après les rébellions de 1837-1838, la sociabilité
associative se diversifie : de patriotique et professionnelle qu'elle était, elle
devient plus sociale et culturelle avec des sociétés du type de l'Institut canadien
de Montféal, société calquée sur le modèle anglophone des différents
Institutes. Ces lieux nouveaux de l'expression culturelle ouvrent une voie
différente - entre autres gri..tce à leurs biliothèques - à la diffusion des idées et
de la culture. la fondation de nouvelles biliothèques entre 1850 et 1860 n'est
sûrement pas étrangère à la disponibilité d'une nouvelle aide
gouvernementale. En effet, Yvan lamonde a démontréS que de 1841 à 1855, le
nombre des demandes financières par des associations se situe à environ 5
par années alors qu'en 1856, le nombre passe à plus de 32 pour atteindre 60
vers 1859, et se restabiliser en moyenne à 5, à partir de 1861 jusqu'en 1866. Si
les journaux ont une durée moyenne plus élevée entre 1850 et 1860, c'est qu'il
y a mise en place d'un réseau de diffusion des imprimés grâce entre autres à la
fondation, qui passe en bonne partie par le mouvement associationniste, de
plusieurs bibliothèques.
En plus des biliothèques et de la presse, les librairies de Montréal sont en
plein essor: Armour and Ramsay (1842), Robert Graham (1842), Robert Miller
(1842), James Ruthven (1842), R.W. Mackay (1844), Chalmers (1845), Robert
Weir (1845), Benjamin Dawson (1847), Sadlier (1849), chez les anglophones;
E.R. Fabre (1823), Beauchemin (1842), J.B. Rolland (1842), Z. Chapleau
(1849), chez les francophones6.
32
Le système scolaire lui aussi s'élargit : les lois de 1841, 1843 et 1845 en
confirment de plus en plus la confessionnalisation, avant que la législation de
la décennie de 1850 n'assure un véritable décollage. Les Collèges se
multiplient: Collège de Joliette (Joliette 1846), Collège Masson (Terrebonne
1847), Collège St-Laurent (Montréal 1847), Collège Ste-Marie (Montréal 1848),
Collège de Rigaud (Rigaud 1850).
De plus, la population de Montréal triple entre 1831 et 1861 : de 27 297,
elle passe à 90 323 habitants: (eLa croissance démographique contribue donc
à spécialiser les formes culturelles, à caractériser des types, des lieux et des
publics.)) 7
C'est dans ce contexte social et culturel particulier qu'est fondée, en
février 1853, la Ruche littéraire. Si l'on compare la présentation typographique
de la Ruche de 1853 à celle de 1859, on constate tout le chemin parcouru,
durant cette décennie de 1850 à 1860, par l'imprimerie montréalaise au niveau
de la mise en page, de la qualité de l'impression et des caractères.
La Ruche littéraire est le second projet de Cherrier; il avait déjà eu
l'intention de publier le Phare littéraire, avec Louis-Joseph Racine8. Peu après
la publication du premier numéro de Ia.Ruche, Eugène L'Ecuyer dut défendre
son Episode de la vie d'un faux dévot . probablement prévu pour le Phare -
contre maintes attaques venant partiCUlièrement de la Minerve. Alors qu'il
répondait à ces attaques, L'Ecuyer rétorqua que si le Phare littéraire n'avait
pas vu le jour, Racine en était le seul responsable. Paradoxalement, ce dernier
engagea alors un duel, non contre L'Ecuyer. mais plutôt contre Cherrier:
((exemple patent des disproportions que pouvaient prendre, en ces temps, les
disputes ... Iittérairesl,,9.
Cherrier ne répondit qu'une seule fois à Racine, dans le Pays du 24 mars
1853. L'Album de la Minerve étant disparu, Cherrier avait voulu le remplacer
par le Phare et avait offert à Racine de se joindre à lui. La Minerve ressuscita
(
(
33
l'Album et le projet de Cherrier ne vit pas le jour. De plus, la Minerve, selon
Cherrier, lui cherchait noise au sujet de sa Ruche. Il termine sa réponse en
disant: C'est l'esprit traditionnel du bureau de la Minerve qui inspire M. Racine en tout cela. Mon Dieul Pourquoi donc ne vouloir vivre que de la misère des autres. Je veux pour les Veillées (que Racine projette de publier à titre d'agent] un succès triomphant, je l'espère de tout mon coeur, et on peut compter qu'il ne sortira rien de ma bouche pour leur nuire. Mais de grâce, laissez donc les abeilles venir à ma Ruche.
Racine devait répliquer10 à Cherrier qui garda le silence.
La revue de Cherrier paraît d'abord sous le titre de la Ruche littéraire
illustrée. Dès le mois de mars 1853, lors de la deuxième livraison, elle n'est
déjà plus illustrée et devient la Ruche littéraire:
Par malheur, l'intention de l'éditeur échoua de suite devant la difficulté de trouver de bons dessinateurs et graveurs qui se seraient chargés de l'exécution des vignettes de cette revue. " fallut donc, après un essai infructueux, renoncer à illustrer la Ruche. 1'
Le manque de ressources pécunières semble avoir aussi influencé le
devenir de la Ruche tout au long de son existence. La gestion de la revue était
parfois ardue; Chevalier le confesse dans l'avis au public de la première
livraison (mars 1859) de la Ruche renaissante: «une connaissance plus intime
du centre où nous travaillons, l'expérience du passé, et avouons-le, des notions
domestiques que nous n'avions pas en 1853 [ ... ]n i2, ont causé et causeront
aussi la fermeture de la Ruche en 1859.
La Ruche littéraire change encore de nom en août 1853, alors que les
éditeurs se voient contraints par la poste de rapporter des nouvelles politiques
afin de bénéficier du passeport transatlantique à deux sous, au lieu d'un dollar.
La revue s'intitulera alors, jusqu'à sa disparition en janvier 1855, la Ruche
littéraire et politiQue. G.H. Cherrier, l'éditeur, s'en plaindra dans un article
virulent:
, i
•
La Poste, cette bête noire des abonnés et des éditeurs de journaux, nous cherche noise, au sujet de l'anvoi de notre publication en Europe. Elle va jusqu'à nous refuser le parfum de ses sacs de cuirs, parce que jusqu'ici nous nous sommes abstenus d'endormir nos lecteurs par le récit et l'appréciation des grosses turpitudes politiques qui agitent le globe. Malgré notre souverain mépris pour les séances législatives, les clubs, les discussions, les protocoles et autres végétaux parlementaires de la même famille, il nous faut en conséquence prendre rang parmi les journaux diplomatiques, car nous tenons à servir régulièrement nos souscripteurs européens[ ... ]13
34
Dan5 son avis au public de mars 1859, Chevalier explique les raisons
qui ont fait disparaître la Ruche en 1855:
Il est probable qu'aujourd'hui encore La Ruche Littéraire et Politique existerait encore et serait dans un état de prospérité qui lui permettrait d'espérer de longues et belles années de vie, si un imprimeur peu scrupuleux et peu loyal n'en eût gêné, d'abord et, enfin paralysé le développement. Les lecteurs de la Ruche Littéraire et Politique savent à qui nous faisons allusions. 14
A ce sujet, Cherrier avait été plus explicite dans le Moniteur canadien du
14 décembre 1854; sous la rubrique "Correspondance", on lit:
Aux abonnés de la "Ruche littéraire".- Le sous-signé. propriétaire-éditeur de la Ruche littéraire et politique, prie ses abonnés de vouloir excuser le retard apporté à la publication de la Ruche. Il avait contracté avec un nouvel imprimeur un engagement pour l'impression du numéro d'août. Cet imprimeur n'a pas tenu sa parole. En conséquence, il lui a intenté une action en dommage, et les manuscrits qui doivent entrer dans la livraison d'août, ont été confiés à un autre imprimeur. Le sous-signé espère que cette livraison sera promptement terminée, et que ses souscripteurs, toujours bienveillants, ne le rendront pas responsable d'un abus de confiance qui lui cause un préjudice considérable.-Dans le prochain numéro de la Ruche, on trouvera des détails sur le procès qui a été intenté aux deux imprimeurs, MM Reynolds et Carpentier,[ ... ]
(
-
35
La Ruche littéraire et politiQue ferme donc une première fois en janvier
1855. Elle renaît en mars 1859, sous le titre de la Ruche littéraire, et
probablement à cause d'une situation financière précaire, les éditeurs, Cherrier
et Chevalier, s'installent dans les bureaux du ~15. La nouvelle Ruche
disparaît à jamais, quatre mois plus tard, en juin 1859.
Si l'on en juge par l'accueil qu'ont réservé les journaux de l'époque à la
Ruche littéraire, cette publication a joui d'un appui soutenu. Habituellement, li fm et le Moniteur canadien donnaient un compte rendu de ct aque livraison
et on engageait souvent les lecteurs à lire la Ruche. Lorsque Chevalier et
Cherrier décidèrent d'en reprendre la publication, en 1859, tous les journaux se
montrèrent optimistes quant aux chances de réussite du projet - même la Guêpe qui se plaisait à ironiser Chevalier. Tous vanteront la qualité d'une telle
publication et ils souligneront vivement la nécessité d'offrir au public
canadien-français une publication favorisant le développement des lettres au
Canada français. Dans le Pays du 10 mars 1859, on lit:
Après quatre ans de suspension, la Ruche littéraire est revenue prendre sa place au rang des revues périodiques, destinées à raviver au sein de notre population le goût de la bonne littérature, et à étendre le cercle de l'influence que la langue française commande déjà sur le continent américain. Nous saluons cet événement comme l'augure d'un progrès sensible dans l'amour des leHres et dans l'appréciation des travaux de l'intelligence. [ ... ]En terminant, qu'on nous permette de citer, à propos de la Ruche, l'opinion d'un confrère de la presse[ ... ]."Le propriétaire et le rédacteurde la Ruche, dit le Pilot, sont nos plus redoutables ennemis en politique. Mais, avec le respect personnel que nous professons pour eux, nous sommes heureux de les rencontrer pénodiquement dans le champ fleuri des lettres, afin d'oublier. pour un temps, les combats que nous croyons de notre devoir de leur livrer. La Ruche , comme publication. est, de toute manière, d'une exécution supérieure, tellement que, matériellement parlant. il faut qu'el:e ait une grande circulation pour payer les
1
dépenses encourues. Nous le disons avec connaissance de cause, il n'y a pas, dans aucune ville de la Grande-Bretagne, une publication du genre de la Ruche aussi correcte comme oeuvre typographique, pour le même prix, et il n'yen a pas aux Etats-Unis qui lui soient comparables. "
36
Cependant, la Ruche ne vivra pas de sa réputation; on vantera la
publication, mais aussi et surtout les textes de Chevalier. La Ruche sera à la
remorque de Chevalier et les problèmes de santé de son rédacteur ne sont
sûrement pas étrangers à sa fermeture en juin 1859.
Enfin, qu'en est-il du titre de la Ruche littéraire? Première hypothèse: ce
put être un choix tout à fait personnel de Cherrier à travers lequel il voulut
métaphoriser le travail intellectuel de la création artistique. Seconde hypothèse:
on sait aussi que Cherrier fut admis à l'Institut canadien de Montréal le 28
octobre 1852; on annonce la Ruche en février 1853. Cherrier aurait-il été
inspiré par les armes de l'Institut: cc[ ..• ] ces armes se composent, on le sait,
d'une ruche entourée d'abeilles, surmontant un castor et des feuilles d'érable,
et des devises Altius Tendimus - Travail et Concorde )) 16. La devise en moins,
la description de ces armes ressemble étrangement aux petites vignettes qui
ornent parfois le bas des pages de la Ruche. Simple coïncidence, ou ne
pourrait-on pas avancer l'hypothèse que Cherrier voulût offrir, parallèlement
aux journaux officieux de l'Institut (L'Avenir, 1847-1852, et le Pays, 1852-1871),
une publication à laquelle les membre'J et amis de l'Institut eussent pu
collaborer de façon plus artistique? Dernière hypothèse: la ruche, avec son
essaim d'abeilles, est aussi le symbole du travail maçonnique. Les multiples
incidences entre la Ruche et la mystique maçonnique nous font croire que cette
publication recevait l'appui de quelques francs-maçons. Comme le montre les
reproductions de la signature de Chevalier (fig.1), il souligne son nom de deux
traits entre lesquels il place des points distincts:
37
Flg.1: Signatures de Chevalier
a) Lettre à Alphonse Lusignan 17 b) Registre St-Rémi de Lasalle18
Dans le Dictionnaire de la franc-maconnerie, on explique que:
Si la signature comprenant deux barres diversement ponctuées est très ancienne, C€ n'est que le 3 décembre 1764 que nous trouvons cette signature dans un document maçonnique (loge La Sincérité, Orient de Besançon). Quant aux documents imprimés, ils n'en comportent pas jusqu'à la circulaire du 12 août 1774. Jusqu'alors on écrit [ ... ) les mots en entier ou, lorsqu'un mot doit rester secret, son initiale en majuscule suivi d'un point ou de plusieurs point de suspension. Le seul mot qui fasse exception est le mot Frère dans les pièces manuscrites mais jamais dans les imprimés, qui s'écrit avec les trois points en triangle ••• ou, parfois, en triangle inversé •••. 19
Nous émettons l'hypothèse que Chevalier était franc-maçon et peut-être est-ce
grâce à ses confrères de Montréal qu'il arrive au Canada en 18532°. En avril 1853, la Ruche publie sa Constitution littéraire qui rappelle
étrangement les différentes constitutions maçonniques, entre autres celle du
Grand Orient de Frar.ce de 1849. La constitution de la Ryche stipule que la
République constituée par la Ruche a pour principe: ccla Liberté, l'Egalité, la
Fraternité,,21, le même que la constitution du Grand Orient. E"e stipule aussi
que la République: «protègera tous ses membres, dans leurs écrits, leur
personne, leurs intérêts, en tant qu'ils ne seront pas préjudiciables à autrui))22;
l'article trois de la Constitution du Gra"d Orient énonce que: c«le Franc-Maçon a
pour devoir, en toutes circonstances, d'aider, d'éclairer, de protéger son
Frère,[ ... ) et de le défendre contre l'injustice,,23. Finalement, la date de la
• 38
constitution de la Ruche est directement reliée à la traditio'fl maçonnique de
l'ère et non de la date conventionnelle: ccFait en notre cellule présidentielle, le
vingt-six avril, six mil huit cent cinquante-trois de l'ère botanique.,,24
Les recoupements que l'on peut faire entre la terminologie maçonnique
et la Ruche Littéraire ne nous semblent pas le fruit du hasard.
Afin de mieux cerner la Ruche litté[aire, nous avons établi une liste de ses
textes (Annexe B) que nous proposons comme la première TABLE DES
MATIERES de cette publication. Cette table permettra entre autres choses de
connaître les lignes de force et les différents collaborateurs de la Ruche; elle
nous permettra aussi de quantifier les genres en présence et, surtout, d'y
apprécier l'importance des productions de Chevalier.
Comme nous n'étudions qu'une seule publication, nous devions nous
doter d'une nomenclature générique plus détaillée que celle que l'on propose
dans le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec25qui distingue cinq
genres principaux: le roman, le conte, la poésie, le théâtre et l'essai. Notre
classification est la suivante:
1- article (A): texte non littéraire ayant pour sujet l'actualité, la politique ou un thème précis, par exemple l'agriculture, la critique d'un événement, etc.
2- chanson (C): texte d'une chanson ou partition musicale.
3- feuilleton (F): texte romanesque publié en tranches.
4- correspondance (L): lettre, souvent écrite par un .Hranger, qui n'a que très rarement pour sujet le Canada.
5- nouvelle (N): court texte littéraire qui englobe aussi la légende et le conte.26
6- poésie (P): poème, ode, etc.
7- pensée et maxime (PE): courtes phrases ou proverbes, souvent puisées chez des auteurs européens.
39
8- théâtre (T): pièce da théâtre
9- publicité (Z): annonces, tables des matières, publicités diverses.
Notre compilation recense 543 entrées pour l'ensemble de la Ruche
littéraire (tableaux 1-A et 1-8).
l-R: Nombre d'entrées par catégorie 140 136
120
100
80
60
40
20
2 o
p N A T c L F z ?
,. ,
1-8: Nombre d'entrées par catégorie (%)
8.84% 0.37%
6.81%
4.79%
037%
25.05%
14.36%
40
.P
.Fe .N mA DT E;lc
ml BtF mz El?
A la lecture du tableau 1-8, on se rend compte que les articles sur
l'actua!ité (A) tiennent la première place, occupant le quart de a_Ruche
(25,05%). Suivent ensuite la poésie (15,1 %) et les pensées (14,36%). Il faut
relativiser ces données en considérant le nombre de pages qu'occupent ces
différentes catégories afin d'apprécier l'espace occupé par chaC'une dans
l'ensemble de la Ruche. Nous avons comptabilisé, dans la deuxième série de
tableaux (tableaux 2-A et 2-8), les données du tableau 1-A en fonction du
nombre de pages occupées par chaque catégorie. L'ordre d'importance
change alors significativement. Le tableau 2-A montre le nombre de pages au
total occupées par chaque catégorie en plus d'indiquer le nombre de pages
pour les textes signés et finalement, les textes signés de pseudonymes:
700 689 2-R: NOMBRE DE PRGES
600
500
400
300
200
100
o F z p L FE T C A
,_ TOTAL _ CHEVALIER .PSE~I
2-B: NOMBRE TOTRL DE PRGES (%)
10.01%
2.67%
2.36%
597%
42.82%
5.03%
41
N
_F .Z .P ImL OPE eT mc liA FAN
, 42
Ces nouveaux résultats montrent que la Ryche était vraiment littéraire.
publiant majoritairement (58.85%) des récits littéraires: feuilletons (F) et courts
récits (N). Il reste à voir dans ces données quelle part occupe Henry-Emilt)
Chevalier.
Pour le troisième tableau, nous avons retenu les différentes signatures de
Chevalier : H.E.C, H.E. Chevalier, et H. Emile Chevalier, ainsi que le
pseudonyme connu, X.Y.Z .. Ce tableau montre que Chevalier n'a jamais
produit sous sa signature de texte de poésie, de théâtre ou de chanson
(tableau 2-A et 2-C) et qu'il fournit majoritairement du feuilleton à la Ryche
littéraire (74,66%).
2-[: NOMBRE DE PRGES CHEURLlER(%) O.28~FE
12.12%
1.10%
7466%
(
(
43
Même si Chevalier occupe 39,33% de l'espace du feuilleton, il reste qu'il
n'occupe que 31,27% de l'espace total de la Ruche. Cependant, il reste un
problème de taille: l'anonymat et le pseudonymat de plusieurs textes de la Ruche littérajre. A partir du tableau 2-A, le tableau 2-D présente le pourcentage,
par catégorie, des textes signés des pseudonymes que nous croyons être
des subterfuges de Chevalier. Ces pseudonymes sont quelquefois d'ordre
maçonnique: * * *, * * * *, • * *, .... , H* * * * ., X* * * et Docteur K* * *;
quelques-uns renvoient à son prénom: Henry et H.; d'autres sont identifiables
parce qu'il sont utilisés dans des textes qui continuent l'intrigue en cours dans
ses feuilletons: Un Chroniqueur, Un Physiologiste et K. Nous avons aussi
inclus les textes signés: Les éditeurs.
2-D: NOMBRE DE PRGES PSEUDONYMES(%) 1 16%8.14%
13.95%
Le dernier tableau (2-E), qui regroupe les tableaux 2-C et 2-D, montre
que Chevalier produit majoritairement des romans-feuilletons (61,92%) et des
nouvelles (21,60%):
44
2-E: NOMBRE DE PRGES CHEURLIER ET PSEUDONYMES(%) p
12.47%
61 92%
Sans considérer les textes anonymes qui sont paut-être, pour
quelques-uns, de la plume de Chevalier, l'espace occupé par ce dernier dans
la Ruche littéraire serait finalement de 38,67%.
Après quelques parutions seulement, Cherrier et Chevalier devront se
rendre à l'évidence : présenter une publication mensuelle qui ne contiendrait
que des prorjuctions autochtones est utopique au Bas-Canada. La survie de la
.Ruche passait par l'apport des étrangers. En quittant New York, Chevalier avait
choisi le Canada, tandis que plusieurs de ses collègues, dont J. Gentil, poète
attitré de la Ruche, prenaient la route du Sud et allaient s'installer à la
Nouvelle-Orléans. Chevalier établit rapidement un réseau de correspondants -
comme il le fera aussi après son retour en France - qui fourniront des textes à la
Ruche: <c[ ... ] most of the articles and stories in La Ruche are either from his
[Chevalier] own pen, from Paris correspondents, or from sorne of his
fellow-exiles in the States and Canada. ,,27 Il est possible de se faire une idée
(
(
45
de 1 ~tendue de ce réseau journalistique en lisant les tablettes éditoriales de
Chevalier d'une part, et les textes eux-mêmes au bas desquels on a souvent
indiqué le lieu de provenance d'autre part. Ces textes viennent de New York,
de la Nouvelle-Orléans ou de la Louisianne, de Paris et, au Canada français,
de Québec et de Montréal. Selon nous, ce regroupement de journalistes autour
de la Ruche constitue un bon exemple d'une culture de plus en plus marquée
par la communication. Echanges scientifiques (brevets), échanges d'imprimés
(depuis la visite de Vattemare), lignes maritimes, télégraphe terrestre, système
postal, tourisme (entre autres à cause des nouvelles liaisons ferroviaires),
autant de moyens d'une culture nouvelle à l'enseigne économique du libre
échange et à l'enseigne sociale des littéraires de tous pays. Chevalier
lui-même en est très conscient :
Nous avons dit, [ ... J, que chaque siècle était à la fois réformateur et procréateur d'abus. On peut ajouter que celui dans lequel nous vivons est un exemple frappant de cet axiome. Nul plus que lui n'a favorisé les conceptions de l'esorit humain. La facilité et la rapidité des moyens de communication, le rayonnement des foyers intellectuels, à l'aide du télégraphe électrique de la vapeur et de la presse ont merveilleusement servi l'intelligence sur tous les ponts du monde civilisé.28
Au moment même où Chevalier s'active à l'Institut canadien et à la
Ruche, Joseph Guillaume Barthe est à Paris pour susciter des relations et des
échanges entre l'Institut de France et l'Institut canadien de Montréal; son
Canada reconQuis par la France (1855) fournit des aperçus de ces démarches
et de leurs résultats, au moment où la Capricieuse remonte le Saint-Laurent
pour célébrer les relations officielles renouées entre la France et le Canada,
relations institutionnalisées dans l'ouverture d'un consulat français au Québec.
Avant de nommer officiellement son premier consul à Québec, le baron
de Gauldrée-Boileau en 1859, la France était représentée par deux agents, les
frères Edward et Thomas Ryan : le premier à Québec, le second - partenaire
",,"
46
d'Henry Chapman - à Montréal Si l'on en juge par les propos de Chevalier, il
semble que ces représentants se soient plutôt faits silencieux. D'abord dans un
article paru dans le Moniteur canadien du 21 septembre 1854, il affirme la
nécessité d'un consulat français au Québec:
Depuis ces dernières années, grâce à la facilité, à la rapidité des voies de communication, la France et le Canada, ont renoué des relations interrompues durant près d'un siècle. [ ... ] Le commerce d'importation et d'exportation entre la France et le Canada prend des proportions larges; le nombre des émigrants français qui abordent quotidiennement soit à Montréal, soit à Québec croît incessamment, il serait temps, ce nous semble, que le gouvernement français prit des mesures pour établir chez nous un consulat. Ses intérêts particuliers, la solidarité qui unit les différents peuples civilisé lui commandent une semblable résolution. Le traité de réciprocité, ratifié entre les provinces britanniques de l'Amérique du Nord et les Etats de l'Union, poussera davantage encore le flot du négoce et de l'émigration vers nos rivages. Il serait donc urgent, pendant qu'une alliance réciproque fait marcher la France et l'Angleterre vers un même but, il serait urgent, disons-nous, que ces deux gouvernements s'entendissent, pour nous donner un consul français. Nous engageons vivement les Français résident [sic] en Canada à signer une pétition, concurremment avec les négociants indigènes, pour prier le ministre des affaires étrangères de s'occuper de cette importante question.
On apprend, dans le second et dernier article que Chevalier écrit sur le
sujet, que cette pétition avait été déposée au bureau du pharmacien Picault à
Montréal. De plus, il semble que Chevalier ait reçu des informations depuis le
premier article; à son grand étonnement Il écrit:
[ ... ] Mais voici bien une autre affaire! il paraît qu'il y a un agent consulaire français à Québec! Qui l'eût pensé. Interrogez tous les Français émigrés en Canada; et, s'il y en a un seul qui ait jamais su qu'il existait un consul ou agent consulaire français à Québec, nous consentons à briser notre plume de journaliste29.
(
47
De plus, Chevalier y explique que s'il sait maintenant qu'il y a un poste
d'agent consulaire à Québec, c'est qu'il a lu un article à ce sujet dans ~
Montreal Herald, article signé par Thomas Ryan. Chevalier se demande alors
pourquoi l'agent, Edward Ryan, n'a pas répondu lui-même.
Qu'en est-il de cette pétition dont parle Chevalier? Eut-elle un impact
décisif sur le devenir du consulat? Nous ne saurions le dire. En revanche, elle
est à l'origine d'un regroupement de Français à Montréal. La Patrie du 8 avril
1857 annonce qu'une société de secours mutuels franco-européenne va se
fonder à Montréal et ce, sous l'initiative de Chevalier: «M.E. Chevalier, homme
de lettres, propose qu'une association de secours mutuels dite Société de
secours Franco-Européenne, doit être formée à Montréal et que des mesures
soient prises pour la formation immédiate de la dite société».
Cette association vit le jour dans les anciens bureaux de la Ruche
Iittérajre3o. Les réunions se déplacèrent rapidement à l'Institut canadien de
Montréal31 . Encore une fois, un "éditeur" d'un imprimé devient le centre d'un
regroupement d'individus. En 1852, Chevalier avait été accueilli à New York
par un groupe dont le foyer était le Courrier des Etats-Unis; il devient lui-même,
cinq ans plus tard, le centre d'un regroupement.
Cette culture de l'échange dont nous parlions plus haut, Chevalier la
perçoit et il lance un appel à ses compatriotes français lors de son second essai
à l'Institut, le 31 mars 1859, en faveur de la création d'un regroupement des
journalistes franco-américains qui se modèlerait sur l'Institut; "La Presse
franco-américaine" est publié dans la Ruche d'avril 185932 . Ce texte est
intéressant dans la mesure où il s'agit d'un des rares regards de l'intérieur sur
la presse franco-américaine et franco-canadienne des années 1853 à 1859.
Chevalier y décrit la situation de l'écrivain-journaliste de cette époque. Les
barrières, quelles qu'elles soient, doivent tomber:
Serrons les rangs; que des communications s'établissent entre nous [écrivains] des quatre coins de l'Amérique.
•
Qu'on incorpore une phalange littéraire franco-américaine, et que chacun des littérateurs qui écrivent notre langue apporte à cette phalange son contingent de connaissances et de talents. [ ... ) Si quelqu'un mettait en doute la possibilité de sa réalisation, je lui montrerais les instituts franco-canadiens [ ... ), je lui montrerais les instituts littéraires anglo-américains, et je demanderais : "Vous croyez-vous donc in~érieur?"33
48
Pour que Chevalier ait recours à ses collègues et amis d'un peu partout
pour combler les pages de la Ruche. il faut, au départ, qu'il y ait un manque de
journalistes à Montréal à l'époque. Il est vrai tout&fois que Cherner et Chevalier
nourissaient le projet de ne publier que du littéraire, ce qui dut en repousser
plus d'un.
Selon Chevalier, créer reste difficile; surtout quand l'argent manque: ccII
est plus difficile de produire, quand on n'a pas; c'est impossible.,,34 L'écrivain
travaille au même titre que quiconque, mais le rapport avec l'objet du travail est
différent. Tandis qu'un teneur de livres:
finira par faire [ ... ) sans s'en apercevoir les opérations arithmétiques, [l'écrivain sera en constante mouvance) car l'idée pose devant nous comme notre image sur la lentille d'un instrument d'optique. Un clignement d'yeux la fait loucher, un tressaillement la brouille.3S
Il faut donc, pour l'écrivain, travailler sans relâche afin de produire une oeuvre
car il ne peut vivre que de tentatives : "L'Idée ne se paie pas, même au
dix-neuvième siècle. Soyez homme pratique, et vous roulerez sur l'or.1I36 Et si
cette idée ne se paie pas, c'est que, selon Chevalier: cele positivisme règne
despotiquement sur nos sociétés. Elles n'admettent que les résultats, et
refusent aux causes l'importance qui leur est due.n37
Un homme veut-il languir sur cette terre, il n'a, dit-il, qu'à émettre une idée
neuve.
Il reste difficle pour l'écrivain de faire quelque argent grâce à ses
productions et cela à cause du produit même du travail : ceDe tous les artistes,
49
l'écrivain est le plus pauvre, parce que son oeuvre intellectuelle achevée, son
exposition au grand jour, sa publicité exige des déboursés»38. \1 faut donc que
l'écrivain se trouve un: ccéditeur généreux voulant lui servir de parrain)39, qui le
paiera environ 50 louis pour son texte et qui prendra à son compte de faire
publier l'ouvrage de l'écrivain, tout en faisant deux ou trois mille pourcent de
bénéfice.
De toutes façons, 1'9crivain jouit plus de la réputation (qui peut être
passagère) que lui procurent ses oeuvres, que des revenus de la vente de
celles-ci. On se fera un plaisir de connaître un écrivain : ceLes hommes le
flattent, les femmes se le disputentn40 , cependant les créanciers feront fi de
cette réputation : Enfin il a terminé. Son ouvrage est là, n'attendant plus que l'impre&sion. Mais, à ce moment, on arrête l'écrivain. - En vertu Je quel ordre? - De par la justice. Pourquoi? le misérable a commis quelques dettes. Paye coquin; paye fainéant. Mais je n'ai rien - Tu n'as rien? - Oui cependant. .. j'ai quelque chose. - Ah voyons! - 1\ montre le cahier de son ouvrage. On lui rit au nez et on le fourre en prison.41
Chevajjer est sans doute le seul au Canada français, entre 1853 et 1860,
à se dire écrivain au sens d'exercer le métier et d'en vivre. Comme Chauveau,
qui vendit son Charles Guérin à Cherrier, Chevalier vend ses feuilletons aux
journaux; c'est l'exemple des "Mystères de Montréal". Dans une lettre
explicative, l'éditeur du Moniteur canadien, C.J.N. De Montigny, écrit que:
«[même] si l'acquisition de ce livre nous a coûté de grands sacrifices», il n'en
espère pas moins un grand succès pour son entreprise. Chevalier indique
aussi sa propriété en interdisant de reproduire ses feuilletons; c'est le cas, par
exemple, des "Mystères de Montréal", des "Trappeurs de la Baie d'Hudson", du
"Chasseur noir", etc. Chevalier est donc un des rares écrivains au Canada
français à cette époque à être conscient de la valeur pécunière du travail
d'imagination. Et si la profeSSion d'écrivain demeure si précaire, c'est surtout
parce que ce[la littérature] est à la vérité encore à l'état embryonnaire))42.
J
1
50
Après avoir parlé des difficultés du métier d'écrivain et de la précarité de
la littérature d'expression francophone en Amérique, Chevalier brosse un
tableau très éloqupr,t de la profession de journaliste en Amérique et, plus
particulièrement, au Canada français:
Au Canada même, nonobstant le peu de relations que notre population a avec la France, les journaux s'occupent de ses affaires politiques, commerciales et littéraires. Ils lui prennent ses feuilletons, ses nouvelles, ses oeuvres philosophiques et scientifiques et acceptent avec empressement les réformes de sa typographie. Mais de journalistes de profession, il n'yen a presque pas au Canada, parce que le journalisme n'a pas encore été élevé à l'état de profession. Les journaux sont d'habitude rédigés par des jeunes gens, étudiants, avocats ou médecins, qui se forment à la politique en attendant une clientèle. Cela vient de ce que le centre est étroit, les journaux abondants et à bon marché, par conséquent peu rémunératifs. Le traitement des journalistes varie de cent à deux cent cinquante louis par an. Avec une somme aussi modique il ne serait guère possible de soutenir une famille et une position dans le monde. Aussi, la plupart des journalistes sont-ils des journalistes de circonstance, comme je viens de le dire, à moins qu'ils n'aient quelques propriétés personnelles ou n'exercent une autre industrie.43
Selon Chevalier, il n'y a qu'à New York, à la Nouvelle-Orléans, à Mexico
et à San-Francisco où les principaux rédacteurs peuvent prétendre vivre de
leur travail. Toute cette situation explique en partie pourquoi Chevalier ne
travaille pas exclusivement à la Ruche littéraire et aussi pourquoi il est difficile
de trouver des collaborateurs assidus.
Il reste quand même étrange que la profeSSion de journaliste ne soit pas
reconnue si l'on considère le nombre de journaux francophones en Amérique
du Nord et à Montréal et si l'on tient compte du fait qu'ils constituaient la lecture
première de tous à l'époque. Chevalier compte cinquante-sept journaux
francophones en Amérique du Nord; au Canada: Québec (8), Montréal (10),
51
Sorel (1). St-Hyacinthe (1). Trois-Rivières (2). Ottawa (1); aux Etats-Unis: f'llew
York (3), Kansas (1), Chicago (1), St-Louis (2), Nouvelle-Orléans (9), paroisses
de la Louisanne (12). San-Francisco (6)44. Cette presse francophone constitue
un rouage important de l'économie:
On peut élever à cent le chiffre des écrivains attachés directement aux journaux français sur le continent américain. Le chiffre des maîtres imprimeurs français est double au moins, car une grande partie des ateliers typographiques cnglais possèdent un matériel français. Nous croyons ne pas exagérer en portant à mille ou onze cents le nombre de typographes français, de sorte que la presse franco-américaine emploie actuellement [1859] environ treize à quatorze cents personnes, sans parler des auteurs, traducteurs, correcteurs d'épreuves et écrivains de fantaisie ou d'occasion.45
Parmi les auteurs canadiens-français qui retiennent l'attention de
Chevalier, citons: F.X. Garneau, M. Bibaud, D.B. Viger, A.G. Lajoie, J.C. Taché
et H. Langevin. Même si ces écrivains produisent de nombreux ouvrages, on ne
peut s'empêcher de sentir, dans le propos de Chevalier, qu'il croit leur
entreprise limitée à cause du peu de rayonnement dont ils peuvent bénéficier:
La librairie française est, de vrai, encore à l'état d'enfance, en Amérique, et il lui faudra bien des années pour sortir de ses langes. C'est que la main-d'oeuvre ici est plus chère que le travail d'imagination et que la France peut, malgré le frais de transport et malgré les droits d'importation, fournir ses produits littéraires à des prix comparativement très réduits.46
C'est ce qui expliquerait l'hésitation des "éditeurs" à encourager les
entreprises littéraires, l'investissement étant à risque dès le départ. ceLes livres
d'école sont ceux qui donnent le plus de travail et d'argent aux éditeurs,,47.
selon Chevalier, ainsi que la publication des divers rapports gouvernementaux
- entre autres ceux de la CommiSSion géologique. L'édition reste donc, en
52
'1859, étroitement liée aux publications et aux initiatives gouvernementales:
·«C'est à l'ombre du pouvoir que les écrivains acquièrent une certaine
autonomie qui donne légitimité à leur oeuvre.,)48
Il n'y a pas que l'isolement géographique en Amérique qui limite le
succès des écrivains francophones et de l'édition elle-même. Le manque
d'unité entre les écrivains est une des causes de l'insécurité de la profession:
Le malheur est que les écrivains français en Amérique, ne se connaissent presque point, et qu'au lieu de former un faisceau, ils luttent isolément jusqu'à ce que le dégoût ou le désespoir les ait jeté [sic] hors de la voie littéraire, après leur avoir brisé ces ailes qui auraient pu les porter à la prospérité.49
Que faut-il alors pour que l'écrivain franco-américain puisse prétendre au
statut social auquel il aspire: être reconnu écrivain et vivre de son travail; être
,appuyé par les éditeurs; pour que la littérature francophone rayonne en
Amérique et dans le reste du monde? Chevalier répond: "Presque rien. Il faut
de l'union; une entente cordiale, de l'harmonie en un mot. Au lieu de travailler
isolément, que les écrivains franco-américains travaillent communément, et ils
grandiront. ))50 Il faudrait alors, selon Chevalier, fonder en Amérique une
association, sur le modèle des instituts, qui ne s'occuperait que de littérature
laissant les différends à la porte afin d'unir les forces pour promouvoir la langue
française en Amérique du Nord.
Il reste néanmoins qu'il existe à l'époque des regroupements semblables
autour des journaux de même allégeance. Ces "réseaux" d'écrivains,
d'imprimeurs, de journalistes, etc., sont une conséquence du phénomène des
alssociatlons littéraires et culturelles de plus en plus polarisées
idéologiquement durant la décennie de 1850. Si l'écrivain est entrainé dans un
"réseau", c'est entre autres à cause de son "éditeur", celui-ci cherchant souvent
dies appuis auprès d'autres "éditeurs". C'est le cas de Racine, l'agent des
(
(
53
Veillées auprès de l'éditeur de la Minerye. C'est peut-être une mise en garde
que servait Cherrier à Racine lorsqu'il lui disait:
M. Racine se donne avec emphase comme le seul éditeur et agent des Veillées, ce qui, je crois, importe peu au public et ne devra pas suffire pour donner du prix à la publication. Mais je comprends le but de M. Racine en se nommant son propre Agent et en annonçant si pompeusement que les Veillées seront une entreprise indépendante de la Minerve. Il voudrait que le public ne vit pas les fils qui ont porté la Minerve à accueillir la Ruche avec tant de gracieuseté et qui la porteront à donner de si enthousiastes embrassements aux Veillées [ •.. ]51
Evidemment, la Ruche avait reçu un accueil mitigé de la part de la
Minerve et Cherrier savait bien que Racine allait se placer sous son patronage
même s'il s'en cachait bien.
Dès son arrivée à Montréal, Chevalier s'active à l'Institut canadien. Il y
rejoindra son "éditeur" Cherrier, John Lovell, Charles Daoust et de Montigny.
Ce réseau influera sur sa carrière à Montréal: avec Cherrier, il travailla à la
Ruche: il fit de la traduction pour Lovell qui imprima ses productions en plus
d'une partie de la Ruche; Charles Daoust fut son partenaire au ~ et
peut-être dans la traduction des rapports de la Commission géologique; avec
de Montigny, il travailla au Moniteur et ce dernier imprima son ouvrage sur la
tempérance, Tempérance et Intempérance.
L'influence du milieu éditorial sur Chevalier n'est pas à négliger. D'une
part, ce sont ces mêmes gens qui l'introduiront dans le milieu intellectuel et
libéral de la ville; d'autre part, ce sont ces mêmes persûnnes qui "initieront"
Chevalier à ce que devait être la littérature canadienne-française: ccl ... ] les bons
avis qu'il [Cherrier] me donne journellement dans le choix des articles soumis à
notre examen,,52, écrit-il.
Nous croyons que cette "sociabilité" des journaux a pu engendrer les
difficultés d'existence de la.. Ruche et peut-être d'autres projets du genre -
54
comme le Phare littéraire - qui n'ont pu même naitre. Le journalisme de
circonstance est la base même du problème de développement des revues
littéraires. Obligatoirement, le journaliste s'active, volontairement ou
involontairement, dans un réseau idéologique dont n'a aucunement besoin une
entreprise littéraire. Lorsqu'on lit quelques journaux de l'époque, il n'est pas
rare de retrouver un rédacteur collaborant simultanément à la rédaction de
deux ou plusieurs journaux de même allégeance idéologique. On retrouvera
ainsi un Chevalier au fan, à la Patrie, au Moniteur canadien; on verra un
Joseph Lenoir collaborer tant à la Ruche qu'au f.m, etc.
Le journalisme n'étant pas une profession. on y vient pour certains
avantages tels: se faire connaître du milieu ,ntellectuel, acquérir des
connaissances sur le milieu politique et, surtout, se bâtir une réputation. On
choisit donc un journal où l'on pourra faire valoir ses idées: le choix est
nécessairement orienté idéologiquement.
Comment un rédacteur-en-chef d'une publication strictement littéraire
pouvait-il contrer ce guêpier politique qui risquait de nuire au développement
de son entreprise? On connait le discours des intellectuels de l'époque qui
n'associe guère la femme à la politique. Chevalier essayait peut-être de
neutraliser l'omniprésence de la politique en demandant le concours des
femmes à la Ruche littéraire; peut-être savait-il aussi qu'~lIes étaient les vraies
lectrices du romanesque:
Plusieurs femmes d'esprit, et elles sont nombreuses en Canada, ont daigné nous écrire pour nous indiquer le genre de littérature qui leur parait le plus propre à assurer la réussite de notre œuvre; nous remercions bien sincèrement ces dames de la part qu'elles veulent prendre à nos succès futurs,[ ... J. Cependant nous ne serions pas fâchés non plus qu'elles nous fissent l'honneur de nous adresser de ces délicieuses bluettes, dont elles seules possèdent le secret. Dans les publications anglaises, nous voyons, fréquemment, figurer le nom d'une charmante Miss ou d'une ravissante
l
(
Mrs.; pourquoi donc n'en serait-il pas de même dans les publications françaises?[ .. ] Une femme auteur, c'est un trésor pour le public. 53
55
En ouvrant grande la Ruche aux femmes, Chevalier espérait peut-être
que sa revue s'enrichisse d'écrivains non partisans qui auraient produit des
textes littéraires d'ici. Cependant. à part madame Manoël de Granfort - que l'on
retrouve (par hasard?) à l'Institut canadien en mai et juin 185454 -, les femmes
se feront plutôt silencieuses.
Manon Brunet dresse un tableau éloquent de l'absence des femmes
canadiennes-françaises en littérature canadienne-française; elle fait remarquer
que: cc[ ... ] l'écriture des femmes canadiennes-françaises sera, quand elle se
manifestera malgré tout. en ce début du 1ge siècle, essentiellement
épistolière.»55 Serait-ce une des raisons qui amenèrent Chevalier à choisir
Rosalie M**** comme correspondante à propos de la mode parisienne?
Chevalier était conscient de l'absence des femmes
canadiennes-françaises dans le champ littéraire. En ouvrant les portes de sa
publication littéraire et romanesque à la gent féminine, Chevalier innovait au
Canada français; mais l'absence de réponse montre sans doute à quel point
Chevalier était d'avant-garde dans une société dont le champ littéraire était en
formation.
Ecrivain lui-même, Chevalier reste. comme on le verra au chapitre
suivant, le romancier le plus prolifique en un court laps de temps que le
Canada-français ait connu au XIXe siècle; ce qui lui a valu le surnom du "roi du
feuilleton"56. /1 avait pu se trouver un éditeur, un "parrain" comme il le dit
lui-même. en la personne de John Lovell. Il est fort probable que Chevalier
reçut un certain revenu de cette associationS?
Chevalier. écrivain. signe de son nom; Chevalier, rédacteur-en-chef,
signe d'un pseudonyme: X.Y.Z. Il semble qu'il ait été conscient de la différence
de ces deux emplois pour en faire la distinction dans la signature mêm€t. Le
rédacteur-en-chef a cependant beaucoup plus de pouvoir que l'écrivain. D'un
, 56
côté, il est aux commandes d'un véhicule idéologique et culturel, ce qui
contribue à en faire un personnage en vue de la société. De l'autre. il cumule
aussi la fonction de censeur, de critique: c'est lui qui décide ce qui sera ou non
publié. Cette activité multiple de Chevalier résume bien toute la diversité du
travail des rédacteurs de l'époque. En clair cela signifie que Cherrier ne
s'occupe que de l'administration de la revue. Chevalier sera aussi critique
littéraire et orateur.
A son arrivée, Chevalier était loin de connaître ((les goûts du pays, ses
affections et ses antipathies.»58 Deux textes le marqueront profondément:
Charles Guérin de Chauveau et l'Histoire de Garneau: ccM.Chauveau m'avait
donné le Canada moral, vous [F X. Garneau] m'avez donné le Canada social
et politique[ ... ] .. 59. Cependant, à part ces de',x ouvrages. Chevalier ne sera
influencé que par très peu de textes canadiens-français. 1/ devra lui-même
"orienter" la revue vers une thématique canadienne-française, faute de textes:
La Ruche sera d'autant plus intéressante qu'elle renfermera plus d'articles canadiens. Nous désirons même qu'elle se composât exclusivement de morceaux empruntés à notre littérature indigène; mais s'il nous est impossible d'atteindre encore ce noble but qui comblerait tous nos désirs, nous nous engageons formellement à remplir la plupart de nos colonnes avec des nouvelles, esquisses, anecdotes [ ... ] dont les scènes auront le Canada, [ ... ], pour théâtre60
Un manque considérable de textes autochtones forcera Chevalier à combler
lui-même le vide. L'exotisme canadien-français véhiculé par la Ruche littéraire
sera donc la vision d'un étranger; un regard qui implique nécessairement des
jugements de valeur. Sa critique aura encore plus d'impact car elle passera
directement à travers le texte de fiction lUI-même
Connu à l'Institut canadien par ses essais sur la société et la culture
canadiennes-françaises; connu du public par le Pays, le Moniteur canadien, la
{
57
patrie et, bien entendu, la Ruche littéraire; s'étant fait remarquer dans différents
milieux, Chevalier jouissait à Montréal d'une reconnaissance sociale certaine.
Comme le fait remarquer Paul Wyczynski : ceLe grand mérite de Chevalier
est d'avoir compris la situation littéraire du Canada français des années 1850,
et d'avoir voulu créer un climat littéraire favorable à l'épanouissement de la
culture d'expression française.»61 Par le pouvoir qui lui était investi en ~ant que
rédacteur-en-chef de la Ruche et par le désir qu'il nourrissait de voir émerger
une littérature nationale au Canada français, Chevalier joua un rôle décisif pour
les lettres canadiennes-françaises en essayant de favoriser ceUe littérature par
des productions de sa plume.
Or tout ceci souligne un état de fait à l'époque : l'absence d'institution
littéraire. Chevalier occupe toutes les positions: écrivain, rédacteur, éditeur,
critique et il est clair pour lui que ce sont quatre emplois différents. L'absence
d'institution littéraire explique pourquoi Chevalier est un homme à tout faire
dans le champ du littéraire et, manifestement, il comprenait cette situation car il
ne se décrivait pas comme un écrivain, comme un rédacteur, par exemple,
mais plutôt comme un "Homme de Lettres".
• 58
NOTES DU SECOND CHAPITRE
1. Yvan Lamonde, Les BibliothèQyes de collectivités à Montréal (17e-198 Siècle), Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, 1979, p.23. 2. Yvan Lamonde, La Librairie et l'édition à Montréal 1776-1920, Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, 1991, p.55. 3. André Beaulieu, Jean Hamelin, La Presse guébécoise des origines à nos jours (tome premier. 1764-1859), Québec, Presses de l'Université Laval, 1973. 268p. 4. Yvan Lamonde, Les BibliothèQues de collectivités à Montréal (17e-1ge siècle), Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, 1979, p.117, (tableau 6). 5. Yvan Lamonde, Territoires de la culture Québécoise, Sainte-Foy, Presses de "Université Laval, 1991, p.55. 6. Yvan Lamonde, Gens de parole, Montréal, Boréal, 1990, p.19. 7. Yvan Lamonde, Territoires de la culture QuébécQise, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, 1991, p.55. 8. la Minerve, 22 mars 1853. 9. Jean-Guy Hudon, "Un Episode de la vie d'un faux dévot", dans Maurice Lemire, dir., Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec,(lome premier des origines à 1900). Montréal, Fides, 1980. p.734. 10. la Mi nerve, 26 et 31 mars 1853. 11. la Ruche littéraire, mars 1859, p.1. 12. ibidem. Il semble qu'il n'y ait pas que la situation financière de la Ruche qui ait toujours été précaire. L'éditeur Cherrier lui-même semble avoir vécu de sérieux problèmes monétaires. Dans une correspondance entre Cherrier et Alphonse Lusignan, ancien rédacteur du ~, on apprend en effet que Cherrier éprouve vers 1870 des ennuis financiers sérieux. Dans une lettre datée du 3 mars 1874, que Cherrier envoie du bureau du National. où il s'occupe alors des comptes, il demande à Lusignan: cc[ ... ] S" par la position que vous occupez actuellement dans son bureau, il vous est possible de dire un mot en ma faveur à Mr Oorion et de me faire avoir une place temporaire durant les sessions de Parlement seulement, car je n'ambitionne aucune autre situation, vous m'obligerez beaucoup et vous rendrez en même temps un service à mes trois plus jeunes enfants qui ont autailt besoin de moi, tant pour leurs habillements que pour subsistance. 1) (Archives nationales du Canada, MG29 0 27, volume 1, correspondance C-D). 13. la Ruche littéraire et politigue, septembre 1853. Chevalier et Cherrier s'expliqueront encore à ce sujet dans le ~ du 20 septembre 1853. 14. la Ruche littéraire, mars 1859, p.l. 15. ibidem, p.2. «En mal 1859, on annonce avec fierté que la revue est "en
.
( " ..
59
pleine voie de prospérité". On changeait pourtant de bureau presque à tous les mois et les difficultés, sans être connues du public, étaient néanmoins réelles.» (Jean-Guy Hudon, "La Ruche littéraire et politique", dans André Beaulieu et Jean Hamelin, La presse Québécoise des origines à nos jours. Tome premjer 1764-1859, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1973, pp.180-181.). 16. Vvan Lamonde, g~ms de parole, Montréal, Boréal, 1990, p.20. 17. Archives nationales du Canada, MG29D27, volume 1, correspondance C-D. 18. Archives nationales du Québec à Montréal, registres d'état civil, St-Rémi de Lasalle, index 1830-1877, bobine 485, n072 sépultures. 19. Daniel Ligou, dir., Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, Presses universitaires de France, 1987, p.935. 20. Sur le registre de mariage de Cherrier, la signature de John Lovell est aussi ponctuée. 21. la Ruche littéraire, avril 1853, p.169. 22. ibidem. 23. Daniel Ligou, op. cit., p.300. 24. la Ruche Ijttéraire, loc, cit.. 25. Maurice Lemire, dir., Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec. (tome premier. des origines à 1900), Montréal, Fides. 1980, xxvi à xliii. 26. La légende et le conte canadiens-français sont difficilement identifiables l'un de l'autre au XIXe siècle: Aurélien Boivin, Le Conte littéraire guébécois au XIXe siècle, Montréal, Fides, 1975, 386p. 27. Beatrice Corrigan, "Henri-Emile Chevalier and his Novels of North America", The Romantic Review, october (1944}: 221-222. 28. Henri-Emile Chevalier, Tempérance et intempérance, Montréal, de Montigny, 1856, p.32. 29. le Moniteur canadien, 5 octobre 1854. 30. Annoncé dans La Patrie du 1 er avril 1857. Les bureaux étaient alors situés au 19, Ste-Thérèse. 31. la Patrie, 22 avril 1857. 32. La Ruche littéraire, avril 1859, pp.41-48. 33.1bldem, p.47. 34. ibid. , p.41 . 35.ibiQ... 36. itlli1., p.42. 37.m. 38. m, p.43. 39. ibù1. Chevalier parle de l'éditeur en le nommant: "l'honnête traficant de pensées". 40 !.biQ., p.44. 41. ibi.cL. 42. m, p.45.
60
43. ibm. Maurice Lemire écrit à ce sujet dans: "La Valorisation du champ littéraire canadien à partir de 1840", dans Maurice Lemire, dir., L'Institution liltéLaiœ, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture et Centre de recherche en littérature québécoise, 1986, p.64: L'éloquence et l'écriture ne sont ni plus ni moins que des moyens peur parvenir à autre chose. Très peu de jeunes gens envisagent de faire de l'écriture une carrière. 44. Chevalier en compte un 58e au Brésil: la Reyue pittoresQue du Brésil, publiée à Rio de Janeiro par Charles Ribeyrolles. 45. la Ruche littéraire, lac. cjt., p.46. 46. H. Emile Chevalier, "La Langue française et la nationalité canadienne", la Ruche littéraire, mars 1859: p.8. 47. la Ruche littéraire, avril 1859, p.47. 48. Maurice Lemire, op.c;t., p.64. 49. la Ruche littéraire, loc. cit., p.47. 50. ibidem. 51. le Pays, 24 mars 1853. 52. la Ruche littéraire, août 1853, p.414. 53. la Ruche littéraire, mai 1853, p.230. 54. Yvan Lamonde, Gens de parole, Montréal, Boréal, 1990, p.152. Madame de Grandfort y donne une conférence publique intitulée: "L'Influence et l'avenir de la femme"(30 mai, 1er juin et 20 juin 1854). 55. Manon Brunet, "Les Femmes dans la production de la littérature francophone du début du XIXe siècle québécois", dans Claude Galarneau, Maurice Lemire, dir., Livre et lecture au Québec (1800-1850), Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1988, pp.167-180. 56. David-M. Hayne, Les Origines du roman canadien-français", Le Roman canadien-français, Montréal, Fides, Centre de recherches de littérature canadienne-française de "Université d'Ottawa, Archives des lettres canadiennes III, 1971, p.64. 57. Lovell avait l'habitude de commander des livres à des écrivains et de leur assurer un revenu par la vente de leurs ouvrages - ce qu'il fit pour Canadian Homes et The Lite and Adyentures of Simon Seek (A propos d'Ebenezer Clemo: Mary Jane Edwards, "Ebenezer Clemo [?1830-?1860]", Pictionnaire biographiQue du Canada, volume VIII, Québec, Presses de l'Université Laval, 1985, pp.178-179.). Nous soupçonnons même que ce soit Lovell et non Cherrier qui soit à l'origine de la publication du Charles Guérin de Chauveau: cc[ ... ] publier des œuvres littéraires était hasardeux, et c'est pourquoi Lovell se protégeait de plusieurs façons. Le risque financier était en général assumé par d'autres, et les travaux d'imprimerie devaient compenser les pertes que l'édition faisait subir à l'entreprise. ta (Georges L Parker, "John Lovell [1810-18931", Dictionnaire biographiQue du Canada,
(
t
61
volume XII, Québec, Presses de l'Université Laval. 1990. pp.618-623.) 58. la Ruche littéraire. août 1853, p.414. 59. ibidem, février 1854, p.32. 60. itmL.. p.l. 61. Paul Wyczynski, Voyage en Angleterre et en France dans les années 1831. 1832 et 1833, Ottawa, Editions de l'Université d'Ottawa. 1968. p.325.
(
(
62
De la date de parution du premier roman canadien-français, L'Influence
d'un livre1 en 1837, à l'arrivée de Chevalier 16 ans plus tard, l'activité littéraire
au Canada français reste étroitement liée aux journaux. 7 romans sont publiés2
durant cette période et seulement 2 d'entre eux le seront en livre: L'Influence
d'un Iiyre et Les Fiancés de 18123. 9 oeuvres poétiques, 4 pièces de théâtre et
53 "essais" seront également publiés durant cette période. Ce dernier chiffre
nous indique déjà que le créneau littéraire de l'époque n'était pas à la
littérature de fiction, mais plutôt aux considérations politiques et historiques, aux
réflexions sur la situation du pays La majorité des textes publiés en livre sera
des essais. Le journal, de par son caractère accessible, peu coûteux et
instantané, servira de lieu de diffusion d'une littérature naissante où les
productions sont souvent courtes et dont l'avenir dépend, en général, de la
réception que lUi réservent les lecteurs.
Maurice Lemire4 a déjà recherché la présence de feuilletons dans !Ji Canadien et la Minerve, de 1830 à 1850. Il Y a effectivement trouvé des
feuilletons, souvent des textes français. Nous avons tenté le même exercice en
dépouillant de façon arbitraire L'Aurore des Canada, en choisissant les mois de
novembre et de mars, du 13 mars 1840 au mois de novpmbre 1848. A chaque
entrée. nous avons trouvé un feuilleton soit par exemple de Frédéric Soulié
(mars 1843). de Paul Féval (novembre 1843). d'Elie Berthet (mars 1844 et
mars 1845), de Louis Berger (novembre 1844) ou d'Alexandre de Lavergne
(novembre 1846). Les lecteurs connaissent donc le genre romanesque que ce
soit par les feuilletons, par les productions européennes vendues dans les
librairies et par l'intermédiaire des journaux ou disponibles en bibliothèque;
cependant, il est rare que les productions ne proviennent pas d'auteurs
européens. L'ensemble des productions romanesques avant 1853 ne véhicule
pas une thématique de l'espace ou de l'histoire des Canadiens français:
, j
l _______ _
Si, d'un côté, [les rédacteurs] exploitent les "horreurs" de la Révolution pour éloigner les lecteurs des idées libérales, ils sympathisent avec les Chouans et les emigrés, de l'autre côté, les Canadiens se complaisent dans l'épopée napoléonienne comme en une douce revanche contre les Anglais. 5
63
A part quelques textes poétiques qui auront quelquefois pour sujet le Canada,
la littérature offerte aux lecteurs avant 1853 reste surtout européenne, en
véhiculant des idées, une histoire et un espace européens. Avant 1853, les
Canadiens français ne sont pas conscients de la valeur culturelle de l'exotisme
canadien-français: l'histoire et l'espace canadiens-français.
François Rabelais amorce un nouveau thème en littérature française, du
moins est-ce la première fois qu'on utilise le terme exotique , dans un passage
du Quart Liyre en 1548:
Adoncques descendit on havre, contemplant, cependent que les chormes des naufz faisoient aiguade, divers tableau, diverses tapisseries, divers animaulx, poissons, oiseau lx et aultres marchandises exotiques et pérégrines.6
Comme le fait remarquer Vincenette Maigne:
Le terme [exotique] est donc originellement un terme purement technique, qui s'applique à des productions d'un sol, productions que l'on extrait de leur monde d'origine pour les amener dans un monde autre.7
Dès le départ, exotique renvoyait à un Ailleurs, à une Différence: l'exotisme
c'est une façon de voir le monde que l'on ne connaït pas.
Lorsqu'on parle d'exotisme, Il faut distinguer deux pôles de la
représentation de cet Ailleurs. D'une part, il y a une représentation objective en
ce qu'elle présente la réalité de ce nouveau milieu telle qu'elle apparait; le
concept d'exotisme renvoie alors au sens où l'entendait Rabelais, c'est-à-dire
qui ne vient pas du lieu où l'on se trouve D'autre part, il y a une représentation
subjective qui se caracténse par la confrontatIon de cet Ailleurs au milieu
(
(
64
d'origine; c'est surtout cette seconde représentation qui eut cours au XIXe
siècle et qui nous intéresse ici. l'écrivain - Chevalier - représente cet Ailleurs -
le Canada - selon sa propre conception des milieux qu'il confronte: la France et
le Canada:
l'exotisme, en matière littéraire, c'est, d'abord, une conception toute faite que nous avons d'un pays et de ses habitants. Il peut y entrer des éléments réels, vrais ou vraisemblables, fournis par les voyageurs marins; mais il peut y entrer aussi, et souvent il y entre surtout, des éléments conventionnels. l'exotisme peut n'être qu'une façon préconçue de voir ou d'imaginer un pays[ ... ]8
Dès la découverte de l'Amérique, la figure du Sauvaige a fasciné les
écrivains français. On cherchait à savoir comment ils vivaient, mais, surtout, on
les représentait comme des descendants des civilisations de la Grèce antique
et du Paradis terrestre, d'où le Sauvage heureux et digne d'envie. A l'inverse,
on représentait aussi les Sauvages comme des hérétiques et des impies: c'était
le Sauvage barbare et cannibale. Cette dualité de la littérature américaniste est
présente dans tous les textes des voyageurs jusqu'au XI Xe siècle. Gilbert
Chinard écrit: cc Nous constaterons que dès l'origine la littérature américaniste a
eu pour caracténstique principale d'être une littérature exclusivement
intéressée et par là elle se distingue très netter.lent de l'orientalisme.,,9 D'un
Champlain qui fera les premiers éloges des Sauvages, au sieur de Dièrevilie
qlli trouvera pour le moins étranges les moeurs des Sauvages d'Acadie, en
passant par les pères Jésuites, autant de précurseurs de Candide, d'Atala et de
la robinsonnade.
L'Amérique représentera aussi un attrait pour les Canadiens français. Un
certain exotisme se développera autour de l'image des Etats-Unis. La quête de
l'or dans l'Ouest américain donnera naissance à toutes sortes d'histoires, mais
l'image des Etats-Unis est avant tout la liberté associée à un devenir politique:
.'
[L'image des Etats-Unis) donne en fait naissance à trois orientations littéraires communes par leur origine mais différentes par leur développement. Entre 1820 et 1840, elle soutient l'idéal républicain des poètes nationalistes; de 1845 à 1870, elle éclaire, tel un flambeau, la pensée libérale de l'Institut canadien de Montréal[ ... ); enfin, de 1870 jusqu'aux environs de 1930, elle provoque dans l'âme des écrivains le sentiment d'une fidélité résignée à l'égard de l'Angleterre. 1o
65
Au XIXe siècle, les Canadiens français sont donc entichés par la représentation
d'une autre terre, d'un Ailleurs qui représente la liberté qu'ils ont perdue. Or
étrangement, ils rêveront d'un Ailleurs sans déjà avoir pris définitivement
poss6ssion de leur espace et de leur histoire. Ils sentent qu'on leur a enlevé
cette terre et, se sentant abandonnés par la mère-patrie, ils cherchent tant bien
que mal un exemple à suivre. Les Etats-Unrs représenteront cet idéal.
La décennie de 1850 à 1860 marquera, dans la littérature, une étape
décisive dans cette prise de possession par les Canadiens français de leur
espace et de leur histoire; on n'a qu'à penser à l'impact de la publication de
l'Histoire du Canada de Garneau sur le milieu intellectuel. Un autre exemple
est la peinture de Cornelius Krieghoff:
De fait, le "genre" astucieusement dé'/eloppé par Krieghoff dans la saveur du terroir propose une sorte de synthèse de deux courants parallèles à l'époque, ceux du portrait et du paysage; mais jusqu'icI, le portrait est trop souvent guindé. réservé aux classes aristocratiques. bourgeoises et ecclésiastiques, et le paysage n'a guère dépassé le papier d'aquarelle[ ... ). Or au milieu du XIXe siècle 1 il Y a au Québec comme au Canada anglais et au Etats-Unis, une curiosité pour la vie rustique, le folklore et les Amérindiens, qui commence à se manifester dans les journaux et en littérature. 11
Vers 1850 au Canada français. on commence donc à se voir dans l'espace
environnant, à voir /ltre son histoire. De plus en plus, le souci d'une littérature
nationale verra le jour: écnre son histoire, la raconter, peindre son espace, bref
prendre possession de son univers.
66
Cependant, un problème de taille a nui à cette prise de possession: le
manque d'écrivains capables et désireux de le faire. Si on ajoute à cela que
Fenimore Cooper avait déjà révélé l'Amérique à l'Europe, on comprend
pourquoi Octave Crémazie écrivit, en 1867, dans une lettre à l'abbé Casgrain:
[ ... ] le Canada aurait pu conquérir sa place au milieu des littératures du vieux monde, si parmi ses enfants il s'était trouvé un écrivain capable d'initier, avant Fenimore Cooper, l'Europe à la grandiose nature de nos forêts, aux exploits légendaires de nos trappeurs et de nos voyageurs. Aujourd'hui, quand bien même un talent aussi puissant que celui de l'auteur du Dernier des Mohicans se révélerait parmi nous, ses oeuvres ne produiraient aucune sensation en Europe, car il aurait l'Irréparable tort d'arriver le second, c'est-à-dire trop tard. 12
Par ses écrits et entre autres par son essai intitulé: "La Langue française
et la nationalité canadienne"13, Chevalier est un des précurseurs d'une
littérature autochtone au Canada français et du discours nationaliste de l'élite
canadienne-française des années , 860. Chevalier écrit : ccLangue et
Nationalité, ces deux termes ne sont pas homonymes, pas synonymes, mais ne
vous semble-HI pas qu'ils soient ce que la mère est à la fille et qu'un peuple
soit toujours là pour légitimer les liens qui les unissent?» 14
Selon Chevalier, la langue est le trait le plus fort des peuples: cc[ ... ]iI
suffit d'une heure, d'un décret pour immoler une nationalité politique. On ne
peut jamais préciser le moment où on immolera une langue. C'est que la
première est une convention gouvernementale, la seconde une nécessité
sociale.·· 15 Selon lui, cette force de la langue lui permet de survivre devant
l'adversité, comme la langue française survivra au monde anglo-saxon de
l'Amérique. A son avis, la langue française survit parce qu'elle ccaccepte le
réalisme de la langue anglaise, quand elle ne l'exporte pas elle-même [ ... ] le
réalisme est, on doit le reconnaître, la route vers laquelle se dirige l'esprit
public.» 16 L'Amérique anglo-saxonne étant particulièrement engagée dans
cette vOie parce qu'elle cea besoin de substantifs aujourd'hui. [ ... ] Quand
• 67
l'Amérique sera défrichée et colonisée. la langue sera défrichée, qu'on nous
pardonne le terme ! Plus réaliste que l'anglais, le langage américain
s'idéalisera au milieu de l'allemand, du français et de l'espagnol.,,17 Dans le
propos de Chevalier. il faut évidemment voir un parallèle avec la situation
canadienne-française de l'époque: cela langue a popularisé par ses chants la nationalité
française; elle l'a cimentée. Aussi croyons-nous cette langue et cette nationalité plus viriles, plus simples, plus intimement mariées que jamais. [ ... ) [Et faisant allusion au Canada français] Ils sentent bien la justice de cette observation les peuples forcés par leur position à manier tour à tour la langue française et une langue étrangère. C'est une bataille terrible. acharnée. qui ne laisse ni trève ni merci. car elle a pour appât la nationalité." 18
Chevalier aborde ensuite le domaine de l'écriture ... l'imagination n'est
point. comme on le suppose, la base du véntable talent littéraire; c'est la raison
aiguisée par l'esprit. le bon sens avec l'expression heureuse." 19 Selon lui:
((notre langue dans nos bons écrivains, n'use que fort sobrement des
hyperboles et de ces figures recherchées ennemies de la vérité.,,2o Et cette
écriture sobre 1 Chevalier la retrouvera dans L'Histoire du Canada de Garneau
dont il cite un long passage qUi s'applique à glorifier la "race"
canadienne-française d'Amérique.
Même si le peuple canadien-français a réussi jusqu'alors à conserver son
caractère distinct, Chevalier, le progressiste, ne peut s'empêcher de poser la
question : c<Mais comment hâter le développement de la nationalité
canadienne-française en Amérique?,.21 Premièrement, les Canadiens français
se doivent de chanter leur histOire à travers une littérature plus originale qui
décrit leurs moeurs et leur pays. A titre d'exemple, il cite la conquête : «Ce
conflit est une des plus remarquables épopées que je connaisse. Un peintre lui
a manqué, jusqu'à ce Jour peut-être. Mais tôt ou tard on le verra paraître et son
tableau, s'il est fidèle, prendra une place première dans les annales du
monde.,,22
(
(
68
La réalité canadienne étant vraiment différente, sa littérature doit la
refléter et la langue française doit se plier à cette différence. Par exemple,
Chevalier montre que le mot "meublier" tradu;t mieux l'occupation que le mot
"ébéniste" qui a cours en France; ainsi du mot "change" employé à la place de
"monnaie". Afin que la littérature puisse traduire la réalité
canadienne-française, Chevalier se fera le défenseur du ((libéralisme en
matière de lexicologie,,23.
Chevalier termine son essai en souhaitant que la nationalité
canadienne-française devienne un centre littéraire qui rayonnera sur toute
l'Amérique traduisant ainsi un~ emprise heureuse sur le milieu et une
émancipation distincte de la France.
Dans cet essai, Chevalier présente le lien entre la langue et la nationalité
d'une façon quelque peu nouvelle à l'époque. Peut-être en raison de son
caractère d'étranger, le Canada français lui apparait comme un centre
particulier dans lequel les Canadiens français vivent une réalité bien différente
de l'Europe. Et c'est pourquoi Chevalier croit qu'il ne faut pas que la littérature
ne devienne que le véhicule exclusif de la langue française, mais bien une
représentation juste et réaliste de la situation francophone du Canada, de
l'histoire du peuple canadien-français et, surtout, de la différence qui
caractérise ce peuple vis-à-vIs des autres communautés d'Amérique. Si
l'histoire du pays n'a pu être chantée c'est. d'abord et avant tout. parce que la
particularité du milieu n'a pas encore été pressentie comme un moteur de
l'émancipation du peuple canadien-français. En d'autres mots, il existe un
créneau exotique dans lequel on n'a pas encore puisé et qui s'avère, selon
Chevalier, la pierre angulaire de l'affirmation du peuple canadien-français.
Paysages, personnes, histoire, moeurs, vision du monde et de son monde,
autant de sujets littéraires teintés d'exotisme qui n'ont pas encore été chantés
par la littérature canadienne-française.
~ 1 ,
69
C'est cette vision optimiste de la société canadienne-française qui invite
Chevalier, en 1859: cc[ ... ] à reprendre la publication de la Ruche , pour
travailler, dans la mesure de nos forces, à accélérer, en Amérique, les progrès
de notre magnifique langue française lancée sur les ailes de la civilisation à la
conquête du monde ... 24
Au Canada français, Chevalier reste le romancier le plus productif des
années 1853 à 1860. Sylvie Tellier25 a recensé 13 romans, de 1853 à 1859
inclusivement, et 8 (61,5%) sont de Chevalier. Or, elle classe 5 textes de
Chevalier dans la catégories essai, alors qu'ils sont en fait des romans:
L'Héroïne de Chateauguay, L'iroguoise de Caughnawaga, Les Trappeurs de la
Baie d'Hudson, Le Pirate du St-Laurent et JacQues Cartier. On aurait alors 18
romans pour la période dont 13 de Chevalier, soit 72,2%.
Nous allons maintenant analyser l'ensemble de la production littéraire de
Chevalier écrite durant son passage à Montréal26 . D'abord nous définirons le
narrateur chez Chevalier et, ensuite, nous analyserons les textes sous 9 angles
différents: le personnage féminin, l'habitation, la grotte, le personnage du
brigand, le héros masculin, l'Indien et ses moeurs, l'image de la ville, le fleuve
et la leXicologie canadienne-française. Selon nous, ces pistes d'analyse
justifient notre choix de par leur récurrence dans l'ensemble des textes de
Chevalier.
Dans Le Roman populaire27 , Marc Angenot rappelle la classification des
points de vue narratifs: la vision par derrière ou omnisciente, alors que le
narrateur en sait plus que les personnages; la vision avec ou intérieure, lorsque
le narrateur en sait autant que les personnages; la vision en dehors, neutre, du
narrateur témoin alors qu'il n'a pas accès à la conscience des personnages. Le
roman populaire a essentiellement recours à la Vision omnisciente. Le
narrateur est étranger à l'histoire. connaît tous les personnages. résume l'action
{
70
au lieu de la mettre en scène et est capable de suivre ce qui se passe à
plusieurs endroits à la fois; le narrataire est implicite. De plus, le narrateur
intervient dIrectement dans le déroulement du récit: cc[ ... ] la convention
narrative sur laquelle est fondé le roman populaire au XIXe siècle est celle d'un
narrateur-Asmodée. qui prend le lecteur par la main, passe à travers les portes,
lui ouvre les alcôves. invisible à côté des personnages. ,,28 Nous avons
déterminé 8 caractéristiques du narrateur chez Chevalier qui nous semblent le
définir adéquatement.
Dans un premier temps. le narrateur se fait le guide du lecteur, par
exemple: ccAvant d'y introduire le lecteur, apprenons-lui ce que c'était que cette
maison. ,,29 et: "Si le lecteur consent à pénétrer avec nous dans l'un de ces
cachots, au moment où !es sentinelles s'envoient le mot d'ordre, il y trouvera
deux prisonniers, avec qui nous aurons occasion de faire ample
connaissance.»3o
En deuxième lieu, loin de se contenter de présenter l'espace, les lieux et
les personnages au lecteur, le narrateur lui rappelle souvent le fil du récit ou un
détail qu'il aurait pu oublier: ceLe lecteur n'a point oublié l'entrevue de Lewis
Corawly avec Edouard Durosoir, autrement dit le capitaine, dans la
bibliothèque de madame Carola Marchand.,,31 et: "Nous avons quitté l'Ermite
au moment où il se séparait de la baronne de Sérigny pour aller voir ce qui se
passait à Maulnes. ,,32
Ces deux premiers genres d'interventions de la part du narrateur permettent au
lecteur de suivre le fIl du récit même s'il n'a pu lire le numéro précédent. Des
considérations mercantiles obligeaient donc l'auteur à organiser son récit de
façon à ce que le lecteur puisse continuer de lire et ainsi d'acheter le feuilleton
même s'il avait raté quelques épisodes.
L
71
Le troisième genre d'aparté employé par le narrateur est l'analepse.
Comme un "f1ashback" 1 ce retour permet de faire des raccords entre les
événements importants pour l'intrigue. «Dans une rencontre antérieure aux
événements que nous venons d'esquisser, Olmechm, tombé dans une
embuscade, avait été pris par Shkodun.»33, «Rajeunissons Alfred Robin de
trois années et nous le trouverons en 1841 [ ... ]»34.
Cet aparté permet une progression rapide de l'action vers le coup de théâtre
final caractéristique du feuilleton, sans avoir à s'étendre sur des détails
superficiels qui pourraient retarder le déroulement de l'intrigue.
Quatrièmement, aux différents apartés possibles, Marc Angenot ajoute
l'excuse, «passablement hypocrite, en cas d'anacoluthe structurale,,35, que l'on
retrouve chez Chevalier. Elle a pour fonction de ramener le lecteur dans le récit
après une digression du narrateur sur la philosophie, la politique, etc. Le
feuilleton est avant tout du divertissement, par exemple: «Pardons, mille
millions de pardons, chers lecteurs; le démon de la philosophie nous a emporté
hors de la ligne anecdotique[ ... ]»36 et: «Maintenant, nous demandons pardon
au lecteur, de cette digression anatomique et métaphysique[ ... J»37.
En cinquième lieu, le narrateur chez Chevalier utilise souvent la
prétérition, c'est-à-dire qu'il feint de ne pas vouloir dire ce que néanmoins il dit
très clairement; par exemple: <clnutile de dire que ces cadavres étaient scalpés
et mutilés.»38
Cet exemple montre que le narrateur généralise la pratique du scalp et que, les
représentant sans merci, il est dangereux pour quiconque d'être prisonnier des
Indiens. Quelquefois, ce seront les descriptions des pensées des personnages
qui seront décntes par prétérition' «II est de ces angoisses que ni la plume ni le
72
pinceau ne sauraient traduire Mais qui ne sentira pas tout ce qu'avait la
position de nos personnages? .. 39 et: «Si Louise l'ignore elle-même, comment
oserions-nous hasarder une supposition! Tout ce que nous pouvons affirmer,
c'est quel ... ],,40.
Sixièmement, une marque de l'exotisme chez Chevalier - à part les titres
eux-mêmes - est présente à travers les épiphonèmes sentencieux que
prononcera le narrateur, par exemple: «C'était par une de ces belles nuits que
l'on ne trouve que sous le ciel de l'Italie ou du Canada. Le firmament était uni
comme un miroir. Des globes étincelants constellaient l'azur[ ... 1,,41 et: ccMais
hâtons-nous de le dire, l'on n'était qu'au 5 mars de l'année 1845; et en
Canada, il est rare que l'hiver finisse avant le 15 avril!,,42
Septièmement, l'omniscience du narrateur fait qu'il exprime tout haut les
réflexions des personnages, tout en sachant qu'ils ne les pensent pas. Il exerce
ainsi une forme de contrôle sur les personnages: ((Sans doute Jacques ne se fit
pas cette réflexion[ .. }»43 et: .. Voilà certes des réflexions que Jacques Bourgeot
ne se fit pas en apercevant le buste d'Angèle s'estompant dans la baie de la
fenêtre[ ... ) .,44.
Notre huitième et dernière caractéristique du narrateur montre tout le
contrôle qu'il exerce sur le récit La présence d'un observateur potentiel vient
appuyer les dires du narrateur en lui permettant, dans les situations difficiles, de
donner de l'information au lecteur. Il y a donc un dédoublement du narrateur:
((leur présence l'incommodait-il? Un observateur attentif eut pu le croire[ ... }n45
et: ((Mais. à l'aide d'un examen minutieux, l'observateur aurait fini par
remarquer qu'entre les vitraux des croisées et les volets[ ... ] .. 46.
En résumé. nous avancerons une définition du narrateur des textes de
Chevalier: un narrateur omniscient qui guide le lecteur à l'aide de
connaissances illimitées sur les actions et les personnages et qui contrôle le
déroulement du récit et la psychologie des personnages afin d'assurer une
suite rapide entre les événements du feuilleton.
73
Les personnages chez Chevalier sont des types. Chevalier connaissait
les romans de Balzac, mais son personnage-type est beaucoup moins étoffé
que celui du romancier de la Comédie Humaine. Chez Balzac, .. l'artiste se
place au centre de l'Univers et le contemple à l'Intérieur de lui-même •• 47 ; chez
Chevalier, il ne s'agit pas d'une re-création, mais d'une accumulation de traits
extérieurs de personnes: le type est un exemple de ce genre de personnage
En campant tel ou tel personnage, Chevalier fait un choix personnel et la
description qu'il en fait est marquée des traits les plus caractéristiques; c'est
pourquoi les Indiens, la femme ou le brigand, par exemple, sont très typés'
«[ ... ] l'exotisme[ ... ]pourra être aussi bien une sorte de photographie du réel
qu'une série de notations, moins fidèles peut-être, mais plus suggestives parce
que, choisies, elles exprimeront en même temps la personnalité de
l'écrivain[ ... ] ... 48
Lorsqu'on lit l'ensemble de la production montréalaise de Chevalier, il est
possible de faire ressortir des constantes au niveau des personnages et du
décor. Ces constantes nous montreront, après analyse, les particularités du
Canada qui forment la majeure partie du contenu exotique des productions de
Chevalier. De façon générale' cc[ .. ]Chevalier n'est ni un penseur ni un
psychologue. Comme il est de mise dans les romans du genre feuilleton, les
méchants dans son oeuvre sont noirs comme jais et les bons blancs comme
neige, généralement au physique et au moral[ .. ] .. 49
A cet égard, le personnage féminin est le plus éloquent; l'héroïne ayant
beaucoup de charme, la mauvaise femme faisant toujours peur à son
entourage. L'héroïne chez Chevalier sera de deux types, mais la majorité aura
les cheveux et les yeux noirs: l'une sera jeune at belle, rappelant l'image
romantique de la femme:
[Louise de Villedieu] avait dix-sept ans environ, mais on lui en eût donné vingt-cinq. C'était une de ces beautés précoces[ ... ]; car si ses traits avaient une régularité parfaite, le velouté de sa carnation, le feu de son regard,
( J
le léger duvet qUI ombrageait sa lèvre supérieure, la nchesse de ses épaules, l'opulence de sa taille, accusaient déjà la femme en annonçant que des passions brûlantes couvaient dans son sein virginal. Est-il besoin après cela de rajouter que les yeux et les cheveux de LOUIse étaient noirs et brillants comme le jais!50
L'autre sera forte, Virile, tout en cachant des charmes particuliers:
Mane n'était point une de ces beautés postiches[ ... ]. Elle n'était même pas jolie. Dans un salon on l'eût considérée comme une grossière et laide paysanne; à Beauharnois, les cavaliers trouvaient qu'elle avait l'air trop viril. Et, en effet, son visage était coupé par des lignes sévères et accentuées; sa taille, quoique bien prise, avait un peu d'embonpoint et ses bras robustes, musculeux n'eussent pas juré sur une constitution masculine. Mais, si Marie avait le galbe de la figure énergétiquement sculpté, elle possédait une splendide chevelure noire, aux reflets chatoyants qu'eût enviée plus d'une grande dame; si son teint était bruni par le hâle, ses yeux noirs, resplendissaient de noblesse, semblaient les fidèles interprètes d'une âme généreuse et sympathique; si ces membres étaient doués de cette vigueur qui est estimée comme un défaut chez les femmes, il s'exhalait de sa personne un parfum de chasteté virginale qui captivait promptement ceux qui l'approchaient.51
74
Cette dernière description de Marie Bertholet, l'héroïne de Chateauguay,
représente bien l'Image que se faisait Chevalier de la femme
canadienne-française: elle possède une forte constitution lui permettant
d'accomplir les tâches rendues difficiles par la nature ou le climat et, en dernier
recours, de se défendre contre un agresseur.
Cette force physique accompagne le thème que Maurice Lemire a appelé
la victoire morale 52 et qui est bien présent dans quelques textes de Chevalier.
L'Américain voudrait bien que la Canadienne l'aime, mais cc[ce] refus[ ... ]est
d'autant plus cuisant qu'il se fonde sur une question de nationalité))53; ainsi
Marie Bertholet aura raison du soldat américain qui voudra l'embrasser de
force: "Sur CEl, il s'avança vers Marie, qUi se tenait toujours sur la défensive, et
75
tenta de la saisir dans ses bras. Mais un glorieux coup de poing, lancé en
pleine poitrine, l'envoya rouler à dIX pas d'elle.·,54 Elle sera ensuite fait
prisonnière par les Américains. Elle réussira à s'échapper et, en se déguisant
en pêcheur, elle ira proposer ses services comme militaire au colonel de
Salaberry; en plus de lui révéler tout ce qu'elle avait vu durant sa captivité. Pour
elle, se venger des Indiens qUi ont tué ses parents et qui travaillent pour les
Américains signifie alors se venger des Américains eux-mêmes.
L'image positive de l'héroïne sera aussi avantagée par la présence des
autres personnages féminins. Celui qu'on retrouve le plus souvent s'apparente
à l'image gothique de la sorcière; autant l'héroïne est charmante et inspire de
nobles sentiments, autant cette autre femme sera laide et souvent associée aux
personnages masculins des bandits et des truands. Telle est l'image de
Madame Simonin dans "La Vie à New-York", de la Mère Guilloux dans Le
Pirate du St-Laurent55 et de la mère Bossue dans "L'Histoire d'une famille
canadienne":
C'était une sorte de monstre féminin; petite taille, petits membres, petit visage chafouin, jauni, ratatiné comme une pomme gelée, planté au menton et au bout du nez de longs poils blancs, et animé par deux petits yeux ronds, luisants comme ceux d'une chouette. Ce visage était enfoncé dans les épaules, et encadré sur une protubérance dorsale qui avait valu à sa propriétaire son nom de "Bossue". Pour vètements, elle portait un fourreau de bure verte en guenilles, son crâne était nu, presque chauve, a l'exception de quelques mèches grises, dures, qui pendaient &ur ses omoplates. Des manches de son vëtement s'échappaient deux mains décharnées, terreuses, armées d'appendices en corne, plus semblables à des griffes qu'à des ongles.56
Il faut voir que si ces personnages sont si particuliers, SI ces types sont si
marqués, c'est qu'il répondent, d'une part, aux règles du genre feuilleton qui:
(
76
«tend à un maximum de figement et à une grande étroitesse de variantes
possibles,,57 et, d'autre part, que le cadre exotique dans lequel ils évoluent
contribue à caracténser ces personnages. Chez Chevalier, l'héroïne habitera
souvent le centre de Montréal, comme dans Le Pirate du St-Laurent par
exemple, et non Griffintown, «le réservoir de la lie de la population •• S8 , qui «est
borné au nord par la rue Guillaume et le mur d'enceinte du Collège, au sud par
le canal Lachine, à l'est par la rue McGili et le marché Ste.Anne, à l'ouest par
des terrains vagues et des prairies[ ... J .•• 59
C'est dans une Vieille maison louche que l'on retrouvera le personnage
féminin de la vieille dame dont tous se méfient. Ce genre d'habitation où se
réunissent souvent les malfaiteurs semble être une constante. du moins un
ressort utile au développement du récit du roman feuilleton canadien-français.
On en trouve un exemple dans le roman de Boucher de Boucherville, Une de
perdue. deux de trouvées6o , la maison de la mère Coco-Letard n'inspire guère
confiance et le sous-sol deviendra le cachot temporaire où sera enfermé Pierre
de St-LuC61 . Chez Chevalier, cette maison semble, de prime abord, de la plus
chétive apparence, mais à l'inverse elle inspire la crainte de l'antre maléfique
ou de la grotte mystérieuse: Cette cahute n'avait qu'un étage: autour régnait une galerie délabrée à laquelle on arrivait par un escalier de quatre marches.Le toit, couvert de bardeaux, se projetait en forme d'auvent au-dessus de la galerie et l'abritait tant bien que mal. Il était surmonté d'une lucarne-demoiselle, alors à demi enterrée sous la neige.[ ... ]Devant cette maison s'étendait la cour, ceinte d'une palissade en souches d'érable, grossièrement empilées les unes sur les autres. Des tas de fumiers, revêtus d'une épaisse couche de glace, et un poulailler composaient les principaux ornements de la cour[ .. ]. Habitation et habitante jouissaient d'une mauvaise réputation. Dans le voisinage on n'en parlait qu'avec terreur. Ceux que leurs affaires obligeaient à passer près de la résidence de la mère GUilloux ne manquaient jamais de se signer, et le seul nom de la maritone suffisait pour imposer silence aux enfants criards. 62
77
Chez Chevalier, on peut expliquer la récurrence de la vieille maison de deux
façons: d'abord sa présence se justifie par son apport à "intrigue et,
ensuite, elle témoigne de l'Intérêt de Chevalier pour les sociétés secrètes
Cette omniprésence du mystérieux montre aussI à quel point l'univers
romanesque de l'époque est fortement empreint par la tradition gothique:
Tous les romans noirs québécois possèdent, au coeur de leur structure narrative, l'élément qui donne au roman nOir sa coloration esthétique: le vilain, figure obligée de tous ces récits.[ ... ]Tous ces personnages [de vilain)[ ... ] ont pour rôle principal de véhiculer la terreur. C'est pourquoi le décor qui les entoure est si important. Décor et personnage terrifiants font corps, se survalorisent l'un l'autre et multiplient ainsi l'effet recherché par l'esthétique du roman noir.63
Dans les récits de Chevalier, il est rare qu'un malfaiteur agisse seul car il
fait souvent partie d'un regroupement. d'une bande. Les membres de la bande
se regrouperont toujours en un lieu s'apparentant à la grotte quand ce n'y sera
pas directement. Déjà le titre du feuilleton "Les Souterrains du Château de
Maulnes" l'annonce et d'autres exemples se trouvent dans "Les Trappeurs de
la Baie d'Hudson"64 et "La Fiancée du bandit" .
[ ... }c'était une caverne sombre et profonde, au coeur d'une épaisse forêt. Jamais les rayons du soleil ne pénétraient ses murs de granit; elle aurait ressemblé à une noire prison, si les candélabres suspendus à sa voûte ne l'eussent inondée de leurs flots de lumière. Autour d'une table, dressée au centre de la caverne, une centaine d'hommes robustes, à la taille athlétique, et dont la physionomie indiquait la rudesse et la férocité, étaient nonchalemment étendus sur des lits. Des mets recherchés et des VinS fins, pétillants, couvraient la table devant eux. La vaisselle était de la plus grande richesse.6S
Pour l'intrigue, la caverne est riche en rebondissements: cachettes, trésors,
éboulis. captivité, intrusions secrètes, délivrance de la jeune fille. autant de
ressorts qui servent bien les coups de théâtre: <c[ .. lear le lecteur aime la
(
78
variété, et son attente a besoin d'être fouettée par ce qu'en langage de
feuilletoniste on appelle coupures dramatiques. »66
Autant la grotte est, chez Chevalier, très typée, autant les brigands qui
l'habitent le sont aussI. Ils forment généralement un communauté crainte - si ce
n'est déjà par sa réputation - qui est dirigée par un chef qu'on appellera
"Capitaine" ou "Maître". Ce personnage ne sera pas, en apparence, le plus
redoutable et il reprp.sentera parfOIS, aux yeux de l'héroïne, un beau cavalier
mystérieux; c'est le cas dans "Le Château de Maulnes". S'il est le chef, c'est
qu'il a l'instinct de domination; par son seul regard. il règnera sur sa bande et
son nom suffira à en imposer à plus d'un, comme dans "La Vie à New-York". Le
brigand sous les ordres du chef sera crapuleux et prêt à tout. A l'aspect
douteux. ce dernier sera souvent fort physiquement, aimera se battre et passera
ses temps libres dans les Bar ,Doms à se saouler, comme dans "La Vie à
New-York" et Le Pirate du St-Laurent. Cette image des brigands répond bien à
un thème en vogue vers 1850:
L'univers à la fois légendaire et réel du brigand, du hors-la-loi, du gangster au coeur généreux entraîne l'imagination de quelques écrivains vers des horizons plus insolites. plus captivants sans doute que ceux du voyage ou de "histoire. Suivant un procédé littéraire abondamment illustré par les auteurs de romans-feuilletons, certains conteurs et romanciers transposent le scène de leurs récits d'aventures en terre américaine. De multiples raisons les poussent à agir ainsi. D'abord au XIXe siècle, la popularité du roman-feuilleton, qui offre aux lecteurs un héroïsme romanesque basé sur le dépaysement dans l'espace et non plus, comme le roman historique, dans le temps, eh bien cette popularité les oblige à rechercher un exotisme où la peinture crue de la dégradation humaine réunit toutes les chances d'être vraisemblable.67
De fait, comme le souligne Guilrjo Rousseau, à propos d'Une partie de chasse
dans le Michigan, de Napoléon Legendre, et Peaux-Rouges et
Peaux-Blanches, de Chevalier'
, ,
[ilS] ne feraient pas exotiques s'ils ne montraient pas l'Ouest tel que le veut la légende: combats corps à corps, flèches empoisonnées, danses guerrières, interminables marches à travers des forêts inconnues, descentes sur des rivières dangereuses Qui mènent à des repaires bien dissimulés dans des groUes profondes ou sur le flanc des collines escarpées,(Nous souhgnons)68
79
Nous croyons pouvoir généraliser cette affirmation à la presque totalité des
récits de Chevalier, En parlant de la "Vie à New-York", Rousseau continue en
disant: Henri-Emile Chevalier choisit les bas-fonds de New York, avec leurs rues obscures et mal pavées, leurs tavernes infestées de corsaires[, ,Jet leurs repaires de Criminels notoires, Ce monde de la nuit, le romancier l'oppose à celui des quartiers huppés de la Métropole américame où s'entassent des fortunes réservées à une élite, Puis entre les deux camps, la masse anonyme, sujette aux représailles,69
La représentation des brigands chez Chevalier en fait des sociétés
marginales, dangereuses et aussi étroitement liées aux tavernes, à l'alcool,
Chevalier a publié, en 1856 chez Montigny et cie, un texte en faveur de la
tempérance intitulé: Tempérance et intempérance7o, CeUe publication s'inscrit
alors dans un mouvement massif de la société canadienne-française contre
l'intempérance, Et c'est ce qUi explique que chez Chevalier les brigands ont
comme principal défaut d'abuser de l'alcool, La représentation du bandit assis
à une table dans une taverne et buvant avec excès contribue d'abord à
stéréotyper le personnage, mais d'un autre côté, cette représentation se veut
aussi didactique, Chevalier l'explique ainSI:
La littérature s'embellit en reproduisant les ombres délicates du caractère; en engageant les moissons de la réflexion, en explorant ce qui reste caché, de mystérieux et de sublime derrière le voile des événements ordinaires, et dans le fond des esprits ordinaires, surtout en ce qui a trait à l'éducation et à la culture des moeurs, même plus qu'à celle de l'existence intellectuelle,71
80
Le personnage du brigand est donc fortement typé et, comme c'est le cas pour
les personnages féminins, le personnage du héros sera l'inverse du malfaiteur.
Le héros masculin chez Chevalier est habituellement jeune, courageux,
doué de capacités diverses (danse, sport, adresse, etc.) et il jouit d'une forte
intelligence. S'il lui arrive de tomber dans une impasse ou de se trouver dans
une situation difficile, il peut compter sur des amis fidèles tant humains
qu'animaux. C'est l'exemple de Kenneth Iverson des "Trappeurs de la Baie
d'Hudson" qui pourra compter sur son compagnon Nick Whiffles et son fidèle
chien Calamité, ainsi que sur le quaker Abram Hammet. C'est aussi l'exemple
du héros au nom prédestiné du prologue des "Mystères de Montréal", William
Goodluck:
Après avoir été le point de mire de la fashion britannique, il ne pouvait manquer de trôner bientôt sur l'élégance canadienne. En effet, au bout de deux mois; William était l'âme des salons anglais et français; le boute-en-train de tous les partis ; la coqueluche des dames; le modèle des gentlemen .72
William Goodluck pourra compter sur Eagle, son fier cheval, qui rehaussera son
image par ses prouesses Impressionnantes.
Dans Le Pirate du St-Laurent, Alphonse Maigret est "exemple de
l'honneur et du courage; après la mort soudaine de son protecteur, M. Huot, il
devint le protecteur de sa propre famille: ccii fallait du pain à sa famille: il résolut
de lui en donner, dût cette détermination briser à jamais le magnifique avenir
auquel lui donnaient droit de prétendre ses talents et ses brillantes qualités.» 73
Incarcéré pour délit politique, il réussira à s'échapper et sera recueilli et soigné
par Mlle Angèle dont Il deviendra amoureux. Au cours du récit, le héros pourra
compter, en plus de Mlle Angèle, sur le charretier Pierre Morlaix qui l'aidera à
s'échapper de la police et à tromper le jaloux Jacques Bourgeot.
Généralement, le héros masculin est le porte-parole des idées de
Chevalier. Alphonse Maigret du Pirate du St-Laurent marque, à cet égard un
~
L ____ ~ __ _
81
point décisif: cc[Chevalier's) political creed was a philosophical and mystical
republicanism, which he was to expound most eloquently in his novel, Le Pirate
du S.Laurent, whose hero, like himself, is a proscribed sociahst. .. 74
En décrivant les vues politiques de son héros. Chevalier expose
l'ensemble de sa théorie sur le républicanisme et le progrès social. D'abord.
ccla terre est le principe de toute chose" 75 donc elle ne peut pas être le partage
que d'une classe sociale; et comme tous les hommes naissent égaux devant la
nature, ils le sont aussi devant la loi. \1 n'y a donc plus de place pour la
monarchie ni la tenure seigneuriale. Tous étant égaux, chacun doit travailler à
l'avancement de la collectivité et au nivellement des castes: ccle désir du
progrès révèle un esprit magnanime, car le progrès est le fils ainé de la vertu.
Le progrès, c'est la réflexion de la lumière spirituelle sur tous les actes
physiques ou moraux ... 76 Le progrès. dira Chevalier, ccon le sent dans le mot
REPUBLIQUE .. 77, car la république amène la liberté absolue: religieuse,
d'enseignement, de conscience, de la parole, de la presse, d'industrie et
individuelle. Il s'agit donc d'un républicanisme basé sur le progrès et la liberté
où les actions humaines sont dirigées mystiquement par Dieu. Pour Chevalier,
,'homme est foncièrement bon et: ccII viendra un temps où l'homme ne relèvera
que de l'opinion de ses semblables. Alors, Il n'y aura plus de lOIS prohibitives.
C'est ainsi que j'interprète la parole de Jésus: "Mon royaume n'est pas de ce
monde.".,78 On peut comprendre pourquoi, si Chevalier exposait ses vues au
grand jour en 1851, il fut frappé d'exil.
Le personnage masculin principal du feuilleton "L'Ile de Sable" est un
autre bon exemple du type du bon héros
[Jean, vicomte de Ganay] était un jeune homme, vêtu avec une extrême recherche.[ .. ] Sa physionomie avait ce caractère d'intrépidité féminine qui distingue les rejetons de la vieille noblesse, ses traits étaient délicats. mais
( )
.
dans son oeil rayonnait une indicible fierté; son front était blanc comme le marbre, mais large et bombé, son nez finement dessiné, mais hardi dans son jet, sa bouche petite, mais railleuse; son menton agréable mais allongé; son corps grêle, mais musculeux et vigoureusement charpenté. Enfm il était le type de cette race franque qui s'imposa à la Gaule par la force brutale après la décadence de l'empire romain 79
82
D'ordinaire. chez Chevalier, le héros masculin ne jouit pas d'une stature
physique imposante, mais tous ses traits annoncent, comme chez le chef des
brigands, un caractère fort.
Chevalier a été le premier romanCier à saisir l'importance de la culture
amérindienne dans l'histoire du Canada: «Henri-Emile Chevalier se fait le
promoteur du roman de moeurs indiennes au Canada.,,8o Il est même le
premier à avoir écrit un roman sur les esquimaux81 . Inspiré par Fenimore
Cooper, Chevalier met en scène des Amérindiens - il les nomme sans
distinction Indiens - qUI contribuent à déterminer le cadre exotique de ses
productions.
Dans la majorité des récits de Chevalier, les Indiens font peur aux Blancs,
si ce n'est déjà par leur réputation: «Ne sachant d'ailleurs à quelle sorte
d'ennemis ils avaient affaire[sic], appréhendant que ce ne fussent de ces
sauvages Indiens dont ils avaient ouï raconter les horribles expéditions, ils se
laissèrent d'abord aller à l'épouvante.,,82 Les marins laissés sur "L'Ile de Sable"
trouveront des traces de pas étrangers sur le sol (ce récit rappelle l'histoire de
Robinson Crusoë). Même s'ils sont bien armés, ils auront peur des Indiens qui
pourraient se trouver dans l'île; c'est justement sur cette peur vis-à-vis des
Indiens que capitalisera Chevalier.
Chevalier entretient en effet le mythe du sauvage cannibale, soûlard et
sans pitié. Par exemple, dans L'Héroïne de Chateauguay, les Bertholet sont
agressés dans leur cabane et ensuite brûlés vifs par des Indiens; décrivant les
trois démons à face humaine selon son expression, il écrit: cc[ ... ] trois Indiens
83
déguenillés, à l'aspect sinistre, venaient d'entrer dans la cabane. Ils
étaient armés de carabines et coutelas et paraissaient complètemC3nt ivres.,,83
L'un d'eux dit aux Bertholet: "nous voulons manger les entrailles des Français,
et boire dans leurs crânes ,,84
Chez C~levalier, les Indiens sont représentés par un nom totémique ce
qui accentue leur caractère exotique et ils sont décrits comme un peuple issu
d'une tradition et de rites bizarres.
[ ... ]eeUe terre d'Ignorance païenne et d'aveuglement idolâtre, où la distinction entre la vertu et le vice est perdue dans un chaos de traditions absurdes et de mythes ridicules, d'aucune valeur ou usage quelconque pour le salut se l'âme ou la poursuite des oeuvres
. [ ]85 pies ...
Ce qui explique en quelque sorte la puissance du sorcier, personnage très typé
chez Chevalier; la description de Vipère-Gnse, la sorcière du Pirate du
St laurent est très éloquente: "son visage était tatoué, sillonné de rides
profondes. A son·nez et à ses oreilles pendaient des anneaux d'argent, et un
collier de graines rouges, avec une tête de vipère, en guise de médaillon,
descendait sur sa poitrine sèche et terreuse.,,86 La Vipère-Grise, par ses .. yeux
fauves, mouchetés de taches saguinolentes,,87, illustre bien l'image que
Chevalier véhiculait dans ses récits: "l'Indien a été créé pour être sauvage et
méchant,,88.
Chez Chevaher, l'Indien aura tous les vices et, évidemment comme
toutes les figures des vilains, il éprouvera une attirance pour la boisson; il
deviendra alors extrêmement dangereux: «toujours disposés à répandre le
sang, les Indiens sous l'influence de la boisson, étaient devenus fous
furieux.»89
Le héros blanc aura maille à partir avec les Indiens et leur présence
dans l'intrigue avec tout ce qu'elle peut suggérer en rebondissement: prise du
(
84
scalp, rapt, bataille féroce, vol de chevaux, coutumes bizarres, etc., cette
présence donc contribuera au cadre exotique de l'intrigue des feuilletons.
Par un renversement étrange, le héros blanc ne sera pas en directe
opposition avec l'Indien comme il le sera avec le vilain blanc:
Aux côtés de l'homme blanc, voleur, assassin et traître, le guerrier indien est un homme d'honneur: la couleur de sa peau cache une noblesse de coeur, une grandeur d'esprit et une innocence naturelle qui contrastent avec la vulgarité du langage et la vie dépravée de l'homme blanc.90
Chevalier avait lu Montaigne et il s'en Inspirait souvent; les nombreuses
citations en exergue de quelques textes le montrent bien. Dans la description
qu'il fait des Indiens, on sent qu'il fait sienne en quelque sorte la pensée de
Montaigne au sujet des Sauvages. Les Indiens peuvent sembler dangereux,
cependant ils sont bien moins dangereux pour leurs frères de sang que ne le
sont les bandits blancs pour la société dans laquelle ils vivent. Autant leurs
coutumes sont bizarres, autant l'homme blanc peut y trouver du bien. Isolés sur
"L'Ile de Sable", les marins ont froid. On réussira, au grand étonnement de tous,
à faire du feu sans combustible; on demandera au marin comment il s'y est pris:
ccj'ai appris des sauvages de l'Acadie le moyen d'allumer du feu sans poudre ni
pierre à mousquet. -Vraiment. voilà qui est curieux!»91 Dans les "Trappeurs de
la Baie d'Hudson", le personnage de Le Loup, c<malgré la perversité de [son1
caractère et la méchanceté de [sa] nature indienne»92, sauvera Sylveen
Vander des siens car il lui doit quelques bienfaits et, surtout parce qu'il s'était
juré que rien ne lui arriverait éprouvant quelque sentiment pour elle. Ce même
Le Loup sera reconnaissant comme un frère envers Kenneth Iverson de lui
avoir épargné la vie alors qu'il aurait pu le tuer. Le Loup montre alors, malgré
des dehors douteux. un sens de l'honneur et du respect qu'aucun bandit blanc
ne montrerait.
•
, ( ~ -
85
L'attrait exotique des Indiens passera aussi par l'amour, toujours
impossible entre le Blanc et l'Indienne. C'est le héros, Arthur de Léry, qui dira à
Oroboa, L'IroQuoise de Caughnawagua: «N'aimé-je en toi tous ses attraits que
la nature a refusés aux femmes de ma race? Où pourrais-je trouver plus
opulente chevelure, taille plus aérienne, peau plus satinée? .. 93 Même s'il la
trouve attirante, l'Indienne reste un amour fnvole, passager pour de Léry. Il est
plus sûr d'épouser une blanche, le mariage étant impossible avec Oroboa déjà
parce qu'elle est une Indienne.
L'exotisme des tribus amérindiennes fascinait Chevalier et on peut
présumel qu'il se documentait largement à leur sujet - rapports de la
Commission géologique, études sur le Canada, rapport sur la Baie d'Hudson,
Fenimore Cooper, etc. Un détail Intéressant: cette curiOSité pour les tribus
indiennes paraîtra aussi chez les personnages. Nick Whiffles des "Trappeurs
de la Baie d'Hudson" aura comme expression favorite qu'il voudra se faire
scalper s'il a tort. Il y aura aussi quelques farces: «ça se connaît en marine
comme un Algonquin en mathématiques,,94; et finalement. quelques
comparaisons: (<il se peut que nous soyons dans la misère, mais nous ne
sommes pas des sauvages»95. Avec leurs traditions et leurs coutumes, les
Indiens définissent donc un cadre exotique qUI contrastera avec un autre cadre
tout aussi pittoresque, celUI de la Ville
Peu après son arrivée en 1853 à Montréal, Chevalier a déjà une bonne
connaissance de la ville Montréal le fascine; ville qUI s"'industrialis~". sise
entre une magnifique montagne et un fleuve majestueux; ville pittoresque aussi
parce qu'elle est le rendez-vous, le point central où tous se retrouvent entre
autres à cause des voies mantime et ferroviaire.
Le 12 août 1855, dans le chapitre intitulé "Montréal" des "Mystères de
Montréal", Chevalier fait l'historique de la ville et la décrit dans son état présent.
Il y peint la rue Notre-Dame, centre du commerce de détail, la rue St-Paul
envahie par les petits négOCiants; " y a aussI les quaIs qUi sont certes "les plus
r --
86
beaux, les plus solides, les plus commodes du nouveau monde." Mais c'est
surtout la rue Sherbrooke qui le trappe le plus car elle:
[ ... ]apparait comme l'avenue d'un Eldorado.[ ... )là point de luxurieux magasins pour fasciner vos yeux, mais des cottages gracieux. de vertes pelouses pour séduire votre imagination. Là point de mouvement; point de passager qui vous coudoyent, mais le murmure harmoniAux du feuillage, des apparitions enchanteresses qui vous ravissent le coeur.[ ... ]e'est une montagne géante dont les sommets altiers déchirent les nues! ce sont de gras côteaux; des bois plus brillants que l'émeraude, des jardins oû se veloutent et se dorent les fruits savoureux; des parterres qu'émaillent les fleurs parfumées!96
A bien des égards, Montréal est un endroit de rêve. Les alentours cependant
contrastent avec cette beauté, ce paradis. Le quartier surnommé Griffintown, au
sud-ouest de la ville sera le quartier dangereux. Les terrains de Caughnawaga,
occupés par les Indiens, inspireront la crainte.
Si Montréal a tant de charme, c'est aussi parce qu'elle borde un des plus
majestueux fleuves du monde, le Saint-Laurent. Dès son arrivée à Montréal,
Chevalier est marqué par le spectacle du fleuve qui sera présent dans
plusieurs de ses récits. Il en décrit une partie dans son "Excursion au
Saguenay": [De Québec] vous êtes à deux cents pieds d'un fleuve-roi, roulant superbement sa vie éternelle dans un lit sans fond; déployant ses forces sur une largeur de près de deux milles;[ ... )devant vous se dressent, abruptes, accidentées, hérissées d'arbres aux rameaux squelettiques, les rives du St.Laurent, qui fuit à gauche comme une nappe de moire argentée et bizarrement déchiquetée[ ... ]97
Le fleuve majestueux participe au cadre exotique de deux façons: d'une part, il
offre au regard un spectacle naturel unique et aucun cours d'eau de l'Europe
ne s'y compare; d'autre part, le fleuve participe directement au récit par le
danger qu'il représente en diverses saisons. 1/ contribue ainsi à quelques
scènes périlleuses qui ne peuvent se produire qu'au Canada:
{
Pour la deuxième fois, monsieur, dit lentement le pilote, je vous le répète: nous sommes menacés d'une bourrasque, et. È' cette saison de l'année, le golfe St.Laurent est plus traitre même que la mer. Croyez-en mon expérience. DepuIs quarante ans, je navigue dans ses parages[ ... ]98
87
Dans les "Mystères de Montréal", le vieux Jean, Léon Durien et Louise
Beaulieu tenteront de traverser 10 fleuve sur la glace à l'approche de la
débacle. Lorsqu'ils éttteignent le milieu du fleuve, les glaces cèdent:
Là, dans ce berceau de son vaste lit, le Saint-Laurent, roulait funeux, ses ondes rongeant infatigablement les rives que les ngueurs de l'hiver lui avaient imposées, déchirant pièce à pièce sa couverture, en charriant les lambeaux, les empilant les uns sur les autres, et cherchant à se débarrasser des entraves qui gênaient se s allures. Il apparaissait comme un géant emprisonné dans les vêtements d'un nain.99
Finalement, c'est la rapidité des changements d'états du fleuve qui
impression ne:
Le St-Laurent grossit avec une rapidité prodigieuse; ses grandes lames se déferlèrent sur la plage en mugissant; et les nombreux navires mouillés dans la baie dérapant sur leurs ancres, s'entrechoquèrent tumultueusement les uns contre les autres[ ... ]100
Bordée au nord par la montagne et au sud par le fleuve, Montréal a, chez
Chevalier, des attraits particuliers, un cachet exotique; la ville représente une
sorte d'Eldorado de l'Amérique du Nord dont la partjcularité est aussi marquée
par les gens qui y vivent.
Chevalier s'applique toujours à décrire le plus fidèlement possible la
réalité. Le parler des Canadiens français et des Habitants le fascine. Nous
donnerons quelques exemples du parler canadien-français chez Chevalier afin
de montrer qu'il sert à enrichir le cadre exotique des récits.
88
Même si, en 1853 alors qu'il était au Courrier des Etats-Unis, il reprocha à
Lécuyer, l'auteur de la "Vie d'un faux dévot", d'«abuser des italiques et des
points de suspension ... [car]cela fatigue la vue et l'esprit .. 101 , Chevalier s'en
servira à profusion. L'italique lui permettra de mettre en relief la particularité du
parler canadien-français; il le justifie lui-même: <c[ ... ]séduit par la générosité du
passager (afin de nous servir du terme local)»> 1 02. Voici, à titre d'exmple,
quelques mots en italique du Pirate du St-Layrent: a) personnE\s: cocher,
charretier, policeman, habitants, jeunesse; b) choses: sleigh, bills, gobe, bar,
brayet, butin; c) verbes: d~barquer, parer, forger un bill, parler en tarmes; d)
expressions: qui-vive. veillée, soirée, tour du métier. ronron. Ces mots en
italique permettent au romancier de rendre la couleur du parler des gens qui
l'entourent et ainsi de recréei' un certain exotisme langagier. Comme le
sOLlligne Paulette Collet: <c[ ... ]Ie romancier aime les mots. Il a un faible surtout
pour les termes vieillots ou exotiques et préfère le mélodique Sunnanga au
guttural Groênland." 103 Par les mots, le romancier passe tour à tour du réel au
jeu.
Chevalier traduira aussi fidèlement le parler des gens avec l'écriture.
L'héroïne de Chateauguay paraît d'abord sous le titre de "La Batelière du
St-Laurent" dans La Patrie, à partii du 24 octobre 1854. En 1858, lorsqu'il
publie l'Héroïne, Chevalier retravaille son texte. Nous avons comparé les deux
textes et on se rend compte que Chevalier a tenté de rendre encore plus vraies
les expressions propre~ au parler canadien-français. Par exemple, ce passage
de 1854: c<Bien vrai, mon garçon[ ... ] .. , devient. en 1858: ccBen vrâ, mon
garçon[ ... ]» 104.
Le dialogue entre un jeune et un vieux soldat, Nicolet et le père Jean, de
garde devant une maison américaine de Beauharnais offre de bons exemples:
a)1854: -Moi, j'n'aperçois absolument rien, si c'n'est que la peur te fait prendre des branches de bois blanc pour des canons de fusil.
1858: -Moè, j'n'aperçoès absclument rien, si c'n'est que la peux te fait prendre des branches de boès blanc pour des canons de fusil. 1 05
b)1854: -T'es' un' bête, Nicolet. Quoique la maison des Yankees ne soit pas trop catholiqu&, y s'garderont ben d'vouloir nous emboiter l'pas. C'est pas à des anciens comme moi qu'on fait avaler des couleuvres pour des saucissons. Suffit, assis-toi et je te conterai mon histoire.
1858: -T'est-un' bête, Nicolet. Quoèque la maison des Yanlo.~es ne soèt pas trop catholique, y s'garderont ben d'vouloèr nous emboëter l'pas. C'est pas à des anciens comme moè qu'on fait avaler des couleuvres pour des saucissons. Suffit, assis-toè et j'te conterai mon histoère.106
89
Chevalier devient donc de plus en plus conscient, lors de son séjour au
Canada, des particularités exotiques du milieu. Ces changements dans la
traduction du parler canadien-français le montrent bien. Par souci de réalisme,
il essaie de se rapprocher le plus possible de la réalité et ainsi de définir un
cadre exotique à Res productions. Les différentes notes explicatives que ,'on
retrouve au bas des feuilletons, par exemple: «Je demande la permission de
placer ici une note, laque"e, si elle n'apprend rien à mes lecteurs canadiens,
pourra Intéresser quelques personnes étrangères" 107, montrent à quel point
Chevalier voulait rester fidèle à la réalité canadienne. Cette réalité, pour le
lecteur étranger, semblera parfois étrange, fascinante, bizarre même, exotique.
Avant de terminer, il nous reste à apprécier brièvement la réception des
productions de Chevalier par les lecteurs du Canada.
En général, les textes de Chevalier qui paraissent dans la Ruche tont
l'objet d'une mince critique; on en parle dans ies oivers jouI :1aux de Montréal à
l'occasion des comptes rendus que l'on publie sur les livrais:ms de la Ruche.
Quant aux romans publiés en livres, on en parle un peu )lus. Le Pirate du
St-Laurent fait l'objet d'une critique de E.L. de Be"efeuille, ci~ns ~'lt du 5
1
90
avril au 29 avril 1859. L'Ordre, de tendance conservatrice modérée, la critique
ne sera pas élogieuse à l'égard du roman qui, déjà par le genre, dérange:
[Chevalier] voulait implanter iCI ce genre détestable de littérature, qui est le véritable cnme de plus d'un proscrit français; ces romans impurs et scandaleux qui sa\l~nt séduire tous ceux qui ne se tiennent pas bien sur leurs gardes, et affaiblir l'intelligence en corrompant le coeur; il voulait introduire au sein de nos familles, si honnêtes, ces publications immorales. 108
Le critique reprochera à Chevalier de représenter la femme
canadienne-française avec des attributs trop Virils, capable de travaux
physiques impensables Il reprochera aussi le manque de rigueur dans
l'intrigue: «ce n'est pas là un ouvrage fini; mais plutôt quelques scènes tirées
de je ne sais où, et unies ensemble tant bien que maL» 109 Ensuite, il reproche à
Chevalier d'être fouriériste et parti sarl du saint-simonisme. Ce roman, de
Bellefeuille recommandera au lecteur de l'acheter, «sans le lire, car il est
dangereux et ennuyeux» 110 et de l'envoyer à la Paper Factory ; ainsi, Chevalier
aurait atteint son but: faire de l'argent. Finalement, de Bellefeuille écrit:
1. Que M. Chevalier est fouriériste. 2. Que M. Chevalier est Saint-Simoniste. 3. Que M. Chevalier est communiste. 4. Que M. Chevalier est matérialiste, s'il n'explique pas d'une manière satisfaisante ce qu'il entend par coeur et cerveau. 5. Que M. Chevalier est fataliste. 6. Que M. Chevalier est démagogue. 1 1 1
A part cette critique négative, rares seront les interventions en défaveur
des oeuvres de Chevalier. Dans un article du Courrier du Canada, du 21 mars
1859, au sUjet du Pirate du St-Laurent on lit: «[ce] n'est pas bien à lui de venir
infester le foyer domestique de la famille canadienne, qui l'a reçu, de
productions ridicules et souvent nauséabondes, empruntées à la plus
mauvaise littérature.» A l'inverr.e, I.e.. Courrier de Saint-Hyacinthe. du 1 er avril
1859, louangera le Pirate: «L0C; caractères des divers personnages que
91
l'auteur met en scène sont dessinés avec art et avec une très grande
connaissance des moeurs et des habitudes locales." En fait, nous croy.- Il~· que
Chevalier connut un succès certain auprès des le\'.'teurs canadiens-trc...lçais.
L'Héroïne de C.hateauguay, par exemple, fut mis en vente le 16 avril 1858 au
coût de 30 sous le livre. Le Pays suivra de près la venh3 de ce roman historique
comme on peut le lire dans le numéro du 27 avril 1,lIS8: cc L'Héroïne, à nos
yeux, a un autre mérite, et c'est le principal: elle popularise un fait historique
trop peu connu [ ... ]; elle réchauffe un souvenir qui fait p,s\rtie de notre héritage
national [. "]'" Chevalier recevra, dans le Pays du 25 mt'tl 1858, les éloges de
L'Observateur de Québec; dans le Pays du 8 jUin 1858, o~lIes de The Ottawa
Union. Déjà le 21 août 1858, l'édition de L'Hérojne de Cha\eauguay est à peu
près épuisée annonce le Pays.
La traduction que fait Chevalier des "Trappeurs de la Baie d'Hudson" d9
J.H. Robinson aura encore plus d'éclats. Le Pays du 23 septembre 1858
reproduit cette critique du Canadian.:
Nous venons de recevoir la 1 ere livraison d'un roman légendaire que M. H.E.Chevalier, qui lutte méritoirement depuis des années déjà pour aider à fonder une littérature nationale en Canada. vient de commencer à faire paraître [ ... ] M. Chevalier nous est connu pour posséder une plume facile et élégante et qui a surtout le mérite de s'essayer en voulant faire ressortir toujours le caractère canadien.
Le Semeur canadien, dont le Pays reproduit la critique le 9 octobre 1858,
louange la quall~a de la traduction de cet ouvrage descriptif; de même, li.
Courrier de St-HyaclOthe, dans le Pays du 21 octobre 1858. L'Echo français de
New York écrira, dans un article reproduit par le Pays du 12 mars 1859:
"Chevalier a fait plus qu'une traduction: il a écrit un livre.»
Chevalier est donc connu outre frontières et ses différentes productions
ne laissent personne indifférent, surtout pas les rédacteurs de La Guêpe de
• 92
Montréal. Chevalier y sera régulièrement ironisé. même au point de lui dédier
le numéro du 31 août 1858' "Dédié au Grand Emile. Chevalter du Pays. auteur
des revues théâtrales, de faits divers, de Rrrrrrr et d'un patois inconnu à
Chateauguay ... Les différentes attaques contre Chevalier et son travail au fg~
de la part de La Guêpe, nous font douter de l'authenticité du "Petit Roman" qui y
parait le 6 novembre 1860 et qui est signé H. Emile Chevalier. Nous ne serions
pas surpris que ce soit un pastiche des courts textes de Chel/alier.
La dernière critique négative est une pièce de théâtre intitulée U Défricheur de langue, par Isidore de Mesplats, publiée en 1859. Une Inscnption
manuscnte sur la page couverture de la copie que nous avons consultée112
indique qu'il s'agit du pseudonyme de Jean-Charles Taché. Il s'agit en fait d'un
pseudonyme de Joseph-Charles Taché et aussi d'Hubert Larue:
Le premier volume [des Mélanges historiQues de Larue] contient également une pochade intitulée "le Défricheur de langue", écrite en collaboration avec Joseph-Charles Taché sous le pseudonyme "Isioore de Mesplats". C'est une parodie en alexandrins de "la Langue française et la nationalité canadienne", d'Henri-Emile Chevalier, parue dans la Ruche littéraire en 1859. A l'étranger qui entend exploiter à son avantage le patriotisme canadien les auteurs rendent la monnaie de SA pièce en montrant qu'il fait vibrer la mauvaise corde .113
On apprend dans le Pays de mars et avril 1859, que Taché, alors au Courrier
du Canada, critiquait la Ruche et que Chevalier ne prisait guère ces propos.
Sans doute cette pièce est-elle un écho de cette querelle de rédacteurs.
Quelles conclusions peut-on tirer de ces quelques critiques de l'époque?
Premièrement, les critiques quelles qu'elles soient ne se font jamais
objectivement. L'alignement Idéologique d'un journal, dans la décennie de
1850, déterminait qui étaient ses alliés. Chevalier collaborant au ~, il n'est
pas surprenant que la critique du Courrier dy Canada et de L'Qrd~ ne soient
pas favorables. A l'inverse, le Coyrrier de Saint-Hyacinthe, où avait travaillé
Vogeli, l'ami de Chevalier, critiquera favorablement ses productions. Ce qui
(
(
93
nous fait dire, en deuxième lieu, qu'il n'existe pas encore à l'époque de critique
objective centrée sur les productions et non sur le milieu, le contexte qui les a
vu naitre. On a l'Impression, pour les critiques négatives, qu'on se fait ravir une
partie de soi; Chevalier touche une corde sensible en écrivant sur le Canada.
Troisièmement, nous croyons que Chevalier obtint un succès certain grâce à
ses productions. Le 4 janvier 1855, l'éditeur du Moniteur canadien affirme au
sujet des "Mystères de Montréal": «[ ... ] depuis que nous avons annoncé que
nous en donnerions les prémices à nos lecteurs, le nombre des souscriptions
au Moniteur Canadien s'est accru au gré de nos désirs." De plus, dans le
Moniteur du 22 mars 1855, De Montigny écrit:
En achevant l'impression du Prologue des MYSTERES DE MONTREAL, l'éditeur du Moniteur canadien se fait un devoir de remercier cordialement ses confrères de la presse canadienne et franco-américaine qui ont daigné lui prêter leurs colonnes pour annoncer le roman dont il a entrepris la publication Au nombre des journaux envers lesquels l'éditeur du Moniteur canadien se croit particulièrement obligé, il cite le Pays, le Semeur, la Patrie de Montréal; l'Ere-Nouvelle ,le Cultivateur Indépendant de Trois-Rivières; le Progrès de New-York; la Revue de L'Ouest , le Meschacébé , le Journal de la Côte, le MessDger de Saint-Jacques, l'Avant-Coureur, le Courrier des Opelousas , le Vigilant , le Saint-Michel , le Trait d'Union de Mexico; le Messager de San Francisco, etc. La plupart de ces journaux ont accueilli avec une faveur extrême, la promesse d'un ouvrage dont les qualités étaient encore ignorées, et simplement parce qu'il portait une signature honorablement connue dans les lettres franco-américaines.
Finalement, toute l'attention que l'on porte aux publications de Chevalier
lui assurera, auprès du public, la réputation d'un écrivain spécialiste de la
littérature canadienne-française qui travaille avec acharnement à fonder une
littérature nationale. Chevalier parle même, vers la fin de 1859, de publier une
seconde édition de L'Héroïne de Chateauguay.
94
NOTES DU TROISIEME CHAPITRE
1. Phillppe-Ignace-François Aubert de Gaspé, L'Influence d'un liyre, Québec, Cowan et fils, 1837, iv, 122p. 2. Ces données proviennent de l'ouvrage de Sylvie Teiller, Chronologie littéraire du Québec. Québec, 1 Q Re, "Instruments de travail n1l6" , 1982, 354p. 3. Joseph Doutre, ~Flancés de 1812, Montréal, Louis Perreault, 1844, xx, 493p. 4. Maurice Lemire, "Romans-feuilletons et extraits littéraires dans les journaux canadiens de 1830 à 1850", dans Claude Galarneau et MaUrice Lemire (dir.), Livre et lecture au Québec (1800-1850), Québec, I.Q.R.C., 1988, pp. 183-184. 5. jbidem, p. 189-190 6. François RabelaiS, Oeuvres complètes, Pans, NRF Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1955, pp. 542-543. 7. Vincenette Maigne, "Exotisme' évolution endiachronie du mot et de son champ sémantique", Exotisme et création. Actes du collOQue international (Lyon1983), Lyon, L'Hermès, 1985, p. 10. 8. Pierre Jourda, L'Exotisme dans la littérature française depuis Chateaubriand. Tome Ile Romantisme, Genève, Slatkine Reprints, 1970, p. 10. 9. Gilbert Chinard, L'Exotisme américain dans la littérature française au XYle siècle. Paris, Hachette, 1911, xvii. 10. Guildo Rousseau, L'Image des Etats-Unis dans la littérature Québécoise (1775-1930), Sherbrooke, Naaman, Etudes, 1981, pp 29-30. 11. Guy Robert, La Peintyre au Québec depyis ses origines. Montréal, France-Aménque, 1985, p. 31. 12. Lettre à Henn-Raymond Casgrain, 29 Janvier 1867, Citée d3ns Guildo Rousseau, op cil. p. 114. 13. Henri-Emile Chevalier, "La Langue française et la nationalité canadienne", la Ruche littéraire, mars 1859, pp.2-10. 14. ibidem, p.2. 15. ibkL. p.4. 16.~. 17. iID.d.,. 18. ibkL, p.5. 19. m, p.6. 20·m. 21. ibkL, p.8. 22. i.I;lliL. 23. m, p.10. 24. m,p.8. 25. Sylvie Teiller, op.ciL p. 36-44
1 ,
95
26. Il reste difficile d'établir une bibliographie définitive des productions de Chevalier à cause surtout de l'anonymat de certams textes. Le lecteur trouvera, à la fin de cet ouvrage, l'état présent des productions de Chevalier. 27. Marc Angenot, Le Roman populaire, Montréal, Les Presses de l'Université du québec, Genres et discours #1, 1975, 147p. 28. ibidem, p. 63. 29. Henri-Emile Chevalier, L'Héroïne de Chateauguay, Montréal, Lovell, 1858, p.43 30. Henri-Emile Chevalier, Le Pirate du St-Laurent, Montréal, Lovell, 1859, p.32. 31. Henri-Emile Chevalier, "La Vie à New-York", le Pays, 17 septembre 1853. 32. Henri-Emile Chevalier, "HistOire d'une famille canadienne", la Ruche littéraire, mal 1859, p.93. 33. ibidem, mars 1859, p 28 :;,.~. Henri-Emile Chevalier, "La Huronne de Lorette", la Ruche littéraire, avril 1859, p.68. 35. Marc Angenot, op.ciL p. 64. 36. Henri-Emile Chevalier, L'Héroïne de Chateauguay, ,W2...QL., p.72. 37. Henri-Emile Chevalier, "Les Mystères de Montréal", le Moniteur canadien, 3 mai 1855. :38. Henri-Emile Chevalier, "Les Trappeurs de la Baie d'Hudson", le Pays, 2 octobre 1858. 39. Henri-Emile Chevalier, "Les Mystères de Montréal", loc. cit., 21 juin 1855. 40. Henri-Emile Chevalier, "Les Souterrains du Chateau de Maulnes", li Moniteur canadien, 22 septembre 1853 41. Henri-Emile Chevalier, "Les Mystères de Montréal", loc. cit., 5 avril 1855. 42. ibidem, 19 avn11855. 43. m, 5 aVril 1855. 44. Henri-Emile Chevalier, Le Pirate du St-Laurent, loc. cit., p.45. 45. Henri-Emile Chevalier, "Les Trappeurs de la Baie d'Hudson", lac. cit., 16 octobre 1858. 46. Henri-Emile Chevalier, "La Vie à New-York", loc. cit., 1 septembre 1853. 47. Jean Rousset, L'Intérieur et l'extérieur. Essais sur la poésie et le théâtre au XVIIe siècle, Paris, librairie José Corti, 1976, p. 224. 48. Pierre Jourda, Op.Clt , p. 12. 49. Paulette Collet. "Avant Agaguk, deux romans esquimaux écrits par des Français", Solitude rompu~, Ottawa, Editions de l'Université d'Ottawa, (cahier du CRCCF), 1986, p. 51. 50. Henri-Emile Chevalier, "Les Souterrains du Chateau de Maulnes", ~ kil... , 1 septembre 1853
96
51. Henri-Emile Chevalier. L'HéroIne de Chateauguay. op. cit.. p.17 -18. On trouvera une description semblable pour le ~ersonnag9 de Guyonne dans le feuilleton "L'Ile de Sable", la Ruche htiérane. mai 1854. p.232. 52. Maunce Lemlrs, Les Grands thèmes nationalistes du roman historiQue canadien-français. Québec. PUL, Vie des lettres canadiennes, #8, 1970, pp.157-176. 53. ibidem, p.176. 54. Henri-Emile Chevalier, L'Héroïne d~ Chateauguay, op. CI1., p.21. 55. Henn-Emlle Chevalier, "La Vie à New-York", loc. cit.. 6 septembre 1653, et Le Pirate du St-Laurent, op. cit., pp.22-23. 56. Henri-Emile Chevalier, "Histoire d'une famille canadienne", loc. cit., p.56. 57. Marc Ar:genùt, op.cit., p 58 58. Henn-Emlle Chevalier, "Les Mystères de Montréal", op. cit.. 16 août 1855. 59. ibIdem. 60. Georges Boucher de Boucherville, Une de perdue. deux de trouvées. Montréal, Cahiers du Québec/Hurtublse HMH. Textes et rlocuments littéraires, 1973, 480p. 61. ibidem, les chapitres IX et XV. 62. Henri-Emile Chevalier, Le Pirate du St-Laurent. op. ci1., pp.21-22. 63. Henn-Emlle Chevalier, "Les Trappeurs de la Baie d'Hudson", lac. Clt., 28 août 1858. 64. Henri-Emile Chevalier, "La Fiancée du bandit", la Ruche littéraire, novembre 1853, p.562. 65. Henri-Emile Chevalier, "La Ruche littéraire illustrée", le. Courrier des Etats-Unis, 11 mars 1853. 66. Michel Lord, En Quête du roman gothiQue QuébéCOIS (1837-1860), Québec. Université Laval. Centre de recherche en littérature québécoise (CREUQ). Collection "Essais" no 2, 1985, p.57 67. Guildo Rousseau, Op.CIt.. p.65 68. ibidem, p. 87 69. ~p.91 70. Tempérance et Intempérance. Montréal, Montigny et cie, 1856, 86p. 71. Henri-Emile Chevalisr, "Les Mystères de Montréal", loc. cit., 11 janvier 1855. 72. Henri-Emile Chevalier. Le Pirate du St-Laurent, op. cjt, p 61. 73. Béatrice Corrigan, "Henri-Emile Chevalier and his Novels of North America", The Romanie Review, October 1944 : 220 74. Henri-Emile Chevalier, Le Pirate du St-Laurent. op. cil .. p.62. 75. ibidem, p. 63 76. m. 77. m, p 64
97
78. Henri-Emile Chevalier, "L'Ile de Sable", la Ruche littéraire, février 1854, p.35. 79. Maunce Lemire, op cit , p. 29 80. La Ellie des Indiens rouges, Pans, Calmann-Lévy, 1866. Voir l'article de Paulette Collet, IQC cit ·47-55 81. Henn-Emlle Chevalier, "L'Ile de Sable", IOCr Clt., janvier 1855, p.713. 82. Henn-Emlle Chevalier, L'Héroine de Chateauguay, Op. dt., p.12. 83.lbki. 84. Henn-Emlle Chevalier, "Les Trappeurs de la Baie d'Hudson", loc. cit., 16 décembre 1858. 85. Henri-Emile Chevalier, Le Pirate du St-Laurent, op. cit., p.8S. On trouvera une description semblable du sorcier Tête-de-Renard dans L'lroQuolse de Caughnawaga, Montréal, Lovell, 1858, p 113. 86. ibldPgm, p.88 87. Henn-Emlle Chevalier, "Les Trappeurs de la Baie d'Hudson", loc. cit., 12 octobre 1858 88. ibidem, 89. GUildo Rousseau, op.cit., p.88. 90. Henn-Emile Chevalier, "L'Ile de Sable", o.p. cil., octobre 1854, p.517. 91. Henn-Emlle Chevalier, "Les Trappeurs de la Baie d·Hudson". loc. cit., 24 août 1858 92. Henn-Emlle Chevalier, L·lroQuo.tS.e....d.e Caughnawaga, Qll, cit., p.111. 93. Henri-Emile Chevalier, "L'Ile de Sable". loc. cit., septembre 1854, p.452. 94. Henn-Emlle Chevalier, Le Foyer canadien, Montréal, Lovell, 1859, p.82. 95. Henri-Emile Chevalier, "Les Mystères de Montréal", loc. cit., 12 août 1855. 96. Henn-Emlle Chevalier, "ExcurSion au Saguenay", !g Ruche littéraire, octobre 1853, pp 523-526. 98. Henn-Emlle Chevaher,"La Huronne de Lorette", loc.cit., juin 1859, p.154 99. Henn-Emlle Chevalier, "Les Mystères de Montréal", loc, cit, 21 juin 1855 100. Henn-Emlle Chevalier, Le Pirate du St-Laurent, Op. cit., p.66. 101. Henri-Emile Chevalier, "La Ruche littéraire illustrée", loCI cit.. 102. Henn-Emlle Chevalier, Le Pirate du St-Laurent, op. cit , p.21. 103 Paulette Collet, loc Clt. 49. 104 Henn-Emlle Chevalier, L'Héroïne de Chateauguay, Op, cit.. p.39. 105. ibidem. 106. M, p.41 107. Henn-Emlle Chevalier, "Les Mystères de Montréal", op. cit.. 1 mars 1855 108 L'Ordre 05 avnl 1859. 109 Ibidem, 12 avn11859. 110 !!lliL 26 aVril 1859
98
111. ill.i.Q...20 avril 1859. 112. Isidor~ de Méplats. Le Défricheur de lao.gw, [s.l.). [s.n.], 1859, 6p. Cette copie se trouve dans la collection Baby de l'Université de Montréal. 1 ~ 3. Maurice Lemire, "Mélanges historiques, littéraires et d'économie politique". Maurice Lemire, dir., pictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, Montréal, Fides, 1980, p 474.
•
99
De 1853 à 1860, Henry-Emile Chevalier s'impose comme une figure
incontournable de l'histoire littéraire canadienne-française. La diversité de son
activité professionnelle à Montréal montre à quel point le milieu intellectuel de
cette ville s'émancipe de toutes parts. Le milieu intellectuel est en plein essor,
mais il n'existe pas encore de structures qui le régissent et l'organisent. A la Ruche littéraire, par exemple, Chevalier exerce tous les métiers: administrateur,
écrivain, rédacteur et critique, et cette diversité montre bien l'absence
d'institution littéraire à l'époque au Canada français: le discours sur le fait
littéraire n'est encore qu'à ses débuts.
Par ses essais qu'il présente à l'Institut canadien de Montréal et par
l'ensemble de ses productions littéraires, Chevalier devient, dans ce contexte,
un jalon important dans la définition du charT'p littéraire canadien-français.
L'exotisme qu'il véhicule dans ses productions favorisera l'essor d'une
littérature nationale au Canada français, en plus de donner le coup d'envoi au
genre romanesque qui se définira vers la fin du XIXe siècle. De plus, il re3te un
des rares écrivains au Canada français au XIXe siècle à être conscient de
l'importance sociale du travail d'imagination ainsi que de la légitimité de cette
profession.
Mis à part des considérations financières, la tentatives de faire renaître Ja Ruche littéraire, en 1859, montre à quel point Chevalier était intéressé à
favoriser la littérature au Canada français. Son projet d'une littérature nationale
passera par sa vision d'étranger qu'il a de la culture canadienne-française et,
plus largement, américaine. Chez Chevalier, l'exotisme canadien-français est
l'élément de définition primordial d'une littérature nationale. De plus, la vie
culturelle de Montréal lui est redevable de l'intérêt qu'il portât aux théâtres de la
ville lorsqu'il était rédacteur au ~, de ses lectures publiques à l'Institut, de
ses cours de littérature et de ses productions littéraires elles-mêmes.
r
(
100
Une étude sur Chevalier s'imposait donc afin de mieux cerner l'homme
ainsi que la portée de son activité sociale et littéraire lors de son passage à
Montréal, entre 1853 el 1860.
En premier lieu, nous avons établi la biographie de Chevalier la plus
exhaustive à ce jour en clarifiant ses activités connues et sa situation familiale,
et en apportant de l'information sur des détails inconnus tels que: son travail à
l'Institut phylotechnique et à l'école Philips et sa correspondance
franco-améncaine. Nous avons aussi montré, par l'accueil que Chevalier reçoit
à son arrivée à Montréal, l'importance du milieu républicain montréalais.
Deuxièmement, nous avons clarifié son implication au sein de l'Institut
canadien en montrant qu'il prend une part active à la vie de cette association.
Troisièmement, nous avons cerné plus en détail la Ruche littéraire en
expliquant la nature de son contenu de façon précise, grâce à notre table des
matières de cette publication. Par le biais des textes de Chevalier, entre autres
ses essais sur "La Langue et la na~ionalité" et "La Presse franco-américaine"
qui apportent un regard nouveau et de l'intérieur sur la profession d'écrivain et
de journaliste, nous avons fait mieux comprendre le métier de journaliste à
Montréal, entre 1853 et 1860. Cette profession reste précaire et le~ difficultés
d'existence de la Ruche sont, au-delà des problèmes de gestion interne, un
signe éloquent que cette décennie de 1850 à 1860 est plus marquée par la
prise de possession de l'acte de lire et de l'acte de dire, que de celui d'écrire.
Quatrièmement, nous avons analysé l'apport de Chevalier à la Ruche en
montrant qu'il y occupe préCisément 38,67% de l'espace el qu'il y publie
majoritairement (61,92 %) du feuilleton.
101
Finalement, nous avons montré, pour la première fois, comment
Chevalier exploite l'exotisme canadien français dans ses feuilletons et qu'ainsi
il s'assure un succès important. L'omniprésence de la tradition gothique dans
ses textes montre que les feuilletons de l'époque proposent un univers
mystérieux dans lequel se meuvent des personnages très typés (le bngand, la
sorc.!ère, le héros, la jeune fille victime). A ces personnages "classiques" du
gothique, se greffent, chez Chevalier, le personnage de l'Indien qui vient
diversifier l'intrigue et, en fait, renverser la structure gothique du récit. L'Indien
participe au mystérieux avec ses coutumes et ses traditions, cependant il
déplace l'intrigue du château imaginaire de la tradition gothique à la forêt réelle
des environs de Montréal. Chez Chevalier, le gothique, doublé du souci de
réalisme issu de la tradition du roman historique, opère alors un renversement
important: le mystérieux, le gothique, le particulier, n'est plus enfermé dans
l'imaginai~e de la fiction, mais fait maintenant partie du monde que connaît le
lecteur. L'exotisme chez Chevalier est donc une représentation de la réalité
intimem\~nt reliée à l'univers mystériflux du gothique qui, par un renversement
dans la fiction, présente une image rlouvelle de la réalité canadienne-française.
Chevalier utilisera l'exotisme canadien-français pour promouvoir son idée
d'une littérature nationale.
Avec Chevalier, le roman-feuilleton à thématique canadienne-française
connaît ses heures de gloire. Feuilletoniste avant d'être romancier, ses romans
manquent souvent de cohésion car le déroulement de l'intrigue, étant prévu à
l'origine pour le feuilleton, perd de son intensité dans une lecture continue.
Cependant, Chevalier publie beaucoup durant son séjour à Montréal et la
littérature cailadienne-française de l'epoque lui est redevable d'avoir donné un
sérieux coup d'envoi au genre romanesque. Il reste le romancier le plus
important au Canada français entre 1853 et 1860 et, dans cette mesure, une
étude approfondie s'imposait.
(
(
102
Par le biais de notre étude sur Chevalier, nous avons aussi amené des
éléments biographiques inédits sur l'éditeur de la Ruche, Georges-Hippolyte
Cherrier. Nous avons montré qu'il entretenait des liens étroits avec John Lovell,
un des imprimeurs importants de Montréal; qu'il était membre de l'Institut
canadien de Montréal; qu'il a travaillé comme agent entre autres pour le pays;
et qu'il entretmt une correspondance avec Alphonse Lusignan. Une biographie
détaillée de Cherrier permettrait sûrement de mettre en lumière le travail
d'éditeur au Canada français dans les années 1850 et, aussi, de mieux
comprendre le fonctionnement administratif des journaux de l'époque comme
le Pays ou le Moniteur canadien, par exemple.
Si l'activité de Chevalier avant 1860 est maintenant plus claire, il reste
certes des pistes à explorer. L'ensemble de sa production de 1860 à 1879
devrait faire l'objet d'une étude afin de montrer entre autres comment sont
reçues, par le public français, ses productions exploitant l'exotisme canadien
et, plus largement, américain. De plus, une étude comparative entre les textes
de Chevalier et ceux, par exemple d'Eugène Sue ou de Fenimore Cooper,
permettrait de mieux cerner leur influence sur Chevalier.
• ,
, J
• -.. ".,_ . .;.
NOII DE LA PUBLICATION DATE DE PUBLICATION NOII DE LA PUBLICATION DATE DE PUBLICATION
The Gazette 06/1778-1992 TheGIcbe 1837
Canadlan Courant 05/1807 - 03/1834 L'Observateur canadIen 1838
The Herald 10/1811-10/1957 le Coumer canadIen 1838
La Blbllothèaue canach.nne 06/1825-06/1835 l'EtOIle du bas-canada 1838 La MInerve 11/1826-05/1899 Canadlan Ouaterlv and AClfIcultural{ -l 1838
The New Montreal Gazette 07/1827-1831 le Temps 1838 VlndlCator and Canadlan Advertlser 12/1828-10/1837 The LJterary Garland 12/1838-1_851 L'Observateur 07/1830-07/1831 Canadian Baptist Maaaztne 1838-1862 The Gazette of EducatIOn and Fnend of Man 1830 The Exoress 1838 The Montreal Monthlv Maaaztne 1831 L'Auror&_descanadas 01/1839-03/1849 MaQastn du bas-canada 1832 Th9 Camm9rclal lj""' .... ""'"I'1""'. 03/1840-10/1842 L'AmI du peuple de l'ordre et des lOIS 07/1832-07/1840 La Ci!J~lenne 1840 The Montreal Museum 12/1832-03/1834 The Weslevan 08/1840-1843 The Settler 01/1833-03/1834 The Emerald 10/1840-1841 The Datlv Advertlser 05/1833-1834 The Canada TImes 11/1840-1842
L'AmI des lOIS 1833 Le Jean-Bantiste 11/1840-01/1841 Canadlan Monthlv Magazine 1833 Le Vral~-'ladlen 11/1840-03/1841 Morntna Sun 1833 _~~~ Mélanaes rellaieux 12/1840-0711852
Canada Recorder 1834 Montreal Messenaer 1840-1843
The BIble Advocate 1834 The Times and Commercial Advertlser 03/1841-0811846
CommercIal Advertlser 02/1835-1862 Christian Mlrror 08/1841-09/1844 The Irish Advocate 02/1835-1836 The Harbmaer 01/1842-12/1843
The Glean.r 03/1835-1836 le Journal du oeuole 1842
Canada Temperance Advocate n'i11 A~4-1 A'i4 l'Erx:vclopédle canadienne 03/1842-02/1843
La Pandore 1835 The Roval Standard 1842
The True Bnton 1835 The MlsslonnaryRecord 1842
Dally News 1835-1873 Canadlan Agrlcultunst 01/1843-1868
Journal du commerce 1835 l'Abeille canadienne 1843
Canadlan Reliolous IntelhQence 1836 le DIable bleu 11/1843-05/1844
The Montreal Transcript 10/1836-1865 The Bible Christian 01/1844-12/1848
Le Populaire 04/1837-11/1838 The Chlldren's Mlsslonnary( ... ) 01/1844-12/1845
L'ArQus ou anti-renegat 1837 Montreal Medical Gazette 04/1844-03/1845
la Quotidienne 11/1837-11/1838 ïhe Gazetteer 1844
~
"
NOM DE LA PUBLICATION DATE DE PUBLICATION NOII DE LA PUBLICATION DATE DE PUBLICATION
The Pilot 03/1844-03/1862 Le Moniteur canadien 05/1849-10/1855
Le Charivari canadien 1844 The Montreal Teiearaph 1849 The Montreal T attler 1844 British Amerlcan Chronlcle 1849
Le Citoyen 1844 The Colonial Protestant 1849
The Christian MessenSler 10/1844-06/1846 Le Peuple travailleur 01/1850-1858 La Revue canadienne 01/1845-10/1848 The Wesleyan Reformer( .. ) 1850
Montreal Times 1844-1846 The Bazaar Gazette 1850 The Observer 1845 Le Semeur canadien 02/1e51-1861
The ConstltutJon 1845 Le Pays 01/1852-12/1871
The British Amerlcan Journal 04/1845-12/1862 The Llfe Boat 1852
Revue de législation et de Junsprudence 10/1845-09/1848 The Cadet 04/1852-1854
Montreal Shleld 1845 The Ca'lada Mecllcal Journal( . ) 03/1852-02/1853
The Weeklv Realster 1845-1849 The Maple Leaf 07/1852-12/1854
L'Album de la minerve 01/1846-07/1874 La Ruche littéraire 02/1853-06/1859
Montreal Wltness 01/1846-05/1~38 The Sun 1853
The Canadlan Economlst( .) 03/1846-05/1847 The Moolcal Chromele 06/1853-05/1859
Mlrror of Parhament 1846 The Freeman 1853
People's Maaazlne 1846 Le Moniteur 12/1853-1854
The Montreal Punch 1846 L'Artisan 1853
Le Proarès 1846 Echo and Protestant EOlscopal( ) 1853-1865 -The Weeklv EXDOsltor 08/1846-01/1847 Les Veillées IIttéralres( l 1853
The Church Chronlcle 05/1847-1861 Annales de la temoérance 1854
La Lancette canadienne 1847 L'Observateur cathollaue 1854
The Snow Drop 04/1847-06/1853 La Patne 09/1854-07/1858
The Satlnst 1847 The Argus 11/1854-11/1858
_l'Avenir 06/1847-12/1857 The LIberai Chnstlan 1854-1858
Le Typhus 1847 The Canadlan LlbrarvL.) 1855
The Presbvtenan Record 01/1848-1933 The Canadlan Mal!( .J 01/1855-1865
The MagIC Lantern 1848 Canadlan MessenaerC. ) 07/1855-1856
The United Inshman 1848 Canadlan RevlewLJ 1855-1856
The Advocate of Moral Reform 1848 The Juvenile Presbvtenan 04/1856-1863
Sabbath Ac:tvocate 1848 The Canada Reoora Of Seence 05/1856-09/1916
Punch ln Canada 01/1849-1850 The Canadléln Masonic PIOneer 1856
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~
NOU DE LA PUBLICATION
Canadlan Merchant's Magazlne( ... ) The Canadlan Presbyter The Journal of EducatIOn!. .. )
La Semaine :!9ncole -New Era La Guêpe
Grande Lagne Evangehcal Reglster
Lower Canada JUrist
Pollchanelle
The Inshman Canadlan Tounst( .. )
Le Bulletin commerCial
L'Union L'Ordre
Journal d'économie rurale' l L'Echo du cabinet de lecture Antj-usur~ Advocate( .. 1 Le Loup-garou
Le Scc>/'Plon ----- --------
DATE DE PUBLICATION
10/1856-1857 11/1856-;2/1858
02/1857-06/1879
03/1857-05/1899
05/1857-05/1859 12/1857-07/1867
1857
1857-12/1891
1858
1858
06/1858-1862
1858
1858 11/1858-10/1871
t2l1858-0 1/1859
01/1859-1875
1859
1859 08/1854
HOU DE LA PUBLICATION
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DATE DE PUBLICATION
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'. ANNEXE B: TABLE DES MATIERES DE LA RUCHE LITTERAIRE
107
Afin d'établir cette table des matières, nous avons U\' .; la collection complète de la Ruche se trouvant A la Bibliothèque Nationale du Québec. Nous avons respecté. autant que faire se peut, la pagination originale car quelques pages, dont les publicités, ne sont souvent pas numérotées; de plus il s'est glissé plusieurs erreurs de pagination lors de l'impression.
Nous avons respecté la signature du texte et nous avons indiqu& que le texte était anonyme le cas échéant. Parfois le texte n'était signé qu'une seule fois, par exemple dans le cas des feuilletons; nous avons alors inscrit le nom de l'auteur à chaque entrée de ce texte.
Nous rappelons notre classification:
1- article (A): texte non littéraire ayant pour sujet l'actualité, la politique ou un thème précis, par exemple l'agriculture, la critique d'un événement, etc. 2- chanson (C): texte d'une chanson ou partition musicale. 3- feuilleton (F): tl/xte romanesque publié en tranches. 4- correspondance (L): lettre, souvent écrite par un étranger, qui n'a que très rarement pour sujet le Canada. 5- nouvelle (N): court texte littéraire qui englobe aussi la légende et le conte. 6- poésie (P): poème, ode, etc. 7- pensée et maxime (PE): courtes phrases ou proverbes, souvent puisées chez des auteurs européens. 8- théâtre (T): pièce de théâtre 9- publicité (Z): annonces, tables des matières, publicités diverses.
Le symbole " ••• " remplace le symbole" ••• " qu'il nous fut impossible
de rendre avec le logiciel que nous avons utilisé pour produire cette table.
-, t-
TITRE ca signature mOIS pages
La Vie d'un faux dévot N E. Lécuyer 03·53 1·42 Au Texas P J. Lenoir 43-44 La Case du père Tom F Henriette Beecher Stowe 45-93 Deux mères.[ ... ] N • • • 94-95 Un Quart d'heure de Rabelais F H. Emile Chevalier 96-105 Bibliographie canadienne.[ ... ] A H.E.C. 106-108 Poésie canadienne P Félix G. Marchand 108 Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 04-53 109-156 le Savant du village[ ... ] A • • • 157-158 Le mois d'avril C Victor Baron 158 Un Quart d'heure de Rabelais F H. Emile Chevalier 159-168 Bulletin pittoresque A Frivolité et Rigueur 168-171 Bibliographie A anonyme 171-172 Pensées FE anonyme 1721 le Bonheur ~ P. Lachambeaudie 172 1
Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 05-53 173-205 les Deux proscrits au Niagara P J.Gentil 206-207 Un Quart d'heure de Rabelais F H.Emiie Chevalier 208-209 Devinez-vous C V.Baron 209
Agronomie A Ossaye 210-211 Pensée FE anonyme 211 les Brigands Zerbinos N Ponson du Terrail 212-226
Comment Paris s'habille A Louis Jourdan 227-229
Pensées FE anonyme 229 Tablettes éditoriales A X.YZ. 230-236 Pensées d'un emballeur FE anonyme 236
Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 06-53 237-268
Correspondance particulière de la Ruche littérai l Julie de Marguerittes 269-271 Amertume P Victor 271
Un Quart d'heure de Rabelais F Un Physiologiste 272-278
Le Printemps P Félix G. Marchand 278
Revers de fortune ou [ ... ] N E. Lécuyer 279-284 A l'ombre de l'ormeau P V.Baron 284
Agrpl'1omie(suite) A Ossaye 285-286
TITRE ca signature mois pages
Un sujet de fable A V.Baron 287 -288 Pensée FE anonyme 288 La Caravane P Mme Eugénie Chervet 289-290 Tablettes éditoriales A anonyme 291 -298 Modes L ~
Rosalie M*" 298-299 Les Trois voyageurs. Enigme FE * * * • 299 Fanatisme religgieux A H.E.C. 300 Publicité Z ... - ........ 300A Publicité Z --- - .. 300B Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 07-53 301-329 Charade FE * • * 329 Les Rêves d'amour P Malvlna 0*** 330 L'Orgueil du village N R.B. de Québec 331 -336 Vallon de mon enfance P Georges de B*** 336 Origine du journalisme N ..... Emile Chevalier 337-339 Projet de retraite du prisonnier C V.Baron 339-340 La dette du sang N Docteur Achille Nicolas 341 -344 Bibliographie canadienne A H.E.C. 345351 De l'élevage des bestiaux A Laurent 351 Douleur P J.Gentil 352-355 Le Lion doré N Un Chroniqueur 355-356
Tablettes éditoriales A XYZ 357-358 Table des matIères de la premIère séne Z ............. 359-360 Publicité Z ............ 360Ai
Publicité Z ............. 360B Bulletin politIque du jour A G.H.Cherner 08-53 360C' Publicité Z ............. 3600 Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 361-374
Portrait d'une gente damoiselle P Charles D'Orléans 374 La Dette du sang N Docteur Achille NIcolas 375-381 Dieu P Charles Berger 382
Réflexion C V.Baron 382
De l'aérostation A H.Emiie Chevalier 383-386
Fra~ments de la pensée PE H.E.C. 386
--...... ,\ ",,--
TITRE Ica signature mOIS pages
Sur la mort de madame Mathilde Duperrier P Alexandre Barde 387 -390 Charades ~ .... 390 Un quart d'heure de RabelaiS F H.Emlle Chevalier 391-395 Pauvrette P Léon Joseph 395 Des chales A anonyme 396-398 Du mariage ~ Mme St-Lambert 398 [Pensée] ~ anonyme 398 Education ~ anonyme 398 Le Craoaud et l'éphémère P Chs. Laberge 399-4001 Anas ~ anonyme 400 Le lac beloeil N Un Chroniqueur 401-403 Le Captif aux jeunes filles C V.Baron 403 Modes L Rosalie M···· .. · 404 -405 Le Clerc de notaire F Léon ~ .......
\,;J 406-410 Le Nouveau MOise N anonyme 410 Le Loup et l'agneau P Victor Baron 411-412 Le Père de Montaigne, inventeur des annnonces A anonyme 412 Le Dompteur de bêtes ~ Pierre Lachambeaudie 412
Des Voitures A .... 413 .-Tablettes éditoriales A anonyme 414-416 . Origine des rebus A H.E. Chevaher 416 Correspondance éditoriale L H.E.C. 417-418
La Politique des deux continents L Jean Paul 419-420
Publicité Z .......... 420A Publicité Z .......... 4206
Bulletin politique du jour A G.H.Cherrier 09-53 420C
Publicité Z .......... 4200 Le Père Tom F Henriette 6eecher Stowe 421-436
La Confession du fou P Geroges de B*** 436
Le Cadran solaire T Victor Baron 437 -4 70
Correspondance particulière L Rosalie M*·_···· 471-472
Le Clerc de notaire F Léon G*···· 472-477
La Politique européenne L A··· B-·_· 477-478
Tablettes éditoriales L X.Y2 479-480
TITRE ca signature mois pages
Publicité Z - .. - -- 480A Publicité Z ...... - .. 480B Bulletin politique du jour A anonyme 10-53 480C-0 Publicité Z .............. 4800 Le Père Tom F Henriette Beeener Stowe 481-495 Pauvre Marie N H.Emile Chevalier 496-501 Esquisses navales N G. de la Lande 502-507 Bluettes Ft: Stendhal 507 Correspondance particulière L Rosalie M**····* 508-509 Le Captif aux oiseaux P V.Baron 510 Le Cheval noir N H. 511-513 Avis aux grammairiens A * .. * .. 513 Le Clerc de notaire F Léon G***** 514-520 [Pensée] Ft: anonyme 1 520 L'Aveu de l'exilé P V.Baron 521-522 Anas A: anonyme 522 [Pensée] A: Labruyère 522 Excursion au Saguenay N H.E.C. 523-526 Réflexions Ft: anonyme 526 Un Quart d'heure de Rabelais F H.Emlle Chevalier 527-531 Rêve. Excursion de Montréal à New-York A Georges Batehelor 531 -533 EXposition provincIale d'agriculture L O.A.L 534-536 Tablettes éditoriales A X.Y2 537
Les Trois temps du verbe aimer C J.B.Labelle, V.Baron 537A-C
Publicite Z ............... 537D-E! Bulletin politique du jour A de v··* 1 1 -5 3 537F-GI Publicité z ........ - 537G
Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 539-558 Ne croyez-pas P J.Gentil 559-561 Pensée Ft: de Balzac 561
La Fiancée du bandit N H·"'" ... 562-568
Epigramme A: V.8. 568
AssasSinat de Jean Sans-Peur N H.Emlle Chevalier 569-574
Une fortune d'ambassadeur ~- Méry 575-577 --
.~ ,.-.
TITRE ca signature mois pages
Pensées FE Victor Hugo 577 Gazouillement N Malvina D··· 578-580 L'Yankise P J.Gentii 581-582 Réflexion d'un ramoneur FE Savoyard 5821 Fatalité N D.F···· 583-584 Le Dernier rendez-vous P V.Baron 5841 Conseils à un jeune cultivateur A · . . 585 Le Clerc de notaire F Léon G····· 586-591 Un Lion fait au même N H.Emile Chevalier 592-594
Bluette P J.Lenoir 594 Des Guerres de la France A Félix Vogeli 595-597 Alors et rT'aintenant P Georges de B··· 597 Tablettes éditoriales A X.YZ 598 Publicité Z -- - - - 598A-B Bulletin pittoresque du jour A Auger Delbrau 12-53 598C Publicité Z - ---- 5980 Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 599-612 Correspondance particulière L Rosalie M···· 613-614 L'Homme et son ombre FE Felix Vogeli 615-621 Amour de prison N H.Emile Chevalier 621 LeLys N * .. .. • 622-624 Album littéraire des demoiselles FE L.A.H. Latour 524 Charades FE ...... 625-630 La Fiancée du bandit N H"""· .. 630 Pensées diverses PE · . . 632 Le Bijou d'or P J.Gentil 632 Réflexion d'un ramoneur PE Savoyard 632 Un Quart d'heure de Rabelais F H.Emiie Chevalier 633-639 Beaux Arts A X· •• 639-640 Mes deux boeufs P V.Baron 641 La Question turco-russe A Charles Frederck Henningsen 641-645 Horriblel F H.Emiie Chevalier 646-650 Songez-y FE • .. * * 650 Misère P J.Lenoir 651-652
--- - --------_ ... - --_ .. _----
-.
TITRE ca signature mois pages
Le Coup d'oeil A anonyme 652 Suicide N Docteur K··· 653-654 Les Trois Parques P anonyme 654 Réponses à nos correspondants A x.yz. 655 Hochelaga Polka C P.O'Leary 656-658 Publicité Z --- -- 658A-B Aux abonnés de la Ruche littéraire A G.H.Cherrier 01-54 658C Publicité Z --- -- 6580 Le Père Tom F Henriette Beecher Stowe 659-670 Travail et Paresse P OrDhir Peltier 671-673 L'Hiver et le printemps N Camille Gougeot 673 Un Quart d'heure de Rabelais F H.Emile Chevalier 674-682 Un Artiste au désespoir P anonyme 682 Correspondance particulière L LC. 683-684 Hildegarde N H··· *. 684-690 Souffrance FE Marie Capelle 690 Marie P J.Gentii 691-694, Le Clerc de notaire F Léon G····- 695-704 L'Hiver P Félix G. Marchand 704 Caquetage, Modes L Rosalie M··· 705-707 Angleterre P J.Lenoir 707-708 Horrible! N H.Emile Chevalier 709-713 De l'immortalité de l'âme FE ••• 713 Tablettes éditoriales A x.yz. 714-716 Tables des matières de la seconde séne Z -- - -- 717 Aux abonnés de la Ruche littéraire et politique A V.Baron 02-54 1
Publicité Z --- -- 2
Le Clerc de notaire F Léon G······ 3-13 Le Vieux mendiant P V.Baron 14
Beaux Arts A X 17 -18
La Paix et la guerre P F.Vogeli 19
Célébrités contemporaines A ••• 20-26 Pensées d'hiver P Van Hoven 27 Pensées d'un proscrit FE F.Voaeli 27
-~ ~',
TITRE ca signature mois pages
La Fuite N GS.R 28-31 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 32-41 Petites causes, grands effets N Bibliophile Jacob 42-45 Souvenir P J.Gentil 45-46 Le Lapin et le collet FE F.Voaeli 46 La Capitale de la tragédie N Albéric Secon 47-48 La Situation européenne L Auger Delbrau 49 Mort de Charles Duc de Bourbon N H.Emile Chevalier 50-53 Modes L Vicontesse de Renneville 54-55 Tablettes éditoriales A anonyme 55-60 Publicité Z - .... -- 61-64 Fragments de correspondance L Auger Delbrau 03-54 65 Publicité Z - ...... - 66 Le Clerc de notaIre F Léon G······ 67-68 . Le Rêve d'un proscrit P J.Gentil 81-84 Rêveries d'un vieux garçon N Todo 85-88 Pensées d'un emballeur PE . . . ... 88-891 La Femme A anonyme 90-96 Adieu p L.Placide Canonge 96,
Industrie-Hygiène A • • • 97-981 De la bonté FE Goethe 98 La Grenouille et le boeuf C V.Baron 99 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 100-110 Une Fille d'Eve C Van Hoven 110-111 Guerre,-Armée,-modes L Rosalie M······· 112-114
Ma crête rouge brille encore P V.Baron 114--115
Etudes physiologiques. Du rire A H.E.C. 116
Beaux-Arts A K 117
Tablettes éditoriales A X.VL 118-121
Souvenir de décembre C J.B.Labelle. V.Baron 122-124
Publicité Z - .. - -- 125-128 L'Homme du deux décembre A H.Emile Chevalier 0~-54 129-132
Publicité Z .... - .. - 132
Le Clerc de notaire F Léon G······ 133-142
" ~
TITRE ca signature mois pages
A Melle Mathilde E··· P V.Baron 142 Des Affectations A anonyme 143-145 De la vie FE Paul Féval 145 Azor, le petit chien C J.Pequeut 146 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 147-157 Le Retour du proscrit P J.Gentil 158-160 La Femme A anonyme 161-170 D'Un monde à l'autre P Va., Goven 170-171 L'Officier de cavalerie N --- 172-174 De la peine de mprt FE Victor Hugo 174 Beaux-Arts A K 175-177 Avril C J.Gentil 177 Modes L anonyme 178-180 Adeux d~ jeu N E. de Champeaux 180-181 Tablettes éditoriales A X.YZ 182-185 L'Echo du hameau C G.de la Roche, Félix Voge!! 186-188 Publicité Z - - - - - 189-192 Question d'Orient A Auger Delbrau 05-54 193-194 Publicité Z - - - - - 194' Le Clerc de notaire F Léon G······ 195-206 La Fille du ~eu~le et l'ouvrier P J.Gentil 207 La Dernière nuit du major André à New-York N H···· .. 208-210 Pensées diverses PE Goethe 210
Lettres parisiennes L Turpin de Sansay 211-212 Aiome PE Gabriel Ferry 212
La Femme A anonyme 213-219
Boutade morale PE F.Vogeli 219 De Québec à la chute Montmorency N Malvina D--- 220-226 La Brebis et le champ de tJ;é P F.Vogeli 226-227
Le Corsaire américain N ••• 228-229
Aneooote sur Field et Hummel N ... 229 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 230-240
Ulia P Arthur O ........... 240
Réfle~,!s _9'un homme qui veut se marier A J.G ..... 241-243
• ---...
,..... .
TITRE ca signature mois pages
De la passion PE Jules Sandeau 243 Lafayette en Amérique N H.Emile Chevalier 244-247 Nous en avons notre part PE Voltaire 247 Babil,-Modes L Rosalie M··· 248-249 Modes montréalaises A · .. 249-250 Chasse d'esclaves en Pensylvanie A J.Pequeut 250-252 Nostalgie P Van Hoven 252 A nos lecteurs et correspondants A anonyme 252 Publicité Z - ---- 253-256 ?etersbourg( ... 1 A Saint-Ange 06-54 ~57-261
Le Clerc de notaire F Léon G······ 262-274 Tempête nocturne P J.O. 275-277
Sorcellerie. La ville des démons N H. 277-281 Impressions d'un homme qui attend N H.E.C. 281-2821 Physiologie de la femme du monde A · . . 283-285 A bas le chapeau A anonyme 286 Epigramme PE · . . 286 Le Juif errant T F.Vogeli 287-290 Tristesse de l'éloignement P · . . 290 Histoire d'un camélia blanc N Mme Manoel de Granfort 291-293 Modes L Rosalie M*··· 294-295 Bibliographie A H.E.C. 296 Célébrités contemporaines A HEC 297 -302 Pensées PE Voltaire 302 Mirage P Van Hoven 303-304 Industrie métallurgique A Auguste Duvignau 304-306 La Table tournante A • • * 306 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 307 -313
Cours de Déclamation A anonyme 313 Chanson C Van Hoven 314 Lettres parisiennes L Turpin de Sansay 315-316
A nos lecteurs A anonyme 316
Publicité Z .. - - -- 317-320 Discours de Kossuth à Sheffield ~ anonyme_ 07-54 321-324 _ .. _- ------- -------------
que f ....... ,,"i"ji'< .... ~~~~... ~.".
,..~-'-"- . --. ~
TITRE ca signature mois pages
Publicité Z --- - - 324 Le Clerc de notaire F Léon G······. H.Emile Chevalier 325-339 A Mlle O .... P J.Pe~ueut 339-340 Réflexions d'un homme marié A J .G····· 341-343 Les Frelons A H.E.C. 343-346 Pekin A • • • 346-356 Qje P Van Hoven 357 -358 Lettres parisiennes L Turpin de Sansay 359-361 Une Inscription funèbre N · .. 361-364 Pensées PE Victor Hugo 364 La Rosière N H. 365-369 Nouvelle N Henry 369-373 Modes L anonyme 373-374
Pensées diverses PE Victor Hugo 374 L'Ile de Sable F H.Emiie Chevalier 375-379 Tablettes éditoriales A X.YZ. 380 Publicité Z - -- - - 381-384 ?couverture? ? ? 385 ?pnx de la Ruche? ? ? 386 AM. le Rédacteur en chef A V.Baron 08-54 387-390
Publicité Z .... - .. - 390 L'Ile de Sable F H.Emlle Chevalier 391 -398 A une américaine P Van Hoven 398-399 Le Colonel Dyce-Sombre A N. 399-405
L'Avarice et l'ambition fIE anonyme 405
Lettres parisiennes L Turpin de Sansay 406-407 Pensée PE · .. 407
La R\'lsière N H. 408-412
Ce Que j'aime à vingt ans P J.AB. 412-413
Modes L Rosalie M······· 413-415! Le Domaine de récuelle de bois N Victor Baron 415-4191 Pensée philosophique PE · .. 419!
Silhouette féminine A Mme de Granfort 4201 La Huronne de Lorette F H.Emile Chevalier 421-425J
--
~ 1'1"" •
TITRE ca signature mois pages
Les Voix sans écho P anonyme 425 Fra9ments d'un voyage en Californie A anonyme 426-430 A Henri Leriche P Van Hoven 430-431 Le Recours des étudiants C Henri Leriche 432 Eposltion universelle de Paris A anonyme 433 La Dette d'un ministre N anonyme 434
1
Le Corbeau vengé C Jean-Jean 435 L'AmérLque et l'Europe L J.V. 436-439 ' Tablettes éditoriales A X.YZ 439'-440.
Publicité Z ............... 441-444' A M. le Réacteur en chef L Auger Delbrau 09-54 445-446 Publicité Z ............... 446 l'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 447-457 Adieu au Canada C A.M. 457 -458 Fragments d'un voyage en Californie A anonyme 458-461 Satire PE Voltaire 461 Les Cheveux jaunes et les rubans bleus N H. 462-465 Pauvres et riches A Eugène
. 465-466
Fortune refaite N Antonio Rosas 466-470 Polémique L J.V. 471-476 Polémique A anonyme 477 -480 Gloire à "imprimerie C A.M. 480-481 Archéologie A . . . 482-484 Une Exécution militaire N LD.P. 484-487 Quelque pages d'album P Van Hoven 487 -488 Modes L Rosalie M······ 489-490 La Mort et le bosQuillon PE Marie de France 490 la Huronne de lorette F H.E.Chevalier 491-499 La Levite P Henri Leriche 499-501 Le Maraudeur N anonyme 501-503 Cosaque ou Républicain C A.M. 503-504 Tablettes éditoriales A X.YZ 504 Publicité Z ........ - ... 540A-D Lettre à I~ démocratie française L G.N.Sanders 10-54 505-512
- ---
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,)
TITRE ca signature mOIs pages
Publicité Z - .... - - 512 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 523-522 La Vengeance des peuples et la justice de Dieu C A.M. 522-523 La Patrie A J.Gentil 523-525 Le Crime N Pic 526-529 De la tyrannie A Alfieri 529-530 Fragments d'un voyage en Californie A anonyme 531-534 Mon premier baiser N • • • 535-540 A un paysan mécontent de son sort PE anonyme 540 Chanson des pompiers C A.Marsais 541-542 Examen phrénologique de M. Alex. Dumas A Dr Castle 543-544 Le Plus ancien maire de France A Lefebvre-Bisson 544-546 Pensée PE Voltaire 546 Lettre trouvée P J.A.B. 547 Le Chateau de Reinspadtz N ... 548-552 Pensée PE Voltaire 552 Modes A anonyme 553 Pensée PE Voltaire 553 i
A Mademoiselle ... P At3. 554 La Huronne de Lorette F H.Emile Chevalier 555-561 De l'armée A Alfieri 561-562 Le Paysan Pavo N anonyme 563 Tablettes éditoriales A x.yz. 564 Publicité Z ...... - .. 565-568 Esquisses biographiques A Ch. Ribeyrolles 11 -54 569-573 Revue de New-York A Victor Baron 574-576 Publicité Z .. - .... - 576 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 577-587
Amoureux P Van Hoven 588 Fortifications de Paris A anonyme 589-593 Voyages en Californie A Ernest Bresson 594-595
Eloge de la presse C A.Marsais 596-597 -
Quelques proverbes russes PE anonyme 597 Une Première nuit de noces N H.Emile Chevalier 598-599
~ ,-;.
TITRE ca signature mois pages
La Profession des lettres A Edm. Textier 599 Le Comte et la marchande de cigares N X * *. 600-603 vers écrits sur l'album de Madlle*·* P AM. 603-604 Le Gouffre de la vierge N J.Gentil 605-611 Carmen N Marie de Granfort 612-618 Les Porcelaines A Louise O'orval 618-619 Mathurin, le maître d'école C A. Marsais 620-621 L'Année _qui finit A anonyme 621-622 Modes A anonyme 623 La Huronne de Lorette F H.Emiie Chevalier 624-626 La Paix A emprunté au Messager(S. Francisco) 626-628 Tablettes éditoriales A XYZ. 628 Publicité Z - --- - 629-632 Fragments de correspondance L Auger Delbrau 633 Le Désert A emprunté au Messager(S.Francisco 12-54 634-636
Publicité Z - ---- 636 L'Ile de Sable F H.E.Chevalier 637 -648 Les Deux Platanes P F.Vogeli 6481 Le ril de la reine N Mme Eugénie Niboyet 649-651' Souvenirs de la Sibérie A anonyme 652-659 A Mlle Philomène V··· P J.B. 660' Pensée PE J.J.Rousseau 660 De l'âme des insectes A • * * 661-664 Pensée FE Voltaire 664 Dix minutes trop tard N Dyonisius Dolores 665-668 Aux jeunes filles P Ch. Testut 668 Biologie A Ph. Blanchard 669-672 Proverbe N J.Gentil 672-675 Nouvelle N • * • 675-676 Types californiens A anonyme 676-677
Modes A anonyme 678
La Huronne de Lorette F H.E.Chevalier 679-688 Apocalypse N Jean Gentil 689-692 Les Fleurs A H.B. Ste-Marie 693-694
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TITRE ca signature mois pages
A Tous FE Victor Hugo 694 Publicité Z --.. -- ? Correspondance particulière L . '" . 01-55 696-698 Publicité Z --- .... 698 L'Ile de Sable F H.Emile Chevalier 699-742 Au Public A G.H.Cherrier, H.E.Chevalier 03-59 1 - 2 A nos lecteurs A Les Editeurs 2 La Langue et la nationalité canadienne A H.Emiie Chevalier 2-10 Le Mal du Pays P Pauline Maritoux 10-11 Lettres d'hiver L Stéphane Polin 11 -1 2 Un Episode de 1812 N NoëlOpan 12-16 Correspondance de Londres L Ch. Terrien 16-18
[Pensées] FE anonyme 18 Histoire d'une famille canadienne F H.Emile Chevalier 19-31 Epître P LC.J.F. 31-32 La Huronne de Lorette F anonyme 32-29 Histoire d'une bonne poéSie A F.Vogeli 29-40 La Chute du jour P F.Vogeli 40 Tablettes A Les Editeurs 40
Publicité Z .... - .... 04-59 40A La Presse franco-américaine A H.Emile Chevalier 41 -48 Traits de Vidocq N Barthelemy Maurice 48-50
1
Croquis P Virginie 0-·· 50-51 i
Lettres d'hiver L Stéphane Polin 51-52
Histoire d'une famille canadienne F H.E. Chevalier 52-53 EJlitre P F.Vogeh 63
[Pensée] FE anonyme 63
La Chanson A . . '" 64
rPensée] FE anonyme 64
Boutades FE anonyme 64
le Rhume de cerveau FE Alph. Kark 64
La Huronne de Lorette F H.E. Chevalier 65-75
Lucette p U.C.F. 75-76
Agriculture A B.C. 76-77 -
-', r 1 TITRE ca signature mois pages
[[Pensée] FE anonyme 77 Le Fruit et la fleur P H.T.T. 78 Les Poules A • •• 78-79 ·[Pensée] FE anonyme 79 Tablettes A X.vz. 80 Publicité Z ---- - 80A Table de matières Z ---- - 80B Publicité Z - --- - 80B De l'homme de lettres A anonyme 05-59 81 -85 Lettres d'hiver P Stéphane Polin 85 La Chambre verte N · .. 85-86 [Pensée] FE anonyme 86 Chanson C L.J.C.Fiset 86 Histoire d'une famille canadienne F H.Emile Chevalier 87-102 Van Hoven A H.E.C. 102-103 Souvenir de Gaspé A J.ML 103-104 [Pensées] PE anonyme 104 Correspondance de New-York L Henri Delescluze 105-107 L'Espoir en Dieu ~ A. de Musset 107 L'Education de famille A · . . 107-108 Cousin, cousine N C.Périer 108-112 A Victor Hugo P Pierre Cauwet 112-113 -La Mode A R. de B. 113·115 Chanson de Bedouin C P.A. 115 La Huronne de Lorette F H.E. Chevalier 116
Allégorie A Jules de Canada 117
L'Enfant et l'oiseau P NoelOpan 117 Les Gelées blanches du printemps A L.· *. 118
Variétés ~ anonyme 118
,[Pensées] FE anonyme 118 Souvenir d'amitié p V.B. 119
[Pensée] FE anonyme 119
Spiritualisme A Examinateur 119-120
Tablettes A Les Editeurs 120 ----- --
...,..,-.. -TITRE Ica signature mois pages
De l'homme de lettres A anonyme 06-59 121-125 A Marie P Henri Million 125 La Croi de Jeanette N Ludovic de Breuil 125-126 (Pensée] FE anonyme 126 Le Niagara P Van Hoven 127-128 L'Adieu P H.T.T. 128 Souvenirs historiques A Montcalm 128-129 Montcalm P L.C.J.Fiset 130-131 Le Vieux chateau de la forêt noire N Carle 132-133 [Pensée) FE anonyme 133 Le Chant de l'alouette FE anonyme 133 Origine de la Gazette de France A anonyme 133-135 Le Prototype des avares A Patelin 135-136 Amour P Van Hoven 137 Enigme en prose PE H.E.C. 137
Le Blanc du maréchal ComteLabau N A.Bauvet 137 Histoire d'une famille canadienne F anonyme 138-143 Le Poète P Van Hoven 143 De l'esprit d'aujourd'hui A Rodolphe de Virmont 144-145:
L,Amour d'une indienne N ER. 145-146 L'Avènement d'un Pacha N R. de Montigny 146-150 Bessy Bell et Mary Gray N * * * 150-152
Variétés FE anonyme 152
La Huronne de lorette F anonyme 152-156 Le Destin C A.Marsais 156
Agriculture A anonyme 156-157
Profils de Paris N Stéphane Polin 157-158 Spiritualisme A Examinateur 158-159 Etudes sur les n~ms propres A anonyme 159-160
Tablettes A Les Editeurs 160
Publicité Z ............. 160A
Table des matières Z ...... - ...... 160B Publicité Z ............... 160B
124
BIBLIOGRAPHIE
A- Textes littéraires de Chevalier:
a) corpus: romans-feuilletons et courts récits
"Origine du journalisme", La Ruche littéraire et politiaue, l, (1853). "Un Quart d'heure de Rabelais", .l..aJiuche littéraire et politigue, 1 et Il, (1853 et 1854). "La Case de l'oncle Tom", La Ruche littéraire et politique, 1 et Il, (1853). "Une Excursion au Saguenay", La Ruche littéraire et politique, Il, (1853); Le Pays, Il,115 (27octobre 1853).
"Amour de prison. Episode de 1851", La Ruche littéraire et politique, Il, (1853). "Le Clerc de notaire", La Ruche littéraire et politique, Il et III, (1853-1854). "Horrible!", La Ruche littéraire et politique, Il, (1853). "L'Ile de Sable", La Ruche littéraire et politique, III et IV, (1854-1855). "Une Première nuit de noces", L~ Ruche littéraire et politique, IV, (1859). "Huronile de Lorette", La Ruche littéraire et politique, IV et V, (1854-1855 et 1859). "L'Histoire d'une fam ille canadienne, 1606-1850", La Ruche littéraire et pOlitiQue. V, (1859). "Légende sur la tour de l'est dans l'ancien château des Ducs de Bourgogne à Châtillon-sur-Seine (Côte d'Or)", Le Pays, Il, 8 (10 février 1853). "Aux abonnés du~. Le porteur de journaux", Le Pays, VI, 148 (5 janvier 1858). "Le Porteur de journaux", Le Pays, 5 janvier 1858. "Le Chasseur noir", Le Pays, VIII, 99; IX, 24; (13 septembre-10 mars 1859-1860). "Le Navire",~, 3 et 6 mars 1855. "La Vie à New-York", Le Pays, (1853). "Une Indiscrète cheminée", ~~, Il, 59 (18 juin 1853). "Aux abonnés du~. Un épisode du premier janvier mil-sept-centcinquante-neuf", Le Pays, VII, 142 (4 janvier 1859). "La Vengeance d'une Iroquoise", La Patrie, l, 1 (26 septembre 1854). "La Batelière du Saint-Laurent", Lg Patrie, l, 9-15 (24 octobre-14 novembre 1854). "Alphonse de Lamartine", La Patrie, III, 1-7 (27 octobre-10 novembre 1856).
125
"Episode de la destruction de Mandanes", La Patrie, l, 21 (5 décembre 1854). "Jacques Cartier ou le premier jour de l'ail 1536 au Canada", 1& Moniteur canadien, VIII, 15 (4 janvier 1855). "Les Souterrains du château de Maulnes", Le Moniteur canadien, (1853). "La Jolie fille du faubourg Québec", Le Moniteur canadien, VII, (1854). "L'Hôtel du Cygne", Le Moniteur canadien, (1855); La Patrie, Il, 104~197 (13~20 août 1856). "Les Mystères de Montréal", l.e Moniteur canadien, (1855). "La Tablo~tourno~manie", Le Moniteur canadien, 22 décembre 1853. "Mort du général Washington a l'age de 68 ans", Le Moniteur çanadien, 7 janvier 1853. "Petit roman", La Guêpe, 111,86 (6 novembre 1860).
b) corpus: romans
L'Héroïne de Chateayguay, Montréal, Lovell, 1858. L'IroQuoise de Caughnawaga, Montréal, Lovell, 1858. Le Pirate de Saint-Laurent, Montréal, Lovell, 1859. Le Foyer canadien, Montréal, Lovell, 1859. (traduction)
c) corpus: essai et autres textes
Tempérance et intempérance, Montréal, Montigny et cie, 1856. Biographie de Mme Anna de le Grange, Montréal, Sénécal et Daniel, 1856. Biographie de M. Eygène Godard, Montréal, Sénécal et Daniel, 1856. "Alphonse de Lamartine", La Patrie, 27 octobre 1856 au 10 novembre 1856.
i)Au~
Lettre de Chevalier: 27 juin 1855. Lettre de Chevalier: 12 avril 1856. Lettre de Chevalier: 24 avril 1856. Tremblement de terre en Bas~Canada : 4 décembre 1856. Correspondance de Toronto signée X.Y.Z. : 5, 7, 10, 12, 19,21 et 27 mars 1857; 2 et 25 avril 1857. 1837~38 : 30 septembre 1858.
Le Courrier du Canada et la Ruche littéraire : 29 mars 1859. Lettre de Chevalier: 27 août 1859. Lettre de Chevalier: 2 novembre 1859.
ii) Au Moniteur canadien
126
Mort du général Washington à l'âge de 68 ans : 7 janvier 1853. Lettre aux éditeurs du fua et du Moniteur: 21 avril 1853. Education signé X.Y.Z. : 7 juillet 1853. Lettre de Chevalier: 4 août 1853. La tablo-tourno-manie : 22 décembre 1853. Réponse à une critique : 20 juillet 1854.
B- Textes théoriQues et critiQues:
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