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IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES DU TERRITOIRE DE LA FORÊT MODÈLE DE DJA ET MPOMO EN VUE D’Y IMPLANTER UN PROJET REDD/REDD+ Rapport de mission Présenté au Ministère des Ressources naturelles du Canada (Initiative des Forêts Modèles en Afrique) Et au Secrétariat du Réseau Africain des Forêts Modèles Par Anne Bernard Québec, 15 décembre 2011

IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

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Page 1: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

DU TERRITOIRE DE LA FORÊT MODÈLE DE DJA ET

MPOMO EN VUE D’Y IMPLANTER UN PROJET

REDD/REDD+

Rapport de mission

Présenté au

Ministère des Ressources naturelles du Canada (Initiative des Forêts Modèles en Afrique)

Et au Secrétariat du Réseau Africain des Forêts Modèles

Par

Anne Bernard

Québec, 15 décembre 2011

Page 2: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

ii

Remerciements

Ce projet n’aurait pas été possible sans l’aide de nombreuses personnes. Premièrement, je

remercie très sincèrement mon directeur de projet, M. Damase Khasa, qui a joué un rôle

catalytique dans la réalisation de cette aventure. Deuxièmement, je tiens à remercier le

Ministère des Ressources naturelles du Canada et son équipe responsable des forêts

modèles qui m’ont aidée financièrement et qui m’ont encouragée à effectuer ce stage

dans la Forêt Modèle de Dja et Mpomo.

Travailler avec les membres du Réseau Africain des Forêts Modèles fut une expérience

de travail enrichissante et je leur suis extrêmement reconnaissante de m’avoir accueillie

dans leur organisation à bras ouverts et je me souviendrai toute ma vie des merveilleux

moments qu’ils m’ont faite vivre.

Ce travail n’aurait pas aussi eu lieu sans la coopération des nombreux acteurs qui œuvrent

dans la Forêt Modèle de Dja et Mpomo. Sans leur participation à mon questionnaire, ce

projet n’aurait pas pu être développé et je les remercie d’avoir contribué à la réussite de

mon stage et sans donner une liste exhaustive, je cite tout particulièrement Charly

Nkoleh, Omer Ntsié, Charly Akpwelokoum, M. Richard Feteke Je veux aussi souligner le

rôle des communautés de l’arrondissement de Lomié et Mindourou qui ont été généreuses

avec moi lors de mes sorties terrain, me permettant ainsi d’observer leurs activités

directement en forêt.

Je remercie aussi Annabelle Moisan-De Serres qui m’a supportée moralement tout au

long de ce périple. Merci du fond du cœur Nab. Finalement, merci à Danielle Goulard qui

a été notre grande sœur tout au long de l’été et qui nous a permis de nous intégrer

facilement à Lomié. Je veux aussi remercier mes deux parents pour m’avoir supporté à

toutes les étapes de ce travail.

On est ensemble !

Page 3: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

iii

Résumé

Dans le cadre d’un stage étudiant, en partenariat avec le Réseau Africain des Forêts

Modèles, l’utilisation des terres par les acteurs de la Forêt Modèle de Dja et Mpomo a été

analysée dans le but de déterminer les causes de la déforestation et de la dégradation des

forêts sur son territoire. En interviewant les acteurs et en visitant les différentes

exploitations qui ont cours dans la FOMOD, il a été possible d'identifier les différentes

lacunes en lien avec l'objectif poursuivi. Dans le contexte du programme de réduction des

émissions dues au déboisement et à la dégradation (REDD/REDD+) des forêts dans les

pays en voie de développement, cette analyse préliminaire vise à orienter les actions des

gestionnaires du Réseau Africain des Forêts Modèles, des membres du secrétariat de la

FOMOD et des acteurs de la FOMOD en vue de la priorisation des actions à mettre en

place pour intégrer ce programme. Puisque la FOMOD soutient déjà des projets

communautaires, il faut que le projet vise à atteindre les objectifs internationaux de

REDD/REDD+, tout en conservant les réalisations en place et en les améliorant. Les

principaux points à améliorer pour mettre en œuvre un projet REDD/REDD+

d’envergure dans la zone sont : l’accès à un système d’informations à référence spatiale

dans la FOMOD, la sensibilisation des communautés locales au déboisement et à la

dégradation et le partenariat avec les compagnies forestières et minières dans la zone

dans le but de tirer profit de leurs infrastructures et de leur expertise en gestion durable

des concessions forestières. Le manque de connaissances sur les ressources forestières

dans la FOMOD vient limiter les actions. En effet, il faut essayer de créer une base de

données, qui serait mise à la disposition des acteurs, pour améliorer les pratiques dans les

différents micro-zonages de la FOMOD. Cette analyse préliminaire est la première étape

vers la création de projet REDD/REDD+ volontaire dans la FOMOD et c’est le rôle du

RAFM de démarrer ce type d’initiative.

Page 4: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

iv

Table des matières Remerciements .................................................................................................................... ii Résumé ............................................................................................................................... iii Table des matières.............................................................................................................. iv Liste des figures .................................................................................................................. v

Liste des tableaux ................................................................................................................ v Liste des abréviations ......................................................................................................... vi Introduction ......................................................................................................................... 1 Présentation générale du concept Forêt Modèle ................................................................. 2 Le Réseau Africain des Forêts Modèles ............................................................................. 4

Historique ........................................................................................................................ 4 Structure du SRAFM ...................................................................................................... 4

La Forêt Modèle de Dja et Mpomo (FOMOD) .................................................................. 6

Historique ........................................................................................................................ 6 Caractéristiques géographiques, physiques, sociales et économiques de la FOMOD .... 6 Structure de la FOMOD ................................................................................................ 10

Revue de littérature ........................................................................................................... 13 Tenures forestières du Cameroun ................................................................................. 13

Qu’est-ce que le REDD/REDD+ et comment l’appliquer? .......................................... 15 Méthodologie .................................................................................................................... 18

Usages du territoire dans la FOMOD ........................................................................... 18

Déterminants du projet REDD dans la FOMOD .......................................................... 20 Résultats ............................................................................................................................ 20

Bakas ............................................................................................................................. 21 Les artisans.................................................................................................................... 23

Industrie forestière ........................................................................................................ 25 Femmes rurales agricultrices ........................................................................................ 28 Réseau des organismes locaux du Dja (ROLD) ........................................................... 29

ONG locale œuvrant dans le domaine forestier (CEF-Dja) .......................................... 31 Comité paysan-forêt ...................................................................................................... 31 Réserve de Biosphère du Dja (RBD) ............................................................................ 31 Forêt communautaire .................................................................................................... 32

Forêt communautaire en voie de réservation ............................................................ 32 Forêt communautaire attribuée ................................................................................. 33

Chefferie traditionnelle ................................................................................................. 34

Industrie minière ........................................................................................................... 35 Commune de Lomié/ Forêt communale de Lomié ....................................................... 36

Secrétariat exécutif........................................................................................................ 36 Écotourisme .................................................................................................................. 38

Discussion ......................................................................................................................... 40 Conclusion ........................................................................................................................ 44 Bibliographie..................................................................................................................... 45

Annexe A : Questionnaire de l’enquête terrain avec les groupes d’acteurs sélectionnés

dans la FOMOD ................................................................................................................ 48

Page 5: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

v

Liste des figures

Figure 1. Organigramme du SRAFM ................................................................................. 5

Figure 2.Mesures de pluviométrie pour quatre années consécutives à Mindourou

(MINEF, 2003) ................................................................................................................... 7

Figure 3. Temps consacré à chaque activité par les populations locales (MINEF 2003) ... 9

Figure 4. Pourcentage des populations locales impliquées dans les différents modes de

récolte des PFNL (MINEF 2003) ..................................................................................... 10

Figure 5. Organigramme de la Forêt Modèle de Dja et Mpomo ...................................... 12

Figure 6. Taux de déboisement entre 1990 et 2010 (FAO 2010) ..................................... 14

Figure 7. Évolution de la superficie forestière au Cameroun entre 1990 et 2010 (en 1

000 ha) (FAO 2010) .......................................................................................................... 14

Figure 8. Méthodes de calcul des stocks de carbone selon le GIEC (Murdiyarso et coll.

2008) ................................................................................................................................. 16

Figure 9. Distribution des différentes activités entre les trois continents impliqués dans le

processus REDD+ (Wertz-Kanounnikoff et Kongphan-Apirak 2009) ............................. 17

Liste des tableaux

Tableau 1. Groupes d'acteurs et d'intervenants sélectionnés et écartés pour conduire

l’étude sur les usages du territoire dans la FOMOD ......................................................... 19

Tableau 2. Synthèse des résultats des enquêtes avec les groupes d'acteurs et les groupes

d'intervenants de la FOMOD ............................................................................................ 39

Page 6: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

vi

Liste des abréviations

CBD Convention on Biological Diversity

CCFCC Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques

CIFOR Center for International Forestry Research

FAO Food and Agriculture Organisation

FCPF Forest Carbon Partnership Facility

FFBC Fond pour les forêts du Bassin du Congo

FOMOD Forêt modèle de Dja et Mpomo

FMLSJ Forêt modèle du Lac-Saint-Jean

FSC Forest Stewardship Council

GIC Groupe d’initiative communautaire

GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

IFMA Initiative des forêts modèles en Afrique

MINFOF Ministère des Forêts et de la Faune

ONG Organisation non gouvernementale

PSE Paiements de services environnementaux

RBD Réserve de biosphère du Dja

RIFM Réseau international des forêts modèles

RED Réduction des émissions dues à la déforestation

REDD Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation

REDD+ Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts

dans les pays en voie de développement et le rôle de la conservation, de la

gestion durable de la forêt et du renforcement des stocks de carbone forestiers

RIFM Réseau international des forêts modèles

RMFM Réseau méditerranéen des Forêts Modèles

RNC Ministère des Ressources naturelles du Canada

ROLD Réseau des organismes locaux du Dja

SCD Services de conservation du Dja

SRAFM Secrétariat du réseau africain des forêts modèles

UFA Unité forestière d’aménagement

UL Université Laval

Page 7: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

1

Introduction

Dans le cadre la mise en œuvre du projet d’appui à la formation en gestion des ressources

naturelles dans e bassin du Congo, financé par l’agence canadienne de développement

international (ACDI) et dont l’université Laval est l’agence canadienne

d’accompagnement (ACA), un partenariat a été créé entre le Secrétariat Africain des

Forêts Modèles (SRAFM) soutenu par le Ministère des Ressources naturelles du Canada

et l’Université Laval. Dans le cadre de mon projet de fin d’études en aménagement et

environnement forestiers à l’Université Laval, j’ai effectué un stage de quatre mois au

sein du RAFM avec le soutien financier d’une bourse de l’Initiative des Forêts Modèles

en Afrique (IFMA) et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du

Canada (CRNSG). La thématique du stage visait à faire une caractérisation biophysique

et socioéconomique et plus précisément l’identification des différents types d’usages du

territoire pour la mise en place des projets REDD/REDD+ dans la Forêt Modèle de Dja et

Mpomo (FOMOD), qui répondent aux besoins sociaux, environnementaux et

économiques des populations riveraines.

Le présent document est donc le fruit de ce stage et il comprend plusieurs sections pour

mieux comprendre l’ensemble du cheminement du projet élaboré dans la FOMOD. En

premier lieu, on présente le concept Forêt Modèle, le secrétariat du Réseau Africain des

Forêts Modèles et la Forêt Modèle de Dja et Mpomo pour bien comprendre l’encrage de

ce stage étudiant. La section suivante est une synthèse de littérature sur la REDD/REDD+

ainsi que sur le mode de tenure des terres forestières au Cameroun afin de saisir la

complexité de la problématique dans laquelle s’inscrit ce stage. La troisième section

présente la méthodologie utilisée pour collecter les données sur le terrain et elle est suivie

par les résultats. La discussion qui suit les résultats est une analyse des données obtenues

sur le terrain afin d’orienter les gestionnaires de la FOMOD et le SRAFM dans leur

démarche de mise en place de projets REDD/REDD+. Grâce à la littérature, à d’autres

expériences africaines et à la rencontre de spécialistes dans le domaine de la

REDD/REDD+, il a été possible de proposer une approche répondant autant aux objectifs

de la FOMOD que de Nations Unies en matière de déforestation et de dégradation des

Page 8: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

2

forêts dans le Bassin du Congo. Pour clore le rapport, on présente les défis à relever pour

mettre en œuvre un projet REDD/REDD+ dans la FOMOD. Une appréciation générale de

ce stage en milieu de travail est aussi faite dans cette section.

Présentation générale du concept Forêt Modèle

La forêt est un écosystème complexe où un grand nombre d’utilisateurs se partagent le

territoire. Toutefois, cette complexité est aussi la cause de conflits puisque chacun des

intervenants sur le territoire ont souvent des orientations différentes. C’est pour cette

raison que dans les années 90, le gouvernement canadien a initié les Forêts Modèles.

Compte tenu des conflits entre les travailleurs forestiers, les autochtones et les autres

utilisateurs du milieu, on décida de créer dix sites témoins où l’objectif principal était de

trouver un terrain d’entente entre l’exploitation forestière, la conservation de la

biodiversité et la prospérité socio-économique. Cet essai s’avéra très concluant et permit

au ministre canadien des forêts d’annonces au Sommet de la terre à Rio de Janeiro

(Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement) en juin 1992, la

mise en place d’un programme instaurant un réseau international de forêts modèles

(RIFM 2010a).

Ainsi une forêt modèle vise à regrouper l’ensemble des acteurs du territoire afin

d’intégrer les différentes préoccupations et assurer la gestion durable des ressources

naturelles. En fonction de la situation du pays dans lequel la forêt modèle se trouve, les

activités pratiquées dans ses limites peuvent varier entre la recherche, la foresterie,

l’agriculture, l’exploitation minière, la faune, les produits forestiers non ligneux, les

activités récréatives, les services environnementaux, la valeur du paysage et bien d’autres

éléments d’intérêt. Le concept de base reste le même d’un site à l’autre, mais il est adapté

pour répondre logiquement aux besoins de la région en prenant en considération la

culture, l’histoire et l’économie locale. L’élément distinctif du concept de forêt modèle

par rapport à d’autres organisations qui visent la gestion durable des ressources est

l’obligation d’avoir un processus décisionnel concerté et participatif ce qui sous-entend

une compréhension et une acceptation de l’ensemble des activités qui sont pratiquées sur

un territoire commun. Il est donc important de miser sur les échanges et les partenariats

Page 9: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

3

entre les différentes forêts modèles pour partager l’expérience et l’expertise afin de

bonifier les façons de faire dans chaque forêt modèle et par le fait même améliorer

l’ensemble du réseau (Landry 2009, RIFM 2010b). Étant donné que le concept de forêt

modèle n’est pas contraignant quant aux standards imposés et aux orientations qui

doivent être suivies, il est possible d’adapter le concept d’une région du monde à une

autre tout en ayant un fondement semblable. Par exemple, la définition de forêt modèle

appliquée par la Forêt Modèle du Lac Saint-Jean est axée principalement sur de nouvelles

pratiques développées dans le but d’améliorer la gestion des écosystèmes forestiers.

« Une forêt modèle est en fait un laboratoire en milieu forestier qui

permet de mener des activités de recherche et de développement en forêt

pouvant mener à l’amélioration du bien-être des communautés qui en

dépendent. C’est un endroit où les meilleures pratiques d’aménagement

forestier durable sont élaborées et testées, dans le but d’améliorer les

moyens d’existence durable des communautés. » (FMLSJ 2011)

Le Réseau Méditerranéen des Forêts Modèles présente le concept de forêt modèle de

manière plus générale, c’est-à-dire sans porter une aussi grande importance à la

recherche, mais en misant sur l’échange de connaissances entre les différents acteurs du

territoire.

« Une Forêt Modèle est une association volontaire de personnes qui

vivent ou qui sont impliquées dans un territoire, qui cherchent à le

décrire, l’améliorer et garantir sa viabilité et qui partagent leurs

expériences et leurs connaissances afin de contribuer aux objectifs

environnementaux globaux. » (RMFM 2011)

Ainsi, il existe autant de définitions de la forêt modèle que de forêts modèles existantes

quoique toutes visent à maintenir l’intégrité et à développer de façon durable le territoire

et les ressources. La création du réseau international des forêts modèles a aussi permis le

développement de réseaux nationaux et régionaux de forêts modèles tels que les réseaux

canadien, iberoamércain, méditerranéen, russe, asiatique et depuis 2009 le Réseau

Africain des Forêts Modèles.

Page 10: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

4

Le Réseau Africain des Forêts Modèles

Historique

C’est en 2009 que le Réseau Africain des Forêts Modèles (RAFM) voit officiellement le

jour grâce à un appui financier du gouvernement canadien par le biais de l’Initiative pour

les Forêts Modèles en Afrique (IFMA) du Ministère des Ressources naturelles. Les

démarches de mise en œuvre ont toutefois commencé en 2002 lorsque des chercheurs du

Centre de recherche forestière international (CIFOR) et le RIFM s’associent pour

implanter le concept sur le continent africain et plus particulièrement au Cameroun. Entre

2003 et 2004, le consortium réunissant des membres du Ministère des Forêts et de la

Faune du Cameroun (MINFOF), de la Commission des forêts d’Afrique centrale

(COMIFAC), du secrétariat du RIFM, du CIFOR, de l’Agence Canadienne de

Développement international (ACDI), de l’Union Mondiale de la Nature (UICN) et de la

Food and Agriculture Organization (FAO) permit d’entamer concrètement le processus

de mise en œuvre qui alors débuta en 2005 avec l’implantation des deux sites pilotes pour

la Bassin du Congo soit Campo-Ma’an dans la région du sud du Cameroun et Dja et

Mpomo dans l’est du même pays. Ces deux sites sont donc actuellement reconnus comme

les deux seules forêts modèles du continent, mais le RAFM a pour objectif de construire

un réseau panafricain de Forêts Modèles qui est fonctionnel et où le développement des

communautés locales allie le développement durable des paysages forestiers (RIFM-

Afrique 2011).

Structure du SRAFM

L’équipe officielle du SRAFM est composée de plusieurs organes avec à sa tête un

directeur général qui coordonne l’ensemble des activités du Secrétariat et le représente à

l’extérieur du pays pour promouvoir le concept Forêt Modèle. Une équipe administrative

assiste le directeur général pour assurer le bon fonctionnement du Réseau et du

Secrétariat et cette dernière comprend une assistante administrative, un comptable et un

chauffeur. Les activités sont toutefois assurées par trois groupes distincts soit l’équipe

technique, l’équipe de coordination des sites et l’équipe des communications. La figure

ci-dessous présente l’organigramme du SRAFM. On a donc fait appel à plusieurs

Page 11: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

5

Directeur général

Équipe technique

- Responsables de la recherche et développement

-Responsable de l'extension du Réseau

- Chargés de projets

Stagiaires

Équipe de coordination des sites

-Responsable

-Rapporteurs sur le terrain

Équipe de communication

-Responsable des communications

-Graphiste

-Chargés de projets

Stagiaires

Équipe administrative

- Assistante administrative

-Comptable

-Chauffeur

spécialistes dans des domaines variés tels que la communication, le développement

d’initiatives locales, la foresterie et les produits découlant du milieu forestier et des

partenariats avec des spécialistes d’ailleurs ont aussi été développés pour accroître les

performances du RAFM. Par exemple, depuis 2010, le SRAFM a développé un

partenariat avec l’organisation Volontary Service Oversea (VSO) qui envoie des

volontaires-coopérants pour une période de deux ans afin d’apporter un appui technique

aux gouvernements locaux et aux organisations de la société civile dans les deux Forêts

Modèles du Cameroun dans le but d’améliorer le développement organisationnel, la

gestion des ressources naturelles, le développement de marché et l’écotourisme ainsi que

la mise en place de petites et moyennes entreprises (CUSO-VSO 2011).

Figure 1. Organigramme du SRAFM

Page 12: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

6

La Forêt Modèle de Dja et Mpomo (FOMOD)

Puisque les activités du stage ont eu lieu dans la Forêt Modèle de Dja et Mpomo, on

présente ici l’historique, les caractéristiques physiques, sociales et économiques de la

région de l’est du Cameroun en portant une attention plus particulière au territoire dans

les limites de la Forêt Modèle ainsi qu’à la structure de l’organisation.

Historique

Les deux forêts modèles africaines qui ont été créées au Cameroun ont été choisies en

fonction d’appels d’offres. Au total, dix appels d’offres ont été soumis pour présenter les

sites potentiels de forêt modèle. En ce qui concerne la Forêt Modèle de Dja et Mpomo le

projet a été pris en main par M. Patrice Pa’ah qui s’est chargé d’amorcer les démarches

de sollicitation auprès des principaux acteurs de la zone. La compagnie forestière Pallisco

fut un des premiers acteurs de poids à enclencher les démarches préliminaires pour créer

la forêt modèle ce qui permit d’améliorer la crédibilité du projet auprès du SRAFM. Une

forêt modèle est le lieu où plusieurs acteurs interagissent et il est important d’inclure les

industries aux projets, pour éviter de mettre de côté des acteurs clés. La présence de

nombreux enjeux (sociaux, environnementaux et économiques) dans la zone proposée a

fait de la FOMOD un lieu de prédilection pour instaurer une forêt modèle. La FOMOD

est donc officiellement reconnue au sein du Réseau International des Forêts Modèles et

du Réseau Africain des Forêts Modèles depuis 2005 par le gouvernement camerounais.

L’implication du gouvernement en ce qui concerne la division du territoire et du nouveau

d’un statut est primordiale pour assurer le bon fonctionnement d’un tel projet. En 2004, le

MINFOF du Cameroun montra son intérêt pour la mise en place du cadre de

collaboration, de concertation et de coopération, que sont les forêts modèles, sur son

territoire (Zoa 2008) ce qui mena, l’année suivante, à la création de la FOMOD.

Caractéristiques géographiques, physiques, sociales et économiques de la

FOMOD

La FOMOD est située dans la région de l’est du Cameroun plus précisément dans le

département du Haut-Nyong qui comprend les arrondissements de Lomié, Ngoyla,

Mindourou, Messok, Messamena et Somalomo (FFBC 2010). Les communes comprises

Page 13: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

7

dans les limites de la FOMOD se restreignent toutefois à Lomié, Ngoyla, Mindourou et

Messok pour une superficie totale d’environ 700 000 ha (RIFM 2010). Une route

carrossable en provenance de l’agglomération d’Abong-Mbang traverse la zone, du nord

au sud de la FOMOD, permettant ainsi d’accéder à des artères secondaires qui mènent au

reste du territoire.

La FOMOD se trouve en plein cœur de la forêt tropicale humide sempervirente du Bassin

du Congo (CNUCED 2008). Selon Ecofac (2001), on y trouverait près de 100 espèces de

mammifères, 320 espèces d’oiseaux et 1500 plantes différentes. On y trouve une forte

densité d’arbres à l’hectare et une hauteur moyenne du couvert forestier de près de 50 m

(CTFC 2009). Ces forêts sempervirentes sont caractérisées par les grands arbres dont la

hauteur varie entre 50 et 60 mètres, les sous-bois dégagés, l’absence d’essences typiques

des forêts semi-caducifoliées dans les massifs intacts, la présence du Gilbertiodendron

dewevrei et l’abondance de rotin sur l’ensemble du territoire (MINEF 2003). Les

précipitations annuelles varient entre 1500 et 2000 mm par an, les périodes plus

importantes étant avril à mai et septembre à octobre. En effet, au cours de l’année, quatre

saisons se succèdent : une petite saison des pluies de mi-mars à mi-juin, une petite saison

sèche de mi-juin à mi-août, une grande saison des pluies de mi-août à mi-novembre et

une grande saison sèche de mi-novembre à mi-mars (CTFC 2009). La figure qui suit

présente quatre années consécutives de précipitations pour la ville de Mindourou qui se

situe à l’extrême ouest du territoire de la FOMOD.

Figure 2.Mesures de pluviométrie pour quatre années consécutives à Mindourou (MINEF, 2003)

Page 14: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

8

Les températures varient entre 22,8 °C et 24,6 °C pour une moyenne annuelle de 23 °C,

les mois les plus froids étant juillet et août et les plus chauds étant mars et avril (Delvingt

2001). Les précipitations abondantes permettent une végétation luxuriante et des cultures

variées sur tout le territoire et à tout moment de l’année ce qui permet d’assurer un apport

constant en denrée alimentaire de tous genres.

Le relief de la région du département du Haut-Nyong en est un de basse altitude (600-

800m) et est relativement plat dû à la présence du plateau Sud-Camerounais, une vaste

pénéplaine. On retrouve toutefois quelques pentes plus abruptes dont le dénivelé est

rarement supérieur à 20-35 mètres et des zones marécageuses parmi le milieu forestier

(CTFC 2009). Le sol est ferrallitique typique moyennement désaturé de couleur rouge sur

les interfluves et de couleur rouge-brun dans les fonds de vallée. Les caractéristiques

principales de ce type de sol sont une faible capacité d’échange, une acidité élevée

puisque le pH se situe entre 4,5 et 5 (Veen et coll. 1994), une faible quantité d’humus,

une carence en phosphore et une présence élevée d’ions d’aluminium toxique (Delvingt

2001). Les carences en phosphore et les faibles teneurs en azote sont associées à la

dégradation rapide de la matière organique dans les sols tropicaux (CTFC 2009). Ces sols

sont très peu fertiles et lorsqu’ils sont exposés au soleil et aux précipitations abondantes

en raison de coupes forestières totales ceux-ci subissent une latérisation (Delvingt 2001).

Ce phénomène de dégradation des sols est typique en forêt tropicale et il en résulte un

lessivage des éléments nutritifs présents dans les couches supérieures du sol suite à une

pluie abondante (Gidigasu 1971). Le réseau hydrographique est bien développé et deux

des bassins versants camerounais se trouvent dans la région de l’Est, soit le bassin

Atlantique, qui a pour affluents principaux le Lom, le Djerem et le Nyong, et le bassin du

Congo, qui est constitué de la Sangha, le Kadey, la Boumba et la Ngoko.

On estime la population de la zone de la FOMOD à 25 000 habitants. Six groupes

ethniques se partagent ce territoire, soit les pygmées Baka, les Badjoué, les Ndjemé, les

Menzimé, les Nzimé et les Njiyèm (RIFM 2010). Dans les communautés, un chef de

troisième degré élu à vie dirige chacun des villages. Il est conseillé par un certain nombre

de notables, vieux et jeunes (CTFC 2009). En ce qui a trait à l’utilisation du territoire par

Page 15: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

9

les industriels et les communautés, on divise les types d’usages en fonction des

ressources exploitées où 10 % sont utilisés pour les terres agricoles, 40 % se trouvent

sous forme d’Unité forestière d’aménagement (UFA), 15 % est la propriété des forêts

communautaires, 23 % se trouvent en zone protégée, 10 % sont réservés pour

l’exploitation minière et 2 % appartiennent aux forêts municipales (RIFM 2010). Plus

spécifiquement, les principaux usages sont l’agriculture, la chasse, la pêche,

l’exploitation forestière, la collecte de produits forestiers non ligneux et d’autres activités

connexes. Le schéma qui suit présente le temps consacré par les communautés de la zone

pour chacune des activités mentionnées précédemment.

Figure 3. Temps consacré à chaque activité par les populations locales (MINEF 2003)

La collecte de produits forestiers non ligneux fait référence à la récolte de l’ensemble des

produits qui ne sont pas de la matière ligneuse qui est généralement utilisée dans

l’exploitation forestière conventionnelle. Ainsi on se réfère à une multitude de produits

tels que le feuillage, l’écorce, la sève, les racines, les fruits des arbres, mais aussi aux

animaux, aux autres plantes présentes dans le sous-bois et encore bien d’autres. Les

modes de récolte des produits issus des arbres varient, mais globalement la récolte est

non destructive comme le montre la figure 4. On en conclut donc que ces récoltes ont des

impacts marginaux sur la dégradation des écosystèmes forestiers.

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

Agriculture Chasse Pêche Exploitation forestière

Collecte des PFNL

Activités extra

Po

urc

en

tage

de

te

mp

s (%

)

Page 16: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

10

Figure 4. Pourcentage des populations locales impliquées dans les différents modes de récolte des PFNL

(MINEF 2003)

Structure de la FOMOD

Une forêt modèle n’existe pas si la population qui y vit n’est pas impliquée à son

développement et à son fonctionnement. Tout comme le RAFM, la FOMOD s’est aussi

dotée d’un secrétariat afin d’assurer le lien entre les acteurs et de structurer la plate-forme

de concertation. L’organe décisionnel du secrétariat est le conseil d’administration qui est

constitué de l’ensemble des acteurs de la forêt modèle. C’est pour cette raison que ces

acteurs sont les plus importants de cette organisation puisque sans eux les autres

structures (Conseil d’administration, Secrétariat de la FOMOD et le SRAFM) n’auraient

pas lieu d’exister. Le conseil d’administration est formé de membres représentants les

différents groupes d’acteurs et c’est lui qui choisit les employés qui siégeront sur les

postes du secrétariat. La composition du secrétariat consiste en six postes permanents

occupés par le secrétaire exécutif de la FOMOD, qui fait la promotion du concept et des

activités de la Forêt Modèle à l’intérieur et à l’extérieur de ses limites, l’assistant

administratif qui s’assure du bon fonctionnement administratif du secrétariat et les points

focaux présents dans chaque commune qui font le lien entre les acteurs et les

communautés avec le secrétariat. La figure 2 montre la structure de la FOMOD. On

remarque que les acteurs sont divisés en deux groupes soit le groupe des grands acteurs et

le groupe des petits acteurs. On a catégorisé les acteurs ayant des territoires importants ou

0

10

20

30

40

50

60

70

Abattage Ramassage Cueillette Extraction

% d

e la

po

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la

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de

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réco

lte

Page 17: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

11

des moyens financiers plus grands dans une classe différente en raison de leurs objectifs

différents de ceux des autres acteurs. Leur droit de parole est équivalent à tous les autres

acteurs et ils ne sont pas avantagés en vertu de leur position économique ou politique.

Page 18: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

Lien hiérarchique

Lien de coopération et d’appui

Bailleur de fonds Par ex. : Ressources Naturelles Canada

Secrétariat Africain

des Forêts Modèles

Secrétariat de la Forêt

Modèle de Dja et Mpomo

Acteurs de la FOMOD

Confessions

religieuses

ROLD

Chefferie

traditionnelle

Jeunes

Pêcheurs Chasseurs Comité

paysan

forêt

Forêt

communau-

taire

Bakas

Femmes rurales

agricultrices

Artisans

Communica-

teurs Éco

tourisme Élites

Petits acteurs

Industrie

forestière

Réserve de

biosphere du

Dja

Communes Industrie

minière

Grands acteurs

Conseil d’administration - Administrateurs de chaque groupe d’acteurs

Figure 5. Organigramme de la Forêt Modèle de Dja et Mpomo

Page 19: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

13

Revue de littérature

Tenures forestières du Cameroun

En tant que colonie de longue date, le Cameroun a toujours connu des politiques

forestières en faveur des pays coloniaux (Obam 2004). Après avoir été dirigé

successivement par trois empires (Allemagne, France et Grande-Bretagne), le Cameroun

devient officiellement indépendant en 1960. C’est toutefois en 1973 que le gouvernement

camerounais adopte des dispositions réglementaires relatives à la faune, aux activités

d’exploitation forestière et de régénération (Obam 2004). Au cours des années 70,

plusieurs décrets et ordonnances s’ajoutent pour constituer, en 1981, la Loi numéro 81-13

portant sur le régime des forêts, de la faune et de la pêche. À la suite du Sommet de Rio

en 1992, les Nations Unies produisent le rapport Agenda 21 dans lequel on stipule que les

pays devraient intégrer un processus de prise de décisions sur l’environnement et le

développement lors de l’élaboration des politiques, de la planification et de la gestion. On

désire donc résoudre les problématiques associées à un cadre juridique et réglementaire

inefficace (ONU 1992). L’objectif est donc de prendre en considération les facteurs

économiques, sociaux et environnementaux dans le but de permettre aux générations

futures de bénéficier des mêmes avantages que les générations précédentes émanant du

concept du développement durable publié dans « Notre avenir à tous » (Our Common

Future) (Brundtland 1987). C’est donc en 1994 que le gouvernement du Cameroun

présente la nouvelle et actuelle loi sur les forêts, la Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994. Tout

comme la loi de 1981, celle-ci porte aussi sur les forêts, la faune et la pêche et en 2011

les ministères qui s’occupent de gérer cette ressource sont le ministère des Forêts

(MINFOF) et le ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP).

Dans sa présentation de mars 2010 dans le cadre d’un atelier sur l’état des forêts

d’Afrique centrale, le chef de service de la cartographie du MINFOF estimait la

superficie du territoire forestier du Cameroun en 2010 à 21 245 000 ha (Mendomo Biang

2010). Pour cette même année, la FAO, dans son rapport sur l’évaluation des ressources

forestières mondiales, indiquait que le Cameroun était couvert par 19 916 000 ha de

Page 20: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

14

Sup

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des

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(1 0

00

ha)

24 316

22 116 21 016

19 916

1990 2000 2005 2010

forêts (FAO 2010). Le taux de conversion annuel des terres est constant dans ce pays

depuis 1990 et on le chiffre à 220 000 ha par année.

Les figures qui suivent présentent l’évolution de la superficie forestière depuis 1990 ainsi

que le taux de conversion des terres dans ce pays (FAO, 2010).

Une recherche du TREES (Tropical Ecosystem Environment Observations by Satellite)

démontrait qu’au début des années 90 la forêt du Cameroun couvrait 22,8 millions

d’hectares tandis que la FAO, pour la même période, estimait le couvert forestier à 19,6

millions d’hectares (Bikié et coll. 2000). Les résultats, variables d’une recherche à

l’autre, amènent une incertitude qui crée une problématique majeure en ce qui concerne

la gestion des ressources forestières visant l’amélioration des pratiques pour réduire le

déboisement et la dégradation. La première raison de la perte de couvert est attribuée à

l’agriculture itinérante sur brûlis qui cause plus de 80 % des pertes des forêts denses

humides de ce pays (Cerrutti et coll. 2008).

-0,94 % -1.02 %

-

1.07 %

Figure 7. Évolution de la superficie forestière au Cameroun entre

1990 et 2010 (en 1 000 ha) (FAO 2010) Figure 6. Taux de déboisement entre 1990 et 2010 (FAO 2010)

-0,94% -1,02% -1,07%

Page 21: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

15

L’état est le principal propriétaire des forêts au Cameroun et la loi forestière de 1994

prévoit deux types de domaine soit le domaine permanent et le domaine non permanent

(MINFOF 1994). Le domaine permanent regroupe toutes les forêts de production, les

forêts communales, les aires protégées de toutes les catégories, les zones d’intérêt

cynégétique. Le domaine non permanent, quant à lui, inclut les forêts communautaires,

soit des forêts à proximité des communautés riveraines d’une superficie maximale de 5

000 ha. Ces territoires sont octroyés par le MINFOF pour une durée de 15 ans et le mode

de gestion doit être participatif dans lequel chacun peut exprimer son intérêt et où les

bénéfices sont normalement redistribués dans la communauté.

Les forêts de production sont divisées en unités forestières d’aménagement (UFA) qui

sont octroyées à des concessionnaires privés. Au fil du temps, la superficie forestière

attribuée aux concessionnaires est passée de 1 886M d’hectares à 17 329M d’hectares

entre 1959 et 1999. Les terres exploitées par les compagnies privées représentent donc

environ 76 % de la superficie forestière totale du pays (Bikié et coll. 2000).

Qu’est-ce que la REDD/REDD+ et comment l’appliquer ?

Depuis 2005, le concept de réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la

déforestation (RED) a évolué pour y intégrer la dégradation de la forêt (REDD). On parle

maintenant de sécurisation des stocks de carbone en intégrant la gestion durable de la

ressource forestière (REDD+) (Lawlor et coll. 2010). C’est en 2007, lors de la treizième

rencontre de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques

(CCNUCC) que la Conférence de Parties décide officiellement qu’un processus pour

réduire le déboisement et la dégradation des forêts dans les pays en voie de

développement soit mis de l’avant (CBD 2011) :

« La Conférence des Parties encourage toutes les toutes les Parties qui sont

en mesure de le faire à appuyer le renforcement des capacités, à apporter

une assistance technique, à faciliter le transfert de technologies pour

améliorer, entre autres, la collecte de données, l’estimation des émissions

résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, la surveillance et

l’établissement de rapports, et à répondre aux besoins institutionnels des

pays en développement pour leur permettre d’estimer et de réduire les

émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts »

(CCNUCC 2/CP.13, 2008).

Page 22: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

16

Pour exécuter le processus REDD-plus, les pays devront remplir trois étapes de mise en

œuvre soit :

1- Le développement de stratégies nationales ou de plans d’action

2- Application de ces stratégies sur le terrain par des projets démonstratifs afin de

développer de technologies adaptées.

3- Les actions prises en deux (2) doivent être mesurées, compilées et vérifiées. C’est

à cette étape qu’est mesurée la différence des stocks de carbone. Deux méthodes

de mesure sont proposées par le GIEC : la méthode de la différence des stocks et

la méthode de gain et de perte. La première est faite en utilisant les données

d’inventaires forestiers dans le but d’estimer les émissions et la séquestration du

carbone sur un territoire donné. La seconde, quant à elle, prend, en considération

les paramètres de croissance écologiques et les effets anthropiques sur les stocks

de carbone. La figure 8 présente clairement la différence entre les deux méthodes.

Le programme de Nations Unies pour la REDD-plus (UN-REDD) et le Forest Carbon

Partnership Facility (FCPF) mis en place lors de la Conférence des Parties à Bali ont pour

Figure 8. Méthodes de calcul des stocks de carbone selon le GIEC (Murdiyarso et coll. 2008)

Page 23: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

17

but d’accompagner les pays dans leurs démarches pour enclencher le processus REDD et

de les supporter financièrement.

À ce jour plusieurs activités ont été recensées à la grandeur de la planète soit les activités

de démonstration où le reboisement n’est pas le principal objectif (Wertz-Kanounnikoff

et Kongphan-Apirak 2009). En effet, les activités de démonstration visent plutôt à se

démarquer par leurs objectifs de planification à l’ensemble du territoire pour assurer une

gestion durable de la ressource par les communautés locales en proposant, par exemple,

des projets de sécurisation des revenus en structurant une récolte durable des produits

forestiers ligneux et non ligneux dans une forêt communautaire (Wertz-Kanounnikoff et

Kongphan-Apirak 2009). Selon Wertz-Kanounnikoff et Kongphan-Apirak (2009), le

second type d’activités sont les « Readiness Activities » , c’est-à-dire, les activités qui

visent à développer des stratégies REDD-plus dans le but de mettre en œuvre et de suivre

des projets qui permettent aussi le renforcement des capacités. On inclut ici toutes les

activités initiées par le FCFP et le UN-REDD. Finalement, les chercheurs du CIFOR ont

identifié une troisième catégorie d’activités REDD, les activités sans objectif pour la

sécurisation des stocks de carbone (réf.). Celles-ci peuvent être instaurées pour recevoir

des paiements pour des services environnementaux (PSE) qui permettent d’améliorer

l’aménagement forestier, mais dont le but principal n’est pas la séquestration du carbone.

Le graphique qui suit présente la répartition de ces activités et leur importance selon le

continent où elles se trouvent.

Figure 9. Distribution des différentes activités entre les trois continents impliqués dans le processus REDD+

(Wertz-Kanounnikoff et Kongphan-Apirak 2009)

Page 24: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

18

Méthodologie

Pour développer et mettre en œuvre un projet REDD/REDD+ durable dans la FOMOD, il

a été nécessaire de procéder en deux étapes préliminaires. Premièrement, on a dû

déterminer les différents types d’usages qui se faisaient du territoire par les multiples

utilisateurs. Suite à l’identification des intervenants dans le milieu et de leurs pratiques,

nous avons élaboré un projet structuré pour permettre aux gestionnaires de la FOMOD et

du SRAFM d’orienter leurs efforts, répondant aux critères de la REDD/REDD+, de

manière durable et réaliste. La seconde section de la méthodologie présente donc une

revue de littérature qui traite des principaux éléments de la REDD/REDD+ importants à

considérer dans le cadre de l’implantation d’un projet visant l’atteinte des objectifs

poursuivis par la REDD/REDD+. Grâce à la littérature et à la rencontre de spécialistes

dans le domaine du marchés de carbone, le projet proposé à la FOMOD se veut être le

plus complet possible en prenant en considération l’intégration des besoins de chaque

intervenant.

Usages du territoire dans la FOMOD

Afin de récolter les informations pertinentes pour comprendre l’usage des terres dans la

Forêt Modèle de Dja et Mpomo, on a opté pour des entrevues semi-dirigées avec les

groupes d’acteurs1 siégeant sur le conseil d’administration et des groupes d’intervenants

ayant une importance majeure dans les limites de la FOMOD. Comme il y a actuellement

plus de 21 groupes d’acteurs qui sont officiellement reconnus dans l’organisation, on a

restreint l’échantillon à treize acteurs groupes d’acteurs et à deux intervenants (Tableau

1). La sélection des acteurs s’est faite sur la base de leur présence dans le milieu forestier.

Cela dit, les autres groupes d’acteurs ont un rôle à jouer dans la FOMOD, mais leur

impact en ce qui concerne la dégradation et la déforestation n’était pas mesurable. Les

communes de Messok, de Ngoyla et de Mindourou n’ont pas été sélectionnées pour des

raisons de logistique étant donné que l’accès aux transports pour s’y rendre était difficile.

Pour ce qui est de la commune de Lomié, le représentant de ce groupe d’acteurs étant le

1 Dans ce texte, on parle de groupe d’acteurs lorsque le groupe siège sur le conseil d’administration et de

groupe d’intervenants lorsqu’ils ne siègent pas sur le conseil d’administration tout en gardant une influence

dans le milieu forestier.

Page 25: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

19

maire de Lomié, il était plus facile de communiquer avec ce dernier qu’avec les

représentants des autres communes. Pour toutes ces raisons, nous avons donc jugé que la

commune de Lomié serait suffisante pour avoir une idée générale des usages des terres

dans une commune.

Dans la mesure du possible, les rencontres ont eu lieu avec les représentants des groupes

d’acteurs. En raison du réseau de télécommunication restreint dans cette région, il n’a pas

été possible de contacter tous les représentants. Dans cette situation, nous avons contacté

des membres actifs de ces groupes afin d’obtenir les informations requises. De plus, dans

certains cas, il a été impossible de rencontrer un membre ou bien le représentant du

groupe, mais de manière générale les entrevues et les visites sur le terrain ont permis

d’avoir un point de vue global sur la dégradation et la déforestation pour proposer des

initiatives de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation de la

ressource dans la FOMOD. Les questions administrées lors des entrevues semi-dirigées

se retrouvent à l’annexe A.

Tableau 1. Groupes d'acteurs et d'intervenants sélectionnés et écartés pour faire l'investigation sur l'usage

du terrain dans la FOMOD

Groupes d’acteurs sur le

conseil d’administration de la

FOMOD sélectionnés

Groupes d’intervenants

dans la FOMOD

sélectionnés

Groupes d’acteurs sur le

conseil d’administration

écartés

1. Industrie forestière Pallisco 1. Industrie minière Géovic 1. Jeunes

2. Chasseurs reconvertis 2. MINFOF 2. Élites

3. Artisan 3. MINEP 3. Confessions religieuses

4. Écotourisme 4. Secrétariat exécutif 4. Communicateurs

5. Réseau des organismes locaux

du Dja (ROLD) 5. Commune de Messok

6. Commune de Lomié 6. Commune de Ngoyla

7. Femmes rurales agricultrices 7. Commune de Mindourou

8. Comité paysan forêt 8. Pêcheurs

9. Bakas

10. Forêt communautaire

11. Représentant de la Réserve

du Dja et représentant du

MINFOF

12. Chefferie traditionnelle

13. ONG locale

Page 26: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

20

Les études se sont aussi matérialisées par des visites sur le terrain dans le but de mieux

saisir les activités de sciage artisanal, d’agriculture itinérante, de chasse, d’écotourisme et

d’inventaire forestier, entre autres. Ces excursions étaient sporadiques et n’étaient pas

organisées dans un cadre formel. Les accompagnateurs lors de ces visites étaient

principalement des villageois ou des travailleurs. À deux reprises, les représentants des

groupes d’acteurs ont organisé des visites pour appuyer les explications données lors de

leur entrevue ce qui a permis d’avoir une compréhension beaucoup plus claire de la

situation.

Déterminer le projet REDD dans la FOMOD

Suite aux rencontres avec les différents acteurs et intervenants dans la FOMOD, on a été

en mesure d’identifier comment le projet pourrait être durable et quels paramètres

devraient être pris en compte pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cela dit,

pour bien saisir les concepts relatifs à la REDD ou à la REDD+, une revue de littérature a

été nécessaire ainsi que des rencontres avec le corps enseignant de l’université Laval, les

spécialistes dans le domaine de la REDD dans le Bassin du Congo, les personnes

ressources du SRAFM et les ONG œuvrant aussi pour la mise en œuvre d’initiatives

REDD/REDD+.

Résultats

Cette section comprend les données qui ont été recueillies autant lors des entrevues avec

les groupes d’acteurs ou les intervenants que lors des excursions sur le terrain. Lors des

sorties de terrain, nous avons pu avoir une vision générale de certaines activités

pratiquées dans la zone. Le manque de temps et de moyens de déplacement ne nous ont

pas permis de sonder l’ensemble du territoire comme il l’avait été demandé dans le

mandat initial. Toutefois, nous avons pu avoir une vue d’ensemble quant à l’usage des

terres faites par les nombreux utilisateurs des ressources dans la FOMOD. À la fin de

cette section se retrouve le tableau synthétique des entretiens qui permettent d’éclaircir la

situation quant à la déforestation et la dégradation dans la zone. Il faut toutefois spécifier

Page 27: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

21

que ces résultats pourraient être amenés à changer si on avait la possibilité de rencontrer

les membres qui se situent dans les communes de Messok, Ngoyla et Mindourou.

Baka

La communauté Baka d’Etol, à proximité du village d’Ampel, se situe dans la commune

de Mindourou. Les membres de celle-ci habitent toujours dans les campements

traditionnels en forêt, mais ils sont majoritairement sédentarisés dans un village riverain

où ils sont en contact direct avec les peuples bantous2. Le territoire qu’ils occupent pour

leurs activités de chasse et de cueillette se distribue entre les forêts communautaires en

cours de réservation de la zone3 ainsi que des unités forestières d’aménagement (UFA)

attribuées à la compagnie forestière Pallisco. Il est aussi possible que leurs activités se

tiennent dans d’autres UFA appartenant à d’autres industriels, mais nous avons noté que

la zone principale se situe sur le territoire de la Pallisco.

En discutant avec le chef et des hommes du village, il a été noté que les activités

forestières qui ont lieu sur leur territoire ancestral nuisent et dérangent leurs activités

coutumières. Ils ont mentionné le fait qu’ils n’ont plus accès à leur zone de récolte de

produits forestiers non ligneux pour la consommation, pour la pharmacopée et pour la

chasse au petit gibier. La population ainsi privée par exemple des fruits de l’Irvingia

gabonsensis (manguier sauvage) pour la consommation directe, du Baillonnella

toxisperma (Maobi) pour la pharmacopée et les usages traditionnels et la chasse au petit

gibier. Ainsi pour combler ce manque en raison de la présence de l’UFA, ils doivent

parcourir de plus grandes distances pour avoir accès aux PFNL. Il y a toutefois des

ententes avec Pallisco qui sont en cours d’élaboration pour permettre aux communautés

autochtones de continuer à pratiquer leurs activités traditionnelles dans les UFA. Par

l’intermédiaire du comité paysan forêt4, les Baka pourront donc définir leurs besoins et

2 Ensemble d’ethnies de l’Afrique sub-équatoriale (CNRTL 2009). On dit des ethnies dans la région de l’est

du Cameroun qu’elles sont bantoues et les principales dans la zone de la FOMOD sont les Badjoué, les

Ndjemé, les Menzimé, les Nzimé et les Ndjiyèm (Diaw et al. en cours).

3 On explique le terme « forêt communautaire en voie de réservation » à la page 27.

4 «Comité constitué par les représentants des populations riveraines d’une concession forestière en vue de

leur implication dans la gestion forestière. Le comité paysan-forêt représente les populations dans les

négociations avec les autres parties que sont l’exploitant et l’administration forestière. » (FSC 2009)

Page 28: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

22

leurs attentes en ce qui concerne l’usage des PFNL dans les UFA attribuées. Les Baka

rencontrés lors nos entretiens exprimaient le désir d’avoir un droit de récolte des PFNL

qui soit constant dans les UFA. De plus, comme ces produits n’ont pas une production

constante comme les produits issus de l’agriculture, il sera important qu’ils puissent

s’entendre avec la compagnie forestière pour évaluer annuellement ou de manière

saisonnière le meilleur endroit où tenir leurs activités. Pallisco doit donc leur donner

l’accès à un territoire précis, mais les limites de ce dernier restent encore floues. Il est

donc essentiel qu’il y ait un consensus entre les activités traditionnelles et industrielles,

en vue d’assurer usage durable de la ressource pour la prospérité socio-économique de

toutes les parties prenantes.

En plus d’être une source de PFNL, la forêt a aussi un rôle spirituel important pour les

Bakas. Dans les croyances traditionnelles, on attribue à certaines essences des pouvoirs

mystiques importants. De ce fait, ces arbres ont une place prioritaire dans la vie des

peuples autochtones et ils doivent être conservés intégralement afin de respecter ces

populations. Les Bakas considèrent que leur influence sur le milieu est positive puisque

leurs usages de la ressource ne sont pas destructeurs. Comme leur connaissance du milieu

forestier est grande, ils considèrent que leur présence en forêt permet de faire une certaine

surveillance de la ressource. Afin d’être impliqués dans le processus de conservation et

de gestion durable des ressources, ils pensent qu’ils devraient être plus impliqués dans le

suivi des ressources fauniques puisqu’ils connaissent bien la dynamique des populations

animales. Toutefois, leurs moyens matériels sont limités pour faire ces suivis. Il serait

donc intéressant de mettre en œuvre un projet de lutte contre le braconnage tout en

intégrant les populations Bakas. Il serait même intéressant que ce projet soit développé

par les populations autochtones avec un appui extérieur de la société civile ou bien de la

Forêt Modèle par exemple.

Comme ce peuple vit en harmonie avec la nature, il est aussi conscient qu’il y a des

changements climatiques qui se font principalement ressentir en raison de la variation de

la durées des saisons sèches et humides. De manière plus générale, on peut dire que les

Bakas tirent l’ensemble de leurs produits de subsistance de la forêt. De ce fait, les

délimitations géographiques qui ont été mises en place en fonction du micro-zonage dans

Page 29: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

23

la FOMOD n’est pas un concept auquel les populations indigènes sont accoutumées.

Ainsi, on peut dire que leurs activités se tiennent autant dans les forêts communautaires,

dans les UFA, dans la forêt communale que dans la réserve de biosphère du Dja. Comme

l’usage qu’ils font est principalement à petite échelle pour répondre à leurs besoins

primaires, on ne peut pas dire qu’ils soient responsables de déforestation ou de

dégradation dans la région et s’ils le sont, c’est qu’ils sont impliqués dans des projets ou

des commerces où ils jouent le rôle de main-d’œuvre. Pour avoir une meilleure

estimation de leurs impacts, on devrait travailler étroitement avec eux pour mieux cerner

l’occupation du territoire.

Les artisans

Le groupe d’acteurs des artisans comprend plusieurs types d’artisans soit les menuisiers,

les vanniers et les sculpteurs. Quelquefois, les artisans peuvent pratiquer plusieurs

disciplines, mais ils sont généralement spécialistes dans un domaine. L’interview s’est

déroulée avec le représentant de ce groupe qui est posté à Lomié. En discutant avec ce

dernier, nous avons compris, en raison de la grandeur de la FOMOD et des modes de

transport plus ou moins accessibles, qu’il était difficile de bien connaître l’ensemble des

membres de ce groupe. De ce fait, le représentant a une bonne connaissance de la

situation dans sa commune, mais il est très peu informé sur ce qui se déroule dans les

autres. Cela dit, peu importe le lieu où on se situe, les usages sont différents d’un artisan à

un autre étant donné que la matière première pour un menuisier n’est pas la même que

celle utilisée par le vannier par exemple.

L’approvisionnement en bois du menuisier se fait principalement auprès des scieurs

artisanaux qui œuvrent dans la région. La sélection des bois qu’ils utilisent est seulement

fonction des commandes faites par leurs clients. Ils ne priorisent pas un bois en

particulier puisque c’est le marché qui détermine quelle essence ils travailleront pour

fabriquer leurs meubles. Toutefois, la situation est différente pour les sculpteurs puisque

ces derniers sélectionnent généralement des essences spécifiques pour créer. On

privilégie l’ébène étant donné que les pièces produites sont vendues à des prix beaucoup

plus élevés. On constate cependant une énorme dégradation de cette essence forestière

puisqu’elle est de plus en plus difficile à trouver et les plants sont fortement convoités

Page 30: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

24

pour être revendus à des montants élevés. En discutant avec différents artisans, nous

avons constaté que le prix d’un plant de bois d’ébène peut être revendu à environ 300

000 FCFA (635 CAD). Sur les sites d’approvisionnement de bois internationaux, on

constate que le bois d’ébène peut être vendu entre 250 et 5 000 € le m3 en fonction de sa

qualité et de sa provenance (EspaceAgro, 2011).

En ce qui concerne les vanniers, ils vont directement en forêt pour récolter les essences

dont ils ont besoin. Les précisions en ce qui a trait aux essences utilisées n’ont pas été

mentionnées. Généralement, les essences utilisées pour ce type d’artisanat sont

principalement des essences hygrophiles qui se développent en bordure des cours d’eau

telle que le raphia.

Pour le moment, les artisans travaillent indépendamment les uns des autres. L’objectif du

groupe d’acteurs est de se regrouper pour être en mesure d’augmenter leur production et

leur approvisionnement en matière première. Comme une partie du bois qu’ils utilisent

provient des forêts communautaires, ils désirent s’unir pour aller chercher les résidus en

forêt afin de réduire les coûts de transport et d’approvisionnement. De plus, ce

regroupement permettrait d’avoir un apport constant en bois ce qui leur assurerait d’avoir

une production plus continue et moins dépendante des producteurs forestiers. Il y a aussi

un montant qui doit être versé à la communauté dans laquelle on prélève les résidus

forestiers issus des forêts communautaires et une mise en commun de ces frais serait

moins onéreuse à l’échelle individuelle. C’est pourquoi ils croient que leur présence dans

la FOMOD peut être avantageuse pour le développement de leurs activités en misant sur

l’union de leur force.

En ce qui concerne la dégradation de la ressource, les artisans sont plus ou moins

conscients qu’ils ont une part de responsabilité, mais ils en subissent cependant les

répercussions. Par exemple l’ébène est considérée comme un produit forestier dit

« spécial » et son exploitation doit être approuvée par un Permis d’exploitation des

produits spécial (République du Cameroun, loi n° 94/01, art.9 par. 2 et 3). Ils croient que

les gens qui établissent les normes au gouvernement sont déconnectés du terrain et que

les textes de loi devraient s’adapter à leur réalité avant d’être rédigés. La récolte de ces

produits forestiers spéciaux se fait généralement sans l’obtention des agréments du

Page 31: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

25

gouvernement ce qui est une cause directe de la dégradation. Le suivi et l’évaluation de

cette ressource sont ainsi impossibles à mettre en œuvre. En ce qui concerne les

changements climatiques, ils sont aussi ressentis par les artisans puisqu’ils sont avant tout

des paysans. Ils sont donc dépendants des saisons puisqu’ils tirent leurs biens de

consommation de l’agriculture qui dépend grandement des saisons des pluies.

Industrie forestière

Les UFA qui constituent le territoire de la compagnie forestière Pallisco sont entièrement

comprises dans la FOMOD. Elles occupent la plus grande de toutes les zones de la

FOMOD ce qui fait de la compagnie, l’acteur le plus important sur l’occupation du

territoire. Pallisco possède une scierie qui est située à Mindourou et qui a une production

annuelle qui varie entre 70 000 et 90 000 m3. Ils exportent aussi le bois en grume selon

un volume qui varie entre 10 000 et 30 000 m3 pour obtenir une production totale de 100

000 m3 annuellement (Comm. Pers. Richard Feteke). Le siège social de la compagnie se

situe à Douala et les activités terrain (aménagement, inventaire et suivis) sont dirigées à

partir du bureau de Mindourou.

La rencontre de ce groupe d’acteur s’est faite avec le directeur de l’aménagement

forestier qui siège aussi sur le conseil d’administration de la FOMOD à titre de vice-

président et de représentant officiel du groupe d’acteurs des industriels forestiers et

miniers. Une rencontre avec les représentants de la mine GÉOVIC a toutefois eu lieu

pour avoir la perspective de l’industrie minière qui varie grandement de l’industrie

forestière en ce qui concerne les considérations environnementales. L’objectif principal

de la compagnie Pallisco est d’être économiquement viable en exploitant la ressource

disponible dans ses UFA. Toutefois, la compagnie s’est fixée des objectifs

d’aménagement et de gestion durables de la ressource forestière étant donné qu’elle est

maintenant détentrice d’une certification FSC et qu’elle perçoit le besoin de pérenniser la

ressource pour les décennies et les siècle à venir.

Pour la compagnie, l’aménagement c’est la façon de planifier dans le temps et dans

l’espace la ressource sans hypothéquer les générations futures. Auparavant, la

planification se faisait à court terme, soit sur environ 5 ans, mais depuis l’année 2000, la

Page 32: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

26

compagnie a mis de l’avant un aménagement qui vise à assurer un approvisionnement sur

des révolutions de 30 ans voire même de 60 ans. Aujourd’hui, la mission de l’entreprise

est de travailler pour améliorer les connaissances et les paramètres d’aménagement

durable ce qui permet d’enrichir les pratiques sylvicoles.

L’influence de la Pallisco sur le milieu a été variable puisque de nombreux changements

ont eu lieu après l’année 2000. Ses représentants peuvent affirmer qu’avant cette date les

pratiques étaient plus ou moins bonnes en ce qui concerne le prélèvement des essences,

mais depuis, des efforts de régénération et de saine gestion ont augmenté. La certification

forestière a permis à l’entreprise de faire des avancées non négligeables quant à la

concertation avec les populations riveraines, le reboisement, le suivi des pratiques et les

inventaires forestiers. Toutefois, la compagnie ne nie pas que les activités industrielles

ont une influence négative sur le milieu, mais elle travaille maintenant pour s’assurer que

les interventions qui sont faites puissent répondre autant aux aspects économiques,

sociaux qu’environnementaux. Actuellement, Pallisco détient sa propre pépinière pour

assurer le reboisement dans les assiettes de coupe annuelle. Il y a aussi un effort de suivi

qui est fait pour comprendre l’impact des activités forestières par rapport à des zones non

exploitées.

Une vingtaine d’essences forestières sont exploitées mais les principales sont

l’Entandrophragma cylindricum (sapelli), l’Erythrophleum ivorense (tali), le

Triplochiton scleroxylon (ayous), le Milicia excelsa (iroko), le Baillonella toxisperma

(moabi), et le Pericopsis elata (assamela). C’est le marché qui dicte quelles essences

doivent être exploitées puisque ce sont les clients qui font leurs demandes orientant ainsi

les objectifs de production annuelle. Malgré leurs efforts de reboisement des essences

récoltées, il y a toutefois une dégradation associée à leurs activités puisque certaines

essences sont plus en demande que d’autres. La composition des peuplements forestiers

dans leurs UFA est donc automatiquement affectée. Les connaissances sur la dynamique

des essences sont encore très limitées dans la zone d’intérêt. Des recherches sont en cours

dans leurs concessions pour étudier le développement des plants afin d'améliorer les

connaissances sylvicoles et par le fait même sur l’aménagement forestier.

Page 33: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

27

Depuis 6 ans déjà, Pallisco connaît et fait partie de la plate-forme de concertation de la

FOMOD. Certains professionnels de l’entreprise étaient présents aux étapes

embryonnaires de ce concept dans la région. Les bénéfices envisagés par cette industrie

forestière pourraient se faire ressentir autant sur l’échiquier national qu’international.

Cette approche de partenariat volontaire entre les acteurs concertés répond autant aux

objectifs internes de l’entreprise qu’à ceux fixés par la certification auxquels elle adhère

depuis 2008. Cela dit, pour le moment, les répercussions ne se font aucunement ressentir

au sein de la Pallisco et c’est à ce niveau que se situe le mécontentement de l’entreprise

dans l’organisation des Forêts Modèles. L’entreprise désirait fortement que la FOMOD

soit une plate-forme de gestion participative qui leur permette de présenter aux différents

acteurs de la région leurs activités et les moyens qu’elle pourrait mettre de l’avant pour

faciliter le développement des communautés riveraines.

Le représentant du groupe d’acteurs a indiqué qu’il y a une problématique quant aux

processus décisionnels au sein de la FOMOD. On sent que l’industrie forestière est

écartée du plan stratégique ce qui est un élément de frustration pour elle considérant son

importance majeure au sein du territoire de la FOMOD. En mettant sur pied cette plate-

forme de consultation publique, Pallisco croyait pouvoir y trouver son compte, mais

malheureusement à ce jour, elle ne perçoit pas les retombées. Elle désire grandement que

sa voix soit entendue pour l’élaboration du plan stratégique et actuellement l’orientation

unilatérale non concertée qu’elle observe au sein de la FOMOD ne lui inspire pas le désir

d’évoluer au sein de cette organisation.

Depuis 2008, Pallisco a obtenu la certification FSC (Forest Stewardship Council) de

gestion forestière et chaîne de contrôle. Le troisième des dix principes de cette

certification vise à reconnaître et à respecter les droits des communautés autochtones

dans la zone où les activités forestières se tiennent (FSC 2011). C’est pourquoi les efforts

qui sont déployés par cette compagnie auront certainement un effet, dans un avenir

rapproché, sur la communauté Baka d’Étol. Il faut simplement qu’il y ait un suivi qui soit

fait et que les ententes soient bien comprises par la communauté visée pour qu’il n’y ait

pas de quiproquos entre les deux parties. De son côté, Pallisco a dû développer une table

de concertation pour présenter aux populations riveraines ses activités afin de répondre

Page 34: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

28

aux critères de certification FSC. C’est donc par l’entremise du comité paysan-forêt que

la compagnie montre sa responsabilité sociale en redistribuant certains montants aux

communautés afin de les aider à se doter d’infrastructures (eau potable, école, centre

médical local, etc.) et à acquérir des compétences de gestion au sein des forêts

communautaires (formation sur la gestion durable des forêts).

La conservation de la biodiversité fait aussi partie des préoccupations de Pallisco. Par

exemple, pour contrer la pression de leurs travailleurs sur la viande de brousse,

l’entreprise a mis à leur disposition un économat où ils peuvent retrouver des sources

alternatives de protéines. De plus, l’entreprise s’est munie depuis 1999 d’une politique

interne interdisant à tous les travailleurs de braconner le petit gibier dans les UFA sous

peine de perdre leur emploi. Comme les communautés locales ont toujours un droit

d’accès pour la chasse du petit gibier, des postes de contrôle ont été mis en place sur le

chemin forestier de l’entreprise. De cette manière, elle est en mesure de faire un

inventaire de la ressource faunique qui sort de ses UFA. Un registre est tenu

quotidiennement et ces données sont compilées mensuellement. De plus, 2 % du territoire

de cette industrie est zoné en aire protégée puisque les écosystèmes forestiers à ces

endroits y sont considérés comme sensibles ou exceptionnels. En ce qui concerne les

changements climatiques et la REDD, Pallisco ne s’est pas dotée de politiques

particulières, mais comme ces enjeux sont importants sur la scène internationale, elle

commence à s’y intéresser. Donc globalement, Pallisco a une influence sur la dégradation

des ressources forestières, mais, contrairement à d’autres acteurs, des efforts sont faits

pour réduire les impacts négatifs associés à l’exploitation forestière par des pratiques

d’aménagement durable.

Femmes rurales agricultrices

Il a été plutôt ardu de comprendre la dynamique et la composition de ce groupe d’acteurs,

car il a été impossible de rencontrer l’administratrice du groupe. En se référant aux

procès verbaux et aux explications reçues par les points focaux de Mindourou et de

Lomié, nous avons pu déterminer que les membres du groupe des femmes rurales réfèrent

aux femmes pratiquant l’agriculture en zone rurale ayant reçu un appui financier de la

FOMOD pour l’amélioration de leurs pratiques agricoles. Jusqu’à maintenant, dix

Page 35: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

29

femmes réparties dans les quatre communes ont reçu 700 000 FCFA pour mettre sur pied

leur entreprise de production de bananes plantains (Musa spp.) (FOMOD 2011). Le

financement reçu leur permet d’augmenter leur production sur une parcelle, mais tel que

mentionné lors d’une entrevue avec une des membres, on peut « produire plus avec plus »

(Marthe Olen, Communication orale, juin 2011). Dans le cas où les champs sont

agrandis, ces pratiques agricoles sont donc une cause directe de déforestation puisque les

terres changent de vocation. Il a aussi été ardu de voir où se situent exactement les

activités de ce groupe par manque de délimitations géographiques et de système

d’informations à référence spatiale nécessaire aux relevés des limites de ces zones. De

façon générale, on sait que les champs se retrouvent principalement à proximité des

villages, dans les forêts communautaires et dans la forêt communale.

Réseau des organismes locaux du Dja (ROLD)

Le ROLD est un regroupement des organisations locales présentes dans la région du Dja

et il s’agit d’une plate-forme qui a pour but de mettre en relation l’ensemble des ONG

locales pour qu’elles arrivent à travailler ensemble et à s’entendre sur les usages qu’elles

font du territoire. C’est pourquoi on ne peut pas dire que le ROLD fait un usage

particulier de la forêt. Ce sont plutôt les différentes organisations qui en font partie qui

agissent directement sur le terrain. Cette entrevue s’est tenue avec l’administrateur du

ROLD, M. Charly Nkoleh, qui siège sur le conseil d’administration de la FOMOD et qui

est aussi en charge de la SCNIC (Société commerciale pour la négociation et

l’investissement communautaire) soit une compagnie qui vise à commercialiser le bois

venant des forêts communautaires. Il faut noter qu’à ce jour, M. Nkoleh est actuellement

le secrétaire exécutif par intérim de M. Pa’ah qui a changé de fonction dans la FOMOD

depuis août 2011. Cette réorganisation de poste ne change en rien les informations

données par M. Nkoleh au moment de l’entrevue.

En ce qui concerne la structure du réseau, elle fait face à certaines problématiques

organisationnelles et des efforts sont mis pour augmenter les capacités dans ce domaine

par l’entremise d’une volontaire VSO. Pour le moment, il y a encore beaucoup de

chevauchement quant aux activités des différentes ONG sur le terrain et il y a aussi peu

d’appropriations du concept de gestion participative par les membres. Les projets

Page 36: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

30

respectifs de ces organisations sont développés sans concertation ce qui crée de

nombreux conflits à l’intérieur du réseau. Le ROLD ne peut pas imposer des manières

d’agir à ses membres ; il fait des recommandations à ceux-ci et ils sont libres d’en faire

ce qu’ils veulent. Toutefois, si le ROLD réalise qu’un de ses membres agit dans

l’illégalité ou contre le code d’éthique qu’il s’est fixé, le membre peut être exclu et banni

du groupe. Pour le moment, ce code d’éthique est plus ou moins officiel, mais des

ententes orales ont été faites entre les membres.

En ce qui concerne l’usage des terres, le ROLD n’est pas en mesure de juger si ses

membres en font un usage durable ou non. Il n’y a donc aucun suivi au niveau du ROLD

qui est fait par rapport à la déforestation et à la dégradation de la ressource forestière.

Pour comprendre les impacts de chaque ONG, on devrait interroger chacune d’entre elles

sur leurs activités spécifiques. Suite à l’atelier sur le développement organisationnel du

ROLD organisé par VSO à l’été 2011 et aux rencontres avec des membres du ROLD,

nous avons noté que les répercussions de la FOMOD sur cette organisation sont faibles

puisque cette dernière souffre de mauvaise gouvernance. Les efforts pour structurer et

améliorer les compétences de gestion à l’intérieur des différents groupes restent très

importants et nous croyons que le ROLD joue un rôle majeur dans la FOMOD. C’est

pourquoi la participation de ce réseau aux activités organisées par la FOMOD reste

importante.

Afin que la ressource forestière soit mieux gérée, l’administrateur du ROLD affirme qu’il

est prioritaire de structurer l’économie dans ce domaine. Il doit y avoir des marchés

accessibles tout comme des acheteurs. À son avis, il faut absolument que les étapes

préliminaires touchent la structuration de l’économie des produits ligneux et non ligneux.

Ensuite viendront la structuration et la mise en place de développement organisationnel.

Si le réseau économique n’est pas en place, tous les efforts investis pour améliorer la

gouvernance ne serviront à rien, ou du moins on ne percevra pas vraiment les effets. En

ce qui concerne la dégradation de la ressource, c’est le rôle du MINFOF de faire le suivi

et d’imposer les limites.

Page 37: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

31

ONG locale œuvrant dans le domaine forestier (CEF-Dja)

Le CEF-Dja est une organisation non gouvernementale qui œuvre essentiellement dans le

domaine forestier afin d’effectuer les inventaires et les contrôles forestiers dans la zone

d’intérêt. Le questionnaire a été envoyé au directeur et au secrétaire de l’organisation et

nous sommes en attente de leurs réponses. Toutefois, les inventaires et les données terrain

qui sont relevées par cette ONG sont primordiaux pour le suivi de la ressource forestière.

Cette activité est importante dans la démarche REDD puisqu’elle permet de mesurer plus

concrètement les niveaux de dégradation et de déforestation. On sait toutefois que cette

ONG manque de ressources techniques et matérielles pour faire ses inventaires et ses

contrôles (Comm. Pers. M. Omer Ntsié. Mai 2011).

Comité paysan-forêt

Aucune information n’a été reçue de ce groupe d’acteurs puisqu’il a été impossible

d’identifier le représentant de cette organisation au sein de la FOMOD. Toutefois, on sait

que le comité travaille avec les communautés riveraines qui se trouvent dans les

concessions forestières. Nous avons pu obtenir certaines informations quant à cette

structure lors des entrevues avec l’industrie forestière et la communauté Baka. Nous ne

pouvons toutefois pas nous prononcer sur l’impact du comité paysan-forêt quant à la

déforestation ou la dégradation dans les limites des la FOMOD.

Réserve de Biosphère du Dja (RBD)

Une grande superficie de la FOMOD est couverte par la Réserve de Biosphère du Dja

(RBD). Il a été possible de rencontrer l’administrateur de ce groupe d’acteurs qui est le

chef d’antenne de Lomié et par le fait même le représentant du conservateur qui gère le

service de conservation du Dja (SCD). Le chef d’antenne est aussi un fonctionnaire du

gouvernement puisque la RBD est une aire protégée dans la catégorie des réserves de

faune gérées par le MINFOF. En raison du cadre légal de la RBD et des restrictions

d’exploitation qui l’encadrent, on comprend bien que cette structure et ses gestionnaires

n’aient pas d’impact sur la déforestation et la dégradation du milieu. Les impacts négatifs

viennent plutôt des populations qui accèdent au territoire. De plus, comme la RBD

couvre une immense superficie, il est difficile de faire un suivi rigoureux des entrées et

Page 38: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

32

des sorties dans ses limites. Les efforts en ce sens sont importants malgré les ressources

humaines et financières plutôt limitées ; la RBD est totalement dépendante des ONG

internationales pour financer ses activités de suivi de la ressource faunique et forestière.

Toutefois, les professionnels de ce site tentent de sensibiliser les populations riveraines

en ce qui concerne l’usage responsable et durable de la ressource. De plus, les inventaires

qui ont été entrepris dans les limites de la réserve peuvent constituer une source

d’informations précieuses pour mettre en place un projet REDD étant donné qu’il n’y a

aucune exploitation industrielle sur ce site depuis plusieurs décennies (MINFOF 2004).

Les données forestières dans la RBD pourraient servir de témoin au reste de la zone de la

FOMOD.

Forêt communautaire

Dans la FOMOD, il y a un grand nombre de forêts communautaires fonctionnelles qui

sont reconnues officiellement par l’État. Il faut cependant noter qu’il y a aussi un grand

nombre de forêts communautaires qui sont à la phase de réservation, ce qui signifie que la

communauté est en cours de préparation du plan simple de gestion (PSG) qui est exigé

par le MINFOF. Pour cette étude, étant donné qu’il était impossible de visiter l’ensemble

des forêts communautaires dans la zone, on s’est intéressé à deux forêts communautaires,

une en voie de réservation et une autre officielle.

Forêt communautaire en voie de réservation

Cette forêt communautaire se situe à proximité du village d’Ampel, dans la commune de

Mindourou. Le groupe d’initiative communautaire (GIC) Cœur Uni a été nommé par la

communauté pour s’occuper de la gestion des activités pratiquées dans cette forêt. Une

entrevue s’est déroulée avec le délégué du groupe nouvellement désigné par les villageois

et le groupe des élites d’Ampel. Actuellement, le manque de ressources financières ne

permet pas au GIC de pratiquer des activités d’exploitation à plus grande échelle des

produits forestiers ligneux et non ligneux. Les permis nécessaires pour l’exploitation

forestière sont onéreux et aucune ressource matérielle n’est à leur disposition pour

pratiquer la coupe du bois et l’exportation de ce dernier. En ce moment, ce ne sont que

des coupes isolées qui sont pratiquées et elles ne répondent pas à un plan

Page 39: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

33

d’aménagement, mais plutôt à la demande de l’acheteur. Aucune attention n’est portée à

la régénération des essences coupées malgré que le GIC soit conscient de l’importance de

cet élément. L’intérêt du délégué pour améliorer les pratiques de la communauté dans le

domaine de l’exploitation forestière est grand. Il se dit ouvert à recevoir des formations

dans le domaine par des professionnels tels que les spécialistes de la compagnie Pallisco5.

Il conçoit aussi l’importance de développer des partenariats avec les acheteurs potentiels.

La compréhension et la connaissance du concept FM sont inconnues par le GIC Cœur

uni. Il s’agit seulement d’une théorie qui ne génère aucune répercussion mesurable dans

leur milieu. Les connaissances dans la communauté en ce qui concerne le développement

durable sont encore très limitées ce qui fait de leur exploitation une source directe de

dégradation. Les principales problématiques dans cette forêt communautaire touchent

principalement l’encadrement des membres du GIC et la gouvernance dans la

communauté étant donné que les bénéfices engendrés par la coupe doivent être retournés

à la population plutôt qu’à un seul individu. Pour pallier à ce second point, nous pensons

que l’élection d’un délégué permettra de mieux répartir la richesse puisque ce dernier doit

travailler dans l’intérêt de la population qui l’a élu

Forêt communautaire attribuée

Cette étude s’est déroulée dans une forêt communautaire qui regroupe quatre

communautés soit Djenou, Djebe, Nemeyong et Abakoum et celle-ci est localisée dans le

nord de la commune de Lomié. La forêt communautaire se nomme CODEVIR et les

responsables se retrouvent principalement dans le village de Nemeyong. Les enquêtes ont

été faites dans deux villages afin de comprendre l’appropriation d’une forêt modèle par

les habitants des communautés qui en bénéficient. Le discours varie d’un village à l’autre

dépendamment du lieu où le délégué de la forêt communautaire réside. Dans le village de

Djenou, on semblait plutôt n’avoir que peu de liens avec la forêt communautaire. Il n’y a

pas eu de concertation de la population de ce village sur le plan simple de gestion et les

retombées de l’exploitation se font surtout sentir dans le village de Nemeyong qui est

reconnu pour être plus développé en raison de la présence de meilleures infrastructures

(école, puits d’eau et centre de santé).

5 Pallisco est intéressée à créer des partenariats avec les forêts communautaires pour les aider à structurer

leur exploitation ce qui permettra d’améliorer la gestion des forêts dans la zone.

Page 40: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

34

Lors de la rencontre avec la communauté de Nemeyong, l’importance de la forêt a été

soulevée à maintes reprises. La population tire l’ensemble de ses produits de

consommation du milieu forestier et c’est pourquoi la forêt communautaire est une

structure à laquelle elle tient particulièrement. Dans cette communauté, on connaît

principalement la Forêt Modèle car certaines femmes reçoivent un financement dans le

cadre de leur activité agricole (voir la section sur les femmes rurales agricultrices).

Hormis les femmes agricultrices rurales, aucun membre de la forêt communautaire ne

participe activement aux activités de la FOMOD comme les membres de la forêt

communautaire, les chasseurs ou les pêcheurs de ce village. Pour les responsables de la

forêt communautaire, l’aménagement durable des forêts ne les touche pas puisqu’ils

associent ce concept aux concessions forestières attribuées aux grandes compagnies

forestières. À notre avis, il s’agit plutôt d’une incompréhension de la signification du

terme aménagement durable puisque la population considère qu’à la suite de

l’exploitation industrielle on doit absolument reboiser les zones touchées, ce qui constitue

pour eux une certaine forme d’aménagement durable de la ressource. Cela dit, en

interrogeant les membres sur leurs efforts de reboisement, ils ont expliqué qu’en raison

du manque de financement et du peu de support du MINFOF, ils ne pratiquent pas de

reboisement pour le moment. À leur avis, c’est le MINFOF qui doit mettre à leur

disposition des plants, des pépinières et les ressources techniques pour pratiquer le

reboisement. Les coupes pratiquées dans cette forêt communautaire sont une source de

dégradation de la ressource puisqu’on l’exploite dans la seule perspective de marché,

sans prendre de précautions pour contrer les impacts négatifs de ces pratiques. Il aurait

aussi été intéressant d’obtenir le plan simple de gestion, mais ce document n’était pas

accessible malgré qu’il soit public. En discutant avec les villageois, nous avons aussi

compris le déboisement de nouvelles terres forestières plus riches pour augmenter la

production agricole est une pratique couratne et la première cause directe de

déforestation.

Chefferie traditionnelle

La rencontre avec l’administrateur du groupe d’acteurs des chefferies traditionnelles s’est

avéré impossible compte tenu de l’absence d’un réseau de télécommunication dans le

Page 41: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

35

village où il réside. Néanmoins, nous savons que les chefs traditionnels sont encore très

importants dans la zone et on ne nie pas l’influence de ces derniers dans leurs

communautés. Pour avoir une représentation précise de leur compréhension de la

dégradation et de la déforestation dans le milieu forestier, plusieurs enquêtes auraient dû

être réalisées dans des villages de la zone plutôt qu’uniquement auprès de

l’administrateur qui est surtout le porte-parole de sa région. De plus, le rapport d’état des

lieux6 pour ce groupe d’acteurs n’est pas encore disponible ce qui nous a rendu la tâche

encore plus ardue en ce qui concerne la définition du rôle des chefferies traditionnelles

dans la FOMOD. On ne connaît pas les membres du groupe ni les motifs qui l’ont mené à

intégrer la plate-forme. À l’échelle des communautés, on réalise que d’un village à

l’autre, les chefs n’ont pas le même niveau d’éducation et les objectifs communautaires

varient. C’est pourquoi, de manière générale, il est difficile de tirer des résultats

concluants par rapport à l’implication des chefferies traditionnelles dans la gestion

durable des forêts.

Industrie minière

La compagnie minière Geovic s’est vu attribuer un permis d’exploitation minière en 2003

qui fait partie intégrante des limites de la FOMOD (Geovic 2011). Il a cependant été

impossible de rencontrer les gens en charge des activités minières, mais nous avons pu

rencontrer la responsable du développement des projets sociaux. Geovic n’est pas

représenté au conseil d’administration de la FOMOD, mais l’organisation semble

intéressée à intégrer cette plate-forme dans la mesure où la FOMOD est un outil de

gestion participative qui lui permettra d’avoir une vitrine à l’international. Pour le

moment, l’industrie minière considère que la FOMOD est un concept vide qui nécessite

des restructurations sur le plan de la gouvernance (comm. Pers. Mme…).

L’exploitation de la ressource minière n’a pas encore débuté dans la zone ; l’industrie en

est encore à la phase de l’exploration. Un plan stratégique pour remettre en production les

6 Le rapport d’état des lieux est un document expliquant qui sont les membres faisant partie du groupe

d’acteurs et le rôle de ce groupe (activités pratiquées, localisation, etc.). Il s’agit d’un document de

référence exigé par le secrétariat de la FOMOD dans le plan de travail annuel 2010-2011 dans le but

d’avoir les coordonnées des gens inclus dans les groupes d’acteurs et leur position au sein de l’organisation.

Normalement, tous les groupes d’acteurs devaient remettre leur rapport d’état des lieux à l’été 2011.

Page 42: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

36

sites exploités a été développé et sera mis en œuvre lorsque les activités d’exploitation

commenceront. Actuellement, on ne peut pas mesurer la dégradation et la déforestation

découlant de l’exploitation minière, mais on doit considérer que ces activités auront des

impacts directs sur la ressource forestière puisque les zones d’extraction seront

préalablement déboisées avant l’exploitation minière. On devra donc continuer à

investiguer ce territoire lorsque les activités d’extraction ainsi que les activités de

reboisement seront réalisées.

Commune de Lomié/ Forêt communale de Lomié

Il est difficile de comprendre la structure de la commune et son lien avec la gestion des

ressources forestières. Il faudrait mieux comprendre l’impact de la forêt communale dans

la commune. Les informations qui concernent l’aménagement forestier sur ce territoire

étaient difficiles à obtenir de la localité. Les informations disponibles sur le cadre légal de

la forêt communale ne reflètent que rarement la réalité du terrain. On doit donc continuer

les études dans la commune de Lomié et/ou dans la forêt communale de Lomié.

Secrétariat exécutif

Pour le moment, le secrétariat exécutif de la FOMOD ne s’est pas prononcé

officiellement sa position par rapport à la REDD directement sur le terrain. Certes, le

secrétaire exécutif a été en mesure d’assister à des formations sur le sujet, mais outre les

bénéfices économiques que l’organisation pourrait en tirer par les programmes de

paiements pour les services environnementaux (PSE). En soi, le secrétariat n’a pas

d’impact sur la dégradation et la déforestation sur son territoire puisqu’il agit à titre de

gestionnaire de la plate-forme de concertation et ce sont principalement les acteurs qui

ont un rôle à jouer sur le terrain. Cependant, le secrétariat peut avoir un rôle important en

ce qui concerne le suivi et la diminution de la pression sur la ressource puisqu’il peut

offrir un soutien aux communautés quant à la saine gestion des dites ressources par

l’intermédiaire de formation, d’atelier et d’encadrement.

Page 43: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

37

Chasseurs reconvertis

Nous avons pu rencontrer l’administrateur de ce groupe d’acteurs. Il faut comprendre que

la chasse dans cette zone fait partie des droits d’usage des communautés riveraines.

Cependant, au Cameroun, pour pratiquer des activités de chasse qui vont au-delà du droit

d’usage7, les chasseurs doivent se procurer un permis de chasse en payant les frais

d’agrément exigés par le MINFOF. Un grand nombre de villageois pratiquent quand

même la chasse dans le but de vendre, et ce, sans détenir d’agrément, puisqu’ils n’en ont

pas les moyens. Ces chasseurs sont ainsi considérés, au sens de la loi, comme des

braconniers.

L’administrateur du groupe des chasseurs reconvertis désire mettre de l’avant des projets

d’écotourisme dans la zone afin que les chasseurs changent leurs pratiques de chasse pour

s’orienter vers le tourisme. Il considère que ce serait la meilleure manière d’assurer une

source de revenus aux chasseurs tout en diminuant leur pression sur la ressource

faunique. Il est convaincu que la FOMOD peut permettre aux chasseurs d’évoluer vers

une saine gestion de la ressource étant donné qu’elle désire développer des activités

écotouristiques. Globalement, nous pouvons dire qu’avec le braconnage les chasseurs ont

un impact sur la dégradation dans le milieu forestier puisque la faune est un PFNL et

qu’il n’y a pas de suivis des quotas et des espèces prélevées. Cependant, comme ils

n’utilisent pas la matière ligneuse, ils ne causent pas de déforestation. Toutefois, il est

important de spécifier que certaines espèces animales sont nécessaires pour régénérer des

espèces d’arbres (Pendje 1992).

7 Selon le décret no 95/466/PM du 20 juillet 1995 fixant les modalités d’application du régime de la faune

au Cameroun on y définit le droit d’usage comme l'exploitation par les riverains des produits forestiers,

fauniques ou halieutiques, en vue d'une utilisation personnelle. Toutefois, à l'exception des réserves de

faune, des sanctuaires et des zones tampons où ils peuvent être autorisés, les droits d'usage ne s'appliquent

ni aux réserves écologiques intégrales, ni aux parcs nationaux, ni aux jardins zoologiques ou aux game-

ranches. La chasse traditionnelle est autorisée sur tout le territoire sauf sur les territoires d’exception et elle

permet la chasse des rongeurs, des petits reptiles, des oiseaux et des autres animaux de la classe C dont la

liste et le quota sont déterminés par arrêtés par le ministre de la Faune. De plus, les produits issus de cette

chasse sont interdits à la commercialisation, donc exclusivement destinés à la consommation personnelle.

(MINFOF, 1995)

Page 44: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

38

Écotourisme

Malheureusement, il a été impossible de discuter directement avec l’administratrice de ce

groupe d’acteurs malgré les nombreux essais pour la rencontrer. De plus, il a été très

difficile de cibler les membres de ce groupe qui est encore au stade embryonnaire.

Cependant, nous avons été en mesure d’observer et d’expérimenter le potentiel

écotouristique de la région. En effet, il y a des efforts qui sont déployés dans ce domaine

puisqu’une volontaire VSO est chargée de mettre sur pied des projets de circuits

écotouristiques spécifiquement dans la FOMOD. Pour le moment, comme le tourisme est

quasi inexistant dans la zone, on ne peut pas mesurer les impacts qu’il a sur la

déforestation et la dégradation de la ressource. Il faut toutefois noter que le groupe des

chasseurs reconvertis désire fortement orienter ses activités dans cette sphère d’activité

afin de diminuer la pression de ses membres sur la ressource faunique. Ces acteurs

considèrent que le tourisme est une bonne alternative pour eux étant donné leur très

bonne connaissance du milieu forestier, ce qui leur permettrait d’être employés à titre de

guide. Cependant, nous avons observé de nombreuses lacunes quant aux infrastructures

d’accueil des touristes dans la zone. Le potentiel écotouristique de cette zone est très

important étant donné la présence d’une flore et d’une faune des plus riches, mais aussi

en raison de présence de la Réserve de biosphère du Dja est une structure idéale pour

accueillir ce genre d’initiative (MINFOF 2004).

Page 45: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

39

Tableau 2. Synthèse des résultats des enquêtes avec les groupes d'acteurs et les groupes d'intervenants de la FOMOD

Acteurs Type de tenure Dégradation Déforestation Mesures pour contrer les

impacts négatifs

Artisan FC Oui Non Non

Baka FC, Fcom, RBD, UFA, PM Non Non Oui

Chasseurs reconvertis RBD, FC, Fcom, PM, UFA Oui Non Oui

Chefferie traditionnelle NA NA NA NA

Commune de Lomié Territoire de la commune - - -

Écotourisme RBD, FC, Fcom, UFA, PM - - -

Femmes rurales agricultrices Indéterminé Non Oui Non

Forêt communale Fcom - - -

Forêts communautaires FC Oui Non Relatif à chaque FC

Industrie forestière (Pallisco) UFA Oui Non Oui

Industrie minière (Geovic) PM Oui Oui Oui

MINFOF RBD, FC, Fcom, PM, UFA Oui - -

ONG locale (CEF-Dja) FC, Fcom - - Oui

RBD RBD Non Non Oui

ROLD NA NA NA NA

Secrétariat exécutif NA NA NA -

Légende

FC: Forêt communautaire NA : Non applicable

Fcom: Forêt communale PM : Zone de permis minier

RBD: Réserve de biosphère du Dja UFA: Unité forestière d'aménagement

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Discussion

La mise en œuvre d’un projet REDD/REDD+ vise à réduire les émissions liées à la déforestation

et à la dégradation des forêts dans les pays en voie de développement et à prendre en

considération le rôle de la conservation, de la gestion durable de la forêt et du renforcement des

stocks de carbone forestier. Le cas de la Forêt Modèle de Dja et Mpomo montre que la principale

cause de perturbation de l’intégrité des forêts est la dégradation et non le déboisement.

Malheureusement, au cours de la période de stage, il a été impossible d’obtenir le chiffre exact

des pertes de superficies forestières en raison du manque d’outils de mesure, du peu de données

cartographiques et de l’absence de bases de données forestières. Cependant, en sondant la

majorité des acteurs qui interagissent directement avec l’écosystème forestier et en observant

leurs interventions sur le terrain, on constate qu’il y a peu de changement définitif d’affectation

des terres forestières.

Certes, il y a une superficie qui est atteinte par la déforestation puisque dans leurs pratiques les

femmes rurales agricultrices sont amenées à convertir les forêts primaires dont les sols fertiles

sont propices en plantations de bananiers. On doit souligner la participation financière de la

FOMOD dans cette activité pour un budget total de 7 000 000 FCFA. En soi, l’aide donnée visant

l’amélioration de leurs pratiques est louable et très pertinente pour augmenter l’efficacité de la

production agricole. Aussi, le souci de favoriser la condition économique des femmes qui reste

encore très précaire dans la FOMOD est tout aussi louable (Tiani et coll. 2011). Toutefois, cet

investissement de la part d’une FM, avantageant la déforestation, va à l’encontre des objectifs de

base du concept FM qui vise la gestion durable des ressources naturelles. On propose donc de

continuer à appuyer les femmes rurales agricultrices dans leurs activités, mais en misant sur

l’utilisation des jachères déjà existantes plutôt que sur le développement de nouvelles jachères en

forêt primaire. Le nouveau slogan devrait être « Produire plus avec moins » plutôt que « Produire

plus avec plus ».

En ce qui a trait à la dégradation des forêts, on note que la majorité des acteurs en sont la cause.

Certains d’entre eux ont adopté des mesures pour les contrer, mais pour le moment encore très

peu d’informations sont disponibles pour prouver l’aide réelle que ces mesures apportent. On doit

aussi diviser les acteurs entre ceux qui ont les moyens de diminuer leurs impacts et ceux qui n’en

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ont pas. Par exemple, la compagnie forestière Pallisco a des infrastructures pour reboiser les

peuplements dégradés et elle dispose d’équipements et de moyens financiers afin d’améliorer

l’aménagement forestier dans une perspective de développement durable, ce dont les artisans, les

chasseurs ou les forêts communautaires ne possèdent généralement pas. Il faut donc utiliser la

plate-forme que met à disposition la FOMOD pour créer des partenariats entre les acteurs

importants dans le milieu forestier. De plus, Pallisco a démontré son intérêt, en raison des normes

de certification auxquelles l’entreprise doit répondre, pour aider ces groupes à développer des

techniques qui favorisent une exploitation légale des bois dans le secteur d’intérêt.

Les objectifs REDD/REDD+ visent à sécuriser la ressource forestière dans les pays en voie de

développement. Il serait très facile de mettre les zones ciblées sous protection intégrale en

échange d’une somme d’argent aux communautés locales. Toutefois, cette technique va

complètement à l’encontre des objectifs de la REDD+, de la FM et du développement des

populations locales. Certes, les aires protégées permettent d’atteindre les objectifs de

développement durable puisqu’on répond aux besoins environnementaux. Néanmoins, pour être

vraiment durable, une aire protégée ou une zone de protection dans les pays où la population

dépend grandement des ressources de la forêt doit aussi considérer les populations locales qui y

habitent. Il est inconcevable de mettre sous une cloche de verre une zone en refusant l’accès aux

communautés riveraines. C’est donc dans cette optique que le groupe des chasseurs pourrait

utiliser leurs connaissances de la faune et de la forêt pour développer une économie non

destructive telle que le récréotourisme où environnement, développement économique et intérêts

sociaux pourraient être compatibles.

Plusieurs démarches sont proposées afin de répondre à la REDD/REDD+ (Corbera et coll. 2010,

Streck 2010, Murdiyarso et coll. 2008). La démarche proposée pour avoir une bonne valeur

scientifique et mettre en œuvre un plan national devrait intégrer la sélection d’une approche qui

répond aux circonstances locales et qui soit en mesure de définir, avec la meilleure précision

possible, l’évolution de la dégradation et du déboisement des forêts (GOFC-GOLD 2009). Pour

ce faire, on doit mettre à la disposition des organisations des outils de télédétection adéquats ou

des données d’inventaires systématiques ayant une définition suffisamment performante pour

observer les changements associés aux différents types forestiers (Murdiyarso et coll. 2008) ou

bien l’accès à des données valables sur la situation des forêts.

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Dans le but de mettre en œuvre la démarche REDD/REDD+ dans la zone de la FOMOD, les

éléments suivants doivent être pris en considération par la FOMOD et le RAFM :

- La mise en place d’un système d’information à référence spatiale pour géo référencer

l’ensemble du territoire de la FOMOD est essentiel. Cette technologie permettra de

connaître les ressources sur le territoire ainsi que leur évolution dans le temps.

- La création d’une association avec les grands acteurs de la zone. De cette manière, ils

pourront partager leur expertise et leurs idées pour consolider le projet sur le terrain.

- Puisque l’accompagnement des communautés locales dans leur démarche d’acquisition de

forêts communautaires n’est pas fait par le MINFOF tel que mentionné dans la loi, il faut

que la FOMOD et le SRAFM puissent remplir cette tâche. En créant un partenariat avec

Pallisco, la FOMOD pourra développer une expertise dans le reboisement. Il sera donc

possible d’entreprendre les efforts de reboisement dans les forêts communautaires pour

contrer les effets de la dégradation.

- Le secrétariat doit être structuré pour permettre à l’ensemble des acteurs de bénéficier des

informations qu’ils nécessitent dans la pratique de leurs activités. Ainsi, les points focaux,

le secrétaire, les partenaires, les membres de la FOMOD et les stagiaires œuvrant dans la

FOMOD doivent collaborer pour mettre en commun leurs connaissances, leurs résultats

de recherches et toutes formes d’information pour créer une base de données forestière et

agricole dans la zone.

- Il faut conscientiser les femmes rurales agricultrices sur les effets du déboisement tout en

leur démontrant l’avantage de « produire plus avec moins ».

- Il faut développer un partenariat étroit avec les instances gouvernementales impliquées

dans la gestion des ressources naturelles pour qu’elles s’associent à la création de cette

base de données forestières.

- La FOMOD doit faire appel à un spécialiste du milieu forestier pour faire une évaluation

plus précise des causes de la dégradation des forêts. Il y a actuellement des professionnels

dans le domaine à Lomié, mais il faut que ces personnes indiquent précisément où les

améliorations doivent être faites. Il faut à tout prix que les connaissances sur la

régénération des essences exploitées soient développées pour qu’ultimement la

dégradation des forêts dans la zone soit diminuée.

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- Il faut s’associer avec à la Réserve de Biosphère du Dja puisque ce territoire pourra être

utilisé à titre de témoin lors de la mise en place d’un projet REDD. En comparant les

secteurs exploités aux secteurs vierges de la Réserve, il sera possible de mesurer la

variation des stocks de carbone dans la région.

- Il faut que les acteurs et les communautés locales soient sensibilisés par rapport à leur rôle

avec le déboisement et la dégradation des forêts. De ce fait, il faut que le concept de Forêt

Modèle soit compris et connu de la majorité des gens dans la zone. On doit donc

développer des outils de vulgarisation pour étendre le concept partout dans la FOMOD.

Suite aux visites des villages riverains, on a pu constater l’incompréhension de cette

notion par la majorité des citoyens rencontrés qui étrangement se veut un concept social et

des communautés.

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Conclusion

Démarrer un projet REDD n’est pas chose simple. Cependant, les Forêts Modèles du Cameroun

représentent un environnement idéal pour le faire. En effet, la plate-forme de concertation,

associant l’ensemble des acteurs qui interviennent sur un territoire pour travailler à l’atteinte d’un

but commun, dans ce cas-ci l’aménagement et la gestion durable des ressources naturelles, est la

meilleure structure pour mettre sur pied des projets sociaux d’envergure. En plus des bénéfices

économiques que les communautés pourraient tirer sur le marché du carbone, il serait possible de

consolider la forêt modèle pour donner un objectif commun à tous les acteurs de la FOMOD et

ce, peu importe l’ampleur de leurs activités dans la zone. Un projet commun favoriserait les

échanges, l’entraide et la coopération afin de faire de la Forêt Modèle de Dja et Mpomo un site

d’exception avant-gardiste où l’amélioration continue est une priorité. Entreprendre une telle

démarche demande néanmoins une préparation. Ainsi, il faut que la FOMOD se munisse d’outils

pour suivre les ressources présentes dans son périmètre (territoires forestiers, agricoles, forêt

communautaire, etc.) afin d’évaluer l’évolution du déboisement et de la dégradation des forêts. Il

faut aussi que le secrétariat de la FOMOD développe une base de données où l’ensemble des

informations relatives à la forêt s’y retrouverait. La sensibilisation des communautés locales de

leur impact sur la dégradation et le déboisement est aussi importante, tout comme on doit leur

proposer des alternatives qui allient développement et respect de l’environnement. Le futur projet

REDD mis en place dans la FOMOD ne devra être développé qu’en respectant les initiatives

actuelles en cours. Il est facile de complexifier la démarche REDD étant donné que le potentiel

économique et l’importance des budgets disponibles sont alléchants pour de nombreux

organismes. Cependant, il faut retourner à la base : le désire de réduire les émissions dues au

déboisement et à la dégradation des forêts. Certes, l’enjeu économique est un objectif important,

mais il ne faut pas oublier l’objectif premier qui est de sécuriser la ressource forestière dans les

forêts des pays en voie de développement. Ainsi, on juge que les Forêts Modèles du Cameroun

peuvent débuter à s’investir dans cette démarche même si le gouvernement n’est pas encore prêt à

le faire. Le changement dans les pays en voie de développement est possible grâce aux efforts des

organismes qui se démarquent par leur leadership.

Page 51: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

45

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Page 54: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

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Annexe A : Questionnaire de l’enquête terrain avec les groupes d’acteurs

sélectionnés dans la FOMOD

A) Groupe d’acteurs : Bakas, Chasseurs, Comité paysan forêt, Artisan, Chefferies traditionnelles

Questions générales (ces questions ont été administrées à tous les groupes d’acteurs)

1. Quels usages faites-vous du milieu forestier ? (chasse, pêche, récolte bois de chauffe, lieu de

spiritualité, rites et culture traditionnelle, etc.)

2. Dans le cadre de vos activités, avez-vous des essences que vous utilisez particulièrement ? Si oui,

lesquelles et quel type d’utilisation faites-vous et comment ?

3. Considérez-vous que l’utilisation que vous faites de la ressource forestière soit durable ? Pourquoi ?

4. Pensez-vous que votre présence en forêt a un impact sur la qualité du milieu ?

5. Comment évaluez-vous l’impact de vos activités sur le milieu (positif, neutre, négatif) ? Pourquoi ?

6. Connaissez-vous le concept de forêt modèle ?

7. Est-ce qu’il y a un impact direct de l’application de ce concept sur vos activités dans le milieu

forestier ? Si oui, quels sont-ils ?

8. Êtes-vous en contact avec la FOMOD ? Si oui, comment et dans quel cadre devez-vous interagir avec

cet organisme ?

9. Pour vous, que signifie le terme aménagement durable de la ressource ?

10. Avez-vous des idées ou des recommandations pour que la ressource forestière soit gérée de façon

durable pour le bénéfice des générations futures ?

Questions spécifiques

1. Dans la zone où vous vous situez, y a-t-il de l’exploitation forestière ?

2. Observez-vous des problèmes en ce qui concerne l’exploitation de la ressource forestière ?

3. Devez-vous parcourir de plus grandes distances pour trouver certaines essences forestières ?

4. Observez-vous une différence en ce qui concerne la quantité, la qualité et la régénération de certaines

espèces ?

5. Est-ce que vous avez déjà formulé des revendications concernant l’exploitation de la ressource dans

la zone où vous vous situez ? Si oui, est-ce que vous avez reçu des réponses de la part des acteurs qui

exploitent la ressource ?

6. Est-ce que vous pouvez qualifier la dégradation de la ressource ? Si oui, pouvez-vous dire qu’elle est

majeure, mineure ou inexistante ?

7. Est-ce que vous avez observé des variations portant sur la quantité et la fréquence de la pluie, sur

l’augmentation de la chaleur, des périodes de sècheresse qui seraient dues aux changements

climatiques ? (variations pluviométriques, augmentation des saisons sèches, etc.)

8. Devez-vous avoir un permis de chasse pour faire le prélèvement de la faune ?

9. Y a-t-il des quotas de prélèvement pour les animaux que vous chassez ?

10. Êtes-vous conscients que les animaux jouent un rôle important quant à la régénération des espèces

forestières ?

11. Pratiquez-vous l’agriculture en forêt ? Si oui, quelles sont les superficies utilisées et comment

pratiquez-vous cette activité (un seul champ, plusieurs champs, rotation, jachère)?

12. Comment faites-vous les rotations de cultures ? En agrandissant les champs ou bien en ayant un plan

de production (on fait une rotation chaque année et aux 4 ans, on revient au site de départ) ?

B) Groupe d’acteurs : Industrie forestière (Pallisco)

Page 55: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

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1. Comment intégrez-vous le concept de biodiversité et de changements climatiques dans votre plan

d’aménagement ?

2. Sur une échelle de 1 à 10 (1 étant faible et 10 étant fort), à quel niveau situez-vous l’importance

accordée à la régénération des espèces récoltées par votre entreprise ?

3. Comment planifiez-vous vos travaux forestiers ? Comment établissez-vous vos objectifs de

production ? En fonction du volume à produire, des essences cibles, d’aménagement forestier

particulier, d’un zonage particulier ?

4. Avez-vous accès à un historique d’inventaires dans votre UAF ? Si oui, pouvez-vous observer une

évolution (dégradation ou amélioration) de la qualité de la ressource ?

5. De quelle manière élaborez-vous le plan d’aménagement ? Faites-vous une gestion participative ?

Est-ce que vous vous assurez que les différents groupes d’acteurs présents sur votre UAF soient

entendus pour vous aider à avoir un plan d’aménagement plus global qui intègre les préoccupations

des autres intervenants ?

6. Comment interagissez-vous avec les différents groupes d’acteurs présents dans votre UAF ?

(formation, participation active dans la communauté, investissement dans les villages, emplois créés

dans les communautés, subventions, etc.)

7. Avez-vous des initiatives REDD ? Si oui, quelles sont-elles ?

8. Dans votre planification, avez-vous déterminé des objectifs de protection de l’environnement ou de

restauration du milieu forestier ? Si oui, quels sont-ils ?

9. Connaissez-vous le concept d’aménagement écosystémique ? Pensez-vous que ce concept soit

réaliste dans votre UAF ?

10. Avez-vous des considérations particulières en ce qui concerne la conservation de la faune dans votre

UAF ?

11. Est-ce que vous posez des gestes concrets pour contrer les changements climatiques ?

C) Groupe d’acteurs : Forêt communautaire (District de Mindourou et Arrondissement de Lomié)

1. Concrètement, qu’est-ce qu’une forêt communautaire ?

2. Quel est votre rôle en ce qui concerne la gestion de la ressource forestière ?

3. Utilisez-vous un plan d’aménagement ? Pourquoi ?

4. Comment déterminez-vous vos objectifs de production annuelle ?

5. Portez-vous un intérêt à la régénération de la ressource ?

6. Dans votre structure, avez-vous des objectifs de protection de l’environnement ou de restauration du

milieu ? Si oui, quels sont-ils ?

7. Pensez-vous que vos pratiques puissent aider à diminuer la dégradation de la ressource ? Pourquoi ?

8. Est-ce qu’il y a beaucoup de cultures itinérantes qui sont pratiquées sur le territoire de la FC ?

9. Cette activité couvre environ quel pourcentage du territoire de la FC ?

10. Comment pensez-vous limiter l’expansion de l’agriculture (diminuer la déforestation) ?

D) Groupe d’acteurs : ONG locales œuvrant dans le domaine forestier

1. Principalement, dans quel domaine œuvre votre ONG ?

2. Quel est le rôle de votre organisme dans la gestion de la ressource forestière à long terme ? À court

terme ?

3. Quels sont les moyens d’action dont vous disposez ?

4. Observez-vous des problèmes en ce qui concerne l’exploitation de la ressource forestière dans la zone

où vous vous situez ? Si oui, quels sont-ils et pourquoi jugez-vous qu’il s’agit d’une problématique?

5. Comment votre présence sur le terrain peut-elle aider à maintenir la qualité de l’écosystème

forestier ?

Page 56: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

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6. Connaissez-vous le REDD ? Si oui, pensez-vous que ce puisse être un moyen de diminuer la pression

sur le milieu ? Pourquoi ?

E) Groupe d’acteurs : Réserve de biosphère du Dja (ECOFAC)

1. Comment assurez-vous l’intégrité de la réserve de biosphère du Dja ?

2. Y a-t-il des initiatives d’enseignement et de recherche dans la réserve de biosphère du Dja ? Si oui,

quelles sont-elles ?

3. Quels sont les objectifs à long terme de la réserve de biosphère du Dja ?

4. Pensez-vous que les objectifs fixés dans le plan d’aménagement ont été atteints ? Pourquoi ?

5. Quels sont les principaux enjeux auxquels vous faites face ? Organisationnel, Environnementaux,

Suivi, Économique, etc. ?

6. Avez-vous commencé à élaborer le prochain plan d’aménagement ?

7. Concrètement, comment conciliez-vous la conservation de la biodiversité et l’aménagement durable

dans la réserve de biosphère ?

8. Quels sont, selon vous, les projets REDD/REDD+ potentiels qui pourraient être développés dans la

réserve ? Autour de la réserve ?

9. Êtes-vous en mesure d’accompagner le développement de ce genre de projet ? Si oui, quels sont les

moyens dont vous disposez ?

F) Compagnie minière (GEOVIC)

1. Hormis l’exploitation minière, faites-vous un autre usage du milieu forestier ?

2. Approximativement, combien d’hectares seront utilisés pour faire les activités ?

3. Considérez-vous que votre utilisation de la ressource soit durable ?

4. Connaissez-vous la FM ?

5. Est-ce qu’il y a un impact direct de l’application de ce concept sur vos activités ? Si oui, quel est-il ?

6. Êtes-vous en contact avec la FOMOD ? Quelle est la nature de ce contact ?

7. Que pensez-vous que votre organisation apportera à la FOMOD et que pensez-vous recevoir quelque

chose en retour. Si oui, quel serait ce retour ?

8. Comment évaluez-vous l’impact de vos activités sur le milieu ?

9. Que signifie aménagement durable de la ressource pour vous ?

10. Avez-vous un plan stratégique pour planifier vos activités ? Est-ce obligatoire ?

11. Avez-vous inclus la biodiversité et la faune dans vos considérations stratégiques ?

12. Avant de mettre en place la mine, y a-t-il eu une étude d’impact ?

13. Quelle est la réglementation pour mettre en place une mine ? (Grandes lignes)

14. Avez-vous une politique dans l’entreprise pour remettre en production le site après vos activités ?

15. Quelles seront les mesures à prendre pour remettre le site en production ?

16. Avez-vous un plan de restauration lorsque vous quittez le site ?

17. Comment ferez-vous la gestion des déchets miniers ? Y a-t-il une réglementation environnementale

particulière ?

18. Y aura-t-il des suivis pour vérifier que la remise en production du site est faite ?

19. Y a-t-il eu une préoccupation environnementale quant à l’élaboration du village (bois illégaux,

emplois locaux, etc.)

20. Comme il y aura beaucoup de travailleurs qui viendront dans la région, avez-vous une stratégie pour

ne pas qu’ils fassent pression sur les ressources dans le milieu (bois, viande de brousse, etc.) ?

21. Avez-vous une manière d’interagir avec les communautés locales ? (Politiques d’embauche, Retour

aux communautés, etc.)

22. Avez-vous des considérations pour contrer la déforestation et la dégradation de la ressource ?

23. Connaissez-vous le REDD ? Si oui, avez-vous entrepris des initiatives dans ce domaine ?

Page 57: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

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G) MINFOF

1. Quelles sont les mesures prises par le MINFOF pour contrer la coupe illégale de bois dans les forêts

de l’état (principalement les FC) ?

2. Comment le MINFOF fait-il le suivi sur le terrain des activités de coupe, d’inventaire, de protection

de la biodiversité (végétale et animale) ?

3. Pensez-vous que les actions qui sont prises par votre ministère sont suffisantes pour faire un suivi

adéquat ?

4. Quelles sont les sanctions lorsque des chargements de bois illégaux sont interceptés ? Des animaux

protégés sont chassés?

5. Quels sont les principaux problèmes auxquels vous faites face en forêt (la déforestation, la coupe

illégale, le trafique, etc.) ?

6. Les fonctionnaires du MINFOF sont-ils formés par rapport à la REDD/REDD+ ?

7. Est-ce que le MINFOF pense commencer à développer des projets REDD/REDD+ ? Si oui, quels

sont-ils et quels sont les plans de mise en œuvre élaborés?

8. Avez-vous une base de données qui permet de suivre l’état des forêts au Cameroun ?

9. Y a-t-il des mesures qui sont prises par votre ministère pour limiter la conversion des terres

forestières en terres agricoles par les communautés ?

H) Secrétaire exécutif de la FOMOD

1. Comment définissez-vous votre poste et votre rôle ?

2. Connaissez-vous la REDD ? Si oui, comment la définissez-vous ?

3. Si des projets REDD venaient à naître sur le territoire de la FOMOD, quel serait le rôle de la

FOMOD ? Où la FOMOD se situerait-elle dans le financement de tels projets ?

4. Quels sont les projets qui seraient les plus durables pour le développement des communautés dans la

FOMOD ?

5. Y a-t-il des actions concrètes que la FOMOD pense prendre pour contrer la coupe illégale de bois, la

déforestation, la conversion des forêts en terres agricoles ?

6. Comment les groupes d’acteurs peuvent-ils intégrer la FOMOD ? Y a-t-il un processus officiel qui

sera mis en œuvre ?

7. Avant de financer un projet, comment la FOMOD détermine-t-elle où ira le financement ? (Comité

spécial, CA, etc.)

8. Y a-t-il un effort pour informer les populations de l’existence de la FOMOD ? Si oui, quels sont-ils ?

9. Quelles mesures de communication sont prises pour informer les communautés qui font partie de la

FOMOD des activités passées et à venir ?

I) Représentant de Lomié

1. Quelle est la tâche du PCA ?

2. Outre votre rôle de PCA sur le conseil d’administration de la FOMOD, quel est votre rôle concret sur

le terrain ?

Page 58: IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS TYPES D’USAGES

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J) Représentant des femmes rurales agricultrices

1. Pour faire vos activités, devez-vous couper la forêt ou est-il possible d’utiliser les jachères déjà

existantes ?

2. Pensez-vous que l’agriculture et la foresterie peuvent cohabiter ?

K) Représentant de l’écotourisme (Brigitte et Hélène)

1. Pensez-vous que le développement de l’écotourisme dans la zone soit bénéfique ? Si oui, pourquoi ?

2. Comment pensez-vous mettre sur pied un réseau d’écotourisme dans la région ?

3. Quels sont les principaux enjeux auxquels vous faites face pour la mise en œuvre d’un réseau

touristique dans la région ?

4. Une fois instauré, pensez-vous que le réseau pourra être économiquement indépendant ?

5. Y a-t-il un plan d’action pour la mise en œuvre du réseau récréotouristique dans la région ?

L) ROLD (Réseau des organisations locales du Dja)

1. Quel est concrètement le rôle du ROLD dans la forêt modèle ?

2. Comment les organismes locaux du Dja interviennent-ils dans le milieu forestier ?

3. Observez-vous une dégradation de la ressource sur le territoire de la FOMOD ? Si oui, comment se

concrétise-t-il ?

4. Selon vous, quelles actions devraient être prises pour contrer les effets négatifs de la foresterie ?

5. Y a-t-il suffisamment de suivis dans le milieu pour s’assurer que la ressource est bien gérée ?

6. De manière générale, quels sont les enjeux majeurs auxquels on fait face dans la région de l’est du

Cameroun ?

7. Plus précisément en foresterie, quels sont les enjeux majeurs auxquels on fait face dans la région de

l’est du Cameroun ?

8. Comment les ONG locales du Dja peuvent-elles intervenir pour contrer la déforestation, la

dégradation, le mauvais usage de la faune ?