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Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités. Mélanges Robert MandrouReview by: Jean BaubérotArchives de sciences sociales des religions, 31e Année, No. 62.2 (Oct. - Dec., 1986), pp. 281-282Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30126872 .

Accessed: 12/06/2014 23:34

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La tradition d'6tude et d'ex6g~se de la Parole constitue cette ouverture sur la transcendance ; elle est a un moyen objectif pour intensifier la relation de Dieu aux mondes >>. On voit que cette (< science >> n'est pas une activit6 cognitive comme une autre: elle requiert fidl61it6 A une norme de conduite, elle appelle A un renouvel- lement constant du sens. R~v6lation continue qui conditionne la Cr6ation continue, respon- sabilit6 immense de l'homme : si l'6tude venait A s'arreter, I'univers entier se disloquerait. L'6tude seule permet la communion avec Dieu, mais celle-ci est plus un objectif qu'un point de d6part de la vie religieuse; elle est plus une compr6hension des exigences de la Torah qu'une union mystique. Cette red6fini- tion intellectualiste du judaisme - dont la litt6rature rabbinique est le support premier - se d~marque cependant, d'un c6te d'une conception monadique du sujet (identifi6 A sa raison autonome ou A sa volont6 subjective) et de l'autre, de la conception spinoziste de la Bible comme texte du passe, clos et fig6, objet de l'investigation " scientifique >>. H. de V. fait de l'interpr~tation comme activit6 cr~atrice le probl~me central de toute pens6e et de toute oeuvre de civilisation.

Par son oeuvre 6crite et pratique - il a invent6 un nouveau type de ydchiva ofi le prestige de l'6tude et de l'6tudiant est rehaus- s6- H. de V. a permis le renouvellement idbologique du judaisme rabbinique par in- corporation d'aspects essentiels de la tradition mystique. II a ainsi fourni des fondements idbologiques et pratiques (logistiques pour- rait-on dire) aux multiples courants de l'or- thodoxie juive qui se sont constitu6s en r6ponse aux d6fis de la modernit6 : naissance de la critique biblique, 6mancipation et insertion nouvelle, individuelle, des Juifs dans la soci6t6 globale, 6mergence du sujet, d6veloppement d'une religiosit6 fond~e sur la vie int~rieure ou sur une conduite Athique inspir~e par la Rai- son.

Dans une perspective ( volozhynienne >, on pourrait comprendre l'interpr~tation dthi- que de cette oeuvre par B. Gross et E. L~vinas - le primat de l'acte permet la rupture d'une subjectivit6 qui serait autrement close sur elle- m~me - comme un renouvellement propre- ment moderne du sens de cette oeuvre: en rapport avec la reconsid6ration actuelle du sujet et l'insistance sur la dimension relation- nelle de sa subjectivit6. De mime, dans le contexte actuel du renouveau religieux juif et de son engouement pour l'6tude >, quelles

BULLETIN DES OUVRAGES

que soient ses formes et en regard de l'6clate- ment du savoir do au d6veloppement extreme de la rationalit6 scientifique, I'interpr6tation moderne selon laquelle, pour l'A., la croyance est une forme de savoir > signale une nouvelle position du religieux aujourd'hui, notamment dans ses rapports avec la science.

La traduction de cette oeuvre, son compte rendu et son interpr6tation dans l'excellente introduction de B. Gross, constituent ainsi, au-delA du travail de restitution d'une source importante, un objet de r6flexion sociologique.

Martine Cohen.

62.302 HERVIEU-LEGER (Dani~le), (avec la collaboration de Frangoise CHAMPION).

Vers un nouveau christianisme ? Introduc- tion A la sociologie du christianisme occi- dental. Paris, Id. du Cerf, 1986, 395 p.

(cf. Arch., 61/2, p. 175-85).

62.303

Histoire sociale, sensibilit6s collectives et mentalitbs. Ml61anges Robert Mandrou. Pa- ris, PUF, 1985, 580 p.

On me permettra de commencer ce compte rendu par un hommage personnel: jeUine chercheur j'ai connu R. Mandrou : l'homme 6tait A la hauteur du savant. Remarquable- ment ouvert A la discussion, soucieux de l'6panouissement intellectuel de chacun et prenant du temps pour 6tre de bon conseil quant aux problmes de carribre si difficile A savoir g6rer quand on a 25, 30 ans et que < mai 68 constitue un 6v6nement r6cent.

C'est done avec une emotion jointe a l'in- t~r~t scientifique que j'ai pris connaissance de tels M~langes et notamment des textes sobres et pudiques de Ph. Joutard, J. Lecuir, P. Goubert et G. Duby qui restituent bien la personnalit6 attachante et l'itin~raire scientifique exem- plaire de Mandrou. On sait qu'on lui doit, dans le prolongement des travaux de L. Feb- vre, la notion < d'histoire des mentalit6s >. La premiere partie de ce recueil est done consa- cr6e A des problkmes de m6thodes li6s A cette notion. Retenons les propos de M. Vovelle qui cherchent comment d6passer le dilemme ( histoire s6rielle > ou "case studies" et ceux de l'historien polonais A. Grabski qui pr6ci- sent le champ op6rationnel du concept de ( conscience historique >.

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Le d6coupage s'effectue, ensuite, par gran- des p6riodes. Les a temps anciens A vont, en fait, d'Aristophane A la fin du Moyen Age. Notons la contribution, dans cette section, de J. Le Goff sur les miracles de Saint-Louis. De son vivant le roi 6tait dot6 du pouvoir sp6cia- list de gu6rison des 6crouelles, trbs vite aprbs sa mort ii devint un grand saint aux capacit6s thaumaturgiques polymorphes. Et Le Goff de montrer qu'il ne faut pas, pour autant, opposer une vie - part de la modernit6 - et une mort -part de la tradition - Louis IX, le roi comme le saint, s'insbre dans une longue tra- dition et exprime des mentalit6s nouvelles.

Les a temps modernes > (XVIP-XVIIIe) cons- tituaient la p6riode de r6f6rence des travaux de R. Mandrou dont on n'a pas oubli6 les beaux livres sur la culture populaire et les procks de sorcellerie. Les nombreuses contributions ap- paraissent done presque comme la poursuite du dialogue avec le grand historien disparu. Retenons celle de J. Delumeau sur le p6ch6 et la folie A l'6poque de la Renaissance, de G. Audisio concernant les catholiques et les pro- testants en Luberon vers 1630 (ils se retrou- vaient c6te A c6te dans la vie quotidienne mais se situaient plut6t < face A face A dans les moments essentiels de la vie, comme le maria- ge). D. Roche nous parle du < th6isme popu- laire A d'un artisan parisien du XVIIIP si~cle, exemple privil6gi6 d'un d6sint6rit progressif A I'6gard du catholicisme et de l'adoption de nouvelles valeurs religieuses, R. Zuber traite des 616ments populaires de la culture savante : les humanistes et le comique.

Le A Monde contemporain A est, lui aussi, l'objet de plusieurs 6tudes. Celle de R. Von Thadden montre la r6flexion de Tocqueville sur le " processus de l'histoire > et celle de M. R6b6rioux analyse des repr6sentations du fu- tur dans la litterature socialisante en France au tournant du si~cle. J. Julliard s'interroge sur I'int6gration et l'autonomie des ouvriers dans la socit~t frangaise.

Mais Mandrou ne fut pas qu'un historien du territoire frangais. Lors de son s6jour forc6 en Allemagne pendant la guerre, il d~couvrit un < espace culturel... celui de l'Europe cen- trale. Toute sa carridre historique en fut mar- qu6e (p. 10). Cet ouvrage est done heureu- sement compl6t6 par des 6tudes qui portent sur Au-delA du Royaume >, comme celles comparant France et Allemagne (R. Vierhaus, E. Frangois), ou portant sur la Boheme (F. Graus, J. Maeck), la Russie (S.O. Schmidt) et le Qu6bec (G. Bouchard).

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On peut esp6rer que ces Mdlanges seront suivis d'un autre hommage: un livre repu- bliant, sous une forme commode, certains des principaux articles de R. Mandrou.

Jean Baub~rot.

62.304 HOCQUENGHEM (Guy).

La Colbre de l'Agneau. Paris, Albin Michel, 1985, 567 p.

11 s'agit ici d'un roman historique qui vaut d'6tre signal6 dans nosArchives en raison de la qualit6 de ses r~f6rences et de son informa- tion. Une biographie imaginaire de Jean, re- constitu6e sur la base des sources les plus autoris6es qu'il cite en fin d'ouvrage. A partir des diverses hypotheses historiques qui circu- lent autour des figures de l'ap6tre et de l'auteur de l'Apocalypse, G.H. a construit un person- nage haut en couleur et tiss6 de paradoxes qui se proclame < l'Aim6 du Seigneur A. Dans son style vibrant et passionn6 qui ne faiblit pas le temps d'un soupir sur ce parcours de 540 pages, I'A. conclut ainsi dans sa postface: ( plus qu'il n'invente, ce livre complkte, 6cha- faude parfois, A partir des donn6es les plus proches: t6moignages des Pbres de l'Eglise, ceux qui ont connu Jean, textes du Nouveau Testament, donn6es historiques de l'6poque, inf6rences A partir de l'6tat de l'Eglise dans les deux sikcles qui suivirent A (p. 543).

R6gine Azria.

62.305 HUNDERT (Gershom, David), BACON (Gershom, C.).

The Jews in Poland and Russia, Biblio- graphical Essays. Bloomington (Ind.), In- diana University Press, 1984, 276 p.

I1 s'agit d'une bibliographie concernant les ouvrages et les articles en langues allemande, anglaise, frangaise, russe, polonaise, h6brai- que et yiddich parus depuis la fin du XIXC si~cle A 1983 sur les Juifs de Pologne et de Russie.

L'6num6ration des titres est pr6c6d6e de br~ves recensions critiques mettant en 6viden- ce les principales tendances de la recherche relative A l'histoire, la d6mographie et la socio- logie des Juifs d'Europe orientale dans leur existence sp6cifique et dans leurs relations avec leurs soci6t6s d'accueil.

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