Icollection

horizons ésotériques

dirigée par Jean-Pierre Bayard

DANS LA MÊME COLLECTION

Robert Ambelain : Les Traditions celtiques. Doctrine initiatique de l'Occident.

Irène Andrieu : Initiation à l'astrologie d'évolution. Traité pratique d'astrologie traditionnelle, spirituelle et karmique.

Jean-Pierre Bayard : La Spiritualité de la Franc-Maçonnerie. De l'Ordre initiatique traditionnel aux obédiences.

Jean-Pierre Bayard : Les Talismans. Psychologie et pouvoirs des symboles protecteurs.

Aleister Crowley : Astrologie. Archétypes de l'univers astral selon la mythologie et les traditions occidentales.

Mario Mercier : Le Monde magique des rêves. Connaissance initiati- que et symbolique des songes.

Mario Mercier : La Nature et le Sacré. Initiation chamanique et magie naturelle.

Mario Mercier : Les Rites du Ciel et de la Terre. L'éveil spirituel de l'Homme magique.

Papus (Dr Gérard Encausse) : Les Arts divinatoires. Graphologie, chiromancie, morphologie, astrologie, physiognomonie, astro- sophie.

Jérôme Piétri : Réincarnation et survie des âmes. Mystères et tradi- tions de l'au-delà.

François Ribadeau Dumas : L 'Œuf cosmique. Le symbolisme de la genèse universelle.

François Ribadeau Dumas : La Lumière et l'illumination. L'énigme de la lumière, source de vie spirituelle et de connaissance.

René-Lucien Rousseau : Le Langage des couleurs. Énergie, symbo- lisme, vibrations et cycles des structures colorées.

Fernand Schwarz : Les Traditions de l'Amérique ancienne. Mythes et symboles : Olmèques, Chavin, Mayas, Aztèques, Incas...

Annick de Souzenelle : Le Symbolisme du corps humain. De l'arbre de vie au schéma corporel.

Ouvrages épuisés : Pierre Carnac : L'Architecture sacrée. A.-D. Grad : Le Golem et la connaissance. Pierre Mariel : Sectes et sexe. Serge Hutin : La Tradition alchimique.

l a l u m i è r e

e t l ' i l l u m i n a t i o n

DU MÊME AUTEUR

L ' Œ u f cosmique (Editions Dangles). Carrefour de Visages (Nouvelle Société d'Edition). Rencontre de l'Automate (Edition de la Revue mondiale). Plaisir du Béarn (Nouvelle Société d'Edition). Histoire de Saint-Germain-des-Prés, Abbaye royale (Pierre Amiot) ; (ouvrage couronné par l'Académie française). Casanova (Intercontinentale du Livre). Grandeur et Misère des Jésuites (Productions de Paris) ; (ouvrage couronné par le prix Lammenais). Cagliostro (Arthaud). La Folie au pouvoir, de Néron à Hitler (Productions de Paris). Fénelon et les saintes folies de Mme Guy on (Les Editions du Mont-Blanc, Genève) ; (ouvrage couronné par la Société des gens de lettres de France). Les Magiciens de Dieu (Robert Laffont). Histoire de la Magie (Pierre Belfond ; cinquième édition). Dossiers secrets de la sorcellerie et de la magie noire (Pierre Belfond). Grimoires et Rituels magiques (Pierre Belfond). La Destinée secrète de La Fayette, ou le messianisme révolu- tionnaire (Robert Laffont). Le Marquis de Sade et la libération des sexes (Jean Dullis). A la recherche des vampires (Marabout, livre de poche). Hitler et la sorcellerie (Plon). Les Damnés de Nuremberg (Belfond). Les Mystères de Venise, ou les secrets de la Sérénissime (Albin Michel). Histoire secrète de la Lorraine (Albin Michel). Robespierre avait-il raison ? (Vernoy). Cagliostro, homme de Lumière (Editions Philosophiques).

François /Ribadeau Dumas

l a l u m i è r e

e t l ' i l l u m i n a t i o n

L'én igme de la lumière , s o u r c e de la vie sp i r i tue l le

e t de la c o n n a i s s a n c e

Deuxième édition

Editions DANGLES 18, rue Lavoisier

45800 ST JEAN DE BRAYE

L ' A U T E U R :

François Ribadeau Dumas, membre sociétaire de la Société des gens de let- tres, chevalier de la Légion d'honneur et officier des Arts et des Lettres a publié plus de vingt ouvrages en trente ans. Lauréat de l'Académie française, cou- ronné par la Société des gens de lettres, il a reçu divers prix littéraires.

Membre de la Société d'Histoire de France, une partie de ses écrits traite de grands sujets histori- ques, tels Fénelon et Mme Guyon, le marquis de Sade, Robes- pierre, ainsi que Grandeur et Misère des Jésuites et les Damnés de Nuremberg.

Mais, de bonne heure, il s'est livré également à des études approfondies de l'ésotérisme. Son Histoire de la Magie a connu cinq éditions et est maintenant diffusée en Livre de Poche, comme son A la recherche des vampires et ses Dossiers secrets de la Sorcellerie et de la Magie noire. Avec les Magiciens de Dieu, il a traité des écrivains hermétiques, tels Swedenborg, dom Pernéty, Louis-Claude de Saint-Martin et, récemment, il publiait dans une grande revue d'histoire, l'étrange destinée du mage Vintras. Il a un faible pour les « grimoires » et « rituels magiques ». En 1981, son deuxième livre sur Cagliostro, ici dénommé Homme de lumière, a attiré l'attention par ses révé- lations. Son dernier livre fut l ' Œ u f cosmique, dans la collec- tion « Horizons ésotériques » (chez Dangles).

ISSN : 0182-063X ISBN : 2-7033-0242-8

(c) Editions Dangles, St-Jean-de-Braye (France) - 1982 Tous droits de traduction, de reproduction

et d'adaptation réservés pour tous pays

« La première chose qui parut fut la Lumière de la parole de Dieu. Elle donna naissance à l'action, l'action au mouvement, et celui-ci à la chaleur. »

Hermès Trismégiste (La Table d'Emeraude)

« Le Verbe était la Lumière véritable, qui éclaire tout homme. »

Jean, II, 9-10

La lumière et l'illumination (encre Michel Mille).

CHAPITRE 1

Approche de la lumière

1. L'énigme demeure des origines de la lumière

Huyghens et Newton ont fait la théorie des ondes lumineu- ses transmises par l'incandescence du soleil, des étoiles et des flammes. Les radiations des sources de la lumière ont été l'objet d'innombrables traités scientifiques.

La nature de la lumière a toujours plongé les savants dans la perplexité. Einstein, Maxwell et Louis de Broglie ont consa- cré d'érudits ouvrages à la qualité ondulatoire ou, au contraire, à la ligne droite du phénomène de propagation, autant que de formation de la clarté lumineuse moléculaire, matérielle. On a justement observé que « les objets qui nous entourent ne sont visibles que parce qu'ils réfléchissent la lumière » (Pierre Rous- seau : La Lumière) (1). Celle-ci se répand par ondes. Son rayonnement est électromagnétique et énergétique.

Bohr établit que la lumière tient sa génération de la matière, la combustion la produit, l'émet. La lumière est un « élément constitutif de l'univers ». Les physiciens ont cons- tamment interrogé ses déploiements dans le cosmos, et du soleil à l'électricité et au laser, les physiciens ont répété leurs expé- riences, noté leurs observations en optique, le rayonnement lumineux dans l'espace et dans le vide, et de l'infrarouge à

1. Toutes les références des œuvres citées figurent en bibliographie (voir en fin d'ouvrage).

l 'u l t ravio le t . Ils on t no té que sa cou leur b lanche c o m p o r t e la r é u n i o n de tou tes les couleurs q u e d é c o m p o s e le pr isme. New- t o n l ' a p r o u v é .

Les sources lumineuses , d ' o r ig ine the rmique , électrique, a t o m i q u e , gazeuse o u incandescen te , sont connues s inon expli- quées . « M a t i è r e et lumière son t toutes deux en in te rac t ion per- pétuel le », écrit P i e r r e Rousseau . L ' é c h a u f f e m e n t p rodu i t l ' éc la i rage. D ' E u c l i d e à Goe the , que de g rands esprits on t scruté son mys tè re , o ù cer ta ins n ' hés i t e ron t pas à voir u n « m a g i s m e » ! L a vi tesse d u r a y o n solaire é tan t de 300 000 k m / s , c o m m e n t mesu re r sa densité ?

E n r é sumé , choisissons une déf in i t ion , aussi claire que pos- sible, celle des scient i f iques : « Lumiè re . O n d e é lect romagnét i - que , d o n t la pa r t i e visible a une longueur d ' o n d e al lant de 0 ,4 m i c r o n à 0 ,7 mic ron . Se p r o p a g e dans le vide à envi ron 300 000 k m / s .

« Selon la l o n g u e u r d ' o n d e , ou le mélange de longueurs d ' o n d e , l ' impres s ion colorée varie. U n mélange général d o n n e l ' impres s ion de blanc. Obé i t aux lois de la d i f f rac t ion , de la dif- fus ion , de la réf lexion, de la ré f rac t ion , de la po lar i sa t ion . Son é tude s ' appe l le l ' O p t i q u e .

« L a théor i e de la lumière , celle de l ' émiss ion corpuscu- laire a été r emplacée p a r la théor ie ondu la to i r e ; la v ib ra t ion é l ec t romagné t ique , théor ie de Maxwel l . » (Dic t ionnai re i l lustré des Sciences).

Le célèbre physic ien Maxwel l a c o m p o s é la théor ie électro- m a g n é t i q u e de la p r o p a g a t i o n de la lumière renouve lan t l ' anc i enne théor ie de la v ib ra t ion de l ' é ther .

Cer ta ins savants cumulen t la chaleur , la lumière et l 'élec- tricité. C ' e s t le cas de Louis Lucas , dans sa Médec ine nouvelle, qui déclare que ce son t là « t rois phases générales du mouve- m e n t », d o n t les nuances son t infinies. P a p u s r ep rend cette asser t ion , dans son Tra i té m é t h o d i q u e de Sciences occultes (Dangles) , qui no te que la lumière est posi t ive dans la clarté, négat ive dans l ' o m b r e , équi l ibrée dans la p é n o m b r e ; la chaleur est posi t ive dans le c h a u d , négat ive dans le f roid , équil ibrée

Peinture de Mario Mercier : l'Ange de la Lumière.

dans le tempéré. L'électricité se montre positive dans le positif, négative dans le négatif, équilibrée dans le neutre, écrit le magiste.

Les trois phases : chaleur, lumière, électricité, se combi- nent en élément positif, la chaleur ; en Lumière, l'équilibre ; en négatif, l'Electricité, et c'est « la force de notre Monde ». La terre est plongée dans la lumière solaire, qui est identique pour toutes les planètes.

Retenons cette déclaration de Pierre Rousseau : « La lumière visible n'est qu'une fraction infime du domaine des " radiations électromagnétiques ", qui sont des " vibrations transversales d'allure sinusoïdale, d'un double champ électri- que et magnétique ". » Nous voilà fixés. Le spectre des radia- tions électromagnétiques a livré quelques-uns de ses secrets. Et l'on a prouvé que la lumière suit la courbe de l'espace.

Les poètes rejoignent les savants, sur les prodiges éclatants des ombres et pénombres de la lumière, le mystère des mirages, la notion que « les étoiles emprisonnent la lumière ». Les métaphysiciens et les théosophes ont le champ libre. Le Soleil ordonne.

Le noir, le blanc et les couleurs hantent notre destinée. La vie, la nature et le cosmos ne s'épanouissent que par la Lumière.

Le Soleil, le Tout et le Un

Lumière, « principe du monde, vibration éthérée », écrit J.-P. Bayard, dans la Symbolique du Feu, tandis que Charles- Guillaume Scheele rapporte dans son Traité alchimique de l'Air et du Feu, que le jugement hésite sur la dialectique de la lumière : « Tantôt la chaleur est le Feu élémentaire, tantôt elle est un effet du Feu : là, la Lumière est le Feu plus pur et un élé- ment. Là, elle est déjà répandue dans toute l'étendue du globe, et l'impulsion du Feu élémentaire lui communique son mouve- ment direct ; ici, la Lumière est un élément que l'on peut enchaîner au moyen de l'acidum pingue, qui est délivré par la dilatation de cet acide supposé... »

Et il décrit l'obscurité comparable à l'aveuglement, « qui prend les termes mêmes du problème pour sa solution ». Ainsi se perpétue l'énigme de la lumière : rencontre de molécules ? Vibration ? Fumée gazeuse ? demandent les savants. Hasard ? Mystère existentiel du Cosmos. Mystère exaltant.

2. L'adoration du Soleil-Lumière

L'adoration du Soleil fut un des premiers sentiments mystiques des hommes. La religion en naquit. Bientôt, des ins- pirés, puis des prêtres imbus de la tradition édénique, évoquè- rent Adam dans le lever du Soleil, et la fin du monde dans son coucher. Nous trouvons cette observation dans les Energies du Soleil, de Pierre Audibert.

Un jour, les fêtes chrétiennes coïncideront avec le calen- drier solaire. La Lumière éclaire le monde. La Lumière est Dieu. Les pèlerinages abondèrent au moment des solstices et des équinoxes. Les Dieux-soleils de la Perse et de l'Egypte sont impérissables.

Le soleil dans le Tarot, qui remonte à la plus haute Anti- quité, est le dix-neuvième arcane majeur, le jaune d'or « cou- leur de la perfection intellectuelle, de la richesse de la moisson et du métal », écrit Pierre Audibert qui discerne sur cette lame le signe du Grand Œuvre Alchimique. Ici, le visage solaire est environné de soixante-quinze rayons.

Le poète Lucrèce chantait déjà ainsi le Soleil : « Le Soleil éthéré, cette riche source de fluide lumineux, baigne le ciel d'un éclat toujours frais, ne s'arrêtant point de remplacer la Lumière par la Lumière... Les objets ont besoin d'une Lumière toujours nouvelle et chaque jet lumineux s'évanouit aussitôt né, et rien ne pourrait s'apercevoir, à la clarté du Soleil, si cette clarté ces- sait de se renouveler par sa source même », (cité par Pierre Audibert).

Cette notion de renouvellement perpétuel de la Lumière par la Lumière est à retenir. Grâce à cette énergie lumineuse, la

terre s'échauffe et elle émet un rayonnement de chaleur dans l'espace.

Les hommes remarquent, dès lors, que le noir absorbe tout le rayonnement visible ; quand le blanc le réfléchit, le noir s'échauffe ; le blanc sera la couleur des maisons en Afrique et en Orient, qui renvoient lumière et chaleur, écrit Pierre Audi- bert, rappelant qu'une vieille légende des nomades compare le Soleil « à un monarque borgne dont l'œil unique suffit à voir tout ce qui se passe sur la terre ». Et ce sera l'œil unique et pha- raonique du dieu Horus des Egyptiens. « La vie semblait impossible sans l'existence du rayonnement solaire fécondant élevé au rang de divinité suprême. »

Comment oublier la célèbre réplique d'Edmond Rostand : « Soleil, toi sans qui les choses ne seraient pas ce qu'elles sont ! »

3. L'Or Lumière

Les Egyptiens révérèrent la qualité solaire de l'or. G. Pose- ner écrit dans son Dictionnaire de la Civilisation égyptienne que « la déesse Athor était l 'or incarné... L 'or conférait une survie divine... par suite, le jaune devint primordial dans la symboli- que funéraire ». Les chrétiens parèrent d 'or l'auréole, les che- veux blonds, la tunique de Jésus, l 'or ayant été un de ses symboles préférés. Déjà, la tradition grecque voyait dans l 'or un aspect du Soleil, avec les vertus fécondatrices, bienfaisantes en vitalité et en amour, de l'astre solaire, d'Apollon aux che- veux d'or.

Les druides taillaient le gui avec une faucille d'or. L'insi- gne glorieux de la Toison d 'Or conférait la puissance tant cor- porelle que spirituelle. Frédéric Portal remarquera dans ses Couleurs symboliques, que les prêtres cachaient l 'or, symbole de Lumière, au regard des profanes.

Ce métal parfait a l'éclat de la Lumière. En Inde, on révère son caractère igné, royal. Les icônes du Bouddha sont dorées,

« signe de l'illumination et de l'absolue perfection... le fond des icônes byzantines est doré : reflet de la Lumière céleste », écrit Pierre Grison dans le Dictionnaire des Symboles. On sait le rôle exceptionnel de l'or en alchimie. On assurait que Nicolas Flamel s'enrichit prodigieusement en faisant de l'or, cet or alchimique, dont parle saint Thomas d'Aquin, qui le dénonce et le proscrit.

Si l'alchimie opère par transmutation, bientôt les mysti- ques préciseront que le travail du Grand Œuvre, l'Art Royal

. hermétique, consiste autant à transmuer l'adepte spagyriste et à le ramener à une perfection édénique. Pierre Grison écrit : « La transmutation est une rédemption, celle du plomb en or, dirait Silesius, c'est la transformation de l'homme par Dieu en Dieu. » Telle est la portée de l'alchimie spirituelle. Ajoutons que l'or contient aussi le symbole de la Connaissance. Mieux, les Brahamana y discernaient l' Immortalité. Les breuvages d'Immortalité contenaient des fragments d'or.

Il convient enfin de rendre hommage à l'Age d'Or de la haute tradition. Dominique Zahan, dans Sociétés d'initiation Barubara, écrit que la valeur spirituelle et solaire de l'or amène Danballa, en Haïti, à être le dieu de la Richesse ; on retrouve ici « le sens alchimique et ésotérique de l'or, tel qu'il est conçu dans la pensée traditionnelle européenne et asiatique ». Il y dis- cerne aussi l'or purificateur, véhicule de l'Illumination. L'or, sanu, donne sanuya, qui exprime la pureté. Remarquons cette observation : « L'or est une arme de Lumière » (Dictionnaire des Symboles).

« Le Soleil est figuré par la couleur de l'or. L'or se retrouve souvent dans l'Apocalypse. Jésus a mesuré la Jérusa- lem éternelle à l'aide d'une règle d'or, tandis que la cité est toute d'or pur. Le Fils de l'homme porte une ceinture d'or. Marie, une robe d'or.

Cette règle d'or est le symbole de la justice et de la splen- deur, de la sagesse et de la vérité. Mais ce que nous devons rete- nir, c'est que par sa transparence, l'or symbolise la clarté divine de la pureté. » (Jean-Pierre Bayard. )

4. La Lumière par le Feu

Générateur de lumière, le feu, purificateur et illuminateur, selon le mot de Paul Diel, jette ses flammes vers le ciel, et « figure l'élan vers la spiritualisation ». Il est le signe, le symbole et le motif déterminant de la régénérescence, plus que de la mort, et l'anéantissement par la combustion. Alain Gheer- brant écrit, dans le Dictionnaire des Symboles, que « comme le soleil par ses rayons, le feu par ses flammes symbolise l'action fécondante, purificatrice et illuminatrice ». Il y discerne le symbole de l'intellect et de la conscience, l'élan de l'esprit.

Paul Diel, dans le Symbolisme dans la Mythologie grec- que, y voit le purificateur « par la compréhension, jusqu'à sa forme la plus spirituelle, par la Lumière et la Vérité ». C'est bien aussi l'avis de Gaston Bachelard, qui note pour le feu, comme pour l'éclair, la valeur de purification et d'illumination, « prolongement igné de la Lumière » (cité par Alain Gheerbrant).

Et le feu, créateur de lumière, aura ses prolongements dans le rite d'incinération, dans les bûchers du Moyen Age, les feux de la Saint-Jean et toutes actions ayant intention de purifica- tion. Pour E. Burnouf, le Feu est « un dieu vivant et pensant ». G. Durand écrit, dans les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, que les chrétiens y discernent l'image du Christ. Alain Gheerbrant approuve et pense que le feu « est la meil- leure image de Dieu, la moins imparfaite de ses représentations et qui abonde dans la symbolique théologique ».

En Inde, les grands moteurs de la Lumière, qui sont le feu, la foudre et le soleil, tiennent une place prépondérante et fon- damentale. Agni, Indra, Sürya sont les intermédiaires célestes ignés. Le feu rituel a sa place primordiale : il symbolise les pas- sions, l'esprit et la connaissance intuitive. Il s'étend depuis les âmes errantes, les lanternes, les feux follets, jusqu'à la divinité et l'Esprit humain. Brahama est identique au Feu, selon la Gitâ (4.25).

Les taoïstes se projettent dans le brasier pour se libérer des

entraves humaines et rejoindre l'éternel ; le prêtre leur assure que le feu ne brûle pas le saint. Le feu sacrificiel de l'hin- douisme est sacré. La religion chrétienne emploie abondam- ment le feu avec les nombreux cierges, les veilleuses, les lanter- nes de procession, les projecteurs, sur les statues habillées de brocart, comme en Espagne, ou sur les icônes, comme en Orient. On peut remarquer que si les églises sont « orientées » vers le Levant, au soir, les grandes portes du seuil sont ouvertes pour laisser pénétrer dans le sanctuaire les lumières du Cou- chant. J.-P. Bayard écrit à ce sujet : « C'est à l'Orient que l'Etoile apparut aux Mages. C'est là que le Verbe s'est fait chair. L'Orient reste le symbole de la Lumière incréée. »

CHAPITRE II

L'Antiquité mythologique

I. Osiris, Œi l du Soleil

On se doit de reconnaître que la lumière est à la base de la religion de l'Egypte millénaire. Et d'abord, Osiris signifie « Œil du Soleil ». La source éternelle de la Vie est la Lumière. Horus, dieu du ciel, a créé les hommes et les choses. Les rayons du Soleil ont inondé l'univers tel un flot de larmes, selon la légende. Toute âme prend son vol dans le ciel pour se fondre dans la lumière, celle du Soleil. L'âme universelle, c'est Horus, Œil de Lumière. Le mort, par le cérémonial magique, devient un être lumineux.

Combien étonnante demeure l'antique croyance qui vou- lait que lorsque la lune décroît, Seth, l'Esprit du Mal, dévore en plein ciel l 'Œil d'Horus ! A travers les planètes se poursuit la quête de l 'Œil d'Horus, la quête de la Lumière. Isis, la Magi- cienne, selon le culte divin, puis dans le culte funéraire, opère cette restitution. Le Soleil, tel un œil éclatant, reviendra inon- der de vie et d'immortalité le Monde.

Le Livre des Morts promet que du sein des Enfers, le Soleil de Mort apparaîtra, tel le dieu Soleil du matin. Le mort suivra la course du Soleil. Les myriades d'étoiles aux clartés inégales, sont des âmes des morts et des dieux. Ceux-ci participent au tourbillonnement des Voies lactées et vont se perdre dans Râ, dont le disque incandescent illumine la Terre (Alfred Champ- dor : Le Livre des Morts).

Le disque du Soleil contenant l'œil unique divin, qui voit et qui éclaire, était adoré par le singe Hapy derrière lequel s'incline la prêtresse Hent-Taui (papy- rus, environ 1000 av. J.-C.).

« Et les Morts deviendront la Lumière d'Osiris. » Dans le Bassin lumineux de Maât, le Nil céleste, le mort est transporté sur la Barque Solaire et il ira prendre place dans. les Etoiles Impérissables. Les bandelettes du corps momifié portent le nom de « vêtement de Lumière ». Alors l'âme s'élèvera dans la Lumière solaire. Voici le texte rituel : « J'ai quitté le monde inférieur et suis maintenant debout à la proue de la Barque Sacrée. Je suis celui auquel on a dit : " Va en paix, ô mort — Osiris, dans la Barque de Râ. Vogue en paix, ô mort — Osi- ris, avant de t'unir comme Maât à son Disque Solaire dans l'immense embrasement de sa Lumière " . »

Pour l'Egyptien osirien, le cercueil est « la Lumière, l'enveloppe lumineuse de l'âme, la tunique osirienne de l'âme qui est un germe d'éternité ».

Lorsque le dieu Nourr surgit des Eaux Primordiales, il soutient la Barque Solaire, en laquelle on discerne le Scarabée portant le Nouveau Soleil. Trois portiers ouvriront les Portes

Dans les mystères égyptiens, le culte d'Osiris « Œil du Soleil Il, célébrant la Lumière, source de vie (gravure extraite du Livre des Morts).

du Jour, par lesquelles le Nouveau Soleil paraîtra dans le Monde. On répétait au sein de la pyramide qu 'un seul texte du Livre des Morts enfermé dans un tombeau, pouvait l'éclairer comme si le soleil y pénétrait.

la lumière et l'illumination

La Lumière ! Terme magique... base de notre création, de la Genèse, source de vie, elle est le point principiel d'où tout émane. De tout temps l 'homme s'interroge sur cet te lumière qui luit dans les ténèbres, qui embrase les mythologies, les contes, les rêves ; elle es t forme chamanique condensée, imagination féerique, mais auss i cheminement secret de l 'homme à la recherche de son devenir spirituel. Elle transfigure l'Etre et multiplie son imagi- nation créatrice à travers temps et espace.

De l'Egypte aux temps bibliques, de la Kabbale au Coran, Fran- çois Ribadeau Dumas explore ici l 'embrasement de l 'âme vers I 'extase. Saint Augustin, Sainte Thérèse, François d 'Assise con- nurent, entre autres, l'illumination salvatrice. Rembrandt aussi bien que Goethe éprouvèrent cet entous iasme délirant où Arthur Rimbaud voyait les feux aberrants et glorieux de l'Enfer.

Un essa i de psychanalyse traite l'irrigation dans la conscience du rayonnement incandescent où s'ouvrent les yeux de l'esprit aux prises avec l'au-delà. L'extase s 'explique par un dédoublement de la personnalité où la parapsychologie trouve de riches ali- ments. Cette sublimation, celle des prophètes, des grands initiés, des grands art istes tient-elle de Dieu ou du Diable ? Allons-nous tomber dans l'aliénation mentale ? L'auteur trace pour nous un itinéraire pass ionnant : la voyance et la clairvoyance sèment sur son chemin bien des découvertes, car le domaine exploré est éblouissant .

Couverture : encre Michel Mille ISBN : 2-7033-0242-8

Prix : 55 FF

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