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Huet, Pierre-Daniel (1630-1721). Traité de l'origine des romans, par Huet,... suivi d'observations et de jugemens sur les romans français, avec l'indication des meilleurs romans qui ont paru surtout pendant le XVIIIe siècle jusqu'à ce jour. 1798. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Huet, Traité de l'Origine Des Romans,1670

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Il s'agit d'un livre sur l'idée du roman, écrit par Huet et publié en 1670

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Page 1: Huet, Traité de l'Origine Des Romans,1670

Huet, Pierre-Daniel (1630-1721). Traité de l'origine des romans, par Huet,... suivi d'observations et de jugemens sur les romans français, avec l'indication des meilleurs romans qui

ont paru surtout pendant le XVIIIe siècle jusqu'à ce jour. 1798.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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t

TRAITÉ

s s

I/ 0 R 1 G 1 N E

E~ R 0 M A N S.

*~c~~

LVo~K~<6urio8itéest bieh raison-

nable, et iÏ sied bien dé savoir

rOï-igIne des Romans à ceim quientend si b~en ràrt de tes Mre.

Mais je ne sala, Monsieur (~) s~l

~le sied bien attssi d'entreprendrede satisfaire votredesir. Je suis san&

( ) Cette dissertationfut adresséeà

Segr~is,attteurduRùmande Zayde.

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a DE I.'ORICXNB

livres j'ai présentement la tête rem-~

plie de toute~autre chose y et jeconnais combien cette recherche est

embarrassante. Ce n'est, ni ~enPro-

vence ni en Espagne, comme plu-sieurs le croyent qu'il faut espérerde, trouver les premiers commence-

mëns <~ecet agréable amusement dea

honnêtes paresseux il faut lés aller

chercher dans des pays pijus éloi-

gnés et dans l'antiquité la plus re-culée. Je ferai pourtant ce que vous

souhaitez car comme notre an-

cienne et étroite amitié vous donne

droit de me demander toutes choseselle m'ôte aussi la liberté de vous

rien refuser.

Autrefois, sousle nom de Romans,on comprenait, non-seulement ceux

qui étaient écrits en prose, mais plus

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BES H OMANS.

souventencore ceux qui étaient écrits

en vers. Le Giraldi et le Pigna, son

disciple dans leurs Traités A?-

TM~M~,n'en reconnaissent presque

point d'autres, et donnent le Boiardo,et l'Arioste pour modeles. Mais au-

jourd'hui l'usage contraire a prévalu,et ce que l'on appèlle proprementRomans sont desfictions d'aventures t'

amoureuses, écrites en prose avec

art, pour le plaisir et l'instruction

deslecteurs. Je dis des actions, pourles distinguer des histoires véritables.

J'ajoute d'aventures amoureuses

parce que l'amour doit être le prin-

cipal sujet du Roman. II faut qu'ellessoient écrites en prose, pour être

conformes à l'usage de ce siècle: Il

faut qu'elles soient écritesavec art, et

jsousde certaines règles autrement

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DB Ï/ORIGI~Bv4

ce sera un amas confus sans ordre

et sans beauté. La fin principale desip~Romans, ou du moins celle qui doit

t'être et que se doivent proposerceux qui les composent, est l'instruc"

tion des lecteurs à qui il faut tou-

jours faire voir la vertu couronnée ,¡et le vice châtié. Mais comme l'espritde l'homme est naturellement en

nemi des enseignemens, et que son

amour-propre le révolte contre les ins-

tructions il le faut tromper par l'ap-

pas duj)laisir, et adoucir la sévérité

des préceptes, par l'agrément de$

exemples et corriger ses défauts en

les condamnant dansun autre.Ainsi le

divertissementdu lecteur, que le Rc~

mander habile semble se proposer

pour but, n'est qu'unenn subordon-

née à ta .principale qui e&tl'in&truc-1

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DES ROMANS. 5

tion de l'esprit, et la correction des

mœurs; et les Romans sont plus ou

moins réguliers, selon qu'ils s'éloi-

gnent plus oumoinsde cettedéfinition

et de cette fin. C'est seulement de 0;

ceux-là que je prétends vousentrete- =nir et je croisaussi que c'est-là quese borne votre curiosité.

Je ne parle donc point ici des Ro-

mans en vers, et moins encore des

poëmes épiques, qui, outre qu'ilssont en vers ont encore des diffé-

ïences essentiellesqui les distinguent'des Romans quoi qu'ils aient d'ail–

leurs un très-grand rapport, et quesuivant la maximed'Aristote, qui en-

/seigne que le poëte est plus poëte parles fictions qu'il invente, que parlesvers qu'il compose, on puisse mettre

'les faiseursde Romansau nombre des

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DE 3t/ 0 R1 CÏ NB

poètes. Pétrone dit que les poèmesdoivent s'expliquer par de grands dé"

tours, par le ministèredes Dieux, pardes expressions libres et hardies, de

sorte qu'on les prenne plutôt pour des

oracles, qui partent d'un esprit pleinde fureur, que pour une narration

exacte et fidele les Romans sont

plus simples moins élevés moins

Rgurés dans l'invention et dans l'ex--

pression. Lespoèmes ont plus de mer-

veilleux, quoique toujours vraisem-

blables lesRomansont plus du vrai-

semblable, quoiqu'ils aient quelque-fois du merveilleux. Les poèmes sont

plus réglés, èt plus châtiés dans l'or-

donnance, et reçoivent moins de ma-

tiere d'événemens, et d'Episodesles Romans en reçoivent davantage

parce qu'étant moins élevés etmoina

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DES S HO M AN S. 7

figurés, ils ne tendent pas tant l'es-

prit, et le laissent en état de se char-

ger d'un plus grand nombre de diffé-

rentes idées. Enfin, les poëmes ont

pour sujet une action militaire ou

politique, et ne traitent l'amour que

par occasion les Romansau contraire

ont l'amour pour sujet principal, et

ne traitent la politique e~ la guerre

jqu&parincident. Je parle des Romans

réguliers, car la plupart desvieux Ro-

mans français .italiens, et espagnolssont bien moins amoureux qùe niili-

taires. C'est ce qui a fait croire à Gi-

raldique le nom de Roman vient d'un

mot grec, qui signiRela force et lava-

leur parce que ces livresne sontfaits

que pour vanter la force et la valeur

despaladins mais Giraldis'est abusé

en cela, comme vous verrea dans

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s DB t/ORXÛt~S

Jtasuite.Je ne comprendspoint ici non

plus ces histoires qui sont reconnues

pour avoir beaucoup de faussetés,telles que sont celle d'Hérodote, qui

pourtant en a bien moins que l'on ne

croit, la navigation d'Hannon, la vie

d'Apollonius écrite par Philostrate

~plusieurs semblables. Ces ouvragessont véritables dans le gros, et fau~

seulement dans quelques parties.JLeaRomans au contraire sont véritable~

dans quelques parties, faux dans I<9

gros. Les uns sont des vérités mélée~

~e quelques faussetés, les autres son~

des faussetésmêlées ~e quelques vé-

rités. Je veux dire que la vérité tien~

le dessusdans ces histoires, et que 1~

faussetéprédomine tellement ~~s les

Romans, qu'ils peuvent même être

entieremenjE~ox et en gros et e~

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OBS ~O~A~a. 9

Détail.Aristote enseigne que la tragé-die dont l'argument est connu, et

pris dans l'histoire, est la ph)s par,

&ite parce qu'elle est plus vfaiaeïnv

blable que celle dont rargtjunent es~

Nouveau, et entierement controuve

<Btnéanmoins il ne con<~anjmepasicette derniere. Sa raison est, qu'en"more que l'argument d'une tragédie

poit t~é de l'histoire, il estpourtant

jgnoré de la plupart des spectateufs,et nouveau à leur égard, et que ce~

pendant il ne laisse pas de divertir

tout le monde. n faut dire la même

chose desRomans, aveccette distine'-

tton toutefois que la fiction totale

<derargun;entest plus recevable dans

~esRomans dont les actems sont de

~aed~oepefor~ume, cornue dans les

J~om~as ~om~ïMs, i~oe dans

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Us I/ORYGI~B

grands Romans dont les princes et

les cpnquérans sont les acteurs~ et

dont les aventures sont illustres et

mémorables parce qu'il ne serait

pas vraisemblable que de grands évé-

nemens fussent demeurés cachés au

monder et négligéspar les historiens

et la vraisemblance,qui ne se trouve

pas toujours dans l'histoire, est essen-

tielle au Roman. J'exclus aussi dit

nombre des Romans de certaines his-

toires entierement controuvées, et

dans le tout et dans les parties, mais

inventées seulement au défaut de la

vérité. Telles sont les origines imagi-naires de la plupart des nations, et

même des plus barbares. Telles sont

encore ces histoires si grossièrement

8npposées'par le moine -A desupposées par le moine Annius de

~terbe, qui on~mérHérindi§naHoa.