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Indice 1 Date 29 juin 2017 Page 1/17 "Je lègue à la commune des Estables la maison couverte à lauze, la grange à paille y attenant et le jardin que je possède au dit lieu et commune des Estables, ensemble le pré appelé Leygounets, situé au terroir des Estables que j'avais acquis de Pierre Michel par acte reçu feu Valette notaire aux Estables, dûment enregistré pour le tout être possédé à perpétuité par un institu teu r, à la charge pour lui d'enseigner gratuitement les enfants indigents de la dite commune; mais je veux qu'en premier lieu le Sr Jacques Mazoyer, demeurant en la ville de Monastier jouisse de ce même legs, à titre d'instituteur et qu'il remplisse ma volonté, et à son défaut, ou sur son refus, je veux que le Sr Pierre Mazoyer, son frère demeurant aussi en la ville du Monastier jouisse du même legs, sous la condition pre mière ci-dessus imposée; et sur le refus de l'un et de l'autre, je veux et entends que les fonctions d'instituteur soient remplis, s'il est possible par un de mes parents pris tant dans la ligne paternelle que dans la ligne maternelle, et cas d'impossibilité, je veux qu'il soit choisi par la municipalité de la dite co mmune des Estables". (Extrait du testament de Noble Jean de Chambarlhac) Histoire des écoles publiques des Estables. Antécédents : L'instruction des couches populaires existait en France avant la Révolution et bien avant les lois de François Guizot et celles de Jules Ferry. Mais sa couverture et sa qualité variait beaucoup selon les provinces et la densité de leur population. Elle était par exemple très forte en Normandie, présente même dans les campagnes. L'Auvergne faisait par contre partie des régions peu favorisées en la matière. L'antériorité historique, la rudesse du climat, la mauvaise qualité des voies de communication, la topographie, et les coutumes locales expliquaient en partie cela. Dans les villages isolés comme les Estables où l'on se mariait tout au plus dans un rayon de 30 kilomètres, à quoi bon en effet apprendre aux enfants à lire, à écrire et à compter ? Dans le foyer familial, on avait besoin de bras, pas d'"instruisous"! Dans ces familles de 10 ou 12 enfants, nombreux étaient ceux qui mouraient à la naissance ou en bas-âge, l'aîné prenait la suite du père dans la misérable exploitation. Quant aux filles, on les plaçait, puis elles se mariaient avec un promis du village ou d'une ferme voisine. Les jeunes garçons donnaient la main au père puis étaient placés dans les fermes, ou allaient se louer dans l'Ardèche avant de revenir au pays, aussi traîne-misère qu'avant, gagnant quelques sous en ramassant myrtilles, lichens ou fleurs médicinales. Les seuls qui accédaient à un minimum d'instruction étaient ceux, garçons et filles qui rejoignaient l'une des multiples congrégations religieuses de la région. Outre l'absence de volonté de beaucoup d'autorités locales, une autre raison expliquait cette disparité : les sources de financement des structures éducatives. Sous l'Ancien régime, l'État participait peu au financement de l'enseignement. Celui-ci était assuré librement et en fonction de leurs possibilités et de leur motivation par les provinces, les particuliers et surtout l'Église pour laquelle l'éducation du petit peuple était prioritaire, chaque évêque s'enquérant que toutes ses paroisses possédaient bien un régent capable d'en assumer la charge. Le clergé catholique avait en effet le quasi monopole de ces écoles dites paroissiales qui, outre la lecture et l'écriture, inculquaient aux enfants la morale et l'instruction religieuse. Dans les campagnes, on avait pourvu à l'instruction populaire par l'établissement d'écoles tenues, ici par le curé, là par le vicaire, ailleurs par des clercs ou des régents, écoles assez souvent gratuites, grâce aux fondations des fabriques et à de pieux particuliers ou à défaut , entretenues "a minima ", au moyen de certains droits payés aux maîtres par les écoliers et désignés sous le nom d'écolage. La diminution progressive des ecclésiastiques dans les derniers siècles, en obligeant les paroissiens et les curés à recourir à des instituteurs laïques, avait fait sentir la nécessité d'assurer un traitement à ces derniers, et de favoriser autant que possible les donations en faveur des écoles paroissiales. En outre ce morcellement avait pour conséquence une grande disparité dans la qualité de l'enseignement, liée à celle des enseignants qui ne bénéficiaient pas d'une formation dédiée et décidaient eux même du programme de leur instruction. La Révolution Française a élaboré, pour l'instruction des enfants un ensemble de principes qui seront progressivement appliqués au cours du XIX e siècle. Celui de la séparation des sexes dans l’école comme dans l’éducation en général, posé par la Réforme catholique aux XVI e et XVII e siècles pour des raisons de moralité, ne fût pas remis fondamentalement en cause par les révolutionnaires. Mais pendant plus d'un siècle, État et Église jouent au jeu du "Je t'aime, moi non plus" par un incessant mouvement de balancier. Tout d'abord, la loi du 18 août 1792 supprime les congrégations des Frères des Écoles chrétiennes, pilier de l'enseignement catholique. Dans la foulée, sous la Convention, Joseph Lakanal fait voter le 18 novembre 1794 la fondation de 24.000 écoles primaires et l'an d'après l'organisation des Écoles Normales. Mais Napoléon 1 er fait promulguer le code civil (Code Napoléon), et signe le premier concordat avec l'église catholique en avril 1802, générant la renaissance des congrégations enseignantes, dont les écoles serviront de référence tout au long du XIX e siècle, lors de la mise en place progressive de l'école publique. C'est à cette époque que naît aux Estables l'idée de fonder des écoles au village. Le 28 août 1812, Jean Antoine Eyr aud,.dit "Brunet" sans doute parce qu'il exploitait la ferme de Brun, ex Font del Rat sise à Chanteloube, légue à la commune des Estables, par testament à Fay-le-Froid, en présence de JeanBaptiste Gleyzon et de Pierre Chazot, deux prêtres réfractaires de la Révolution "… une maison couverte à paille et un jardin attenant au lieu dit "Jantoune" pour être uniquement et à perpétuité dans ladite maison donné l'instruction aux filles de la commune par des sœurs de la Congrégation de Saint- Joseph, de préférence". Cette maison appelée l'"Assemblée" est celle qui abrite l'actuelle école du village.

Histoire des écoles publiques des Estables. - mezenc-doc.fr

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Indice 1 Date 29 juin 2017 Page 1/17

"Je lègue à la commune des Estables la maison couverte à lauze, la grange à paille y attenant et le jardin que je possède au dit lieu et commune des Estables, ensemble le pré appelé Leygounets, situé au terroir des Estables que j'avais acquis de Pierre Michel par acte reçu feu Valette notaire aux Estables, dûment enregistré pour le tout être possédé à perpétuité par un instituteur, à la charge pour lui d'enseigner gratuitement les enfants indigents de la dite commune; mais je veux qu'en premier lieu le Sr Jacques Mazoyer, demeurant en la ville de Monastier jouisse de ce même legs, à titre d'instituteur et qu'il remplisse ma volonté, et à son défaut, ou sur son refus, je veux que le Sr Pierre Mazoyer, son frère demeurant aussi en la ville du Monastier jouisse du même legs, sous la condition première ci-dessus imposée; et sur le refus de l'un et de l'autre, je veux et entends que les fonctions d'instituteur soient remplis, s'il est possible par un de mes parents pris tant dans la ligne paternelle que dans la ligne maternelle, et cas d'impossibilité, je veux qu'il soit choisi par la municipalité de la dite commune des Estables".

(Extrait du testament de Noble Jean de Chambarlhac)

Histoire des écoles publiques des Estables. Antécédents : L'instruction des couches populaires existait en France avant la Révolution et bien avant les lois de François Guizot et celles de Jules Ferry. Mais sa couverture et sa qualité variait beaucoup selon les provinces et la densité de leur population. Elle était par exemple très forte en Normandie, présente même dans les campagnes. L'Auvergne faisait par contre partie des régions peu favorisées en la matière. L'antériorité historique, la rudesse du climat, la mauvaise qualité des voies de communication, la topographie, et les coutumes locales expliquaient en partie cela. Dans les villages isolés comme les Estables où l 'on se mariait tout au plus dans un rayon de 30 kilomètres, à quoi bon en effet apprendre aux enfants à lire, à écrire et à compter ? Dans le foyer familial, on avait besoin de bras, pas d'"instruisous"! Dans ces familles de 10 ou 12 enfants, nombreux étaient ceux qui mouraient à la naissance ou en bas-âge, l 'aîné prenait la suite du père dans la misérable exploitation. Quant aux filles, on les plaçait, puis elles se mariaient avec un promis du village ou d'une ferme voisine. Les jeunes garçons donnaient la main au père puis étaient placés dans les fermes, ou allaient se louer dans l 'Ardèche avant de revenir au pays, aussi traîne-misère qu'avant, gagnant quelques sous en ramassant myrtilles, l ichens ou fleurs médicinales. Les seuls qui accédaient à un minimum d'instruction étaient ceux, garçons et filles qui rejoignaient l 'une des multiples congrégations religieuses de la région. Outre l 'absence de volonté de beaucoup d'autorités locales, une autre raison expliquait cette disparité : les sources de financement des structures éducatives. Sous l 'Ancien régime, l 'État participait peu au financement de l 'enseignement. Celui-ci était assuré librement et en fonc tion de leurs possibilités et de leur motivation par les provinces, les particuliers et surtout l 'Église pour laquelle l 'éducation du petit peuple était prioritaire, chaque évêque s'enquérant que toutes ses paroisses possédaient bien un régent capable d'en assumer la charge. Le clergé catholique avait en effet le quasi monopole de ces écoles dites paroissiales qui, outre la lecture et l 'écriture, inculquaient aux enfants la morale et l 'instruction religieuse. Dans les campagnes, on avait pourvu à l 'instruction populaire par l 'établissement d'écoles tenues, i ci par le curé, là par le vicaire, ailleurs par des clercs ou des régents, écoles assez souvent gratuites, grâce aux fondations des fabriques et à de pieux particuliers ou à défaut , entretenues "a minima", au moyen de certains droits payés aux maîtres par les écoliers et désignés sous le nom d'écolage. La diminution progressive des ecclésiastiques dans les derniers siècles, en obligeant les paroissiens et les curés à recourir à des instituteurs laïques, avait fait sentir la nécessité d'assurer un traitement à ces derniers, et de favoriser autant que possible les donations en faveur des écoles paroissiales. En outre ce morcellement avait pour conséquence une grande disparité dans la qualité de l 'enseignement, l iée à celle des enseignants qui ne bénéficiaient pas d'une formation dédiée et d écidaient eux même du programme de leur instruction. La Révolution Française a élaboré, pour l 'instruction des enfants un ensemble de principes qui seront progressivement appliqués au cours du XIXe siècle. Celui de la séparation des sexes dans l’école comme dans l’éducation en général, posé par la Réforme catholique aux XVIe et XVIIe siècles pour des raisons de moralité, ne fût pas remis fondamentalement en cause par les révolutionnaires. Mais pendant plus d'un siècle, État et Église jouent au jeu du "Je t'aime, moi non plus" par un incessant mouvement de balancier. Tout d'abord, la loi du 18 août 1792 supprime les congrégations des Frères des Écoles chrétiennes, pilier de l 'enseignement catholique. Dans la foulée, sous la Convention, Joseph Lakanal fait voter le 18 novembre 1794 la fondation de 24.000 écoles primaires et l 'an d'après l 'organisation des Écoles Normales. Mais Napoléon 1er fait promulguer le code civil (Code Napoléon), et signe le premier concordat avec l 'église catholique en avril 1802, générant la renaissance des congrégations enseignantes, dont les écoles serviront de référence tout au long du XIXe siècle, lors de la mise en place progressive de l 'école publique. C'est à cette époque que naît aux Estables l 'idée de fonder des écoles au village. Le 28 août 1812, Jean Antoine Eyraud,.dit

"Brunet" sans doute parce qu'il exploitait la ferme de Brun, ex Font del Rat sise à Chanteloube, légue à la commune des Estables, par testament à Fay-le-Froid, en présence de JeanBaptiste Gleyzon et de Pierre Chazot, deux prêtres réfractaires de la Révolution "… une maison couverte à paille et un jardin attenant au lieu dit "Jantoune" pour être uniquement et à perpétuité dans ladite maison donné l'instruction aux filles de la commune par des sœurs de la Congrégation de Saint-Joseph, de préférence". Cette maison appelée l '"Assemblée" est celle qui abrite l 'actuelle école du village.

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L'école de garçons du chef-lieu : Au milieu des familles modestes émergeaient quelques lignées privilégiées, propriétaires d'anciennes fermes des chartreux, notaires, magistrats ou familles de petite noblesse et parmi eux la famille de Chambarlhac (écrit aussi de Chamberlhac). Deux lignées de cette famille ont pris racine aux Estables. La première est c elle de Jacques Antoine de Chambarlhac, général d'Empire, baron de l 'Aubépin, né en 1756 au bourg et qui s'est brillamment i llustré auprès du futur Empereur lors des campagnes d'Italie. La seconde est celle de Noble Jean de Chambarlhac de la Chaumette, lointain parent du premier mais dont il sera parrain de l 'un des fils. Il était le fils d'un autre Jean et d'Antoinette Mazoyer fi lle du notaire Florimond Mazoyer. Veuve, Antoinette accompagna son père aux Estables. Son fi ls Jean devint Avocat au Parlement et s'installa au village dans cette maison qui abrite l 'actuelle mairie qu'il ne quitta plus jamais. Les Establains la désignent encore sous le nom de "L'Avocat" sans bien savoir ce que cache cette appellation. Jean de Chambarlhac ne sortit vraiment de l 'anonymat que lors des évènements de 1789. Guidant la municipalité, dans les moments difficiles, de ses connaissances de droit, il fut quelque temps maire, souvent officiel municipal. Ses conseils étaient très appréciés. Il mourut le 1er Janvier 1813, entouré de tous ses amis à qui il laissait une partie de sa fortune. Dans son testament, il fit don à la commune des Estables d'un grand pré, de sa maison et du jardin attenant, pour qu'y soit fondée une école publique pour les garçons, désignant ses neveux Mazoyer du Monastier pour y faire la classe. Il donna 500 francs pour l 'école des filles, 300 francs pour celle des Vastres où il était né, 400 francs pour les pauvres du village, 300 francs à un homonyme Pierre Chambarlhac, simple paysan pour faire instruire ses enfants, 500 francs à son filleul Jean Antoine Joseph de Chambarlhac, fils du Général, alors officier dans un régiment de dragon. Une école de garçons enseignée par un membre de la famille y fonctionne alors jusqu'en 1833. Dans le testament de Jean de Chambarlhac, on peut s'étonner du choix des enseignants. La règle en avait été fixée le 11 octobre 1600 par un arrêt du Parlement de Tournay qui régissait l 'attribution du droit de choisir les maîtres d'école, jugeant que "ceux qui payent les gages d'un maître d'école ont droit de le commettre. Dans le cas de vacation de la place des maîtres et des maîtresses d'école par mort, démission ou destitution, il doit être fait choix, dans une assemblée générale des habitants, d'une personne d'une probité reconnue qui ait la capacité requise pour pouvoir instruire, les enfants, mais si ceux qui ont fondé ces écoles se sont réservé la nomination des maîtres et des maîtresses, alors c'est au fondateur à les choisir". Tel était le cas pour l 'école de garçons des Estables. Ce sera aussi le cas pour l 'école de fi lles comme nous le verrons. Il faut préciser par ailleurs qu'en général, dans les villes et les gros bourgs pourvus de municipalités, celles-ci, en présence du curé et de quelques personnes considérables, choisissaient les instituteurs au nom de la communauté. En quelques provinces même, dans les paroisses de campagne, ce sont les magistrats municipaux ou les notables, toujours assistés du curé, qui nommaient les régents. En certaines contrées le maître choisi par les habitants signait avec eux une sorte de contrat ou de bail (le mot était usité en beaucoup de l ieux) contrat par lequel, d'une part, le régent promettait d'accomplir exactement ses obligations telles qu'elles résultaient des coutumes locales, les heures des classes, le taux des rétributions scolaires étant soigneusement déterminés; d'autre part, la communauté s'engageait envers son régent et lui garantissait certains avantages. Le maître choisi, avant d'entrer en exercice, devait se pourvoir auprès de l 'évêque, de ses grands vicaires ou des doyens ruraux, de lettres de régence qui s'accordaient gratis. Les lettres de régence n'étaient généralement valables que pour un an, mais elles étaient aisément prorogées. Dans son livre de Paroisse l 'abbé Cortial mentionne que "le 20 décembre 1824 Mgr l'Evêque du Puy porte une Ordonnance sur les écoles primaires de son Diocèse et donne un extrait de l'Ordonnance royale du 8 avril 1824 relative à l'instruction publique, par laquelle il est exigé des instituteurs primaires des écoles catholiques un certificat d'instruction religieuse, et donne au clergé le droit de visite et de contrôle dans les écoles". Néanmoins, nombre d'instituteurs interprétaient l ibrement leurs obligations comme on va le voir plus loin. Le 28 juin 1833 La Loi François Guizot instaure l 'école primaire obligatoire et précise que les communes de plus de 500 habitants doivent avoir une école de garçons. Parallèlement, les Écoles normales pour former les maîtres sont créées. La commune des Estables comptant 1.044 habitants est donc visée par la loi. C'est alors que Jean François Tourneyre est nommé instituteur de l 'école publique de garçons par la commune. Mais le nouveau maître d'école trouve rapidement cette vieille maison couverte à l auzes peu à son goût et décide de l 'abandonner et de faire la classe dans sa maison du Chier, bien que les documents d'époque mentionnent que sa demeure ne valait pas celle de la maison Chambarlhac. Il encaissa les 150 francs du loyer du pré légué par Jean de Chambarlhac dont se contentaient ses prédécesseurs en plus de la rétribution garantie par la loi Guizot, qui fixait à 200 francs les émoluments de l 'instituteur. Ce traitement était fourni par les 3 centimes spéciaux du budget communal, complétés par une subvention de l 'administration. Bientôt même il demanda et obtint une allocation de logement de 60 francs. Cela dura jusqu'en 1854, époque à laquelle il donna sa démission bien qu'entre temps la loi de 1850 assurât aux instituteurs un traitement annuel de 600 francs. Cette loi (dite loi Falloux) du 15 mars autorise des écoles séparées, pour les enfants appartenant à différentes confessions religieuses. L'enseignement se trouve désormais partagé entre l 'enseignement public, géré par les communes, les départements et l 'État, et l 'enseignement privé, dit "libre", dont les établissements sont gérés par des particuliers, des associations ou des congrégations. Les écoles confessionnelles sont considérées comme des écoles publiques, ce qui permet aux communes très influencées par l 'Église de ne pas avoir à en assurer le financement. En ce qui concerne l 'enseignement primaire, elle y affirmait le primat de l 'éducation religieuse sur les autres matières et la prépondérance morale du curé sur l 'enseignement dispensé par l 'instituteur. Les maitres des écoles laïques sont formés dans des Écoles normales entretenues par les départements. Pour l 'enseignement "libre", les congréganistes peuvent enseigner s'ils sont titulaires du baccalauréat, ou sont ministres d'un culte ou ont un certificat de stage. Pour les religieuses une simple lettre d'obédience de l 'évêque suffit. Les instituteurs nommés par les responsables des communes doivent y assurer la morale et l 'éducation religieuse. Pour devenir instituteur, i l n'est plus nécessaire d'avoir reçu une formation dans une école Normale, école que les Conseils généraux ont le droit de supprimer. Être bachelier, prêtre ou membre d'une congrégation religieuse suffit. Garçons et filles doivent être séparés par une barrière dans les salles de classe. La loi Falloux fixe également l 'objectif d'une école primaire de fi lles dans chaque commune de plus de 800 habitants. Celle des Estables qui en compte alors 928 est concernée). La loi Falloux donnait à l 'Église catholique un pouvoir considérable sur l'ensemble du système scolaire.

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Les Estables, le 20 septembre 1869. Le Maire de la Commune des ESTABLES à Monsieur le Préfet de la Haute-Loire Monsieur le Préfet, J'ai l 'honneur de vous adresser ci -joint une copie de la sommation que m'a fait Louis Eyraud de Champusclade, Commune des Estables par laquelle il me défend d'établir l 'école des jeunes garçons dans la maison qu'habitait jadis Mr Médard, Vicaire des Estables, attendu que cette portion de maison a été prise sur celle que Jean Antoine Eyraud dit Brunet avait donnée pour l 'instruction des jeunes fil les. En outre des dons faits pour cette maison, la commune a dépensé au moins 4.000 francs pour la réparer, par ces motifs, elle se croirait en droit d'en occuper une partie pour l 'école des jeunes garçons, la partie qu'occupe actuellement l 'institutrice est suffisante la preuve est évidente; lorsque la réparation de la vicairie se fit, personne ne s'est plaint pour lors la partie qu'occuperait le Maître d'école lui est absolument inutile; i l n'y a aucun inconvénient de réunir les deux écoles dans la même maison attendu que leurs entrées sont enfin opposées. En conséquence, je vous prie, Mr le Préfet de prononcer contre cette défense afin que la Commune puisse y placer le Maitre d'école sans quoi, elle est totalement paralysée. Eyraud Louis de Champusclade opposant a signé comme les autres membres dans une délibération prise le 24 Décembre 1865 une somme de deux mille cent soixante trois francs pour payer les réparations faites par le Sieur Chacornac dans la maison de l 'école des fi lles qu'on trouvait trop vaste pour en faire une vicairie. Veuillez agréer, avec mon profond respect Mr le Préfet l 'hommage de mon entier dévouement.

Joseph Debard.

Après la démission de Tourneyre, de 1855 à 1879, l 'école connût plusieurs maîtres. Un c ertain Chazal y officia jusqu'en 1868, date à laquelle il fut remplacé par Jacques Frédéric Guigon qui y avait pris son premier poste le 23 octobre 1869. (Il épousera une fille du village, Marie Célestine Eyraud, dont il aura 12 enfants et restera en fonction jusqu'à sa retraite en septembre 1903.) On verra plus loin qu'ils ont été contraints de se réfugier dans la maison de l 'Assemblée, la maison de l 'Avocat abandonnée a vait en effet été pillée de ses lauzes, de ses boiseries et de ses pierres de taille. Réduite à l 'état de ruine, i l n'en restait plus que les moellons. Le Chier quant-à lui continuait à être occupé par Jean-François Tourneyre qui en resta propriétaire jusqu'en 1864. Le retour de l 'école publique dans les locaux initiaux est un long roman de près d'un quart de siècle dont les épisodes tumultueux se déroulèrent ainsi que nous avons tenté de le reconstituer ci -dessous. L'installation des instituteurs après la démission de Tourneyre était très précaire car le 20 mai 1859, l 'inspecteur d'académie du Puy adresse une lettre au Préfet pour signaler les abus des dix années de fonction du premier instituteur qui ont conduit à la ruine de l 'ancienne maison d'école et à la dilapidation de fonds publics, préjudice qu'il chiffre de 1835 à 1850 à 1.312 francs pour la Commune et à 2.048 francs pour l 'État. Il demande que Tourneyre rembourse les sommes indument perçues, et que la Municipalité soit mise en demeure d'assurer les ressources nécessaires pour rétablir sa maison d'école d'ici le 1er Octobre 1860. Il propose qu'elle y affecte les revenus du pré en les complétant par des prestations volontaires des amodiations (cession d'exploitation) de terrains communaux et des surimpositions. Par une lettre datée du 26 mai 1859 au maire Joseph Descours, le préfet suit ces recommandations, blâme la "négligence et l'insouciance de l'autorité municipale qui a laissé ainsi dévaster un bâtiment communal sans s'y opposer" et le somme de réunir son conseil municipal "pour lui faire part de ce qui précède et le mettre en demeure d'assurer les ressources pour rétablir la maison d'école dans le plus bref délai possible". Il conclut "Veuillez, Mr le Maire, bien faire comprendre à votre conseil que tout ajournement pour la réalisation des fonds nécessaires à la reconstruction de la maison d'école m'obligerait à mettre exclusivement à la charge de la Commune les loyers de la maison occupée aujourd'hui par l'instituteur." Cette situation était très embarrassante pour la municipalité des Estables qui venait de dépenser près de 5.000 francs pour rendre habitable le bâtiment de l 'Assemblée où une béate donnait des bribes d'instructions aux filles du village. Or, dans ce bâtiment logeait également le vicaire de la paroisse, Charles Ménard qui venait juste d'être remplacé par un certain Chabanel qui avait choisi de loger au presbytère avec le curé Besset, l ibérant ainsi une place précieuse permettant, selon le conseil municipal, d'y loger provisoirement l 'instituteur et l 'école de garçons en attendant que la maison de l 'Avocat soit réhabilitée. Las, c'était sans compter sur Louis Eyraud alors fermier à Champusclade. Louis était le petit-fi ls de Jean Antoine Eyraud,dit "Brunet", celui-là même qui le 28

août 1812, par un testament enregistré à Fay-le-Froid (Fay-sur-Lignon) avait légué à la commune des Estables cette "maison couverte à paille" qui venait juste d'être réhabilitée et couverte à lauzes par la municipalité. Considérant que la maison d’école, a été donnée pour l’instruction des fi lles et que l 'installation provisoire en ces lieux de l’école de garçons violait les dernières volontés du donateur, i l assigne le maire par l 'intermédiaire d'un huissier pour s'opposer à cette décision. Ce dernier en appelle au préfet par lettre du 20 septembre 1859. Après intervention de ce dernier, on se met d'accord pour une solution négociée par laquelle la partie disponible de l 'école des fil les ouvrant sur une autre rue abriterait provisoirement les garçons le temps de reconstruire une nouvelle école à l 'emplacement de la maison de M. de Chambarlhac. Il se trouve que ce bâtiment avait été fort opportunément réaménagé en deux parties distinctes. La plus petite, à l 'est logeait l 'Assemblée et une béate qui enseignait tant bien que mal aux petites filles des rudiments de lecture, la confection de la dentelle et (beaucoup) d'instruction religieuse. La partie ouest, plus vaste, qui servait précédemment de logement au vicaire accueill it donc "provisoirement" l 'instituteur et l 'école de garçons. Les deux cours attenantes étant séparées par un mur, la morale était sauve ! Mais ce provisoire dura longtemps car la difficulté majeure était de trouver un financement. Responsable de ce qui s'était passé, la commune

fit de son mieux pour rassembler des fonds, ce qui fut long et laborieux. À ce problème vint s'en ajouter un autre avec l 'adoption en 1867 de la loi Duruy qui imposait notamment l’ouverture d'une école de filles dans les communes de plus de cinq cents habitants. La municipalité devait donc également se mettre en conformité avec cette

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Au centre, en 1899, la maison de l'Avocat après la réhabilitation de 1879.

loi sachant qu'il était difficile d'assimiler l 'établissement actuel à une école. Il fallut en fait près de 20 ans pour surmonter toutes ces difficultés. Le 10 Janvier 1873, le Conseil municipal présidé par le maire Célestin Charre émet le vœu que la commune soit autorisée à faire usage de la faculté que lui accorde la loi du 26 novembre 1872 et que les sommes provenant du remboursement des taxes spéciales des mobilisés soient affectées au rétablissement de l’ancienne maison d’école de garçons. Mais ce vœu reste pendant encore plus de trois ans un vœu pieux. Le 18 Août 1876 le maire Célestin Descours "… expose que la maison d’école actuelle est beaucoup trop petite, fait remarquer qu’en 1869 l’école ne fut que provisoirement installée où elle est actuellement, qu’il faut mettre un terme à ce provisoire en affectant, suivant le vœu du donateur, ce local à l’instruction des filles et en faisant ériger au printemps l’ancienne maison d’école tombée en ruines. Le Conseil, considérant que la maison d’école est en effet trop petite, tant pour le service de l’instruction primaire que pour la Mairie ; que le sol de la salle est à peu près d’un mètre au-dessous du terrain circonvoisin – par conséquent fort humide – , qu’en 1869 par délibération en date du 3 Juin, la Municipalité n’établit l’école dans ce local qu’à titre provisoire ; que le local où est aujourd’hui installée l’école de garçons est une donation faite en faveur de l’instruction des filles, et qu’en l’affectant à une école de garçons, on viole les dernières volontés du donateur ; qu’aujourd’hui la Commune a encaissé une somme de huit mille francs qu’elle a accumulée pour la construction de son école : Est d’avis que la Commune soit autorisée à entreprendre au printemps prochain la réédification de son ancienne maison d’école et prie monsieur le maire de faire dresser au plus tôt les plans et devis par un architecte, afin qu’ils soient transmis aux autorités compétentes pour que la demande soit instruite et obtenir, pour défaut de ressources communales, un secours de l’État". Le 20 février 1877, l 'adjoint président le Conseil, y présente le projet de construction de la maison d’école qu’il a fait dresser par l’architecte départemental et dont le devis estimatif s’élève à 15.300 francs. Le Conseil approuve ce projet. Les ressources propres se montent à 9.318,88 francs provenant : - Du remboursement de la taxe des mobilisés – de la ferme cumulée d’un pré communal dont le montant est fixé par le budget supplémentaire de 1876, à la somme de 8.408,88 francs. - De la ferme dudit pré qui échera le 25 mars 1877 soit 280 francs - De la valeur des matériaux de la vieille maison d’école estimés par l’architecte à 630 francs. Ce chiffre laisse un écart de 5.981,12 francs par rapport au devis dressé par l’architecte. Le rapport conclut : "Aussi après les grands sacrifices que le Conseil Municipal fut obligé de s’imposer en 1867, 1868 et 1869 pour la construction du vicariat, la réparation du presbytère tombé en délabrement et ensuite l’appropriation de l’école provisoire ; Vu même que la Commune reste surimposée de 484,55 francs pour l’achèvement de ses chemins vicinaux : Sollicite de M. le Ministre de l’Instruction publique un secours de 5.981,12 francs complément indispensable à la construction de la maison d’école des Estables. Considérant ensuite que la salle d’école actuelle est insalubre et insuffisante pour le service de l’instruction, engage M. le Maire à faire toutes demandes utiles auprès de son administration, afin qu’à la rentrée des classes en 1877 l’école soit installée dans le local à construire."

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La façade nord de la maison de l'Avocat au tout début du XXe siècle

Jacques Frédéric Guigon

Maître d'école aux Estables de 1859 à 1904

Après quelques autres tractations, les travaux de reconstruction de la maison de l 'Avocat peuvent enfin commencer. Un rapport de l 'inspecteur primaire du 8 juin 1878 nous apporte de précieuses indications sur l 'état dans lequel se trouvait alors l 'enseignement aux Estables. Il note que 54 garçons sont inscrits à l 'école publique. Onze seulement sont présents (mais c'est la

saison des travaux des champs!). Il mentionne que l 'école se trouve dans la maison commune "qui sera abandonnée lorsque l'école pourra être transférée dans la maison en construction, la maison actuelle pouvant servir à l'institution d'une école de filles dont le besoin se fait excessivement sentir ici…". La reconstruction de la maison de l 'avocat est confiée à Pierre Rivier, entrepreneur à Saint Front, qui y aménage le logement de l 'instituteur, l 'école de garçons et le local municipal. L'école de garçons peut enfin ouvrir en 1879 et son instituteur, Jacques Frédéric Guigon en prendre possession après dix ans d'installation précaire. La même année la loi Paul Bert du 9 août 1879 instaure la création d'écoles normales d'institutrices quarante cinq ans après celles pour les instituteurs. Cela lance le compte-à-rebours de la disparition des béates dont i l est question plus loin. Mais concernant l 'école de garçons, l 'épisode n'en est pas terminé pour autant car le 17 Juillet 1880 le maire expose que la Commune se trouve redevable de deux mille francs au sieur Rivier Pierre, et qu’il y a l ieu d’aviser au moyen d’acquitter cette somme. "Le Conseil, considérant que la commune n’a pas en ce moment de fonds disponibles pour acquitter cette somme, est d ’avis d’emprunter à la Caisse des Écoles la somme de 2.000 francs payables en quatre annuités et se propose de poursuivre une surimposition de 500 francs déjà votée pour la construction de la maison d’école et d’y ajouter 100 francs pour payer les intérêts. Il autorise M. le maire à payer les intérêts moratoires au taux de 5%.

Signé : Eyraud, maire" Les "assujettis à l 'impôt" sollicités une nouvelle fois pour mettre la main

au porte-monnaie, le financement est bouclé (Ernest Ribbes signale que cet épisode a permis de connaître les plus gros imposables d'alors, dont les trois quarts sont étrangers au village.).

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L'école de béate à la fin du XIXe siècle.

La photo est prise derrière l'Assemblée. Au fond, l'emplacement de l'actuelle fontaine du Goulaïou.

L'école de filles du bourg : On peut alors passer à l 'étape suivante car le problème de l 'instruction des filles reste entier. Celle-ci, est donnée plutôt mal que bien à quelques fillettes de l 'école dans une partie de la maison de l 'Assemblée par ce que l 'administration nomme "Filles d'instruction" et que l 'on appelle plus communément "Béates". Les béates constituent une institution particulière à l’évêché du Puy-en-Velay (Velay, Vivarais, Gévaudan), appelée "Institution des demoiselles de l’Instruction", fondée en 1665 par une jeune fille du

Puy, Anne-Marie Martel, sous l’épiscopat de Mgr de Béthune. De la fin du XVIIe siècle à la fin du XXe, les béates ont tenu une place essentielle dans la société rurale du Velay. Sous la Révolution, elles ont joué un rôle capital dans la résistance catholique des campagnes. Le XIXe siècle les mettra en concurrence avec les institutrices, qui feront peu à peu dépérir le réseau. Fille des champs, la béate est destinée exclusivement à la campagne. On ne lui demande aucun vœu, mais elle s’engage à "obéir à la supérieure générale de l’Instruction de l’Enfant Jésus". Un noviciat de deux ans lui est imposé. Institutrice, monitrice de dentelle, organisatrice de veillées, sœur de charité visitant les malades, elle initie les enfants au catéchisme et exerce une influence religieuse importante. Aux Estables, les béates se sont succédé depuis la donation dans des locaux vétustes de la Maison de l 'Assemblée. Bien que restaurée en 1859 par la municipalité, elle fait la part belle à la partie réservée au vicaire, celle de l 'Assemblée, plus petite, est dénuée de tout confort. Outre son insalubrité, l 'instruction qui y est donnée est plus que rudimentaire. Le 8 juin 1878, lors de l 'inspection de Frédéric Guigon dans cette maison qui accueille alors provisoirement l 'école de garçons dans sa partie ouest, l 'Inspecteur note que lorsque celle-ci sera transférée dans la nouvelle maison en construction "…l'actuelle pourrait servir à l'installation d'une école de fil les dont le besoin se fait excessivement sentir ici, les filles ne recevant d'autres instructions que celles données par une vieil le béate qui ne sait pas écrire". Ayant pris conscience de cet état de choses et soucieuses de faire appliquer la loi Duruy, les autorités commencent alors à mettre la pression sur la municipalité catholique et sur la population très attachée aux béates pour que l 'on passe à des choses sérieuses en ce qui concerne l 'instruction des jeunes filles des Estables. Le 27 octobre 1880, Frédéric Guigon rend compte à sa hiérarchie de son inspection de la béate en fonction, Virginie Béranger . Cette inspection lui avait été probablement demandée à la suite de la non-réponse de l 'impétrante (et pour cause!) à la lettre de demande de régulation d'ouverture qui lui avait été envoyée. Née en 1809 elle exerce aux Estables depuis 26 ans. Le rapport est éloquent "Cette demoiselle âgée de 72 ans, porte l'habit congréganiste et appartient, m'a-t-elle dit à la congrégation de Jésus. Elle n'a ni brevet, ni certificat d'aptitude, ni lettre d'obédience ; elle est d'ailleurs dépourvue des connaissances les plus usuelles, les plus élémentaires. En effet, elle ne sait ni lire l'écriture manuscrite ni les chiffres ; par conséquent elle ne sait ni lire, ni écrire, ni calculer. Son enseignement se borne à la lecture machinale de la bible et du devoir du chrétien, à la récitation du catéchisme, du chapelet et autres prières analogues. Elle a cependant enseigné pendant plus de 25 ans dans le chef-lieu de la commune. Aussi la situation de la population féminine des Estables au point de vue de l'éducation et de l'instruction est des plus déplorables. Enfin, Monsieur l'Inspecteur, cette béate n'ayant pas de lettre d'obédience, je ne lui ai pas fait remplir la déclaration d'ouverture jointe à sa lettre…" Bien entendu, c e rapport n'arrangera pas les relations conflictuelles que Frédéric Guigon "Hussard de la République" entretient avec

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le maire de l 'époque Louis Eyraud et qu'il continuera à entretenir avec d'autres magistrats du bourg jusqu'à sa retraite en 1904. Le 23 déc embre 1880, le maire obtempère et envoie une demande officielle d'ouverture d'une école l ibre de fi lles. Le 6 avril 1881, c'est, cette fois-ci, une inspection officielle par l 'Inspecteur primaire qui confirme et précise ce que Frédéric Guigon avait rapporté l 'an d'avant. Trente fi l les sont présentes ainsi que 9 garçons, le mobilier est sommaire, quelques tables et des bancs-chaises. Propreté médiocre, tenue et discipline assez bonnes mais "… un véritable atelier de dentelle. Enseignement nul. Ce qui m'a frappé c'est la présence de 9 garçons pouvant fréquenter l'école communale : ils sont là pour la première communion et apprendre oralement le catéchisme auquel ils ne sont point exercés : c'est la réponse qui m'a été faite. La commune des Estables a plus de 500 âmes (1097) et doit entretenir une école de filles ; l'instituteur, il y a deux ans, a quitté son logement pour une maison neuve et actuellement ce logement est libre. L'institutrice aurait 4 pièces : 2 en haut, les 2 autres au rez-de-chaussée en établissant une cloison. La classe devrait être établie au premier pour éviter la fraîcheur du rez-de-chaussée ; la salle serait assez vaste et bien éclairée ; les réparations ne seraient pas trop coûteuses. Quant-au mobilier, il y a deux tables à l'assemblée et l'instituteur peut en céder une troisième" En conséquence, le 28 avril 1881, le préfet rappelle la nécessité d'ouvrir une école publique pour les jeunes filles. D'où la délibération du Conseil municipal en date du 8 mai 1881 qui tente de proposer un compromis : "Le Conseil Municipal reconnaissant la nécessité de se conformer à la loi du 10 avril 1867 (Loi Duruy NDLR) et au désir de M. le Préfet– Considérant que pour arriver au but demandé, la commune ne peut s’imposer des sacrifices pécuniaires à cause des charges nombreuses et récentes qu’elle a à supporter, telle que la construction de la maison d’école au chef-lieu – Considérant que les frais de la dite construction ne sont pas encore liquidés – Considérant néanmoins que le désir de l’Administration Municipale est de se conformer aux arrêts de la loi et au désir de l’autorité supérieure – pour ces motifs : Émet l’avis qu’il sera fourni par la Commune un local pour l’installation d’une école de filles et que ce local sera celui qu’occupait l’instituteur communal avant la construction de la maison d’école du chef-lieu. Le Conseil Municipal également consulté sur la direction à donner au nouvel établissement – après avoir entendu les observations présentées par M. le maire qui a fait observer que l’avis et le vœu du Conseil ne limiterait aucunement le choix de l’autorité supérieure. Émet le vœu qu’il plaise à l’autorité supérieure de vouloir bien confier la direction de l’école à une personne remplissant les conditions exigées par la loi, mais appartenant à une Congrégation religieuse. Le Conseil Municipal émet ce vœu sur le motif que la population de la Commune des Estables confiera sans préjugé la direction des jeunes filles à cette personne.

Signé: Eyraud, maire." La même année, une nouvelle loi vient brouiller la donne, larguant les voiles vers une laïcité plus marquée. Il s'agit de la loi scolaire du 16 juin 1881 de Jules Ferry qui rend l 'enseignement primaire public et gratuit mais surtout, l 'an d'après, la loi du 28 mars 1882 qui rend l 'instruction primaire obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans, ce qui inclut les filles. Elle impose également un enseignement laïc dans les établissements publics. Contrairement à une interprétation erronée, ce n'est pas l 'école mais l 'instruction qui est obligatoire. Libre aux parents de confier cette instruction à une école publique ou à une école l ibre et même sous réserve d'un certain contrôle, dans les familles elles-mêmes (Nous aurons l 'occasion d'évoquer ces régisseurs qui venaient enseigner dans les fermes isolées). Cependant l 'instruction religieuse est bannie des écoles publiques et facultative dans les écoles dites l ibres. "Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le désirent, à leurs enfants, l'instruction religieuse, en dehors des édifices scolaires. L'enseignement religieux est facultatif dans les écoles privées."(Article 2). Si le problème de l 'école publique de garçons avec son maître "laïc et républicain" est réglé aux Estables, celui de l 'école de fi lles laïque ou libre reste entier. Le 19 février 1882, le préfet relance la municipalité par lettre et lui demande de se réunir avec les plus imposés conformément à la loi du 18 février 1837 sur l'organisation communale pour se prononcer sur l 'ouverture d'une école de fi lles. Le nouveau maire Alexandre Descours obtempère mais le 26 février 1882, le conseil élargi confirme ce qui a été décidé lors de sa délibération du 8 mai 1881. La situation est donc bloquée. Le 17 avril 1882, l 'Inspecteur primaire diligente une nouvelle inspection de la béate qui accuse maintenant 27 ans de présence à l 'Assemblée. Son aptitude à l 'enseignement est déclarée nulle. Il est préconisé de fermer l 'école car elle est déclarée incapable. Vingt quatre filles sont présentes dans cette salle de 42 m2 et de 2m35 de hauteur. L'inspecteur considère que l 'école pourrait être immédiatement transformée en école publique moyennant un blanchiment de la salle (!) et que 43 filles de 6 à 13 ans pourraient alors la fréquenter. Entre temps, la vieille béate décède et est remplacée par une autre béate, Léonie Issartel qui semble d'un autre niveau mais qui ne tarde pas à quitter le vaisseau à la fin de l 'année scolaire 1883-1884. Inspectée le 8 juin, elle se plaint en effet, au bas du rapport d'inspection de ses conditions de vie: "J'ai l'honneur de vous prévenir, Monsieur l'Inspecteur que ma classe est trop humide, la santé des enfants en a souffert plus d'une fois et elle est trop petite mais vous êtes déjà prévenu et je suis persuadée que vous ferez tout ce que vous pourrez pour obtenir un changement de la classe dans mon domicile. Veuillez agréer, monsieur l'Inspecteur, l'assurance de mon respect. Votre obéissante servante Issartel". Vingt quatre élèves sont alors présentes sur 33 inscrites et la surface de la classe est indiquée pour 33 m2. Elle est déclarée mal aérée, mal éclairée, non chauffée. Il n'y a pas de préau, pas de cour, pas de lieux d'aisance. La municipalité, fidèle à ses convictions, la remplace pour la rentrée de 1884 par une autre béate, Victoire Fiolle pour laquelle l 'Inspecteur d'Académie diligente une inspection. Celle-ci est effectuée le 20 décembre par l 'Inspecteur primaire du Monastier.

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Classe de l'école de filles à l'Assemblée. À droite, la dernière béate Victoire Gérentes.

Certains ont cru reconnaître au centre Marie Chanéac (avec la croix), née en 1885, ce qui daterait la photo de 1898 à 1899.

"…et avons trouvé réunies trente-trois filles, auxquelles Mlle Fiolle Victoire, née à Mayres (Ardèche) le 28 septembre 1845, en religion sœur Honorine, de la congrégation de St Régis d'Aubenas faisait une leçon de lecture. Cette personne a été pendant quinze ans institutrice publique à Borée (Ardèche) jusqu'au 1er septembre 1884, époque à laquelle on l'aurait remplacée par une institutrice laïque. Se trouvant sans emploi, elle fut sollicitée, dans le courant d'octobre, à prendre, aux Estables, la succession de la béate décédée. Elle crut pouvoir le faire légalement en invoquant le bénéfice des dispositions de l'article 4 de la loi du 16 juin 1881 (Loi Ferry NDLR) sur les lettres de capacité. A cet effet, elle remit au maire, il y a plus d'un mois, une déclaration qui ne fut pas affichée ; ce magistrat n'a d'autre secrétaire que son fils ; ignorant les formalités à remplir en pareil cas, il ne s'adressa que bien plus tard à l'instituteur; on lui remit alors le bulletin scolaire N°1 de 1884 ; mais il ne sut tirer parti des instructions qui y sont contenues. Considérant d'une part, que la situation illégale où se trouve Mlle Fiolle est due surtout à la faute du maire, d'autre part que cette

personne, de l'avis de tout le monde, a eu une attitude tout à fait convenable depuis son arrivée aux Estables, que sur notre invitation elle s'est empressée de fermer son école jusqu'à ce que de nouvelles démarches plus heureuses aient abouti. En conséquence, nous ne pensons pas qu'il y ait lieu de la poursuivre par application de l'article 29 de la loi du 15 mars 1850. (Loi Falloux NDLR)". La béate va continuer à enseigner dans la partie est de l 'Assemblée jusqu'en 1886. Le 19 Juillet 1886 en effet, le maire Louis Eyraud expose au Conseil que " les héritiers de la maison servant d’école pour les filles lui ont fait la demande de proposer à son Conseil de céder la partie inhabitée de la maison en question à Mme Fiolle Marie Victoire pour y ouvrir une école libre. Le Conseil Municipal, après avoir mûrement examiné, considérant que cette école libre sera d’une grande utilité, surtout pour les enfants au dessus de 6 ans et au dessous de 13 ans est d’avis à l’unanimité des membres présents, que le dit local ayant servi jusqu’à ce jour pour école libre soit livré sans retard à Mme Fiolle, afin d’y ouvrir l ’école en question." L'école l ibre s'ouvre alors dans la partie ouest de l 'Assemblée délaissée par l 'école de garçons. La première institutrice "officielle" est logée au premier étage. La partie est n'est alors plus consacrée qu'aux réunions pieuses. Vers une école mixte : Par la suite, des institutrices laïques et formées au métier seront nommées et deux écoles publiques cohabiteront au bourg, non sans péripéties notamment au tout début du XXe siècle, exacerbée par la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l 'État et les inventaires des biens de l 'église qui s'en suivirent puis plus tard, en janvier 1934, lorsque l 'Inspection d'Académie adressa à tous les instituteurs une circulaire les invitant par ordre supérieur, à tenter la gémination scolaire. La population, et donc la plupart des maires de l 'époque étaient tout acquis à la religion catholique et on assista à une guerre larvée entre les municipalités et l 'administration laïque qui dura jusqu'en 1971. Déjà, dès l 'ouverture de la nouvelle école, l 'inspecteur primaire se plaignait, le 30 mai 1880 auprès de l 'inspecteur d'académie, que "la magnifique pièce du premier destinée à loger l'adjoint pour le cas où un maître auxiliaire serait officiellement attaché à cette école" ait été confisquée par le maire d'alors (Louis Eyraud NDLR). "… et je ne m'explique pas en vertu de quel principe Mr le Maire tient cette pièce fermée et en garde la clé". Il demande, sans succès qu'elle soit restituée à l 'instituteur pour le logement de sa

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famille. Sans succès puisque le local municipal sera hébergé dans cet immeuble dès cette époque. Au départ de Frédéric Guigon, en 1904, le maire (Louis Giraud) installe le receveur des postes à côté du local municipal dans une pièce jusque là réservée au logement de l 'instituteur. Probablement avec quelques arrière-pensées, Guigon qui sort d'une passe d'armes avec lui alors qu'il était secrétaire de mairie du précédent maire Jean-Baptiste Chabanel, alerte son successeur l 'instituteur Solignac. Celui-ci fait remonter l 'information ce qui vaut une demande de l 'inspecteur d'académie au préfet le 26 octobre " Le logement de l'instituteur des Estables en y comprenant la pièce distraire temporairement au profit du receveur des postes, ne se compose que de 4 pièces, c'est-à-dire le minimum exigé par le décret du 25 octobre 1894. L'instituteur actuel, contrairement à ce que je croyais, a, de sa première femme, une jeune fille de 12 ou 13 ans à qui il est obligé de donner une chambre à coucher distincte de la sienne ; il est remarié depuis peu et sa famille peut s'augmenter d'un moment à l'autre ; d'autre part, il pourrait être remplacé par un instituteur ayant une nombreuse famille. Enfin, c'est par un abus d'autorité de la municipalité qu'une pièce a été enlevée à son logement. Cette mesure a été prise fortuitement et sans notre autorisation dans l'intervalle entre le départ de l'ancien instituteur Mr Guigon, et l'arrivée de l'instituteur actuel. Si un pareil abus était toléré, rien n'empêcherait le maire actuel, hostile au Gouvernement et à l'enseignement laïque de montrer de nouvelles exigences. M l' Inspecteur primaire du Puy m'informe en effet que Mr le Maire des Estables ce magistrat se propose de faire placer une serrure à la porte d'une des deux cases des cabinets d'aisance de l'école pour les mettre à la disposition du Receveur des Postes. Ces deux cases sont cependant indispensables à l'école qui est fréquentée par plus de 50 élèves et le local où elle fonctionne a été construit en 1878 pour être affecté entièrement à son installation." Comme on peut en juger, l 'atmosphère est pestilentielle! Ce qui est également intéressant dans cette lettre, c'est la reprise de l 'idée de regrouper l 'école de garçons et l 'école de filles en un groupe scolaire, déjà évoquée en 1884. " Mais après avoir étudié l'affaire à nouveau, je crois que nous pourrions maintenir le statu quo jusqu'au moment où l'école publique de filles des Estables aura reçu la nouvelle installation dont il est question ci-après. Le local où fonctionne actuellement cette dernière école (L'actuelle école. NDLR) est malsain et défectueux, surtout le rez-de-chaussée où se trouve la salle de classe. Or il me semble que la maison d'école des garçons (L'actuelle mairie NDLR) pourrait être transformée facilement en groupe scolaire. Il suffirait pour cela : 1° de réunir en une seule pièce au rez-de-chaussée, le bureau de poste et la cuisine de l'instituteur. On aurait ainsi une seconde salle de classe suffisante; 2° de séparer la cour actuelle en deux par un mur et de construire pour celle qui n'en aurait pas, des cabinets d'aisances et une porte d'entrée. La superficie de l'une des cours pourrait être agrandie en empiétant sur le jardin au besoin. Au premier étage se trouvent les deux logements actuels, celui de l'instituteur et celui du receveur *auxquels on ajouterait la salle de mairie, seraient suffisants pour loger l'instituteur et l'institutrice. (* Ainsi que je l'ai dit plus haut, nous pouvons disposer de tout le local dont il s'agit puisqu'il a été construit pour être affecté en entier à la tenue de l'école publique de garçons) En même temps que la commune procèderait à cette transformation, elle réparerait l'école de filles actuelle où seraient insta llées la mairie et la recette des postes. Toutefois, il résulte de mes renseignements que ce projet est irréalisable en ce moment, le service du culte étant assuré dans une partie du local de l'école de filles (La partie est de l 'Assemblée NDLR) jusqu'à la reconstruction complète de l'église. Mais après cette reconstruction qui sera paraît-il terminée dans un an environ, rien ne s'opposera plus à ce que ledit projet puisse être réalisé. Je vous propose donc de maintenir le statu quo, mais aux conditions expresses suivantes: 1° Le Conseil Municipal des Estables prendra immédiatement l'engagement de transformer l'école de garçons actuelle en groupe scolaire et de réparer l'école de fil les en vue de l'installation de la mairie et de la recette des postes. 2° Les dossiers relatifs à ces deux projets seront présentés à l'Administration dans un délai maximu m de 6 mois Je vous serais obligé de vouloir bien écrire en ce sens à M le Maire des Estables. 3° Les deux cases des cabinets d'aisances actuels de l'école de garçons resteront à la seule disposi tion des élèves de cette école Or, il est à remarquer qu'aux termes du décret du 25 octobre 1894, le logement d'un instituteur, marié ou non, placé à la tête d'une école primaire élémentaire dans une commune de moins de 12.000 habitants, doit se composer au minimu m d'une cuisine, salle à manger et de trois pièces à feu. Il est à remarquer d'autre part, que le receveur des postes disposait déjà précédemment d'un logement de trois pièces ; il en a quatre maintenant. L'instituteur au contraire qui avait quatre pièces à disposition n'en a plus que trois. J'ai l'honneur, en conséquence, de vous prier de vouloir bien mettre M le Maire des Estables en demeure de faire évacuer par le receveur des postes de sa localité la quatrième pièce de logement de l'instituteur pour que celui-ci en reprenne immédiatement possession." Il faut dire que la situation scolaire aux Estables devient explosive. En 1884, 33 filles et 47 garçons fréquentaient les écoles publiques. La population de la commune comptait alors 1046 âmes. L'inspecteur estimait à 70 le nombre d'élèves qui auraient pu alors être hébergés dans un nouveau groupe scolaire. Mais dix ans plus tard, ce sont 62 garçons qui sont scolarisés dans la salle de classe de 70 mètres carrés et le maire Jean-Baptiste Chalamel réclame d'urgence un adjoint pour l 'instituteur Frédéric Guigon, renfort qui lui est accordé. En 1908, l 'inspecteur primaire se fâche et dans son rapport du 19 août écrit: "Retour sur les délibérations du 17 octobre 1907 où il est question de 2 projets: 1° Aménagement de l'école de garçons en groupe scolaire; 2° Aménagement de l'école de filles en groupe scolaire avec classe enfantine. Les deux projets sont possibles, le second serait préférable, car une classe enfantine rendrait de réels services. En 1909, il y aura 76 enfants de 4 à 7 ans et 120 de 8 à 13 ans. Le Conseil devra prendre délibération spéciale s'il adopte le deuxième projet. Il faut en finir. Donner un délai minimum et procéder d'office si on tergiverse encore".

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Mais entre ce projet et le regroupement effectif intervenu en 1935, une période intermédiaire malheureusement mal renseignée est dévoilée par l 'abbé Cortial. Il s'agit ni plus ni moins d'un déplacement des garçons vers l 'école du haut (École actuelle) et des filles vers celle du bas (Actuelle mairie). Il écrit en effet: "Quand le ménage des instituteurs et institutrices s’installa aux Estables le logement à l’école publique étant plus confortable, les garçons revinrent à la Maison de l’Assemblée pour laisser la place aux fillettes qui se trouvaient ainsi sous la main de l’institutrice logée à l’école publique, et cela dura jusqu’en 1934, quand un nouvel instituteur, M. Berger, s’aperçut que deux classes pouvaient très bien loger à l’école publique garçons et filles, quitte à séparer la cour par une cloison." Il ne nous a pas été donné de trouver des documents témoignant de c e changement mais il est avéré par des photos d'époque que nous avons pu dater.

Sur la photo de gauche, on reconnaît les fenêtres de l 'actuelle école telles qu'elles étaient avant sa récente restauration. La photo est notée comme étant celle de la classe de Cyprien Ribbes. Casimir Cyprien Ribbes étant né en 1889, elle a probablement été prise entre 1897 et 1900. À cette époque, l 'école de garçons était donc bien en haut. Sur la photo de droite de l 'école de filles, on distingue l 'escalier de l 'actuelle mairie. Elle a été prise pendant l 'année scolaire 1926-1927. Il s'agit de la classe de Madame Petit dont l 'époux enseignait alors dans la classe de garçons. De gauche à droite apparaissent: 1er Rang : Marie-Rose Chenebert, Marie-Louise Chapelle, Francia Gailhot. 2e rang : Claudine Chanal, fille de l 'institutrice, Elise Chabanel, Léontine Chanal, Marcelle Falcon. 3e rang : Aline Chabanel, Louise Chabanel, Marcelle Chapelle, Marie-Rose Leydier. La situation est la même en 1928. La photo ci-dessous de la classe de fi lles de Rachel Bazinet est également prise au bas des escaliers de l 'actuelle mairie. Elle est bien documentée. Les enfants présentes sur la photo ont toutes été identifiées. De gauche à droite, au premier rang : Marie-Rose Chabanel née en 1923, fi lle d'Élie Chabanel, cultivateur. Sœur de Régis Chabanel de Lamouroux, elle sera religieuse. Marie Faure, née en 1922, fi lle de Régis Faure, sabotier. Restée au pays, elle épousera Pierre Falcon. Marie-Rose Eyraud, née en 1920, fi lle de François Eyraud, épicier, elle épousera Victor Testud. Marie-Rose Leydier, née en 1916, fi lle de Régis Leydier, commerçant, elle épousera Maurice Pailhès Louise Chabanel, née en 1916, fille de Baptiste Chabanel, facteur, elle sera religieuse. Claire Marion, née en 1920, fille d'Ernest Marion, cordonnier, elle épousera un Méjean Rosine Bérard, née en 1920, fi lle de Louis Bérard, cultivateur, elle épousera Hyppolite Defay, culti vateur. Marie Surre, née en 1921, fille de Cyprien Surrel, cultivateur, elle épousera Pierre Ribbes.

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Marie Charre, née en 1920, fil le de Casimir Charre, cultivateur, elle épousera Rémy Lafont Au second rang: Antoinette Exbrayat, née en 1922, fi lle de François Exbrayat, cultivateur à Lamouroux, elle épousera Louis Cortial de La Vacheresse Marie Rochette, née en 1919, fille de Julie Rochette, ménagère, elle épousera un Nouvet de Fay-sur-Lignon. Marie Reynaud, née en 1920, fille d'Édouard Reynaud, boulanger, elle sera institutrice aux Estables de 1940 à 1942. Rosa Charre, née en 1923, fille de Casimir Charre, cultivateur, elle décèdera à 19 ans.

Comme d'habitude, ces photos ne sont pas représentatives de la classe. De nombreux élèves manquent pour diverses raisons. Les rapports d'inspection montrent bien que si en hiver l 'effectif est à peu près au complet, la période d'activité agricole désertifie les écoles. Dans le cas présent, 13 fillettes sont manquantes. Madeleine Gailhot, née en 1918, fi lle de Louis Gailhot, Claudia Chanal, née en 1918, fi lle de Baptiste Chanal, Marie Arsac, née en 1910, fille de Clovis Arsac de Blacheredonde, Francia Gailhot, née en 1919, fi lle de Louis Gailhot, Léontine Chanal, née en 1918, fil le d'Alexandre Chanal, Marie Chenebert, fi lle de Casimir Chenebert, Angèle Arnaud, fi lle de Vve Octavie Arnaud, Virginie Falcon, fille de Victor Falcon de Blot, Rose Falcon, née en 1920, sœur de la précédente, Marie Leydier, née en 1921, fille de Pierre Leydier, Simone Chabanel, née en 1922, fille de Célestin Chabanel, Rosa Leydier, née en 1922, fi lle de Pierre Leydier et Marthe Arcis, née en 1922, fille de Baptiste Arcis du Grand Moulin. Deux autres photos confirment ce qu'a écrit l 'abbé Cortial à propos du regroupement des deux écoles dans l 'actuelle mairie. Raymond Berger a été nommé titulaire de l 'école de garçons en 1932. Son épouse est alors nommée intérimaire à l 'école de fi lles alors à l 'Assemblée. À la suite d'un rapport d'inspection élogieux de 1934, elle est titularisée en 1935. C'est alors que les deux écoles sont regroupées comme en témoignent les deux photos de la page suivante prises au même endroit (On retrouve les mêmes pierres cerclées de rouge) sur la face nord de l 'actuelle mairie. Quant-à la maison de l 'Assemblée, sous la pression de l 'abbé Cortial, elle est rachetée à la municipalité par la Congrégation des Sœurs Saint Thomas de Villeneuve qui y établit en 1935 une nouvelle École libre de fi lles où enseigneront les religieuses. À la suite de cette installation, le curé met en œuvre tous les moyens de pression sur ses paroissiens pour débaucher les filles de l 'école publique. Et c'est ainsi que celle-ci doit fermer pour manque d'effectifs en 1936. Seuls quelques quarterons de fi lles viendront s'y instruire (séparées des garçons par un mur dans la cour de récréation !) pour se présenter au certificat d'études, que ne préparait pas l 'école libre. L'école "des sœurs" gardera le quasi-monopole de l 'instruction des fil les jusqu'à sa fermeture en 1971. Une situation "républicaine" se rétablit alors et les filles rejoindront l 'école publique de garçons qui devient école mixte en 1980 avec deux escaliers d'accès séparés. L'histoire pourrait s'arrêter là si en 1984, la Municipalité ne décidât de racheter le bâtiment de l 'ancienne école des sœurs pour y installer l 'école publique actuelle qui quitte une nouvelle fois la maison de l 'Avocat. Cette dernière est alors aménagée pour y installer la mairie au premier étage et des gites au second. Plus tard, le rez-de-chaussée sera en partie occupé par le Syndicat d'initiative qui y resta jusqu'en 2013. La bibliothèque municipale sera, quant-à elle installée à l 'étage, à côté des gîtes. Un nouvel avenir s'ouvre actuellement pour la maison de l 'Avocat puisqu'un projet en cours prévoit d'installer au rez-de-chaussée une Bibliothèque municipale plus vaste et plus fonctionnelle ainsi que des salles pour les Associations culturelles.

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La classe de garçons de M Berger en 1934-35

La classe de filles de Mme Berger en 1934-35

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Les registres de l 'école, même incomplets, permettent de se repérer dans les multiples photos de classe qui nous sont parvenues. Il n'est pas possible de toutes les publier mais quelques générations se reconnaîtront dans la sélection présentée dans les pages suivantes. Pour les mêmes raisons, il serait fastidieux de donner les noms des élèves de chacune d'entre elles, bien que la plupart aient été identifiés. Nous laissons à chacun le soin de se reconnaître et de reconnaitre ses anciens copains (copines) de classe. Chacun d'entre eux, mais également leurs enseignants, sont invités à transmettre documents et souvenirs afin que ce dossier s'enrichisse peu à peu de leurs apports.

Enseignants de l'école publique des Estables

Noms et Prénoms Date de nomination Date de fin de fonction Destination Russier Timothée 01/10/1920 01/10/1922 Crouziols Mallègue Jean-Pierre 01/10/1923 31/07/1927 Bazinet René 30/09/1927 30/09/1928 Dordogne Petit Henri 01/10/1928 31/07/1932 Commangles Berger Raymond 01/10/1932 Grand Paul 16/09/1935 Marcon Antonin 12/10/1936 31/07/1937 Douce Louis 23/09/1937 18/09/1942 Mézères Reynaud Marie 02/09/1940 16/06/1942 Milhit Baptiste 18/09/1942 17/09/1943 Yssingeaux Tarré Denise 10/09/1943 Le Brignon (Les Salles) 09/1944 Petiot Jean 01/10/1945 07/1948 Sagueton Claudius 01/10/1948 St Pal de Senouïre 09/1953 Passeron Jean 01/09/1953 01/07/1956 Souveton Georges 01/11/1956 Pissère raymond 01/09/1957 Bordet Henri 01/09/1958 Gerbier Raymond 16/09/1960 01/09/1967 Roux Léon 25/09/1967 01/09/1974 Yssingeaux Falcon-Barriol Eliane 10/09/1970 01/09/1978 Lantriac Breysse Danielle 06/01/1974 Faure Régine 13/09/1974 Masson Nicole 15/09/1975 Breysse Danielle 13/09/1975 Présailles 30/06/1977 Sauron André 03/01/1977 12/02/1977 Caron Claude 15/09/1977 05/09/1988 Saint Germain Laprade Caron Annie 15/09/1978 05/09/1988 Le Montzeil Sabatier Philippe 07/11/1978 20/12/1978 Ferrier Alain 04/01/1979 31/03/1979 Faisandier Suzanne 07/09/1983 31/03/1984 Thepaut Annick 6/09/1988 (Petits) 01/06/1993 Giraud Danielle 6/09/1988 (Grands) Royet Jacqueline 01/09/1993 01/06/1996 Vernet Fabienne 01/09/1996 Faux Magali 01/09/1997 01/06/1999 Issartel Sabine 01/09/1999 Masse Nathalie 01/09/2000 ou 2002 01/09/2001 ou 2003 Brunon Gaëlle 01/09/2004 31/08/2005 Reymond Nicolas 01/09/2003 31/08/2005 Titulaire Remplaçant Blavozy Girard Laurence 01/09/2005 31/08/2008 Chadrac La Renaissance Tallaron Céline 01/09/2005 En fonction Chappuis Sylvie 01/09/2008 31/08/2009 Laussone Michel Nathalie 01/09/2009 31/08/2014 Ulis Collège de Corsac-Brives Masclaux Marie 01/09/2014 En fonction

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