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La Fronce face à son destin i tournant décisif en Méditerranée

i tournant décisif en Méditerranée

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La Fronce face à son destin

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Il a été tire de cet ouvrage :

90 exemplaires sur papier pur fil des papeteries Lafuma, à Voiron, dont 75 exemplaires numérotés L. 1 à L. 75, et 15 hors commerce, marqués H. C. L. 1 à H. C. L. 15 ;

160 exemplaires sur papier d'alfa, dont 150 exemplaires numérotés A 1 à A 150 et 10 hors commerce, marqués H. C. A. 1 à H. C. A. 10.

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LE MAGHREB EN FEU

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MARÉCHAL J U I N de l'Académie française

L E M A G H R E B

E N F E U

PARIS L I B R A I R I E P L O N

L E S P E T I T S - F I L S D E P L O N E T N O U R R I T

IMPRIMEURS - ÉDITEURS - 8 , RUE GARANCIÈRE, 6

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© 1957 by Librairie Plon. Droits de reproduction et de traduction réservés

pour tous pays, y compris l'U. R. S. S.

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AVANT-PROPOS

Au moment où la France s'apprête à prendre en Méditerranée un tournant décisif, décisif pour son destin autant que pour celui des pays de l'Afrique du Nord, il m'a paru opportun de fondre en ce petit ouvrage la matière de nombreuses études fragmentaires que j'ai publiées depuis cinq ans sur ce sujet sous forme d'articles de presse ou de revues.

Ainsi rassemblées et ordonnées selon leur objet dans un ensemble plus cohérent, mes réflexions se feront, j'imagine, mieux recevoir, encore qu'elles n'aient nullement la prétention de faire toute la lumière sur les problèmes de l'Afrique du Nord. Elles ne sont que le reflet de la pensée à la fois cri- tique et constructive d'un témoin attentif, algérien d'origine, ayant derrière lui un long passé de soldat et d'administrateur d'Afrique et pour cette raison plus atteint au vif qu'aucun autre par les événe- ments qui déchirent aujourd'hui le Maghreb, son pays.

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LE MAGHREB EN FEU

CHAPITRE PREMIER

AVÈNEMENT DES FRANÇAIS AU MAGHREB

Qu'est-ce donc que le Maghreb? Maghreb signifie l'Occident par opposition au « cherg » qui signifie l'Orient. Ce sont les deux grands blocs entre lesquels se partage le monde musulman et que les Arabes ont ainsi désignés sans tenir compte de la repré- sentation que nous nous faisons des continents d'après la répartition des océans et des mers. En cela ils ont eu raison comme les géographes de l'antiquité gréco-romaine qui rattachaient l'Égypte à l'Asie et ne voyaient dans le Maghreb que le pays des Berbères, ou des Barbares, n'ayant aucune affi- nité avec les vieux pays orientaux où est née la civilisation méditerranéenne.

Le Maghreb, c'est précisément la partie de l'Afri-

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que du Nord à laquelle la France se trouve être directement intéressée, celle des Atlas, qui va du golfe des Syrtes sur la Méditerranée orientale à l'embouchure du Draa sur l'Atlantique. Les Anciens l'appelaient l'Afrique Mineure, et c'est bien, à pre- mière vue, une terre proprement africaine par son rattachement continental et son caractère exotique assez marqué. Cependant, si l'on fait abstraction de la classification des aires géographiques par con- tinents et par mers, pour ne considérer que des ensembles, où les terres et les eaux se complètent harmonieusement et participent de la même vie, il devient difficile de séparer l'Afrique du Nord de l'archipel de l'Europe occidentale.

C'en est une île et des plus vastes qui n'est plus reliée au restant de l'Afrique que par des immensités désertiques, un infini de pierres et de sables comme il ne s'en découvre que sous les Tropiques, alors qu'elle n'est séparée de l'Espagne et de la Sicile que par des bras d'eau. Les Arabes eux-mêmes l'ont appelée « Djeziret el Maghreb », l'Ile du Maghreb. Elle complète au midi l'anneau alpin qui enserre la Méditerranée occidentale, lieu d'effondrement de

la Tyrrhénide, — anneau magique parcouru au cours de l'histoire tantôt dans un sens et tantôt dans

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l 'autre par toutes sortes de flux conquérants. Les Phéniciens qui, il y a 3 000 ans, y fondèrent Car-

thage et en colonisèrent les côtes occidentales, l'abordèrent par la mer et les Romains, dans leur lutte contre Carthage, firent de même, alors que le Carthaginois Hannibal vint, lui, les combattre chez eux en prenant le chemin de l'Espagne et de la Gaule. Plus tard, Genséric et ses Vandales descen-

dirent d'Espagne en Afrique pour remonter ensuite à Rome, alors que les Byzantins firent par mer le chemin à rebours et furent balayés à leur tour par les Arabes venus de l'Orient par la terre ferme, réussissant ainsi ce que le Perse Cambyse avait vai- nement tenté de faire au temps des vieux Empires orientaux.

Ce qu'on a oublié trop souvent, c'est le fond autochtone berbère sur lequel ont déferlé successi- vement toutes ces vagues et qui ne s'en est trouvé en vérité que peu altéré. C'est à peine s'il est resté marqué par les civilisations et les croyances qui lui ont été imposées. Il a été tour à tour païen, puis chrétien pendant des siècles avant d'être converti

à la religion de l'Islam et non sans peine, car il abjure facilement, ayant un goût inné pour la con- tradiction et la dispute. Au temps de l'Afrique chré-

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t ienne, il fu t donat is te comme il devai t être après la conquête arabe kharedj i te puis fatimite avan t de se rallier à l 'or thodoxie sunnite.

De la protohistoire à nos jours ses dialectes se

sont maintenus, n 'u t i l i sant la langue de l 'occupant du momen t que comme langue véhiculaire : le

punique des Carthaginois d 'abord, puis le latin,

supplanté par l 'a rabe qui aura i t sans doute fini par

l 'ê tre à son tour par le français. L 'un i t é du fond berbère se retrouve encore dans

bien des t ra i ts communs aux membres de cette

famille aryenne qui, malgré quelques mélanges de

sang, a su garder une originalité propre. « Velox

pat iens l aborum » disait déjà Salluste en par lant

d'elle. Race agile, dure et guerrière.

La civilisation arabe, qui a laissé quelques beaux

vestiges en Espagne et au Maroc, n 'a du reste brillé

au Maghreb que d 'un éclat éphémère. Emprun tée

de toutes pièces à l 'Orient et à la Grèce antique,

cet te civilisation qui ne devait aux Arabes que

d 'avoir emprun té leurs bagages pour gagner l'Occi-

dent , d 'avoir été, au t r emen t dit, portée sur l'aile

de leur victoire, ne devait pas survivre longtemps

à leur défaite. Elle ne se soutenai t que par la con-

quête. Une fois l 'élan de celle-ci brisé, et rompu le

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lien avec l'Empire des Califes orientaux, la barbarie devait, inévitablement, reprendre le dessus, ne lais- sant subsister que l'unité de la foi.

Aussi bien verra-t-on, après le refoulement des Arabes d'Espagne en Afrique du Nord, celle-ci re- tomber en friche et se replonger dans l'obscurité épaisse de ses premiers siècles. La régression cultu- relle et sociale y est très nette. C'est le campement dans les ruines et on chercherait en vain au Magh- reb, après l 'émiettement de la souveraineté entre des vassaux sans autorité de la Porte ottomane et

un sultanat maghrebin aux frontières sans cesse changeantes comme les dynasties, un foyer rayon- nant de culture ou une pensée politique inspirée d'un principe d'ordre et d'unité.

Aux prises avec ses propres difficultés, et restée sans doute sur la mauvaise impression laissée par l'expédition malheureuse de Charles-Quint au XVI siècle, l'Europe se gardera bien d'y intervenir en dehors de quelques tentatives périphériques au Maroc, des Espagnols et des Portugais, ou de quel- ques coups de canon tirés sur les ports barbaresques à titre de semonce ou de représailles. C'est déjà la politique du « containment » avec un rideau de fer trempant dans les eaux méditerranéennes.

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Mais un jour devai t venir où l 'Europe allait

prendre conscience, ne fût-ce que pour des raisons

de sécurité, du dangereux anachronisme que consti- t ua i t à si courte portée, et à l 'Occident du vieux

monde occidental, la présence d 'une société fermée,

effervescente et barbare , livrée aux pires désordres

et répart ie sur des territoires qui n 'é ta ient plus, à la

vérité, que des expressions géographiques vides de t o u t sens national .

Ce furent les Français qui s 'en avisèrent les pre-

miers et n 'hés i tè rent pas en 1830 à faire les frais

d 'une expédit ion sur Alger. Expédi t ion punit ive

entreprise à l 'origine sans grand dessein politique.

Un coup d 'éventai l administré à notre consul par

le Dey d'Alger à la suite d 'amères récriminations

au sujet du règlement d 'une det te soi-disant con-

t ractée par la France au temps de l 'expédit ion de

Bonapar te en Égypte , en avai t été la cause. L'of- fense avai t suscité à Paris un vif émoi dans un climat

de passions politiques échauffées par l 'hostilité en-

vers un régime auquel on reprochai t de se montrer

t rop oublieux des gloires militaires de l 'Empire. Le Roi Charles X saisit cette occasion de se redonner

du panache en lançant sur Alger t o u t un Corps

expédit ionnaire. Mais c 'é ta i t déjà t rop tard. La

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prise d'Alger bien que constituant un magnifique fait d'armes ne put atténuer l'effet des ordonnances

et quatre semaines après le Roi Charles X était renversé.

Son successeur, le Roi Louis-Philippe, eut l'heu- reuse idée de s'attacher à la conquête de la Restau- ration et même de l'élargir et de la développer dans

le juste sentiment qu'il y avait en Afrique une noble mission civilisatrice que la France se devait de

remplir. Ce ne fut pourtant qu'après bien des hési- tations et des vicissitudes, dont on retrouve trace dans les débats du Parlement de la Monarchie de

Juillet, que le parti fut pris de demeurer à Alger. Des raisons de sécurité l'imposaient et aussi le

fait qu'entre la Tunisie à l 'Est et le Maroc à l'Ouest le pays n'offrait qu'une mosaïque de tribus ou con- fédérations de tribus vaguement rattachées à des beylicats eux-mêmes plus ou moins vassalisés. Il n 'y avait rien dans cet ensemble qui fît figure d'un corps politique et à plus forte raison d'une nation. On était dans le vide pour traiter, et la première tentative faite pour se donner un vis-à-vis, — on dirait aujourd'hui un interlocuteur valable — n'aboutit qu'à faire surgir de la masse et à grandir un petit marabout du nom d'Abd-El-Kader, initia-

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lement sans a t taches ni rayonnement . Un homme

de génie assurément , mais qui avai t aussi les dents

longues et devai t par la suite nous donner bien de

la tabla ture . Une fois obtenus ses lettres patentes et t o u t un royaume consacré par le t ra i té de la Tafna, il nous combat t i t farouchement en nouant

des alliances avec les grands nomades de la steppe

des hauts p la teaux et même avec le sul tan du Maroc,

Moulay Abd-Er -Rahman . Son appel, toutefois, ne

t rouva point d'écho dans les milieux berbérophones

et il fut b a t t u en définitive par celui-là même qui

l ' ava i t mis en selle : le maréchal Bugeaud, instiga-

teur du Trai té de la Tafna, au temps où il n ' é ta i t

par t i san que d 'une occupation restreinte.

Bugeaud comme gouverneur général fut l 'homme

de la pacification algérienne dont il précisa les mé- thodes adminis t ra t ives et militaires : bureaux arabes,

colonnes mobiles, colonisation militaire, etc... Elle

porte incontes tablement la marque de son génie et

l 'on peut dire que sous son proconsulat la conquête

étendue j u squ ' aux frontières du Maroc et de la

Tunisie nous avai t mis en possession de ce qui

const i tuai t la part ie v ra iment utile de l'Algérie. Il

ne restai t plus qu 'à soumettre la grande Kabylie

du Djur jura , ce que fit le maréchal Randon en 1854

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N É à Bône en 1888, Alphonse Pierre Juin a fait ses études à

Constantine puis à Alger, avant d'entrer à Saint-Cyr d'où il devait sortir, en 1912, major de sa promotion. Dès 1912, il fera campagne au Maroc jusqu'en 1914. Sur le front de France, à la tête de ses Tabors Marocains, il sert durant toute la guerre. Cinq fois cité, deux fois blessé, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur après la bataille de la Marne. Collaborateur du Maréchal Lyautey, puis de M. Lucien Saint, Résident général au Maroc, il participe aux opé- rations du Rif et à l 'achèvement de la pacification du Maroc. Chef d'état-major du général Noguès, commandant en chef du théâtre d'opérations d'Afrique du Nord, il est promu général de Brigade le 25 décembre 1938.

En 1939, il prend le commandement de la 15 Division motorisée qui s'illustrera à Gembloux puis à l'arrière-garde de la 1 Armée, au cours de la bataille des Flandres. Commandant supérieur des troupes du Maroc, puis commandant en chef des Forces françaises en Afrique du Nord, enfin commandant en chef du détachement de l'Armée française en Tunisie qui couvre la concentration alliée en A. F. N. et participe à la victoire de Tunis. Général d'armée le 25 décembre 1942, Résident général de France en Tunisie par inté- rim en 1943, il est nommé commandant en chef du Corps expédi- tionnaire français en Italie, qui en 1943 et 1944, se distinguera par ses victoires d'hiver sur les pentes des Abruzzes, et au printemps par celle du Garigliano qui ouvrit le chemin de Rome et de Sienne.

Chef d'état-major de la Défense nationale (1944-1947), Résident général de France au Maroc (1947-1951), le général Juin est nommé Inspecteur général des Forces armées françaises, Président du Comité des chefs d'état-major, commandant en chef des Forces terrestres alliées Centre Europe (1951-53). Élevé à la dignité de Maréchal de France en mai 1952, élu à l'Académie française en novembre 1952, il voit en 1953 son commandement interallié s'éten- dre aux trois armes — Terre, Air, Mer — affectées à la défense du Centre Europe. Il abandonnera volontairement ce poste en octobre 1956.

Le Maréchal Juin est Grand Croix de la Légion d'Honneur, titulaire de la Médaille Militaire et des plus hautes décorations françaises et étrangères.

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