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1 Histoire de l'art et d'archéologie : Art romain I. Rome : des origines à la fin de la royauté étrusque (753-509 BC) La fondation légendaire de Rome Les romains concevaient la fondation sous forme de légende: c'est le mythe de Romulus et Remus. De Troie partit un prince troyen, Énée, fils de la déesse Venus et d'Anchise. Énée s'enfuie avec son père et son fils Lule, à la tête d'un groupe de réfugiés. Ils débarquèrent sur les rives du Datium et Enée épousa la fille du roi local, Latinus. Il fonda Latinium. Une fois adulte, Lule part et fonde à son tour Albe la Longue. Après lui, régnèrent douze rois. Le treizième roi, Numitor, avait un frère, Armulius, qui s'empara du trône. Il n'avait qu'un seul problème : Rhéa Silvia, la fille de Numitor. Il la fit vestale (prêtresse du culte de Vesta, vierge et doit rester chaste). Mais Mars va à l'encontre de la volonté du roi en fécondant Rhéa Silvia. De cette rencontre vont naître Romulus et Remus. Elle les cacha dans un panier, le mit sur le Tibre. Ils arrivèrent à l'emplacement de la future ville de Rome, où ils furent découverts par une louve, qui les allaita. Un berger les découvrit plus tard. Longtemps après, les enfants découvrirent leur origine. Ils remirent leur grand-père sur le trône d'Albe la Longe et décidèrent de fonder une ville. Pour fonder la cité, ils prirent une simple charrue et créèrent le pomerium (l'enceinte sacrée). Le sort, par le biais des vols des oiseaux, choisit Romulus pour tirer la charrue. C'est donc Romulus qui créa réellement la cité. Remus, jaloux de la chance de son frère, décida de le narguer en sautant au-dessus de l'enceinte, commettant ainsi un sacrilège. Suite à ça, Romulus et Remus se battirent, et Remus est tué. Romulus fonda alors la ville avec un groupe d'amis et lui donna son nom. Le problème, c'est qu'il n'y avait pas de femmes. Les jeunes hommes inventent alors un stratagème : ils organisèrent une grande fête, invitèrent les Sabins, et les enlevèrent milieu de la fête. Romulus va devoir structurer la ville. Pour les romains, Romulus est le fondateur du sénat. Il disparait lors d'un orage (enlevé par les dieux ou discrètement tué par des sénateurs). 1. Les Villanoviens (IX-VIII) : l'époque géométrique, la Rome protohistorique A cette époque l'Italie n'était pas unifiée, il y avait quantité de différentes populations. Les Villanoviens ont été individualisés suite à la découverte d'une nécropole près de Bologne. Dans beaucoup de civilisations on connaît davantage les tombes que les habitations. En Lombardie et en Toscane vivent beaucoup de peuples différents. Au Sud il existe une influence à la fois grecque et carthaginoise. Ils sont très commerçants, et sont installés essentiellement en Sicile et en Sardaigne (comptoirs commerciaux). Ceux qui ne sont ni grecs ni carthaginois sont appelés « population italique ». Ces différentes populations engendrent des zones d'influence créant des régions spécifiques à l'époque d'Auguste (7 siècles plus tard). Le problème est qu'ils ne parlent pas tous une langue indo-européenne, c'est une situation extrêmement complexe. 1.1. La civilisation villanovienne Les 9 et 8 e siècles BC marquent un moment de transition entre la protohistoire et l'histoire. L'écriture est arrivée en Italie aux environs de 775 avant notre ère. Dans l'île de Pithecusae, viennent s'installer des Grecs qui proviennent de l'Eubée. L'alphabet grec qu'ils apportent est l'alphabet eubéen. Plus tard ils fondent la ville de Cumae sur le continent. Les Villanoviens nous intéressent particulièrement car Rome est incluse dans leur territoire. C'est une civilisation proto-urbaine, très peu structurée. Ils ne sont pas organisés de façon hiérarchique, leurs bâtiments sont constitués de cabanes, il ne construise pas de temples ou de palais. Ce qu'on en sait provient de tombes. Sur le futur forum de la ville de Rome, on a retrouvé une urne villanovienne. Cet endroit était au départ un marécage très inondable, sur lequel on a placé des nécropoles. Un puits est creusé (on a donc des tombes à puits fermé par une dalle en tuf), dans lequel on met un grand vase (un dolium), contenant l'urne

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Histoire de l'art et d'archéologie : Art romain

I. Rome : des origines à la fin de la royauté étrusque (753-509 BC) La fondation légendaire de Rome Les romains concevaient la fondation sous forme de légende: c'est le mythe de Romulus et Remus. De Troie partit un prince troyen, Énée, fils de la déesse Venus et d'Anchise. Énée s'enfuie avec son père et son fils Lule, à la tête d'un groupe de réfugiés. Ils débarquèrent sur les rives du Datium et Enée épousa la fille du roi local, Latinus. Il fonda Latinium. Une fois adulte, Lule part et fonde à son tour Albe la Longue. Après lui, régnèrent douze rois. Le treizième roi, Numitor, avait un frère, Armulius, qui s'empara du trône. Il n'avait qu'un seul problème : Rhéa Silvia, la fille de Numitor. Il la fit vestale (prêtresse du culte de Vesta, vierge et doit rester chaste). Mais Mars va à l'encontre de la volonté du roi en fécondant Rhéa Silvia. De cette rencontre vont naître Romulus et Remus. Elle les cacha dans un panier, le mit sur le Tibre. Ils arrivèrent à l'emplacement de la future ville de Rome, où ils furent découverts par une louve, qui les allaita. Un berger les découvrit plus tard. Longtemps après, les enfants découvrirent leur origine. Ils remirent leur grand-père sur le trône d'Albe la Longe et décidèrent de fonder une ville. Pour fonder la cité, ils prirent une simple charrue et créèrent le pomerium (l'enceinte sacrée). Le sort, par le biais des vols des oiseaux, choisit Romulus pour tirer la charrue. C'est donc Romulus qui créa réellement la cité. Remus, jaloux de la chance de son frère, décida de le narguer en sautant au-dessus de l'enceinte, commettant ainsi un sacrilège. Suite à ça, Romulus et Remus se battirent, et Remus est tué. Romulus fonda alors la ville avec un groupe d'amis et lui donna son nom. Le problème, c'est qu'il n'y avait pas de femmes. Les jeunes hommes inventent alors un stratagème : ils organisèrent une grande fête, invitèrent les Sabins, et les enlevèrent milieu de la fête. Romulus va devoir structurer la ville. Pour les romains, Romulus est le fondateur du sénat. Il disparait lors d'un orage (enlevé par les dieux ou discrètement tué par des sénateurs).

1. Les Villanoviens (IX-VIII) : l'époque géométrique, la Rome protohistorique A cette époque l'Italie n'était pas unifiée, il y avait quantité de différentes populations. Les Villanoviens ont été individualisés suite à la découverte d'une nécropole près de Bologne. Dans beaucoup de civilisations on connaît davantage les tombes que les habitations. En Lombardie et en Toscane vivent beaucoup de peuples différents. Au Sud il existe une influence à la fois grecque et carthaginoise. Ils sont très commerçants, et sont installés essentiellement en Sicile et en Sardaigne (comptoirs commerciaux). Ceux qui ne sont ni grecs ni carthaginois sont appelés « population italique ». Ces différentes populations engendrent des zones d'influence créant des régions spécifiques à l'époque d'Auguste (7 siècles plus tard). Le problème est qu'ils ne parlent pas tous une langue indo-européenne, c'est une situation extrêmement complexe.

1.1. La civilisation villanovienne

Les 9 et 8e siècles BC marquent un moment de transition entre la protohistoire et l'histoire. L'écriture est arrivée en Italie aux environs de 775 avant notre ère. Dans l'île de Pithecusae, viennent s'installer des Grecs qui proviennent de l'Eubée. L'alphabet grec qu'ils apportent est l'alphabet eubéen. Plus tard ils fondent la ville de Cumae sur le continent. Les Villanoviens nous intéressent particulièrement car Rome est incluse dans leur territoire. C'est une civilisation proto-urbaine, très peu structurée. Ils ne sont pas organisés de façon hiérarchique, leurs bâtiments sont constitués de cabanes, il ne construise pas de temples ou de palais. Ce qu'on en sait provient de tombes. Sur le futur forum de la ville de Rome, on a retrouvé une urne villanovienne. Cet endroit était au départ un marécage très inondable, sur lequel on a placé des nécropoles. Un puits est creusé (on a donc des tombes à puits fermé par une dalle en tuf), dans lequel on met un grand vase (un dolium), contenant l'urne

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accompagnée des offrandes funéraires (encensoir, alimentaires, ...). Leur céramique (qu'on appelle l'impasto), est une pâte non épurée, fabriquée sans tour. Ils utilisaient des urnes cinéraires de deux types : les urnes biconiques et les urnes cabanes, décorées par des motifs géométriques, elles sont façonnées comme des cabanes villanoviennes. La cabane est ovale, son bord est gravé. Au-dessus de la porte, on retrouve un lanterneau qui fait passer l'air et laisse sortir la fumée. Le toit est à double battant. Les couvercles des urnes féminines sont des écuelles et ceux des urnes masculines sont des casques.

Sur le mont Palatin même, on a retrouvé des traces d'un village villanovien. Les locaux ont dû creuser la pierre volcanique constituant le sol pour créer des trous de poteaux (laissant des traces). On a pu donc très facilement reconstituer les cabanes. Attention, sur les plans archéologiques, ce qui est en pointillé représente une reconstitution ! Il faut vérifier ce qui constitue une supposition de l'auteur et ce qui est assuré (en ligne continue). On sait que les romains ont conservés une cabane, qu'ils considéraient comme étant la cabane de Romulus, et qu'ils conservèrent et restaurèrent durant toute l'histoire romaine.

2. La domination étrusque, la Rome archaïque (575-475) Rois romains : Rois étrusques : Romulus Tarquin l’Ancien Le Sabin Numa Pompilius Servius Tullius Tullius Hostilius Tarquin le Superbe Le Sabin Ancus Martius

Ces trois derniers rois représentent les rois étrusques, ayant gouvernés entre 616 et 509. Suite à Tarquin le Superbe, le terme de rex prend un sens très négatif. Les rois étrusques constituent la phase orientalisante (700-575). Elle se produisit avec les Étrusques. Ce peuple apparait vers 700 BC, sur les terres des villanoviens. À partir de cette époque, on a quantité de liens commerciaux avec les Grecs et les Phéniciens. Grâce à ces derniers, les Étrusques entrent en possession d’objets orientaux. On a déjà des comptoirs commerciaux et des colonies grecs le long de la côte de la « Grande-Grèce ». Les grecs importent leurs techniques (le tour, épuration de la céramique, ...) en Italie, ainsi que l'écriture, qui sera immédiatement reprise par les étrusques. Elle sera la marque de l'aristocratie étrusque, et deviendra même de la décoration. L’Italie devient alors une sorte de mélange multiculturel. À partie de cette époque, l'Italie sera appelé la Grande-Grèce.

Fibule de Préneste, 675-650 BC

Près de la ville latine Préneste (Palestrina), non loin de Rome, on a découvert deux tombes fabuleuses, remplies d'objets, notamment une fibule (broche) à drago en or. Sur cette fibule se trouve la première inscription latine de l'histoire romaine (MANIOS MED VHE VHAKED NUMASIOI). Cet objet n'a pas été retrouvé dans son contexte, mais a été offert par un scientifique allemand (W. Helbig) au musée de Rome, on s'interroge donc sur l'authenticité de cette inscription car certains pensent que la fibule fut offerte par Helbig à l'institut pour narguer ceux qui avaient mis fin à sa carrière. La Phase Archaïque prend fin en 475 BC, alors que le monde romain connait deux grandes batailles, dont celle de Cumes. C'est aussi la fin de l'apogée étrusque. À cette époque, on a des étrusques à Rome. On en possède la preuve d’après l'architecture sacrée dans la cité ; en effet, Les étrusques étaient des hommes

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très pieux. Ils ont écrits de nombreux volumes religieux, à propos d’une religion révélée. Ils ont donc des livres sacrée, divisées en trois disciplines : la vie sacrée, comment comprendre la volonté des dieux (aruspice,...) et comment lire la volonté des dieux dans la foudre.

2.1. L’architecture sacrée

Y-a-t-il des traces des étrusques à Rome? Oui, leur influence est très marquée, il est clair qu'ils sont passés par là. Les preuves les plus évidentes en sont les temples (templum). Un templum peut être traduit par sanctuaire, espace sacré délimité par un prêtre. C'est un espace quadrangulaire, dans lequel on ne peut rentrer que par l’escalier axial puis par une petite entrée centrée. Néanmoins, ce n’est pas un temple ; mais il va engendrer la manière de construire les temples romains. En ce qui concerne l'architecture romaine et étrusque, une grande documentation nous est parvenue par un auteur antique : Vitruve. Un temple étrusque a un plan presque carré (5/6), divisé en deux parties égales : un porche avec deux rangées de colonnes très espacées et une cella tripartite présentant trois chapelles (triade capitoline : Jupiter/Tin, Junon/Uni, Minerve/Menrva). La chapelle centrale est plus large (4/10 alors que les deux autres font 3/10). L'arrière du temple étrusque est un mur nu. L’ordre des colonnes est toscan (fût lisse, chapiteau dorique, décorées de couleurs vives, la hauteur représente 1/3 de la largeur du templum). Le temple étrusque est mis sur un podium, avec un escalier ou une rampe d'accès. Construit en bois, les fondations sont en tuf, et l'élévation en brique crue (brique séchée au soleil), les décorations sont faites en terre cuite. Il n'y avait pas de décorations sur les frontons, on ne voyait que la partie visible des pannes constituant la charpente. Le temple étrusque a un fronton plus plat que ceux des temples grecs.

Les temples étrusques sont très différents des temples grecs. Les grecs placent des acrotères (ornement sculpté disposé au sommet ou sur les deux extrémités d'un fronton) aux angles des toits, mais jamais de sculptures sur la panne faîtière (panne située au sommet de la charpente), ce que faisaient les étrusques. Dans les temples étrusques, la polychromie est très vive (les matériaux encouragent à être peints). De plus, les temples grecs sont périptères, ce qui n’est pas le cas des temples étrusques.

Le Capitole (580-509), Rome Le Capitole est le plus grand temple de la ville antique de Rome, ainsi que le plus grand temple étrusque connu. Il sera considéré comme le plus prestigieux temple romain durant toute l’époque romaine. Il a été construit durant la royauté, commencé par le premier roi étrusque de Rome (Tarquin l'Ancien), dès 580 avant notre ère. Il a été inauguré en 509, année durant laquelle le dernier roi de Rome est chassé. Il a donc été dédié dans les premiers jours de la République par l’un des deux premiers consuls. Pour construire ce temple, le roi a fait venir des ouvriers étrusques car il n'y avait pas assez de main d’œuvre qualifiée dans à Rome. Avant sa construction, on a fait venir des augures qui écouteront la volonté des dieux et vont délimiter l'espace sacrée. Il mesure 55 sur 60 m. Les éléments gris sont ceux qui ont été retrouvé sur place, le reste est une reconstitution. La décoration a été faite par le sculpteur Vulca, de la ville de Veies. C'est lui qui réalisa l'acrotère faitier qui représentait Jupiter sur un quadrige. Il y a un escalier axial, un haut podium, avec une sorte de forêt de colonnes et, au fond, les cellae dont celle du milieu

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est plus large. On remarque une légère différence avec les autres temples étrusques : il y a trois rangées de colonnes à l'avant ainsi que des colonnes sur le côté : c'est un temple de style périptère sine postico (entouré de colonnes sauf à l'arrière). Étant en bois, il a souvent brulé. Chaque fois, on le reconstruisit toujours en suivant le plan d'origine, en en changeant quelques parties (les colonnes en bois deviennent en marbre, ...) Ce temple était très décoré, mais il ne reste aucun vestige de cette décoration. Il est très sacré pour les Romains, c'est leur temple fondateur. Dans les colonies, ils installeront presque systématiquement une copie du capitole (en Afrique du nord, en Asie mineure, ...).

Le temple de Portonaccio, Veies, 500 BC

Le sanctuaire de Portonaccio a été construit vers 500 BC, il s’agit d’un endroit extra-urbain sacré (entouré d’un téménos). Il est clairement dédié à une divinité guérisseuse (probablement Minerve). Il a été utilisé comme carrière au Moyen-âge.

Ce qui est intéressant dans ce temple est sa décoration architecturale. Les statues de la faitière (acrotères) sont presque de grandeur nature ; elles sont creuses, en terre-cuite et en mouvement. Entre leurs jambes, on peut voir une palmette végétale servant de support. L’Apollon de Veii (un des acrotères peut-être fabriqué par Vulca) suit la mode de Grèce orientale (homme habillé). Il est polychrome et a un sourire archaïque. Il a été trouvé dans la villa Giulia mais on a pu le replacer dans son contexte grâce à son socle qui a une forme particulière. En effet, sa forme triangulaire rentre parfaitement dans le faîte dont la plinthe est creusée à certains endroits ; de sorte que les volumes s'emboîtent.

Toujours sur le faîte, il y a des représentations sculptées de Mercure, du mythe d'Hercule (dont Apollon fait partie) ainsi que de la biche de Cérynée (en style archaïque). Ce sont tous des dieux étrusques. La technique et les détails des statues sont tout à fait remarquable.

Le sanctuaire de Sant' Omobono, Forum Boarium, Rome

Le sanctuaire de Sant' Omobono (forum des chats) est situé sur le forum Boarium, au pied du capitole et le long du Tibre. C'est le lieu de passage le plus important de Rome car c'est une zone commerciale de grande importance et c'est à cet endroit que la traversée du Tibre est la plus aisée. Le nom de ce sanctuaire vient de l'église construite plus tard sur ses vestiges. En effet, dans l'Antiquité, quand un bâtiment était détruit, on ne déblayait pas : on tassait, remblayait les constructions détruites et on reconstruisait par dessus. Le temple ayant été détruit il est difficile d’en définir l’architecture. Son plan est hypothétique, carré, de type toscan/étrusque. On connaît ce temple d'après les textes et le matériel retrouvé. Il n'a pas de colonnes sur les côté (uniquement deux rangées dans le porche). Des panthères étaient présentes dans le fronton ainsi que des décorations en terre cuite et des sphinges. Au sommet, on retrouve un couple divin. Le personnage masculin est présenté avec deux pattes de lion sur le torse. On peut en conclure qu'il s'agit d'Hercule et de sa déesse protectrice, casquée, Minerve. Pline l’ancien, mort durant l’éruption du Vésuve, a rédigé une sorte d’encyclopédie extrêmement détaillé. Ce qui nous donnera de nombreux renseignements, notamment sur les artistes de l’époque.

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Torse de guerrier blessé en terre cuite de l'Esquilin, 500-475 BC

Les Romains vont faire venir des artistes de la Grande Grèce pour travailler sur leurs temples (phénomène caractéristique de toute l'époque romaine). Les Romains s'inspiraient de beaucoup de formes d'art étranger (éclectisme). Cette représentation d’un guerrier est clairement d’origine grec d’après les détails sculptés et peints. Il faisait partie d'un groupe un personnage le blesse à l’aide d’une lance. On ne sait pas s’il faisait parti d’un groupe statuaire ou d’un groupe faisant partie d'un ensemble architectural.

2.2. Plan du forum à l'époque royale

Il s’agit d’un plan avec indication des structures archaïques. Le forum se situait entre le mont Palatin et la colline du Capitole. Les périodes les plus anciennes sont difficiles à analyser car elles se trouvent plusieurs mètres sous les constructions contemporaines. Il y avait une route, la via sapa, qui passait entre les édifices importants.

La Regia

Ce monument s'appelle la Regia, qui fait penser aux palais d'époque archaïque. Il est le monument le plus ancien (fin du 7e siècle BC) du Forum. Le dernier état de ce bâtiment date de 509 (schéma ci-contre), à partir de ce moment-là il n'a plus changé. Sa signification devait être très importante pour ne pas avoir modifié ultérieurement. Il comportait une cour à colonnade, par laquelle on accédait à deux pièces dédiées à Mars (à gauche) et à Ops (déesse de la fertilité, à droite). Les grands pontifes y entreposaient des choses précieuses.

Dans ce bâtiment a été découvert ce tesson en terre cuite d’une phase antérieure (580-570 BC). C'est une plaque de corniche architecturale, il représente une frise de félins ainsi qu’un être hybride à tête de taureau (minotaure ou Dionysos ?). On retrouve donc une pièce d’art étrusque au cœur de Rome.

Cippe du Lapis Niger (vers 550) De l'autre côté du forum se trouve la zone du lapis niger. Son pavement est noir, ce qui est étrange car situé au milieu d'un pavement en marbre blanc. Cet endroit a clairement un statut. Dessous, on trouve un sanctuaire ; probablement dédié à Vulcain

Le cippe (stèle) découverte à cet endroit est daté de + ou - 550 BC et porte une inscription en latin archaïque. C'est la première inscription romaine depuis la fibule. Elle est couverte sur les quatre faces, mais il manque la partie supérieure. On y parle de bœufs qui sont attelés, rappelant une fondation (de Rome ?). C’est une zone de mauvais augure, ce qui explique le pavement noir. On peut supposer que c’est l’endroit ou Romulus aurait été : soit assassiné, soit aurait disparu, enlevé par les dieux.

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2.3. Les grands travaux

La Cloaca Maxima Un des éléments fondateurs de la ville de Rome est la « Cloaca Maxima », le grand égout. Elle passe sous le forum. C'est une construction colossale qui fut amélioré au fil des années. La sortie de la Cloaca est en tuf et ses galeries sont voutées.

L'enceinte dite de Servius Tullius

Elle fut construite sous le deuxième roi étrusque de Rome (6e siècle BC). L’enceinte dite de Servius Tullius est probablement la première que la ville ait connue. Elle englobe une partie du centre de Rome. La zone du champ de Mars n’y est pas incluse.

Elle était probablement construite en matériaux légers. Après avoir creusé un fossé, on crée un talus (agger) flanqué de murs devant et derrière.

Elle fut complétée et refaite au 4e siècle BC, après l'invasion des Gaulois. On y ajouta,

au 1e siècle AD, des fenêtres qui permettaient de placer des balistes à l’arrière du mur. Il y a des règles qui ne concernent que ceux qui sont dans les murs de la ville (par exemple, il est interdit de porter une arme, soldats armés sont interdit, pas d'enterrement à l'intérieur des murs, …).

2.4. La sculpture

La Louve du Capitole, 480-450 BC Il s’agit d’une œuvre phare, réalisée vers 480-450. Il s’agit d’une statue en bronze, grandeur nature, elle est conservée au musée du capitole (d'où le nom), elle est devenue le symbole de la ville de Rome. Il y a plusieurs étrangetés au niveau stylistique : elle a une sorte de crinière, presque identique à celles des lions en marbre en Grèce. Le style est donc très proche du style grec bien que ce soit un moment iconique de Rome. Ce qui est étrange c'est que les louves créées dans l'Antiquité n'étaient pas représentées avec Romulus et Remus, c'était plus la protectrice de Rome. La première représentation avec les jumeaux date de l'époque carolingienne. Suite à une datation au carbone 14, on a daté que cette louve est médiévale mais c'est une fausse datation : l'erreur est due aux quelques tétons qui ont été soudés, et ont réchauffé la pièce ce qui fausse la datation au carbone. Le coulage des yeux est en bronze, typique des étrusques.

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II. La Rome républicaine (509-27 BC)

1. De la chute de la royauté à la prise de Tarente (509-272 BC) En 509, la république est instaurée suite au viol de Lucrèce ; Tarquin le Superbe est chassé et la royauté abolie. Par la suite, les romains vont vouer une forte haine vis-à-vis de la royauté. Le monde étrusque connait un déclin. Les étrusques retournent vers la Toscane. Au même instant, la Grèce connait son apogée. Après 509, on crée à Rome un nouveau système politique : la république ; constituée de deux personnages principaux : les consuls. Le premier et le plus célèbre est Brutus l'Ancien. Ils sont épaulés par le sénat, composé des Pater Familias (pères des familles les plus anciennes de Rome). Durant un siècle, Rome connut un conflit entre plébéiens et patriciens pour le contrôle du pouvoir. Dans le même temps, les étrusques se romanisent et les Romains assimilent la culture étrusque. Les patriciens envoyaient leurs fils en Étrurie, car le niveau de culture des étrusques était plus élevé. De nombreuses facettes de la vie quotidienne des romains sont à l'origine étrusques. Pour permettre à Rome de s'étendre, on crée les routes. Elles permettaient dans un premier temps de faire avancer les armées. Tous les hommes de Rome devaient faire un service militaire, et selon la richesse de leur famille ils étaient plus ou moins gradés. Il y a des « saisons militaires », saisons durant lesquelles on fait la guerre. La période militaire n’est donc pas permanente toute l’année. Le service militaire est réservé aux citoyens et assumer par ceux-ci (payement de l’équipement, etc.). Certaines villes vont s’alliées avec Rome, d'autres deviendront des colonies. Ils vont envahir la Toscane et, en approchant du sud, ils se retrouveront face à des colonies grecques et carthaginoises. Cette phase d'expansion se termine avec la prise de Tarente en 272 avant notre ère. Durant cette période d’expansion, il n’existe pas vraiment de mouvement artistique. C'est à cette époque que l’on entame la construction des grands aqueducs et des grandes routes. Les grandes routes partaient de Rome et allaient vers toutes les zones d'Italie. Ce sont les voies consulaires (pavée et non plus en terre), appelées ainsi car elles portent le nom du consul l’ayant commanditée.

L'Aqua Claudia

Une nouvelle politique de l'eau est mise en place avec l’expansion de la ville, on amène l’eau avec une certaine pression dans la ville depuis la montagne. Les grecs n'ont jamais construit d'aqueducs, l'eau courante vient des Romains. Il y aura en tout 11 aqueducs construits par les romains.

2. Les 3e et 2e siècles : de la prise de Tarente aux guerres civiles (272-90 BC)

264 BC : les Romaine envahissent la Sicile (première conquête en dehors de l'Italie) 264-146 BC : guerres puniques contre Carthage en Sicile 238 BC : Conquête de la Corse et de la Sardaigne Vers 133 BC : conquête, à peu près, de l’Espagne

A la suite de ces conquêtes, viennent les Guerres de Macédoine. Les Grecs, qui haïssent les macédoniens font appel aux Romains pour se débarrasser des rois de Macédoine. En 197 BC, victoire de T. Quinctius Flaminius sur Philippe V à Cynoscéphale et de Paul-Émile sur Persée (fils de Philippe V) à Pydna en 168 BC. En 133 BC, le roi Attale III lègue Pergame à Rome dans son testament, puis la province d'Asie mineure leur est donnée en 126 BC, suivi de la Syrie (63 BC), de Chypre (58 BC), de la Numidie (46 BC) et de l'Egypte (30 BC). On a donc deux siècles d'invasions.

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Lors de toutes ces conquêtes, et plus particulièrement en Grèce, les soldats romains vont être subjugués par tout ce qu’ils voient et vont décider d’importer l’art des peuples conquis directement à Rome. A Rome, on peut donc voir nombre de beaux arts ramenés de Grèce. Exposés, ils vont avoir un effet d'acculturation vis-à-vis de la culture grecque, on pillera de plus en plus, on invitera des artistes grecs pour venir travailler dans la ville, etc. Outre les prisonniers et les objets, on peint des tableaux de triomphe sur des panneaux qui illustrent les paysages des villes conquises. Il y a un côté très didactique à toutes ces pratiques. On va créer tout un phénomène de copies des grands chefs d’œuvres de l'art grec. Les Romains auront chez eux des copies contemporaines. S'ils n'avaient pas fait cela, nous ne connaîtrions rien de l'art grec classique, il n'existe presque plus d'originaux. À Rome, il n'y pas beaucoup de sculpture. Pline l'ancien écrit une série de livres (Historia Naturae) dans lesquels il parle des artistes de son époque. Grâce à lui, on sait que le bronze fut au départ utilisé pour la statuaire divine, puis, plus tard, pour des portraits.

L. Junius Brutus du Capitole, 300-250 BC C'est une pièce qui a été identifiée dès le milieu du 16ème siècle. C'est le premier portrait retrouvé. Il s'agit d'un buste en marbre, mais seule la tête est antique (bronze). Cette tête est légèrement plus grande que la tête naturelle, en général c'est réservé aux divinités et à la plupart des portraits d'empereurs. Cette taille va devenir la taille classique des portraits. Elle est en bronze patiné noir, de fonte creuse, les yeux n'ont pas été coulé avec le reste de la tête : ils sont restés creux, puis incrustés avec un mélange d'ivoire, d'argent et de pâte de verre. C'est un personnage qui a l'air très sévère, les lèvres pincées, et barbu (depuis 300 ACN, les romains se rasent tous les matins). Il a un air très personnalisé : il ne semble pas avoir été idéalisé. On a retrouvé des portraits similaires sur des monnaies frappées au 1er siècle avant notre ère, représentant Brutus jeune (celui qui a tué César, il a tué un tyran comme Brutus l'ancien avait chassé Tarquin le Superbe, il a donc voulu être représenté comme le libérateur qu'était Brutus l'ancien). Le personnage représenté est donc un héros de l'histoire romaine, par la taille de la tête (30cm) et par le fait qu'il soit barbu. Ce buste représente un personnage d'avant 300, c'est un portrait de restitution (il n'a pas été fait à l'époque où le personnage était vivant). Quand un Romain se fait pousser la barbe, cela peut signifier plusieurs choses : soit il est en deuil, soit c'est un choix par gage.

Le Dynaste des Thermes

On a ici la première œuvre fabriquée du vivant du modèle. Il est plus grand que nature, nu, athlétique, appuyé sur un bâton ou une lance (comme elle n’a pas été retrouvé, il s’agit d’une restauration). Il s'appuie sur les orteils de son pied gauche et sur sa jambe droite, sa jambe gauche est fléchie. C'est l'exemple du Dynaste hellénistique. La physionomie est idéalisée excepté la tête (front, lèvres, nez, ...). Elle est en bronze, ce qui est rarissime pour des statues grandeur nature. Elle a été cachée dans une niche souterraine, sous un temple très probablement avant une invasion, on a voulu la sauver. Elle possède deux inscriptions : une sur le ventre, et une sur la jambe. L’une nous donne un numéro, l'autre une localisation (référence au catalogue des statues exposées dans Rome). Cette statue était donc exposée dans un lieu public, elle était importante. On a longtemps cru qu'il s’agissait d’un roi hellénistique. Mais les Romains ne collectionnaient pas ce genre de portrait. De plus, il manque un bandeau, caractéristique des statues des rois hellénistiques (ci-contre, la monnaie représentant Philippe V de Macédoine).

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Elle ressemble fort à un portrait représenté sur une monnaie, celui de Flaminius (vainqueur de Philippe V). Le nez est plus grand sur la monnaie mais c'est normal : les traits sur les monnaies sont toujours plus caricaturaux. Il a une barbe courte, une barbe militaire. Sur la statue, une barbe est incisée sur tout le bas de la tête. De plus, les oreilles sont très similaires. Généralement, on ne frappe pas sur des monnaies un portrait d'une personne vivante (peur des représailles de la part du pouvoir en place). Les personnages représentés étaient donc des héros ou personnes importantes de la famille. En fait, Il y a une sorte de ressemblance générique avec le portrait de Philippe V (le même atelier a fait ces 2 monnaies). Cette statue a donc été faite par des grecs. Faite d’après Flaminius et pour lui, leur libérateur, en l’honneur de son triomphe.

Monument de Paul-Emile à Delphes, 168 BC

C'est un objet hellénistique romanisé. Il s’agit d’un pilier en marbre de 12m de haut érigé dans la zone du sanctuaire dédié à Apollon à Delphes, près de l'entrée. C’est un objet de propagande, dans un pays conquis. Il fut élevé par Persée de Macédoine, croyant qu'il allait gagner. Persée voulait se faire représentait au-dessus en statue équestre en or. Paul-Émile, après sa victoire, modifia le monument et se fit représenté à

cheval en bronze. Il y a fait ajouter une frise expliquant la bataille. Dessus, on voit un combat entre des Macédoniens (boucliers ronds) et des romains (boucliers carrés). Un devin avait prédit la défaite du premier qui bougerait. Paul-Émile fit partir un cheval au galop, et les macédoniens, croyant que l'armée romaine avançait, attaquèrent. Sur la frise, on voit une représentation de ce cheval. Cette frise ne ressemble pas à ce que les grecs font traditionnellement : ils montrent plutôt des allégories de la bataille (grecs contre amazones, dieux contre géants,...). On assiste donc à un mélange de l'idéalisme grec (mort héroïque, nu) et du réalisme romain (détails historiques tel que le cheval). Par la suite, Paul-Émile fera un tour de la Grèce et sera fasciné par le sculpteur Philias. Cette fascination sera ramenée à Rome.

Sarcophage de L. Cornelius Scipio Barbatus, 270 BC

Jusqu'au 2e siècle avant notre ère, Le rituel funéraire habituel romain était l'incinération. A partir de la, on commence à inhumer les gens. Ces derniers sont surtout les grands patriciens, dont les Scipions. Ils ont fait construire un hypogée creusée dans le tuf sous la via Apia pour entreposer leurs sarcophages. Au fond, a été placé le sarcophage du fondateur : L. Cornélius Scipio Barbatus, mort vers 270

BC. Il se fit inhumé dans un grand sarcophage en péperin (pierre grise), en forme d'autel. Celui-ci présente un entablement dorique (frise à métopes et triglyphes) ainsi qu’un couvercle ionien (éclectisme romain). Une inscription mentionnant son propriétaire se trouve sur le couvercle (Lucius Cornélius Scipion Barbatus), d'abord peinte en rouge puis plus tard gravée. Elle constitue une sorte de CV et décrit les faits majeurs de sa vie.

3. Urbanisme en Italie : les Fora Un forum, c'est un espace laissé libre et publique. Au départ, c'est un espace sacré, un templum, définit par des piquets. C'est là que l'on vote, qu’ont lieu les discours publics, les marchés, … Généralement, il est entouré d'une colonnade ouverte, un portique. On y trouve le comitium (bâtiment pour les assemblées du peuple) et la curia senatus (qui regroupe les sénateurs). S’y trouve également la basilique judiciaire, le tabularium (archives), l’aerarium (trésor de la ville) et la prison. Au point de vue de l'architecture, c'est à cette époque que fleurissent les villes. Une ville romaine est créée

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par une enceinte et est traversée par deux axes perpendiculaires : le cardo (nord-sud) et le desumanus (est-ouest). En théorie, le forum se trouve au centre. Les Romains ont fondé leurs colonies autour de la Méditerranée à partir de ce modèle (Rome), on peut citer entre autres Cosa, Paestum, Alba Fucens,...

3.1. Trois exemples de colonies du 3e siècle ANC

Cosa (273)

Phase III (3e siècle) et V (vers 180) phase VI (vers 150) Cosa se trouve dans l'ancienne Etrurie, c’est une ville bordée d’une enceinte. Le forum ne se trouve pas tout à fait au centre. Il est bordé d'arbres, au lieu de colonnes, qui le séparent religieusement de la cité (templum). On peut proposer une chronologie de l'évolution du forum : phase III (3ème siècle), phase V (vers 180). Sur ce forum, on retrouve le comitium en gradins circulaires. Derrière, on a un bâtiment surélevé, la curie. Des gradins rectangulaires y sont installés. Sur le sol, des lignes étaient tracées et permettaient d'aligner les bancs. Il s’y trouve également des salles latérales ainsi que des caves ou pouvait être placé l’argent publique. Au nord, on a une basilique; au sud, un temple à cella unique. Ce plan respecte le plan-type du forum romain, cela nous aiguille sur la manière dont était construit l'original, à Rome. Dans le plan correspondant à la phase VI, on voit basilique à terrasse. La basilique romaine est un bâtiment civile, avec différentes fonction : administratif, judiciaire, commercial. C'est aussi un endroit où l’on va flâner. Bâtiment ouvert sur le long côté avec une colonnade, il possède un étage, rectangulaire, qui laisse entrer la lumière. Une grande terrasse donne une complète sur le forum.

Alba Fucens

La cité se trouve au centre de l'Italie, à 100 km de Rome, au pied des montagnes ; elle fut fondée en 303 et possède un plan orthogonal. On y trouve un grand espace vide de 140m de long : le forum. Au sud, on a une basilique (Basilique de Fano), au nord, le comitium. Devant, les archéologues ont retrouvé des puits qui limitent l’extension du forum. La curie n’a pas pu être dégagée. Au sud, on a tout une zone qui a servi de limite au forum. Au-delà de la limite du forum, on a la Basilique de Fano qui ferme l’ensemble.

Basilique de Fano : Vitruve a décrit la basilique de Fano. Elle a pu être reconstituée à partir du texte. Il y a une nef centrale (spatium medium) et deux nefs latérales qui supportent des terrasses. Au centre de la basilique, on trouve un second étage sous la forme d’un portique et de colonnades en haut de la nef centrale. Cette partie n’a quasiment pas de murs, elle est ouverte.

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Forum de Paestum Paestum se trouve dans le sud de l'Italie, c'est l'ancienne Posidonia, fondée à l'origine par les grecs et qui fut ensuite occupée par

les Samnites. Le forum date des années 120, il est entouré de portiques. En plus du comitium (n°15) et de la curie, on peut voir un temple (grec) dédié à la Concorde et une basilique civile (en face du comitium. Le plan théorique de cette basilique nous est connu par Vitruve, il s’agit d’une sorte de hall entourée de portiques supportant une terrasse (contignatio) dont la nef centrale (spatium medium) est relevée. La basilique (n°13) est le monument ouvert sur son grand côté et donnant sur le forum.

3.2. Pompéi Ce n'est pas une ville romaine typique. Elle fut fondée sous l'influence étrusque et grecque. Elle était déjà une ville au 6e siècle BC. Elle fut d'abord occupée par les Samnites durant près de trois siècles. La population locale descend donc des Samnites. Elle est bâtie sur un sol très riche. C'est une ville très riche, notamment grâce à son vin. Au premier siècle BC, il y eu une série de guerres, dont la guerre sociale. Scylla conquit Pompéi en 89 BC, et en fit une colonie en 80 BC. En 62 AD, elle connait un terrible tremblement de terre. Mais la ville perdure encore jusqu'au 24 août 79 AD, date de l'éruption du Vésuve.

Le forum

Le forum est très long et étroit. Il est daté du 2e siècle BC. Le forum est entouré d'un portique. On y trouve des bases de statues. La basilique (en bas à gauche) date de 130-120 BC, c'est une des plus anciennes que nous connaissions. Elle est ouverte sur le forum par le petit côté et mit en oblique par rapport au forum à cause du manque de place (normalement les basiliques s'ouvrent sur le forum par le grand côté). Les colonnes, en tuf, de la basilique étaient à l'origine stuquées pour ressembler au marbre. Elle comporte un tribunal à étage au fond de l'édifice ainsi qu’un porche. Elle est séparée du temple d'Apollon par une route. Juste à côté, on a un temple dédié à Apollon (datant du 6e siècle BC, il est donc plus ancien que le forum). On y a découvert des tessons de céramique de la période archaïque (à figure rouge et noire). Sur le forum, on trouve un autel sacrificiel. Le temple est entouré d'un mur qui reprendra le sens du forum. En face de la basilique se trouve le comitium sans architecture type (en bas à droite). A une extrémité du forum, à côté de la basilique, se trouve la curie (avec le trésor public et les archives), et à l'autre extrémité un temple dédié à la triade capitoline. Sur le forum, le bâtiment principal sera longtemps le temple et plus tard, durant l'empire, un temple consacré à l'empereur. Autour du forum se trouvaient aussi deux bâtiments impériaux : le macellum (marché, en haut à droite) et l'édifice d'Eumachie (bourse de laine, milieu droite). Sur le forum, on retrouve des petites élévations empêchant de pénétrer en voiture hippomobile sur l'espace du forum. On retrouve également des entrées monumentales.

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4. Architecture religieuse On voit un mélange d'héritage toscan et la reprise grecque. 80% des temples romains sont d'ordre corinthien.

Le temple romain classique comporte: un podium (héritage étrusque) un escalier axial des colonnes sur des base avec des futs soit lisses soit

cannelées. Elles sont monolithe (faite d’un bloc) ou en tambour (plusieurs cylindre empilées les uns sur les autres)

des frontons grecs avec des acrotères faitiers et latéraux, une cella en gros blocs de pierre des chapiteaux à volutes, avec abaque.

Le chapiteau corinthien est composé de toute une série de feuilles d'acanthes. On y trouve aussi des hélices. Sur l'abaque, se trouve un fleuron. On fera d'abord ces colonnes en tuf ou en travertin (marbre bon marché). Puis, on importera le marbre de Grèce, propriété romaine à partir de 146 BC. Plus tard, on trouvera des chapiteaux de pilastres en marbre de couleur. On va peintre les chapiteaux.

Les romains vont aller jusqu'à inventer un nouvel ordre (composite : ionique et corinthien mélangés). Le bas est corinthien, le haut est ionique.

4.1. Différences entre un temple étrusque et un temple romain ETRUSQUE : colonnes de bois, chapiteaux toscans, décoration baroque en terre cuite, matériaux légers (bois, briques crues), fronton ouvert et très aplati ROMAIN : colonnes en pierre, chapiteaux corinthiens/composites, décoration plus simple en marbre, matériau : marbre, fronton moins aplati

4.2. Les temples du Largo Argentina dans la zone du champ de Mars

C'est une zone où plus de choses sont permises. Certains votes se font au champ de mars. Le champ de Mars est entouré d'un mur muni d’un temenos avec, à l'ouest, le portique de Pompée. C'est aussi là que se dérouleront les courses de chars sportives. Sur le champ de Mars, les généraux vont s'installer en attendant le droit du triomphe. Certains d’entre eux, grâce à leur droit d’imperium, vont construire un temple sur le champ de Mars (sorte de propagande). Donc, à partir du 3-2e siècles BC, on y construira 4 temples. Du nord au sud, les

temples ont étés nommés de A à D. Du plus ancien au plus récent : C -> A -> D -> B.

Le temple C de Feronia, 290 BC On peut y voir une grande différence de niveau entre le sol républicain (droite) et le sol impérial (gauche).

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Il est situé sur un podium élevé, il s'agit d'un temple périptère sine postico (pas de colonnes à l'arrière) Il est construit en blocs de tufs. En général la matière utilisée donne une indication chronologique ; ici les carrières de tufs sont les premières carrières à avoir été exploitées durant la République. C'est une pierre brunâtre, dont l'apparence est améliorée à l'aide du stuc, ce qui donne une impression de marbre. Vingt marches le séparent du champ de Mars jusqu'en 80 de notre ère où le niveau du sol montera, réduisant le nombre de marches visibles à 5. On pense que le temple était consacré à une nymphe sabine dédiée aux eaux : Feronia. Les romains essayaient de s'allier les divinités des vaincus et les inséraient dans le panthéon romain. Chose qui ne fonctionnera pas avec les religions monothéistes (le judaïsme et le christianisme).

Le temple A de Juturne, 241 BC

Ici, c'est un temple périptère, avec des colonnes à l'arrière, ce qui n'arrivait jamais dans les temples étrusques ou romains. C'est un mélange entre l'architecture romaine (podium, escalier axial) et grecque (non sine postico). De nouveau, les colonnes sont en tufs stuqué en blanc assorti de fausses cannelures et donne l’illusion de colonnes en marbre. La déesse Juturne est également aquatique, il fut dressé en référence à une bataille navale ayant eu lieu en 241. Le bâtiment entre les deux temples (A et B) était aussi dédié aux eaux, c'était sans doute le statio aquarium, bureau d'administration des eaux de Rome. Au Moyen Age, une église a été construite par-dessus ; les absides et leurs toits sont encore visibles.

Le temple D des Lares Permarini, 179 BC

On ne le connait que partiellement, car il se situe sous une route ce qui rend les fouilles difficiles et dangereuses. Au vue de sa taille, certains affirment qu'il est hypèthres (sans toit), et donc dédié à Jupiter Fulgor. Mais il est plus plausible qu'il soit dédié aux Lares Permarini, des divinités aquatiques.

Le temple B de Fortuna huiusce diei, 100 BC

Ce n'est pas un temple, mais une tholos (de plan circulaire), ce qui constitue à nouveau une influence grecque et non une invention romaine. Cette tholos a été adaptée par les Romains : elle est sur un podium, le plan est en forme de « trou de serrure » avec un escalier axialisé. La statue de culte est aussi placée de façon axiale, au fond (contrairement aux Grecs qui l'aurait placée au milieu, visible de tous). Temple de la Fortuna Huiusce Diei, dédié en 100, par C. Lutatius Catulus. Il a ensuite été agrandi. On a arasé le mur de la cella, et muré à l'extérieur des colonnes, de façon à agrandir la-dite cella. Après quoi, on a élargi le podium.

La statue de culte est acrolithe (plusieurs matières, notamment en bronze et bois), on n'en a conservé qu'un bras et la tête (en marbre). Les autres éléments sont aujourd'hui perdus.

4.3. Les temples du Forum Boarium Il se trouve le long de la courbe du Tibre. Les deux temples sont encore parfaitement conservés.

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Temple rond à Hercule vainqueur, 120-110 BC

Encore une fois, il s'agit d'une tholos d'environ 15m de diamètre. Derrière on peut voir un mur, qui sert à retenir le Tibre. Le toit n'est pas antique (il était alors en bois), mais d'origine médiévale.

C'est un temple dédié à Hercule (tout comme la zone en général), plus particulièrement à Hercule vainqueur. Ici, on n'a pas de podium, mais des marches sur tout le pourtour de cette tholos (plan grec). Dans les environs de cette période, tout ce qui est un peu grec à Rome est attribué à Hermodore de Salamine. La personne à l'origine de ce temple a non seulement payé un architecte grec, mais aussi du marbre pentélique (de Grèce). Ce n'est pas stuqué. Certaines colonnes à l'arrière sont en marbre d'Italie, venant d'une carrière accessible qu'en 50 BC. Il y a 20 colonnes ioniques, ce qui marque une fois de plus l’inspiration grecque.

Temple de Portunus (dit de la Fortune virile), 2e siècle BC

Temple de plan carré, pseudo-périptère (avec une colonnade engagée) avec quatre colonnes à l'avant (tétrastyle) cannelées et d'ordre ionique. Il est placé sur un podium (type romain). Les colonnes sont faites en tuf blanc stuqué. De manière générale, si on a un temple rectangulaire et un temple circulaire, le temple circulaire est le plus récent. Il a été transformé en église à l'époque médiévale.

4.4. Autres exemples

Acropole (Castrovetere) de Tivoli, 110 BC À Tivoli, sur l'acropole, on trouve deux temples, un rond et un rectangulaire. Ils se trouvent au-dessus des chutes d'eau d'Aniene.

Temple de Tiburnus (vers 150) Il est de plan rectangulaire. Les colonnes sont engagés (pseudo-périptères), en travertin stuqué. Il est dédié au héros fondateur de la ville de Tibur, Tiburnus.

Temple de la Sibylle (vers 110) Il est de plan circulaire. Le diamètre fait environ 14m, il est d'ordre corinthien, placé sur un haut podium. L'adaptation est totalement romaine. On a conservé une partie de la frise, représentant des scènes de libation et des crânes de bœufs, alternés par des guirlandes.

Capitole de Cosa, vers 150

Alors que l'hellénisation prenait de l'ampleur, certains continuèrent l'ordre toscan. On a un podium, un escalier axial, deux murs (antes, donc temple in antis), trois cellae pour les la triade jupitérienne (il s’agit donc d’un capitole). On voit de manière évidente que c'est un temple étrusque.

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4.5. Les sanctuaires à terrasses du Latium, 150-50 BC

Le sanctuaire de Junon à Gabii, vers 150 : Le temple est construit sur deux étages. Le tout est entouré d'un mur (temenos). L'entrée donne sur un hémicycle concave (théâtre), qui donne l'impression d'escalier monumental. En haut, on a une petite porte axiale, qui donne sur l'autel et le temple de Junon. C'est un temple périptère sine postico. Les murs du temple sont en opus quadratum (gros blocs de pierres taillés). Bien que le plan soit romain, le fait d'avoir mis ce sanctuaire sur étages, et l'emplacement du portique montrent une influence grecque.

Le sanctuaire de la Fortune à Préneste, vers 125-100

Il se trouve au milieu de la ville moderne, dans une zone montagneuse. Le sanctuaire a été dégagé suite à un bombardement durant la seconde guerre mondiale. Au-dessus se trouve le palais Barberini, la grande famille qui gouvernait Préneste. On trouve dans ce sanctuaire, construit à grande échelle et rapidement, l'innovation du béton romain, opus caementicium (mélange d'agrégat de pierres, de mortier de chaux et de sable volcanique de la région de Pouzzoles). Sur ce béton, considéré comme moche, ont été plaquées soit des briques, soit des pierres. Le système est très bon marché, est fait très rapidement et permet les voûtes. De plus, il est très résistant.

Le temple est en terrasses et possède tout un agencement de couloirs voûtés. On arrive au sommet de façon axiale avec encore des terrasses et des escaliers. Ensuite, on débouche sur théâtre servant d'escalier menant à la tholos au sommet du sanctuaire. Il est dédié à deux déesses avec deux endroits de culte : des sortes de puits et la tholos au sommet. C'est un sanctuaire oraculaire : on y prédit l'avenir. Le tout est fait en béton romain recouvert d'opus incertum (fait de blocs de pierres irréguliers). Les romains racontaient l'origine de ce temple par une légende. Un habitant voyait en rêve une divinité qui lui demandait de creuser dans la colline. Il y découvrit des plaquettes muni d’inscriptions indéchiffrables (sorts) qui servent à prédire l'avenir (surtout durant la république). Les sortes furent mit dans un puits dans un petit hémicycle latéral. On envoyait une main innocente chercher un sort et le donner au prêtre qui l’interprétait.

5. L'architecture domestique : Pompéi et Herculanum Après l’éruption du Vésuve, Pompéi fut recouverte d’une couche de pierre volcanique alors qu’Herculanum fut recouverte par une couche de boue volcanique. L’une conserva bien les structures, l’autre les matières organiques. La théorie de la maison typiquement romaine nous vient de Vitruve. Ces domus sont d'origine étrusque et adapté par les romains. La maison romaine est centrée autour d'un atrium (domus à atrium). Ces maisons sont extrêmement fermées sur l'extérieur, on entre via un couloir (on entre par les fauces : vestibule d'entrée -> porte -> couloir) pour arriver dans l'atrium : pièce possédant une ouverture dans le toit (le compluvium). L'eau de

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pluie arrive dans un bassin au centre (impluvium). Sous ce bassin, se trouve une citerne ou l'eau de pluie est récupérée des toitures. Cette pièce est aussi utilisée comme puits de lumière. De part et d'autre des fauces, on a deux pièces (taberna) dont l'entrée donne sur l'extérieur (il s’agissait de boutiques louées par les propriétaires afin de générer un revenu supplémentaire). L'atrium classique est toscan avec une charpente autoportante. Mais il en existe d’autres sortes: l'atrium tétrastyle (à 4 colonnes) ou, plus chic, l'atrium corinthien (péristyle). Après l'atrium se trouve le bureau (tablinum), pièce ouverte ou parfois fermée par des rideaux/volets en bois. Il donne sur l'hortus (jardin pratique équipée d’un potager). De part et d'autre de l'atrium se trouve deux ailes également ouvertes servant à l’exposition et à la représentation (richesse). Derrière elles se trouvent les chambres à coucher fermées par des portes (cubiculum). De part et d'autre du tablinum se trouve les pièces pour manger (triclinum avec trois klinè, trois lits de repas). C'est une pièce qui permet systématiquement de placer 3 lits (triclinum) pouvant accueillir chacun 3 invités. L'hôte se trouve sur le lit du fond, à sa droite est généralement installé l’invité le plus honoré par l’hôte. Les esclaves circulent avec les plats. On mange avec les doigts. Il y a donc un système de nourriture prédécoupé. On pouvait arriver avec un couteau et une serviette. Les esclaves s'occupaient aussi des convives (lavent les mains, les pieds, ...). Ce qu'on ne mangeait pas, on le jetait à terre. Il existait aussi bien sûr les salles de service comme la cuisine, ... Dès le 2e siècle, on voit l’apparition d’un atrium à deux étages. Le tablinum est alors très haut, mais toujours sur un étage. On subdivise parfois l'entrée en deux, en ajoutant un vestibulum. Avec l'influence grecque, on ajoute une aile à la place du hortus: le peristylum. C'est un jardin décoratif, avec des fontaines et des statues, entouré de portiques (endroit particulièrement riche et raffiné). C'est l'inverse de l'atrium. Autour du péristyle donnent des pièces : les exèdres (dérivées de l’architecture grecque) ou l'on reçoit. Les maisons sont ouvertes et servent aussi de bureau. Des gens rentrent chez vous. Les plus riches appliquent un système de clientèle (un homme riche à des clients qui dépendent de lui). Ces domus sont très décorées et témoignent de la richesse de leur propriétaire.

Ces domus se trouvent dans la ville. Mais il existe aussi d'autres types d'habitations : les villas (exemple ci-contre : la Villa des Mystères de Pompéi). Elles se situent soit à la campagne, soit à la limite de la ville (villa suburbaine). On y rentre « à l'envers » des Domus, dans le péristyle et non plus dans l'atrium. Elles sont aussi plus grandes. On y trouve aussi des cryptoportiques, portiques souterrains pour des jardins à étage avec éventuellement une vue (sur la mer par exemple).

5.1. Les domus

Vue de l'atrium de la maison du Ménandre de Pompéi, 250 BC-62 AC

La ville de Pompéi est divisée en régions, chacune divisées en îlots. Chaque maison de ces îlots porte un certain numéro. Par exemple, la maison des Noces d'Argent est la maison V 2,1, donc la maison n°1 de l'îlot n°2 de la région n°5.

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La maison du Ménandre est la maison I 10,4 ; Le nom provient de la fresque représentant Ménandre. Le bassin nous indique tout de suite le type de la pièce : un atrium. La toiture est autoportante : c'est donc un atrium toscan. Devant l'impluvium, on peut voir l'entrée de la citerne. Autour du compluvium, il y avait des sortes de gargouilles, généralement des têtes de lion. Au fond de l'image on peut voir le tablinum, le plafond est plus haut que les pièces d’à côté, on y rajoute souvent des colonnes pour montrer l'importance de cette pièce. Cette maison nous a livré de tristes évènements : on y a retrouvé des cadavres de personnes étant entrés dans la maison après l'éruption. Il y a eu beaucoup de pillages, on ne sait pas s'il s'agissait ici de ou de personnes de la même famille venues récupérer des objets de valeur.

Vue de l'atrium de la maison des Noces d'Argent de Pompéi (V 2,1), 2e siècle

BC L’atrium, toscan, est tétrastyle, il est supporté par quatre colonnes. Ces atrium n'ont pas de fenêtres vers l'extérieur, notamment par mesure de sécurité, ce qui explique ce côté un peu sombre. Ces domus sont très fermées sur eux-mêmes. Au fond se trouve le tablinum. Des rideaux étaient souvent tendus autour de l’atrium afin de garder les gens des éclaboussures ou du soleil.

Péristyle de la maison des Amours dorées (VI 16,7) Il s’agit ici d’un jardin entouré d'un péristyle à portique complètement ouvert sur l'extérieur. La décoration est faite de statues, d’un bassin, de petites statues sur piliers, de plaques stuquées, de plaques en marbres suspendues avec motifs liés à Dionysos (dieu du vin et de la nature) ; parce que Pompéi est une ville commerçante, extrêmement riche dont beaucoup des habitants vivent du vin qui pousse sur les flancs du Vésuve. D’autres autel existaient en dehors de celle dédié à Dionysos et étaient bien souvent dédié à différentes divinités choisi par le propriétaire (grecque, égyptienne, …) Les colonnes sont doriques (pas de base, chapiteau dorique,…), l’ordre grec par excellence.

Herculanum, casa del Tramezzo di legno, atrium et tablinum

Cette ville a été détruite, elle aussi, à cause de l'éruption du Vésuve, mais de façon différente qu'à Pompéi : elle a été ensevelie par des boues volcaniques, et scellée par cette boue qui a durcit. Il n'y a donc pas eu de passage d'oxygène, ce qui a conservé des matières organiques comme le bois. Alors qu'à Pompéi, la ville a été recouverte au fur et à mesure d'une pluie de cendres (il y a beaucoup de matériaux qui n'ont pas tenu le coup au fil des siècles à l’inverse d’Herculanum). On peut donc y voir donc les panneaux coulissants en bois au fond de la pièce, délimitant le tablinum, sur lesquels on accrochait sans doute des rideaux. Sur la photo on reconnaît le bassin. Le sol est dallé en rouge avec de décorations de tesselles blanches (opus signinum), le sol est typique de l'époque républicaine.

Maison des Vettii, atrium et péristyle. À l'avant plan on voit le bassin de l'atrium toscan, à l'arrière se trouve la vue sur le péristyle avec des colonnes. On voit sur le compluvium des gargouilles.

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Les Vettii ont une maison parmi les maisons les plus décorées de Pompéi : c'est une propriété d'esclaves affranchis, des nouveaux riches. Le péristyle se veut très voyant : jardin chic avec de petites fontaines, des sculptures d'Eros tenant des canards crachant de l’eau. Ces jeux d'eau sont typiquement romains et sont liés à la création d'aqueducs.

5.2. Les villas

La Villa des Pisons (ou villa des papyri) à Herculanum

Un des bâtiments les plus impressionnant d'Herculanum. C'est une villa suburbaine (à la limite de la ville), dans laquelle on trouve un immense péristyle ainsi qu’un autre plus petit, et deux atriums. On l’appelle la villa des Pisons puisqu’un des propriétaires était peut-être de la famille des Pisons mais on l’appelle aussi la villa des papyri car on y a découvert une bibliothèque de papyri entièrement conservés. Cette maison est très difficile à fouiller, on a constamment besoin d'une pompe pour évacuer l'eau remontant depuis une nappe phréatique sous la villa. On n'est pas sûr d'avoir découvert toutes les limites de la villa. Un milliardaire américain, passionné par l'art, qui avait collectionné beaucoup d'antiques, a réalisé un musée pour y exposer ses collections (le Getty museum). Il a fait reconstruire la Villa des papyri à Malibu. Les sculptures visibles sur la photo sont des copies de sculptures romaines recopiant l'art grec de l'époque sévère. Les propriétaires de cette villa avaient beaucoup, beaucoup de sculptures, la plupart en bronze. Le petit péristyle est d'ordre ionique (toujours le Getty museum). Le sol est en opus sectile, un type de marqueterie en marbre. On voit aussi un atrium à étages, avec un impluvium. Les plafonds sont surtout à caissons.

6. Peinture Il n'en reste pas grand-chose : toute la peinture de chevalet a disparue. Il ne reste que des fresques se trouvant dans les maisons. La peinture était un art en soi contrairement à la sculpture et au modelage en terre cuite, elle était considérée comme raffinée (ce n'était pas un art « physique »). La peinture romaine à un statut ambiguë. Chez les romains, comme chez les grecs, le fait de travailler de ses mains n'est pas très bien vu. Le statut d'artiste n'existe pas. On n'a presque pas d'écrits traitant de ces artisans. Par contre, il est bien vu, pour un personnage important, de faire de la peinture en tant qu’hobby, ce qui ne demande pas de grands efforts physiques. Certains empereurs peignaient ; Hadrien sculptait même. Le premier peintre dont on connaisse le nom pour l'Antiquité romaine était Gabius Fabius Pictor. Il était à la fois patricien romain et peintre, il a peint tout l'intérieur d'un temple en 304 avant notre ère, temple qui a été détruit.

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Fragment de fresque d'un tombeau de l'Esquilin, 3-2e siècle BC

C'est le seul exemple de peinture qui ne vient pas d'une maison et qui est figuratif. Le fragment provient d'un tombeau. Il fait 47cm de haut. On a, grâce à lui, une idée de ce qu'est une peinture triomphale. Il est disposé en trois registres. En haut à gauche se trouve une ville assiégée (partie sombre), une muraille avec les têtes des défenseurs de la ville. Sur la droite, il y a deux personnages qui avancent l'un vers l'autre ; celui de gauche tend la main, il est cuirassée, il a des jambières en métal, il va vers un autre qui tient une lance et qui est habillé en civil (toge). En dessous, on trouve une scène très similaire : un guerrier cuirassé tendant la main à un personnage en toge, entouré de personnes combattant et, du côté droit, une assemblée de personnes faisant ce qui semble être un accord. Au registre inférieur, à nouveau une bataille. La fresque comporte des inscriptions, dont deux noms: M. Fannius et Q. Fabius. Ce sont eux qui ont conquis l'Italie. On pense donc que ces peintures se situaient dans le tombeau de Fannius.

6.1. Le premier style pompéien (150-80 BC) Les autres exemples de peinture qui sont parvenus jusqu'à nous sont plutôt utilisés comme « papier peint », ils sont donc de moindre importance. Dans un premier temps, ces fresques romaines ont été découvertes à Pompéi et Herculanum, on a essayé de les classer et de leur donner une typologie (il y aurait quatre styles selon A. Maul).

Casa Samnitica, Herculanum (vers 100 BC) Le style imite les murs riches de palais en opus quadratum. Les murs sont en relief et stuquées. C'est un style en trompe-l’œil. Ce qui est typique de ce premier style, est l'imitation de la pierre (marbre, serpentine, albâtre,...) donnant l'impression de vivre dans un palais hellénistique. Les décorations sont tripartites: on a une partie avec soubassement, une partie médiane et un couronnement. Ce style comporte aussi des pilastres en stuc, qui reposent sur le sol.

On reconnaît l'atrium toscan. La loggia au premier étage est en trompe l'œil, elle n'existe pas.

A partir de 80 BC, les romains ont refait leurs murs, il ne reste donc plus beaucoup d'exemples de la peinture du premier style, d'où la taille du petit exemple ci-joint.

6.2. La mosaïque Au départ, on utilisait des petits galets. Ensuite, on commença à avoir recours à des tesselles (petits cubes de couleur qu'on place dans un lit de mortier). Ce genre de mosaïque est appelé opus tesselatum (environ 1cm). L'avantage de ceci est que l'on peut laver à grande eau (imperméabilité), et on peut facilement agencer des tesselles de différentes couleurs pour imiter un tapis. Souvent, on trouve la mosaïque dans des salles ou on utilise l'eau : triclinium, salles d'eau, thermes. Suivant la fortune du propriétaire (coût très élevé), on peut mettre des mosaïques à d'autres endroits. Si on voulait faire des petits dessins, on diminuait la taille des tesselles (opus vermiculatum, environ 2mm). Sur le sol, on pouvait aussi mettre des plaques de marbres découpés (opus sectile). C'est le plus cher, car on devait faire importer des plaques de marbre de couleur. Parfois, on avait des emblema: des tableaux entourés de tesselles blanches. L'emblema est en vermiculatum, et fait séparément dans l'atelier. Généralement, elles sont placées sur une plaque de marbre ou une tuile, et donc déplaçable. Il était donc possible d'acheter un emblema ancienne. Par conséquent, la date du sol n'est pas forcément celle de l'emblema.

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La mosaïque de la maison du Faune, Pompéi (VI 12,2)

Dans la maison du Faune, ces mosaïques sont tout à fait exceptionnelles. C'est une maison occupant tout un îlot, avec une superficie de 2665m². C'est une maison très riche. Elle comporte deux entrées, des atriums, deux péristyles. La première entrée donne sur un atrium toscan (gauche), la deuxième sur un atrium tétrastyle (droite). Bien qu'on pourrait penser que le deuxième atrium soit le plus riche, il donne sur la partie de service de la maison (on le voit à la décoration), qui donne accès aux cuisines et aux caves. On a des mosaïques dès l'entrée ainsi que dans les salles à manger, les chambres à coucher mais les plus belles se trouvent dans la pièce qui fait le lien entre les deux péristyles. Le premier atrium (gauche) donne sur le tablinum et le premier péristyle, assez grand. Le deuxième est beaucoup plus grand. Pour pouvoir s'aligner sur la deuxième rue, les habitants ont fait construire des pièces irrégulières. La maison comporte de nombreuses mosaïques. Il y a des mosaïques dans l'entrée de la villa ('HAVE'), dans les ailes, mais aussi dans l'exèdre qui donne sur les deux péristyles. Au milieu de l'impluvium de gauche (toscan) se trouve une sculpture de faune, c'est un original hellénistique (d'où le nom de la maison). Sur les murs on voit le premier style pompéien, assez sobre. Le style de mosaïque qui suit est typique du deuxième style (murs sobres, sols décorés, vers 100 BC, style inversé par après). Aile gauche du premier atrium : On voit une mosaïque en opus tesselatum représentant des colombes sortant des bijoux d'une boîte (environ 100 BC). Les Romains aimaient ce type de représentation, on trouve ce type de composition avec des colombes sur un bassin (mosaïque de Ravenne), il y a plus de ressemblances entre ces deux fresques de lieux différents qu'entre la mosaïque des colombes et celle du masque du même lieu. Il est donc évident que ce n’est le même artisan qui a réalisé ces 2 mosaïques. La frise des masques de théâtre est dans le vestibule juste avant l'atrium, elle est faite en opus vermiculatum. Les murs et parois de ce même atrium sont décorés façon premier style pompéien.

Aile droite du premier atrium : On a un tableau central (emblema) en deux registres à droite du tablinum, ce type de tableau était fait dans des ateliers spécifiques, il est plus petit (53,5cm de côté) que les précédents. Celui-ci représente au-dessus un chat attaquant une caille et, en dessous, deux palmipèdes, dont un tient un bouton de lotus dans le bec (motif égyptien). Cette emblema représente donc des animaux consommables (excepté le chat), elles représentent les dons d'hospitalité faits aux hôtes (xenia). Les emblema sont des symboles de richesse. On a l'impression qu'ils appartiennent tous à une même phase, on a analysé les pierres qui le composent et en conclue que les mosaïques de la maison du Faune ont été faites dans des matériaux locaux. Il y a des tableaux similaires ailleurs, et à d'autres périodes romaines. Ce n'est donc pas une composition unique.

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Triclinium : La mosaïque du triclinium de gauche est encore plus chic. Elle est entourée d'un tapis de mosaïque blanche. Le cadre représente une guirlande végétale (éléments de vigne), ainsi que des masques de théâtre (motifs dionysiaques) disposés de façon symétrique. Au centre il y a une représentation d'un félin sur une sorte de falaise monté par un petit garçon qui tient un canthare. Ce petit garçon a des ailes, et est couronné de vignes et des camphres. Ce serait un mélange entre Eros (Cupidon, fils d'Aphrodite) et Bacchus. La bête qu'il monte est à la fois tigre et lion (ce serait un tigron ou un ligre), qui porte aussi un collier de camphres et de vigne (animal typiquement dionysiaque).

Autre triclinium :

On y retrouve une emblema avec une scène marine (les poissons ont la bouche ouverte, ils sont donc morts). Il y a un combat au centre entre une langouste et un poulpe. L'eau est représentée de manière sombre et noire (eau de mer), en revanche l'eau douce est claire (bleue ou verte). Les animaux représentés sont un mélange entre ceux vivants dans la mer (poissons) et ceux vivants dans l'environnement des eaux douces (martin pêcheur). On peut voir une composition similaire venant d'une autre maison de Pompéi, certains éléments ont changé de place mais ce sont les mêmes poissons et animaux, le fond unitaire est noir (il ne s’agit pas non plus d’une composition unique, il devait y avoir des carnets de modèles).

Cubiculum :

Dans un des cubiculum, on a une illustration érotique entre un satyre (oreilles pointues) et probablement une ménade. En général, les personnages masculins sont représentés avec une peau foncée, et les personnages féminins avec une peau claire. C'est un type de scène assez rarement représentée en mosaïque.

Exèdre entre les deux péristyles :

Dans la pièce séparant les deux péristyles, on retrouve une mosaïque de sol en opus vermiculatum entre deux colonnes. La mosaïque de seuil est nilotique (personnages égyptiens, hippopotames, palmipèdes, crocodiles,...).

Juste après se trouve l’emblema d'Alexandre le grand faisant 6 m de long sur 3 m de large, dimensions très surprenantes pour un opus vermiculatum. Elle possède une bordure et deux bandes (une blanche en haut, noir en bas). On y voit Alexandre sur Bucéphale, qui se rue avec son armée vers Darius sur son char. La mosaïque est très détaillée, tous les soldats perses sont en équipement correct. On part de l'idée qu'il s'agit de la copie d'un célèbre tableau. Au centre, on voit Alexandre sur son cheval, avec une cuirasse très détaillée, de son bras droit il transperce un Perse avec sa lance, Perse qui s'est sacrifié pour sauver son roi Darius, dévasté par la vision de cette scène. On montre donc non pas Alexandre qui écrase les Perses, mais une scène pleine d'émotion.

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Les grands yeux est typique de l'art ptolémaïque. Le collier de Darius est très détaillé, idem pour son carquois. Le mosaïste qui a fait cette œuvre en ayant soit accès aux armes originales, soit à des dessins. Le personnage mourant qui se regarde dans le bouclier pourrait être un autoportrait de l'artiste. On se demande qui a créé le tableau original à partir duquel la mosaïque a été faite. Par les textes, on sait qu'il y a au moins trois artistes qui ont réalisé un tableau de batailles: Philoxenos d'Eretrie, Aristide de Thèbes et Hénène d'Alexandrie. On penche plutôt sur Philoxenos d'Eretrie mais Hélène d'Alexandrie est aussi envisageable. On peut mettre cette mosaïque en rapport avec les motifs d'une fresque retrouvée dans le tombeau de Philippe II de Macédoine. On peut donc penser que l'œuvre n'est pas originellement romaine. Dans certains endroits du tableau, on voit qu'il y a des éléments qui n'ont rien à faire là, comme une jambe n'appartenant à personne. Soit la personne a mal copié, soit cette mosaïque a été déplacée et le mosaïste chargé de faire les liens entre les différents morceaux coupés a eu du mal étant donné qu'il n'avait pas l'original sous les yeux. Cette mosaïque est en piteux état, mais ce n'est pas dû aux recherches archéologiques, ces dégâts existaient déjà à l'Antiquité.

Maison de Cicéron, Pompéi

La mosaïque de cette maison est une emblema en opus vermiculatum signée par Dioscurides de Samos, représentant des musiciens ambulants masqués. On a donc une scène de théâtre avec des musiciens. Dans la même maison, on trouve une mosaïque similaire, comprenant des bandes de couleurs et des personnages masqués. On sait exactement ce qu'elle représente (Les Synaristosai, des femmes qui prennent le petit déjeuner) grâce à une mosaïque retrouvé à Mytilène (Lesbos), plus ancienne de 400 ans et comprenant des inscriptions. À l'origine on pensait qu'il s'agissait de deux femmes rendant visite à une empoisonneuse, puis grâce aux mosaïques trouvées à Lesbos on a réussi à identifier cette scène correctement en la rapprochant des textes de Ménandre.

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III. La dernière phase de la République romaine (1er siècle BC) C'est une période de guerres civiles. Le siècle commence avec une guerre sociale (les alliés de Rome ne bénéficiant pas de droits civils, ils vont se rebeller. Ces droits leur seront accordés par la Lex Iulia en 90 BC). Le pays sera en guerre entre 91 et 88. Il y eu des combats, mais aussi des destructions de villes. Suite à ça, des généraux romains vont vouloir prendre le pouvoir. Marius (qui avait vaincu Jugurtha), les Cimbres et les Teutons, et Sylla (vainqueur de Mithridate et dictateur de 82 à 79 BC) furent de ceux-là. Puis il y eu le premier triumvirat formé par Pompée, Crassus et César (60-54 BC). En 52 BC Pompée est seul consul et reçoit l'imperium proconsulaire. César conquiert la Gaule, franchit le Rubicon en 49 BC et s'empare de Rome. En 46 BC, César est nommé dictateur pour 10 ans ; le 14 février 44 BC, il reçoit la dictature à vie. Il est assassiné le 15 mars de cette année. Un second triumvirat est alors formé (44-31), il est composé d’Octave (petit-neveu et fils adoptif de César), Marc-Antoine et Lépide. Il se caractérise par de nombreuses proscriptions. En 42 BC, lors de la bataille de Philippes ; Brutus et Cassius, les assassins de César, sont vaincus. Octave et Marc-Antoine se divisent alors le monde romain, l'Occident pour le premier, l'Orient pour le second, et ce jusqu'à la rupture de 33 BC. La Bataille d'Actium en 31 BC achève le conflit sur la victoire d’Octave qui devient le premier véritable César (Auguste).

1. Les portraits romains Le 2ème siècle est une période de propagande, la sculpture va donc servir favoriser cette propagande. Les portraits en général existent depuis le 2ème siècle avant notre ère. Ils sont divisés en 3 types : patricien, généraux, bourgeois.

1.1. Le portrait type patricien Le portrait romain est très différent du grec. Chez les Grecs, il est lié au pouvoir ou aux hommes de lettres. Alors que chez les Romain, il est familial ; montrant le pater familias. Il est né du portrait funéraire (explique le grec Polibe au 2ème siècle BC). Polibe s'est retrouvé dans la famille des Scipions. Il raconte les funérailles d'un grand romain. Dans le cortège, des personnes portent les portraits des ancêtres. D'autres sont habillés comme les grands hommes de la famille. On moulait en cire les traits du défunt pour en faire des masques. Ces masques avaient un but de propagande, ils sont généralement exposés dans les domus à la place de tableaux d'ancêtres (sortes d'arbres généalogiques pour légitimer son ascendance). Les portraits patriciens sont le prolongement de ces masques.

Le Togatus Barberini

L'homme porte les masques funéraires de ses ancêtres. L'œuvre date de l'époque d'Auguste. Elle symbolise le patricien qui tient sa famille. Mais le buste de droite était au départ un portrait de femme retaillé. Le tronc de palmier qu'on voit sous un des bustes fait office de contre poids, pour éviter que la statue ne tombe. Le portrait est réaliste. On veut montrer la personne telle qu'elle était. On appelle ça un portrait vériste (on voit les rides, les verrues, les malformations). C'est le premier type de portrait républicain.

Relief de L. Vibius et Vecilia Hila (13 BC – 15 AD)

Le portrait va être imité par ceux qui ne sont pas à Rome (les magistrats provinciaux, ...) et par les affranchis. Les affranchis font placés leurs cendres dans des monuments sculptés. Ici on voit un couple d'affranchi avec leur fils: le mari est en portrait vériste (à la manière des patriciens), la femme est représentée en femme parfaite. Elle est voilée, tirant le voile vers elle, signe de pudeur de la femme mariée. Le fils est le personnage le plus important (il sera le premier homme libre de la famille). Il a une frange (dans le style d’Auguste) et s'appelle L. V. Felicius Felix.

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1.2. Les portraits des généraux ( viri triumphales), 2-1er siècle BC Les généraux en conquête en Orient (comme Flaminius) vont faire des portraits sous le modèle de ceux d'Alexandre le grand (ci-contre), des anciens royaumes hellénistiques. En général : il ne se faisait pas représenter comme un vieillard, mais comme un jeune prince hellénistique (portrait idéalisé).

Alexandre le Grand

Il s’agit d’une copie romaine. Dans les cheveux, il y avait un diadème. Il est jeune, a les cheveux en bataille et présente l’anastolè (deux épis qui montent au-dessus du front). C'est un Hermès (pilier). Les personnages ont la bouche légèrement ouverte. Sont-ce des Romains qui se sont fait des portraits « à la grecque » ou étaient-ce des sculpteurs grecs qui ont fait des portraits pour ces généraux Romains ? La deuxième option est la plus probable. Le portrait a été trouvé dans une villa romaine, la villa Tivoli. Il est très abimé car il était situé dehors et que le marbre est une matière très poreuse. Sur ce portrait se situent plusieurs descriptions au sujet de qui l'a découvert (ambassadeur d'Espagne à Rome, qui a offert ce pilier à Napoléon). Sur tous ces bustes antiques, la tête est toujours penchée sur le côté, ou vers le haut, mais ne regarde jamais le spectateur droit dans les yeux.

Statue de Cassino, peut-être de Varron

Si les généraux voulaient se faire représenter de manière héroïque, leurs corps étaient inspirés des corps divin. Dans ce cas-ci, il s’agit d’un général vainqueur d’une bataille navale, on l’a donc représenté en s’inspirant de Neptune.

Le portrait de Pompée le Grand

Ce portrait est fort inspiré de la représentation d’Alexandre le Grand. Ceci s’explique par le fait que Pompée était fan d'Alexandre le Grand. Il s'est donc fait représenter comme Alexandre (les cheveux présentant l'anastolè, le regard,…). Il fut identifié d’après son portrait monétaire (frappé par son fils). Certains motifs importants sont déplacés et exagérés.

Portrait d’Octave (type d'Actium), 31 BC

Il s’agit du portrait du futur empereur Auguste. Il est très dynamique, légèrement tourné, ses cheveux sont en bataille. De par son attitude, il se montre comme le digne successeur de César. Le portrait doit donc dater de peu de temps après la Bataille d’Actium.

1.3. Les portraits bourgeois (milieu du 1er siècle BC) Ce type de portrait dérive en partie des portraits des citoyens hellénistiques et des grands marchands de Grèce. Il consiste en une sorte de réalisme atténué. Ce type de portrait connait un franc succès auprès de la classe moyenne.

Cicéron

Le personnage qui exemplifie ce type de portrait est Cicéron, (l’archétype de l’homo novus). Il revendique le fait d'être le premier consul de sa famille, ce qui était très difficile si l'on ne

venait pas d'une famille consulaire. Il a fait sa carrière par lui-même.

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L'Arringatore La plus ancienne statue appartenant à ce type bourgeois/hellénistique civile, est une statue en bronze de taille réelle : l'Arringatore. Il s’agit d’une statue en pied, en bronze. Elle fut trouvée près de Pérouse. Le personnage porte une toge républicain étroite (toga exigua, d'origine étrusque). C'est une toge à bordure cuivré, rougeâtre. Il porte des bottillons avec deux rangés de lacets et un anneau. Ses vêtements indiquent qu’il s’agit d’un personnage particulièrement riche. Il a une coiffure en casquette (mèches de devant proéminentes). Les yeux étaient incrustés. Le geste est celui de l’Arringatore, il demande la parole. Le modèle est atténué, le sculpteur a gommé les défauts du modèle (contrairement aux portraits véristes). Pour les habitants de Rome, ce serait un Sénateur. Mais l'inscription étrusque de la bordure (sur la toge, ce qui est anormal) montre qu'il ne porte pas les tria nomina (les trois noms romains). Il s'appelait « Aulus Métélus, fils de Vel et Vési » (marquer la filiation ainsi n’est pas une tradition romaine). Il doit donc dater d'un moment ou tous les Etrusques ne sont pas encore Romains.

Relief de la via Statilia, 75-50 BC

Comme pour les portraits patriciens, on retrouve des imitations de ce style par des affranchis. Il s’agit d’un haut-relief représentant des affranchis. Le personnage masculin ressemble à Cicéron et est habillé d’une toga exigua. Le personnage féminin fait le même geste de pudeur que celui vu précédemment : elle ramène son voile vers son visage.

César, Denier frappé en 44

Tout va changer avec Julius Caesar. Il est le premier qui se soit fait représenté de son vivant sur une monnaie à Rome (ce qui était interdit dans l’enceinte de la ville). César a bouleversé l’image du portrait romain. Il est dictateur à vie, ce qui est mal vu de la

population qui garde un mauvais souvenir de la royauté. Apres avoir été nomme quatre fois, il est devenu dictateur a vie. Sur la monnaie, il porte une couronne des rois étrusques. Derrière lui, on a le lituus (bâton des augures). Grâce à cette monnaie, on peut facilement identifier les portraits de César.

César, portrait de Tusculum

Il suit le portrait bourgeois, son visage est réaliste. Alors qu’il était chef de guerre, il préféra se faire représenter dans le style bourgeois plutôt qu’en viri triumphales. On voit à ses cheveux qu'il a tendance à être chauve. Son visage est irrégulier. Il esquisse un léger sourire, en accord avec sa réputation d’homme magnanime et bon. Il s’agit du premier type d'iconographie de César.

César, Berlin

Le buste est fait en basanite et vient d'Egypte. Cette pierre était utilisée pour les pharaons égyptiens, les romains représentés en basanite sont donc des personnages importants de la cour impériale. Cette multiplication des représentations des personnes ayant le pouvoir aura inspiré Auguste, dont le nombre de portraits se compte par milliers.

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César, Vatican

Ce portrait présente un César chevelu, il s’agit donc sans doute d’un portrait posthume. Le deuxième type, probablement posthume, est plus chevelu, plus parfait. César se fait assassiné par ceux qui voudront faire revenir la république d'avant. Il y a deux postulants : Marc-Antoine et Auguste. Ce dernier va faire diviniser César, ainsi, il sera le fils (adoptif) du divin César. Il commanda donc de nombreuses représentations posthumes de son oncle.

2. Les reliefs

« Autel de Cnaius Domitius Ahenobarbus » Au départ, c'était un ensemble de reliefs mais ils sont aujourd'hui conservés dans deux musées différents au Louvre et à Munich. On l’appelle l’ « Autel de Cnaius Domitius Ahenobarbus » mais il ne s’agit ni d’un autel ni d’un monument consacré à CDA. Il s’agit probablement de la base d’une statue ou d’un monument long (82 cm sur 5,6 m de long). C'est une base de 4 côtés, chaque angle comprend un pilastre toscan. Les deux parties sont fort différentes. On a une scène historique (Louvre) et une scène allégorique (Munich). Scène de prise du cens et de sacrifice(Louvre): Tous les 5 ans, à Rome, on prend le cens (sorte de recensement). Deux hauts magistrats (les censeurs) font une liste des biens de la population, pour les impôts et la position des personnes dans les classes et l'armée. Une fois fait, il y a une cérémonie religieuse (le lustrum) sur le champ de Mars. Celle-ci consiste en un sacrifice de trois animaux mâles castrés (taureau, bélier, verrat) afin de purifier la population. De haut bas : on assiste tout d’abord à la déclaration des possessions et des membres de la famille du père de famille (scène civile). Ensuite, on a une scène où l’on voit un taureau amené sur l’autel pour le sacrifice réalisé par l’un des censeurs en toge accompagné du dieu Mars et de musiciens (scène religieuse). Les bandes sur le ventre des animaux montrent qu'on a bien affaire à un sacrifice. Enfin, on retrouve des légionnaires et un chevalier qui illustrent la raison du cens, à savoir lever des impôts pour l’armée (scène militaire). Donc, c'est une représentation d'un événement historique typique. Stylistiquement très sobre (néanmoins peint à l’époque romaine). Scène allégorique (Munich) : On peut y voir un thiase (cortège pour une divinité) marin. Elle représente les noces de Neptune et d'Amphitrite sur un char nuptial. Le char est tiré par des tritons jouant de la musique, des taureaux marins, des néréides sur des chevaux marins,... C'est très hellénistique (raccourcis, drapés et nageoires dans tous les sens,...), ce qui contraste avec la scène précédente qui est typiquement romaine. Cet éclectisme est typiquement romain. On a affaire à une base de groupes statuaire. Des archéologues ont cherché à quoi à pu correspondre ce groupe. La théorie la plus rationnel est qu'on aurait un groupe statuaire familial d'un censeur qui a gagné une bataille navale, peut-être Marc-Antoine l'Ancien (grand orateur, censeur en 97 BC, a vaincu des pirates

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en Orient en 102 BC). Ce groupe se trouvait entre les temples de Neptune et de Mars, ces deux divinités sont représentées sur la base. Pourquoi ces différences stylistiques? Le marbre des deux scènes est différent (celui du Louvre est du pentélique d'origine athénienne, celui de Munich vient d'Asie mineur). La scène du sacrifice fut peut-être faite à Rome, celle du mariage fut peut-être acheté ou volée en Orient. On sait qu'en 100 BC, on ne ramenait pas de marbre vierge de Turquie à Rome. Donc la sculpture a du être faite en Turquie.

Relief 1 de Piazza della Consolazione (91 BC)

On a trouvé une série de reliefs en calcaire gris venant d’Afrique du nord. Ils sont clairement liés à une victoire (incarnée par les deux personnages féminins ailés, tenant un ruban, qui soutient une couronne de laurier). Les deux victoires sont devant des brûle-parfums (thymiatères, les deux colonnes des extrémités). En dessous une tabula (tablette) tenue par deux chérubins (éros) surmontée d'un aigle enserrant le foudre (symbole de Jupiter). Le tout est sur un bouclier.

Relief 2 de Piazza della Consolazione (91 BC)

Ce second relief de la même série (base d’une même statue) présente un bouclier avec une représentation d’Athéna ou de la déesse Rome. De part et d'autre, on trouve des troncs d'arbres sur lesquels sont posées des panoplies (trophées offerts à la déesse). À côté, il y a une cuirasse très détaillés, avec gorgone et des victoires sur les épaulettes ainsi qu’un signulum (ceinture).

Il s'agit d'un monument connu par les textes, très célèbre : il a été élevé pour célébrer une victoire du général Sylla (un officier de Marius). À cette époque, l'Afrique du Nord était romaine, mais un prince (Jugurtha) leva une révolte. Le Sénat envoie alors Marius mais la situation tourne à la catastrophe. Sylla réfléchit, et prend contact avec le roi Bocchus (l'oncle de Jugurtha), celui-ci envoie quelqu'un chez Sylla disant que si les Romains lui laissent son royaume, il leur livrera Jugurtha. Ce qui arriva (scène sur denier ci-contre). Marius tombera en disgrâce. Sylla élève donc ces reliefs sur le Capitole en 91 avant notre ère (scène statuaire aussi frappée sur des monnaies). Quelques années plus tard, Marius a repris le dessus et a fait détruire ce monument.

Monument de M. Vergilius Eurysaces, 30 BC

Il fut réalisé par des affranchis et se trouve à la Porta Majore. Avant cette porte, il y avait deux rues, dont l’une est plus haute que l'autre. Un affranchi a acheté le terrain entre ces deux rues, et a fait construire un monument funéraire très chic. Ultérieurement, ce monument a été intégré dans le mur. C'est un monument funéraire d'un affranchi très riche. Il est construit d'une partie centrale en béton romain, recouvert de travertin, on a une colonnade, une frise d'inscription et 9 couvertures circulaires, couronnées d'une frise. Il est de forme trapézoïdale. Les portraits des défunts sont faits en marbre de Carrare. L'affranchi s'est représenté lui-même avec son épouse. L'urne de son épouse à la forme d'un panier à pain. Il a probablement été boulanger pour l’état. La frise supérieur montre toutes les étapes de la fabrication du pain. La colonnade n'est en réalité pas faite de colonnes, mais de pétrins (vasques cylindriques dans lesquelles on a un poteau en bois avec des pales qu'on tourne). Les cercles au-dessus sont des pétrins vus d'en haut. La toiture n’a pas été conservée mais il devait s’agir d’une pyramide aplatie. Ce monument montre le jeu d’ascension sociale à Rome.

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3. La sculpture idéale et décorative. Tout le monde voulait des sculptures grecques chez soi. Seulement c'était difficile de faire venir des originaux grecs, donc on les a copiés (à partir du 2e siècle avant notre ère), et ce phénomène a duré plusieurs siècles ! Sans ces copies, nous ne saurions actuellement presque rien de la sculpture grecque. Au bas empire, Constantin décide de créer une nouvelle capitale (Constantinople) ; il y amène tous les originaux grecs qui se trouvaient à Rome, mais suite à une série d'incendies (le dernier datant des croisades), ces originaux ont été détruits.

À Baïes, on a trouvés des moules en plâtres de la période augustéenne.

3.1. Les plâtres de Baïes

L'Amazone Mattei A Baïes, on est tombé sur tout un ensemble de fragments de plâtre (environ 450). Une spécialiste a réussi à en identifier 300. Ici par exemple, c'est le fragment d'une amazone. Les originaux grecs sont souvent en bronze, et sont moulés. À partir du moule, on fait un positif en plâtre, ce moulage est ensuite vendu à des ateliers qui copieront ce moulage en marbre. Il s’agit d’une amazone de type Mattei (nom de la collection). Un concours avait lieu à Ephèse, demandant aux sculpteurs prestigieux de sculpter une amazone pour le sanctuaire d'Ephèse. Trois sculpteurs se sont démarqués, on connait donc trois amazones, qui ont été copiées. Celle-ci est blessée, elle lève le bras. Elle porte un carquois (détail de la lanière à droite), le sculpteur ayant copié l'original a rajouté un support, car le marbre est plus lourd que le bronze et l'équilibre était rompu. Ce support a été sculpté avec dessus une sorte de bouclier (une pelte, typique des amazones). En dessous de la pelte se trouve une hache, il a donc rajouté un élément en le mettant en contexte avec la sculpture originale.

Doryphore de Polyclète de la « Palestre samnite » de Pompéi Nous n'avons que des copies romaines de cette œuvre. La plus célèbre provient de Pompéi et a longtemps été considérée comme la meilleure copie. Elle date d'avant 79 AD (date de l'éruption), l'original date d'environ 440 avant notre ère. Le type de support est particulier, il n'est pas collé contre la jambe, contrairement aux supports classiques. Il est ici juste attaché à une partie de la cuisse, et il représente un tronc d'arbre. L'œuvre originale était en bronze, et a disparue, on n'a que des reflets de l'époque romaine.

3.2. Les Daces du Forum de Trajan : Les copies étaient faites à partir d'un modèle (un moulage en plâtre). On mesure à partir de points de mesures, placées sur le moulage et sur la copie à l'aide d'un compas. Ça permet une copie précise. Les copies peuvent être de différentes matières: certaines en marbre blanc, en marbre de couleur, en serpentinites, …

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3.3. L'école de Pasitélès Pasitélès était un grec d'Italie du sud, il a vécu jusqu'après les guerres civiles (années 50-60 avant notre ère). Il a écrit une histoire de la sculpture grecque, malheureusement perdue. Il sculptait le marbre, le bronze, le bois,... il avait des capacités très vastes. Paxitélès a décidé de créer de nouvelles œuvres, faites à base des meilleurs morceaux des meilleurs artistes. Le but est de reprendre parmi toute l'histoire de la sculpture grecque les meilleurs morceaux, et de faire une nouvelle oeuvre.

Athlète de Stephanos :

Cette sculpture a été faite par un élève de Paxitélès : très allongée, elle fait penser aux sculptures de Pasitélès. Il a une coiffure de l'époque sévère (début du 5e siècle BC) et un corps de la deuxième moitié du 4e siècle BC (éclectisme). Il y a un support tronc d'arbre sur la jambe portante. La feuille de vigne est un phénomène récent, Elles ont été en général rajoutées à partir de la Renaissance surtout, ce n'est pas antique.

Oreste et Electre : Le personnage féminin a une pose ressemblant aux statues du 2e siècle avant notre ère, et une tête de l'époque sévère. Elle a une musculature assez masculine. D'après la plinthe, on peut voir qu'ils ont du monter la femme pour la mettre avec l'athlète, elle n'avait pas le bon format. Le personnage masculin est une copie de l'athlète de Stephanos. Chez les Romains tout est possible, ils peuvent tout mélanger.

Groupe de San Ildefonso, début du 1er siècle BC

A gauche, on trouve une sorte de reprise de l'Apollon Sauroctone, et à droite une autre copie. Les deux mises ensemble prouvent encore une fois l’éclectisme très important chez les romains. On peut voir que tout est possible dans l'art romain.

Portrait de grec

Dans la villa des Pison, on a des œuvres en bronze, des copies romaines en bronze du Doryphore en Hermès. C'est un résumé de la statue. Il a été signé par Apollonios l'Athénien. La signature atteste de la valeur de la statue.

3.4. La sculpture de jardin

Cerf attaqué par des chiens et Satyre à l'outre (50 BC), maison des Cerfs à Herculanum

Elles viennent de la maison des cerfs, une grande maison au bord de mer. Le cerf est une scène de chasse de 60cm de haut. Cette statue est soutenue par un support en forme de tronc d'arbre. Il s’agit peut-être d’une copie d'œuvre grecque. Le satyre est une statue fontaine, dont la tuyauterie est cachée par la peau de l'outre. Ce sont des œuvres monolithiques.

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Hercule Mingens, maison des Cerfs à Herculanum On a plusieurs copies de cette statue. Il s'agit d’Hercule ivre (comme il est demi-dieu, c'est permis). On l'apprécie beaucoup puisque c’est un homme plein de défauts qui est devenu un dieu par ses actions. Il est en train d’uriner et est représenté barbu et musclé en tant que fondateur de la ville. Il porte ses attributs classiques : la massue et la peau de lion.

4. La peinture

4.1. Le deuxième style pompéien (début du 1er siècle BC – fin de l’époque augustéenne) Ce style est plus complexe que le 1er. Des éléments d'architecture ont été rajoutés, les colonnes sont posées sur des bases (et non plus par terre). Apparition des trompes l'œil, comme des ouvertures vers l'infini dans les parois. Les structures tripartites horizontales sont conservées (soubassement, partie médiane, couronnement) et à celles-ci sont ajoutées une structure tripartite verticale. Ce style se divise en trois phases :

phase I : de Sylla a César (100-40 BC) phase II : second triumvirat – début du règne d'Auguste (40 – 15 BC) phase III : époque augustéenne

Phase 1A : Maison des griffons à Rome (100–80 BC)

A Rome, le Palatin a toujours été occupe par des gens importants. Ici, nous sommes sous le palais de Domitien dans le palais des griffons, les fresques ont été retirées. La grande différence entre le 1e et le 2e, est que l'on multiplie les espaces et les plans, on va de plus en plus vers une ouverture de la paroi. On a encore un style architectural avec des colonnes mais les colonnes sont sur des bases. Parfois, on aura des colonnes construites dans la fresque. Cette peinture s'inspire des décors architecturaux des théâtres (niches et colonnes), avec des aspects irréels. Le premier plan est couvert de tentures ouvertes par des portes (rêve, imaginaire de la perspective). Le 2e style peut parfois prendre une caractéristique religieuse avec de vastes compositions figurées. En peinture tout est fait sur le même plan, on voit une même tripartition en hauteur et dans la largeur (partie centrale et deux latérales). On a une balustrade (partie basse), recouverte d'une représentation d'opus sectile. Sur la partie supérieure, on a des grandes plaques monochromes rouges et une imitation de plaques en albâtre. Au premier plan, on a les bases de ces colonnes qui avancent. Les colonnes d'ordre corinthien soutiennent le plafond. Derrière, sur la balustrade du fond, on a la représentation de pilastres soutenant une architrave. Le sol est très sobre: un sol blanc, encadré d'un cadre noir avec au centre, un quadrillage en opus sectile. Plus les murs sont décorés, plus le sol est sobre. On voit que la colonne est représentée avec des tambours superposés.

Phase 1B : Villa des Mystères à Pompéi (60-50 BC)

Le sol est identique à celui de la villa romaine. On a ici un cubiculum (identifiable à l'alcôve). On a de nouveau le système tripartite. On a une base avec deux colonnes cannelées ainsi que des chapiteaux corinthiens peintes. Le fleuron est remplacé par une tête. Les colonnes sont surplombées d'un arc.

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On a 4 plans (la phase 1B se caractérise par la multiplication des plans). On a au premier plan une colonne corinthienne qui supporte une architrave avec abaque et arcade. Au deuxième plan, une autre colonne porte une console assortie d’une colonne à l’arrière. Au troisième plan, on a la paroi peinte avec une frise de rectangles colorés. Ensuite, le mur est ouvert vers l'extérieur (ciel bleu) et on nous montre une petite tholos avec une statue dorée sur le toit. Sur les consoles, on a la représentation de vases qui renvoient au domaine religieux.

Phase 1C : Villa de Poppée à Oplontis (50-40 BC)

Sur le golfe de Naples se trouve la villa d'Oplontis qui appartenait à la famille de Popii (Poppée, femme de Néron). Cette villa a aussi été recouverte par les cendres du Vésuve, ce qui assura une bonne conservation des couleurs, on été conservé des stucs des plafonds du cubiculum. On a un triclinium et un cubiculum. Le plafond du cubiculum est en forme de caisson. Sur le mur on a une sorte de palais, une ouverture vers l'infini (ciel), et une colonnade vers l'infini.

On a toujours les orostates de couleur du 1er style. Sur l'un des murs du triclinium, on a deux colonnes peintes en doré présentant des reliefs d'acanthes (végétation) et incrusté de pierres semi précieuses. La colonne supporte une console. L'artiste a ouvert la tholos du second plan pour montrer la divinité. Sur la console, on a des sphinges ailées (les sphinx ne se trouvent qu'en Égypte. Les sphinges sont des créatures à têtes de femmes et à corps de lion, souvent ailées).

Phase 1C : cubiculum de la Villa Boscoreale (50-40 BC)

Une autre villa sur le golfe de Naples, la villa Boscoreale, également recouverte lors de l'éruption du Vésuve. Elle appartenait à P. Fannius Synistor, et a été fouillée par un privé qui a vendu les fresques à NY, à Naples et à Mariemont.

Nous avons une alcôve qui montre une différence de niveau, le sol présente une mosaïque en noir et blanc pour séparer la chambre et l’alcôve. Il correspond à une description que donne Vitruve. On essaye d'imiter les différents types théâtraux : la décoration satyrique fait appel aux arbres, aux montagnes, aux grottes, ... Pour la tragédie, un palais et pour la comédie, une ville.

Un panneau montre une tholos et une cour à portique (palais). Le système de soubassement est encadré par une colonne ionique. Au deuxième plan, une colonnade un entablement brisé. On a, au milieu, un petit autel. Troisième panneau: paysage urbain. Le tout est surplombé d'un masque comique.

Dans la pièce d’à côté, on retrouve les masques de théâtre, un bucrane (tête de bœuf sacrifié), une grille avec une architrave palatiale.

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Phase 2 : la Villa de la Farnésine à Rome (20 BC)

Nous ne nous trouvons plus à Pompéi, mais à Rome. La villa de la Farnésine se trouve sous une villa de la Renaissance, décorée par Raphaël, de l'autre côté du Tibre. Elle a été dégagée très rapidement, toute une partie des fresques est actuellement au musée national romain. On à l'impression que c'est une villa qui appartenait à la famille d'Auguste, et qui a probablement été celle qui a été offerte à Julie (sa fille), ayant épousé Agrippa (grand général) en cadeau de mariage.

Le cubiculum (chambre à coucher) est admirable c'est ce tableau dans la peinture : il représente une scène mythologique, une femme allaitant un bébé. Il s’agit de Dionysos enfant dans les bras de la nymphe Leucothée (sa nourrice). De part et d'autre il y a des sphinges atlantes (personnages ailes) qui tiennent les cadres de tableaux (jeu de trompe l'œil). Le tout est contre un fond rouge. Ce sont des tableaux sur fond blanc, des scènes tirées de l'art grec (Apollon et une muse qui joue de la lyre et Aphrodite trônant devant son fils Eros). Il s’agit donc d’imitations d'art grec. Le couronnement de la fresque contient des statues. Il s’agit de cariatides tenant la corniche supérieure. Dans le triclinium, on retrouve une innovation du deuxième style : la peinture sur fond noir (monochrome). Les lignes blanches sont peintes après. Il s’agit de scènes bucoliques (sanctuaires, arbres, animaux, sacrifices,..) le tout surmonté de guirlandes végétales, suspendues à une colonne-tronc évoquant des plantes égyptiennes. Au-dessus, on trouve une frise représentant toute une série de scènes de jugement (signification floue). Le deuxième style referme l'espace, et imite les tableaux.

Phase 2 : Mégalographie de la Villa des Mystères de Pompéi (vers 60 BC)

Il s'agit de grandes peintures, mentionnées par Vitruve : «habituellement représentant des images de Dieu, ou des suites mythologiques, sans oublier les combats de Troie, ou les errances d'Ulysse de paysage en paysage». Ce sont des figures grandeur nature devant un fond rouge. On en a conservées 4, ici la plus célèbre, dans la Villa des Mystères. Elle fait environ 7m sur 5 et se situe dans la partie la plus privée de la villa (le grand salon). Les figures sont pratiquement de taille humaine, placées dans la partie médiane comme des statues sur un socle, sans paysage mais devant un fond rouge. Ce fond est structuré par des sortes de pilastres devant lesquels les personnages passent.

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Comment lire la scène ? Les Romains fonctionnent de façon axiale, donc la scène la plus importante se situe en face de l'entrée. Le reste se lit de gauche jusqu'au fond et de droite jusqu'au fond (lecture de la même manière au Parthénon). On ne fait donc pas le tour ! Le but est d'arriver dans la scène centrale. Le nom attribué à la villa dérive de ces fresques, on pense que le cycle de celle-ci est lié aux mystères dionysiens. A partir du 2e siècle BC, le culte de Dionysos devient très important, notamment à cause des contacts avec les Grecs. Ce culte donne un espoir dans l'au-delà, il est né des amours de Zeus avec une mortelle. Tombée enceinte, Zeus est prêt à tout lui accorder, elle lui dit qu'elle veut le voir dans toute sa majesté et meurt foudroyée. On récupère le petit Dionysos, qu'on cache sur une colline mais il est découvert par des êtres hybrides qui le dépècent. Zeus envoie alors Apollon récupérer les morceaux de Dionysos pour lui rendre vie (résurrection). Les personnes donnant un culte à Dionysos espère ainsi ressusciter. Dans cette villa, on a la visualisation du culte de Dionysos pour une femme (seules les femmes mariées pouvaient être initiées).

La paroi centrale : Une femme tient Dionysos complètement affalé dans ses bras, il n'est chaussé que d'un pied et tient un thyrse (sorte de sceptre). Ici, on a donc Dionysos ivre ; dans son culte, cette ivresse est liée au paradis des défunts, à la joie de vivre dans l'au-delà. Qui est la femme ? Son épouse ? Sa mère ? Ici elle trône et est vêtue richement. Il s'agit surement de sa mère Séméle, qui est également un symbole de survie dans l'au-delà.

La paroi de droite : On voit une femme voilée, assise et pensive. Il s’agit probablement de la maitresse de maison. On a l’impression qu’elle regarde ces fresques, qu’elle se rappelle de sa vie d’initiée. La couleur est fort symbolique : le jaune est lié à Dionysos. L’angle entre les deux parois présente un petit Eros qui regarde vers la première scène de la paroi située sur sa droite. Plus loin sur cette paroi, une jeune femme se fait coiffée par une servante, avec un petit Eros tenant un miroir. On pense que c'est la jeune maitresse de maison, coiffée pour son mariage. Plus loin, il y a une femme a moitié nue, agenouillée, cachant son regard, dans le giron de la maitresse représentée en tant que prêtresse. Cette femme va recevoir un coup de badine donnée par une sorte de démon féminin (femme avec grandes ailes noires)(reconstitution du sort de Séméle). A cote de la démone, une femme tient un panier dans lequel se trouve des objets sacrés du culte dionysiaque (un phallus). A cote de la femme prête à se faire battre, un personnage féminin danse (une ménade) et joue des cymbales.

La paroi de gauche :

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Sur l’image 1, on voit la maitresse de maison regarder la suite de la paroi ainsi qu’un petit garçon nu qui apprend à lire, probablement avec sa mère pédagogue. La lecture fait partie du culte dionysiaque (malheureusement les écrits dionysiaques ont disparus). Ce garçon porte les bottines typique de Dionysos (assimilation a la divinité). Au-dessus de ces fresques, se trouve une frise de méandres et une imitation en plaque d'albâtre. Sur l’image 2, on voit une scène de culte. Un personnage féminin, faisant partie des prêtresses, porte un plateau avec des gâteaux et des fruits, à côté la maitresse, vue de dos, pose des objets sur un plateau sous un voile, et à droite une femme faisant une libation (sacrifice liquide). Sur l’image 3, on voit une transition. Un homme nu, barbu, jouant de la lyre, un silène (satyre compagnon de Dionysos). Il joue devant deux personnages bizarres, assis sur un rocher : un satyre jouant de la flûte de pan et une satyre (pas courant) allaitant un chevreau. Sur l’image 4 poursuit la scène de l’image 3. On voit un personnage féminin qui regarde dans l'autre sens, avec un regard effrayé : elle a peur des personnages à gauche de Dionysos. Un autre personnage barbu tient un vase duquel quelqu'un boit. Cette salle, bizarrement placée, a une fonction floue (lieu de culte?). Les bacchanales se faisaient de façon cachée (interdites). De manière générale, les mégalographies connues sont assez obscures. Une représente des souverains hellénistiques, une autre a des éléments dionysiaques mais pas de culte.

4.2. Les stucs

Victoire ailée et détail du cubiculum de la Villa de la Farnésine

Les plafonds de la Villa de la Farnésine sont fait d’un mélange de chaux et de poussière de marbre, pouvant être directement travaille sur la paroi (des moules sont plaqués sur le plafond). Sur ce détail du mur, on observe le même type de scène que sur le triclinium noir : des paysages bucoliques, un paysage sacré et une frise végétale. À la Renaissance, on aura aussi des peintures religieuses en hauteur.

Au plafond, on trouve une victoire, un personnage féminin ailé. Ici elle vole, et tient un casque (symbole de victoire militaire). Dans ces stucs, il y a aussi des représentations de personnages ressemblant à Auguste (phase augustéenne de l'art romain).

5. Architecture civile

Quadriportique et théâtre de Pompée (61 – 55 BC) Pompée est un général très important qui a célébré un triple triomphe en 61 BC. Il triompha contre les pirates de l'est de la méditerranée, contre Mithridate (lointain descendant des dynasties implanté par Alexandre le Grand) et conquit la Judée. Suite au triple triomphe et grâce aux richesses amassées, il décide

d'implanter sa marque sur le champ de Mars. Il créa un théâtre au-dessus d’un portique à 4 côtés. Les portiques faisaient 180 m de long sur 135 m de large. C'est le premier théâtre en pierre de la ville. Les théâtres jusque-là étaient en bois, et démontés après par les censeurs (peur des rassemblements de foule): comment Pompée a-t-il réussi à construire un théâtre en dur ? Il a placé un temple au-dessus de son théâtre, dédié à Vénus. Il a donc construit un escalier pour monter jusqu'au temple et non un théâtre.

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Le théâtre pouvait contenir plus de 17000 personnes. Dans le portique, il y avait des jardins avec tout un programme statuaire qui montrait Pompée en vainqueur universel. Au bout du portique, il y a la curie où Caesar fut assassiné, qui fut fermée après l'évènement tragique. Il ne reste presque rien du théâtre. On le connait par sa conque. Il y a deux restaurants actuels qui conservent encore les murs du théâtre de Pompée.

On a aussi la forma urbis romae, un gigantesque plan de Rome, réalisé par Septime Sévère, qui était exposée publiquement sur le mur d'un forum. Il fut fait au 240, orienté au sud-nord. Le plan est très précis, avec emplacement des colonnes et des inscriptions. C'est une sorte de cadastre géant.

Le théâtre romain est différent du théâtre grec. Le grec est un demi-cercle outrepassé, le romain est parfait. Chez les Grecs, l'essentielle de la pièce se passe grâce au cœur, mit au centre, dans l'orchestra. Chez les Romains, le cœur est mis au second plan. Le théâtre est implanté dans le paysage, à flanc de colline chez les grecs alors que le théâtre romain est complètement monté à partir du sol, permit par le béton romain. L'utilisation de voûtes permet d'avoir une structure aérée et de faire des portes d'entrées. Le problème d'une salle de spectacle, ce sont les sorties. Chez les romains, on a les vomitoria, les portes, qui permettent de faire sortir les gens par des endroits bien précis. Le mur de scène est fermé et décoré à trois étages, dans lesquelles on met des niches contenant des statues (impériales). C'est l'endroit parfait pour montrer les statues familiales. À côté de ça, on a une série de salles qui permettent d'installer rapidement le décor.

L'amphithéâtre de Pompéi (70 BC)

Bien que le théâtre romain soit une réinterprétation des théâtres grecs, l'amphithéâtre est une pure invention romaine. Il n'y a pas d'amphithéâtre en Grèce avant l'Empire. On y voit les chasses, les jeux de gladiateurs,... Pour pouvoir monter les combats de gladiateurs, on crée un nouveau bâtiment elliptique. Des gradins entourent une arène. La forme ovale vient du fait que les jeux de l'amphithéâtre bougent. Au 2e siècle BC, les jeux funéraires Samnites impliquaient des duels. Ces combats étaient payés par la famille pour honorer le mort. Ces jeux ont été repris par les romains et sont devenus des jeux pour les masses, offert par les gens riches au peuple. Au début, les jeux étaient très sobres. Ce n'est qu'après qu'on a commencé à les rendre publiques et importants. Il y a une industrie de gladiateurs, des casernes, des professionnels de l'éducation, ... Les jeux sont chers. Dans la plupart des cas les combattants ne sont pas mis à mort mais succombent à leurs blessures; en effet, les gladiateurs coutent très chers. Dans les spectacles d'amphithéâtre, on retrouve toujours la même organisation. Le matin il y a des chasses (velationes) d’animaux exotiques fournit par l'armée romaine (inauguration du portique de Pompée : 500 éléphants). A midi, ce sont les exécutions capitales : traitres, soldats s'étant enfuis devant l'ennemi, esclaves dont le maitre est mort, chrétiens, … L’après-midi, ce sont les jeux de gladiateurs à proprement parlé. Ils sont très ritualisés : des combats spécifiques entre personnages spécifiques. Les jeux d'amphithéâtre représentent donc le monde, avec la puissance de Rome : véritable propagande. Auguste va faire des lois spécifiques sur la hiérarchie des places assises : sénateurs, magistrats, prêtres : à

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côté de l'arène, des murs séparent les places de l'arène. Au-dessus, les chevaliers, puis les citoyens Romains et enfin les esclaves et les femmes tout en haut avec la bas-peuple. Les gladiateurs entrent par une porte; s'ils vivent, ils ressortent par la même, s'ils meurent, un homme avec un masque d'oiseau les tire avec un crochet jusqu'à la porte opposée.

Les amphithéâtres sont placées le plus loin possible du centre, pour éviter les dégâts dû aux éventuels animaux évadés et aux rixes de spectateurs. À Pompéi, une fresque illustre la rixe de 59 AD : les gens de Pompéi ont eu des maux avec ceux de la ville d'à côté et se sont battus. Les autorités ont du faire fermer l'amphithéâtre pour dix ans et exiler l'organisateur des jeux. L'amphithéâtre de Pompéi est le plus ancien, construit par les magistrats de la ville, juste après la romanisation de la ville. Il est construit dans un coin de l'enceinte, « à la grecque » (à moitié construit dans le sol) avec des escaliers externes. Parfois, on recouvrait les gradins d'un voile qui protégeait les spectateurs du

soleil. Dans certains amphithéâtres (pas à Pompéi), on a un système pour remplir les arènes d'eau afin d’organiser des naumachies (combats navales), le Colisée dispose de ce système. Plus tard, on organise des spectacles avec des jeunes filles dans l'eau. À Rome, il n'y a pas encore d'amphithéâtres, les jeux de gladiateurs n'auront lieu que sur le forum. Le premier fut construit sous Auguste en 29 BC par Statilius Taurus.

Les basiliques du Forum républicain

Les formes des deux basiliques de ce forum datent de l'époque de César : la Basilica Aemilia (au nord), et la Basilica Sempronia. Entre les deux, on a retrouvé les traces de souterrains utilisé pour faire circuler des animaux (existence d'amphithéâtre en bois dont les traces ne sont plus visibles).

Les deux basiliques présentent une élévation typique; sont des bâtiments allongés, très ouverts, avec la nef centrale plus haute que les nefs latérales (différence d'élévation visible d'après le toit).

La Basilica Aemilia : La Basilica Aemilia (au départ, appelée Fulvia) a été construite en 179 BC, l'état actuel date de 55-34 BC (reconstructions après incendies). La meilleure place pour voir les jeux était sur la terrasse de la basilique.

On sait à quoi ressemblait la façade grâce à une monnaie : entre les deux étages, il y avait des sortes de boucliers portant chacun la tête d'un ancêtre de la famille des Aemili. À l'époque d'Auguste on a construit un portique devant dont une partie a été conservée (ici à droite). Sur les dalles on voit des monnaies

incrustées, fondues. La partie basilicale est ouverte par des colonnades colorées en marbre africain au-dessus desquels se trouvait une frise représentant les débuts de l'histoire de Rome. Derrière la basilique, on aperçoit la Curie du forum. Le monument fut détruit lors du siège d'Alaric, en 410 AD.

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La Basilica Sempronia : La Basilica Sempronia (en face de la précédente) a été construite en 170 BC (sous le nom Basilica Lulia), puis

reconstruite par César en 54-46 BC. Elle a un système avec des arcs et présente une façade différente de l'autre basilique. Elle fait 107 m de long et a deux portiques latéraux. À l'époque impériale il y avait des pièces au fond servant à l’administration de l'Empire. Bâtiment avec un étage, une nef centrale surélevée, des arcs posés sur des piliers. Il y a un système de voûtes pour soutenir le bâtiment. Chaque pilier en encadre un second plus grand.

6. La création et la diffusion du portait impérial

Auguste créé un portait posthume de César. Le système sera perfectionné sous l'empire. Le portrait impérial est une création avec un modèle officiel. Si le portrait ne le respecte, il ne sera pas considéré comme un portrait impérial. L'empereur fait appel à un artiste pour réaliser le portrait modèle. Le sculpteur va le modeler dans de l'argile. Une fois fait, il va présenter le résultat à l'empereur qui décidera ce qu'il faudra retirer/ajouter (souvent idéalisé, on retire les défaut). L'empereur doit être représenté comme un homme fort, dirigeant l'empire, et favorisé par les dieux. Tous les messages doivent passer rien qu'en regardant le portrait. Il sera ensuite frappé sur une monnaie. La réalisation du portrait est une création capitale. Le modèle est en marbre et est diffusé on ne sait pas comment. D'abord dans les grandes capitales, dans les grandes villes, pour que les grandes écoles de sculpteurs puissent le reproduire (échelle industrielle). On prend des mesures à l'aide d'un compas. Certains portraits ont des excroissances (des pointes). L'empereur change parfois de modèle, souvent à cause de la coiffure (mode). On se base surtout sur les monnaies (profil droit + autre chose sur l'autre face, souvent un événement spécifique comme l'anniversaire de règne).

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L'empereur Auguste C'est le fils adoptif officiel de César ainsi que son héritier. Le premier type iconographique d'Auguste était le type Octave (environ - 40), avant qu'il ne soit appelé Auguste. • Type Prima Porta : Type donné lorsqu'il est devenu Auguste sous la proposition d'un sénateur en -27. Ce sera le titre que porteront tous les empereurs après lui.

L'indice capillaire permet d'identifier l'empereur et le type iconographique. Les romains sont très précis, ils ont tous les même mèches aux mêmes endroits pour chaque type iconographique. Il y a des mèches plus en gras (spécifique du type). On les retrouve dans tout l'empire. Même personnage du même type iconographique :

Illustration 16: Typologie des portraits d’Auguste d’après D. Boschung

Illustration 17: Schéma typologique :

Dessin avec la disposition des mèches. Type Octave/ Béziers - Spoleto

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On retrouve les mêmes mèches sur les deux portraits. Le visage ne bouge pas, il est idéalisé. Auguste va garder la même tête pendant 50 ans.

Auguste voilé : La tête et les cheveux ne peuvent pas changer mais le reste oui (corps, buste, vêtements). Type alcuida (vers -40).

Statue de la Via Labicana : Type Prima Porta.

On remarque une pince au dessus de l'œil droit et une fourche au dessus de l'œil gauche. On choisit le type et puis la statue. La toge était polychromée. Il y avait une large bande pourpre (toge sénatoriale // arringatore). Auguste est voilé (pan de sa toge qui passe sur sa tête), c'est symbole un de piété et de respect vis-à-vis des dieux. La tête a été sculptée séparément.

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Le corps est sculpté dans un autre bloc de marbre. Le corps a été sculpté en carrare (marbre italien) et la tête en marbre de Paros (marbre grec), aussi appelé lychnithe (marbre lumineux, très blanc et translucide). Il est souvent utilisé par les anciens pour sculpter des visages, et coûte très cher. La tête doit toujours être faite dans un meilleur marbre. Il doit y avoir une séparation au sein de l'atelier pour chaque spécialiste. On peut donc changer la tête de la statue sauf dans le cas de portraits d'empereur. Un texte explique qu'un gouverneur d'une province d'Asie Mineure décide de changer la tête d'Auguste par celle de Tiber (nouvel empereur). Il a eut un procès et a failli être exécuté pour crime de lèse-majesté. Statue Thessalonique :

Empereur Auguste retient un drapé autour de ses hanches. Devait tenir un sceptre, lien avec les représentations divines de Jupiter. Il vient de Grèce du Nord. Portrait Prima Porta. On en fait partout.

Illustration 18: On peut

voir une ligne de sépration tête/corps

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Statue de Cumes :

On voit l'empereur Auguste trônant, vêtu d'un drapé idéal. Restauré. L'empereur est réellement divinisé. Ce type iconographique est exclusivement réservé à l'empereur ( // Jupiter trônant). Statue équestre : Athènes, Musée national.

Il y a le grand drapé des généraux. Son cheval a disparu. C'est une représentation de l'empereur en temps de guerre. Grand bronze découvert il y a une 20aine d'année dans la Mer Egée. Leptis Magna : La tête mesure plus d'un mètre de haut, c'est une statue monumentale qui provient du temple de Rome à Leptis Magna. On reconnaît la pince et la fourche typiques de la chevelure de ce type iconographique d'Auguste. C'est creusé, c'est une statue acrolithe. Elle était tellement grande qu'elle est placée sur une armature en bois. Les parties du corps qui ressortent sont en marbre (mains, pieds, etc) et le reste est en taule métallique ou en bois doré.

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Portrait de Cologne : Elle est faïence et fait 3cm de haut, portrait miniature. Prima Porta quand même, très précis malgré la taille Tête en terre cuite de Drusus le Jeune (Musée du Louvre) : On a aussi un portait de Caligula en terre sigillée (une céramique orange).

Il y a plus de 230 portraits d'Auguste dans toutes les matières et de toutes les tailles. On en retrouve aussi en peinture. Tondo de Berlin – tête en plâtre de Bruxelles : Septime Sévère, IIIème siècle. 30 cm de diamètre, l'empereur, sa femme et son fils (deuxième effacé). C'est le seul portrait qui reste mais il devait en avoir plein. Sculptures en stuc, rare car se conserve très mal.

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Statue dite de Prima Porta (Musei Vaticani)- le Doryphore de Polyclète (vers 430) :

Portrait cuirassé, le plus iconique pour les empereurs romains. On retrouve aussi le contra-posta. Examen : Examen double. 2 oeuvres à analyser suivant une clé spéciale:

Description complète (matière, technique foncé = bronze, clair = marbre)

Dire qui ça représente , ce que c'est (après).

Datation (siècle ou quelle partie de siècle, voir date exacte)

Remise en contexte (qu'est-ce qu'on a voulu représenter).