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ATLAS ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE Pour citer cette notice : SÉNÉGAS 0/ /HV OpSURVHULHV DX 0R\HQ ÇJH in =DGRUD5LR e GLU Atlas Archéologique de Touraine, e Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, )(5$&) 7RXUV KWWSDWXQLYWRXUVIUQRWLFHSKS"LG III LES DYNAMIQUES DE LOCCUPATION DU SOL Croire, prier, assister ___________________________________________________________________________________________ /HV OpSURVHULHV DX 0R\HQ ÆJH ___________________________________________________________________________________________ Marie-Laure Sénégas Éveha La lèpre est une maladie chronique, connue par les textes sur le sous-continent indien au 6 e s. av. n. è. Elle s’est diffusée en Occident à partir du 4 e s. (TOUATI E 2Q VDLW DXMRXUG¶KXL TX¶HOOH HVW provoquée par une bactérie, Mycobacterium leprae. Contrairement à une idée répandue, il ne semble pas qu’il y ait eu une recrudescence de la maladie liée aux croisades, et la multiplication des lieux d’accueil GH OpSUHX[ j SDUWLU GX e s. paraît plutôt liée au développement des institutions charitables. Les lépreux au Moyen Âge avaient pour emblème deux personnages de l’Évangile nommés Lazare : d’une part, le frère de Marie-Madeleine ressucité par le Christ, et d’autre part, le mendiant couvert d’ulcères dans la parabole du mauvais riche. De nombreuses léproseries ont été placées sous la titulature de saint Lazare. Très vite, le terme “ lazare ”, sous la forme de “ lazre ” ou “ ladre ” est devenu synonyme de “ lépreux ” (TOUATI D Les léproseries entrent dans le dispositif d’assistance aux pauvres et aux malades mis en place par les établissements ecclésiastiques depuis le haut Moyen Âge. La terminologie ne permet pas toujours de les GLVWLQJXHU GHV DXP{QHULHV LQ¿UPHULHV PDODGUHULHV hôpitaux qui accueillaient les malades et les indigents, et ces établissements étaient souvent polyvalents. Une étude récente recense, en Touraine, 56 établissements, mentionnés dans les sources écrites entre le 6 e HW OH e V RX DWWHVWpV SDU OD WRSRQ\PLH FDUWH (TOUATI (QWUH OH e V HW OH e s., les “ maisons de lépreux ” se sont multipliées. Elles regroupaient la plupart du temps une double communauté mixte, comprenant des hommes et des femmes, valides et lépreux, vivant selon les préceptes de saint Augustin (TOUATI F Les communautés de lépreux assuraient leur entretien grâce aux donations pieuses et à l’exercice de divers droits de prélèvement qu’elles avaient reçus en DXP{QH $LQVL HQ XQ DFWH GH *HRIIUR\ VHLJQHXU de Preuilly, réserve aux lépreux la perception des droits sur le sel vendu à la foire de Notre-Dame des eFKHOOHV (Q XQ WH[WH PHQWLRQQH OD YHQWH SRXU VRXV WRXUQRLV j O¶DEED\H GH OD &ODUWp'LHX SDU OHV lépreux de Saint-Christophe-sur-le-Nais de leurs droits VXU OHV ERLV HW OHV WHUUHV GX ¿HI %HOOXHW TOUATI 2004 : 436). Les lépreux de la léproserie Saint-Lazare, près GH O¶ÌOH%RXFKDUG SRVVpGDLHQW OH GURLW GH SrFKH GDQV la Vienne et la Manse, le droit de prélever du bois dans OHV IRUrWV GH 3DQ]RXOW HW OHV UHYHQXV G¶XQH IRLUH OH premier lundi d’octobre (MERCIER Les léproseries étaient établies le plus souvent à la périphérie des agglomérations d’une certaine LPSRUWDQFH HW OHXU SUpVHQFH SHXW rWUH FRQVLGpUpH comme un indice d’urbanisation. À proximité de Tours, il y avait au Moyen Âge trois léproseries : Saint-Lazare, sur la route de Loches, qui a fait l’objet de fouilles récentes (BLANCHARD, RODIER, THEUREAU HW VXU OD ULYH GURLWH GH OD /RLUH deux léproseries qui dépendaient de l’abbaye de Marmoutier : Saint-Jean des Ponts, dans le faubourg Saint-Symphorien, et Sainte-Radegonde. À proximité de Chinon, il y en avait deux : Saint-Jean-Baptiste sur le coteau qui domine la collégiale Saint-Mexme et Saint-Lazare au-delà du pont de la Nonnain. À l’Île-Bouchard, une léproserie est attestée dans le FDUWXODLUH GH O¶DEED\H GH 1R\HUV GqV (OOH pWDLW située à l’extérieur de l’agglomération, sur la route de Crouzilles, où le lieu-dit Saint-Lazare subsiste encore. À Amboise, une léproserie est également mentionnée HQ GDQV XQ DFWH GH 6XOSLFH VHLJQHXU G¶$PERLVH (TOUATI 2004 : 433-434). ¬ SDUWLU GH OD ¿Q GX 0R\HQ ÆJH OD PDODGLH FRQQXW une régression, et le nombre des léproseries diminua progressivement.

HQ ÆJH - a2t.univ-tours.fra2t.univ-tours.fr/pdf/RACF_suppl53_AAT-108.pdf · des hommes et des femmes, valides et lépreux, vivant selon les préceptes de saint Augustin (T OUATI

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ATLAS ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE

Pour citer cette notice : SÉNÉGAS in Atlas Archéologique de Touraine, e Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France,

IIILES DYNAMIQUES DE L’OCCUPATION DU SOL

Croire, prier, assister___________________________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________________________

Marie-Laure SénégasÉveha

La lèpre est une maladie chronique, connue par les textes sur le sous-continent indien au 6e s. av. n. è. Elle s’est diffusée en Occident à partir du 4e s. (TOUATIprovoquée par une bactérie, Mycobacterium leprae. Contrairement à une idée répandue, il ne semble pas qu’il y ait eu une recrudescence de la maladie liée aux croisades, et la multiplication des lieux d’accueil

e s. paraît plutôt liée au développement des institutions charitables.

Les lépreux au Moyen Âge avaient pour emblème deux personnages de l’Évangile nommés Lazare : d’une part, le frère de Marie-Madeleine ressucité par le Christ, et d’autre part, le mendiant couvert d’ulcères dans la parabole du mauvais riche. De nombreuses léproseries ont été placées sous la titulature de saint Lazare. Très vite, le terme “ lazare ”, sous la forme de “ lazre ” ou “ ladre ” est devenu synonyme de “ lépreux ” (TOUATI

Les léproseries entrent dans le dispositif d’assistance aux pauvres et aux malades mis en place par les établissements ecclésiastiques depuis le haut Moyen Âge. La terminologie ne permet pas toujours de les

hôpitaux qui accueillaient les malades et les indigents, et ces établissements étaient souvent polyvalents. Une étude récente recense, en Touraine, 56 établissements, mentionnés dans les sources écrites entre le 6e

e

(TOUATI

e e s., les “ maisons de lépreux ” se sont multipliées. Elles regroupaient la plupart du temps une double communauté mixte, comprenant des hommes et des femmes, valides et lépreux, vivant selon les préceptes de saint Augustin (TOUATI

Les communautés de lépreux assuraient leur entretien grâce aux donations pieuses et à l’exercice de divers droits de prélèvement qu’elles avaient reçus en

de Preuilly, réserve aux lépreux la perception des droits sur le sel vendu à la foire de Notre-Dame des

lépreux de Saint-Christophe-sur-le-Nais de leurs droits TOUATI 2004 :

436). Les lépreux de la léproserie Saint-Lazare, près

la Vienne et la Manse, le droit de prélever du bois dans

premier lundi d’octobre (MERCIER

Les léproseries étaient établies le plus souvent à la périphérie des agglomérations d’une certaine

comme un indice d’urbanisation. À proximité de Tours, il y avait au Moyen Âge trois léproseries : Saint-Lazare, sur la route de Loches, qui a fait l’objet de fouilles récentes (BLANCHARD, RODIER, THEUREAUdeux léproseries qui dépendaient de l’abbaye de Marmoutier : Saint-Jean des Ponts, dans le faubourg Saint-Symphorien, et Sainte-Radegonde. À proximité de Chinon, il y en avait deux : Saint-Jean-Baptiste sur le coteau qui domine la collégiale Saint-Mexme et Saint-Lazare au-delà du pont de la Nonnain. À l’Île-Bouchard, une léproserie est attestée dans le

située à l’extérieur de l’agglomération, sur la route de Crouzilles, où le lieu-dit Saint-Lazare subsiste encore. À Amboise, une léproserie est également mentionnée

(TOUATI 2004 : 433-434).

une régression, et le nombre des léproseries diminua progressivement.

2 ATLAS ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE

BLANCHARD, RODIER, THEUREAUBlanchard P., Rodier X., Theureau C. - La fouille de la chapelle Saint-Lazare, in : Galinié H. (dir.) - Tours antique et médiéval, lieux de vie, temps de la ville, Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France

MERCIERMercier R. - Lépreux et maladrerie de Touraine, Bulletin de la Société Archéologique de TouraineSAT, Tours : 232-240.

TOUATITouati F.-O. - Lazare (saint), in : Vauchez A. (dir.) - Dictionnaire encyclopédique du Moyen-Age, Editions du Cerf, Paris.

TOUATI

Touati F.-O. - Lèpre, lépreux, in : Vauchez A. (dir.) - Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge, Éditions du Cerf, Paris.

TOUATI

Touati F.-O. - Maladrerie, in : Vauchez A. (dir.) - Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge, Éditions

TOUATI 2004

la France du Centre et de l’Ouest, in : Touati F.-O. (dir.) - Archéologie et architecture hospitalières de

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