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HEVUE MENSUELLE. CULTURELLE ECONOMIQUE ET SOCIALE N !l P „ » 1 DH t •• — iHLAW V

C A S A B L A N C A R A B A T T A N G E R O U J D A A G A D I R M A R R A K E C H

PARUS A M S T E R D A M M A R S E I L L E MILAN L O N D R E S TUNIS

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D A K A R B O R D E A U X F R A N C F O R T

A L G E R B R U X E L L E S MADRID

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reseaux internationaux

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lamalTf i,E MOIS Au MAROC ; Les (ails à retenir

LE MOIS DANS LE MONDE : .«• dialogue Mesrou-Pekir 5

par Alain Danaan

MOYEN-ORIENT : -ii!« - • libani

par Bon Mo-.«aoud

ETUDE : Le pain d" demair

par Lamalti

REPORTAGE ; Les futurs paysans

par Zakya Daoud

LE P.A.T... IBULAIRE ; Lo Parti Anti-Tout par Anti-Touatia

AFRIQUE : Après la bataille du comité de

l'O.U A deux ou trois Vietnam po-

24 par A. L

ENQUETE : Eraoui ra ville à vendre p • Georges Lapassad*

HISTOIRE : Les Arabes et la science par Al Mouarrikh

LÎVR5S î — Deux ouvrages sur Casablanca

par Bon Mcssaoud — Comment les écrivains français

voyaient le Maghreb

— Le paysan marocain un pasteur

non un agriculteur

jr 2T Allai el Marrakchi

INTERVIEW : Amidou • le 'ui • b.en ;o: que • • ..-

un autre • 42 pc; Zakya Daoud

NOUVELLE ; La " p - r a t : c - 44

; Mohamod Afifi

CINEMA ; Violence et cinéma 46

pair Ican Ciochitti

Directeur Gérant LOGHLAM MOHAMED

Rédacteur en Chcl ; ZAKYA DAOUD

Direction LOGHLAM PRESSE

Rédaction : II. rue Malherbe - CASABLANCA Abonnements Tél 665-66 - C C F Lamalil 88S49 Publicité ; S DJEBAU - Tél 690-76

Impression ; ÎMFRIMERIE DE FEDALA Mohammédia • Tel 22-46 e? 24-05

En marge du 52ème anniversaire de la Révolution d'Octobre

L'U.R.S.S. suit la voie l é g u é e p a r L é n i n e Comme chaque année, l'U R S S a célébré l'anniversaire de la « Grande Révo-

lution Socialiste d'Octobre », le 7 novembre (du calendrier grégorien) Ce lut. à

Rabat, l'occasion d'une réception donnée à l'hôtel de la Tour Hassan par l'ambas-

sadeur de l'Union des Républiques Sociilis'.es Soviétiques et Mme Louka Pala-

marlchouk — réception à laquelle assistèrent bien des personnalités marocaines o/ é ranger es Ce lut aussi l'occasion d'établir certains bilans Celui que nous pu-

blions ci-dessous — et qui émane de l'agence de presse Novosti — rappelle les

orientations fondamentales de la politique extérieure de l'U R.S S en taisant état

d'un souci permanent de paix.

Aussitôt après la victoire du Grand Octobre, en 1917. le nouveau pouvoir des ouvriers et des paysans de la Russie a proposé aux peuples de tous les pays une paix démocratique juste sans annexions ni contributions Tel était le début des nouveaux rapports internationaux sans précé-dent dans 1 histoire Le jeune Etat des Soviets opposait a la politique criminelle des impérialistes m politique conséquente de défense de la liberté, ae l ' indépendance des peuples, de la paix, ainsi que sa politique de riposte aux agresseurs La politique extérieure pacif ique du pays d-'S Soviets découle de la nature même du régime socialiste Cette politique exprime les aspirations profondes des Soviétiques et repond en même temps aux intérêts vitaux des travailleurs du mon-de entier Lesprit de suite dans la réalisation des tâches posées, la fermeté dans la défense des intérêts du peupie soviétique, la fidélité inébran-lable aux principes de l internationahsme prolé-tarien. 1 intransigeance à l 'égard des agresseurs, ia souplesse et l'esprit réaliste — telles sont 1er; particularités distinctiv s de la politique extérieure de l'Union Soviétique.

Cette politique extérieure a pour but d'assurer, en commun avec les autres Etats socialistes, des conditions internationales favorables pour cons-t.uire le socialisme dans ces pays, pour renforcer 1 unité et la cohésion des peuples de la commu-nauté socialiste Elie assure le soutien du mouve-r. ent dt libération nationale et le développement 6( la coopération multiforme avec les jeunes Etats en voie de développement En ce qui concerne les pay i capitalistes, la politique de l'U R S.S consiste c appl ique» avec esprit de suite le principe de la coexistence pacif ique des Etats à régimes sociaux

différents, à riposter aux forces agressives do l 'impérialisme

CONDITIONS COMPLEXES

La politique extérieure du gouvernement sovié-tique est poursuivie aujourd'hui dans les condi-tions complexes de l'aflrontement historique de*, forces du progrès et des forces de la reaction, du socialisme et de l'impérialisme. Perdant pas a pas ses positions internationales, en proie à des contra-dictions intestines aiguës, l ' impérialisme chorche à freiner la marche du progrès social, se lance dans des provocations et des aventures militaires Sans minimiser les menaces venant du côté de l ' impérialisme, les communistes estiment que les peuples peuvent et doivent sauvegarder la paix contre les atteintes portées par les agresseurs Les impérialistes sont incapables de reprendre l'initia-tive historique qu'ils ont perdue. Désormais, le système socialiste mondial, la classe ouvrière in-ternationale, toutes les forces révolutionnaires progressistes déterminent la grand-route du déve-loppement de l'humanité

La communauté socialiste est devenue un puissant barrage contre les fauteurs de guerre S'inspirant des intérêts vitaux de l'édification do la société nouvelle et de la défense de la paix, les peuples des pays socialistes aspirent à renforcer l'union fraternelle, à élargir et à perfectionner toutes les formes de coopération mutuelle Le paiti commu-niste ot le Gouvernement soviétiques continueront a déployer tous leurs efforts pour remplir leur devoir international et d 'ahié en contribuant au raffermissement continu de la communauté des pays socialistes.

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Se guidant sur les princ pes de l'internationalisme prolétarien, l'Union Soviétique apporte une aide multiforme au peuple vietnamien frère Comme le communiqué sur 'e séjour dans la République Démocratique du Vietnam de !a délégation du parti et du geuvernenent de l'U R S.S. l'a souligné à nouveau tout récemment. l'Union Soviétique condamne résolument la guerre agressive des Eatst-Unis contre le peuple vietnamien et confirme sa volonté inébranlable de prêter aux patriotes vietnamiens l'aide et le soutien dans leur lutte légitime, dans la construction du socialisme dans le Vietnam du Nord, cans la libération du Sud et l'unification pacifique de leur patrie.

L'agression israélienne contre les peuples arabes au Proche-Orient menace de provoquer l'incendie d'une nouvelle guerro Soutenu par ses protec-teurs étrangers. Tel-Aviv continue à mépriser grossièrement les décisions du Conseil de Sécurité qui exigent le retrait des troupes de l'agresseur des territoires occupés, et se livre â des provo-caticns armées toujours nouvelles Les intérêts de la paix internationale dict'-nt la nécessité de liquider au plus tôt ce dangereux foyer de guerre

POUR UNE PAIX DURABLE

La lutte pour la détente internationale, l'opposition ferme aux menées agressives des milieux revan-chards, le souci de renforcer la sécurité européen-ne. de développer la coopération pacifique mu-tuellement avantageuse de tcus les Etats — telles sont les orientations fondamentales de la politique extérieure de l'Union Soviétique et des autres pays socialistes en Europe Cette position équitable et

perspicace est matériellement concrétisée dans l'adresse des Etats membres eu Facto d* Varsovie à tous les pays européens. La reconnaissance de la situation réelle surgie en Europe après la deuxieme guerre mondiale, l'intangibilité des fron-tières existantes la reconnaissance de la R D A . sont, de l'avis des pays socialistes, les conditionr permettant d'assurer une paix durable sur le continent européen

Le Gouvernement soviétique lutte résolument pour mettre un terme à la course aux armements, pour le désarmement, pour l'interdiction de l'arme nucléaire. Il iutte avec esprit de suite pour débar-rasser la planète de la b :ue du colonialisme, pour en détruire les derniers foyers L'Union Soviétique a attaché et attache une grande importance à l'Organisation des Nations Unies, déploie ses efforts pour faire de l 'O N U un organisme efficace de la coopération internationale dans i'mtérêt de la défense de la paix De concert avec tous les hommes de bonne volonté, notre peuple souhaite des succès à la XXIV Session de l 'Assemblée générale de l 'O N U , qui s'est ouverte le 16 sep-tembre. et exprime l'espoir que l 'Assemblée sera à ia hauteur des tâches qui se posent devant elle Nous suivons la voie léguée par Lénino, tracée par le parti communiste. La politique extérieure pacifique et conséquente de l'U R S.S. s'appuie sur le fondement solide de la puissance écono-mique. politique et militaire, toujours grandissante, de notre patrie et de toute la communauté socia-liste. Cette politique sage et humaine est approu-vée chaleureusement par les Soviétiques, et sou-tenue par tous les partisans de la liberté, du pro grès et de la paix

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le mois au maroc Reman: : -nent ministériel problâme du Sahara dit espagnol, et recherche de* nouv :aux concours financier.", é t rangers .nt dominé le mo is d'octo-bre au Maroc, au demeurant marqué par une reprise d 'act iv i té économique et ind::?*'. "selle très lente due aux res-tr ict icns dn crédit qui réduisent les disponibilités, et ù l 'arrêt de ccrt:*.:-n?s importations.

L; re n >3rc":ne:it de M. Bcnhlnm par M Laruki au poste d? Prem.ei Ministre et l 'acces-ion d? M Bouta-leb à la direction des A f f a i r e s Et ran-gères ont été généralement commen-tés c tmine une suite du Sommet Is lamique, étant donnée la part prise par c.'s deux personnalités dans la préparat ion et la tenue de la confé-lence de R i b a t . M. La rak i a appris su nominat ion aux U S A En 1937 déjà, c'est à Washington qu'il ava i t été n i n m é Ministre des A f f a i r e s Et rangères et ce fa i t , à l 'époque, avait é té interprété comme un geste de rappre hemi-nt avec les U.S .A .

Peut-on aujourd'hui f a i r e la même analyse ? L ' A m é r i q u e du Nord de-meure le pays qui concourt le plus ô l'équilifcr? des f inances marocaines. Sous diverses formes , el le a oc t royé en 196S pour 276,3 mil l ions de DH . et qui représente 41,5 '/ du montant global de3 aides obtenues par le Maroc. A t:e propos d'ailleurs, on vient de noter le départ pour la Grè-ce de M. Tasca . ancien ambassadeur des U.S A au Maroc. L ' jn f luence de oc d ip lomate q j i a é té en poste à Rabat pendant -1 ans. parait avo i r été décise pour le rapprochement po-litiqu et économique maroco-amér i -cain.

.M Tasra qui u\ ait ses entrées dans les milieux les plu:; hauts placés, s'est ic licite d'aîin.J2T de son act ion à la-quelle il a imputé les invest issements iuncrica ins dans les domaines bancai-res. agr ico les et touristiques dont on a VU la réalisation durant ces derniè-res années, et il a annoncé qu'un accord était en vue pour la mise eji valeur de la Basse-Moulouya par un:.' f i rme pr ivée amér ica ine et qu'un pro j e t d ' implantat ion d'une sidérur-g ie dans le nord du pays la fa-meuse s idérurgie de N'ador ? était actuel lement en discussion avec les autor i tés américaines. La même poli-tique serait donc poursuivie et l'on peut noter que le Maroc y pousse cans sa recherche actuelle de concoure extérieurs» plus substantiels

pour f inancer les investissement in-clus dans le Plan Quinquennal. On doit néanmoins soul igner que les in-vestissements privés américains de-meurent à ce jour très l imités en dépit des appels pressants et que l ' impact américain au Maroc ne tra-duit plus par des prêts gouverne-mentaux e des dons divers.

Selon certains, un rapprocheme i entre le Maroc et la France sera.: éga lement en vue. Bien qu'on en parle périodiquement, ce rapproche-ment ne s'csi pas encore à ce jeu: dessiné, si on l'entend par le réta-blissement des relations diplomati-ques. P a r contre, sur le plan écono-mique, l 'aide liée a repris jusqu'à a t -teindre en 1868, 108,2 mill ions de D i : (soit 1 6 . 2 ' , des concours extér ieur. >. les relations commercia les auraient tendance à augmenter comme en t. -m oigne la venue d? diverses missions économiques françaises (Chambres df Commerce de Marsei l le et de Rouen, délégat ions des ports de ce. deux v i l les ) , et. enf in, l 'aide culturel le se maintient au même niveau comme l'a prouvé cette année l 'accueil de nouveaux enseignants. Il ne semble pas que le remplacement des chargés o a f f a i r e s par les ambassadeurs puis-se modi f i e r beaucoup cet te situation

L.- remaniement ministériel a éga!.--ment vu le remplacement de M B u-gach à l 'Agr icu l ture par M. Benhi-ma (qui n'a pas surpris outre mesure et semble ê t re la conséquence de cer-taines d ivergences entre l ' Intér ieur e; l 'Agr i cu l ture ) . Enf in. M. Bel Mahi , ancien médecin-chef de l 'hôpital A v i -cenne. remplace M. Chraïbi à la San-té. M. Abde lkr im Lazrak remn'ae • Moulay A h m e d Alaoui au Tour i sme (ce dernier occupant dorénavant un fauteuil qui pnrait être créé pour lui celui de Min i r i r e de la Promot ion Nat iona le et de l 'Art isanat i. et M Jaidi remplace M. Ben Brahirn, au Commerce et à l ' Industrie. D 'autres changements, d i t - o n seraient en cours et pourraient a f f e c t e r notam-ment le départem.-nt des Finances. Doit-on y voir des implicat ions inté-rieures Il ne semble pas que la polit ique des divers départements doi-v« s'en trouver a f f ec tée , mais, par ront re, le rapport des forces t plus personnelles d'ai l leurs que pol i t iques) au sein du gouvernement pourrait en être modi f i é En e f f e t , certains y voient l ' émergence d'une nouvelle équipe politique dont ils disent qu'elle serait provoquée par l 'action de M

Cuédira. Tou jours est-il qu'en sem-blant favor i ser la montée de nou-veaux éléments, pour la plupart de jeunes techniciens, le remaniement ministériel pourrait ainsi entrer dans 1. même l igne que les élections com-munales et municipales. Le3 postes seraient ainsi distribués surtout aux

jeunes neutres -...

Sur le plan diplomatique, la norma-lisation des relations avec la Mauri-tanie parait s'accé'.érer. Une mission mauritanienne es* arr ivée à Ra-bat Une mission marocaine lui fera suite à Nouakcho t. On pense qu'un échange d 'ambassadeurs pourrait in-tervenir en janv ier 1970 et que la cr opération, dans une première étape i i icherait les domaines commerciaux el culturels Cett ? évolution semble irréversible et l'c n n'en verra pour preuve que les mesures judiciaires qui viennent de f rapper les directeurs des doux journaux du part i de l 'Istiqlal

El A l a m et L 'Opinion . MM Chal lab et Berrada. mesures qui font suite à la reproduction par ces jour-naux d 'art ic les re lat i fs au tournant. pri3 par la polit ique marocaine :i l ' égard de la Mauritanie.

De ce fa i t , les répercussions inté-rieures de ce changement po l i t i q j e sont encore loin d'êtr - eleses.

Aut res répercussions. extér ieures cette fois : le sort du Sahara dit espa-gnol. A l 'O.N.U., M. L :raki a relance la revendicat ion marocaine posée en 1967, en réclamant le référendum promis à l 'époquè par l 'Espagne et que celle-ci. non seulement n'a pa. organisé, mais encore prépare unila-téralement en même temps qu'elle augmente son potentiel mil i taire <»u R io de Oro et à Sakiet el Hamra 110.000 légionnaires espagnols pour 58.000 Saharaouis nomadesi et traite avec des compagnies é trangères pour l 'exploitat ion des riches gisements phosphutiers que recèlent ces terri-toires. g isements est imés à 1.715 mil-lions de tonnes, qui sont donc de nature à bouleverser le marché mon-dial du phosphate et qui ne peuvent pas ne pas susciter d'inquiétudes à Rabat . Selon la presse espagnole, la compagnie Krupp est actuellement en train de construire à Bu Cran les instal lat ions qui permettront l 'éva-cuation de ce phosphate. Un consor-tium f rança is composé de plusieurs grandes sociétés a également été constitue pour explo i ter ces richesses minières et une société américaine qui s'était auparavant désintéressée de la chose, parult sur le point de conclure avec 1er. autorités espagno-les. pour la construction des instal-lations annexes.

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Ces t sans doute pourquoi la réponse do Madrid aux revendications maro-caines a été si nette. Cette réponse n'est toutefois pas off iciel le, puis-qu'elle émane du quotidien Yn proche du gouvernement espagnol.

Ce journal a f f i rme que le Sahnra est i:ne province espagnole avec une re-présentation aux Cortès et un statut d'autonomie. Il en parle donc comme si le référendum projeté avait déjA eu Heu et qu'il se soit soldé par le rattachement pur et simple A l'Es-pagne de Sakict el Hamra et do Rio de Oro Les Sahnrnouis ont choisi de suivre l 'Espagne Ils sont Espagnols >. écrit d'ailleurs « Ya ». en précisant que Madrid les a tou-jours défendus contre les razzias (s ic ) de leurs voisins et qu'au sur-plus il a investi pour leur dévelop-pement économique.

Mais, a dit M Laraki le Maroc continue néanmoins A espérer qu'un règlement approprié intervienne par le biais de négcc.ations bilatéra-les Rabat table dcnc toujours sur ta bonne volonté espagnole. A ce su-jet il faut d'ailleurs noter que la position de la Mauritanie ne parait pas très claire. A la suite des entre-tiens tripartites de Rabat entre le Maroc, la Mauritanie et l 'A lgér ie qui avaient traité, a-t-il été révélé, de II. région qui se trouve entre les trois pays , on pouvait logiquement pen-ser qu'un accord était intervenu Or tandis que le Maroc posait ses reven-dications A l 'O.X.U.. le Ministre mau-ritanien des A f f a i r es Etrangères. M

Ould Meknes. faisait savoir A trolr riprises et dp plus en plus nettement que Nouakchott accordait au Sahara dit espagnol un intérét tout parti-culier ». Les choses en sont 1A pour l'instant

Mir le plun économique, c ost la re-cherche de nouveaux concours exté-rieurs qui est apparue ces derniers temps comme dominante. Le groupe consultatif de la B.l R D. pour le Maroc, chargé donc de lui dispenser une aide multilatérale, mais directe-ment négociée «le capitale A capitale, ci composé de l 'A l lemagne de l'Ouest, de la Belgique, du Canada, de l 'Espa-gne ( présence pour le moins étonnan-te et qui augure mal de la solution

trouver A l'actuel contentieux terri-torial qui oppose le Maroc A ee pays i des U.S.A . de la France de l ' Italie, du Koweït et du Royaume-Uni. vient dr se réunir A Paris. Dans l'exposé qu'il a présenté, le Ministre des Fi-nances 11 chi f f ré A I milliard 200 mil-lions l'aide extérieure actuellement nécessaire au Maroc pendant les trois prochaines années du Plan En ef fet , le Plan nécessite annuellement des dépenses d'investissements de un mil-liard de DU 1930 millions en 1969. 970 millions de DH inclus dans le budget pour 1970». Or. a dit le Minis-tre. le Maroc peut seulement, grâce au maintien A un cours élevé du prix du sucre, A des aménagements fis-caux. A la ré ferme prévue de l'impôt agricole et a l'institution d'emprunts obligatoires et de réserves d'inves-tissement en couvrir 400 millions.

auxquels peuvent venir s 'ajouter 100 millions «le DH dus A des avances de t iésorerie Cent donc dire que l'aide extérieure est vitale pour la moitié au moins des investissements annuels du Maroc, auxquels M. Tahiri a joute les dépenses d'investissement en de-vises des établissements publics qu'il ch i f f re A 700 millions de DH pour les trois années A venir. En 1968. le Ma-roc a obtenu 669.5 millions de DH d» concours extérieurs sous diverses formes, prêts, dons, en espèces et en nature, enseignants, blés. etc. la ma-jor i té étant octroyée pour «les pro-jets précis et étudiés A l 'avance par les puissances dinpcnyatrlccs au pre-mier rang desquelles les U,S A., puis la R F A . «26.1 ' i de l'aide fournie?, la France et la B.l R D Cependant, la charge de la «lette extérieure ne faisant que s'alourdir il .i dù rem-bourser 258,7 millions de DH poul-ies prêts antérieurs. En 196" l'aide obtenue est ch i f f ré? A 118 millions de DH émanant des mêmes source:; L-Maroc obtiendra-t-il pout 1970 l'aide accrue qu'il réclame ? Le communi-qué de la B I R.D. publié A l'issue de la réunion ne cite aucun chi f f re ni aucun ordre de grandeur, mais parle d'une continuation de l 'aide dtspen sée dont les conditions «Je prêt ne se-ront par durcies II semble donc que l'aide sera maintenue au même ni-veau, mais des suggestions conccr nant un financement extérieur accor-dé pour des dépenses domestiques et pour le financement d' importation; non liées a des projets, ont été en-couragées >.

en grande bouteille ! si économique et tellement pratique

au jus naturel

d'orange

le mois dans le monde Jusqu'il présent on enregistri* un prêt du P r o g r a m m e A l imenta i re Mondial de 3,5 millions de dollars et un cré-dit de 11.6 mill ions de dol lars de la D I R.D. pour la couverture d'un pro-g r a m m e rout ier de trois ans. Par ail-leurs. la Hollande, soll icitée pourrait participci aux investissements maro-cains. El le assistait d'ai l leurs en tant qu'observateur à la réunion du grou-pe de la B I .R D. à Paris. Et. à la réunion pour la promotion des inves-ti ssements industriels pr ivés en A f r i -que. tenue à Rabat du 27 au 31 octo-bre. sous l 'égide de l 'O.N.U., le Maroc

déposé pour approbat ion par des Investisseurs éventuels, les pro je ts d'une usine text i le à Tétouan d'une fabr ique de rayonne, d'une ra f f iner ie <!•• sucre dans la Moulouva et divers pro je ts de confect ion et de levurerie.

.Mais outre les pro je ts du Plan, le Maroc doit éga lement couvrir le déf i-cit de son budget annuel, déficit est imé pour 1970 à 180 mil l ions de DH. les dépenses de fonctionnement qui étaient de 2.490 mil l ions de DH ei. 1969 ayant encore augmenté et at te ignant 2 620 mil l ions de DH Ce déf ic i t doit ê t re résorbé par le déga-gement de nouvelles ressources in-t i m e s En janv i e r 1939, pour la mê-me raison, on ava i t assisté à l 'aug-mentation de la taxe sur les produits et services. On parle pour 1970 d'une re fonte du tari f douanier, les rentrées prévues à ce t i t re ayant d'ai l leurs été amputées de 10 mill ions de DH au t i tre de l 'association du Maroc à la C E E. Cet te association rend ardue la recherche d'une solution dans ce domaine. L e s f inanciers pensent à des aménagements qui ne touche-raient pas le fond. Ainsi pour les automobi les qui ne ront pas produites au Maroc et qui faisaient jusqu'à présent l 'objet de divers tra f ics . Le Ministère des Finances a est imé illo-g ique le f a i t que des part icul iers puisse t irer part i de ce marché paral-lèle. Les pro f i t s ainsi dégagés se-raient donc incités à entrer dans les caisses de l 'Etat et pour ce fa i r e on pense soit à doubler le tari f douanier actuel, soit à instituer une taxe à l ' importat ion var iable selon la cyl in-drée. Il faut «-'attendre à d 'autres aménagements de ce ge iuc . Tou jours dans le secteur automobi le on ri-mar-que que Renault dont les véhicules étaient jusqu'à présent montés à la S O M A C A a déposé une demande de créat ion de chaîne de montage . Env i -bagerait-on ainsi de revenir au régi-me antér ieur ?

On noiera également , à la f in d'oc-tobre. I.t tenue d'un colloque des opé-rateurs de tourisme organisé pour la première fo is au Maroc sur l ' insti-gat ion de la « Roya l A i r Maroc » et au cour* duquel des suggest ions inté-i i - a n t e . » pour l 'avenir du tour isme marocain ont été fa i tes .

La négociation la plus importante que l 'U.R.S.S. entreprend depuis la crise de Cuba, en 1962, a commencé le 20 octobre dernier à Pékin avec i 'ouverture des pourparlers sino-so-viét iques sur les problèmes f ronta-liers. Leur enjeu peut prat iquement en e f f e t se résumer en deux mots : la guerre ou la paix. M Vassili Kouz-netzos. l 'homme de la normalisa-tion américano-soviét ique de la cri-se cubaine, l 'homme aussi de la nor-malisation tchécoslovaque, réussira-t-il à normaliser éga lement les relations jusqu'ici explosives entre la Chine et la Russie ?

De fait, l 'ouverture même des pour-parlers de Pékin, pourparlers qui sont appelés sans doute à se poursuivre durant des mois et à maintenir donc un contact durable entre les deux antagonistes, parait dé jà prouver une certa ine volonté de résoudre les d i f -férends autrement que par la vio-lence.

LA POSITION DE MOSCOU.. .

Face à la Chine, après dix années d'une opposition de plus en plus mar-quée et allant jusqu'à de s ing l an t s a f f r on tements armés, une ma jo r i t é au sein de l 'équipe d ir igeante sovié-t ique parait avo i r imposé une poli-tique du juste milieu. Les plans pré-tés à un lobby mi l i ta ire qui aurait souhaité, nen pas une at taque pré-vent ive contre la Chine et sa dé fa i te antic ipée comme l'a supposé une cer-taine presse occidentale, niais en tout cas son amoindrissement par la créa-tion d 'Etats-tanipons marg inaux pris sur son terr i to ire, n'ont sans doute pas été retenus. I l semble, par contre, que seule une minori té in f ime souhai-terait en U R S S que la négociat ion aujourd'hui engagée se termine par des relations aussi amicales que ja-dis.

Te ls sont les deux pôles entre lesquels Sv situe lu position soviét ique et telle est la m a r g e de manœuvre qu'après

n étonnante visite-éclair à Pékin, le M septembre, au retour des obsè-ques d 'Ho-Chl-Minh, M. Kossyguine

laissée à son pat ient , subtil et chè-vre .mé négociateur.

...ET CELLE DE PEKIN

A Pékin, il semblerait pourtant, com-me en 1961. au moment ou lu Chine posa brutalement le problème des front ières, que le gouvernement chi-nois soit dans des dispositions très

revendicat ives. Outre son intention n'obtenir de l 'U.R.S.S. la reconnais-sance du caractère inégal et injns-tf i expression employée pour la première fo is par le Quotidien du Peuple . le 7 mars 19631 des traités f ronta l iers conclus au siècle dernier. Pék in serait désireux de récupérer des terr i to ires qu'il accuse Moscou d 'avoir annexés depuis la conclusion des trai tés tsaristes ( t ra i tés d 'Aigour et de Tsien-sin de 1858, de Pékin en 1-S60 et d'I l l i en 1881 •. Les Sovié-tiques auraient en e f f e t , déclarent les Chinois, occupé depuis mars 1969, da-te des premiers incidents armés. 600 des 700 lies chinoises des fleuves f ronta l iers A m o u r et Oussouri et un secteur non négl igeable du Pamir. C'est sur des revendications moin-dres. puisque la Chine reconnaissait a lors les • trai tés inégaux • comme base de discussion, que chavirèrent les premières négociat ions de 1961 Taut- i l en conclure que les exigences chinoises actuelles, face à la relative modérat ion soviétique, constituent un obstacle préalable insurmontable ? I ne le semble pas.

UNE V O L O N T E COMMUNE

DE NEGOCIER. MAIS...

La dureté chinoise semble plus tact ique que stratégique, la mode-ration et la bonne volonté sovié-tiques aussi, puisque ni l'un ni l'au-tre des partenaires ne peut aller sans risque ni sans danger au-delà ou en deçà d 'att i tudes publiquement pro-c lamée- jusqu'ici. I - i volonté commu-ne de négocier parait bien établie de part et «l 'autre et l 'arrêt des atta-ques verbales réciproques depuis la rencontre Kossyguine-Chou E n - L u a l 'aéroport de Pékin en est une preu-ve. semble-t-i l . valable Ira-t-on jus-qu'à un vér i table désarmement poli-tique ? Il est encore bien hasardeux cît l ' a f f i rmer .

I-es Intentions de Moscou se laissent mieux deviner cependant, si on lit entre les l ignes des communiqué.; et des art ic les inspirés par le Kremlin, que celles de Pékin sous l ' impertur-bable masque de son silence ou de sa phraséologie habituelle. A un? négo-ciation technique, et politique dans ses tenants et ses aboutissants, les Soviét iques souhaitent pour plusieurs taisons opposer une négociation vo-lontairement dépolit isée, ne touch.int que des rect i f icat ions mineures du t racé des front ières, la délimitation ou chenal des f leuves frontal iers et

b - ï

outres problèmes accessoire*. Lï rè-glement que les Soviétique? estime-raient Idéal serait la conclusion. à l'issue de négociations entre techni-ciens. de froids accords dp coexis-tence dans divers domaines, autour d'une frontière calme et hermétlqu;, des deux côtés de laquelle, quelques rectifications mineures ayant été apportées à son tracé, chacun respec-terait l 'autre dans la mesure où il reste chez soi.

De fait, une solution militaire débou-cherait « : ir un inconnu gros d'immen-ses périls, et sans doute sur un cata-clysme et un gâchis ef froyables, tan-ois qu'une réconciliation cordiale, qui n'est pas souhaitée, aurait des consé-quences que le Kremlin n'envisage guère favorablement : octroi d'une aide substantielle à la Chine alors que l 'U K.S.S soutient déjà le Viet-nam. Cuba et, dans une certaine mesure, le Moyen-Orient, ainsi que 1? risque de mutations profondes dans l'appareil dirigeant soviétique.

UNE REPONSE DECISIVE

Certains, cependant, n'écartent pas l'hypothèse que. sur des points pré-cis. les deux pays ne cherchent rapprocher leurs points de vue. Dans une première étape, le dossier vietna-mien pourrait permettre de tenter l'expérience. De part et d'autre, on pourrait souhaiter des accords écono-miques destinés à ranimer des échan-ges commerciaux tombés aujourd'hui ô leur plus bas niveau, et une dépê-che datée de Moscou laisse entendre que, dans ce but. une négociation parallèle à celle de Pékin pourrait se tenir dans la capitale soviétique sous la direction de M. Nicolas Patolichev Ministre soviétique du Commerce ex-térieur.

L'orientation de ces pourparlers dont l'enjeu pour l't '.R.S.S.. pour la Chine, et pour le monde est, nous l'avons dit. la guerre ou la paix, sera dif f ici le

Elle déborde dès aujourd'hui le cadre strict des problèmes frontaliers En dernière analyse, l'une des missions cl. M. Kouznetzov pourrait être de s 'e f forcer de faire la preuve que le dialogue entre la Chine et l'U.R.S.S.. après tant d'invectives et de bulle, d'excommunication, n'est pas possi-ble. Moscou-Pékin combat de T i -tans qui ébranlera le monde ou pro-messe de conciliation raisonnablement pesée ? Dans le secret, une réponse décisive pour l 'avenir du monde s'éla-bore. dans six mois, dans un an...

PRAGUE : LE TEMPS

DES FEUILLES MORTES

Par une coïncidence remarquable, c'est le 20 octobre également, au moment où M. Kouznetzov arrivait

.'. Pékin, qur- triomphait à Moscou la politique de normalisation en Tchter Slovaquie, réussite majeure de l'action diplomatique du Vice-Minis-tre soviétique des A f f a i r es Etrangè-res. C'est en e f fe t ce Jour-là. après plu* d'un an d'un travail de sape inlasHible. qu'arrivaient à Moscou les arlisans du retour A l 'orthodoxie iiov tnyste. venus établir avec les dirigeants soviétiques le constat fie c'écés du printemps de Prague >.

C'ert le 17 avril dernier que M Hu-rak remplaçait M Dubcek au poste de premier secrétaire du parti. Dès lors, les choses allèrent très v i t e :

normalisation dans le domaine de la presse et de renseignement, désa-vœu. le 19 août, «le la résolution du 21 août 196S condamnant l'interven-tion soviétique, puis, le 27 septembre, annulation pure et simple de cette résolution assortie de l'exclusion de te us les libéraux et du retour en for-ci- des pro-soviétiques, puis, nouveau degré dans l'alignement, résolution do l 'Ass?mblée tchécoslovaque qui dé-clare apprécier l'aide internationale désintéressée des cinq pays f rères au nv ment des journées tragiques d'août 1£*68 L'évolution, ou plus exacte-ment. l'involution était achevée.

Restait à épurer les syndicats, les mouvements de jeunesse c'est au-jourd'hui chose faite L 'Union Sovié-t.que aura fait en Tchécoslovaquie l'économi? d'une répression directe-ment conduite par res propres trou-pes Il lui aura suf f i , p o j r arriver au résultat voulu, d'enfourcher '.e che-val de Troie de la réaction habilement et patiemment conduit jusqu'au s»in de la citadelle de Prague. Mais quel prix ? Li désaffection de l'opi-nion publique A l 'égard des nouveaux dirigeants est totale, l 'économie ex-sangue. la monnaie prête à s 'e f fon-drer ; ia masse des travailleurs se réfugie dans une politique d'inertie, pratiquant ouvertement la politique fies bras croisés. La Tchécoslovaquie est au bord de la ruine et les respon-sables de cette situation le savent.

C'est la ra son principale du voyage de MM. Svoboda. Husak et Cernik : Moscou. Ayant réussi à normali-ser -, c'est-à-dire pratiquement à m i -ner plus qu'elle ne l'était déjà la Tchécoslovaquie, il ne reste plus à 1 U.R.S.S, que de lui accorder une aide substantielle qui lui coûtera sans doute très chei

En attendant, la population tchéco-ï.lovaque s'apprête à vivre un long et rude hiver. La pénurie s 'aggrave, les magasins sont dévalisés dans la crainte d'une dévaluation ; dans le meilleur hôtel de la ville il y a déjà, dit-on. un jour sans boeuf et un autre .'ans veau... Le pessimisme général tâche de trouver un palliatif dans un humour amer, et la dernière que l'on raconte à Prague, c'est : Les

Russes prennent le bus pour aller tra-vailler, le train pour aller à la cam-pagne. l 'avicn pour nller en vacances, et les chars pour se rendre à l'étran-ger... >.

SEPT HOMMES

PANS TROIS SOYOUZ »

Mais les Russes prennent aussi des • Soyouz pour aller dans l'espace, et octobre a vu se dérouler durant cinq Jours, une extraordinaires expé-r.ence de vol groupé de trois cabine?, habitées par sept cosmonautes, le plus importante escadrille spatiale Ja-mais lancée depuis le premier Spout-nik» . On parlait à cette occasion de I; réalisation d'une véritable plate-t rme spatiale permanente, objectif qui paraît être l'un des plus immé-diats que se soient assignés les Sovié-tiques en matière «l 'exploration de 1 espace extra-terrestre. Il n'en a rien été. et ce n'est sans doute que partie remiss, mais l 'expérience des trois c Soyouz a été d'un enseigne-ra nt cependant très riche et très important, car elle constitue la pre-mière tentat ive d'étudier systémati-quement les possibilités d'un long séjour «lin;; l 'espace et d 'y travail ler normalement. En dehors des précieux renseignements recueillis par les équipages sur les di f férentes mnntr i-vres de rapprochement ou de chan-gement d'orbite, les éléments les plus décisif? ont été e?ux de l 'expérience de soudure dans le vide et dans 1 apesanteur. C'est Ift. incontestable-ment, une grande première • qui préf igure ce que sera le travail des ingénieurs qui construiront la gigan-tesque station spatiale de demain. Il faut également souligner l ' importan-ce de l 'expérience Soyouz dans des domaines purement scientifiques comme la météorologie, la physique «le la haute atmosphère et de l'iono-sphère, l'étude des rayons cosmiques et du vent solaire. la géologie Dans ce dernier cas, l ' immense terri-toire compris entre la Caspienne et la mer d 'Ara l a été particulièrement étudié, faisant l 'objet d'une triple opération de relevés, «le photogra-phies et de mesures. L 'analyse des propriétés optiques des sols à trois niveaux di f férents permettra de re-cueillir des données «le grande valeur pour la prospection minière, l 'agri-culture, l ' irrigation, etc... Ainsi les trois Soyouz et leurs occupants ont ouvert la voie, non seulement à une nouvelle étape de la conquête prolongée et systématique «le l'espace, mais aussi à une connais-sance plus approfomlie de notre vieil-li plateforme planétaire, la Terre , qui, vue de Sirius. et même de moins loin, est encore capable de nous ré-server bien des surprises...

Alain D A N S A M

M O Y E N O R I E N T

Le dilemme libanais

M )o

Depuis le début de cette année le L iban est en crise crise gouverne-mentale avec mani festat ions de rues, batai l les rangées, couvre feu. prises de positions contradictoires, crise pro-voquée par l 'action engagée par le gouvernement libanais contre les commandos palestiniens qui se sont installés au sud du pays dans lu zone f rontal ière avec Israël. Pour maintenir sa neutralité, ne pas subir les représail les israéliennes après les raids palestiniens et sans aucun doute sur l ' injonction de puissances telles que les U.S.A. . certaines autorités libanaises veulent expulser les com-mandos de leurs bases. Pour ce faire, e l les n'ont pas hésité A plusieurs re-prises il s 'a t taquer directement a.ix commandos palestiniens en de véri-tables batai l les qui ont fait morts et blessés.

Tout a commencé au début de jan vier avec l 'attaque éclair lancée par les Israél iens contre l 'aéroport de Beyrouth. Ce t te action a soulevé le to l lé généra l que l'on sait et a amen* entre autres le général de Gaulle, a lors Président de la République fran çaise, A décréter l ' embargo sur les a rmes A destination d'Israël. Aussitôt uprès, le Président liba-nais Char les Hélou dément issait dans une déclarat ion l 'existence dp bases de f iday ines au Liban et le il janvie. l 'armée prcnuit en mains la sécurité du pays. Il est nécessaire de «lire que les chefs de l 'armée paraissent avo ir les mêmes opinions que M Ht lou sur l'issue possible de la crise qui n'était a lors qu'embryonnaire pour eux. il faut expulser les f idayi-nes du Liban qui doit ainsi demeurer un Etat à part, non engagé dans le confl i t du Moyen-Or ient . Le •» janv ier , le g< uvernement Ya f i démissionnait et était remplacé le 15 par une équipé dir igée par M Rachat Karamé, dont le premier .sciucl fut lj 17, d'assurer les commandos de sa sol idarité

Tout resta stat lonnalre apparemment, jusqu'au 23 avri l . L ' a rmée libanaise somme en e f f e t A cette date les Palestiniens, commandos et réfugiés, de se ret i rer de certains v i l lages fron-taliers. Ils refusent L ' a rmée tire. 1-morts. Proc lamat ion de l 'Etat «l'ur-gence. mani festat ions «le protesta-t ion» A Beyrouth et «lans les autres villes libanaises, démission du gou-vernement. crise, nouveaux engage-

8 - ï

par Ben Messaoud

nients armés les 4 et 5 mai 4 morts Intense émotion dans le monde arabe Ces Incidents se produisent alcrs que !«• général de Gaulle, qui avait en juin 1967 fermement défendu l'inté-gr i té libanaise contre une attaque israélienne, a démissionné de la pré-sidence de l 'Etat français. Quoi qu'il en soit. A Beyrouth, la crise persiste, les négociations entre Palestiniens de l ' O L P , et armée li-banaise ne donnent aucun résultat, et le 24 juin, le Président Hélou se prononce dans une déclaration o f f i -cielle pour l'expulsicn des comman-dos du Liban. Puis les choses se tassent : les négociations aboutissent, les commandos continuent A opérer du territoire libanais comme de tous les territoires arabes de la région Ia ' Liban est sans gouvernement M. Karamé revenu au pouvoir ne dirige plus qu'un cabinet de gestion

mais l'équilibre est maintenu. Tout recommence le 11 août l 'aviation israélienne déclenche un raid contre les bases «les commandos palestiniens au Liban. Il est donc clair qu'Israël veut détruire l'équilibre libanais et acculer Beyrouth A se prononcer ca-tégoriquement I^e 8 septembre. le gouvernement libanais négocie A nouveau avec l 'O.L P. Le statut quo se maintient jusqu'aux derniers inci-dents de la fin d'octobre, incidents qui furent provoqués par toute une série de faits qui donnent à penser que l'on se trouve vraiment devant une provocation minutieuse. Il y a d'abord le prétexte d'incidents syro-libanais à lu frontière dans lesquels on incrimine des Palestiniens alors que El-Fatah n'a pas que des sym-pathies A Damas, pins l 'a f fa ire du • Mirage montée visiblement pou» camoufler le vol de plans en Suisse, par Israël semble-t-il, puis, surtout, le 15 octobre, l 'attaque aux rocketts et au bazooka du siège de l 'O.L P. en plein coeur de Beyrouth et la décla-ration d'un of f ic iel américain, qui ne fut pas nommément désigné, sur la garantie par les U.S.A. de l ' intégrité territoriale du Liban, pour arriver, enfin, à une nouvelle attaque des camps des (edàyins par l 'armée liba-naise le 21 octobre L 'armée libanaise déclare que ces incidents ont été provoqués par le fait que les com-mandos palestiniens ont dépassé leur zone, et que, sommés de se retirer, ils

Cluirtc 5 Hclen un équilibre précaire

ont refusé. De se retirer où d'ail-leurs ? En Israël ? L 'O.L P. rétorque qu'A l'encerclement de deux vil lages. A l 'attaque armée directe, et A l 'anéantissement d'une base de com-mandos qui ont fa i t 14 mors et 21 blessés, elle ne pouvait que répliquer en se défendant La révolution pa-lestinienne tient A réaf f i rmer qu'elle maintient son droit .'i la liberté de mouvement et d'action à partir des pays arabes sans pour autant inter-venir dans leurs a f fa i res intérieures > souligne un communiqué de l 'O.L P qui rejette la responsabilité de ces nouveaux incidents sur les autorités libanaises

Cette nouvelle crise a provoque un surcroit d'émotion dans tout le mon-de arabe où par leurs di f férentes positions, les autorités respectives se sont tout A fait démarquées. Il y a eu des manifestations en L ibye qui a menacé de rompre ses relations diplomatiques avec le Liban, A Da-mas. A Bagdad, des démarches diplo-matiques d'autres Etats, une atmo-sphère de guerre civile au Liban. Les déclarations américaines ont donné A ces incidents une dimension autre que ceux d'avril. Ils ont fa i t craindre A beaucoup une vietnamisation du

Moyen-Orient. le Liban étant assi-milé A la Thaïlande, et l ' intervention directe américaine n'étant pas exclue par beaucoup qui se souviennent du débarquement des marines A Bey-routh en 1958. pour, de même, ga-rantir l ' intégrité libanaise Les cho ses sont allées crescendo jusqu'à ce que IT R S.S lance un avertissement non dissimulé aux U S A le Liban a déclaré Moscou, doit régler lui même ses problèmes, nul autre que les pays arabes n'a A intervenir dans la région. A la suite de cette prise de position, le Président Nasser qui avait gardé pendant la crise une attitude modérée a proposé sa média-tion. qui. acceptée, semble avoir ac-tuellement abouti A des résultats concrets et donc au maintien du statu quo ante. Cependant, on aurait tort de oonsi dérer l'incident comme définitivement clos, les problèmes de fond n'étant pas résolus. Ce n'est pas tant leurs assises multl - confessionnelles que leur régime économique que certain-Libanais veulent préserver même si pour cela ils sont amenés A »e déso-lidariser dans les fa i ts du problème d'ensemble du Moyen-Orient En e f f e t , contrairement A certaines as-sertions, souvent insidieuses, ce n'est pas entre chrétiens et musulmans que passe la coupure qui a f f ec te le Liban, puisqu'il y a de nombreux chrétiens pour l'aide aux Palestiniens et quel-ques musulmans qui sont contre. C'est le fait que le Liban soit A l'échelle d'un pays ce que Tanger était à l'échelle d'une ville avant l'in-dépendance qui est en cause. L 'enjeu diplomatique et stratégique est éga-lement de taille. Ou bien les Libanais acceptent que les commandos opèrent à partir de leur territoire et consa crent donc comme partout ailleurs la primauté du fait palestinien, ou bien, en le refusant ils se rangent qu'il le veuille clairement ou non, aux côtés d'Israël U est d'ailleurs proba-ble que l 'Etat sioniste acculera par des attaques répétées Beyrouth A choisir entre ces deux alternatives, ne serait-ce quo par le fai t que le Li-ban, Etat multiconfe'ssionncl comme se propose de faire de la Palestine El Patal i est pour lui un déf i dont il lui faut nier l 'existence pour rendre une telle solution impossible

1 - y

L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent

Gustave FLAUBERT

LE PAIN DE DEMAIN On a toujours dit que le M a r o c était

un pays agr ico le pour deux raisons

î • L 'agr icul ture fa i t v i v re 70 de

ta population.

I Son impact est sensible dans tous

le* domaines économiques et son évo-

lution v i ta le pour le développement

Mais, depuis 13 ans. les choses ont

change Les mythes et les théories

doivent être périodiquement revus a

la lumière des réalités. Aujourd 'hui

une question brutale se pose : le Ma

roc est-il encore un pays agr ico le "

Son développement, humain surtout

est-H encore commandé par l 'agri

culture ?

Pourquoi cette question 7 C'est qu'un

hiatus s 'opère actuel lement sous nos

yeux l 'agr iculture évolue, se trans-

forme, se modernise, mais le nombre

des paysans, de ceux qui vivent de la

terre, diminue.

Double phénomène qui va s'uccen-

t liant et dont les implications sont

énormes, pour l 'avenir .

L 'agr icul ture se modernise les ob-

servateurs et les industriel*, qui fu-

rent surpris en 196S d 'enregistrer

l 'achat par le secteur p r i vé agr ico le

ce 1.500 tracteurs ne pourront nous

oement ir Les ventes cette année

s'établissent au même niveau 1 5

tracteurs, 150 moissonneuses-batteu-

ses Ce ne sont pas les o f f i c e s et or-

ganismes état iques qui ont provoqué

t es achats, ce sont des fermiers , den

nouveaux propriétaires terriens Au-

tres exemples probants : la consom-

mation du ciment qui a augmenté de

17 en 1968. de 15 en 1969, pour

atte indre 1 430.000 tonnes, la consom-

mation d'électricité dont la progres-

sion annuelle n'est plus de 5 ni mê-

me de 7. mais de 10 Vf. Les villes,

certes, y sont pour quelque chose,

niais les campagnes sont relat ive-

ment plus responsables de ces aug-

mentations. Les nouveaux proprié-

taires s 'é lectr i f ient. se mécanisent,

construisent en dur

LE PROCESSUS DES R A C H A T S

Qui sont-ils ? Les 5 à 10 ' i de che f »

de foyers ruraux qui, selon le Plan

Quinquennal possèdent plus de 60

des terres. D'anciens grands pro-

pr iétaires terr iens qui mettent en

valeur les immenses domaines qu'ils

ont acquis sous le Protectorat , soit

par achats à de petits paysans, soit

par accaparement progress i f des ter-

res col lectives, selon un processus de

location que Julien Couleau, dans son

récent l ivre La paysannerie maro-

caine . décrit très bien on loue au

voisin moins fortuné, qui n'a pas les

moyens de cult iver, puis, d'année en

année, la j emmaa n'intervenant pas

ou plus, cette location se perpétue,

puis gè le le statut des terres, dont

le bénéf ic ia i re éventuel ne réclame

même plus la location, jusqu'à ce

qu'on la fasse purement et .simple-

ment enreg istrer c omme une proprie-

té privée. Les f i ls aussi de ces grands

propr iéta ires qui ont choisi la terre,

introduit de nouveaux concepts et de

nouvelles méthodes de culture, et qui,

plus encore que leurs pères ont rom-

pu soctologiquement et moralement

avec la paysanner ie traditionnelle

Des citadins, enfin, qui, de plus en

plus nombreux achètent de grands

domaines et les conf ient soit à un

métayer , soit à un gérant souvent

10 - ï

Européen, surtout dans le cas d'un rachat des anciennes terres de colo-nisation privées 300.000 ha sont ain-si. durant les premières années de l'indépendance, passés aux mains des nationaux. Depuis 1966 surtout, ce mouvement de rachat des terres de colonisation privées et de constitu-tion des grands domaines, s'accentue, dans le Souss. dans le Tadla. le Gharb. les plaines de Fès et de Mek-nès.

Ainsi s'est constituée une nouvelle classe de possédants ruraux qui fait pendant aux classes urbaines enri-chies dans la fonction publique, le commerce et l'industrie, par la ma-rocanisation progressive des di f fé-rents secteurs

Au départ, il faut dire que l 'Etat n'avait pas encouragé ce processus, ou du moins avait tenté de le cana-liser puisque pendant quelques an-nées de» lois interdisaient les trans-actions sur les terres de colonisation privées dont les achats étalent sou-mis à autorisation, dans l'hypothèse de la constitution d'un fonds de terre destiné A la réforme agraire

Actuellement, les autorités donnent l'impression d'encourager le proces-sus qui se radicalise d'autant plus que la situation politique et écono-mique est ce qu'elle est. et que. pai voie de conséquence, auc.me pression contraire à cette nouvelle colonisa-tion ne peut s'exprimer. Les achats massifs de terre.^ que l'on a vus ces derniers temps sont le fait de per-sonnalités connues En outre, les me-sures prises <lans le cadre de la poli-tique agricole, fondée sur des exi-gences de rentabilité et d 'augmenta-tion de la production, vont, que ce soit ou non leur objectif profond, dans le sens d'un renforcement de ces grands propriétaires terriens.

LA CHARTE AGRICOLE

Ainsi la chnrte agricole dont on ne peut mer le bien fondé, par l 'obliga-tion de contreparties A l'aide de l 'Etat qu'elle institue, contreparties d'ailleurs parfaitement logiques vu le contexte dans lequel elle se place, ne peut que servir les paysans uisés. En e f fe t , à qui va prof i ter la melkisation

(c'est-A-dire l 'appropriation privée» des collectifs qu'elle pre'ine " I - i limi-tation des morcel lements ? Qui peut participer aux premiers f ra is d'amé-nagement A raison de 1 500 DM par ha. ou bien A raison de 120.30 DH par ha et par an, pendant 17 ans Qui peut payer des droits d'eau «le 2.25 A 2.90 f r s le m3 ? Qui j>eut lembourser tous les f ra is annexes en-gagés pour les plantations, l 'é levage l'assainissement, participer A la dé-fense et A la restauration des sols et respecter strictement les plans de culture, les projets d'investisse ment et les exigences de mise en va-leur ? Qui peut aussi supporter les impots agricoles dont la réforme est en cours, sinon les paysans qui ont déjà suf f isamment de moyens et <!e savoir faire, dont l'esprit est déjA au fait des notions de rentabUitv et d'investissement ? Sinon donc, ces nouveaux agriculteurs '

Certes. les tenants de moins de 5 ha yont exemptés de la major i té des frais, tout un Jeu de dérogations est prévu en leur faveur. Certes, ils sont encouragés A constituer des exploi-tations familiales viables et donc

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A subsister en se modernisant . Mais

encore f au t - i l que matér i e l l ement et

mora l ement ils y soient aptes. Et

pour quelques-uns qui y parviendront,

combien seront enclins devant les

perspec t i ves de rachat A quit ter la

terre, bien que toutes les transact ions

immobi l i è res soient pour l'instant

suspendues, pendant le remembre-

ment en cours, et ce par manque

d 'adaptat ion aux nouvel les normes

C a r l 'évolut ion est un phénomène

impi toyab le . C'est c o m m e une voiture

lancée A toute v i tesse sur une route

A g rande c irculat ion. Dans ce genre

de choses, les processus sociaux lors-

qu' i ls ont en f in démar ré sont d i f f i

e l l es à s topper et A canal iser , d'au-

tant qu' i l s 'ag i t d 'une pol i t ique déli-

bérée. puisque m ê m e les 250.000 ha

de lots de colonisat ion récupérés

n'ont pas é t é m is au pro f i t de la

paysanner ie t radi t ionnel le marocaine

sont g é r é s par les pré fec tures et

les provinces, et v iennent donc gros-

sir, non en propr ié té , mais en usu-

f ru i t et se rv i ces le clan de la nou-

ve l le agr i cu l ture moderne Ce t t e poli-

t ique qui se f onde sur la créat ion

de nouve l les c lasses vues comme au-

tant d 'assises du pouvoir est un tout

ses impl icat ions agr i co les ne sont

qu'un des aspec ts «lu sys tème qu'elle

est en train de me t t r e en p lace

On en conçoit les raisons économi-

ques i l fa l la i t sor t i r du cerc le vi-

cieux «le la s tagna t i on agra i re dé-

passer le s tade «le l 'ara i re et -iccéder

A celui du t rac teur si l 'on voulait

produire pour consommer et expor-

ter. Or . le paysan tradi t ionnel maro-

cain nu pouvai t pas évo luer par ses

propres moyens i l é ta i t t rop dé-

muni maté r i e l l ement e t t rop englué

mora l ement dans un sys tème davun

t a g e dé t e rm iné par des cr i tères *o

e laux que par des c r i t è res économi-

ques et ou la t r ibu et ses normes

éta ient plus impor tan t e * que la terre

et ses ex igences .

Démuni , il l'est de plus en plus,

le morce l l ement dù A l 'uccroissement

démog raph ique aidant. Selon les cal-

culs les plus o f f i c i e l s , kl y a 1.150.000

f o y e r s ruruux (qu i seront l.SOO.UOO

dons 20 ans i |>oiir 5 mi l l ions d 'ha de

terre cult ivables, «-t un mil l ion d'ha

de terre- .de parcours, ce q il fa i t , si

l'on compte aussi It s Jachères i't l»

hectares rognés sur les forê t * et les

sol» caillouteux, une moyenne d'en-

viron T ha par fumill<-

Mais, nous l 'avons dit, 60 r. de ces

terres sont aux mains de 5 A 10 •.

des agriculteurs. Que resto-t-ll nu

paysan moyen ? 20. 15. 5, 3 ha. pou-

vent improductifs, parce que trop et

mal travail lés.

REFORME AGRAIRE ET REFORME AGRICOLE

Ce petit paysan, si on lui prête des

engrais, et des semences qu'il devra

rembourser, on détruit ainsi son cir-

cuit économique en lui imposant des

f ra is sans que sa production et donc

son niveau de v ie augmente en consé-

quence. parce que son atte lage est

mal nourri, ses moyens d? labours

>ont rudlmentalres, parce qu'il ne

dispose pas assez d 'argent pour ren-

trer ses moissons, parce que lui-mê-

me sous-olimenté est sans force et

parce qu'il est enclin du fait de sa

condition à consommer plutôt que

d' investir et à prat iquer des écono-

mies forcées en un véri table cercle

vicieux de carences. Aussi les métho-

des archaïques qui sont les siennes,

sont-elles, quoiqu'en en dise, parfa i -

tement adaptées à sa mentalité et A

ses possibilités.

Pour qu'il puisse évoluer ce paysan

moyen et traditionnel, dont le Plan

nous dit qu'il représente 50 à 55

des foyers ruraux et dispose de 40

des terres, il aurait fa l lu une ré forme,

. igraire Cette ré forme dont on a

tant parlé sans la fa i re jamais, aurait

pu être opérée & fro id au moment

de l ' indépendance alors que l'on se

trouvait en f ace d'une paysannerie

traditionnelle, stagnante mais domi-

nante et d'un monde rural moderne

aux mains du secteur é t ranger et de

quelques nationaux souvent compro-

mis dans la politique passée Cet te

ré forme aurait pu alors s ' e f f ec tuer

«.uns heurts majeurs et de façon spé-

cif ique et originale par le retour A

le collectivisation des terres et la

collectivisatlon parallèle des moyens

de production, étant entendu que

du tr.t

• Photo Ben d R.

pour le fe l lah déjA habitué aux par-

tages annuels. A la sol idarité rurale

en matière d'eau et de réseaux d' irr i-

g j t i o n , au caractère commun de la

v ie sociale et aux dél ibérations au

sein des jcmaas. le choc n'aurait pas

été bien grund. C'est alors que les

notions de rentabil ité et de producti-

vité auraient pu prévaloir , si simul-

tanément, une Information intense

el un? éducation avaient é té menées.

Cet te voie n'a pas été choisie et il

faut reconnaître qu'il n 'y a pas eu

tel lement de pressions des paysans

dans ce sens Justement parce qu'alors

lu terre n'était vue par eux que

comme un des moyens de la produc-

tion et p;is forcément le moyen essen-

tiel, son caractère de rareté n'étant

pas si évident qu'aujourd'hui. C'est

•tail leurs l 'erreur qu'ont commise

nombre de polit iques et d'intellei tuels

qui voyaient le paysan marocain a

t ravers les pr ismes des théories

Quoi qu'il en soit, en n'optant pas

ainsi on se condamnait au pro<e»Mis

dont nous voyons aujourd'hui la réa-

lisation Et les grands domaines sont

contraires A la notion même «le Re-

f o rme A g r a i r e Que l'on se souvienne

«les résistances que l'on vit »«• fa i re

Jour lors des débats du parlement

sur la question. Et A l 'époque il n 'y

avait pas tant «le nouveaux proprié-

taires...

D'ail leurs, il est s igni f icat i f «te cons-

tater que l'on ne par le plus actuel*

ï - 13

lement de r é f o r m e a g r a i r e que pour

qual i f i e r la d is tr ibut ion sporadique

de quelques hec ta res et qu'on lui a

substitué le vocab le de r é f o r m e agr i -

cole qui lui n ' impl ique pas de chan-

g e m e n t ' fonc iers , mais évoque une

t r ans f o rmat i on des méthodes et une

augmenta t i on de la product ion II est

é ga l emen t s igni f i cat i f do constater

que les réc lamat ions qui - é lèvent de

t emps a autre pour demander la ré-

f o r m e ag ra i r e aient s i peu d'échos,

beaucoup moins d 'echos parmi l 'opi-

nion publ ique qu 'e l les n'en avaient

Jusqu'aux années 60. c o m m e s'i l é ta i t

désormais c la i r que les résistances

éta ient t rop g randes et que la con-

j onc ture ne s 'y prêta i t pas. c o m m e si,

é ga l emen t . I l s 'agissait de plus en

plus d'une ex igence à long t e rme et

l iée i l ' ensemble des au t r es problè-

mes pol i t iques et économiques , puis-

qu'aussi bien une r é f o r m e ag ra i r e

n peut ê t r e l 'œuvre que d'un E ta t .

L E V I C E

F O N D A M E N T A L

Te l est le processus que nous voyons

s 'opérer. I l n'est pas néga t i f loin de

Ifi les c a m p a g n e s maroca ines sont

de mo ins en moins hors du temps,

les potent ie ls ag r i co l es souvent dé-

g radés pourront ê t r e reconstitués, la

product ion devra i t augmen t e r .

Ma i s i l c o m p o r t e un v ice f ondamen-

tal I l laisse de cô t é la g rande masse

<les paysans , masse a lourd ie chaque

année de la cro issance démog raph i -

que et dont le poids se c h i f f r e en mi l -

i.ons de vies et d 'espoirs .

J. condamne l ' agr icu l ture t rad i t ion-

nelle a la dispari t ion physique et

humaine, puisqu'i l ne lui permet pas

o évo luer Condamné , le paysan l 'est,

puisque se* m o y e n s d iminuent , en dé-

pit des aides, et que sa t e r re se

ré tréc i ' par morce l l ement , appau-

vr issement , c ' es t -à-d i re éros ion et dé-

g r ada t i on des sols du f a i t des prat i -

ques culturales, et pur ventes. Il de-

v a n t donc de p lu» en plus marg ina l

D 'autant qu' i l n'est plus de f endu pa r

pes inst i tut ions co l l ec t i ves propres

qui ont de plus en plus tendance à se

f a i r e c landest ines.

Et . f a c e à c e t t e dég rada t i on de sa

Situation, toutes les a ides qui lui ont

Un cerc.V tf/ci« liA' de ententes

IPhoto Bernard Rou

é t é dispensées depuis r indépendanc> ,

engra is , semences, prêts, m ê m e quand

e l l es sont sans cont repar t i es , ne sont

rien d 'autre qu'une f i xâ t .on de lu

misère , puisqu'el les le stabi l isent

dans sa condit ion sans lui donner les

moyens d'en sort i r . I l est d 'ai l leura

nécessa ire de dire aujourd 'hui que

les e f f e t s de ces a ides d iverses ont

é t é pra t iquement nuls et qu' i l aurait

beaucoup mieux valu conve r t i r ces

s ommes impor tan tes ainsi gaspi l l ées

on ecoles. L ' e x e m p l e t y p e «le la f i xa -

t ion de la misère est le p ro j e t D E .R

P..O qui maint ient a r t i f i c i e l l ement les

populat ions du FUf. t r op ne>mbrouses

pour un sol é rodé et appauvr i , dans

une rég ion qui n'u dé j à plus d 'agr i -

co le que le nom. ce qui est pa r f a i -

tement i l log ique, puisque dans ce ca s

i l ne semble pas y a v o i r de solut ion

agr i co l e ,

F i xa t i on de la misère encore que la

promot ion nutionale, dont les chan-

t i e rs t l DH la journée permet tent

d 'occuper les pet i ts f e l l ahs et les pay -

sans sans t e r re durant les temps

mor t s do l 'agr icul ture , ma is à de.,

t r a vaux dont ils n'ont pas le senti-

ment qu ' i ls sont A leur pro f i t même

ultér ieur. Ce n'est pas d 'a i l leurs que

i : pr inc ipe de ces a ides soit mauvais,

i ! est m ê m e bon. C'est leur applica-

t ion qui est fausse, c 'est le contexte

a g r i c o l e actuel qui leur enlève tout

intérêt Si la P romot i on Nat ionale

éta i t une solution d ' a t t en t e pour les

paysans , d ' a t t en te de te r res et de

moyens par exemple , e t s ' inscrivait

dans un vas te e f f o r t col lect i f , elle

serait t rès uti le, mais ce n'est pas le

cas, et cela fa i t autant de capitaux

dépenses en pure perte .

C a r qu 'a t t end le pet i t paysan aujour-

d'hui * Il n 'a t tend plus rien. Nous le

voyons d 'a i l l eurs ne plus te l lement

s ' occuper à l 'agr icul ture , mais rem-

plir ses journées nve i de pe t i t s tra-

vaux et de pe t i t es spéculat ions qui

lui pe rme t t en t tout juste de subsis-

t e r En fa i t , n'est plus un rural celui

H - Ï

Iqui essaie de louer ses bras nu temps

«les labours et surtcut «les moissons,

qui é lève quelques poulets travai l le

Mir «les «Gantiers pour quelques kilos

de far ine et le reste du temps vend

sur les souks des assiettes ébréchées

ou «les herbes recueillies dans la fo-

lét ! N 'est pas. n'est plus un rural

celui dont les enfants gardent lej«

troupeaux des voisins, dont la f emme

fai t le ménage dans d'autres f oyers

et qui passe l 'essentiel de ses Jour-

nées A errer dans les champs '

DES P O S T U L A N T S A L ' INDUSTRIE

I ' 'autant plus que l 'équilibre de la

société rurale traditionnelle a été

rompu. Cette société n'était pas mo-

derne ni économique, mais elle était

humaine. Elle favor isa i t l 'apparition

des grands chefs et elle n'évitait pas

les inégalités sociales, mais personne

r.'était acculé au dénuement par le

jeu des solidarités famil ia les et tri-

bales et par le binis des redistribu-

tions. des dons et des aumônes. Dans

le processus actuel, cette solidarité

disparait El le n'est pas non plus

remplacée par les petites aides, les

projets étatiques et les chantiers qui

m sont autres que des pall iati fs, l 'ère

de lu chari té étant au surplus close

Que vont alors devenir ces petits

paysans et surtout que vont devenir

leurs f i ls pulsqu'après tout eux peu-

vent encore vivoter. Leurs fi ls, qui

lie savent rien faire d'autre que culti-

ver la terre, «léjà eux. réclament la

terre ou veulent quitter la terre.

Car ils ne pourront pas tous devenir

ouvriers agra-oles. Il y a 4U ' ( de

paysans sans terre qui s jnt autant

de postulants ft ces emplois, lesquels

ne vont d'ail leurs certainement pas

augmenter puisque les ex igences de

le rentabil ité imposent la mécanisa-

tion. Kl on le comprend une mois-

sonneuse-batteuse ira toujours plus

v i te qu'une armée de moissonneurs.

Comment résoudre alors, surtout

dans les campagnes, le problènu- du

«hômage et du sous-emploi dont le

Ministre des Finances vient de dire

que les risques . devaient être

conjurés rapidement ».

En fa i t , il n 'y n pas d'autres solu-

tions qu'entre la R é f o r m e Ag ra i r e

qu'on n«> peut plus adm-Hement et

qu'on ne veut plus faire, et l'indus-

trie. avec cet te d i f férence que la pre-

mière coûte bcnucoup moins cher

que la seconde.

C'est à la v i l le que les paysans san*

terre et les f i ls «le petits fe l lahs

attendent la solution à leur problème

<!«' devenir C'est dnns les usines, les

magasins. les ateliers qu'ils espèrent

trouver ce travai l que la terre n«-

leur «Jonne plus.

L ' industrie peut-elle les accueillir ?

El le ne semble pas évoluer A un ryth-

me très rapuie et de plus, elle n'est

pas tellement génératr ice d'emplois

L e s investissements font «léfaut On

attend toujours des é t rangers qu'ils

investissent à notre place L 'Eta t fait

ce qu'il peut, il est vrai «rai l leurs

qu'il le fa i t surtout dans l 'agriculture,

ce qui sert davantage les grands do-

maines que les petits paysans De

plus, ces investissements ont davan-

tage pour but d 'augmenter la pro«luc-

tion que de donner du travai l

Ii semblerait donc bien que ce soit

la le cercle vicieux de l 'agriculture

tradit ionnelle que l'on ait transposé

l'échelle nationale C'est pourquoi

le calcul qui fut fa i t lorsqu'on décida

de ne pas opter pour la Ré f o rme

A g r a i r e et que l'on choisit donc la

polit ique des grands domaines avec

toutes leurs implications, ce calcul

«ionc même s'il se just i f i e économi-

quement et s'il se comprend polit i-

quement nous semble plus être à

1 échelle d'une générat ion et d'une

classe, qu'à l 'échelle d'un pays. Il

ne résoud en tous cas pas les problè-

mes essentiels, et, non seulement il

n« les résoud pas. mnis encore il ris-

que de les reposer avec encore plus

d'acuité.

Cer tes ce n'est peut-être pas pour

demain Mais il est bon de le dire,

«le temps à autre, pour att irer l 'at-

tention et appclei à des solutions

Car, comme l'a dit Flaubert : L ' ave -

nir est ce qu'il y a «ie pire dans le

présent ».

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brités sous des s cha- n'en 0 • 1

avaient pas besoin, louant leurs le j .îilli s, vê tus d'une tenue bras

r * le t emps d'un t rava i l t rop rare

1- be i s e des Jeunes ger 15 i ra - c h c n :hant à Quitter l 'univers ouot i -Là ils 1 débroussail lent. 1A cn- d ion

• 1 et à g a g n e r ce qui é ta i t leur

binent 1 du coton, ou. fo d espoir , la v i l le , mal a rmés par rs 6 à lues années de m i i d s ou de pr i -n e non t e rminé , quand ce n'est

1 au mil ieu de la c a m p a g n e r a s laissés dans un ana lphabét i sme

A P P R E N D R E

rois leur r é f e c t o i r

irt

comple t t7 sur 25 )

En bre f , des j eunes g ens t yp i ques des

des mi l l éna i res vécus à l 'unique r y th -me des saisons c l des t rav i iux des champs, mais dont le bre f passage à l 'école et I03 re lents d ' i n f o rmat i on

exace rbé les besoins nouveaux, sans leur donner lot* m o y e n s cJt* les sulis* f a i r e . Un g r a n d appét i t d e t rava i l , d ' v ie normale , et moderne de pro-grès . d'un côté , un manque tota l d ' instruct ion et donc d 'apt i tudes, un re j e t de la v ie rura le et tradit ionnel le , de l 'uulre. Le résultat un désarro i inconscient

E N T R A V A I L L A N T

t rava i l l eurs -1 »taj g la ires d'une FEJ . 1 F e r m e de Je es A g r icuueurs 1, e> pér l ence lanc é e il y u 1 échel le rédul lté. par le • Minis tère d

I ls ! A g r i c u l t u r e I ls on t o r it la deuxtèm nriimntlon R UlIlWklVIII IV ruiiiu s

Je d'un • n

joint techniq de 1 a idministratioi a idé d'un mon itei ur. Ils e f f e c tuent tou les t r avaux i de lu feri me, de mèm tnie les t ravaux uomcsi unies revu

tant de leur int e rna t en ou t r e (tes cours u instruction seii mai re et d'à! 1 ri h abétisa sent dtsnenséj < i) agents du M nistère de 1" Airri< On leur pari , 1 l'A.<,,nloi.l uf i ort' iiu.vn Ht.'l de l 'E tat des d l f f i u n i s o r gan i s s avec It'.MllllI!» It-U v ie de paysit œ u t 1 (•5 me t t r e € contact , on le 's init ie a u crédit . A l

on tente de développe •

on leur sens cri itiq [Uo et l ia ClCIUCXll

16 - ï

d'informations dont ils disposent, et. parallèlement on leur apprend les méthodes culturales les plus moder-nes avec emploi d'engrais, de semen-ces sélectionnées, de techniques d'irri-gation plus appropriées et d'amélio-rations foncières, de même que le maniement et l'entretien du matériel agricole. On leur donne ainsi des ru-diments de menuiserie, de forge, avec la réparation de tout le matériel de la ferme. Cet enseignement est com-plété par des voyages d'études, qui ont eu pour but. l'an passé le Gharb et la région d 'Agadir On leur apprend aussi et surtout la vie en commun, les pratiques des coopéra -tives à tous les stades et certaines formes de gestion, puisque le direc-teur et le moniteur discutent avec eux des horaires, des modes do rému-nération. des plans de culture de la ferme, des sanctions à appliquer en cas d'indiscipline, etc...

Venus là grâce aux annonces faites dans les villages, les jours de souks, aux informations écrites ou orales des autorités, ou bien de leur propre chef après avoir entendu parler de l'expérience, ou encore amenés par leurs familles, ils ont signé avec l'administration un contrat d'un an durant lequel ils s 'efforcent de deve-nir. et l'on s 'e f force qu'ils deviennent, des paysans modernes.

Mais, s'ils apprennent, c'est surtout en travaillant. Leur vie est guidée par les travaux agricoles. L'une des F E J A pour l'instant il y en a trois a la charge d'un domaine de 60 hectares environ dont 50 ex-ploitables. qui provient d'un lot de terres récupérées, alloué à l'expérien-ce pour une durée de 10 ans renou-velables 30 ha sont cultivés en céréa-les. 20 sont réservés à l 'élevage, et. sur 8 hectares irrigués à l'aide de séguias traditionnelles, des cultures fourragères (luzerne, trè f le d'Alexan-f 'ne i , industrielles «betteraves et co-ton) . maraîchères et fruitières, sont pratiquées. La terre est moyenne. Les stagiaires l'ont façonnée, mise en va-leur. épierrée. défrichée, rendue apte A la production, car son état initial était déplorable. Ils ont planté des ar-bres. qu'ils entretiennent. Ils ont équipé, nivellé, labouré. Kt ils ont vu progressivement leurs e f for ts por-ter leurs fruits puisqu'ils sont parve-nus. en utilisant de façon rationnelle l'eau et les engrais, à des rendements de 15 qx de blé à l'hectare, alors que les paysans des environs ne font qu'un maximum de 5 qx et que dans des fermes gérées directement par l 'Etat on a atteint seulement 8 qx en employant des engrais. D'ailleurs, une des parcelles de la première FEJA a été laissée sans engrais pour que la différence, notable, soit cons-tatée.

U N E VIE

FRUSTE

Dans l'autre FEJA . plus récente puisqu'elle n'a qu'un an d'exercice, la terre est meilleure, et sur les 22 ha cultivés en blé dur le rendement a parfois atteint 20 qx à l 'hectare Dix autres ha sont cultivés en orge. 13 en blé tendre et les 5 Irrigués, en maraîchage et betterave. Los stagiaires travaillent avec leurs mains et les outils normaux, les ma-chines agricoles sont louées aux Cen-tres de Travaux, généralement situés à proximité, comme le ferait un pay-san. Les machines réservées à l'ap-prentissage. notamment les tracteurs, sont les plus anciennes.

Sur leurs fermes dont ils ont aidé à construire les bâtiments, après avoir vécu pendant quelques mois sous les tentes, les stagiaires mènent une vie fruste et simple qui ne les dépayse pas de leur milieu d'origine Par roulements de deux. Ils se parta-gent les travaux domestiques, cuisi-ne. lavage, nettoyage, gardiennage des jours de sortie. Us font cuire les légumes qu'ils cultivent, vont au souk acheter eux-mêmes la viande qu'ils consomment et vendre leurs propres produits, ce qui les instruit des lois du marché, des techniques de commercialisation e' de l 'économie d'échanges Les travaux agricoles passent en priorité Les cours sont réservés aux soirées, de même que les discussions avec le directeur et le moniteur, étroitement associés à la vie des stagiaires. II arr.ve qu'on leur projette quelques f i lms documentai-res sur les sujets agricoles et qu'ils disputent avec acharnement «les par-ties de football et de cartes. Les deux F E J A ont la radio, et. si leurs béné-f ices le leur permettent, elles pensent acheter la télévision dans un proche avenir.

Financièrement, les F E J A sont sub-ventionnées par le Ministère de l 'Agriculture pendant 1 ans, à rai-son de 4 millions d'anciens f rs par an. L 'Etat fait également les f ra i s du premier établissement (6 millions environ i et supporte pendant une première période les frais de nourri-ture. d'habillement et d'argent de poche des stagiaires, ainsi que la rémunération du directeur et du mo-niteur 13.600.000 frs par an en moyenne» Mais, à partir de la 5' an-née. la F E J A doit pouvoir subvenir seule à ses besoins ; au bout de la seconde année le moniteur est rem-placé par un stagiaire formé à cet e f fe t , et va créer une autre F E J A .

Au bout de 5 ans. le directeur lui-même doit, soit être remplacé par un stagiaire formé, soit disparaître, la F E J A étant soumise au régime de la

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coopérat ive bilan d'exploitat ion do la première F EU A. compor te 8 396,73 DH de dépenses pour les tra-vaux du sol les engrais et les semen-ces qui ont été supportées A 100 '. par la f e rme, sauf pour les engrais e? le < sous solage • qui seront amor-tis en 3 années, et 22.842.96 DH de recettes provenant de la vente des produits cult ivés (céréales et marnl-chage entre autres i et de l 'estima-tion de stocks.

L t KHEDDAM

Pendant toute l 'annee les stag ia ires reçoivent 5 DH d 'argent de poche par semaine qui leur sont donnés la vei l le de leur Jour de sort ie qui correspond au jour du souk de la commune rurale. Les mesures disci-plinaires. décidées, après quelques mois, avec les s tag ia i res et pour des mot i f s connus au départ et inscrits dans le contrat , consistent générale-ment dans la retenue de cette allo-cation. retenue, qui, l 'an passé, a été consacrée A l'achat d'une bicyclette col lect ive. Mais, à la f in de l 'année a g r i c o l e , a lors que l 'expérience s 'achève pour une promotion, les sta-giaires. avant de se quitter, se parta-gent en argent el en nature, le béné-f ice résultant de leur explo i tat ion au prorata de leurs e f f o r t s . LA a été instaurée une méthode de calcul très originale, de manière A ce qu'aucun stag ia i re ne soit lésé, méthode qui se per fect ionne progress ivement et est basée sur la déf init ion d'une unité de mesure de travai l appelé khed-

dam les d i f f é rentes tâches ont été étudiées et attr ibuées en kheddnm. Ainsi les t ravaux domestiques et non producti fs, comme la cuisine, le net-toyage , le gard iennage ont été f ixés A 0.75 kheddam. les travaux moyens, i rr igat ion de jour, labours, récoltes, épandnge, etc.. A 1 kheddam. les trn-vaux durs A 1.5 kheddam et les tra-vaux pénibles ou spécialisés c omme l ' i rr igat ion de nuit, les semailles, les tailles, les plantations, l ' égrenage, le terrassement A 2 kheddam. Des res-ponsables désignés par les stag ia ires contrôlent les normes atte intes qui sont attr ibuées chaque soir, discutées une fo is par semaine et a f f ichées , ce qui crée l 'émulation. L 'é ta lon maté-riel de chaque act iv i té a été f i x é en temps ou en unité (nombre de trous creuses, de kilos ramassés» . On pen-se maintenant amél iorer le sys tème en mesurant non plus seulement le travai l , mais les résultats de ce travai l et non plus seulement l ' e f for t personnel, mais la tAche col lective, ainsi le groupe de stag ia ires serait divisé en 5 équipes de 5 et la f e rme par tagée en 5 parcel les I » futur moniteur issu des stag ia ires recevra deux normes. c 'est-A-dire le double de kheddam par jour. Quoi qu'il en soit, g râce A cette mé-thode, les s tag ia i res de la première promotion de la première F E J A . ayant dressé un bilan positif de leur expérience, sont retournés A la fin dL- l 'année dans leurs fami l les avec 10 A 20.000 f r s anciens d 'argent liquide et 16 quintaux de blé chacun, soit une somme approx imat i ve de 600 DH bien supérieure A ce que

gagnent et peuvent gagner leurs pè-res. Rien d'étonnant alors A ce qu'ils se soient présentés en triomphateurs, d 'autant plus que pour les gens de leurs v i l lages ils se vantaient d'avoir appris A lire et A écrire et de savoir conduire des machines agricoles.

FAIRE

REFLECHIR

C'est 1A que réside le premier succès de l 'expérience. Il amène l'ancienne générat ion A réf léchir et A devoir composer avec la nouvelle Le jeune stag ia i re volt son pouvoir de négo-ciation s 'accroî tre au sein de sa fa-mil le peut être sceptique au départ sur ses chances de réussite et vis-A-vis de laquelle il ne se sent plus déphasé. Il devient alors un parte-naire. susceptible de fa i re prévaloir le bénéf ice A retirer d'une nouvelle manière d 'exploiter la terre ; acquis aux techniques, aux méthodes et cultures nouvelles. A des pratiques telles que la coopération, il peut de-venir un vulgar isateur, un propaga-teur d'idées neuves et un initiateur. Sur le plan économique, l 'expérience n'est pas non plus négl igeable l 'Etat peut ainsi f a i r e prévaloir ses plans de culture, et les habitudes coopéra-t ives de même que met t re en valeur des terres ou créer des atel iers méca-niques dans la campagne A un coût minime. En outre, les rendements de la F E J A sont supérieurs A ceux ob-tenus ail leurs alors que les moyens sont quasi semblables, ce qui peut

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ET SES REVENDEURS

16 - 1

amener un élément de réf lexion et donc de progrès au sein du monde rural. La seconde F E J A . Installée au cœur d'un v i l lage , le vér i f i e plus aisément que la première. Les pay-sans au départ souvent hésitants, voire f ranchement hostiles, se dépla-cent néanmoins pour vér i f i e r les cultures et les résultats atteints. Or. pour eux. les ch i f f r es parlent II leur est alors concrètement prouvé qu'en associant les e f f o r ts , en adoptant des plans de culture plus rentables qui dépassent le circuit f e rmé de l 'auto-subsistance, et en utilisant des tech-niques culturales plus modernes, on peut produire plus et donc gagner plus, et ce sont leurs propres f i ls , dont au départ Ils constataient l'in-adaptitude et l ' incompétence, qui sont les artisans d'un tel progrès. Ces résultats devraient se trouver pro-gressivement renforcés, du fa i t des aménagements annuels apportés à l 'expérience, du fa i t aussi que la terre bien travail lée, ne peut, au fil des saisons, que produire davantage, du fa i t enfin du développement des mesures de saine gestion et de disci-pline au sein des stagiaires.

Est-ce A dire que l 'expérience pour-rait être faci lement général isée ? Non. certes, car elle est en grande partie basée sur la personnalité du directeur et du moniteur qui ne doi-vent que très rarement imposer leurs points de vue. mais au contraire sans cesse expl iquer et fa i re comprendre. Ces techniciens doivent à la v é r i t é être exceptionnels, al l iant des capa-cités poussées en agriculture à un tempérament d'éducateur et de for-mateur. I ls doivent également être conscients de l ' importance de leur

tftche et la concevoir comme un véri-table npostolat Pour l ' instant, les jeunes directeurs et moniteurs, exces-sivement dévoués, sont choisis parmi des volontaires. I l en faudrait évi-demment d'autres, ce qui implique la nécessité de créer une école de for -mation théorique et pratique de deux ans A part i r du grade d 'adjo ints techniques, avant de pouvoir envisa-g e r un agrandissement de l 'expé-rience.

année la production La F E J A n'en prend que 25, c 'est-A-dirc le quart, et il est prat iquement impossible, bien que souhaitable, de fa i re cela à 1 échelle de toutes les communes ru-rales du Maroc. L 'expér ience doit donc, surtout dans un premier temps, être réservée aux zones d ' intensi f ica-tion agricole, principalement irr i-guées, c'cst-ft-dire aux 100 communes rurales dans ce cas au Maroc , et aux f i ls des pet i ts paysans ou des paysan.» sans terre.

LES D I F F I C U L T E S

En outre. A l 'échelle d'une commune rurale qui comprend en moyenne 1 0 . 0 0 0 habitants on doit compter 1 0 0 Jeunes susceptibles d ' intégrer chaque

Mais l'on ne saurait se dissimuler non plus les principales d i f f i cul tés de cette expérience, peut-être satis-fa isante dans sa conception, mais en-core au stade de laboratoire Sur le plan économique, elles tiennent l 'al location de terres suf f isantes et

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A N T R A C 0 L contie n..!d:ou et alternaria

convenables aux F EU A. pour une du-i assez longue et sans arrière-pen-sée. nfin que les résultats du labeur des Jeunes agr iculteurs soient sensi-bles. h des subventions également rnlsonnables pour aider au démar-rage et à une grande compréhension des autorités, A une permanence aussi dans leur att i tude.

Sur le plan social, les d i f f i cu l tés sont surtout inhérentes à la perception qu'ont les Jeunes de l 'expérience. Au début, en e f f e t , les resoonsables se sont rendus compte que il les Jeunes a f f luaient dans les F E J A au point qu'il fal lait opérer un tri . c'est qu' i ls espéraient tout s implement devenir fonct ionnaires Dans leur esprit. l 'Etat , qui est quelque chose d'émi-nemment extér ieur, tient soit le bâ-ton, soit la carotte , il est soit gen-darme. soit providence, sans moyen t<rrne. S' i l se mêle de donner, il doit tout donner. Et la fonction publique demeure le g rand rêve C'est le pain même minime, et l 'avenir, assurés D'où un grand désenchantement dès que le.i jeunes comprennent qu'i ls ne seront pas recrutés et que les res-ponsables considèrent la fonctionna-risât ion comme une erreur

Interrogés, les s tag ia i res de la pre-mière promotion de la F E J A ont net-tement dit que s'ils n'avaient pas du verser un dédit de 50 DH par mois i l * seraient part is dès que la non-fonct ionnarisat lon leur fut év idente. Ce premier stade passé, le s tag ia i re en aborde un autre. II se dit Si je ne pusse pas par une pér iode proba-toire pour ê t re embauché déf in i t ive-ment. j e travai l le , e t comme je ne suis pas payé durant l'année, sinon en argent de poche, je suis exploité, d 'autant que je ne pro f i tera i pas l'an prochain de la f e rme que J'ai contri-bué à met t re en valeur II conteste alors, et la somme hebdomadaire qui lui est remise et qu'il n 'est ime pas

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suffisante et les cours qui lui sont dispensés qui ne sont, dit-il. ni assez, nombreux, ni assez complets. Il veut avoir un statut clnir d'autant plus qu'il ne sait pas et imagine mal le bénéfice final qu'il va en retirer, lequel n'est au surplus, pas gnranti Cette attitude est surtout observée nu déport alors que In tAehe est rude et nouvelle et que les défriche-ments de terre et l 'édification des logements et des bâtiments s'ajoutent aux travaux agricoles.

LA TERRE.

CU EST LA TERRE?

Le directeur doit inlassablement ex-pliquer. fa ire comprendre. Le stagiai-re saisit alors que son avenir est ex-clusivement entre ses mains. C'est la troisième phase, celle de l'inquiétude Que va-t-fl faire, que va-t-il devenir, au sortir de la F E J A ? La première promotion ne pouvait être aidée par des exemples antérieurs, la seconde non plus puisque sur les 21 premiers stagiaires 10 furent repr.s pour cons-tituer les embryons des deux F E J A nfin d'instaurer une continuité dans l'expérience Sur les non repris, 3 ou 4 ont trouvé ft s 'employer comme moniteurs sur les chantiers de la Promotion Nationale, quelques autres sont restés chez leurs p ires et y tra-vaillent en tentant de modif ier les habitudes ancestrsles, d'autres encore sont entrés sur des chantiers comme pointeurs ou conducteurs de trac-teurs A moins qu'ils ne soient oti-

te binai/c diitribaè en khodd.

vriers dans de grandes exploitations agricoles. Mais leur nombre est en-core trop peu important pour fonder un jugement.

Et ces exemples restreints ne com-blent pas l'inquiétude des actuels stagiaires, d'autant que pour eux ln destination souhaitable est de devenir des agriculteurs pour appliquer pra-tiquement ce qu'ils ont appris, main-tenant qu'il leur a été prouvé que le métier pouvait être rentable A condi-tion d'idées et d 'e f forts

Mais, où est la terre Un jeune d< 1S ans. dont le père a 3 ha et 8 en-fants. interrogé sur ce qu'il veut de-venir. répond : On veut la terre mnis. comment fa i re pour l 'avoir ' Dans son visage bruni par le soleil ses yeux étincellent. Un autre. A c6té 20 ans. laisse sourdr? plus violem-ment son angoisse. Ou est la ter-re ? >. dit-Il avec rancœur et ses mains se crispent, font le geste de possession du paysan, mains renfer-mées sur cette denrée vitale et rare la terre Où est la terre *

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ï - 21

Les Edchar

I m» autre expérience similaire nn\

F E . 1 \ est actuellement tenté • : les

ivdcliiir (équipes île rimstnictri irN

d'habitat ions rurales ) , sur le même

modèle e! selon 1rs mêmes principe-.

jeunes, recrutés dans une commu-

ne rurale, comme iniur les F E J A .

sont regroupés pour construire, à

l'aiilc île tcchnii|iirs artisanales amé-

liorées, des habitations nouvelles pour

paysans, entrant dans eudre de

la polit ique dite du « runilisrne • qui

vise à la création de nouveaux vil la-

ges ruraux dans les pér imètres Irri-

gué » et les zones d' intensif ication

agr ico le On sait que cette expérience

est menée aver l'uldc du I ' l . » ( P r o -

g r a m m e \l imentalre Mondiult qui

subvient aux besoins al imentaires des

constructeurs selon les mêmes nor-

mes que pour la Promotion Nationale.

I.a première équipe Edcliur vient

d 'être constituée. Vu bord d'une rou

te. H tentes, une table de ré fecto ire

surmontée de roseaux, des bancs, des

jelllies eu blells de travai l qui ran-

gent leurs instruments, pelles, pio

elles, brouettes, et qui, .u tuellemeiit

confeetioiill i ' i it des bruines ell plse

pour édi f ier les trois premiers types

d'habitation rurale qui seront soumis

il l 'approbation «les paysans. 170 t.»

milles se sont déjii engagées à vivre

dans le premier v i l lage construit au

tour de 700 ha de terres col lect ives

al loties par l 'Etat , et oui disposera

de l'eau, de l 'électricité, des égouts et

d ' instal lat ions communautaires telles

que mosquée et école. Les deux pre

mieres maisons doivent être achetées

par l 'Etat si « I les sont de bonne qua

lité. I u archi tecte d ir ige 1'opérutioii

et supervise la format ion des jeunes,

qui, pendant 3 il I omis doivent ret c

voir des i ours pralii|iies de forge,

de menuiserie, de maçonnerie, doiu

une certaine technicité Ils ont com-

me dans les I I I â Mil par semainr

ei se partageront ensuite les l»éné

f ices nés de la vente îles maisons aux

paysans, vente qui doit être e f f ec tuée

aux prix les plus abordables.

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22 - ï

Le P. A. T. ..ibuiaîre

P A R T I A N T I - T O U T Très mécontents de leurs lois et de leurs politi-ques. des impôts et du reste, les habitants d'un petit pays, après divers palabres, réunions, mee-tings. découvrirent avec étonnement qu'ils étaient d'accord sur un point ils étaient anti-tout. Heu-reux de s'être découvert une force et une unité aussi précieuses, ils décidèrent de créer le Parti Anti-Tout.

Un représentant fut élu à l'unanimité, moins une voix, la sienne, car il était plus Anti-Tout que tout, raison pour laquelle on l'avait choisi. Un premier meeting fut organisé, au cours duquel le chef du Parti Anti-Tout prit la parole pour expo-ser les grandes lignes du parti, définir sa politique, et mettre noir sur blanc les revendications de tous les Anti-Toutistes sans exception afin de les sou-mettre à l'Au - Dessus • de - Tout qui ne pourrait qu'y souscrire vu la sagesse, et « le nombre for-mant l'unité » qui caractérisent les Anti-Toutistes (sic), le parti désormais le plus fort, donc le seul, de la nation, puisqu'il représentait 9.998 membres sur 10.000 habitants, le 9.999* étant le bourreau qui venait de mourir de peur à la suite d'un attentat Anti-Toutiste. Les Anti-Toutistes auteurs de l'atten-tat s'étaient d'ailleurs contentés de lui faire d'hor-ribles grimaces, pour l'effrayer, un Anti-Toutiste étant bien entendu, un anti-violent par principe Le lO.OOff était TAu-Dessus-de-Tout Bref, l'orateur ayant fort bien parlé, ayant été fort applaudi, dans l'allégresse générale, vint le mo-ment d'adopter les résolutions à soumettre à l'Au-Dessus-de-Tout par l'intermédiaire de ses Minis-tres. eux-mêmes A n/i-7ou fis/es fervents, ce qui sim-plifiait les choses au départ

Il fut question d'impôts à supprimer, ce qui fut adopté sur le champ.

Mais il fut question d'hôpitaux, et d'écoles, d'irri gâtions, de routes, de maisons. de crédits agri-coles, du prix des denrées alimentaires, du chô mage, bref pour réaliser et donner satisfaction à tout le monde, et le pays étant pauvre, une ques-tion se posait I Ou bien les hommes, les femmes et les enfants devaient collectivement travailler 20 heures sur 24 pendant 10 ans et tout faire de leurs mains en mangeant le même pain, ou bien il fallait demander de l'aide aux pays plus riches

Certains qui mangeaient du pain blanc sous l'an cien régime n'étaient pas d'accord pour manger du pain noir Us se réunirent et s'appelèrent les Anti-Toutistes de droite. Les autres, fervents mili-tants, étaient prêts à travailler comme des ânes, plutôt que de mendier de l'aide, ce furent les Anti-Toutistes de gauche. Et ceux qui voulaient conci lier les deux choses en adoptant une lormule biva-lente s'intitulèrent Anti-Toutistes du Centre

Les choses se gâtèrent rapidement entre les ten-dances AT D I Anti-Toutistes de Droite), AT G (Anti-Toutistes de Gauche) et A T.C (du Centre), et lurent envenimées par les Anti-Toutistes Neu-tres qui. involontairement mis en avant, pensaient déjà neutraliser les autres

Et. dans le brouhaha général, la panique réins-tallée. un homme se leva exaspéré et cria « Je suis anti-tout ce que vous êtes Ecoutez moi ! •>. Et tout recommença

ANT1 TOUATIA

1 - 23

APRES LA BATAILLE DU COMITE DE L'O. U. A. : DEUX OU TROIS VIETNAM POTENTIELS

ta* te Stoniri m H * * l u » ! C*Vfrt ï/3<«<Kti

M of SiMi «k tk pa* c» tea Src» * C* Virt» j jpcl 3

tarât te Sctaili rot * * *» S * * " ftaao «l h C« Vwi h3xtt

par A. L. I . * » problèmes des terri-toires en lutte pour leur l ibération ont dominé le 6' Sommet de l 'O .U A . A Addls-Abeba, en sep-tembre. C'est que. com-

me l'a dit le Secrétaire Général de l 'Organisat ion A f r ica ine . La situa-tion nu Sud de l ' A f r i que est alar mante » .

On assiste, en e f f e t , au renforcemen* de l 'axe Prétona-Sal lsbury-L isbonne qui dispose de puissants appuis eu Europe et aux U.S.A., et Jouit du soutien direct des pays de l 'O.T.A N Fourniture d'armes, d 'expert*, prises de part ic ipat ions dans les sociétés industrielles, investissements écono-miques de la part d 'Amér ica ins et d 'Européens se multiplient en e f fe t tant en Ango la qu'au Mozambique en F.hodésie qu'en A f r i que du Sud Ia* Portugal , pour ne c i ter que lui peut ainsi mener un e f f o r t de guerre qui outrepasse ses propres disponibi l i tés : 150.000 soldats, dont 50.000 en Ango la , 70.000 au Mozambique 30.000 en Guinée Bissao, 11 mil l iards d'escudos consacrés A la lutte colo-niale. soit 4-1 du budget portugais etc. Khodésie et l ' A f r i que du Sud sont devenues de vastes camps de concentrat ion pour les populations afr icaines.

A larmunte la situation l'est d'autant plus que. selon les dires désabusé* de M. Tel l i . le groupe afr icain de l 'O.N U n'est pas parvenu a inte resser les groupes îles autres conti-nents aux problèmes vitaux de l ' A f r i -que. Le Secréta i re général de l 'O U A a. en outre, incr iminé la navrante passiv i té de certaines populations des terr i to ires colonisés, la division de » mouvements de libérutmn

LES VIEUX CLIVAGES

Il aurait pu, aussi bien évoquer la situation générulc de l 'A f r ique qui uboutit au ge l des problèmes et condamne son Organ isme a l ' inaction s'i l veut survivre. En e f f e t , les c rues dont l ' A f r i que est périodiquement ugltée, les bouleversements politiques incessants el violents, les coups d 'Etats, les d i f f i cu l tés économique» et f inancières, le Jeu des all iances ne créent pas une conjoncture oit la solution des problèmes est possible Au contraire, les divisions ne font que s 'accentuer et le vieux c l i vage

24 - ï

EURELEC, c 'est réussir dans la vie....

EURELEC au Maroc La plus importante organisation

d'enseignement Electronique par correspondance

entre les progressistes et les mo-dérés » est plus net que Jamais. Ceci est particulièrement visible dans le CAS des territoires en lutte et si l'on peut imputer, pour une part, la rela-tive stagnation actuelle dans l'oeuvre de décolonisation aux positions in-trtnsèques des groupes en lutte, une autre et large part est due A la situa-tion des pays limitrophes qui s'immis-cent souvent dans les problèmes des territoires encore occupés et A l'en-semble du continent dont l'aide se fait plus réticente et plus succincte. Cette tendance A l ' indifférence vis-A-vis des guerres coloniales afr icaines se renforce actuellement du fait que les pays dits modérés qui ne consi-dèrent pas ce problème comme essen-tiel coordonnent de plus en plus leur action. On l'a bien vu pour le comité de l'O l' A. pour la libération de l 'Afrique qui avait déJA subi des coups de boutoir A A lge r en septem-bre 1968 lors du 5' Sommet et qui cette année A Addis-Abeba a été pra-tiquement mis en échec. Le rapport qu'il avait présenté, rapport très fa-vorable A des mouvements en lutte comme le P.A.I.G.C. en Guinée Bis-sao. le Frél imo au Mozambique, le M . P . L A en Angola (alors que le mouvement adverse, le C R A I E . , ne mène plus, selon le comité, une lutte probante'. l 'A.N.C. et le Zapu en Afrique du Sud et en Rhodésie (des mouvements de tendances opposées P.A.C. et Zanu sont également recon-nus!, et qui préconisait une aide accrue a été rejeté n'ayant pas jitteint la major i té des deux tiers. C'est que se pose là avec acuité la question très délicate de la division des mouvements de libération, qui re-couvre des divergences d'alliances. Est ou Ouest, et de tendances poli-tiques. gauchistes ou droitistes. Le cas de l 'Angola est particulière-ment significatif . Dans ce pays où la lutte dure depuis maintenant 8 ans. deux mouvements s'opposent, le M P L.A. d'un côté, dont les tendances sont très progressistes et la vision ultérieure de la construction natio-nale très précisée politiquement, de 1 autre le G.R.A I.E. C'est ce dernier qu'a reconnu l 'O.U.A. lors de son se-cond Sommet en 1964 au Caire, au titre de gouvernement en exil. Mais la situation ayant récemment évo-lué. certains pays ont été amenés en 1968, à Alger , à recommander le re-trait au G.R.A.I .E. de sa reconnais-sance et sa mise sur le même pied d'égalité que le M.P.L.A en atten-dant que la lutte armée les dépar-tage Cette recommandation n'ayant pas été approuvée, les choses sont restées en état.

REJET ET ATTAQUES

Dans son rapport de 1969, le comité de l'O.U.A. revenait sur la question

en déclarant que les missions sur le front angolais de sa délégation mili-taire l'amenaient A reconnaître la .supériorité du M P .L .A . dans In lutte. Il invitait donc le 6' Sommet A re-tirer Immédiatement au G.R.A.I .E. le statut do gouvernement en exil C'est ce texte qui a été rejeté, sans avoir, cela est notable, été mis en doute. Mais si on n'a pas attaqué les conclusions du comité, on a attaqué le comité lui-même. Et cette o f f en-sive menée par certains pays comme I Tunisie, le Sénégal, le Maroc et le Congo-Kinshasa au nom d'une plus grande e f f icaci té a abouti A la créa-tion d'un sous-comité de 7 membres (Maroc, Sénégal. Algérie. République Centre Afr ica ine. Ethiopie. Kenya. Sierra Léone» chargé d'étudier le mandat, les structures et la compo-sition du comité de coordination pour le libération de l 'Afr ique. Il est d'ores et déjà question que les pays limitro-phes des territoires sous domination soient membres permanents du co-mité et que les autres pays soient désignés par roulement Cette modification ne pourra, aux d:rcs des observateurs, qu'influencer les choix politiques du comité et donc transformer l 'attitude qui est actuel-lement la sienne vis-à-vis des divers mouvements de libération. C e u x - c i . après des périodes plus ou moins lon-gues de réticence ont en e f f e t coopéré très franchement avec le comité de libération, ayant estimé ses critères d'action valables et ayant conscience qu'il a abouti à accroître l'aide qui leur est dispensée et A opérer entre eux un choix basé sur les réalités I ls sont aujourd'hui fondés a se demander si tout ceci est remis en cause, et quels seront dorénavant les critères de l'aide dispensée par l 'O.U.A

Cette bataille qui n'est pour l'heure que de procédure, est menée au sein de l 'O.U.A. alors même que la lut. des résistants sud-africains et rhodé-siens se radicalise, qu'en Guinée B:s-sao. le P.A I.G.C. occupe l'essentiel du territoire et lance des actions toujours plus audacieuses et e f f icaces sur les villes transformées en camps retranchés par les Portugais, qu'au Mozambique, le Frél imo. malgré l'as-sassinat de son leader. Eduardo Mon-dlane. en févr ier dernier, a pu libérer le 5* du pays et qu'en Angola les pertes infligées A l 'armée portugaise par le M.P .L .A . ont augmenté de 30 « ; depuis 1965, que 10 districts sur 15 sont aux mains des résistants et qu'un cinquième front vient d'être ouvert à Bie.

Elle en dit. cette bataille, en tous cas long sur l'état actuel des forces er. Afr ique. En attendant son issue, le statu quo est maintenu, niais l 'A fr ique n'est toujours pas entière-ment libérée : elle est grosse de deux A trois Vietnams potentiels

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/. . xfcur c/« T.trijas quelques «oui enir de [été. (Photo Bernard Rouget)

essaouira

Pour aller fi Essaouira lorsqu'on vient du Nord du Maroc par la r o j t e côtlère il faut quitter, a Ounara, l 'axe routier qui relie Tunger A Tan-Tan et Ta r f a ya l 'Europe et l ' A f r i -que Notre, et s 'avancer vers la pres-qu'île où la ville semble aujourd'hui dissimulée comme mise à l 'écart.

l>ur> de sa fondation, le port d'Es-saouira eu t voué & un tout autre de», in U devuit relier l 'Europe et l 'A fr ique, le» mutes des caravanes et les route de l 'Océan. Le but de ce p" rt était d'attirer et de développer '« commerce impert-expart avec l 'Eu-roptr, particulièrement l 'Angleterre , ainsi que l ' important traf ic du So.is, du Noun et des caravanes du Sou-dan A peu prés toutes le» nations du monde eurent alors de» consulats et de » maison» de commerce ù Essaoui-

Etoiuouira n'est plu» aujourd'hui qu'un petit port de pêche, une ville qui meurt lentement Parce que cette ville a porte uusai le nom de Moga-dor. célèbre dan» le monde entier ou il décore le fronton de» théâtre» et

des palaces, on imugine. de loin, qu'il doit rester quelque trace de cette splendeur, quelque souvenir d'une fê-ta perpétuelle. Et l'on découvre que cette ville est pauvre. Parmi toutes h grandes vil les de la cùte maro-caine itlantique Tanger , Kabat, Mo ha-tmédia, Casablanca. El - Jadida. Saf i . Agad i r . Essaouira apparaît au-jourd'hui comme la plus démunie et lu plus délaissée.

MEJDOUB

1. A V A I T PREVU

U semble que se réalise ainsi, mais lentement, la f in d'upocalypse dont le l i x ' e est attribué à Abderhamane ! .ejdoub : un cataclysme détruira la Mlle un Jour de grande féte... Parce qu'elle a trop fait la féte, lu voici frappée ii mort, déchue, déjà ruinée. L 'histoire singulière de cette vil le qui vit aujourd'hui sou» le signe de la mort, donne a ce petit port un visage tragique qu'on découvre dans sa vie de tous les jours. Une conscien-ce col lective et mulheureuse exprime

h* destin que l 'histoire impose iux habitants de la cité.

Proc lamé Sultan en 17.M. Sidi Mo-hammed Ben Abdallah développe ai Maroc une politique de style moder-niste. Cette politique est tournée vers la mer et les échanges commerciaux. D'eu la lutte contre la piraterie e.. même temps que la multiplication de:, traités de commerce avec le » pays d'Europe D'où enfin, lu fondation d'Essaouira, dont la construction est conf iée fi trois Européens un Fran-çais, un Angla is et un Génois.

La ville est moderne. On a dit que le.-styles d'Islam et d 'Europe s'y ma-rient harmonieusement . En fai t , le plan en est Européen L'architecture maghrébine, qui n'est pas celle de de toutes les maisons, a dù se confor-mer Ici A un urbanisme qui n'est pas Arabe II est vrai, cependant, qu'une symbiose s'est étublie. A lors qu'ail-leurs. et surtout depuis l'établisse-ment du protectorat, on rencontre souvent juxtaposées, comme le vou-lait Lyautey , lu médina et la ville européenne, à Essaouira toute la ville est à l ' intérieur «les murs d'une

26 - ï

VILLE A VENDRE par Georges L A P I S S A D E

communauté Juive particulièrement importante A Essaouira Nctons. en-f in. qu'il n'existe pas à Essaouira un arrière-pavs semblable par exem-ple A ce qu'est la vallée du Sous pour Agad i r . On comprend alors qu'avec cc port qui est resté t r è j proche de ce qu'il était lors de sa construction Essaouira soit devenue une ville de pécheurs, son autre ressource étant un artisanat local basé sur l'exploi-tation du bois du thuya Le* Indus-tries exploitant les produits de la mer sont en déclin : sur à peu près quinze usines dix dit-on ont déjA fermé leurs portes.

Après l'indépendance pourtant, et malgré ces conditions object ives apparemment inéluctables et irréver-sibles de déclin. Essaouira connaît comme une sorte de renaissance I-es initiatives culturelles se multiplient Mais c'est bientôt le désenchante-ment Les Jeunes ceux qui veulent animer la ville, ont le sentiment qu'ils ne :iont pas suivis et soutenus C'est alors qu'ils écrivent sur la route qui mène A Es-aouira cette annonce

V I L L E A V E N D R E

• médina ; mais les grands axes «le !: cité, son plan d'ensemble, ne sont pas ceux des villes traditionnelles ;! 'Afrique du Nord. Hors des murail-les de la ville, il n'existe qu'un quar-tier résidentiel et de type colonial . il ne dispose même pas d'un centre commercial autonome.

Au X IX siècle, Mogador et Tanger - ont les deux grands ports du Maroc

Tanger pour le Nord, Mogador pour le Sud L'ancien port phénicien Les Carthaginois avaient établi un

comptoir dans une Ile de la baie» est maintenant le port de Tombouc-tou On comprendra sa fortune s: l'on se souvient que le Sahara n'a ; »mais été réellement une coupure séparait l 'Afr ique du Nord de tout le continent situé au Sud du désert !>• Sahara est traversé par de multi-ples routes de caravanes : l'on a mê-me pu dire que la c lé de l'histoire du Maghreb, depuis le temps de Sij:l-massa devait être cherchée dans la volonté permanente de s'approprier 1 contrôle des routes de l'or, et de le tir débouché sur le Maghreb Que le flot do richesses venues du Soudan

cit été drainé vers Essaouira pour y être exporté en Europe, en échange de produits européens, cela suf f i t A expliquer li développement et l'apo-gée de cette ville.

LE « P O R T

DE TOMBOUCTOU »

Au X X ' siècle, avec le protectorat, une nouvelle politique de construc-tions portuaires se dessine autour de Casablanca et d 'Agadir . Alors qu'E • saouira aurait é té construite par son fondateur contre Agadir , maintenant Agadir , port mieux équipé plus mo-derne, vu contribuer au déclin d'Es-:>aouira En même temps, les grands

traitants • «le l ' A f r i jue Occidentale A.O.F. i trouvent sur place, et notam-ment A Dakar, des possibilités por-tuaires po n leur trafic. C e s t la ruine du trafic caravanier Soudan-Ma-ghreb, de ce tra f ic qui était précisé-ment lu source de. richesses de Mo-gador

L'indépendance du Maroc est suivie di départ des Français, puis de la

Le dénuement est In marque de fex

1-27

B R U X E L L E S D E S T I N V T 1 0 N D l M A R C H E C O M M l N

R E S T E L E P O I N T D * \ T T H A C T I O N

D E I / H O M M E I V A F F A I R E S K l D E S

K O I R 1 S T E S P I I S O l E C E N T R E D E

l / E l R O P E

L A C A R A V E L L E

E T L E » . 7 2 7 E N M O Y E N C O I R R I E R

L E B . 7 0 7 P O U R N E W Y O R K ,

M O N T R E A L . M E X I C O O U C l A T E M A L A .

\ I N > I n i I P O I R B O M R A A E T T O K Y O

D E M E M E 0 1 I l / A F R I O l E C E N T R \ L E

3 S E R V I C E S

P A R S E M A I N E D E C X S A R L A N C V

I I N D I - J E l D l - D I M A N C H E

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Comment en est-on a r r i vé IA. deux siècles seulement après la fondation do eette vil le ? Toutes les villes n'ont pas une histoire si brève...

La société maghrébine est une socié-té marchande Dans les empire* tr ibaux et mercanti les, écrit Y v e s La-coste, l 'essentiel des pro f i ts ne pro-vient pas tant de l 'accaparement de* surplus d'une production somme tou-te assez étriquée que des bénéfices commerc iaux Ceux-là résultent de la fonct ion d ' intermédiaire qu'ont ces empires entre des sociétés qui. elles sont productives. L ' importance des pro f i t s de l ' intermédiaire est fonc-tion de la distance qui sépare ces sociétés . d i s t a n c e géographique, d'une part, qui détermine la rareté des produits échangés Mais aussi, distance historique qui sépare ces so-ciétés qui ont «les niveaux de déve-loppement très inégaux. L'or est échangé au Maghreb contre des pro-duits manufacturés de haute valeur

Les é tats tr ibaux et commerçants riches surtout de leurs fonctions d'in-termédia ires se caractérisent donc, par un mode de production art i f ic ie l • 11».

DES SOCIETES

FRAGILES

Ce caractère mercant i le du sys-tème social, décrit au niveau de son infrastructure par un historien» nous le retrouvons au niveau des comportements analysés par deux sociologues L 'a rgent , mot mira-cle, seule vraie rareté, moyen ouvrant toutes les portes, absolument Cette société n'est pas féodale, capitaliste état ique ou autre, elle est pour le Jeune rurul mercanti le. Il n'y a pa -d 'autre morale que celle de l 'argent, d 'autres voies que celles de l 'achat ou de la vente des marchandises, des autorisations, des obligations <2i

Ces sociétés fondées sur l 'échange sont fragi les. Il suff i t que les axes commerc iaux se déplacent pour que les centres étublis sur ces axes, per-dant leur fonction pr iv i lég iée de tran-sit, dépérissent après avoir connu un rapide développement

Ces vi l les fondées sur le transit .sont ainsi essentiel lement transitoires ; el les sont vouées, tôt ou tard, au dépérissement. La for tune d'Essaoui-ra n'a pas duré deux siècles Nous connaissons maintenant les premières raisons de son déclin 11 a suf f i , pour ruiner la vil le A vendre •. que se développent des ports sur les côtes de l ' A f r i que Occidentale et que le Maroc ne soit plus le lien de passage obl ige des produits afr icains, le lieu privi-légié pour échanger ces produits avec les marchandises européennes Dès

l'instant où l 'Europe peut trafiquât directement avec l 'Afr ique Noire, Essaouira n'est plus le « port de Tombouctou >.

A cr déplacement des axes commer-ciaux et de leurs carrefours va s'ajouter l 'e f fet ultérieur d- la colo-nisation. la f in de l'indépendance économique du Maroc Sidi Moham-med ibn Abdallah, fondateur d Es-saouira. décolonise le Maroc en luttant contre l'occupation portugaise des ports. La fondation d'Essaouira. ville neuve et cosmopolite est une entreprise < anticoloniale C' est une initiative marocaine qui appelle une participation européenne contrôlée

Les Européens aff luent A la Cour .1. Sidl Mohammed ibn Abdallah lx-» grands commanditaires s'établissent

Essaouirn Cette politique s'inscrit

européenne de la vil le On la rétro.i-vera aussi dans son peuplement tni *• Essaouira. dan* «es origines, est un-ville moderne et internationale, mais c'est aurai, et en même temps un • ville du Maroc

Au 20- siècle, le protectorat va bou-leverser l'organisât .on économique et sociale traditionnelle Dans le déve-loppement de l'infrastruct are portuai-ro du Maroc, ces transformation-' entraînent le développement progres-sa des ports de Casablanca et d ' A g a -dir. au détriment d'Essaouira. I! y a 1/ sans doute plusieurs raisons. Il est. <'. abord, plus facile de construire un port neuf, sur une place restée dis-ponible. que de transform -r un vieux port comme l'était celai d'Essacuira. À la pointe étroite d'une presqu'île

Des baies largement ouvertes con-viennent mieux maintenant aux éta-blissements portuaires Après l'indé-pendance. le Maghzen ne fera que continuer cette politique en délaissant Essaouira. (On agrandit actuellement le port, mais seulement pour les nécessités de la pèche i

LA MISERE

ET L'EXODE

Autre considération utilitaire le tou-risme. On u sans doute estimé, ces dernières années, qu'un équipement touristique neuf trouverait un me.l-Icur emplacement dans un site com-me celui d 'Agadir que dans !•• cadre étroit de la presqu'île de Mogador. où l'espace semble beaucoup plus li-mité On a certainement considéré aussi les eondit Ions climatiques. Le climat d'Essaouira. parfois exalté. ttl-il» a.- m/ilii. .... „,,.„,,, . mais ne moins en moins, par les gui-des de tourisme, apparaît de plus en plus maintenant comme une malédic-tion Dans la ville, comme sur la plage, le vent est généralement beau

Us remparts d'Essaouira un visage tragioue dam la Vie de tous les fours

coup plus f o r t qu 'a i l leurs T o u t au long de l 'été, Essaouira est une vi l le except ionnel lement f ra î che . La me r y est f ro ide . Or. les es t i vants d 'aujourd 'hui recherchent les p lages chaudes L e s bourgeo is d? Mar ra -kech délaissent Essaouira et p r é f è -rent é tabl i r leur rés idence d 'é té .1 El-Jadida. ou même , plus loin, dans les v i l les ent ières de la Médi ter ranée .

On ne cherche donc pas A équiper Essaouira. Et . c o m m e la v i l l e n'est pas équipée pour r ecevo i r les tour is-tes on ne s ' e f f o r c e pas d 'a t t i rer des tour is tes qu'on ne pourrai t pas loger convenab lement . D 'où ce propos ré-cent d'une haute autor i t é de la v i l le :

Nous n 'avons pas besoin d 'a t t i r e r des tour is tes ici. nous ne s ommes pas équipés pour les recevo i r .. M a i s c 'est le ce rc l e pas d 'équipe-ment , pas de tour istes . d 'où pas de pol i t ique tourist ique.. . Et s'il n 'y a pas de pol i t ique tour ist ique, i l n 'y au-ra pas d ' équ ipements nouveaux ; a lors les tour is tes ne v iendront pas...

Dans ces condit ions, le dépér issement économique de la v i l le ne peut que se préc ip i ter . D'où la m isè re et l ' exode départ massi f de jeunes fonct ionnai -res vers d 'aut res v i l les du M a r o c ; départ des t rava i l l eurs manue ls qui vont par tout où se produit l 'appel de ma in -d 'œuvre en d irect ion des pays du M a g h r e b . La populat ion d 'Essaoui ra v ie i l l i t . L ' i n i t i a t i v e se perd. La v ie soc ia le e t cu l ture l le s 'épuise. L e s é tab l i ssements d 'ensei -gnemen t e t de f o rma t i on sont mo ins déve loppés qu 'a i l leurs (3>. Quand on dit d 'Essaoui ra et de sa r ég ion que c 'est la B r e t a g n e du M a r o c >. l ' ima-ge n'est pas v ra i e seulement pour cer ta ins aspects de son c l imat et de sa disposit ion g éog raph i que C 'est v ra i aussi pour l ' économie et la v i e quot id ienne : pour tous les s i gnes qui f on t appa ra î t r e ce port de pêche

où d 'a i l leurs, on rencontre sou-vent dea Bre tons c o m m e un pet i t port pauvre et délaissé.

Ces c i r con tance * cr.* «m et ont encore une in f luence d i rec te sur la psycho-log ie des habitants. E l l es dé te rmi -nent. ce r ta inement , le ca rac t è r e par -t icul ier de sa c l ientè le es t i va le actuel -I* On a dit , A Kabat et ai l leurs, qu 'au « ours de l 'été 69. un c o n g r è s hippie s ' é ta i t tenu à Essaouira . c o m m e à Londres et A Bethe l Ce t t e rumeur ne s'est pas créée de toutes pièces. I. n 'y a eu ni c ong r è s ni man i f e s t a -t ion de masse Mais le L i v i n g Théâ t r e a passé l ' é té a Essaouira où sa pré-sence a donné plus de re l ie f a 1' « in-vasion hippie > dont on a beaucoup par l é ce t t e année, au Maroc , et plus par t icu l iè rement à M a r r a k e c h et à

Essaouira ( A u début de l ' é té 69. i l y a eu A Essaouira des réact ions d 'host i l i té contre la venue des hip-pies. Ces réact ions se sont t rès net-tement a t ténuées nu cours des m o i s i . Essaouira est l 'une des v i l les cô t i è res les plus proches de Marrak?ch . Ma i s ce t te p rox imi té , j o in te à la présence du L i v i n g ThéAt re , ne su f f i sent pas A exp l iquer l 'a t t ra i t que ce t te v i l l e peut exe r ce r sur des v o y a g e u r s A la recherche «le s.tes aut res que les s ta t ions balnéaires m«xlernes e l sans humani té c o m m e est par e xemp l e A g a d i r . Essaouira . v i l l e en hail lons, n 'a t t i re plus que des é t r ange r s pau-vres. Seules, les f ami l l e s pauvres de M a r r a k e c h lui sont restées f idè les et y retournent tous les étés. Les j eu-nes Européens qui l 'habitent par in-t e rm i t t ence sont ceux qui recher-«•hent, A t r ave r s le monde, des v i l les où le dénuement est la marque géné-rale de l ' ex is tence quot idienne. Ce « lénuement n'est pas le seul t ra i t de la v ie soc ia le A Essaouira. Il faut a j o u t e r l ' e x t r ême soc iabi l i té de la populat ion. Ce dernier trait doit aussi ê t r e exp l iqué par l 'h isto ire de la vi l le.

L'EXORCISME

L o r s de sa f ondat ion . Sidi M o h a m m e d ibn Abda l l ah peuple M o g a d o r a v e c des populat ions mé l angées : des Ju i f s en nombre impor tan t , des populat ions maroca ines du Sud... A ins i , la s truc-ture démog raph ique de la v i l l e n'est pas tr ibale. Sa populat ion est f a i t e d'un mé l ange d ' appar tenances tr iba-les jux taposées A d 'aut res é l éments de populat ion, te ls que les Ju i f s et les No i r s . Un jeu qui rev ient chaque année A Essaouira la So i rée du thé > para i t e x p r i m e r la c ompo -sit ion soc ia le de la v i l le . Sur une pe t i t e p lace A la l is ière du Me l lah ( quar t i e r j u i f ) , les deux g roupes de la populat ion, les B e n i - A n t a r et les Chabanat , s ' a f f r on t en t toute la nuit

I ls é« hangent des in jures ; au pet i t ma t in i ls brisent les ins t ruments de musique qui ont soutenu ce concert d imprécat ions , c o m m e si on décidai t ainsi d ' e f f a c e r pour un an les paro les échangées , les host i l i tés chantées de part et d 'autre . T o u t e la nuit, les v i eux des deux camps ont assisté A l ' a f f r o n t e m e n t en buvant le thé A la menthe . L e s Ju i f s du MelJah ont é té éga l ement , les spec ta teurs du Jeu qui s'est déroulé devant leurs portes.

Les B e n i - A n t a r et Chabanat sont séparés par la g r a n d e ar tè re reet i l l -gne qui t r ave rse la v i l le , depuis le port Jusqu'A Bab-Doukka la . L ' oppo -sit ion des deux g roupes est ainsi f on -dée sur leur d istr ibut ion dans l 'espa-ce urbain : les B e n i - A n t a r A l 'ouest, du côté de la mer . les Chabanat du cô t é de la terre, v e rs l 'est, en direc-

tion de Mar rakech . Deux axes décou-pent la v i l le et relient au nord Bab-Doukkala . au sud le port . A l'est Bab -Mar rakech et A l 'ouest Bab-el-Bahar . la por te de la mer . L ' a x e nord-sud sépare en deux groupes les populat ions de la v i l le

Ix- jeu des insultes symbol ise, on les s impl i f i ant , les mul t ip les opposi t ions qui r isquaient de dresser les uns contre les aut res ces morceaux de tr ibus regroupés dans Essaouira A la fondat ion de la vi l le. L ' imag ina t i on co l l ec t i ve lui a substitué un sys tème quasi ar t i f i c i e l d ' an tagon i smes qu'on peut cont rô le r en les théAtra l isant . par un soc iodrame annuel.

On peut, au moyen du jeu, exorc iser la v io lence. M a i s on ne peut exorc iser la misère et la mort . La mort , c'est ce l le de la vi l le. D 'aut res v i l les meu-rent. au M a r o c c o m m e ail leurs. Les routes que suivent les tour istes sont souvent ce l les des v i l l es mortes , des ruines qui ja lonnent l ' i t inéra ire d'une société, d 'une c iv i l i sat ion. Le sort d Essaoui ra sera-t- i l bientôt celui de S i j i lmassa ? Et . sinon, comment pourra i t -on sauver la v i l le ? On ne vo i t pas dans l ' immédia t de solu-tions. Qu'i l me su f f i s e de poser ici îa question A mes am i s d 'Essaouira pour qui j ' a i écrit cet Essai.. .

G e o r g e s L A P A S S A D E Oc tobre 1969

( I l Y v e s Lacoste Ibn Khaldoun . Paris. 1966. p. 44 Lacoste refuse dont de considérer cc mode de production maghrébin (je dirais : Maghzenien) comme une variante du » modo de production asiatique • (ce que fait Godel ier ) . Bien qu'il retrouve (paye Î7| dans le Ma-ghreb mediev.il deux caractères essentiels du mode de production asiatique a) l'insertion de la popu-lation dans des petites communau-tés villageoises ou tribales : b> l'existence d une minorité qui pro-fite sans avoir la propriété privée des moyens de production Pour une discussion de cette lecture de l'histoire Cf Laraoui « L idéolo-gie arabe contemporaine >.

(2) Paul Pascon et Mekki Bentahar Ce que disent 296 jeune* ruraux, provinces de Ktnitrs, M.irrakech.

Beni Mellêl et Ta:*. Mal- juin 1969. ronéotypé.

i3) Cette ville de plus de V.000 habi-tants n'a pas de lycee permettant des études complétés, jusqu'à la sixième année. Les jeunes qui conti-nuent jusqu'au baccalauréat doivent rejoindre les lycees de Safi ou de Marrakech

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Les Arabes et la science:

un apport extraordinaire

par Al Mouarrikh

La bata i l l e de l 'enseigne-

ment et de lu cu l ture s«-

c i rconscr i t , lu plupart du

temps, autour (!C I II

question de lu l angu •.

L ' a rab isa t i on a des par t isans achar -

né*. le b i l inguisme support *rs

non moins dévoués. «|Uoi«pie s ' a ' f i r -

mant «le man i è r e mo ins d irecte . C e -

pendant , si !e p rob lème linguLstiqui

• %t essentiel . Ir contenu de la Culture

n« l 'est pas mo ins et f o r c e est de

constater , au point de vue ense igne-

ment surtout , que, d'un cùté c o m m e

de l 'autre , on h - soucie peu de réha-

bi l i ter la cul ture ara»*- . Ceux qui

ense ignent en f ronça is , en m a j o r i L

des é t range rs , i gnorent tout de c e t t e

«u l tu re et ne font en r èg l e g éné ra l e

aucune e f f o r t pour s'\ intéresser : i l

n'est pax de pire mépr i s nue cettt

i gnorance qu' i ls perpétuent en lu

t ransmet tant à leurs é l è v e » . C'-ux qui

ense ignent en arabe , bien que nati:»-

nauv , sont quant à eux trou souvent

obnubi lés par l 'é tude d 'une langue

qu' i ls conçoivent que lquefo is unique-

ment «Unis un sens r i l i g i eux , po l i t iqu*

et d é m a g o g i q u e . |.es uns e* les au-

tres oubl ient d ' exha l te r l ' apport de

p remie r plan des A r a b e » à la c i v i l i -

sation universel le , l e méur is Vs pre-

miers al lant m ê m e uiiaiid leur igno-

rance n'est pas t rou man i f e s t e , jus-

qu 'à f a i r e c ro i r e que les A ra l i e s fu-

rent d a v a n t a g e des t r ansmet t eurs

que des c réa teurs et que leur apport

pri i ie ipal aurait é t é la tra-'uctii .n et

l ' adaptat ion des découver tes chinoi-

ses, indiennes, peraancs et grecques .

I l «-st plus que t emps de s ' i i i sur «c r

con t re c e t t e i gnorance , pî»»s que

t emps de r emarquer que 'es jeun.it

ne connu liment pas l e * g r ands noms

de l 'h is to i re uralte. e î se contentent

de c i ter l ' impltal Avlct-nne, l 'hôpital

A v e r r œ s ou le Jycét» A l K l i a u o r l z m l

sans savo i r v ra iment qui furent A \ i -

cenne, A verr«»es et Khawar i /m i , plus

que t emps de leur d i re nue du * au

13, tous les ouv rage s sc ient i f iques

internat ionaux étalent en langue ura-

IH !

N o u s a l lons tenter , quoique br iève-ment , dans une p r em i è r e é t ape nous y rev i endrons par la suite plus longuement de comb l e r cer ta ines lacunes A l 'a ide de d i ve rs tex tes et d 'une con f é rence r é cemment pronon-cée A Casab lanca .

LA M A I S O N

DE LA SAGESSE

L ' essor de la cu l ture a rabe se situe, en t re 813 et 830, A Bagdad , dans

La Ma ison de la Sagesse créé™ par l e kha l i f e A l Mamoun Cet é t a -bl issement réunissait les plus g rands s a v a n t s de l 'époque, qu' i ls soient é g y p -tiens. syr iens, iraniens (musulmans , j u i f s ou ch ré t i ens i , sans aucune ex -c lusive Jetée sur leur nat ional i té , leur couleur de peau, leur langue ou leur o r i g ine .

Us y t rava i l l a i en t dans un c l imat ex-cept ionnel de l iberté, de fac i l i t és ma-tér ie l l es et d ' ouver ture d 'espri t , béné-f ic iant é ga l emen t de l ' e f f o r t de t raduct ion entrepr is 50 uns aupara-vant . dès la naissance de Bagdad , et de l ' hé r i tage d 'A l e xandr i e , « l 'A thè-nes et d ' I ran , A t r a v e r s l ' expér ience de l 'Un i ve r s i t é de Jundishapour qui ex ista i t en P e r s e dès le 6 s ièc le et «lont le rayonnement fut ex t rao rd i -naire.

Le savant indien A r yuba tha , qui vi-va i t au début du 6- siècle, connaissai t d é j à en e f f e t les c h i f f r e s indiens, devenus depuis les c h i f f r e s arabes. le zéro , et les tab les as t ronomiques . Le résultat de ce t te concentra t ion de savants A B a g d a d fut une expansion f a n s précédent de toutes les sciences.

L ITINERAIRE

DE SYLVESTRE II

Dana les mathémat iques . A l K h a -w a r i u n i découvr i t les équat ions du

second degré , la t r i gonomét r i e . les sinus et les co-sinus. c 'est-A-dire les angles , et t rava i l la i t sur les not ions d 'équivalence.

I l uti l isait ces boul iers per fect ionnés que sont les tables d 'abaque, que le savant f rança i s Gerber t , qui les prit en Andalousie , deva i t par la suite t r ansmet t r e A l 'Europe, ainsi que les sys t èmes des divisions, et l 'astrolabe, cet ins t rument qui serva i t A calculer la hauteur des étoi les et que l 'on peut vo i r au Musée des Oudaias, A Rabat , ainsi qu'A Fès .

Gerber t qui fonda l 'Eco le de Char t r es t ransmis A l 'Occ ident les pr incipales découver tes mathémat i ques des A r a -bes. I l devint par la suite le Papf Sy l v e s t r e I I

O m a r K h a y y a m , pour sa part, qui est surtout cé lèbre pour son amour du v in et ses sonnets A la g l o i r e «!«• tous les p la is i rs de la v ie . était éga l ement un g rand savant qui s 'amusai t à cal-culer des équat ions du t ro is i ème de-g r é e t qui découvr i t en t re aut res les racines cubiques.

Dans l 'as tronomie . Abou l VVaf fa. qui vécut en «80. découvr i t les pr incipes de la marche de la lune par rapport A la terre , découver te imputée à tort , que lques s ièc les plus tard à un sa-vant danois qui oublia évu lemment de c i ter ses sources ' Abou l Wa f f p . découvr i t é ga l emen t l e nombre P I qu'il poussa jusqu'au 16 déc imal .

A p r è s lui on peut c i ter Ibn Younes, mor t en 100? et A za r ch i e l > qui vi-va i t à T o l è d e et qui ca lcula la longi-tude et la la t i tude de ce t te v i l le ainsi que la l a rgeur e x a c t e de la Méd i ter -ranée, 42 a lors que Chr is tophe Co-l omb s 'étai t , lui, t r o m p é de 15", ce qui lui permi t d 'a i l l eurs «le découvr i r l ' Amér i que .

P a r m i les physic iens arnbes. il y eut A l Birouni. qui v i va i t aux a lentours de l 'an 1000, dont les F rança i s f i r ent M a î t r e A l l bo ron , qui l i v ra une his-to i re des Indes, se lança dans la bota-nique et ca lcula les poids respect i f s de l 'eau chaude et de l 'eau f ro ide . Av l c enne . Ibn Sina. qui. lorsqu' i l s 'en-nuya i t . s 'amusai t à ca lculer le rap-por t entre la v i tesse des pro j ec t i l e s d 'un canon et leur f o rce . Al Hazen qui découvr i t la r é f rac t i on de l 'eau, e i Al Kindi qui r é fu ta les Grecs et les Roma ins .

En Chimie , i l est prouvé que les sa-van ts arabes connaissaient au moins 60 corps et Al Ghuzt fu t le premier A dist i l ler l 'alcool qui est d 'a i l leurs un mot urube

En médec ine , les deux plus cé lèbres savants sont A l Ghaz l e t Ibn Sina qui étudiaient les cas cl iniques de leurs malades, écr iv i rent «les encyclo-

^ s s s s ^ s s s K U c . r . ^ I S C j i r ^ i i , I j u ^ u - u ^ „

ttîjf» ; -V) tVv U-

^ ^XJ&Wtf&J J^Lâ « j i v i r f ^ y ^ . ^ - ,. Xi, ̂ i » l i r-' • -1 r * V ; - « t> >

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pédles médicales et pratiquaient cou-ramment des opérations telles que les trépanations, et l 'extraction de la pierre de la vessie Les médecins ara-bes savaient aussi arrêter le sang et pratiquer l'anesthésie.

72 OBSERVATEURS

POUR UN FA F

En histoire, o.i peut noter Abdclhn-kam qui écrivit l'histoire des conquê-tes avec un remarquable souci d'exactitude et d'objectivité, puisqu'il interrogeait jusqu'à 72 observateurs Mir un fait, en géographie, Moqadasi e'. Ibn Khurra Dadhbih qui livra le premier guide pour les voyageurs arabes, Ibn Hauqal qui dessina des cartes du Maghreb, d* l 'Espagne et de l'Europe, remarquablement exa l -tes et qui. parti de Bagdad en 947, visita Stjelmassa. au Maroc. l'Iran, l'embouchure de l'Iridun et l 'Afr ique Noire, Souleirnan qui alla jusqu'en Chine, et. plus tard, le Tangérols Ibn Batouta, qui. de 1325 à 1350, c'est-

lln manuscrit d'Abukassis

5-dire pendant 2ô ans, voyagea au Maroc, en Afrique, en Espagne, en Turquie, en Russie, au Turkestan. d'où il gagna !«• Thibet, puis la Chine, allant jusqu'à Pékin et livrant dans plusieurs ouvrages, «les observations très intéressantes.

Même essor dans les sciences nauti-ques.

Sunbad le Marin, personnage de lé-gende. fut aussi un excellent nav.ga-teur qui sut livrer des observations sur les navires à voiles, en bois, as-semblés avec des clous, et non plus cousus, qui se dirigeaient grâce à la position des étoiles. L?s phares, no-tamment celui d'Abadan (en bois, «le 50 m de haut», étaient, eux aussi, r e l a t i v e m e n t perfectionnés pour l'époque Preuve de la suprématie des Arabes dans le domaine des sciences nautiques, les mots risque, récif, tra-fic. chèque, douane, magasin, tarif, sont d'origine arabe

II y a même lieu de se demander si la boussole «-01111111» des Chinois en 811

ne leur était pas parvenue par des navigateurs arabes, puisqu'ils eurent eux-mêmes l'honnêteté de reconnaî-tre qu'Us ne l'avaient pas inventée, et il est en tous cas certain que le gouvernail est une création arabe et non pas anglaise comme on a bien voulu le dire par ta suite

On pourrait également citer le géo-graphe marocain Al Mrissi qui vécu à Cordouc et ft Païenne et qui u éta-bli la première carte du monde connu à l'époque, et l 'amiral turc (amiral est un mot arabe» Piri Fteis qui se servit des cartes de Christophe Co-lomb qui lui furent transmises par le pilote, arabe, de ce dernier, ainsi que des cartes d'Alexandre et de Ptolémée.

Cette énumératien assez lapidaire montre à l'évidence que les Arabes s'ils ont beaucoup transmis ont aussi beaucoup innové. Dans de nombreux domaines d'ailleurs, i l » eurent à se battre contre «les idées toutes faites. A! Kindt, par exemple, m o n t r e qu'Aristote et Galhen n'ont pas tou-jours raison, et Ibn An Xaf is . prou-

1 - 53

ve, lui on découvrant le principe de la circulation sanguine et en démon-tant les mécanismes card.aques que Cal l ien s'était t rompé

Les remarquables découvertes d' Ibn An N a f i s furent transmises a l 'Occi-dent par Michel Servais, né d'ail leurs en Espagne, mais qui. pns plus que nombre de savants européens, ne ren-dit hommage à son prédécesseur ara-be, après lui avo i r tout emprunté, A l 'exception d'un détail !

On pourrait en «lire autant «le Fibo-nacci. I tal ien, qui ramena «le Bougie A sa vil le natale Pise. les principales découvertes d 'A l Khawar i zm i et qui ensuite s'intitula Inventeur de l 'algè-bre. c? que d'ail leurs les universités f i ança ses continuent encore A ensei-gner A l 'heure actuel le.

Er que dire d ' Ibn Khnldoun, père de l 'histoire qui inventa véri tablement une science nouvelle, et même la sociologie !

Toutes ces découvertes arabes se propagèrent par le Maghreb et l 'Es-pagne en Occident, elles franchirent • ga iement la Méditerranée, d 'A l gé r i e jusqu'en Italie, de même que pai l 'Ecole de Sa le rme où Constantin l 'A f r i ca in vécut vers l 'an 1000.

LES CONDIT IONS

D'UN RENOUVEAU

En fait , durant toute cet te période l 'Orient et l 'Occident furent en inter-

pénétration constante, et c'est de cette maturation que provint la Re-nn.sfance, év idemment également provoquée par le reno\ivcau des sciences grecques et romaines, mais renouveau qui n'aurait pas été pos-sible sans l 'apport arabe. C'est un des deux courants principaux A qui est dû la Renaissance avec l'npport byzantin. Il n'est d'ai l leurs que «le citer, peur en ê t re convaincu les pro-pres dires d 'A lber t le Grand, savant d 'or ig ine allemande, un des maîtres de l 'école de Paris, qui f it ses études a Padoue. et se servit uniquement des découvertes et des traductions arabes, sans, pour ce qui le concerne, le cacher.

Ces traductions étaient fa i tes A To -lède et l'on sait comment et par qui. Et lorsque la science arabe mourut, vers le 13 siècle, après Ibn Rochd, pro tégé du g rand A lmohadc , Yacoub el Mansour. c'est l 'Occident qui put ainsi reprendre le f lambeau.

Mais pourquoi les sciences arabes s'épuisèrent-elles, pourquoi après I s i è c l e s « l 'apogée devaient - elles connaître ce déclin ? Ici on peut avancer une hypothèse en prenant soin d ' a f f i rme r qu'elle reste person-nelle On peut vo i r les premiers si-gnes du déclin dès la prise de Bagdad par les Turcs, en 1040. mais la raison essentielle semble être le repli sur so i -même du monde arabe qui prit plusieurs siècles et qui contrastait avec la précédente ouverture sur le monde, repli consécutif avec l 'avè-

nement d'un courant plus tradition-nel. particulièrement au Maghreb, en signe de «léfense.

Dès lors, ce phénomène de blocage provoque une régression

Cependant, il serait faux de vouloir conclure sur une note pessimiste ; les t emps actuels montrent en e f f e t les premiers sursauts d'une nouvelle re-naissance. avec les e f f o r t s du Cheikh Abdou. au Caire, et la création de l 'Univers i té Moderne qui enseigne «l«>rénavant les sciences en langue arabe.

Cependant, des obstacles de tail le restent A surmonter, celui de la lan-gue entre autres, puisque si 17.000 ternies scienti f iques ont été traduits au Caire, si 5.000 l'ont été par Lakh-dar au Maroc , si, A Beyrouth «les savants soviét iques s'attélent A la même tAche. c'est 100.000 termes qu'il convient de traduire et de façon unitaire. Mais au delA du problême «le la langue, il y a un problème de di f fusion, «le vulgarisation, «le la culture sans exclusive, qui seul per-met t ra l 'assimilation de tous les ap-ports. il v a des complexes sans fon-dement A abandonner, et le passé A réhabil i ter pour un meilleur présent et non pour un culte vain. Il y a aussi l 'élan créateur de l 'Age d'or qu'il s 'agit «le ressusciter pour re-trouver un espoir de fécondité

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H - 1

Livres

Deux ouvrages

sur Casablanca :

une image anticipee

du Maroc de demain

par Ben Messaoud

M. André Adam, professeur A la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d'Aix-en-Provence. qui a longuement enseigné au Maroc et pu-blié en 1963 < Une enquête auprès de la jeunesse musulmane marocai-ne Vient de faire paraître deux ou-vrages sur Casablanca > Histoire de Casablanca de origines à 1914 ». aux Editions Ophrvs et « Casablanca, es-sai sur la transformation de la so-ciété marocaine nu contact de l 'Occi-dent ». C N.R.S.. thèse de doctorat ès-lettres qui se présente comme un mcnamental ouvrage de deux tomes et de 895 pages, illustré de cartes, photographies et graphiques et qui a bénéficié d'une souscription du Minis-tère de l 'Education Nationale.

Histoire de Casablanca des origines a 1914 retrace entre autres le dé-tail des événements de 1907 et no-tamment le débarquement, dans le port en construction, des marins du < Galilée , pour la défense de la sécurité des citoyens étrangers qui ne dépassaient par alors 1 .000 indivi-dus. événements qui furent A l 'origi-ne du protectorat ainsi que les débuts d- la ruée sur le Maroc qui devait amener en 7 ans à Casablanca 32.000 étrangers atteints d'une f i èvre d'enri-chissement se manifestant surtout dans une spéculation foncière e f f r e -née.

LF. DILEMME

DES JEUNES NATIONS

Quant A son essai sur la transfor-mation de la société marocaine au contact de l'Occident >. de beaucoup plus important, l'auteur en définit ainsi lui-même l'objet : Perdre, pour vivre, ses raisons de vivre, tel est parfois le di lemme qui s'impose A tant de jeunes nations issues de vieilles civilisations Se retrouver soi-même. après les aliénations de la période coloniale et par delA les dé-générescences de la période pré-colo-niale. et entrer, pavillon déployé, dans la haute mer de la civilisation scientifique, c'est l'idéal et l 'ambition de tous Les e f f o r t s qu'elles fournis-sent. les méthodes qu'elles emploient, et qui varient avec 1? génie propre et la situation historique de chacune, leurs expériences, leurs réussites et leurs échecs, constituent l'un des su-jets d'études les plus passionnants de notre temps. C'est le sujet que nous 'ivons voulu aborder dans un exem-ple concret et sur un point du monde bien délimité

Cette étude, il la cerne autour de 5 thèmes principaux . la croissance ur-baine et donc l'exode rural, qui. dans 10 cas particulier de Casablanca, a provoqué l'urbanisation de 60 des ruraux ayant quitté leur région d'ori-

gine de 1936 A 1952. la population d*-Casablanca et ses di f férentes couches, leur évolution, puis la transformation des choses, la transformation des hommes et enfin les déstructurations et les restructurations. C'est ainsi qu'il détaille le rôle des Fassis qui constituent la bourgeoisie marchande et foncière de Casablanca. André Adam écrit a ce propos qu'ils véri-fient l ' imitation plus rapide des com-portements de consommation que des comportements de production A cet égard, dit-il, il n'est pas sûr que la bourgeoisie marocaine ait rempli sa mission. Si elle s'y décide, il lui reste A coup sûr. peu de temps pour le fa ire II uborde ensuite l 'analyse de la classe des commerçants soussis qui trustent » les commerces d'ali-mentation et dont il se demande s'ils combleront les vides industriels lais-sés par les commerçants fassis. Puis. Il souligne l ' importance des ruraux (85 de la population casablan-caise totale» , et notamment des gens du Sud. dans une classe ouvrière qui s'est très vite stabilisée en raison surtout du manque de travail. A ce stade, il aborde longuement les pro-blèmes posés par le lumpen proléta-riat qui prol i fère A Casablanca et A propos duquel 11 écrit A la fin de son ouvrage : « Dans les ténèbres exté-rieures croupissent ceux qui sont ex-clus du festin, les chômeurs, les sans emploi, ceux qui trompent leur fa im

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nvce les vieux morceaux de pain achetés sur le souk et leur dignité avec ltrs faux semblants de mét iers qui ne raoportent rien... I ls ne sont pas même révolut ionnaires Le révo-l i ' t icnnaire est celui qui veut changer 1 ordre Pour eux. il n'y a pas d 'or-dre. puisqu'ils ne sent nulle part, que la société n'n pas de place pour eux. Ma is ils peuvent fa i r e des révoltés, des nihilistes Ils étaient '>0.000 en 1960. sur 180.000 act i fs . Ils nourris-rent au moins de leur amer tume et d.* leur haine 200 .000 autres person-nes Aut re fo i s , quand la sécheresse brûlait la terre du Maghreb, des mil-liers d ' a f f amés remontaient vers le Nord , vers les villes, vers Casablanca. La dernière fo is ne date pas de si loin, s 'était en 1945. Les a f f a m é s sont ,-ujourd'hui à demeure On les nour-rit sans doute, et le Maroc n'est pas l 'Inde. Mais l 'homme ne vit pas seu-lement de pain et v i v r e de son travai l est la première ex igence de sa digni-

t é - On a urbani» é la misère ; les mulheure ux autre! . ua ûi-p^rsés clans

/«liTltfS SOf it a présent ras-j cmb lês dans la grande ville. Un courant peut toujc :»urs passer entre g Aa nillll ers d'aton nés et les fondre

;n une m a sse explosive. N a -; sous-prol étalres étaient ré-

f i jgnés . La misère rend fata l is te quand el le e*-t plusieurs fo is mil lé-naire. Mais on sait aujourd'hui qu'el le n'est pus fa ta l e , qu'el le peut ê t re vaincue Cela se suit même au fond des bidonvilles. Que ces hommes aient attendu depuis des siècles n'uutorise pas à croire qu'ils attendront encore i 'utant Ils ont dé jà bougé une fols, et la vi l le a tremblé, les prolétaires

comme les bourgeois Et précisant sa pensée, il écrivit récemment sur c même sujet «tans In revue Ma-ghreb Ici. l 'humanité et l ' e f f i -cacité s'accordent pour dicter A une él ite qui a prouvé sa lucidité et sa valeur, une politique capable «le me-ner au port tous • eux qui s»- sont embarqués sur le même bateau el non pas seulement les passagers de première classe L 'histoire, notre seul maître, enseigne qu'il n 'y a pas de pr iv i lèges qui «lurent quand ils ces-sent de correspondre A une fonct ion ou quanti ce t te fonct ion n'est plus rempl ie » .

LE ROLE

DES CLASSES M O Y E N N E S

Dans la t rans format ion des choses et <l«;s hommes, André A d a m fa i t entrer les d i f f i cu l tés de comporte-ments et d 'adaptat ion des ruraux dans la ville, puis le rOle «les étran-gers. part icul ièrement de la commu-nauté f rançaise qui a importé une économie moderne cl l'a assumée au point de vue industriel A 90 •'< pen-dant et au delà du Protectorat . Il détai l le éga lement l ' impact de l'ins-truction. de l 'éducation polit ique et syndicale qui a g e rmé sous l 'occupa-tion, l 'act ion «les moyens de commu-nicat ion de masses, surtout de la ra-dio. de la télévision et du cinéma, l 'évolution de la f emme , pour s 'at tar-der sur la nouvel le liaison instaurée, g râce à Casablanca, entre la ville et la campagne et surtout sur l 'appa-rition des classes moyennes où se trouvent les agents les plus décidés et les plus ac t i f s d'une évolut ion qui va largement clans le sens de l 'occi-dental isation ».

L 'auteur, pour lequel Casablanca constitue une image antic ipée du Maroc de demain aborde tous ces thèmes en observateur attent i f , conscient des l imites des in format ions et des statist iques dont il dispose, soucieux de ne pas masquer l ' inter-pénétration des phénomènes aussi mult iples que complexes, ma i s aussi en humaniste convaincu qui veut croi-re que toute société f init toujours par dominer les situations les plus dramat iques avec lesquelles elle se t rouve confrontée . Sa conclusion re-f l è te par fa i tement cette préoccupa-tion fondamenta le L 'hér i tage est lourd parce que la colonisation, ici c omme ailleurs, a pose plus «le pro-blème.- qu'elle n'en a résolu La civ i-l isation industriel le u bouleversé les vieil les sociétés «l'Occident et les ré-volutions juionnent les étapes de sa croissance El le est en train de boule-verser lu société murocaine Parce qu'il est dans sa nature de concentrer les moyens et les hommes, el le a

at t i ré A Casablanca une part consi-dérable trop considérable sans deute, des forces v i ves du pays. Parce que les hommes de ce pays vivaient dans un système traditionnel, les trauma-tlames qu'elle leur in f l ige sont plus violents, les e f f o r t s qu'elle leur im-pose plus intenses, les contradictions qu'elle leur propose plus déchirantes h leur faut à la fo is accéder A l'uni-versel et rester eux-mêmes. Le vieux conf l i t de l 'Occident et de l 'Orient est désormais au fond de leur Ame. Et la g rande vi l le est le lieu privi-légié de ce conf l i t . Casablanca eut un passe ag i t é Son avenir a b ten des chances de connaître l 'alternance des jours laborieux et des soubresauts trag iques qui forment la t rame de l 'histoire dans les sociétés en g -s ta -tion r-.

A l ire év idemment , et avec attention, encore que ce ne soit pas un ouvrage A la portée de toutes les bourses et qu'i l en coûte plus de 120 DH pour l 'acquérir .

L administration locale du Maroc Vient de paraî tre également L ' A d -ministrat ion locale du Maroc thèse de doctorat de Said Ben Bachir. pré-facée par Jean Caragnon, professeur A la Facul té de Droit et de Sciences Economiques de Lyon et anci«-n di-recteur de l ' Institut d 'Etudes Pol it i-ques de Rabat . Cet ouvrage est in-dispensable A tous ceux qui veulent connaitre les rouages de l 'adminis-tration régionale et communale ma-rocaine, et prend plus «l ' intérêt encore A la suite des récentes élections communales et municipales U dé-tail le l 'organisat ion régionale et pro-vinciale ainsi que l 'administration lo-cale. avant et pendant le protecto-rat. uinsl que les d i f f é rentes modi f i -cat ions qu'elles ont subies depuis l ' Indépendance et les pouvoirs respec t i fs des gouverneurs et des assem-blées préfectorales, sans oublier les f inances provinciales, le conseil com-munal, la plani f icat ion régionale et l 'administrat ion mixte. M Caragnon souligne d'ai l leurs dans sa pré face que cet ouv rage fa i t sentir A quel point dans un pays où le manque de cadres et de capitaux se fa i t cruelle-ment sentir, l 'administration locale est le principal moteur d'une polit i-que «le développement

U' problème «le la qualité de s«-structures, de son e f f i cac i té et de l 'adhésion populaire prend alors, dit-il. une dimension inf iniment plus importante que dans les pays déve-loppés

6 - ï

Comment les écrivains français voyaient le maghreb

par Zakya Daoud Etrange impression que celle que l'on a à lire « L 'AnthoIog is des écrivains français du Maghreb >. réalisée, sous lr direction d'Albert Memmi. par Jac-queline Arnaud. Jean De jeux et Ar -iette Roth. aux Editions de Pré-sence Afr ica ine > C est un moment d'histoire qui est relaté dans ces pages, une histoire aujourd'hui dépassée. Finie D'ail-leurs. il est curieux de constater que les écrivains cités en avaient In préscience. Ils décrivent, selon leurs propres termes, un « peuple sans pas-** et sans avenir », du moins ils parlent d'un avenir espéré, mais en faisant sentir, malgré eux. qu'il n'y en aura pas. Pas étonnant alors que cette littéra-ture soit celle do l'angoisse, du déses-poir. de l'exil, de l'absurde et de la cruauté, à quelques exceptions près « Littérature de la séparation . dira Albert Memmi dans sa présentation, en précisant que les textes choisis sont extraits d'œuvres proprement littéraires, inspirées par le Maghreb, dans une perspective sociale et histo-rique donnée, à partir de 1930 er dont l'Intention et la réussite litté-raire sont évidentes. Lit térature en tous cas de l'impossible L- grand thème, en e f fe t est le fait colonial, et plus en Algér ie qu'en Tunisie et nu Maroc qui font ici f i -gures de parents pauvres comme ils le faisaient également d'ailleurs dans le première anthologie, celle des

écrivains maghrébins d'expression française >.

I/IGNORANCE ET LA PEUR

Mais le choc premier est la coup j r? entre les communautés que ces écri-vains enregistrent Dans ces textes, ' il les colons et le petit monde de Belcourt et de Bab-el-Oued. surtout, sont omniprésents, dépeints avec hu-mour. parfois tendresse, mais sans aménité, les Arabes, les Indigènes, comme ils disent, avec un A et un 1 nuisjuscules, les Autres, donc n'exis-tent pas.

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I l faut cro i re que ces écr i va ins qui ont su d é g a g e r l 'Ame de ce t te com-munauté impor tée qui était la leur ne les voya ient pas. ces premiers habi-tants d 'une t e r re qu' i ls étalent venus conquér i r

Et ils l ' avouent par fo is . L e s Arabe:» qua l i f i ca t i f g lobal isant , sont, dans leurs récits, pare i ls A des ombres fu r -t i ves souvent chargées de noirs des-seins. C'est l ' I gnorance, ma is aussi la peur. Une i gnorance phénoménale, née d'un mépr is qui, tant d 'années après, s tupé f i e encore, et dont on ne pourra plus s 'é tonner , après a v o i r lu ce t te an tho log i e qu' i l ait fait couler tant de sang.

Ecoutons Albert Camus, qui sa déta-che de t rès loin dans ce peloton d 'écr i -vains, avec Emmanue l Rob lès e t Jac-ques Berque, dans L ' E x i l (û nom prédest iné ! > et le R o y a u m e • Des A r a b e s les croisaient qui se ran-gea i en t sans para î t r e les voir , rame-nant devant eux les pans de leurs burnous •. Dans ce t te pet i te phrase, tout est dit : l ' ind i f f é rence fe inte , la c ra in t e sous- jacente. le mépr i s a f f i r -mé. la haine, la coupure en un mot.

la sépara t i on Et René -Jean ClAt pe int re d'un univers de f rustrat ions, dont un des héros • ne regarda i t ja ma is a t t en t i vement le v i sage de.. A rabes . Pour lui. tous se ressem-blaient Et Jean Brune qui tourn«-en dér is ion un m a r i a g e mixte , et Re-né L a p o r t e dont le Beaumont eon naissait bien les A r a b e s et Marce l Moussy dont L e s Anc iens d ' A l g é r ie >, ta lochaient avec dex té r i t é les pet i ts A r a b e s en a f f i r m a n t aux nouveaux a r r i v és Vous y v i endre z ' • L ' énuinérat lon sera i t longue

LES FRANGES

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HORRIBLES

C'est Jacques Berque. observateur a t tent i f e t passionne qui a f f i r m e < L e s rencontres ne sont possibles qu 'aux f r a n g e s horr ib les des deux mondes : la prost i tut ion ( pas tou-jours ) . . . la pédérastie. . . Au delA. poursuit- i l , les deux g roupes ne s'unissent pas plus par l ' amour qu'i ls tx se fondent dans la pol i t ique. Pa s d 'mte r -mar i ages . Pas m é m o de bA-tards. L ' é t anché i t é charnel le se main-tient presque absolue, m a i g r e un siè-cle de co lonisat ion * L ' A f r i q u e du N o r d est le pavs de l 'élan frus-t ré »...

Et Jules R o y peut ainsi écr i re dans La Guer re d ' A l g é r i e » . en par lant

de ses souvenirs d ' en fance : « Ce fut un g rand é tonnement pour moi quand je m'upen;us peu A peu que les troncs de f i gu i e r ( n o m donne par-f o i » aux Ind igènes » , étaient des hom-mes semblab les A nous, qu' i ls riaient

qu'ils pleuraient, qu'ils étaient capa-bles de sentiments nobles comme la haine ou l'amour, la jalousie ou la gratitude. Découverte simpliste? Mes compatriotes d 'Algérie, qui ne sont pas méchants, ne l'ont pas tous fai-te ! >. "

Face aux Arabes ignorés, dont on perçoit déjà au fil des pages, la révolte sourde, les colonisateurs ne paraissent pas plus heureux Aux misères du colonisé, correspondent les misères du colonisateur . a f f i rme Memmi. les premiers temps d'eupho-lie de la conquête passés, conquête que l'on s 'e f force cependant de légi-timer en inventant des théories. Certes, il y a de très beaux textes sur la douceur de la vie en Médi-terranée. sur la joie des corps se do-rant au soleil, jouant dans les va-gues. sur les fêtes populaires du peuple-enfant de Bab-el-Oued. son parler < cagayous », ce héros petit blanc des Français du Maghreb, une peinture savoureuse de cette vie en rupture qui a ses normes et ses lois propres ; il y a de très belles descrip-tions d 'A lger la Blanche qui sut ins-pirer tant d'amour et de poésie, mais les écrivains français du Maghreb n'épargnent pas toujours les colons

UN PEUPLE

SANS RACINES

Qu'ils les montrent en lutte contre les éléments, attachés à leurs biens et à leurs terres, vantant leur labeur, ou arrivant démunis de la Métropole pour fa ire fortune, qu'ils évoquent leur morgue et leur dureté, leurs appétits, la satire sociale n'est pas loin et elle est souvent féroce. On sent alors que cette communauté transplantée qui a coupé ses ancien-nes racines, et tente de s'en fabriquer des nouvelles est. elle aussi, aliénée par ses victoires, comme les Indi-gènes le sont par leurs défaites C'est Albert Camus qui saura le mieux la décrire en profondeur dans des pages pleines de force : Ce peu-ple tout entier jeté dans son présent vit sans mythes, sans consolation. Il a m.s tous ses biens sur cette terre et reste dés lors sans défense contre la mort. Les dons de la beauté physi-que lui ont été prodigués. Et. avec eux, la singulière avidité qui accom-pagne toujours cette richesse sans avenir. Tout ce qu'on fait ici marque le dégoût de la stabilité et l'insou-ciance de l'avenir. On se dépêche de vivre... Et l'on comprend alors qu'il soit né dans ce pays où tout est oonné pour être retiré... La vie n'y est pas à construire, mais à brûler...

Et, pourtant, oui. on peut trouver une mesure en même temps qu'un dé-passement dans le visage violent et

acharné de ce peuple, dans ce ciel d'été vidé de tendresse, devant quoi toutes les vérités sont bonnes à dire et sur lequel aucune divinité trom-peuse n'a tracé les signes de l'espoir ou de la rédemption Entre ce ciel et ces visages tournés vers lai. rien où accrocher une mythologie, une rttérature. une éthique ou une reli-gion. mais des pierres, la chair, des étoiles et ces vérités que la main peut toucher »...

Tels sont les hommes en lesquels Camus reconnaît les siens, des hom-mes qui ayant rencontré leur royau-me terrestre pressentent q ie leurs racines y sont courtes et que leur avenir est incertain Elle savait seulement que ce royaume, de tout temps lui avait été promis et que jumais pourtant il ne serait le si< n, plus jamais sinon à ce fugit i f Instant peut-être ( La Femme I n f i d è l e » ) .

LA RECHERCHE

D UNE FRATERNITE

Cette détresse assumée ne pouvait qu'engendrer un sens du tragique et du pathétique dont A. Memmi précis*

qu'il est propre à ce pays de soleil meurtrier qui font toutes les couleurs en un blanc aveuglant et exaspère les passions jusqu'à la folie >. « On ne peut, dit-il encore, fa ire grief à ces écrivains de ne pas parler mieux des < Indigènes un écrivain expri-me ce qu'il peut, c'est-à-dire ce qu'il sait et ce qu'il sent, à partir de quoi il peut seulement imaginer. S'avise-rait-il de parler d'autre chose, c'est alors qu'il aurait tort, car il en par-lerait fort mal >.

Mais ce reproche qui leur fut sou-vent fait , ne s'applique pas à tous les écrivains français du Maghreb. Certains qui sont alors plus témoins qu'interprètes, dans de ' rès belles pages, parlent des > Arabes -

Emmanuel Ftoblès, par exemple, dont H a j le Chômeur » (< L 'Act ion .

1938» est une peinture toujours ac-tuelle de la misère de ceux qui n'ont pas de travail . Emmanuel Rob!ès pour qui les Indigènes existant e! ont les mêmes sentiments que les pieds noirs. Emmanuel Roblès dont le talent sort conf irmé de cette antho-logie

Camus, même, dont le reportage Mi-sère de la Kabyl le » . écrit, en 1930. pour < A lge r Républicain >. sait ex-primer une vibrante indignation, et dont les conclusions et descriptions ne sont pas encore toutes effacées, loin de là, au Maghreb.

Isabelle Eberhadt. surtout, cette jeu-ne Russe naturalisée Française, mor-te à 27 ans. qui parcourut à cheval le désert, pour fuir < la civilisation

et qui sut très bien, avec un sens profond de la Justice et de la frater-nité. décrire l'horreur de la collecte des impôts en Tunisie, dans ses Pa-ges d'Islam ou les raisons absur-des qui font que l'on emprisonne alors, en ces premiers temps de la colonisation, des hommes

DES TEMOINS

Isabelle Eberhadt qui parlait et écri-vait l 'arabe et partagea la vie des tribus nomades du désert, est pour-tant une exception. Tout comme Jac-que Berque. tout comme aussi Fran-çois Bonjean. qui. avec Gabriel Ger-main est le seul à témoigner du Maroc, et qui est allé le plus loin dans la recherche d'une fraternité, et n'a jamais cessé de prôner plus d'ou-verture et de compréhensive intelli-gence ; F. Bonjean, Témoin de l'Is-lam >. marié à une Marocaine, qui s 'e f force de définir les causes d'in-compréhension et croit les trouver dans les complexes et orgueils réci-proques.

D'autres écrivains tentent de Jeter un pont entre ces deux communau-tés qui s'ignorent, car les écrivains maghrébins ne décrivent pas davan tage les Français du Maghreb Roger Curel voudrait déchirer le voile de le méf iance Jules Roy lance des exhortations à un Jeune activiste

Votre A lgé r i e française est un ca-davre écrasé sous un monceau d'a.i-tres corps égorgés ou déchiquetés. Séparez-vous d'elle et laissez les morts enterrer cette m rte ••

En e f f e t , la guerre d 'Algér ie , vue de l 'autre côté, n'est pas absente de cette anthologie. Roger Curel la dé-crit dans L ' interrogatoire ». René Laporte dans une Une Manifesta-tion . André Rosfeldcr, qui parle des

hommes frontières retrace les dé buts de l'insurrection en Algér ie .

Tous ceux-là vont au delà, essaient de combler la séparation, la rupture, mais dans son ensemble, cette antho-logie est la description d'un monde qui est destiné à mourir à peine né

A ce titre, c'est un témoignage poi-gnant et intéressant et une œuvre remarquable, au sens profond.

Zakya D A O U D

ï -

Le paysan marocain : un pasteur, non un agriculteur

L ' h o m m e rural marocain est-il un vrai paysan • au sens où cette ex-

pression implique une adéquation de l 'homme au sol sur lequel il vît, en vue d'une augmentat ion constante des ressources produites, comme c'est le cas au sein des viei l les paysanne-ries d 'Europe ou d 'As i e ? A cet te question, dans son étude sur

La paysannerie marocaine . récem-ment publiée par le Centre de re-cherches sur l ' A f r i que méditerranéen-ne. M. Julien Couleau, ingénieur ag ronome qui a longtemps vécu en milieu rural marocain et qui en n étu-dié de près les us et les coutumes, répond : Non , le paysan marocain en général , pris dans le sens où nous avons l 'habitude d'entendre le mot paysannerie, n'est pas un vrai pay-san. c'est avant tout un pasteur qui se préoccupe essentiellement de son troupeau et qui s 'essaye, quand le besoin s'en fa i t impérieusement sen-tir, à l 'agriculture, sans aucune inter-f é r ence entre ces deux act iv i tés, pra-t iquement séparées l 'une de l 'autre, bien que considérées de façon fonda-lement identique, c 'est-A-dire basées sur des procédés semblables de gas-pi l lage extensi f des sols, terres de parcours ou terres de labour >. Ainsi dans son acceptat ion tradit ion-nelle. l 'agr iculture maroca ine est une agr iculture d'appoint, consacrant la pr imauté de l ' é l evage errant et sa nécessaire contrepart ie, la rét icence de tout rural marocain pour l 'amé-l iorat ion ou l 'aménagement du fonds destiné aux cultures. L ' E S P A C E ET L ' E K K A N'C'E

Cet état de fait est ren forcé dans une optique historique par les struc-tures anciennes de la tribu, peu pro-pices A un statut appropr iat i f des terres de culture mais qui ne réali-sèrent pas non plus leur exploitat ion col lect ive en dépit de la col lect ivisa-tion des biens immeubles. M. Julien Couleau. qui possède un sens appro-fondi de l 'hiatoire. l 'uttribue a l 'ori-g ine ethnique des populations rurules, essentiel lement nomades au départ, qu'el les soient arabes ou berbère» , peuples de pasteurs qui ont envahi uu cours des Ages les terro irs jad is for -tunés et qui ont gardé, re foulant ou contaminant les populations séden-taires précédentes, et jusqu'A l'ins-tant historique de leur propre séden-tarisat ion plus ou moins récente, un sentiment de l 'espace et de l 'errance renforcé par la violence et l'insécu-

par Allai Al Marrakchi rité qui caractérisèrent pendant des siècles le Maroc ancien Pour M. Couleau. donc, le paysan maroca in- type se comporte comme un nomade qui s 'exerce A la culture, et non comme un cult ivateur qui n'exerce au nomadisme, et cela dans un contexte juridique, sociologique e« technique qui excluait un e f f o r t pro longé et rentabil isé d'une année A l 'autre, d'une récolte A l 'autre, en faveur d'une intensif ication des cultu-res et des méthodes culturales. On peut dire, sans entrer dans le détail de cet ouvrage dont un des méri tes ma jeurs est de rapporter des fa i ts sans en soll iciter idéologique-ment une quelconque interprétat ion

il laisse cet te tAche A son lecteur que M Couleau conclut A l ' impos-

sibilité pour l 'agr iculture maroca ine tradit ionnelle d 'évoluer selon des nor-mes d ' e f f i cac i t é agronomique el de rentabi l i té éeonomluue « normales », c 'est-A-dire faisant appel A toutes les ressources des individus et A toutes les potential i tés réelles des sols en f aveur de leur culture intensive. De 1A. mais sans le dire expressément, M. Couleau laisse entendre que l 'évo-lution de l 'agr iculture marocaine n'appelle aucune solution de conti-nuité dans son ensemble, mais une vér i table mutat ion agronomique, et f inalement sociale par ses conséquen-ces sur le plan du droit et de la démographie , imposant un change-ment radical des formes, des f o rmats et des normes d 'exploitat ion et de culture des sols. Ma i s A quoi prix, et polit iquement dans quel sens ?... M Couleau ne le dit pas. il ne dit pas s'il faut sacr i f i e r dél ibérément les petites exploitat ions, favor iser les moyennes, les grandes ou les très grandes, ou prat iquer en fin de comp-te. ce que les anciennes j emaas n'ont pu réussir, étant bien davantage une o l igarchie qu'un vér i table parlement démocrat ique, une exploitat ion col-lect ive des terres. Mais son l ivre, dont on ne peut traduire en quelques l ignes ni l ' intérêt ni la richesse de documentation et de ré f l ex ion sur des faita essentiels, est un ouvrage de base pour tous ceux que préocc ipe l 'avenir de l 'agr iculture marocaine, c 'est-à-dire avant tout celui de mil-lions de Marocains qui, pour la plu-part. a quelques notables except ions près, ont très peu de terre, n'en ont pas du tout et en auront sans doute moins que j iuuals dans un avenir prévisible

La vie culturelle EXPOSITIONS

Le Goethe Institut, après le musée d'art moderne A Paris, a p rog ramme iccemment une exposit ion A l 'occa-sion du 50" anniversaire du Bauhaus

Le Bauhaus. l i ttéralement maison de la construction , né en 1919 A U e i m a r de la fusion de l 'Ecole des A r t s Décorat i f s et de l 'Académie des Beaux A r t s de cette ville fut surtout une école de créat ion libre et démo-cratique. un foyer d 'humanisme appli-qué. dont l ' importance est énorme puisqu'il a créé l'art moderne. Sa devise : ré intégrer l 'art iste dans la vie, l 'architecte dans la société, le créateur de f o rmes dans le monde

Son enseignement, basé sur l'unité de tous les arts, et principalement de photographie, de la sculpture, de la g ravure , de la poterie et du lissage, a fondé une tradit ion de modernité qui a assuré jusqu'A nos jours la promot ion culturelle de l 'esthétique industriel le

On le volt devant ces photographies, ces formes, ces a f f i ches , ces montages, exposés au Goethe Institut, qui, 50 ans, après, ne sont pas démodés, bien au contra ire et paraissent même en-core A i 'avant-garde

Créé par l 'architecte Gropiua qui lan-çc. en avr i l 1919 le cé lèbre mani feste le Bauhaus sut grouper des artiste* comme Klee Kandisky Breuei etc.. cc enseigner, de manière révolution-naire pour l'époque, des générat ions d 'é lèves selon l ' idéal d'un humanisme de la technologie moderne, avant que a es promoteurs persécutés par le nazisme soient contraints de s 'exiler aux U.S.A où la tradit ion du Bau-haus devait ê t re reprise et ampl i f i é

411 _ *

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l lrpul* le 20 octobre et A raison «le 3 séances par semaine, dispensées à l'école Ernest Renan, le Centre Cultu-rel Français de Casablanca organise des cours de langue et de civil isation françaises selon une méthode inti-tulée < Vo ix et images de France . mise au point par le Centre de Re-cherches pour la di f fusion du f ran-çais. A Paris, qui fa i t largement appel aux procédés audio-visuels et est l 'application des recherches les plus recentes dans le dcmaine de la psy-cho-pédagogie

Ces cours sont réservés aux ad .il tes du niveau du secondaire et aux é lèves de 6" et 5* arabisées. Des cours de perfectionnement sont également pré-vus. Renseignements au Centre Culturel Français. 121. bd Zerktou-nl - Té l . : 590-77 78.

Autres activités du Centre Culture! Français : un club de lecture qui a étudié en octobre trois ouvrages de Flaubert, un cercle d'études socio-économiques. une discothèque, une bibliothèque, un club de théAtre. un eerele d'études c inématograph iq j es . des conférences, des project ions f i lmi-ques. des exposit ions et un Bureau d' information universitaire donnant «les renseignements sur toutes les études et carrières.

Le Centre Culturel Français a orga-nisé simultanément ces dernières se-maines deux exposit ions : des huiles e. gouaches au couteau japonais de Traudbert Erbe et Pe te r Stange de l 'école de Vallauris, dans s ts lo-«aux du bd Zerktouni. et des maquet-tes de théâtre dans le hall du Théâ t r e Municipal de Casablanca. Les goua-ches font montre d'une maîtr ise tech-nique remarquable si les couleurs ne sont pas toujours heureuses Quant aux maquettes, on retiendra particu-lièrement celles qui se distinguent par une recherche plus actuelle com-me les travaux réalisés pour la mire en scène de « Comment va le monde Mossieu ? de J Noè l . p'.ateau de Jute avec f o rmes noires. Beckett «le Jean Anouilh, un paysage de voû-tes en fe r . « L es parachutistes >. de Augusttno Pacc, un g igantesque f i let qui occupe tout le plateau, Andor -r.i ». de Max Frish. et Chronique «l'une planète provisoire

FEINTURE

Apre * Rabat. Casablanca a accueilli f t Dar Amer ica , les t ravaux de Hamid Alaoui : peinture très moderne, sur dt grandes surfaces, qui se rapproche par son style des œuvres de Chebaa et Melehi. f igures, signes, f o rmes sy-métriques. élancées e* rigoureuses, dans lesquelles la couleur, souvent

violente, tient une grande plac? pu s-qu'elle indique un certain ry thme A côté de ces tolle3, qui repr^.îentcnt !«• travail du peintre pendant une dizai-

ne d'années, des gouaches et des tapis plus récents. Un art très actuel qui se veut au serv ice de l 'éducation des masses.

ï - -Il

A m i d o u :

I Lmp l e . v i vant et un peu t imide en même temps Pas le genre de l 'acteur qui veut en met t re plein la vue et éclabousser avec sa réussite et MIS succès.

Pourtant , incontestablement. Amldott a réussi : consacré uu théâtre dans

rôle de Sa ïd de,* Puravent> • . de Jean Genêt , et au cinéma par le ré-cnt f i lm de Lclouch. « La vie,

l 'amour. îa tuurl », il pourrait Jouer l< i vedettes. Il ne le fa i t pas. Lui q ' .e la cr . t ique européenne a encense, l ii qui. A Parts, ne peut pus f a i r e un pas sons ê t re reconnu et assailli par ses admirateurs, i l chercherait , presque, ici. à s'en excuser, unique-ment préoccupé de s ' imposer dans non propre pays et d 'aider à la pro-motion du c inéma marocain auquel i l « ro i t . ma i g r e de décep-tions C'est qu'il a ime le Maroc et 1? cinéma ayant des idées ex t rêmement aulnes sur l'un c o m m e sur l 'autre e' plaçant le t ravai l bien fa i t au-dessub du prest ige et de la réputa-tion « I l faut d é p o s e r le f a i t de ; i rc

Nous i ivoi i » no i re Omar Shérif , précise-1-il cal même nt

Dans ce coin du aaJcn de la Tou r Hasaan a Rabat II attend les ques-t ions avec réserve et concentration, mai.-* dès qu'il par le • métier » tout son être s 'anime et se positionne : se& yeux brillent dans sou v isage mince et marqué, auréole de « heveux fous

DE SA 'D

A HENRI VI

Sa carrière d'abord : A l'entendre, ce n'est pas l'ascension foudroyante que l'en a dite, mais le résultat de lon-gues années de labeur acharné et de quelques coups de chance Amidou e <t né A Rabat où vivent sa mère, ron frère (avocat.) et sa stcur • dans

tradition . selon ses propres ter-mes. Il y revient tous les ans. Il y a démarré , en tunt qu'Ahmed Ben Mes-r oud, en 1955-56. comme membre de la troupe «le la R.T M Puis il est

monté A Purls peur suivre les c. urs du Conservatoire qu'il termine avec un premier prix et pour ensuite passer deux ans chez Fernund Le-doux «•! y obtenir deux prix de comé-die. Première chance : le rôle de Suid dans Les Paravents A la place de S a m i Frey. qui lui vaut les éloges de la critique Mais Amidou veut faire mit .ix, il veut surtout prouver qu'il : eut Jouer autre chose que des rôles tur mesure comme on a dit de Said, l 'Algérien. Il est alors York dans

Henri VI .. n l'Odeon, avec Maria Ca.sarès, Jein-L..uir Bairault et Ma-deleine Renault, puis, en même emps. dans la tulle d'essai de

l'Odéon, le héros du Silence et men-songe , de Nuthalic Sarrautc. pièce extrêmement moderne. Expérience passionnante «jue cette diversité si-multané qu'il assume pendant plu-sieurs années, chaque soir.

Au c inéma, il n'a pas encore percé. Quelques rôles de voyou dans «tes films policiers c omme Fleur d'oseii-lr . avec Mire i l le Darc Pour le beefsteak dit-il Ma is c'est Lelouch, son ami, Lelouch dont on a dit qu'il était la mascotte^ puisqu'il u f i guré dans tous ses f i lms et que sa f i l le de 10 ans. Sound, a tourné dons Un homme et une f emme , qui lui donne sa chance dan Une f i l le et «les fu-sils >, puis Lii Vie. l 'Amour , la Mort , f i lm sur lu peine du mort pour les besoins duquel Amidou a vé-cu ave< les condamnés, dans leurs cellules « ( é l u valait le coup », dit il

Pourquoi alors a vo i r ubundonné cette arrière en pleine ascension, pourquoi «voir refusé pendant trois mois plu-sieurs propositions de tournuge, pour jouer le rôle d 'Hadl dans * Le soleil d • prliiteiup* et donc apporter tout son poids A ce troisième f i lm niaro-cuin sur lu réussite duquel les u vis-sent actuellement t rès par tagés ? — L'affection, répond-il. I« g«»ùt «lu ris«|iie . et aussi parce que le rôle l 'intéressait. Ce Hudi, ce peut fonc-tionnaire, il le voit c omme une espèce Je Monsieur Rlpoix Pour lui, c 'est un personnage vrai, qui pose un pro-blème xociul. Ce rôle, il est vér i ta-blement entré deduns II l 'a d'autant plus crée que Lalif Luhlou, le réuli-.suteur, le laissait libre, et ne cher-chait pas A le diriger On peut lui reprocher d'en avoir fait uu jierson-nage trop intériorisé, trop uitellec-

i 2 - 1

« J e suis

bien quand

je suis

un autre»

par Zakya Daoud Une scène du "Soleil de Printemps"

Xr fc-iniJirwK-iy -

tuel, ce qui ne correspond pas tout a fait A la sitnation, et ce qui fa i t , t - t-on dit. trop Lelouch. I l est ime quant A lui qu'il fal lait le trai ter

vc recul « car c'est un personnaci* .•n marc»- ». II dit aussi que la dis-tance avec laquelle il l'a interprété lui a é té dictée par le fa i t que ses partenaires étaient tous des ama-teurs. « autre* étant naturels. Je n«- pnmais pns jouer à l 'arteur .

FIDELE

MAIS PAS SOUMIS

Cet Hadi, il en revendique donc, en quelque sorte, la paternité d'autant qu'il y voit le prétexte A une auto-critique qu'il est ime nécessaire. Mats il se défend de fa i re de la politique, d'être un porteur de message . Pour lui. tout simplement, il y a des maux sociaux à dénoncer et il appartient aux nationaux de le fa ire. Il y voit une preuve de matur i té et de l iberté, une manière de prendre conscience, de poser les problèmes pour inciter t> les résoudre. II maintient qu'une telle démarche est à l 'honneur du pays qui la tente et il est ime qu'à cet égard le Maroc ne doit rien à avo i r

envier aux autres pays. « Il faut parler, i l faut d i r e » , a f f l rme- t -U.

Pourtant, certaines scènes Dtl soleil de printemps ont été coupées ? Amidou le déplore, tout en précisant que ces coupures lui semblent ê t r e davantage le fa i t de fonct ionnaires complexés et apeurés que de res-ponsables. Mais II s ' insurge contre l'idée que l'on puisse » me t t r e des ciseaux sur notre tète J.. D'autant, précise-t-il. que le but d'un tel f i lm, n'est pas de détruire, mais au contrai-

re di* construire ... Je suis f idèle, dit-i l encore, mais pus soumis »... Autant que les coupures, l 'accueil fa i t uu f i lm a déçu Amidou. Il est ime certaines crit iques injust i f iées et re-g re t t e l ' impact de questions non ci-nématographiques dans les réact ions suscitées par Le soleil de prin-temps Pour lui. ce f i lm serait davantage destiné au public de l 'exté-rieur. quant au public marocain ii I est ime dé f o rmé «• par les f i lms hin-dous i-| égypt iens et 1rs mélos d'il >

a 20 ans ». Mais en bref , s'il est déçu, il a f f i r m e n'être pas décourage « Il > aura, cllt-ll. un cinéma marocain. J 'y crois. |.es possibilités sont certes encore bien insuff isantes, mais le de-part i-st amorcé , il > a des e f f o r t » si le niveau n'es! pas excellent .

Est- i l prêt a part ic iper a la nais-sance de ce cinéma, A s ' engager a nouveau ' Sa réponse est immédiate

Si le sujet esl vu'ulde, ton» de suite J.

Mais A risquer son argent ? Il d i t ; Je l'ai iléjA risqué puisque pour

tuurner I s o l e i l d e printemps j 'a i alNiiidonné deux propositions in-téressantes en huro|M*. M je suis prêt è recommencer si l'on me propose d ' interpréter des uentonnages v ra i » et non pas du fo lk lore ». Il .» pourtant déclaré depuis Si l'on m'np|M-lais uni* seconde fois |>oiir un autre f i lm, je re fuserais ... Il ne part ic ipera pas davantage au projet du metteur en scène algérien Lukhdar Humina sur

Les f iancés du lac , mais il tour-nera par contre avec lui gra in dans la meule , un western, ainsi qu'un autre f i lm produit par Lelouch avant de jouer au théAtre, chez Bar-ruult, une pièce de Jar ry

LES PELERINS

Cependant, pc aurait-il. lui. pro-duire un film au Maroc ' I avoue y avoir pensé, avoir même trouvé le lieu et le sujet : l'attente des sauterelles dans un village du Sud. ce qui pourrait s'appeler Les pèlerins >.

Mais a part votre métier, qu'est-ce qui vous Intéresse Amidou — Rien ». mot a t u - Il -•• re-prend, cherche une meilleure réponse c l . t musique, ma fi l le .

Et sa femme ' Non pas sa fem-me. Il a un geste désabusé • J'étuis marié, mais autant oour !•• mét ier j 'ai eu de la chance, autant oour le ma-ria re. cela a été un échec. On peut I* dire Ce sont des «-liais-s i|iii arr i -v e » . El puis, reprenant le fil de 1 conversation, il avoue Je n'ai ,»as « ra i i i l t emps polir nenscr * autre chose : je suis englouti dans un II métier » .

Que ressentez • vous quand voi i travaillez ? — I ne joie intérieure 1res sourde « t l t é » é t rang lée par moi -même. I»-suis bi«-n «piaiid je suis uu autre. Je rentre dans uu--» rôles <|ii;na** ils me plaisent. Ainsi dans l . r » paravents j ' é ta is un révo l té . - » .

Et vous même, êtes-vous un ré-volté ? . — « Oui ..

Comment s'exprime votre révolte ' — « Pour l«* moment par le silence. \pra-s. par l ' image , je parlerai Attendons donc.

Zakya D A O U D

1 -

N O U V E L L E

par mohamnl ;iïi!i

L a s é p a r a t i o n

Ws&m

Comme chaque matin â cinq heures e: trente minutes pré.isas. MounSr A. 51» réveille en sursaut. En réalité, il ne se réveille pas tcut A fait Mounir A sert bru«nlement et A demi -conscient d'un rêve, toujours identi-que. Il est poursuivi A travers «les ruelles inconnues d'une ville inconnue par un hnmm? qu'il reconnaît A cha-que fois ; Mounir A est poursu.vl par lui-même. Quand il est proche de l'épuisement. Mounir A., dans un effort désespéré, se jette dans le vide et s'envoie. Dès qu'il échippe à son poursuivant. 1? sommeil le quitte.

Il ne s'agit pas d'un réveil. Mounir A. reprend simplement conscience. Car. comme chaque matin, il n'arrive pas A entrouvrir se3 paupières, bouger ses membres, ouvrir sa bouche ou r»mucr sa langue. Ii est conscient 01 lucide ; il sait qu'il s'appelle Mou-nir Be.i Mohamed A. par la grâce de l'Etat Civil, qu'il habite au 35. de la rue des Moineaux, qu'il est Off ic ier d'Etat-Civil à la Préfecture de Casa-blanca qu'il est sans deute cinq heu-res et trente minutes ccmme tous les matins, et qu'il vient d'échapper à lui-même en s'envolant dans le ciel. Mounir A. sait tout cela mais ses membres ne lui obéissent pas et res-tent collés l'un à l'autre, sans qu'il r ache s'ils sont d'acier ou de gélatine. Il sait qu'il est vivant et que le sommeil l'a quitté ; il entend battre son cour de plus en plus fort , de plus en plus vite.

La sueur baig.ie le visage de Mo inir A. qui fait des e f forts surhumains pour Ee lever Ses membres restent de marbre, il reste alors allongé, iner-te. se guettant peur ne pas sombrer dans une inconscience totale, peut-être le sommeil, qui lui semble être le mort.

Mounir A. renonce à se lever et res-pire profondément, plusieurs fois, puis, dans un suprême e f for t , comnu-chaque matin, à cette même heure, «•t bien qu'il sait être seul dans sa garçonnière, il pousse un cri déchi-rant. long et ample, rauque et stri-dent à la fois, un cri qui lui gonf le les tempes du cou et sous-tend les tempos, qui lui emplit le crâne à fôire éclater le cerveau, un cri qui finit en un long sanglot hoqueteux. Cet appel au secours qu'il crie tous les matins n'est en réalité qu'un fai-ble gémissement, un filet de murmu-re. une mince plainte poussée dans un souffle.

Au bout de quelques minutes, Mounir A. finit par avoir le dessus et obtenir une complète obéissance de ses mem-bres. Il se lève alors, s'étire, et fait quelques pas dans sa chambre p jur vérifier, semble-t-il. si tous les méca-nismes de «on rorps sont en ordre

Il se rend ensuite dans la salle de bains pour se tailler la barbe

Dès qu'il est devant la glace, Mounir A est saisi d'une fureur subite, com-me s'il venait de voir dans son reflet un autre que lui-même. En réalité il est furieux car. une fols de plus, comme chaque matin, il ne voit que lui-même dans la glace, La veille, il avait décidé une fois pour toutes de se séparer de lui-même, et de vivre er. paix. seul. Il s'était même fait une concession, et avait décidé de fre rap-peler A lui-même son souvenir, de temps en temps, ainsi que les tons ci les mauvais moments qu'ils avalent vécu tous les deux, ensemble.

Cependant, il s'avère que la soûle dé-cision ne suff it pas et qu'il lut faudra trouver un moyen pr.ur facil iter la séparation. Il prend alors son blai-reau. l'enduit de mousse, et en badi-geonne la glace qui devient opaque Devant le miroir aveugle. Mounir A .-L-nt monter on lui une bouffée de bien-être et une paix étrange. Il allu-me un poste de radio à transistors qui répand aussitôt dans la salle de bains une musique douce où domine le piano. Mounir A est tellement heureux qu'il a presqu'envle de dan-ser. Mais il s? ressaisit en pensant qu'à huit heures il doit prendre son service à la Préfecture. Il lui faut donc se raser au plus vite.

Le visage couvert de mousse, il ma-nœuvre avec précaution le rasoir, en ruivant le tracé de sa barbe qu'il oorlc en collier. Soudain, à la suite d'un faux mouvement, une brûlure aiguë et glacée, très exactement au-dessus d? la pomme d'Adam, le tire de si rêverie. Il essaie d'arrètei I écoulement du sang A l'aide d'un co-lon. mais les gouttes continuent de couler, précipitées, chaudes et vis-queuses.

Pour pouvoir localiser avec exactitu-de la blessure et la fermer. 11 se résoud à essuyer la glace, et A regar-der son image, avec attention. A l'aide d'un crayon cautérisant, il réus-sit après plusieurs tentatives il arrê-ter l'épanchement du sang. Il éprou-ve toutefois un regret, car le sang chaud lui châtouillait agréablement 1 * cou. et il avait aussi une belle couleur rouge vif. Il aurait voulu lccher son sang dont il aime le goût légèrement salé et acide. Il lui est arrivé plus d'une fois de se faire volontairement une légère coupure au doigt et sucer son sang.

Par mesure de précaution, il applique un peu d'éther puis du mercuroehro-uie sur s;» blessure.

Mounir A. se résigne A supporter son image et finit de se raser. Après avoir achevé sa toilette, 11 pense que

L» prob lème qui le p réoccupe doit ê t r e résolu d 'une m a n i è r e rad ica le . I l ro-te, u r n e dnns sa c h a m b r e , o u v r e le t i r o i r de sa tab le do c h e v e t , en sort un pistolet a u t o m a t i q u e et rev ient o i n s la sa l le de b a i n s où f l o t t e tou-j o u r s une m u s i q u e douce où domine le p i a n o mêlée il l 'odeur de l 'é ther . Mounir A pense que les r e f l e t s bleu-t é s du p .s to let ont que lque chose de r a s s u r a n t . I l a p p l i q u e le canon s u r s a nuque e t r e g a r d e son i m a g e d a n s le miro i r . L ' a c i e r f ro id du pistolet lui déc lenche tout le long du c o r p s d e s o n d e s de f r i s s o n s « l a c é s . I l r e t i re l ' a r m e et s ' é b r o u e , à la m a n i è r e d 'un chien s o r t a n t de l ' eau. P u i s II se m a s s e le c o u a v e c un peu d 'eau de C o l o g n e I I f a i t c o u l e r ensu i te l 'eau c h a u d e s u r un? s e r v i e t t e qu ' i l a p p l i -que s u r le pistolet a f i n d'en r é c h a u f -f e r l e c a n o n .

M o u n i r A c u v r e la bo iche, t o u j o u r s en r e g a r d a n t son i m a g e d a n s le mi-roir, app l ique le c a n o n contre son p a l a i s et a p p u i e s u r la gAchet t? . Un décl ic . I I r e t i re l ' a r m e de sa bouche et s ' a s s o l e s u r le rebord de !a ba i -g n o i r e . I l e x h a l e un p r o f o n d soupi r de s o u l a g e m e n t . I l est e n f i n l ibéré de lu i -même, et à pou de f r a i s r penre que ce la a é t é f i n a l e m e n t t rè s r.implc. propre , d é f i n i t i f , et qu' i l a u -rait dû e n v i s a g e r c e t t e so lut ion de puis déjft bien l o n g t e m p s . M o u n i r A . est s a i s i souda in d 'un doute 1 1 o u v r e la bouche, la r e f e r m • t e u m e la tête de dro i te e t de g a u c h e , ne c o n s t a t e r ien de par t i cu l i e r II se t â t e l a g o r g e e t n 'en re t i re au bout des d o i g t s qu 'un peu de m e r c j r o -c h r o m e . I l se lève et va v e r s la g l a c e , son i m a g e est t o u j o u r s li\ I ! prend le pistolet et l ' e x a m i n e soi-g n e u s e m e n t rancune t r a c e d e poudre , a u c u n e bal le ne m a n q u e . Le pistolet s ' é ta i t s i m p l e m e n t e n r a y é . M o u n i r A le nettoie et le r é v i s e d a n s ses moin-d r e s m é c a n i s m e s . I l s ' ins ta l l e ensu i te d e v a n t la g l a c e , a p p u i e le pistolet c o n t r e s a g o r g e , e x a c t e m e n t s u r l a l â c h e d e m e r c u r o c h r o m e , a u - d e s s u s de la p o m m e d ' A d a m , d i r i g e le c a n o n de b a s en haut , p o u r v i s e r l e c e r v e a u , p u i s a p p u i e s u r l a g â c h e t t e . U n e d é f l a g r a t i o n f o r m i d a b l e c o u v r e la m u s i q u e douce où domine le p iano M o u n i r A t i tube l é g è r e m e n t . La ba l le

p a r c o u r u p r e s q u e i n s t a n t a n é m e n t l a d i s t a n c e qui s é p a r e l a g o r g e du c e r v e a u . U n e bouil l ie mol le e t c h a u d e lui empl i t la bouche. la g o r g e et le nez. M o u n i r A . e s t sens ib lement déçu, o a r il c o m m e n c e â é t o u f f e r II en a m ê m e la n a u s é e . I l r e g r e t t e son g e s t e et décide de t r o u v e r un m o y e n moins d é s a g r é a b l e p o u r se s é p a r e r de lui-m ê m e .

A ce m o m e n t la m u s i q u e où domine !e p iano s ' a r r ê t e et un s p e a k e r lit ur.e annonce : M e s d a m e s . Mesde-moise l les . M e s s i e u r s , nous venons d ' a p p r e n d r e à l ' ins tant que M o n s i e u r M o u n i r A. , o f f i c i e r d ' E t i t - C K i l à la

* - -»5

Préfecture «te Casablanca, célibataire, vivant seul avec lui-même, s'est tué e r. se tirant une balle flans la tête. Ses collègues <le bureau pensent qu'il s'agirait d'un suicide consécutif A un drame de la rupture En e f f e t . Mou-nir A aurait laissé entendre depuis longtemps qu 'il avait l 'intention de se séparer de lui-même, pour v ivre à sa guise et mener une vie plus libre aurait-il déclaré A plusieurs reprises. Selon ses dernières volon-tés. Mounir A accompagnera seul sa dépouille mortelle à sa dernière demeure. Puis la musique douce où domine le piano reprend, couvrant un peu le gargouil lement que Mounir A perçoit au fond de sa go rge A cette nouvelle Mounu A est sur-pris. Il en est même perplexe. Mais très vite il se reprend et saisit l 'inté-rêt de la situation. Puisque la sépa-ration est non seulement consommée, mais désormais connue, il ne démen-tira pas. Il fera ainsi l 'économie de

GORGE CHAUDE ET GUERRE FROIDE...

/, E syndicat américain des

fabricants de soutien-gorges est

paniqué. Les ventes ont bais-

sé de 5 à 1 % Le 1er août

dernier, les étudiantes améri-

caines ont manifesté paci f ique-ment (c'est à la mode) pour

la suppression de ce dernier,

ou presque, bastion de la pu-deur féminine Elles étaient

5.000 11/3 des étudiantes) le

torse libre et non dissimulé

le trouve les américaines bien

présomptueuses Ont - elles

pensé, ces inconscientes à la

peine qu'elles auront à ra-

masser plus tard ce qu'elles

• laissent tomber » aujour-

d'hui ?

Non En Amér ique on ne pen

se guère, c'est bien connu Pas

le temps, la vie va trop vite

Alors on s'ennuie, paradoxale-

ment Et pour se distraire, les

femmes font la guerre au sou-tien-gorge, ef les hommes la

gueno au Viet-Nam

Au nom de la liberté des uns

et de l'autre.

Ils sont fous ces Américains

TOUATIA

nouvelles recherches et de nouvelles tentatives. Il décide donc d'écrire sur le champ à son chef de service. Mounir A. sent ses jambes mollir, et son cspr.t un peu s'embuer II met cela sur 1? compte de l 'émotion que lui cause sa situation nouvelle d'hom-me libre. A petits pas et en s'ap-puyant au mur. il regagne sa cham-bre. U sort de la commode du papier ev un crayon et écrit A son chef de •orvice.

A Monsieur le Chef de Service tic F Etat-Civil. Annexe A Bureau 112 Préfecture de Casablanca

Monsieur le Chef de Service. Tout d'abord je voudrais m'excuser au près de vous car ic fais vous distraire de votre travail important, et vous pren-dre un peu de votre temps qui esf pré cieux. le sais en effet rue je suis cou pable car je vous écris pour vous faire part de questions qui me sont person-nelles et qui ont trait .i ma v:e privée, (.omrne vous avez dù sans doute l'enten dre à la radio, je me suis séparé ce matin de moi-même a l'aide d'un pistolet automatique Si cette séparation causait lin préjudice quelconque a qui que ce soit, croyez bien que ;c le regrette Vous pouvez être certain que je ferai le maxi-mum pour que mon travail n'aie pas a en ••ouffru Je crains cependant de ne pou-voir reprendre n:on service a v a n t quelques fours ftour accomplir les forma-lités <fu exige la séparation dont je par-lais plus haut

En effet. ;c dois me rendre moi-même et seul .i mon enterrement Connaissant la cruauté des yens, je sais qu'ils sont capa-bles de se mettre a plusieurs, et même en cortège pour me pousser au cimetière Dès que j'aurais effectue l'enterrement, et réglé les formalités de succession. ;c ne manquerai pas de reprendre mon service sans tarder En vous remerciant à l'avance pour •i bienveillante compréhension que vous voudrez bien m'accorder, le vous prie d'agréer. Monsieur le Chef d. Service. l'e.\fKcssion de ma ton suie r et ion très distinguée

MOUNIR A PS V ou5 voudrez bien prier mon collègue S. d'inscrire au registre M Eolio 15-1. case 67. la mention suivante

Mounir A séparé de lui-même le lundi i') octobre 1933. a 7 heures 11 minutes £*ncorc Merci.

M A Mounir A pose son crayon et ne bouge plus. Il ne peut plus bouger. Comme A son réveil tout A l'heure, ses membres ne lui obéissent pas. Il f e rme les yeux et ne peut plus en-t r ouv r i r les paupières. Il ne bouge plus lu tête qui est devenue «l'un poids de plomb. U sombre alors dans une inconscience totale, peut-être le sommeil, qui lui semble être la mort .

Mohamed A FI FI Juillet 1989

v i o l e n c e

( "est un fait admis que l<s manifes-tations de l 'agrevdté , sur le plan so-cial. sont une dérivée de l 'agressivité individuelle qui s'extériorise. On in-t« ml ici agressiv i té au sens de por-ta i en soi des éléments d'hostilité a nvers les au t r e s » . la dynamique de rr fait es| fonction de l'Intensité «le •a manifestation agressive et celle-cl e>t fonction «le ses déplacements vers les sujets «>u !«••, objets. Elle s'expri-me donc d'autant plus 'Jans une di-rection qu'elle la» fait moins dans l 'autre.

I.'agra-ssi\ i lé est don» bia-n comme la-vamlait Freud, comprise comme un principe «l 'économie qui gouverne la vie mentale. ("est-A-«lira- qu'elle peut s'accumuler en tension Intérieure pour si- déi-barger ensuite A l'exté-rieur sur le pian social.

On u mis eu lumière le fait qua-l 'agressivité peut être détournée et disparaîtra* du plan phén«»:nénadogi<pia-«lirccl |M»ur se manifester par « l e s dé-r ivat i fs .

Tel les sont les prémisses qui guide-ront notre réf lexion sur le thème

violence et cinéma >. On peut, en e f f e t , émettre plusieurs hypothèses

a- si dans un petit groupe on aug-mente l 'agressivité individuelle grAce A un stimulus adéquat, on constate une augmentation de l 'agressivité sociale.

b> si on applique A ce groupe un stimulus favorable A la décharge «le l 'agressivité, le niveau de celle-ci en sera diminué

ci si l 'agressivité du point de vue dynamique est analogue A la libi-do. on trouvera A sa charge des m é c a n i s m e s de défense bien connus.

Ceci revient A dire :

11 que la cause la plus directe de l 'agressivité est l 'agression : celle subie en condition «le passivité

2l que «levant *les descriptions émo-tives on est généralement porté A v ivre la situation présentée selon son propre passé Imaginati f plutôt que selon l 'object iv i té actuelle.

4t. - ï

L 'ampleur de ces phén peut être niée et on peut

et c inéma par Jean CHIOCCHETTI

Deux plans tir Atulrc Roubliev ". de A Tarkovski

I l convient de dire d 'emblée qu'il ex is te un rnpport entre les phénomènes émot i f s et les phénomènes percept i f * et que si l'on change les premiers on rencontre une modi f icat ion dans les seconds sans qu'il «oit ponxjble de déterminer exactement les passages de l'un A l 'autre reg is tre

La condensation de type f i lmique est régie, en e f f e t , par une absence totale de logique, conclusion», déduc tmn». logique, n 'y ont aucune fo rce « l ' intervention Le * piocessus en ques-tion l 'état f i lmique » , c omme le voulait Feeldman. nont d'un autre ordre.

UN TEXTE

D UNE EMOTIVITE

SADIQUE

A f i n «le mieux Hituer ces phénomènes nous vous proposons la lecture d'un passage du l ivre de I v o Amtrich « Il «••s» uu pont Mir lu Urina • 1 •

L 'expér ience est éprouvante, mais ce texte emprunt d'une émot iv l t é sadi-que provoque, sans aucun doute, une augmentat ion de l 'agress iv i té indivi-duelle C'est la peur même «le l 'agrrs-sion. Le texte provoque encore un sentiment «le révolte, «le peur. «I«»nc une accumulation d 'agress iv i té che? qui l 'entend

Pourtant la présentation «le visag»"-inconnus est une Circonstance favo-rable il l 'extériorisat ion de l 'agressi-v i té Si t ravers le mécanisme de la project ion C'est pourquoi ces person-nages deviennent une sour« e «le me-nace externe et sont perçus comme méchants.

Les T : t g an e s s'approchèrent du condamne et le depouillerent de sa veste cl de sa chemise Sur s,i poitrine app»\ rurent les plates causées par les chaîne». rouges et tuméfiées Ils le firent coucher à terre sur le ventre, ye r»ur<vif au-dessus </•• lui. lui Itèrent d altord les maim dans le dos. puis ils lui attachi'rent une corde a chaoue jambe autour de. cheville*

Enfin, chacun tira de son cote, lui écartant ainsi largement les jambes Pen dant ce temps, le {fourreau avait place le pieu de fa>,on uue la pointe arrivât entre les jambes du condamne. Il tua ensuite de sa ceinture un couteau large et court, s'agenouilla près de Fhomme étendu a terre et te pencha *ur lui pour couper t étoffe de ses pantalons entre les ïambes et pour élargir /ouverture a travers lauuelle le pieu allait pénétrer dans le corps. Cette partie la fAus /k>rri-ble du travail du l>ourrcau resta heureu-sement invisible pour la spectateur * On vit seulement le corps ligote tressaillir

ï - 47

sous la piqiire brève et imperceptible du couteau se dresser jusqu'à la taille, com-me s'il allait se lever, puis retomber sou' dam en frappant sourdement conrrc les planches. Quand il eut term:nê cette opé-ration. le Tzigane sauta en arrière, saisit .1 terre le maillet de bois et se mît a en frapper la partie inférieure du pieu qui était ronde. Entre deux coups, il s'arrê-tait un moment ci regardait, d'abord le c<*ps dans lequel s'enfonçait le pieu c. ensuite les deux Tziganes, les exhor-tant a tirer lentement et régulièrement. " Le corps du paysan, les jambes écar-ts es. se convulsait instinctivement: a chaque coup de maillet la colonne ver-tébrale se courbait. "Sur les deux rives, le silence était si hrand que /" on distinguait nettement cha-que c o u p et son écho, quelque part sur la rive escarpée. Ceux qui étaient les plus rapprochés, pouvaient entendre flemme frapper du front contre les plan-ches. et aussi, un deuxième son insolite : mais ce n'était n: un gémissement, m un cri. ni un raie, m aucun son humain quel qu'il soit. c'était tour ce corps .étendu et terture. qui faisait entendre un grince-ment et un craquement, comme une pa-lissade renversée ou du bois que T on brise. Tous les deux coups, le Tzigane allait auprès du corps étendu, se pen-chait au-dessus de lui. examinait si le pieu progressait dans la bonne direction equand il s'etair assure qu'il n'avait blessé aucun organe vital, il recommen-çait sa besogne. Pendant un moment les coups s'arrêtaient ; le bourreau avait re-marque qu'au sommet de Tomoplate droite, les muscles s'étaient tendus et la peau s'était soulevée.

Il s'approcha et fit rapidement, a tra-vers cet endroit gonflé, deux incisions forme de croix. Un sang s'ecoula. d'abord lentement, puis toujours plus fort. Encore deux ou trois coups légers, et enfin, a T endroit percé, se mit a appa-raître la pointe du pieu. Il frappa encore un peu jusqu'à ce tnie la pointe attei-gnit la hauteur de r oreille droite. " L'homme était empale sur le pieu com-me un agneau a la broche, à la seule différence que la pointe ne lut sortait pas de la bouche mais dans le dos. et n'avait gravement endommagé m T intes-tin. ni le corur. ni les poumons ".

LES FILMS

O U I - L I B E R E N T -

Il va de sot qu'une lecture à haute voix el en groupe permet de mieux comprendre ce que noua entendons par manifestation d 'anx ié té . L'anxiété provoquée ici est de t ype flottant, disponible. Certains seront alors enclins a se l ibérer imméd ia t e -ment en canalisant leur ag r ess i v i t é : en manifestant sur le champ, appro-bation ou désapprobation en ut i l isant des réflexes de défenses bien connu» (protestations rires, ges t i cu lâ t ons etc._) .

D'autres qui restent appa r emment in-d i f f é r en t s re fou lent , é lo ignent du c h a m p de la conscience ce t te anxiété , ce qui ne s i gn i f i e pas qu'e l le dispa-rait . E l le se man i f es te ra aut rement sur des dé r i va t i f s à l 'occasion d'une décharge possible. I l dev ient a lors possible de poser ce t a x i ome : P lus les g ens man i f e s -tent pendant l 'appl icat ion de l ' exc i ta-tion. moins ils s ' exc i t e ront ensuite ->. Dans le doma ine c inématog raph ique , ceci tend à p rouver que l 'assistance à cer ta ins g en r es de f i lms , sert souvent à d é cha rge r l ' ag ress i v i t é accumulée â la sui te d ' exc i ta t ions émot i ves . Et ainsi se c o n f i r m e que plus la par t ic ipat ion au spectac le c inémato -g raph ique est é levée , plus le méca -n isme de décharge de l ' ag ress i v i t é est intense.

I l est a lors a isé de comprendre l ' im-por tance des st imul i exc i tants , ag res -s i fs . intensément émot i f s , dest inés à produire un accro issement d 'agress i -v i t é social isée. Ce la d émon t r e encore l ' e f f i c a c i t é l i-bé ra t r i ce exe rcée par des f i l m s f o r -t ement dynamiques dans lesquels l ' ag ress i v i t é s ' e xp r ime l ibrement en

mouvemen t eu en host i l i té >. L ' a g r e s s i v i t é provoque a lors des mé -canismes de p ro j ec t i on par dé fense , des processus d ' ident i f i cat ion, d ' iso-lement . carac té r i s t i ques de la l ibido, ce qui tend à p rouve r le ca rac t è r e inconscient de la dynamique de l ' ag ress i v i t é , ses modes d 'act ion, d 'a t -taque e l de déchargé l ibératr ice . I l e3t é ga l emen t possible de con f i r -m e r ces hypothèses en cherchant à conna î t re les résul ta ts obtenus lors de la p ro j ec t i on de f i l m s exa l tant la xo lonte de puissance. D?s expér i ences f a i t e s a v e c : I v an l e t e r r ib le . de E i s e n s t e i n e t

Schaekespeare W a l l a h >. de I v o r i . tendent à p rouver q u ' e f f e c t i v e m e n t , suivant le contenu du f i lm , les réac-t ions seront d i f f é ren tes .

I v an le terr ib le permet , sans au-cun deute . en t re autres choses, de mesure r l ' intensi té de la mo t i va t i on au pouvo i r de cer ta ins . c ' es t -à-d i re 13 tendance à a t t endre et à conserver le con t rô l e des moyens et des per-sonnes. Les su je ts qui y sont por tés révè lent un intérêt par t i cu l i e r pour le leader, et une tendance s i gn i f i ca t i v e a conva incre les aut res d ' adopte r leur point de vue. les ent ra îner à leur ni-veau de ré f l ex ion , à les intéresser à leurs prob lèmes . Pour Schaekespeare Wa l l ah f i lm des ex is tences sacr i f i ées , on cons ta te souvent l ' inverse.

UN INSTRUMENT

REVELATEUR

Ce qui rev ient à d i re que la vo lonté de puissance a é t é s t imulée d i f f é r e m -ment dan » l'un et l ' autre cas. II y a

de ce fa i t act ion d i f f é r e n t e sur la dynamique ag ress i ve des spectateurs. Pa r t i c i p e r à I v a n le terr ib le dy-namise intensément le besoin de pou-voir . mais décharge ce besoin, si bi?n que le n iveau de mot i va t i ons subit un abaissement ; par contre si un f i l m es . pauv r e en ce g?nre de mot i -vat ion. le need f o r power est in-t ens imen t s t imulé ensuite et cela d 'autant plus que la part ic ipat ion au-ra é t é plus f o r t e .

On peut donc en déduire que le fi'.m peut ê t r e emp l oy é nen seulement c o m m e instrument régu la teur de l ' ag ress i v i t é productr ice , mais égale-ment c o m m e instrument révé la teur de l ' ag ress i v i t é hosti le. I I va de soi qu'un tel point de vue n'épuise pas l ' ampleur de ce sujet N o u s voul ions s imp lement poser des p rém sres à une re f l ex ion utile, a f in de dépasser le s tade des opinions ha-bi tuel les opmicns que l'on peut c lasser assez f a c i l emen t ainsi ai la v io lence vue à l ' écran aboutit

à la mimes is :. E l le provoque des c o m p o r t e m e n t s rée ls de violen-ce.

t » l ' ag ress i v i t é se l ibère dans l ' ima-g ina i r e i ca thars i s » ,

c i le c inéma est un divert issement, un moyen de culture, sans aucune l iaison a v e c le quot idien, son e f f e t est nul et sans rappor t avec le réel.

Ces op in ions compor t en t bien sur une par', de vé r i t é , ma is nous renseignent surtout sur l ' é t a t mental et les concept ions de ceux qui les émettent L ' é tude du phénomène nous oblige à cons ta te r le ca rac t è r e complexe de l ' e f f e t considéré .

G r â c e â l 'é tude scc io log ique . aux me-thede pro j2Ct ives et surtout aux tests f i lmiques , i l semble désormais possible de m ieux approcher ce ja i l -l issement qui donne naissance a la v io lence.

L - s angoissc-s ressenties dans la v ie q u o t i d i e n n e , les compor tements a g r e s s i f s do ivent éga l ement fa i re l ' ob j e l d 'é tudes e t de recherches. Les inst i tuts de f i lmo l o g i e s 'y emploient a c t i v emen t et des enquêtes en cours permet t en t de penser qu'une métho-do log i e se d é g a g e r a peu à peu. nous pourrons ainsi mieux cerner ces zo-nes d ' ombres dont par le Edga r Mo rin.

L e s t r a vaux des P ro f e sseurs Fulchi-gnoni . Geme l l i . Konopada et de bien d 'autres chercheurs sont des ja lons impor tan t s dans c e t t e recherche. I ls pe rmet t en t dé jà de mieux compren-dre la s i tuat ion f i lm ique et les condi-t i on » é m o t i v e » du spectateur , ainsi que l e » phenumènes d ' intro-path ie s i impor tan t s au c inéma.

Jean C H I O C C H E T i i

11» • Ii est un pont sur la Drian >. p. •Il - Pion. 1 Feux Croises

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U Pi*)$l 4 f*AMAK)f OU'Off: J>L POOf PAYE* t,TvDF-S 4

GF 7fiAMA'Lii. Peu' £>*£ pu M. \ f M ' S Plus TA*P, non F't S ieAA QUELQU'UN LOI AUfSi

ET QU'IL fAUDfiA COtJSOUA' Pi M U Jour pes zt suc ta rr poAjr u FAI'PXA p f i f t j x u

LA f i t ù Vf PaOU-gue Cf s? p£ TfiAPTPA*J$ 1* F4M'U>£

J £. T/tAvA'UL PEUT- £>*£. PO*, " A ' i fiU's TAGP, rtO*> F« S (SWSI OUIQU<M>

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v y IUJ FA' i PA*> HAflAtJ, OAJ s'ACm n/CA, rt

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