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IL EST DÉJÀ TRÈS TARD.

il est déjà très tard

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Petite traité de vie

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IL EST DÉJÀ TRÈS TARD.

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Il est déjà trop tard.La porte vient de se fermer derrière toi et tu sens encore la poignée dans le creux de ta main.Le geste n’est pas évident mais tu parviens tout de même à la lâcher. Il ne te reste plus qu’à laisser ton pied partir vers l’avant et le pas sera fait. Mais tu reste adossé contre cette porte qui t’as donné accès à un univers juste un peu plus grand. Plus grand mais plus sombre, il t’est presque inconnu, tu l’as déjà vu mais pas comme ce soir et c’est cela qui t'effraie. Les silhouettes commencent à se dessiner dans la lueur de la lune et tes yeux s'habituent au changement brutal que tu viens de subir. Il est temps pour toi de te laisser aller et de faiblir dans un deuxième état. Tu n’as que quelques pas à faire, deux, voir trois. Mais ce n’est pas le plus difficile. La difficulté à cet instant, c’est de savoir où tu veux aller. Les chemins sont nombreux, et beaucoup d’indications te sont données mais tu n’as personne qui peut te dire si la direction que tu prendras sera la bonne.

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Alors tu es là, las, adossé à cette porte, mais avec l’intention ferme de ne pas faire demi-tour.

Il t’aurait fallu plus d’un instant pour te lancer, mais ce saut insignifiant n’engagera à rien. Bien heureusement d’ailleurs. Qui sait combien de temps tu aurais pu rester contre cette porte.

Tu as avancé à présent.Tu n’es plus dans le dedans comme dans le passé, et tu viens a peine de sortir d’une zone intermédiaire.La plus dangereuse.Tu es prêt.

C’est à ce moment précis ou tu retrouves l’innocence de ton enfance.Tu es sur ta bicyclette, un pied à terre et l’autre sur la pédale.Tes genoux et tes mains sont déjà écorchés, parce que tu as déjà essayé de te lancer.Mais rien ne t'arrêtera parce que tu veux aller plus loin.Et tout le monde autour de toi, ceux qui ont encore de l’espoir, te soufflent que tout ira bien.Qu’une fois que tu seras lancé, tout ira tout seul.

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Alors tu te lances.

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Et tu avances.

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Mais c’est encore trop dur pour toi.

Tu vas alors faiblir, encore une fois. Et t’assoir. C’est près du sol que tu te sens le mieux à cet instant. Tu laisses tombé tes biens, ceux avec lesquels tu te bats depuis le début. Ta main viens toucher cette herbe que tu peux a peine voir. La fraicheur et la douceur de cette nouvelle texture fait remonter en toi des souvenirs enfouis, que tu ne peux pas faire ressurgir quand l’envie t’en vient. Mais tu la caresse, comme si elle ressentait ce que tu lui offrais. Une douceur comme un retour de celle quelle t’apporte, un réconfort infime mais qui est là.

Et tu ressasses.

Tu ramasses alors la bouteille que tu avais fait tomber, et tu te sers un verre, un autre.Est-ce pour savourer le goût qu’il posera sur tes lèvres ou juste pour oublier celui qui n’est plus.De toute façon, cela n’a plus d’importance maintenant.

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La tête entre les jambes.Tu ne vomi pas ce que tu as mais ce que tu es.Et tu te demandes vraiment lequel fait le plus de mal au ventre.La situation est perturbante.Tu cherches des réponses aux questions que tu n’as pas.Tu es seul dans le noir et tu penses que c’est là ta place, mais dès que tu fais un mouvement, la lumière s’allume.

Alors tu te sens soulagé et tu crois avoir trouvé ce qui te sauvera ce soir mais peu de temps après, c’est l’obscurité qui reprend son droit.Les aléas comme on dit.

Est-elle là pour te réconforter ?En tout cas, elle est là et tu es bien content de ne pas être seul se soir.Tu ne savais pas à quel point elle te manquerait.

Les retrouvailles sont dures mais après quelques brefs contacts, tu sais au fond de toi que si elle n’avait pas été là, tu ne serais pas dans cet état d'euphorie.

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Comme quoi on ne peux vivre sans.

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Il est déjà trop tard.

Toutes les épreuves que tu viens d’endurer ne sont que futiles et quand le jour se lèvera, tu auras oublié.Ce sera les restes du champ de bataille de ton esprit. Le combat de tes souvenirs, qui ont laissés des marques et de tes espoirs qui n’en laisseront probablement jamais.

Tout ce raffut que tu subis seul dans le noir laissera comme seule trace, un débris de poussière que tu auras à nettoyer plus tard d’un simple coup de vent.Tes envies changent, trop souvent, parce que tu ne sais pas ce que tu veux.

Et tu ne sais pas ce que tu veux parce que tu ne veux pas te persuader à quoi t’attendre.Tu pourrais te bouger un peu et voir de nouveaux horizons mais tu étais bien là ou tu étais et tu ne sais pas ce qui t’attend là-bas.

De toute façon, cela ne peux pas être pire que ce que tu as.

Même si cela te convient un peu.

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Et tu refais sans arrêt cet exercice avec ton esprit endoloris, qui te pousse à chercher trop loin ce que tu as tout près.Mais tu es à présent prêt.

Toute cette agitation t’a redonné un coup de fouet.Tu repars du bon pied, le même que celui qui t’as poussé à t’assoir ici.

On ne sait alors jamais quand on est arrivé ?Faut-il alors s'arrêter ?Tu ne t’arrêteras pas là ce soir et tu le sais, parce que tu as d’autres ambitions.

Tu es partit, ça y est, tu files dans la pénombre à la recherche d’un nouveau lieu de tranquillité d’esprit.Celui que tu viens de quitter est sali par ta réflexion trop abondante.

La route devant toi est longue, tu la connais mais tu ne sais pas où tu vas t'arrêter. Alors tu marches, parce que tu ne ressens pas le besoin d’avoir un but pour partir.

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C’est une bonne chose qui t’a poussé à te lever et prendre en cap un nouvel horizon et tu as tout fait pour t’en donner les moyens.Mais une fois sur le chemin, celui que tu as choisi sans connaissance de cause, tu te sens perdu et tu as peur de ne plus pouvoir revenir en arrière.

C’est cela en fait ton plus gros problème. Tu n’as pas peur de partir, tu à juste peur de laisser derrière toi ce que tu as déjà.

C’est légitime je pense.Le passé est ce qu’il reste, qu’il soit bon ou mauvais, quand on a plus rien. C’est lui qui nous a permis de devenir celui que l’on est, les bons comme les mauvais cotés. Il ne faut pas avoir peur de laisser son passé de coté, puisque tu ne peux pas le perdre, il fait partit de toi. Sers toi en juste pour construire un nouveau présent.

Marche et vois où cela te mène, tu ne risque rien tant que tu sais qui tu veux être. Tu n’as besoin de rien d’autre.

Mais ce soir malheureusement tu ne sais pas qui tu veux être.

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Tu fais donc demi-tour, déjà en manque de ce qui tu as laissé derrière, où tu te sentait bien en fait.

Mais ne sois pas dupe.Tu pensais retrouver ce que tu avais laissé en partant.Ta place n’est plus chaude comme tu l’avais laissé, la lumière a changé et la cigarette qui est restée là sur le bord du cendrier, s’est consumée.

Ne reviens pas sur ce que tu as a fait.Pense plutôt à se qui te reste à faire, car là tu a encore le pouvoir de décider. Rallume toi une cigarette, et pose toi à nouveaux pour avoir les fesses au chaud. La lumière elle reviendra toute seule.

Le jour commence à se lever et ça fait un moment que tu es là, plongé dans le silence. Tu ne trouves pas que ça fait du bien ? Ne plus entendre ces phrases qui se battent dans ta tête.

Tu es serein à présent, tu peux partir enfin, retrouver une liberté qui elle ne se contrôle pas. Tu n’as plus de soucis à te faire.

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Et bordel que c’est bon de n’avoir à ce soucier de rien.

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‘Moi quand ça ne va pas, j’ai le stylo qui est ivre’