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TEXTE ET PHOTOS DE JESSICA GUAY-JOLICŒUR, AGRONOME IL EST PEUT-ÊTRE DIFFICILE DE COMPARER NOS MODES ET NOS COÛTS DE PRODUCTION À CEUX DES ÉTATS-UNIS, MAIS CE N’EST PAS UNE RAISON POUR NE PAS S’INSPIRER DE LEURS MÉTHODES. DU 2 AU 8 MARS DERNIER, J’AI EU LA CHANCE DE PARTICIPER À UN VOYAGE ÉDUCATIF DANS L’ÉTAT DU TEXAS ORGANISÉ PAR MERCK SANTÉ ANIMALE. Ce voyage s’adressait aux producteurs de bœufs du Québec ainsi qu’aux intervenants du milieu. Il nous a permis de découvrir l’agriculture d’une région bien précise du Texas : le Panhandle. POURQUOI LE PANHANDLE ? Cette région inclut les 26 comtés les plus septentrionaux et représente environ 10 % de la superficie de l’État. Le Texas est connu pour être un État agricole, mais en réalité, l’agriculture est très concentrée dans cette région. En effet, 90 % de la production de bouvillons d’abattage, 94 % de la production porcine et 52 % de la production laitière de l’État se concentre dans le Panhandle. Cette région a une capacité de 2,2 millions de bouvillons en stock, pour une production annuelle de 5 millions de têtes. La production laitière, quant à elle, est en plein essor. Dans les 20 dernières années, on a dénombré 250 000 vaches de plus dans la région. Maintenant, vous comprenez mieux pourquoi nous avons concentré nos visites dans cette partie du Texas ! Lors de notre séjour, il a été possible de visiter le centre de recherche en agriculture de l’Université West Texas, des parcs d’engraissement ayant des capacités de 25 000 à 50 000 têtes en stock, et une ferme laitière. Je me suis concentrée sur deux entreprises, pour vous les présenter davantage. KIRKLAND FEEDYARD Située dans la ville de Vega, dans le comté d’Oldham, Kirkland Feedyard est l’une des rares entreprises fami- liales de bouvillons d’abattage (au Texas, la majorité des parcs d’engraissement sont intégrés par un abattoir). 17 COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2020 VOS AFFAIRES PHOTO : GRACIEUSETÉ DE KIRKLAND FEEDYARD Les trois générations de la famille Kirkland.

IL EST PEUT-ÊTRE DIFFICILE DE COMPARER NOS MODES ET NOS ...boeufquebecspeq.com/speq/wp-content/uploads/2020/... · les décideurs, les parents de Robby (Perry et Melanie Kirkland)

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TEXTE ET PHOTOS DE JESSICA GUAY-JOLICŒUR, AGRONOME

IL EST PEUT-ÊTRE DIFFICILE DE COMPARER NOS MODES ET NOS COÛTS DE PRODUCTION À CEUX DES ÉTATS-UNIS, MAIS CE N’EST PAS UNE RAISON POUR NE PAS S’INSPIRER DE LEURS MÉTHODES. DU 2 AU 8 MARS DERNIER, J’AI EU LA CHANCE DE PARTICIPER À UN VOYAGE ÉDUCATIF DANS L’ÉTAT DU TEXAS ORGANISÉ PAR MERCK SANTÉ ANIMALE.

Ce voyage s’adressait aux producteurs de bœufs

du Québec ainsi qu’aux intervenants du milieu. Il nous

a permis de découvrir l’agriculture d’une région bien

précise du Texas : le Panhandle.

POURQUOI LE PANHANDLE ?Cette région inclut les 26 comtés les plus septentrionaux

et représente environ 10 % de la superficie de l’État. Le

Texas est connu pour être un État agricole, mais en réalité,

l’agriculture est très concentrée dans cette région. En

effet, 90 % de la production de bouvillons d’abattage, 94 %

de la production porcine et 52 % de la production laitière

de l’État se concentre dans le Panhandle. Cette région

a une capacité de 2,2 millions de bouvillons en stock,

pour une production annuelle de 5 millions de têtes. La

production laitière, quant à elle, est en plein essor. Dans

les 20 dernières années, on a dénombré 250 000 vaches de

plus dans la région. Maintenant, vous comprenez mieux

pourquoi nous avons concentré nos visites dans cette

partie du Texas !

Lors de notre séjour, il a été possible de visiter le

centre de recherche en agriculture de l’Université West

Texas, des parcs d’engraissement ayant des capacités

de 25 000 à 50 000 têtes en stock, et une ferme laitière.

Je me suis concentrée sur deux entreprises, pour vous

les présenter davantage.

KIRKLAND FEEDYARDSituée dans la ville de Vega, dans le comté d’Oldham,

Kirkland Feedyard est l’une des rares entreprises fami-

liales de bouvillons d’abattage (au Texas, la majorité des

parcs d’engraissement sont intégrés par un abattoir). 

17COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2020

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Les trois générations de la famille Kirkland.

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18 COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2020

VOS AFFAIRES

Ce sont ni plus ni moins que trois générations en même

temps qui exploitent l’entreprise avec fierté. Même si

Robby Kirkland et sa femme, Amy, sont maintenant

les décideurs, les parents de Robby (Perry et Melanie

Kirkland) ainsi que ses trois enfants (Calleigh, Carson

et Cydney) sont très impliqués dans la ferme.

À ses débuts, en 1983, le parc comptait 600 têtes.

En 2018, la capacité était passée à 20 000 bouvillons, et

maintenant, on en dénombre 25 000. Sur ce nombre, 5 %

sont propriété de l’entreprise, et le reste est constitué

de bouvillons produits à forfait provenant de 13 autres

États (Floride, Oklahoma et Nebraska, principalement).

Quand on leur demande s’ils ont l’intention d’agrandir

encore leur exploitation dans les prochaines années,

les Kirkland nous répondent que ce n’est pas dans leurs

plans. En fait, leur limitation se situe au niveau de leur

meunerie. Celle-ci, qui permet d’effectuer le floconnage

du maïs, a déjà atteint 100 % de sa capacité avec leur

stock actuel d’animaux. Une expansion nécessiterait

obligatoirement un agrandissement important de la

meunerie, et ils ne désirent pas faire cet investissement

à court ou moyen terme.

Pour nourrir les animaux, 10 000 acres de terres

sont nécessaires. Cependant, les cultures de Kirkland

Feedyard se résument au maïs-ensilage et au foin. Le

maïs-grain est acheté, principalement dans le nord

du Panhandle. Étant donné le climat plutôt aride de la

région, les précipitations sont très faibles (moins de 17 po

d’eau par année). Pour assurer de bons rendements, les

propriétaires irriguent leurs champs en culture.

Pour la vente des bouvillons, de nombreux produc-

teurs de différents États du sud des États-Unis se sont

regroupés pour former une coopérative. Celle-ci leur

permet d’offrir un volume plus important de bouvillons

aux abattoirs, dans le but d’obtenir de meilleurs prix.

Pas moins de 500 000 bêtes par année sont négociées

par l’entremise de cette coopérative. Le modèle de vente

est très différent de celui du Québec. Environ 75 % des

bouvillons sont vendus sur le marché vivant, et le reste

sur le marché carcasse. Les ventes de bouvillons par

cette coopérative sont toujours effectuées au prix de

la semaine, et aucun contrat n’est signé.

La présence de Kirkland Feedyard sur les réseaux

sociaux est très active. Il est donc possible de suivre

l’entreprise via Facebook et même de contacter ses

propriétaires à partir de leur site Internet.

CNOSSEN DAIRYIl n’a fallu se déplacer que de 30 milles au sud de Kirkland

Feedyard pour découvrir une seconde entreprise fami-

liale d’envergure. Cnossen Dairy est une ferme laitière

située à Hereford, toujours dans le comté d’Oldham. Le

propriétaire, Jim Cnossen, vient d’une famille de produc-

teurs laitiers de génération en génération. Originaires

des Pays-Bas, les parents de Jim sont venus s’installer

aux États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale.

Au début des années 1970, son père loue une ferme

laitière en Caroline du Sud. Puis, la famille déménage en

Idaho. C’est à cet endroit que Jim, son frère et leur père

commencent à exploiter l’entreprise en famille. En 2005, la

famille s’installe définitivement au Texas, où Jim devient

l’unique propriétaire de l’entreprise qu’il commence à

bâtir : Cnossen Dairy. Il peut aussi compter sur sa femme,

Ellie, qui s’occupe de la santé du troupeau et du stock de

veaux, et sur ses deux enfants, Cord et Evie.

Cnossen Dairy compte maintenant 24 000 têtes, dont

12 000 vaches en lactation. Le troupeau est composé de

Holstein et de Jersey soigneusement séparées les unes

des autres. Les vaches de race Holstein passeront deux

fois par jour aux salons de traite. Celles de race Jersey

iront plutôt au carrousel de traite, pour une moyenne

de trois passages par jour. L’entreprise possède deux

salons de traites. Le premier compte 120 places (2 x 60).

Le second, de 30 places (2 x 15), est réservé aux vaches

malades ou venant de vêler. Le carrousel de traite,

quant à lui, compte 109 places.

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Cord, Evie, Jim et Ellie de la famille Cnossen. 25 000 bouvillons peuvent être comptés dans le parc d’élevage des Kirkland.

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19COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2020

VOS AFFAIRES

Aux salons de traite, le lait est entreposé dans des

citernes pendant une courte durée avant d’être chargé

dans des camions, tandis qu’au carrousel il passe par

un refroidisseur pour être directement acheminé aux

camions. C’est un total de 600 000 litres de lait qui

sort de l’entreprise chaque jour et qui est vendu à

une coopérative.

Cnossen Dairy possède 12 000 acres de terre, dont

7 000 sont nécessaires uniquement pour garder les

vaches. Les enclos des vaches sont tous munis d’aires

de couchage à l’ombre sur litière de fumier composté.

Ces enclos sont séparés par des allées bétonnées ser-

vant d’aires d’alimentation, où les vaches bénéficient

d’un espace à la mangeoire de deux pieds chacune.

L’exploitation dispose également d’un enclos d’une

capacité de 600 bêtes spécialement aménagé pour

l’insémination artificielle.

Le portrait de ces deux entreprises est assez représen-

tatif de l’agriculture du Panhandle. Beaucoup de grosses

entreprises sont exploitées dans cette région, et c’est ce

qui en fait l’endroit du monde où il y a le plus de bouvillons

par kilomètre carré. Nous avons été impressionnés par

l’efficacité des exploitations ainsi que par la générosité, la

passion et la fierté de nos hôtes. Ces derniers travaillent

fort pour redonner ses lettres de noblesse à l’agriculture

et, par le fait même, dénoncer les fausses informations

qui circulent. Ce sont des entreprises connectées, qui

utilisent la technologie pour faire passer leur message :

l’agriculture est un domaine essentiel, qui a à cœur le

respect de la nature et des animaux.

On ne peut probablement pas se comparer à ces

types d’entreprises, mais on peut très certainement

s’inspirer des gens qui les exploitent. Des souvenirs

inoubliables d’un voyage mémorable !

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JESSICA GUAY-JOLICŒUR, AGRONOME EXPERTE-CONSEIL EN PRODUCTION BOVINE, OPTI BŒUF SOLLIO AGRICULTURE [email protected]

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La salle de traite de Cnossen Dairy qui peut accueillir jusqu’à 120 vaches. 25 000 bouvillons peuvent être comptés dans le parc d’élevage des Kirkland.