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I AM A MAN GÉNÉALOGIE DE LA LIBERTÉ Documentaire théâtral d’OLIVIER MOUGINOT Avec LAETITIA LALLE BI BÉNIE Une création de L’ORGANISATION TOURNÉE 2010 | 2011

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I AM A MAN GÉNÉALOGIE DE LA LIBERTÉ

Documentaire théâtral d’OLIVIER MOUGINOT

Avec LAETITIA LALLE BI BÉNIE

Une création de L’ORGANISATION

TOURNÉE 2010 | 2011

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PRÉSENTATION

I AM A MAN (GÉNÉALOGIE DE LA LIBERTÉ)

DOCUMENTAIRE THÉÀTRAL

TEXTE ET MISE EN SCÈNE : OLIVIER MOUGINOT

D’APRÈS DES TEXTES DE BILLIE HOLIDAY

MARTIN LUTHER KING MALCOLM X

JAMES BROWN MOHAMMED ALI ANGELA DAVIS

MUMIA ABU-JAMAL

AVEC LAETITIA LALLE BI BÉNIE

SCÉNOGRAPHIE : VINCENT DEVILLARD

SON : MARIE NACHURY

PRODUCTION : L’ORGANISATION (2009)

DURÉE : 1 H 40

I AM A MAN a été présenté en avant-première le 23 janvier 2010 au Nouveau Théâtre du Huitième (NTH8) à Lyon dans le cadre de la manifestation Singuliers/Singulières !

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I AM A MAN

« Des champs de coton à la Maison Blanche »

Depuis l’abolition de l’esclavage aux États-Unis (1865), l’histoire contemporaine du peuple afro-américain aura été d'abord l’histoire d’un cri – de colère, de désespoir, de joie confondus – dans une Amérique qui aura tout tenté pour faire de l’homme noir un « homme invisible ».

En retraçant, avec les moyens propres au théâtre documentaire, les différentes étapes de cette prise de pouvoir par les mots (mais aussi par les armes et les urnes…), I AM A MAN reconstruit la généalogie d’une liberté comme arrachée à l’inertie du Temps.

Ségrégation, mouvements d’émancipation noirs, naissance du Black Power, nombreux assassinats politiques, révoltes régulières dans les ghettos du Nord, résistances culturelles et artistiques : « des champs de coton à la Maison Blanche »1, la route aura été très longue et les obstacles nombreux.

Comme au milieu d’un tableau du peintre new-yorkais Jean-Michel Basquiat, dans un univers saturé de signes, de dates, de slogans, Laetitia Lalle Bi Bénie prête sa voix et son corps à quelques-unes des icônes afro-américaines : Billie Holiday, Martin Luther King, Malcolm X, Mohammed Ali, James Brown, une Panthère noire, Angela Davis, Mumia Abu-Jamal, 2pac Shakur…

Une date n’est pas mentionnée dans ce voyage théâtral dans le temps : 4 novembre 2008, élection de Barack Obama à la Maison Blanche. Une grande partie du monde l’a ressentie pour soi. I AM A MAN s'origine évidemment dans cet événement, mais nous invite aussi et surtout à replacer cette date dans la chronologie plus complexe de la longue marche des Noirs américains pour leur participation effective à la « plus grande démocratie du monde ». Si cette élection semble clore le volet politique des grandes luttes de libération noires américaines qui ont rythmé la seconde moitié du XXe siècle, en arrière-plan nombre de questions économiques, sociales et culturelles intéressant la minorité afro-américaine restent aujourd’hui posées. Assurément, l'Histoire n'est pas terminée...

1 Sous-titre de l’ouvrage de Nicole Bachanan, Les Noirs américains, Éditions du Panama, 2008.

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DOCUMENTAIRE THÉÂTRAL

« Bien que les moyens de communication entre les hommes aient atteint un haut degré d’extension et nous tiennent au courant de l’actualité de toutes les parties du globe, les événements les plus importants qui déterminent l’aspect de notre présent et de notre avenir nous demeurent cachés ainsi que leurs origines et leurs relations. (...) Le théâtre documentaire affirme que la réalité, quelle qu’en soit l’absurdité dont elle se masque elle-même, peut être expliquée dans le moindre détail. »1

Extraits d’autobiographies ou d’interviews, poèmes, chansons, discours et autres matériaux historiques composent la partition free d’I AM A MAN. Paroles intimes, poétiques et politiques s’imbriquent pour former le chœur de la conscience noire américaine tandis que panneaux, projections et voix off nous ouvrent les portes des Oubliettes du Temps à la recherche des vaincus de l’Histoire du peuple afro-américain.

Proposant un théâtre documentaire qui, pour mieux donner la parole aux acteurs de l’Histoire, n’hésite pas à recourir aussi à la fiction, Olivier Mouginot fait le pari d’une « lecture honnête »2 d’un pan marginalisé de l’histoire des États-Unis – lecture qui rappelle aussi combien nombre de figures afro-américaines ont largement contribué au rayonnement de la culture américaine à travers le monde…

Plongé dans la complexité du racisme outre-Atlantique, phénomène très résistant au temps, il reviendra au spectateur français de s’interroger sur les analogies et/ou les différences qui existent avec le(s) racisme(s) pratiqué(s) en France – phénomène(s) en lien direct avec notre passé d’ancienne puissance coloniale aujourd’hui aux prises avec son histoire et sa mémoire.

1 Notes sur le théâtre documentaire, Peter Weiss, Éditions du Seuil, 1968.

2 « Une lecture honnête de l’histoire des États-Unis ne peut mettre au jour qu’une longue succession d’agressions contre la démocratie, une logique d’exclusion systématique à l’encontre de la majorité de ses habitants – Noirs, Indiens, femmes et prolétaires blancs. », Mumia Abu Jamal in Condamné au silence, Éditions La Découverte, 2001.

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CHRONOLOGIE NOIRE AMÉRICAINE

1619 Un an avant l’arrivée des premiers immigrants européens embarqués à bord du Mayflower, des colons britanniques installés en virginie acquièrent leurs premiers esclaves africains.

1776 Déclaration d'Indépendance des treize colonies britanniques d'Amérique du Nord à l’égard du Royaume-Uni : acte de naissance des États-Unis.

1789 Entrée en vigueur de la constitution américaine. Afin de garantir l'union de la jeune nation, l’esclavage pratiqué dans les États du Sud n’est pas remis en cause tandis que l'Ordonnance du Nord-Ouest (1787) l’a interdit sur les territoires du Nord.

1857 La Cour Suprême des États-Unis déclare que « les Noirs ne sont pas des citoyens américains et n’ont aucun droit que les Blancs soient tenus de respecter. »

1865 En janvier, le XIIIe amendement de la constitution américaine abolit l’esclavage.

En avril, quelques jours après la capitulation de l’armée sudiste mettant un terme à la Guerre de Sécession, le président Abraham Lincoln est assassiné à Washington par un sympathisant sudiste pendant une représentation théâtrale.

1896 Arrêt Plessy contre Ferguson : la Cour Suprême institue des accès « séparés mais égaux » aux Noirs et aux Blancs dans les chemins de fer, légalisant ainsi la ségrégation.

1909 Création de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), principale organisation de lutte pour les droits civiques pendant la première moitié du XXe siècle.

1916 Marcus Garvey, immigrant jamaïcain, fonde l’Universal Negro Improvement Association (UNIA) à laquelle adhèrent des centaines de milliers de Noirs américains.

1917 Entrée en guerre des États-Unis. 40 000 soldats noirs américains sont déployés en Europe sous l’autorité de l’armée française.

1919 « Été rouge » : une vague de violence raciste sans équivalent dans l’histoire américaine se traduit par d’importantes émeutes anti-Noirs dans plusieurs grandes villes. Lynchages et agressions contre la communauté noire américaine se multiplient tout au long de l’été.

1936 Au grand dam du régime nazi, l’athlète noir américain Jesse Owens triomphe aux Jeux olympiques de Berlin en remportant quatre médailles d’or.

1939 Billie Holiday enregistre Strange fruit, son « cri de révolte » contre les lynchages.

1941 Entrée en guerre des États-Unis. Un million de Noirs américains, hommes et femmes, servent dans les forces armées – toujours ségréguées.

1954 Arrêt Brown contre le Bureau de l’éducation : la Cour Suprême des États-Unis déclare à l’unanimité que la ségrégation dans les écoles publiques est anticonstitutionnelle.

1955 Rosa Parks, militante de la NAACP, est arrêtée à Montgomery (Alabama) parce qu’elle refuse de céder sa place à un Blanc dans un autobus. Le boycott des autobus municipaux, organisé par le jeune pasteur Martin Luther King, va durer 382 jours.

1960 En février, premier sit-in organisé par des étudiants noirs américains dans une cafeteria de Greensboro (Caroline du Sud) pratiquant la ségrégation.

En novembre, élection du démocrate John Fitzgerald Kennedy à la Maison Blanche. Environ 78 % des électeurs noirs ont voté pour lui.

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En décembre, le saxophoniste Ornette Coleman enregistre Free Jazz.

1962 Après des émeutes qui font deux morts, James Meredith, escortés d’officiers fédéraux, devient le premier Noir américain inscrit à l’Université du Mississippi.

1963 En août, marche sur Washington : 250 000 personnes répondent à l’appel des militants du mouvement pour les droits civiques. Martin Luther King y prononce son célèbre discours « I have a dream ».

En novembre, assassinat du président Kennedy à Dallas (Texas).

1964 En juillet, le président Lyndon Johnson signe la loi sur les droits civiques promise par Kennedy. Au même moment, Malcolm X participe au Caire à la deuxième conférence de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.) fondée en 1963 en vue d’assurer l’unité d’action des gouvernements indépendants d’Afrique.

En décembre, Martin Luther King devient le plus jeune Prix Nobel de la Paix.

1965 En février, assassinat de Malcolm X à New York.

En août, violents mouvements de masse dans le ghetto de Watts à Los Angeles (34 morts, 8000 arrestations), mais aussi à Detroit, Newark, Cincinnati, Chicago…

En septembre, un décret du président Johnson ordonne aux entreprises travaillant avec l’État de prendre des mesures de « discrimination positive » en vue d’augmenter les chances d’accès à l’emploi des minorités.

1966 Huey Newton et Bobby Seale fondent le Black Panther Party à Oakland (Californie).

1970 Arrestation d’Angela Davis, ancienne Panthère Noire, militante communiste, à New York. Une vaste campagne « Libérez Angela » est mise en place dans le monde entier.

1974 Mohammed Ali reconquiert son titre de champion du monde en battant George Foreman à l’occasion du « combat du siècle » organisé à Kinshasa (Zaïre).

1985 Les manifestations contre l’Apartheid en Afrique du Sud prennent de l’ampleur aux États-Unis.

1988 Seconde campagne présidentielle du candidat noir américain Jesse Jackson. Avec 7 millions de voix, il remporte la deuxième place derrière Michael Dukakis lors des élections primaires démocrates.

1991 Rodney King est violemment passé à tabac par quatre policiers de Los Angeles après avoir été arrêté pour excès de vitesse. Filmée par un témoin, la scène est diffusée sur toutes les chaines de télévision américaines.

1992 Acquittement des policiers accusés du passage à tabac de Rodney King. Violents mouvements de masse à Los Angeles. Le président George H. Bush autorise les troupes fédérales à « employer toute la force nécessaire pour rétablir l’ordre ». Bilan : 58 morts, plus de 2000 blessés.

1996 Assassinat de Tupac Shakur à Las Vegas.

2000 Les prisons américaines franchissent le cap des 2 millions de détenus : on dénombre 1 million de Noirs et 500 000 Hispaniques derrière les barreaux tandis qu’ils composent respectivement 12,5 % et 17 % de la population américaine.

2005 L’ouragan Katrina s’abat sur la Louisiane et le Mississipi, faisant près de 2000 victimes – dont 53 % de Noirs américains. Polémiques autour de la gestion des secours, hantée par le spectre de la discrimination raciale.

2008 Élection du démocrate Barack Obama à la Maison Blanche

Chronologie détaillée sur le blog : http://oliviermouginot.theatre-contemporain.net/

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UN MONDE À GAGNER | TRILOGIE

I AM A MAN est le premier volet de la trilogie UN MONDE À GAGNER, projet théâtral entièrement dédiée à l’histoire du continent africain. Courant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ces trois documentaires théâtraux écrits par Olivier Mouginot et conçus comme une trilogie « triangulaire » explorent à rebours du temps et de l’espace trois « continents » de l’histoire noire :

I AM A MAN nous invite à découvrir une autre histoire des États-Unis, celle du peuple noir américain, seule composante de la nation américaine à ne pas avoir choisi sa destinée.

NOS ANCÊTRES LES GAULOIS (titre provisoire) plonge le spectateur dans l’atmosphère studieuse d’une salle de classe… Leçon du jour : la colonisation française en Afrique. Dans ce deuxième volet, tandis que s’entrechoquent faits de colonisation et actes de résistance, Olivier Mouginot et Laetitia Lalle Bi Bénie font dialoguer les penseurs (néo-)colonialistes des XIXe et XXe siècles avec les libérateurs – hommes politiques, militants, artistes – de l’Afrique moderne et contemporaine (Samory, Lumumba, Sankara, Nkrumah, Fela Kuti, Mongo Beti et bien d’autres).

Le troisième volet, intitulé BLAGUER TUER en référence à la chanson du chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly, propose une forme de théâtre documentaire inédite : un abécédaire théâtral de la Françafrique. La « Françafrique1 » désigne les réseaux d'influence français en Afrique, composante principale des relations diplomatiques entre la France et ses anciennes colonies africaines. Formule interactive, le public est invité tout au long du spectacle à tirer au sort les lettres de l’alphabet qui lui permettront de découvrir peu à peu les multiples facettes de cinquante ans de politique françafricaine. Chaque mot renvoie à une personnalité, un pays, une date, un fait ou un événement historique (A comme Angola, B comme Bouygues, E comme Affaire Elf, G comme Gabon, M comme Mitterrand, P comme pétrole, etc.). Les acteurs reçoivent pour mission de faire spectacle de chaque mot ; saynètes, lectures, projections ou encore chansons rythment le déploiement de cet abécédaire du scandale.

1 La Françafrique est par ailleurs un célèbre ouvrage de François-Xavier Verschave qui dénonce le néocolonialisme français – La Françafrique, le plus long scandale de la République, Stock, 1998.

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EXTRAITS | 1

Scène 1

(Des enfants jouent dans la rue. Ils grandissent vite. Ce sont déjà des adolescents. Bientôt de jeunes hommes et de jeunes femmes noirs.)

BILLIE HOLIDAY

La première fois que je me présente chez des Blancs et que je demande à la femme quinze cents pour mes services, elle en a presque un coup de sang. « En prime, je nettoierai le carrelage de votre cuisine ou de votre salle de bain ! » Toutes ces garces sont des fainéantes. Elles se foutent pas mal que leurs foutues baraques soient dégueulasses à l’intérieur, pourvu que leurs perrons blancs soient nets. À cause de cette « entreprise de nettoyage », je dois renoncer aux patins à roulettes et à la bicyclette. Mais une chose est sûre, à bicyclette ou en train de frotter par terre, j’adore chanter tout le temps.

MALCOLM X

Une nuit, une bande de cavaliers du Ku-Klux-Klan fait irruption chez nous. Brandissant leurs fusils, ils encerclent la maison et crient à mon père de sortir. Ma mère va ouvrir la porte et déclare qu’elle est seule avec ses trois enfants. Mon père milite dans l’Association universelle pour le progrès des Noirs de Marcus Garvey. (Marcus Garvey pense que les Noirs américains n’accèderont jamais à la liberté, à l’indépendance et à l’estime de soi en Amérique, qu’ils doivent donc laisser l’Amérique à l’homme blanc et retourner en Afrique.)

MARTIN LUTHER KING

Mrs Bradley, un professeur que j’aime beaucoup, m’accompagne à Dublin (Géorgie), où je dois participer à un concours d’éloquence. Sujet : Le Noir et la Constitution Américaine. Jour mémorable, je remporte le concours. Ce soir-là, sur le chemin du retour, quelques passagers blancs montent à bord du bus et le chauffeur blanc nous ordonne de nous lever pour leur laisser nos sièges. Comme nous n’obéissons pas assez vite à son gré, il se met à nous insulter : « enfants de pute noirs ». Mrs Bradley me demande de me lever, en disant que nous devons obéir à la loi.

CASSIUS CLAY

Pour Halloween, une petite fille noire du quartier s’est déguisée en super héros, mais elle a maquillé son visage en blanc. Je lui demande pourquoi. Elle me répond qu’il n’y a pas de super héros noir. Superman est blanc, le Père Noël est Blanc. Même Tarzan, le roi de la jungle, est blanc. Le Président, qui vit à la Maison Blanche, est toujours blanc lui aussi.

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EXTRAITS | 2

Scène 7

(Malcolm X et Martin Luther King, assis à la même table. Le premier boit une grande quantité de café noir en lisant les journaux du matin, le second fume cigarette sur cigarette, perdu dans ses pensées.)

MALCOLM X, à Martin Luther King.

Tous les matins je me réveille en me disant que j’ai gagné un jour de plus. Je vis comme un mort en sursis. Aussi ai-je un service à te demander, King. Quand je serai mort pour de bon, lis bien les journaux. Tu verras, la presse blanche identifiera pour toujours Malcolm X à la « haine ».

MARTIN LUTHER KING

Seule la non-violence est capable de briser les réactions en chaîne du mal, Malcolm. Par la violence, tu peux mettre à mort un meurtrier, tu ne peux pas tuer le meurtre. Par la violence, tu peux mettre à mort un menteur, tu ne peux pas établir la vérité. Par la violence…

MALCOLM X

Nous avons maintenant en face de nous des jeunes Noirs qui ne veulent plus entendre parler de tendre l’autre joue. À Jacksonville, ce sont des moins de vingt ans qui ont lancé des cocktails Molotov. Jamais encore des Noirs n’avaient fait ça.

MARTIN LUTHER KING

Peut-être, mais quand le Noir utilise l’arme de la non-violence, il devient pour la première fois « quelqu’un ». Pour la première fois, il trouve le courage d’être libre. Quand le Noir trouve le courage d’être libre, il fait face sans aucune peur aux chiens, aux fusils, aux matraques, aux lances d’incendie.

(Malcolm X rit aux éclats.)

MALCOLM X

Qu’une usine embauche dix Noirs pour la galerie, qu’une chaîne de restaurants encaisse davantage en servant aussi les clients noirs, qu’un étudiant noir puisse s’inscrire à l’université sans le secours de baïonnettes, tu appelles ça un « progrès », King ?

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EXTRAITS | 3

Scène 9

OAKLAND (CALIFORNIE), OCTOBRE 1966, CRÉATION DU PARTI DES PANTHÈRES NOIRES PAR HUEY NEWTON ET BOBBY SEALE.

UNE PANTHÈRE NOIRE

Le soir, on monte dans une ou plusieurs voitures et on « patrouille » les flics. On emporte avec nous un livre de droit, un appareil-photo et un magnétophone. Un jour, un porc passe en voiture juste au moment où l’on sort du local avec nos fusils et nos pistolets – l’après-midi a été intense : cours sur les armes, séance d’éducation politique… « Qu’est-ce que vous faites avec ces armes, bon Dieu ? Pour qui vous vous prenez, bande de nègres ? » Le porc n’ose pas s’approcher de nous. Trois autres voitures de police arrivent bientôt. Ils se mettent tous à grogner entre eux comme des porcs. D’autres porcs repoussent les frères et sœurs qui commencent à se rassembler sur le trottoir. Un porc, le genre gros tas, s’approche à environ cinq mètres, les mains au ceinturon, et demande à l’un d’entre nous : « T’es marxiste ? » On répond : « Et toi t’es fasciste ? » Comme un gosse à la maternelle, il finit par dire : « C’est moi qui ai demandé le premier. » Tout le monde se moque du porc.

MARTIN LUTHER KING

En ce moment, on me dit souvent : « Puisque la violence est le nouveau cri de guerre, ne craignez-vous pas Révérend King, en restant non-violent, de perdre contact avec les gens du ghetto et de vous retrouver en marge de notre temps ? » Un véritable leader n’est pas forcément celui qui se soumet à l’unanimité, c’est celui qui la façonne.

UNE PANTHÈRE NOIRE

L’avenir appartient à la jeunesse, King. (Au porte-voix) Le Parti des Panthères Noires appelle le peuple américain à prendre conscience que, depuis la naissance de ce pays, l’esclavage des Noirs, le génocide des Indiens et le confinement des survivants dans des réserves, le lynchage sauvage de milliers d’hommes et de femmes noirs, le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, et maintenant le lâche massacre au Vietnam, tout atteste que, face aux peuples de couleur, le gouvernement américain n’a qu’une seule politique : la matraque, la répression, la terreur, la guerre, le génocide.

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EXTRAITS | 4

Scène 12

MUMIA ABU-JAMAL

« Écoute, Mumia, on aime bien ce que tu fais. T’as une super pêche ! Simplement, on diffuse sur des secteurs comme South Pilly, Kensington, ce genre de quartiers, alors ton nom sonne, comment dire, un petit peu trop « ethnique » pour notre public, tu comprends ? » Pour pouvoir nourrir ma famille, mais aussi pour ne pas troubler la délicate sensibilité des auditeurs blancs, je deviens William Wellington Cole. Tout en utilisant ma voix de Blanc, je conserve mon âme noire. Grâce à mes nombreux contacts avec les organisations progressistes et radicales, il m’est possible de couvrir toute une série de mouvements sociaux. Est-ce que faire de l’information, ce n’est pas transmettre du nouveau, et pas seulement ce que nous sommes conditionnés à voir, à entendre et à lire ? Est-ce que c’est simplement caresser le public dans le sens du poil, lui faire passer un moment agréable ? Non, pour moi cela veut dire aussi élargir son horizon, secouer ses habitudes ou même perturber ses convictions. Mais, rapidement, le directeur de l’information et son patron, le directeur de la station, convoquent leur unique journaliste afro-américain : « Jamal, je crois qu’il va falloir nous passer de tes services. »

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L’ÉQUIPE

OLIVIER MOUGINOT | AUTEUR, METTEUR EN SCÈNE

Olivier Mouginot est né en 1980. Formé à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) de Lyon, département d’écriture dramatique dirigé par Enzo Cormann, il voyage ensuite en Afrique centrale où il travaille comme coopérant au sein du réseau culturel français. Il mène notamment divers projets de soutien aux « cultures urbaines », en particulier dans le domaine de la musique rap, et anime une troupe de jeunes comédiens à l’Institut Culturel d’Expression Française de Malabo (Guinée-équatoriale).

Il réside aujourd’hui à Lyon où il écrit du théâtre et de la poésie. Toute cette neige est paru en 2007 aux Éditions Espaces 34, dans le recueil Le monde me tue. En 2009, il crée La forêt humaine, lecture-spectacle de poèmes. Il anime régulièrement des ateliers d’écriture.

Il est par ailleurs auteur associé au Nouveau Théâtre du Huitième (NTH8 – Lyon) pour la saison 2009-2010.

http://oliviermouginot.theatre-contemporain.net

LAETITIA LALLE BI BENIE | COMÉDIENNE, DANSEUSE

Laetitia Lalle Bi Bénie est née en 1986 à Lyon. De 2007 à 2009, elle intègre le dispositif de formation et d’emploi du Compagnonnage-Théâtre. Durant 2 ans, elle se forme notamment avec Darek Skibinski, la Nième Cie, Macocco-Lardenois Cie, Jean Paul Delore, Cie Haut et Court, Giovanna De Tore, Guy Naigeon, Géraldine Berger.

Durant le compagnonnage, elle participe à plusieurs créations sous la direction de Sylvie Mongin-Algan (Notre Cerisaie d’après Anton Tchékhov, Œdipe), Guy Naigeon (Artaud un certain état de fureur), Géraldine Bénichou (Les larmes d’Ulysse), Vincent Bady (Histoires d’anges, Balades urbaines) ou encore le groupe Moi (Hamlet 4 GO). Elle travaille par ailleurs avec la compagnie Les Montures du Temps et interprète Hamlet-Machine de Heiner Muller dans une mise en scène d’Anaïs Cintas.

En avril 2009, Laetitia Lalle Bi Bénie a écrit et mis en scène sa première pièce, Kdjumo ou L’éducation par l’image, au Théâtre de l’Astrée et au centre culturel Théo Argence à St-Priest.

Elle travaille actuellement avec Grégoire Ingold (Ahmed Philosophe d’Alain Badiou), Vincent Bady (Europe ne se souvient plus), Philippe Labaune (Jonas Orphée de Patrick Dubost).

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VINCENT DEVILLARD | SCÉNOGRAPHE

Vincent Devillard est né en 1980 à Paris. Après un passage furtif par les Beaux-Arts de Saint-Étienne, il découvre la photographie, expose à la Biennale de la photographie de Lyon et en région parisienne. En 2006, il crée des ateliers photographiques libres (workshops) au « Bienvenus » – espace autogéré – à Villeurbanne. En 2008, il passe progressivement à la sculpture. En tant que scénographe, il collabore avec Laetitia Lalle Bi Bénie à la création de Kdjumo ou L'éducation par l'image.

Actuellement, Vincent Devillard alterne scénographies et sculptures, enseigne le dessin et anime des ateliers multimédias. En 2010, il dévoilera un ensemble de sculptures et d’assemblages (L'arbre à nez, Les enfants aux cheveux gris, La grande traversée…) mais « ne sait pas encore où, ni de quelle façon. »

http://www.vincentdevillard.org

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INFOS PRATIQUES

Spectacle disponible à partir de février 2010

Durée : 1 h 40

À partir de 13 | 14 ans

Extraits du spectacle en DVD disponibles sur demande

Plus de photographies du spectacle sur le blog : http://oliviermouginot.theatre-contemporain.net/

ACTION CULTURELLE

Possibilité représentations et ateliers scolaires Dossier pédagogique disponible sur demande

Tournée en décentralisation

COÛT DE SESSION

1 représentation : 1500 euros h.t. ++ 2 représentations : 2600 euros h.t. ++ 3 représentations : 3300 euros h.t. ++

++ : transport décor 7/8 m3 au départ de Lyon, voyages et défraiements 4 personnes

ÉQUIPE

1 metteur en scène, 1 comédienne, 1 régisseur son, 1 régisseur lumière

FICHE TECHNIQUE SUR DEMANDE

Dimensions adéquates du plateau : 11 m x 11 m

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CONTACT

L’ORGANISATION

Projet UN MONDE À GAGNER Laetitia Lalle Bi Bénie & Olivier Mouginot

22 rue Joseph Serlin 69001 LYON

Tél. : 04 26 55 49 50 Port. : 06 64 68 22 07

E-mail : [email protected]

(Photographies : Suzanne Guillemin.)