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Rein Hydrocalice symptomatique : aspect diagnostique et thérapeutique Symptomatic hydrocalyx diagnosis and therapeutic aspects R. Rabii * ,1 , H. Fekak, K. Moufid, H. Mezz Our, A. Joual, M. El Mrini, S. Benjelloun Service d’urologie, centre hospitalier universitaire Ibn Rochd, Casablanca, Maroc Reçu le 3 décembre 2001 ; accepté le 28 janvier 2002 Résumé Les auteurs rapportent le cas d’une femme âgée de 50 ans, consultant pour des lombalgies bilatérales et infection urinaire à répétition. L’urographie intraveineuse retrouve des calculs rénaux bilatéraux avec un calcul de vessie. Le rein gauche est le siège d’un hydocalice sur calcul. Le traitement a comporté une néphrectomie polaire supérieure gauche avec extraction de calcul caliciel moyen et l’extraction du calcul de vessie en un premier temps puis une extraction des calculs rénaux droits dans un deuxième temps. À travers cette observation, nous allons discuter les aspects diagnostiques et thérapeutiques de l’hydrocalice. © 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Abstract The authors report the case of a 50 years old woman who consulted with bilateral lumbar pain and urinary infections. Intravenous Urography (IVU) showed bilateral renal and bladder stones. Treatment was by upper polary nephrectomy in the left kidney. Removing all urinary and bladder stone. We then the removed surgically renal stones in the right kidney. Using this case as an we discuss the diagnosis and therapeutic aspects of the hydrocalyx. © 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Mots clés : Hydrocalice ; Douleur ; Lithiase Keywords: Hydrocalyx; Pain; Lithiasis 1. Introduction L’hydrocalice est une dilatation d’un grand calice ne com- municant qu’avec le bassinet du rein et jamais avec un autre calice [1]. L’hydrocalice intéresse souvent le calice supérieur surtout à droite mais peut se développer sur d’autres calices et être bilatéral [2]. L’hydrocalice peut être d’origine acquise ou congénitale. Nous rapportons le cas d’une patiente présentant un hy- drocalice secondaire à une lithiase. 2. Observation Mme ML, âgée de 50 ans, consulte pour des douleurs lombaires bilatérales et des brûlures mictionnelles avec des épisodes de fièvre et de frisson. L’examen physique trouve une sensibilité de la fosse lombaire gauche sans contact lombaire. L’arbre urinaire sans préparation retrouve des cal- culs rénaux caliciels inférieurs droits, un calcul de vessie et des calculs rénaux caliciels supérieur et moyen gauche (Fig. 1). L’urographie intraveineuse trouve un hydrocalice gauche sur lithiase (Fig. 2). L’échographie montre un paren- chyme rénal polaire supérieur gauche laminé avec contenu liquidien. Le bilan biologique est redevenu normal. L’ECBU a isolé une infection urinaire à E. coli. Après antibiothérapie, l’intervention a consisté en une lombotomie gauche avec * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (R. Rabii). 1 Adresse actuelle : Redouane, 26, rue de Rome, angle rue d’Amsterdam, résidence Rime, Casablanca, Maroc. Annales d’urologie 37 (2003) 93–95 www.elsevier.com/locate/anndur © 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. DOI: 1 0 . 1 0 1 6 / S 0 0 0 3 - 4 4 0 1 ( 0 3 ) 0 0 0 2 3 - 8

Hydrocalice symptomatique : aspect diagnostique et thérapeutique

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Page 1: Hydrocalice symptomatique : aspect diagnostique et thérapeutique

Rein

Hydrocalice symptomatique : aspect diagnostique et thérapeutique

Symptomatic hydrocalyx diagnosis and therapeutic aspects

R. Rabii *,1, H. Fekak, K. Moufid, H. Mezz Our, A. Joual, M. El Mrini, S. Benjelloun

Service d’urologie, centre hospitalier universitaire Ibn Rochd, Casablanca, Maroc

Reçu le 3 décembre 2001 ; accepté le 28 janvier 2002

Résumé

Les auteurs rapportent le cas d’une femme âgée de 50 ans, consultant pour des lombalgies bilatérales et infection urinaire à répétition.L’urographie intraveineuse retrouve des calculs rénaux bilatéraux avec un calcul de vessie.

Le rein gauche est le siège d’un hydocalice sur calcul. Le traitement a comporté une néphrectomie polaire supérieure gauche avec extractionde calcul caliciel moyen et l’extraction du calcul de vessie en un premier temps puis une extraction des calculs rénaux droits dans un deuxièmetemps.

À travers cette observation, nous allons discuter les aspects diagnostiques et thérapeutiques de l’hydrocalice.

© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.

Abstract

The authors report the case of a 50 years old woman who consulted with bilateral lumbar pain and urinary infections. IntravenousUrography (IVU) showed bilateral renal and bladder stones. Treatment was by upper polary nephrectomy in the left kidney. Removing allurinary and bladder stone. We then the removed surgically renal stones in the right kidney. Using this case as an we discuss the diagnosis andtherapeutic aspects of the hydrocalyx.

© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.

Mots clés : Hydrocalice ; Douleur ; Lithiase

Keywords: Hydrocalyx; Pain; Lithiasis

1. Introduction

L’hydrocalice est une dilatation d’un grand calice ne com-municant qu’avec le bassinet du rein et jamais avec un autrecalice [1]. L’hydrocalice intéresse souvent le calice supérieursurtout à droite mais peut se développer sur d’autres caliceset être bilatéral [2]. L’hydrocalice peut être d’origine acquiseou congénitale.

Nous rapportons le cas d’une patiente présentant un hy-drocalice secondaire à une lithiase.

2. Observation

Mme ML, âgée de 50 ans, consulte pour des douleurslombaires bilatérales et des brûlures mictionnelles avec desépisodes de fièvre et de frisson. L’examen physique trouveune sensibilité de la fosse lombaire gauche sans contactlombaire. L’arbre urinaire sans préparation retrouve des cal-culs rénaux caliciels inférieurs droits, un calcul de vessie etdes calculs rénaux caliciels supérieur et moyen gauche(Fig. 1). L’urographie intraveineuse trouve un hydrocalicegauche sur lithiase (Fig. 2). L’échographie montre un paren-chyme rénal polaire supérieur gauche laminé avec contenuliquidien. Le bilan biologique est redevenu normal. L’ECBUa isolé une infection urinaire àE. coli. Après antibiothérapie,l’intervention a consisté en une lombotomie gauche avec

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (R. Rabii).1Adresse actuelle : Redouane, 26, rue de Rome, angle rue d’Amsterdam,

résidence Rime, Casablanca, Maroc.

Annales d’urologie 37 (2003) 93–95

www.elsevier.com/locate/anndur

© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.DOI: 1 0 . 1 0 1 6 / S 0 0 0 3 - 4 4 0 1 ( 0 3 ) 0 0 0 2 3 - 8

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résection de la 12e côte. L’exploration trouve un pôle supé-rieur, siège d’une énorme hydrocalice avec parenchyme tota-lement détruit, nécessitant une néphrectomie polaire supé-rieure avec extraction de la totalitédes calculs rénaux et de lalithiase de vessie (Fig. 3). Un mois plus tard, la patiente estopérée pour lithiase calicielle inférieure droite avec des sui-tes simples.

3. Commentaire

Fraley [3] a décrit en 1966 un syndrome douloureux rénalcorrespondant àun hydrocalice supérieur lié àune compres-sion extrinsèque du pied du calice par un obstacle vasculaire.L’hydrocalice peut être acquis : hydrocalicectasie secondaireà une lithiase, une tumeur, une tuberculose, un traumatisme,une compression infundibulaire ou même une sténose aprèschirurgie de l’hydronéphrose [4]. Mais l’hydrocalectasie estle plus souvent une malformation congénitale liée à unesténose de l’ infundibulum caliciel : cette sténose peut êtred’origine intrinsèque ou extrinsèque par compression vascu-laire qui siège le plus souvent au niveau du calice supé-rieur [1].

La clinique se résume le plus souvent à des douleurslombaires quand il s’agit d’hydrocalice isolé [4].

L’évolution peut aller vers la pyélonéphrite aiguë, voiremême la pyélonéphrite chronique et la destruction totale dupôle supérieur du rein [5].

L’aspect radiologique est souvent évocateur à l’urogra-phie intraveineuse (UIV) qui peut orienter le diagnostic étio-logique (calcul, lésion tuberculeuse) ou suspecter une com-pression vasculaire par la visualisation d’une empreintevasculaire très horizontale sur le pied d’un grand calice enparticulier le grand calice supérieur, volontiers décrite sous lenom du syndrome de Fraley [2]. L’UIV évalue aussi leretentissement de l’obstacle. L’échographie permet d’appré-cier l’épaisseur du parenchyme du pôle supérieur rénal, ladilatation et son contenu qui lorsqu’ il est échogène peutsuspecter une rétention purulente [4].

En cas de doute sur l’état fonctionnel du pôle supérieurrénal, la scintigraphie rénale au DMSA reste utile car ellepermet d’évaluer la valeur fonctionnelle du pôle supérieur,ceci est nécessaire pour l’ indication chirurgicale [6].

Le traitement de l’hydrocalice dépend de l’état du paren-chyme rénal du pôle supérieur, il peut être conservateur(plastie de la tige calicielle) ou radical (néphrectomie polairesupérieur).

Le traitement est le plus souvent conservateur dans plus de66 % des cas [1]. Le traitement conservateur peut être réalisépar un traitement endoscopique après ponction du calicesupérieur et cathétérisme du pertuis qui sera dilatéau ballon-net [1,4,7]. Cette méthode doit être réalisée en l’absence decompression vasculaire [4].

Cette technique permet aussi de fragmenter et d’extraireles calculs. Le traitement conservateur peut être aussi réalisé

Fig. 1. Arbre urinaire sans préparation (AUSP) montrant des calculs rénauxbilatéraux et un calcul de vessie.

Fig. 2. Urographie intraveineuse montrant l’hydrocalice supérieur gauchesur lithiase.

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par chirurgie classique. En cas de sténose calicielle, uneinfundibuloplastie par suture transversale après une incisionlongitudinale de la sténose de la tige calicielle. En cas decompression vasculaire un décroisement vasculaire avec in-fundibulopyélostomie ou infundibulo-infundibulostomie estréalisé [2,4,8].

Ces techniques de plasties visant à corriger l’obstacle etl’extraction des calculs permettant de supprimer les symptô-mes et arrêter l’évolution de la dilatation. En cas de pôlesupérieur rénal détruit, le traitement radical consiste en unenéphrectomie polaire supérieure [5].

Actuellement si le traitement radical qu’est la néphrecto-mie polaire supérieure peut être réalisépar voie laparoscopi-

que transpéritonéale ou rétropéritonéale, cette dernière appa-raît l’ idéal [9,10].

Ainsi, dans le cas d’hydrocalice symptomatique, elle peutêtre localisée, évitant ainsi une forte morbidité, une largeincision avec moins de douleur postopératoire et surtout unecourte durée d’hospitalisation [9–11].

4. Conclusion

Si l’hydrocalice est de diagnostic radiologique facile, sontraitement peut présenter certaines difficultés. L’évolution duparenchyme du pôle supérieur s’avère indispensable (scinti-graphie) car l’ indication thérapeutique en dépend, d’où l’ in-térêt d’un diagnostic précoce afin d’arrêter l’évolution de ladilatation et la destruction du parenchyme rénal du pôleconcerné.

Références

[1] Williams DI, Mininberg DI. Hydrocalycosis: report of three cases inchildren. Br J Urol 1968:40–541.

[2] Mollard P. Précis d’Urologie de l’Enfant. Masson; 1984. p. 5.[3] Fraley. Vascular obstruction of superior infundibulum causing

nephrologia: a new syndrome. New England J Med 1966;275:1403–9.[4] Rigaud J, Cathelineau X, Vasse N, Karam G, Buzelin JM, Bouchot B.

Douleur lombaire et hydrocalice. Prog Urol 2001;11(3):415–90.[5] Gold JM, Bucy JG. Fraley’s syndrome with bilateral infundibular

obstruction. J Urol 1974;112:299–301.[6] Harbert JC, Fraley EE. Scintillation camera renography in superior

infundibular obstruction. JAMA 1969;207:2433–4.[7] Damico A, Lusuardi L, Figarra V, Beltrami P, Malossini G, Tal-

largo C, et al. Experience in the surgical treatment of Froly’s syn-drome. Eur Urol 2000;38:410–4.

[8] Fraley EE. Dismenbered infundibulopyelostomy: improved techniquefor correcting vascular obstruction of the superior infundibulum. JUrol 1969;101:144–8.

[9] Winfield HN, Donovan JF, Godet AS, Claymon RV. Laparoscopicpartial nephrectomy: initial case report for benigne disease. JEndourol 1993;7:521–6.

[10] MC Dougall EM, Elbahnasy AD, Claynan RV. Laparoscopic wedgeresection and partial nephrectomy, The washington university experi-ence and review of the literature. J Scc Laparoendosc Surg 1998;2:15–23.

[11] Hoznek A, Solman L, Antiphon P, Radier C, Hafiani M, Chopin DK,Abbou CC. Partial nephrectomy with retroperitoneal laparoscopy. JUrol 1990;162:1922–6.

Fig. 3. AUSP de contrôle après la première intervention montrant le net-toyage du rein gauche et de la vessie.

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