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APERCU HISTORIQUE 1864 - 2014 En 1339, Nicolas SWARBER, un riche strasbourgeois possédant des terres à la Robertsau, fit construire une chapelle sur l’emplacement de l’église actuelle. Le tympan de cet édifice dédié à St Georges est conservé dans l’entrée du temple actuel et porte l’inscription latine : ANNO.DNI.MCCCXXX.NONO.HEC.CAPPELLA.EST.CONSTRCTA PER.PROCURACIONEM.NICOLAI.DICTI.SWARBER.ORATE.PRO.EO (Cette chapelle a été érigée en l’an 1339 grâce à l’initiative et au don de Nicolas SWARBER. Priez pour lui) Dans les annales il est fait mention d’une autre chapelle érigée par le chevalier Otto RIPPELIN et achevée en 1358. On suppose qu’elle devait se trouver à l’emplacement de l’ancien château des BOECKLIN. C’est là qu’en 1856 on retrouva quelques pierres de l’époque gothique. S’agit-il de la chapelle RIPPELIN ? Seules des fouilles archéologiques pourraient permettre de le déterminer. A cette époque, la Robertsau commençait à la porte des pêcheurs aujourd’hui le bâtiment de la Gallia et se terminait aux confins de la Wantzenau. A l’Est et à l’Ouest, le Rhin et l’Ill formaient ses frontières. Quant à la circonscription ecclésiastique, la Robertsau était rattachée à la paroisse St Etienne de Strasbourg En 1527 la réforme est introduite à la Robertsau. La chapelle sert alors au culte protestant. Le premier pasteur nommé s’appelait Martin HAG. Après lui et jusqu’à ce jour 33 pasteurs ont desservi cette paroisse. La population augmentant, la chapelle a été agrandie en 1545. Après 1681, Strasbourg devint française. En 1686 l’enquête menée par un père jésuite ayant dénombré la présence de 7 à 8 familles catholiques à la Robertsau, le régime du simultaneum a été instauré et la première messe célébrée le 29 juillet. Pendant la terreur l’église est fermée (du 23 novembre 1793 au 31 mai 1795) et tout culte interdit. Le Concordat rétablit officiellement le culte en 1802. Les deux confessions se réinstallèrent et le simultaneum dura jusqu’en 1859. Au milieu du 19 ème siècle la population de la Robertsau est de 5129 âmes dont 1926 catholiques, 3198 protestants et 8 israélites. « L’église est mixte et ne peut contenir qu’environ 650 personnes ; de plus elle menace ruine et se trouve étayée par mesure de sûreté depuis deux ans ». Le conseil municipal réuni le 9 février 1854 décide la construction de deux églises dont l’architecte sera l’architecte de la ville Jean-Geoffroy Conrath, L’église catholique a été consacrée en 1859, l’église protestante achevée 1864 devait disposer d’un orgue et de la cloche de l’ancienne église. Le dimanche 27 octobre 1861 on célèbre les derniers cultes avec une profonde émotion. D’après le récit du Pasteur RIFF, ce fut un moment d’adieu à cette maison de Dieu particulièrement émouvant, Elle « qui 522 années durant avait hébergé et béni la communauté chaque dimanche ou jour de fête et en maintes autres occasions ».

Historique - Cloches - Orgue

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Page 1: Historique - Cloches - Orgue

APERCU HISTORIQUE

1864 - 2014

En 1339, Nicolas SWARBER, un riche strasbourgeois possédant des terres à la Robertsau, fit

construire une chapelle sur l’emplacement de l’église actuelle. Le tympan de cet édifice dédié à St

Georges est conservé dans l’entrée du temple actuel et porte l’inscription latine : ANNO.DNI.MCCCXXX.NONO.HEC.CAPPELLA.EST.CONSTRCTA

PER.PROCURACIONEM.NICOLAI.DICTI.SWARBER.ORATE.PRO.EO

(Cette chapelle a été érigée en l’an 1339 grâce à l’initiative et au don de Nicolas SWARBER. Priez

pour lui)

Dans les annales il est fait mention d’une autre chapelle érigée par le chevalier Otto RIPPELIN et

achevée en 1358. On suppose qu’elle devait se trouver à l’emplacement de l’ancien château des

BOECKLIN. C’est là qu’en 1856 on retrouva quelques pierres de l’époque gothique. S’agit-il de la

chapelle RIPPELIN ? Seules des fouilles archéologiques pourraient permettre de le déterminer.

A cette époque, la Robertsau commençait à la porte des pêcheurs – aujourd’hui le bâtiment de la

Gallia – et se terminait aux confins de la Wantzenau. A l’Est et à l’Ouest, le Rhin et l’Ill formaient

ses frontières. Quant à la circonscription ecclésiastique, la Robertsau était rattachée à la paroisse St

Etienne de Strasbourg

En 1527 la réforme est introduite à la Robertsau. La chapelle sert alors au culte protestant. Le

premier pasteur nommé s’appelait Martin HAG. Après lui et jusqu’à ce jour 33 pasteurs ont

desservi cette paroisse.

La population augmentant, la chapelle a été agrandie en 1545.

Après 1681, Strasbourg devint française. En 1686 l’enquête menée par un père jésuite ayant

dénombré la présence de 7 à 8 familles catholiques à la Robertsau, le régime du simultaneum a

été instauré et la première messe célébrée le 29 juillet.

Pendant la terreur l’église est fermée (du 23 novembre 1793 au 31 mai 1795) et tout culte interdit.

Le Concordat rétablit officiellement le culte en 1802. Les deux confessions se réinstallèrent et le

simultaneum dura jusqu’en 1859.

Au milieu du 19ème

siècle la population de la Robertsau est de 5129 âmes dont 1926 catholiques,

3198 protestants et 8 israélites. « L’église est mixte et ne peut contenir qu’environ 650 personnes ;

de plus elle menace ruine et se trouve étayée par mesure de sûreté depuis deux ans ».

Le conseil municipal réuni le 9 février 1854 décide la construction de deux églises dont l’architecte

sera l’architecte de la ville Jean-Geoffroy Conrath, L’église catholique a été consacrée en 1859,

l’église protestante achevée 1864 devait disposer d’un orgue et de la cloche de l’ancienne église.

Le dimanche 27 octobre 1861 on célèbre les derniers cultes avec une profonde émotion. D’après le

récit du Pasteur RIFF, ce fut un moment d’adieu à cette maison de Dieu particulièrement

émouvant, Elle « qui 522 années durant avait hébergé et béni la communauté chaque dimanche ou

jour de fête et en maintes autres occasions ».

Page 2: Historique - Cloches - Orgue

La première pierre de l’église actuelle est posée le 14 septembre 1862.

Elle est inaugurée le 10 juillet 1864 après la bénédiction des trois cloches le 3 juillet : la cloche de

l’ancienne église, et les cloches Elisabeth et Mélanie don de la famille de BUSSIERE.

Si l’aspect extérieur est resté le même jusqu’à nos jours, des changements et améliorations ont été

réalisés à l’intérieur de l’église. En 1901, le chauffage central est installé.

En 1910, en signe des liens étroits entre la famille de POURTALES et son église, Mélanie de

POURTALES fait don de deux vitraux sortis des ateliers CHAMPIGNEULE de Paris qui

représentent le baptême et la crucifixion du Christ.

En 1940, l’abaissement du plafond améliore l’acoustique. Dans la même année, il est procédé à un

autre aménagement des bancs et au revêtement en bois de la partie inférieure de murs qui donnent à

l’église son cachet spécial. Le 7 janvier 1945, un obus de gros calibre venant de KEHL

endommage le presbytère et l’église et les confirmations se déroulent alors à l’église Saint-Paul. En

1946 les confirmations ont pu à nouveau avoir lieu dans l’église de la Robertsau.

En 1963, la Ville de Strasbourg renouvelle la couverture en ardoise du clocher. Le coq endommagé

par les intempéries et troué de balles pendant la guerre est remplacé.

La tempête du 26 décembre 1999 abîme la toiture. L’orgue subit des dégradations dues aux

infiltrations d’eau et est restauré en l’an 2000.

En 2005, d’importants travaux de restructuration de l’intérieur et la mise en sécurité de l’ensemble

de l’église sont entrepris conjointement par la ville de Strasbourg et la paroisse. L’édifice se voit

d’une avant salle sous tribune. L’église rénovée est inaugurée le 26 mars 2006.

Page 3: Historique - Cloches - Orgue

LES CLOCHES

A l’occasion de l’inauguration de l’église nouvellement édifiée en 1864, le Baron Alfred de

BUSSIERE, député du Bas –Rhin et son épouse Mélanie, née Baronne de COEHORN ont fait don

de deux cloches à la paroisse protestante de la Robertsau en souvenir de la confirmation dans

l’ancienne église, d’Elisabeth nièce de Monsieur de BUSSIERE, comtesse DUNTEN née

COEHORN et de Mélanie comtesse de POURTALES, fille de Monsieur de BUSSIERE.

Le 1er

du mois de juillet 1864 les deux grandes cloches, magnifiquement décorées sont

solennellement conduites depuis la fonderie de cloches EDEL à la paroisse par deux voitures

attelées à quatre chevaux également richement parées.

Le 3 juillet elles sont respectivement baptisées « Elisabeth » et « Mélanie ».

L’église est inaugurée le 10 juillet. La veille au soir on installe les cloches dans le clocher.

« Il était 11h10 quand tout fut prêt pour le lancement de la sonnerie. Ce fut un moment d’intense

émotion lorsque les trois cloches, la troisième cloche étant celle de l’ancienne église,

s’accordèrent ».

Au cours de la première guerre mondiale, le 19 juin 1917 les cloches Elisabeth et Mélanie ont été

descendues entre 13h et 16h et fondues pour l’effort de guerre.

En 1923 grâce à une collecte dans la paroisse, les cloches sont remplacées par une cloche FA d’un

poids de 1150 kg et d’une cloche SOL d’un poids de 760 kg. Elles portent les noms des anciennes

cloches : Elisabeth et Mélanie. La troisième cloche est une cloche LA et pèse 385 kg.

Elles portent les inscriptions :

La cloche FA

ELISABETH

ZUR EINTRACHT ZUR HERZINNIGEN VEREINE

VERSAMMELE DIE LIEBENDE GEMEINE.

Ps 150/6

ALLES WAS ODEM HAT LOBE DEN HERRN

HALLELUIA

STRASBOURG ROBERTSAU 1923

La cloche SOL

MELANIE

FREUDE DIESER AU BEDEUTE FRIEDE SEI IHR GELEUTE

PS 95/1

KOMMET HERZU UND LASSET UNS DEM HERRN FROHLOCKEN

UND JAUCHTZEN DEM GOTT UNSRES HEILS

Page 4: Historique - Cloches - Orgue

L’ORGUE

STIEHR-MOCKERS 1866

Partie instrumentale classée Monument Historique le 9 avril 1976

L'instrument de l'église protestante de la Robertsau est l'une des "excellentes surprises" que réserve

la découverte de l'Orgue alsacien. On pourrait s'attendre à y trouver un orgue "de ville", maintes

fois modifié au gré des modes, et n'ayant que peu de personnalité. Mais la force de l'endroit, très

accueillant, a contribué à la réalisation en plusieurs étapes d'un instrument de musique d'exception.

L’orgue « STIEHR-MOCKERS » a été inauguré le 18 février 1866. Voici son histoire.

A la mort de Joseph STIEHR, le 27/01/1867 Félix MOCKERS allait prendre la tête de la maison

STIEHR-MOCKERS. Les derniers instruments de la période "Joseph", dont l’instrument de notre

église, ont donc à l'évidence été conçus et supervisés par Félix MOCKERS. Dépositaire de

l'expérience et du renom de la Maison STIEHR, celui-ci allait exceller dans une synthèse des

traditions et des éléments de nouveauté qui surgissaient dans le monde de la facture d'orgues.

Les premières transformations intervinrent en 1890 et 1894. Charles WETZEL fit deux devis

(motivés essentiellement par des réparations à faire à la soufflerie). Les travaux furent exécutés en

1896 : Edgard, fils de Charles, en profita pour compléter la pédale de 25 à 27 notes.

En 1911, l'orgue a été modifié selon les directives d'Albert SCHWEITZER : la Maison

DALSTEIN-HARPFER procéda à une pneumatisation de la transmission et à une réharmonisation

(mais les sommiers de STIEHR furent heureusement conservés, et complétés avec des petits

sommiers à membranes).

Le problème, à l'issue des travaux de 1911, fut que les entailles de timbre avaient haussé le diapason

d'un demi-ton. En 1922, c'est Frédéric HAERPFER qui essaya d'y remédier, en ajoutant un tuyau

grave à tous les Jeux.

En 1930, l'orgue fut confié à Georges SCHWENKEDEL.

C'est en 1986, qu'Alfred et Daniel KERN procédèrent aux travaux qui donnèrent à l'instrument son

visage actuel : avant tout, retour à une traction mécanique. Une nouvelle console mécanique a été

posée, en remplacement de l'ancienne de DALSTEIN-HAERPFER. Les entailles de timbre ont été

supprimées par rallonge des tuyaux et l'orgue a été complètement réharmonisé. Parfois, en effet,

l'alchimie réussit, et cela s'est ici traduit par l'exceptionnelle réussite de la reconstruction menée par

la Maison Daniel KERN sur cet orgue STIEHR.

Au cours de la grande tempête du 26 décembre 1999, des infiltrations d'eau endommagèrent

l'édifice et l'orgue. Les dégâts furent réparés par la Maison KERN en 2000.

En 2010 l'orgue a été relevé par la Manufacture BLUMENROEDER. Cette dernière a mis à jour

la présence d'un tuyau SILBERMANN dans l'instrument classé monument historique en 1976.