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institut de l’Élevage - Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants collection l’essentiel Avec plus de 75 000 exploitations spécialisées en France, l’élevage bovin viande se caractérise par une grande diversité de systèmes de production tant sur les types d’animaux produits (animaux maigres et gras) qu’au niveau de sa localisation territoriale. Outre sa production qui concourt à près de 65 % des volumes de viande produits en France et aux exportations d’animaux (de l’ordre de 1 million de têtes), l'élevage bovin viande contribue également à de nombreux services environnementaux : valorisation de surfaces en herbe souvent inconvertibles en cultures, entretien du milieu, qualité des paysages, biodiversité... Cependant, il fait l'objet de débats controversés vis à vis des questions environnementales et notamment sur les émissions de gaz à effet de serre. Il convient donc d'intégrer tous ces éléments (figure 1) dans les analyses visant à caractériser et évaluer les principaux systèmes d'élevage bovin viande aussi bien sur le plan de leur efficacité technico-économique que sur celui de leurs performances environnementales. Afin de faire le point sur le rôle que jouent les exploitations bovin viande sur l’environnement mais aussi d’identifier des voies de progrès, l’empreinte environnementale de ces 234 exploitations calculée à partir d’une méthodologie élaborée par l’Institut de l’Élevage (base de données des Réseaux d’Élevage, année 2008). Les résultats présentés ici montrent une variabilité importante des indicateurs des impacts environnementaux au sein de chaque système de production. Ceci permet d'envisager des leviers d'action notamment en matière de conduite des troupeaux et des surfaces fourragères. Par ailleurs, un lien fort a pu être mis en évidence entre les impacts environnementaux, les indicateurs de pratiques et les résultats économiques. Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants : état des lieux et pistes de progrès 1 Figure 1: Les enjeux environnementaux (bulles violettes) et les facteurs influençant les choix de production (bulles blanches) dans les exploitations bovin viande Présence de coproduits à proximité Cours des matières premières Disponibilité en main- d’œuvre Aléas climatiques Marchés/ débouchés Qualité des produits/ Cahier des charges Parcellaire • Possibilité de mécanisation • Accessibilité des parcelles Politique agricole et environnementale Territoire et sol Stockage de carbone Maintien de la biodiversité Entretien du paysage e Eau Lessivage des nitrates Ruissellement du phosphore Contexte pédo-climatique • Possibilités de cultures • Potentiels de rendements en fonction du type de sol, de l’altitude, de la pluviométrie et de la température Choix techniques • Niveau de chargement • Itinéraire technique en lien avec le potentiel pédoclimatique Air Gaz à effet de serre Ammoniac Particules

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institut de l’Élevage - Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants

collection l’essentiel

Avec plus de 75 000 exploitations spécialisées en France, l’élevage bovin viande se caractérisepar une grande diversité de systèmes de production tant sur les types d’animaux produits

(animaux maigres et gras) qu’au niveau de sa localisation territoriale. Outre sa production qui concourt à près de 65 % des volumes de viande produits en France et aux

exportations d’animaux (de l’ordre de 1 million de têtes), l'élevage bovin viande contribueégalement à de nombreux services environnementaux : valorisation de surfaces en herbe souvent

inconvertibles en cultures, entretien du milieu, qualité des paysages, biodiversité... Cependant, il fait l'objet de débats controversés vis à vis des questions environnementales et

notamment sur les émissions de gaz à effet de serre. Il convient donc d'intégrer tous ces éléments (figure 1) dans les analyses visant à caractériser et

évaluer les principaux systèmes d'élevage bovin viande aussi bien sur le plan de leur efficacitétechnico-économique que sur celui de leurs performances environnementales.

Afin de faire le point sur le rôle que jouent les exploitations bovin viande sur l’environnementmais aussi d’identifier des voies de progrès, l’empreinte environnementale de ces 234

exploitations calculée à partir d’une méthodologie élaborée par l’Institut de l’Élevage (base dedonnées des Réseaux d’Élevage, année 2008).

Les résultats présentés ici montrent une variabilité importante des indicateurs des impactsenvironnementaux au sein de chaque système de production. Ceci permet d'envisager des leviers

d'action notamment en matière de conduite des troupeaux et des surfaces fourragères. Parailleurs, un lien fort a pu être mis en évidence entre les impacts environnementaux, les

indicateurs de pratiques et les résultats économiques.

Concilier production et environnement en systèmesbovins allaitants : état des lieux et pistes de progrès

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Figure 1 : Les enjeux environnementaux (bulles violettes) et les facteurs influençant les choix de production (bulles blanches) dans les exploitations bovin viande

Présencede coproduits

à proximité

Cours desmatières

premières

Disponibilitéen main-d’œuvre

Aléasclimatiques

Marchés/débouchés

Qualité des produits/

Cahier des charges

Parcellaire• Possibilité

de mécanisation• Accessibilité des parcelles

Politique agricole et

environnementale

Territoire et solStockage de carbone

Maintien de la biodiversitéEntretien du paysage

e

EauLessivage des nitrates

Ruissellement du phosphore

Contexte pédo-climatique• Possibilités de cultures

• Potentiels de rendements en fonction du type de sol, de l’altitude, de

la pluviométrie et de la températureChoix techniques

• Niveau de chargement• Itinéraire technique en lien

avec le potentielpédoclimatique

AirGaz à effet de serre

AmmoniacParticules

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2 institut de l’Élevage - Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants

L'évaluation environnementale des systèmes bovins allaitants

Évaluation des émissions de gaz à effet de serre (GES)

> La fermentation entérique, le principal poste d’émission de GES

Le changement climatique est associé à un accroissement dansl’atmosphère des émissions de gaz à effet de serre, dont les troisprincipaux sont le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et ledioxyde de carbone (CO2). Dans le secteur de l’élevage, denombreux postes contribuent aux émissions de GES (figure 2).

Le méthane entérique (issus des fermentations dans le rumen)représente le poste prédominant (55 %), suivi de la gestion desdéjections au bâtiment/stockage/épandage (22%) et desémissions au pâturage (11 %).

Afin d’évaluer l’efficacité environnementale desexploitations allaitantes, l’Institut de l’Élevage sebase sur la méthode d’Analyse du Cycle de Vie(ACV). Cette méthode évalue les impactsenvironnementaux des différentes activités surl’exploitation (gestion des déjections, pâturage,fertilisation…) mais aussi les impacts indirectsdes intrants (fioul, aliments du bétail…)consommés par l’activité d’élevage. Les impactspotentiels les plus fréquemment étudiés sont lesémissions de Gaz à Effet de Serre (GES), lepotentiel d’eutrophisation (qualité de l’eau) et lacontribution au maintien de la biodiversité.

L’expression des impacts environnementauxdépend de l’unité fonctionnelle choisie. Les impacts environnementaux sont généralementexprimés par kg de viande vive afin de ramenerl'impact total à l'acte de production. Cette unitéfonctionnelle ne suffit toutefois pas pour refléter laréalité et proposer des solutions viables.

Ainsi, les impacts environnementaux sontégalement ramenés à des unités plusstructurelles comme l’UGB (Unité Gros Bovins) oul'ha afin d'évaluer plus finement la performanceenvironnementale du système de production etla pression exercée sur le milieu.

Figure 2 : Contribution des différents postes d’émission de gaz à effet de serre en élevageallaitant

Origine des GES émis en élevage allaitant

• Les émissions de méthane (300 g CH4 /UGB/jour ),sont majoritairement générées par la fermentationentérique dans le rumen (phénomène naturelpermettant aux animaux de digérer efficacement lacellulose) et par la fermentation des déjectionsanimales au bâtiment.

• Les émissions de protoxyde d’azote (9gN2O/UGB/jour) sont principalement issues de lanitrification/dénitrification dans les sols cultivés,ces phénomènes étant accentués par l’apportd’engrais azotés (minéraux et organiques). Ellesproviennent aussi des déjections des animaux surla pâture et du lessivage des nitrates.

• Les émissions de dioxyde de carbone (1 650 gCO2/UGB/jour) proviennent de la consommationd’énergie directe (fioul, électricité…) sur lesexploitations, de la fabrication et du transport desintrants (engrais, aliments…).

Source : Réseaux d’élevage, 2008 – 234 exploitations allaitantes spécialisées

Chiffres-clés36 % c’est l’objectif de réduction des émissions de GES d’ici2030 fixé par l’Union Européenne.

4 c’est le facteur de réduction que s’est fixé la France d’ici lesannées 2050.

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institut de l’Élevage - Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants 3

> Les puits de carbone compensent jusqu’à 55 %des émissions de GES

L'élevage allaitant a la particularité de valoriserdes prairies permanentes, souvent entourées dehaies, qui stockent du carbone dans les sols demanière pérenne et stable. Il est en effet reconnuque les principaux puits de carbone terrestressont les forêts, les prairies permanentes et leshaies. Ce phénomène biologique et naturelpermet de compenser partiellement, voiretotalement, selon les systèmes, un autrephénomène biologique qu’est la fermentationentérique. Cette compensation par le stockage decarbone est représentée en Figure 3 : la flèchenoire indique la part des émissions de CH4entérique compensée par la prise en compte dustockage de carbone. On parle alors« d’empreinte nette ». La compensation atteint entre 50 % et 100 % duméthane entérique émis, et entre 25 % et 55 %des émissions totales de gaz à effet de serre surl’exploitation. Les systèmes basés sur lavalorisation de l’herbe (en lien avec la zone deproduction) possèdent la plus fortecompensation grâce à la part importante deprairies et à la présence de haies.Pour les systèmes Naisseurs du bassin allaitant,cette compensation est relativement importante.Le meilleur compromis est ensuite à trouver entreles systèmes basés sur de la prairie permanenteavec achat de paille et d'aliments et les systèmesplus autonomes basés sur une part plus faible deprairies permanentes, des prairies temporaireset des céréales.

> Des émissions de gaz à effet de serre variablesd’un système de production à l’autre

Les émissions brutes de GES (sans prise en comptedu stockage de carbone) s’élèvent en moyenne à4334 kg éq CO2/UGB/an soit 14,8 kg éq CO2/kgde viande vive. Les émissions nettes de GES (avecprise en compte du stockage de carbone)atteignent en moyenne 2 524 kg éq CO2/UGB/ansoit 8,3 kg éq CO2/kg de viande vive. Les écarts observés entre types de système, sur lesémissions brutes et nettes de GES exprimées parUGB, dépendent des pratiques en lien avec les typesde produits commercialisés (figures 4 et 4bis).Les systèmes Naisseur Engraisseur (NE) de JeunesBovins (JB), plus intensifs (recours aux intrants plusélevé, part de pâturage plus réduite,…), possèdentdes émissions à l'UGB plus élevéescomparativement aux systèmes Naisseurs purs, NEde femelles et NE de boeufs. Néanmoins, ramenéeau kg de viande vive produit, l'empreinte carboneest sensiblement identique car ces systèmes plusintensifs ont une productivité plus élevée.

Chiffres-clés570 kg de carbone/ha/an sont stockés en moyenne par lesprairies permanentes.80 kg de carbone/ha/an sont stockés en moyenne par lesprairies temporaires soumises à des phénomènes de stockageet de déstockage en fonction de la fréquence du travail du sol.125 kg de carbone/100 mètres linéaires/an sont stockésen moyenne sous les haies (racines).

Figure 3 : Effet de la prise en compte du stockage de carbone sous prairies et sous haiessur les émissions de Gaz à Effet de Serre de 4 systèmes allaitants

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Source : Réseaux d’élevage, 2008 – 234 exploitations allaitantes spécialisées

Figures 4 et 4 bis : Emissions annuelles de Gaz à Effet de Serre par UGB (brutes et nettesaprès déduction du stockage de carbone) et empreinte carbone par kg de viande vive(brutes et nettes) de 4 familles de systèmes bovin viande

Source : Réseaux d’élevage, 2008 – 234 exploitations allaitantes spécialisées

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4 institut de l’Élevage - Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants

Figures 5 et 5 bis : Potentiel d’eutrophisation des systèmes allaitants exprimé par ha oupar kg de viande vive

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Source : Réseaux d’élevage, 2008 - 234 exploitations allaitantes spécialisées

Au delà des différences entre systèmes qui onttrait à des produits et des débouchés distincts,cette étude met en évidence la variabilité desémissions de GES au sein d'une même famille desystèmes. La barre noire indique la plage devariation des résultats des émissions de GES desexploitations d'une même famille de systèmes.Cela met en évidence des écarts pouvantatteindre 30 à 50 % (voire 100 % en prenant encompte le stockage de carbone) entreexploitations. Ces variations substantielles ausein de chaque système de productiondépendent de plusieurs facteurs :

• Les pratiques mises en place et leurefficacité (intrants, gestion du troupeau…),

• La structure des exploitations(agencement des parcelles et desbâtiments, type de bâtiment, transportsentre divers lieux de l'exploitation…) etleur localisation géographique (partd’herbe, conditions pédoclimatiques…).

Même si la structure des exploitations et lecontexte pédoclimatique influent sur les résultatsenvironnementaux, les moyens d’action del’éleveur restent limités dans ce domaine. Enrevanche, les pratiques et leur efficacité sont lepremier levier accessible pour réduire lesémissions de GES.

L'évaluation des impacts sur la qualitéde l’eau

En agriculture, le potentiel d’eutrophisation estdû essentiellement au lessivage de l’azote et auruissellement du phosphore, associés aux apportsde déjections organiques et d’engrais minéraux. Le potentiel d’eutrophisation en systèmesallaitants s’élève en moyenne à 18 kg éqPO4/ha/an soit 0,044 kg éq PO4/kg/an de viandevive. Il varie en fonction du type de système deproduction (figures 5 et 5 bis) et des écartsimportants s’observent également entreexploitations d’un même système.

Cette variabilité est liée aux pratiques mises enœuvre et plus particulièrement au niveau dechargement animal et à la gestion de l’azote. Les systèmes herbagers type Naisseurs ou NE debœufs perdent ainsi moins d’azote du fait d’unplus faible chargement.

À même niveau de chargement, les systèmes basés sur lescultures fourragères présentent globalement les mêmes pertes.Enfin, les systèmes très intensifs (par exemple des ateliersd’engraissement de JB) peuvent avoir des pertes d’azoteimportantes, du fait d’entrées d’azote plus fortes.

Dans le cadre du PMPOA (Programme de Maîtrise des Pollutionsd’Origine Agricole), la pollution de l’eau par les nitrates est prise encompte depuis les années 1990 au travers de la mise en conformitédes bâtiments et des mesures de gestion de la fertilisation. Ceprogramme qui s’est traduit par des investissements conséquents(bâtiment, stockage…) a concerné plus de 22 000 exploitationsallaitantes. Des efforts importants ont été mis en œuvre par leséleveurs pour améliorer la valorisation agronomique des déjectionsanimales. Ces efforts ont ainsi eu un effet positif sur la qualité del’eau (figure 6), mais également sur les émissions de gaz à effet deserre puisque la réduction d’utilisation des engrais minéraux aentraîné une réduction des émissions de protoxyde d’azote.Néanmoins, les systèmes allaitants sont peu concernés par lesproblèmes de nitrates.

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institut de l’Élevage - Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants 5

Figure 6 : Évolution de la qualité des eaux de surface au regard des nitrates entre 1985 et 2005

Les fumiers et le lisier : de l’engrais évité !

La valorisation des déjections animales permetd’éviter la production industrielle de 660 000 tonnesd’azote minéral, 500 000 tonnes de phosphate (P2O5)et 1,6 millions de tonnes de potasse (K2O). Celacorrespond à une économie de 1,2 millions de tonneséquivalent pétrole et 4,5 millions de tonnesd’équivalent CO2, soit une économie de 40 % desémissions liée à la fabrication des engrais.

La pollution des eaux...

…par les nitrates et le phosphoreLa qualité de l’eau repose notamment sur la teneur en nitrates, rencontrée dans les eaux souterraines et de surface. Combinésau phosphore, ces nitrates sont à l’origine du phénomène d’eutrophisation (augmentation des éléments nutritifs dans l’eau)provoquant ainsi un développement d’algues dans les rivières, lacs et estuaires, avec pour conséquence une dégradation de laqualité des eaux par appauvrissement en oxygène.

En France, les zones sensibles à l’eutrophisation sont classées en zones vulnérables (44% du territoire) par la Directive Nitrates.Cette directive précise les principes à mettre en œuvre pour assurer la protection des eaux contre la pollution par les nitratesd’origine agricole.

…par les produits phytosanitairesAu-delà de la pollution des eaux par les nitrates, les données de l’Institut Français de l’Environnement (IFEN) mettent en évidence uneprésence quasi généralisée des produits phytosanitaires dans les eaux souterraines et de surface. Les herbicides sont parmi lesmolécules les plus fréquemment détectées.

Cependant, à l’échelle de la France, ce sont les régions herbagères d’élevage allaitant qui apparaissent comme les zones où lapression est la plus faible. D’après l’Inra sur des données du ministère de l’Agriculture, l’utilisation de produits phytosanitairesreprésente en moyenne 9 €/ha pour les prairies et 66 €/ha pour les fourrages cultivés (moyenne SAU française : 91 €/ha). Lesprairies et les fourrages cultivés (45 % de la SAU française) représentent ainsi 8,5 % des produits phytosanitaires utilisés enFrance (67 % pour les grandes cultures).

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Source : Réseaux d’élevage, 2008 - 234 exploitations allaitantes spécialisées

L’élevage bovin allaitant a une incidence positive sur la biodiversité !La biodiversité correspond à la diversité naturelle des organismes vivants, en nombre d’espèces dans un écosystème, en diversitégénétique ou en type d’habitat. Il est désormais reconnu (expertise collective scientifique de l’Inra de 2008) que les pratiques agricolesont un effet marqué sur la biodiversité. La spécialisation agricole de certaines régions a un effet négatif, alors qu’à l’inverse, la diversitéde productions, la présence d’une mosaïque de couverts végétaux différents, la présence d’infrastructures agro-écologiques (IAE) ontun effet positif. L’élevage allaitant, utilisateur de prairies et de haies, de cultures fourragères et de céréales, dispose donc de réels atoutsparce qu’il est directement gestionnaires de surfaces, de milieux et d’infrastructures agro-écologiques importantes et diversifiées, quifournissent à la collectivité de nombreux services éco-systémiques et environnementaux comme la filtration des eaux, le stockage decarbone, la lutte contre l’érosion…. Le plan d’action en faveur de la diversité biologique, mis en œuvre en 2001 dans le domaine del’agriculture, rappelle les liens étroits existant entre la biodiversité et les pratiques extensives. Il recommande de soutenir des pratiquesextensives, et les relie explicitement à des instruments communautaires comme les Mesures Agri-Environnementales (MAE) ou lesIndemnités Compensatoires de Handicap Naturel (ICHN).

Figure 7 : Contribution des infrastructures agro-écologiques au maintien de la biodiversitéen élevage allaitant

Source : Durabeef

Evaluation de la contribution aumaintien de la biodiversité

En élevage, le potentiel de biodiversité est évaluéde manière indirecte par le dénombrement desinfrastructures agro-écologiques (IAE) reconnuespour être des zones favorables à la biodiversité(prairies naturelles, haies, arbres…). Ces dernières sont alors traduites en areséquivalent de biodiversité selon les coefficientsretenus dans les Bonnes Conditions Agricoles etEnvironnementales BCAE VII et la Prime à l’HerbeAgri-Environnementale PHAE 2.

Des relevés précis sur les prairies, les haies, maiségalement les arbres, les bordures de champs…ont été réalisés sur un échantillon de37 exploitations bovin viande spécialisées dansle cadre du programme CASDAR DURABEEF demanière à évaluer la contribution de l’élevage àla biodiversité. Même si les prairies et les haiesreprésentent l’essentiel (79 %) de la contributionà la biodiversité, les autres infrastructures agro-écologiques présentes sur les exploitationsjouent un rôle déterminant pour la préservationde la biodiversité de l’espace agricole (figure 7).

Concernant l’évaluation de la contribution desexploitations des Réseaux d’Élevage à labiodiversité, seules les contributions des prairiesnaturelles et des haies ont été prises en compte,les autres éléments (arbres, bosquets, …) n’étant

pas connus. Dans ces conditions, la contribution au maintien dela biodiversité s’élève en moyenne à 165 ares éq. debiodiversité/ha. Cette contribution au maintien de la biodiversitédépendante du type de système (figure 8) doit être affinée enélargissant l’échelle au territoire et en intégrant à l’analyse lemilieu environnant. Ainsi, on observe que dans de nombreuses exploitationsd’élevage la densité en infrastructures agro-écologiques estproche de celle observée à l’échelle du territoire. Cesexploitations, quel que soit leur système d’appartenance,contribuent ainsi aux caractéristiques paysagères du territoire etau maintien des zones de régulation écologiques favorables auxespèces les plus mobiles comme les oiseaux.

Chiffres-clés1 ha équivalent de biodiversité c’est... 1 ha de prairies permanentes100 mètres linéaires de haies200 arbres

4 %, c’est la part d’infrastructures agro-écologiques obligatoire dans la SAU en 2013.

9,2 millions d’ha, c’est la surface de prairiespermanentes et de parcours jamais labourésvalorisés par les élevages d’herbivores français.

Figure 8: Contribution au maintien de la biodiversité selon les systèmes allaitants

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Le lien entre performances économiques et environnementalesUne analyse a été conduite afin de comparer les impacts environnementaux de l'échantillon d'exploitations aux performanceséconomiques. un lien a notamment été mis en évidence entre l'empreinte carbone brute de la viande et les coûts de production.

43 % des exploitations de l'échantillon sont efficientes sur le plan environnemental. Elles possédent une bonne performancetechnique et un faible recours aux intrants tout en ayant les plus faibles coûts de production (encadré vert, figure 9).

Quelles conditions et quels leviers pour maîtriser et réduirel’empreinte environnementale des systèmes bovins allaitants?

Au-delà des changements positifs intervenus cesdernières années, les évaluations conduites surles systèmes de production mettent en évidenceune variabilité importante des résultatsenvironnementaux et de production. Ces travaux montrent qu’une bonne efficiencedes pratiques mises en œuvre est un gage d’unbon compromis entre performances deproduction et performances environnementales.

Ainsi, la majorité des exploitations présentantune bonne adéquation entre les performances deproduction et les intrants mobilisés pour cetteproduction sont bien positionnées sur les planséconomique, environnemental et productif.

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Figure 9: Lien entre les coûts de production et les émissions de gaz à effet de serre en systèmes allaitants

Source : Réseaux d’élevage, 2008 - 234 exploitations allaitantes spécialisées

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8 institut de l’Élevage - Concilier production et environnement en systèmes bovins allaitants

Quantification des leviers d’action selon une approche système

Les conséquences environnementales et économiques de certains leviers ont été évaluées sur des cas-types selon une approchesystème qui prend en compte les impacts directs et indirects du changement de pratique considéré.

Ces leviers ont tous pour objectif d'optimiser la production de viande (de + 7 % à + 10 %) en réduisant notamment le nombre d'animauximproductifs tout en ajustant l'alimentation.

On observe que ces leviers jouent peu sur les émissions de gaz à effet de serre/UGB (de - 3 % à + 1 %). En combinant production etenvironnement, ces leviers réduisent de - 7 % à -11 % les émissions de gaz à effet de serre.

L’impact sur la qualité de l’eau augmente légèrement en lien avec une augmentation du bilan de l’azote (augmentation des quantitésde concentrés/UGB). Enfin, on note que ces changements de pratiques ont des impacts positifs sur l’économie : diminution des chargesopérationnelles et augmentation du produit.

ActionEffet sur la

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Effet sur les GESnets/UGB

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Effet sur la qualité de l’eau

Effet sur les résultatséconomiques

Maitriser la conduite de reproductiontaux de gestation 82 % ➞ 94 % + 7 % - 3 % - 11 % + 2 %

- 3 % chargesopérationnelles/ha

Limiter la mortalité des veaux16 % ➞ 7 % + 10 % - 1 % - 12 % pas d’effet

+ 5 % produit/ha+ 7 % charges opérationnelles/ha

Réduire l’âge au premier vêlage100 % de V 3 ans ➞ 60 % de V 2 ans + 8 % + 1 % - 7 % + 5 %

+ 3 % produit/ha+ 5 % chargesopérationnelles/ha

Tableau 1 : Quantification des conséquences environnementales et économiques de leviers d’action selon une approche système prenant en compte les impactsdirects et indirects (evaluation réalisée sur des cas-types)

Les leviers pour maîtriser et réduire l'empreinteenvironnementale des systèmes bovins allaitantsconcernent :

> Une conduite des troupeaux avec desperformances de reproduction et de croissancemaîtrisées et adaptées aux ressources fourragèresdisponibles.

Plusieurs leviers relatifs à la gestion du troupeauet à son alimentation sont déterminants :

• Maîtriser la conduite de la reproduction defaçon à atteindre les objectifs de nombre deveaux produits (productivité numérique)

De bonnes performances, notamment taux degestation, taux de mortalité et taux de veauxproduits pour 100 vêlages, sont favorables surles plans techniques, économiques etenvironnementaux de l’élevage (tableau 1).

• Réformer le plus tôt possible les animauximproductifs

Les animaux improductifs contribuent auxémissions de gaz à effet de serre (méthane), auxrejets azotés et à la consommation d’intrants (desaliments notamment) tout en ne produisant pas.C’est le cas des vaches vides conservées en vued’être mises à la reproduction la campagnesuivante. Ces situations se rencontrent lorsque letaux de mortalité est élevé, et/ou le taux degestation est faible, et/ou le taux derenouvellement est faible.

• Limiter la mortalité des veaux

La perte de veaux a pour conséquence une perte de production etla présence de vaches « improductives » qu’il faut rapidementréformer afin de limiter les pertes économiques et les impactssur l’environnement (tableau 1).

• Maintenir ou améliorer les qualités maternelles des vaches

Maintenir les qualités maternelles des vaches et en particulierleur production laitière est très favorable à la croissance desveaux et à leur future performance en engraissement. Le laitsupplémentaire produit par la mère permet d'éviter decomplémenter inutilement le veau.

• Réduire l’âge au premier vêlage mais le maîtriser !

La réduction de l’âge au premier vêlage permet de réduire leseffectifs présents sur l’exploitation (et donc les émissions deméthane) sous réserve que cette technique soit correctementmaîtrisée (tableau 1).

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• Produire suffisamment de fourrages surl’exploitation pour atteindre l’autonomie

Produire des fourrages en quantité et qualitésuffisantes au pâturage et pour l’hivernagepermet de réduire la consommation deconcentrés à l’échelle du troupeau (tableau 2).

• Maximiser le pâturage au moins pour le troupeaude souche et les animaux en croissance

La valorisation de l’herbe par le pâturage permetde limiter la consommation d’intrants (fioul,concentrés) grâce à la réduction des volumes defourrages stockés, mais également de réduire lesémissions de CH4 et de N2O lors du stockage etde l’épandage des déjections animales.

• Optimiser les quantités de concentrés apportées :adapter les apports aux objectifs de production etau potentiel des animaux

Une ration non équilibrée et non ajustée aupotentiel de croissance des animaux provoque engénéral une surconsommation de concentrés. Ilsne sont alors pas entièrement valorisés etprovoquent un rejet azoté plus important, en plusd’un surcoût (tableau 2).

• En cas d’achat d’aliments concentrés énergétiques, privilégierles coproduits issus de la transformation des végétaux auxcéréales

• Privilégier les aliments d’origine européenne

Certains concentrés ont un impact environnemental fort. Letourteau de soja, par exemple, a un impact fort sur les émissionsde gaz à effet à cause de son importation et de la déforestationque le développement de sa culture engendre (tableau 2).

• Adapter les conduites alimentaires de façon à mobiliser lesréserves corporelles pour les vaches reproductrices et à bénéficierde la croissance compensatrice sur les animaux d’élevage.

Ces conduites ont été evaluées et, si elles suivent lesrecommandations INRA 2007, n'impactent pas la production.Elles permettent de réduire la consommation de concentrés et demieux valoriser l’herbe.

> Une conduite des surfaces en herbe et en cultures (fourragèreset autres) adaptée au potentiel pédoclimatique et aux objectifs deproduction.

Plusieurs leviers sont à maîtriser ou à mobiliser :

• Valoriser de manière optimale les déjections animales

Une valorisation agronomique optimale des déjections animales,qui permet de réduire fortement l'achat d'engrais minéraux, doittoujours être promue.

• Optimiser les apports d’engrais minéraux

Une optimisation des éléments fertilisants apportés (adéquationentre le potentiel des cultures et les apports) permet de limiter ladépendance énergétique et de réduire le bilan azoté et lesémissions de gaz à effet de serre associées (tableau 2).

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Maîtriser les consommations d’énergies fossiles etproduire des énergies renouvelables !Les modifications du mode de conduite des engins agricoles et despratiques (conduite économe, réglage des tracteurs, réduction dutransport, simplification des pratiques culturales) représententégalement un intérêt non négligeable pouvant permettre de minorer lesconsommations de fioul et ainsi les gaz à effet de serre. Au-delà de laseule réduction de la dépendance énergétique, l’élevage peutégalement s’inscrire dans la production d’énergies renouvelables.

• Régler les tracteurs et adopter une conduite économeDisposer de tracteurs correctement réglés (passage au banc d’essai) etadopter une conduite économe permet de réduire de 10 % laconsommation de fioul sur une exploitation d’élevage, soit -1 % sur lesémissions de gaz à effet de serre.

• Le solaire photovoltaïque sur bâtimentsIl s’agit d’utiliser l’énergie solaire et les surfaces de toits des bâtimentspour produire de l’électricité dans le but de la revendre. Dans quelquesannées, lorsque le coût de production sera proche du coût d’achat del’électricité, il deviendra intéressant de consommer l’énergie produite.

• La méthanisation des déjections animalesL’objectif de la méthanisation est de produire de l’énergie thermique(chaleur) et de réduire les émissions de GES (CH4, N2O) qui ont lieu lorsdu stockage des déjections. Néanmoins, le potentiel de développementpour les élevages bovins est beaucoup plus limité car l’investissementest important et son intérêt dépend de la disponibilité en substrats, dela valorisation de la chaleur produite…

• Favoriser les légumineuses ou les introduiredans le système fourrager

Favoriser l’évolution de la flore des prairiespermanentes vers davantage de légumineuses etles maintenir et implanter des prairiestemporaires multi-espèces avec légumineusessont des facteurs favorables à la réduction desimpacts environnementaux par une moindreutilisation des engrais de synthèse et unemeilleure qualité des fourrages.

• Recourir à des techniques culturales simplifiées

Adopter des techniques culturales simplifiées(non labour, réduction du nombre de passagespour les traitements…) permet de réduire lesconsommations de fioul. Il faut néanmoinsvérifier que cela n’a pas d’autres impacts(augmentation de l’apport en fertilisantsminéraux ou en produits phytosanitaires…).

> Des pratiques visant à maintenir ou améliorer lestockage de carbone et la contribution de l’élevagebovin viande au maintien de la biodiversité.

Compte tenu du rôle des prairies et des haies surle stockage de carbone et le maintien de labiodiversité, des efforts doivent être entreprisafin de préserver et augmenter ces éléments.

• Maintenir la part de prairies permanentes

Les prairies permanentes stockent en moyenne570 kg de carbone/ha/an. Leur maintien permetd’augmenter le stock de carbone et de compenserune partie des émissions de méthane entérique.

Remarque : le retournement des prairies a desimpacts sur les émissions de GES. En effet, lorsdu retournement, la prairie déstocke deux foisplus qu’elle n’a stocké par an.

• Allonger la durée des prairies temporaires

L’allongement des prairies temporaires limiteleur retournement et ainsi le déstockage decarbone. Les prairies temporaires peuvents’inscrire dans des rotations plus longues et plus

diversifiées, ce qui peut également avoir des conséquencespositives sur le fonctionnement du sol, le lessivage desnitrates… (tableau 2).

• Implanter des haies autour des surfaces en prairies permanentes

Les haies, comme les prairies permanentes, stockent du carboneà hauteur de l’ordre de 125 kg de carbone/100 mètreslinéaires/an et contribuent au maintien de la biodiversité. C’estun levier mobilisable pour exploitations situées dans les régionsnon bocagères.

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Quantification des leviers d’action selon une approche simplifiéeLes conséquences environnementales et économiques de certains leviers ont été évaluées selon une approche simplifiée qui prenduniquement en compte les impacts directs du changement de pratique considéré. Ces évaluations ont été menées sur des systèmesmoyens des Réseaux d’Élevage (tableau 2).

Augmenter de 5 % l’autonomie fourragère contribue à réduire l’impact GES (- 4 %) et l’impact sur la qualité de l’eau (- 9 %) tout enaméliorant la contribution au maintien de la biodiversité.

Substituer les concentrés par d’autres sources alimentaires est un moyen également de réduire l’impact sur les GES (- 4 %). Lavalorisation des surfaces en herbe permet également de limiter le lessivage des nitrates et donc l’impact sur la qualité de l’eau.

Réduire les quantités de concentrés a un impact positif fort sur la réduction des émissions de GES (moins de CO2) : - 11 %. Cecis’accompagne également d’une réduction des coûts liés aux achats. Remplacer le tourteau de soja par du tourteau de colza permetde réduire de 2 % les émissions de GES et de 9 % les impacts sur la qualité de l’eau.

L’optimisation de la fertilisation, en ajustant les apports aux besoins des plantes, permet de réduire les GES (liés aux achats d’engrais),les impacts sur la qualité de l’eau (moins de lessivage) et les coûts associés à l’achat d’engrais minéraux.

L’augmentation de la part de prairies de longue durée (plus de 10 ans) permet d’améliorer le stockage de carbone et de réduire de 4 %les émissions nettes de GES. Ce levier a également des conséquences positives sur la qualité de l’eau (moins de lessivage de nitrates)et contribue à améliorer le maintien de la biodiversité (+ 6 %).

* conjoncture de l’année 2012

Tableau 2 : Quantification des conséquences environnementales et économiques de leviers d’action selon une approche simplifiée prenant en compte uniquementles impacts directs (évaluation réalisée sur des systèmes moyens de la base de données des Réseaux d’Elevage)

Action Effet sur les GES nets(/UGB et /kgvv)

Effet sur la qualitéde l’eau

Effet sur le maintien de la biodiversité

Effet sur les résultatséconomiques

ALIMENTATION DU TROUPEAU

Produire suffisamment de fourrages sur l’exploitation+ 5 % production autonome - 4 % - 9 % ➚

-104 kg d’orge et -27 kg de tourteaux de soja/UGB/an- 37 €/UGB/an*

Adapter les apports au potentiel des animauxGMQ estimé (1,4 kg/j)➝ GMQ réel (1 kg/j) - 11 % - 1 % pas d’effet

- 78 kg de tourteaux soja/JB/an- 36 €/JB/an*

Privilégier les aliments d’origine européenne100 % tourteaux de soja ➝ 100 % tourteaux de colza - 2 % - 9 % pas d’effet - 7 €/UGB/an*

MAÎTRISE DE LA FERTILISATION MINERALE

Optimiser les apports d’engrais minérauxRdt estimé (8 tMS/ha)➝ Rdt réel (7 tMS/ha) - 9 % - 3 % pas d’effet

- 91 kg d’ammonitrate/ha/an- 15 €/ha/an*

STOCKAGE DE CARBONE ET BIODIVERSITÉ

Augmentation de la part de prairies de longue durée+ 0,1 ha PP/UGB - 4 % ➘ + 6 % non estimé

BibliographieDollé JB. Agabriel J., Peyraud JL,. Faverdin P., Manneville V.,Raison C., Gac A., Le Gall A., 2011. Les gaz à effet de serre enélevage bovin : évaluation et leviers d’action. In : Gaz à effetde serre en élevage bovin : le méthane. Doreau M., BaumontR., Perez JM. Dossier, INRA Prod. Anim. 24, 415-432.

Dollé JB. Faverdin P., Agabriel J., Sauvant D., Klumpp K., 2013.Contribution de l’élevage bovin aux émissions de GES et austockage de carbone selon les systèmes de production. In :Revue Fourrages (à paraître).

Gac A., Cariolle M., Deltour M., Dollé JB., Espagnol S., FlenetF., Guingand N., Lagadec S., Le Gall A., Lellahi A., Malaval C.,Ponchant P., Tailleur A., 2010. GES’TIM – Guideméthodologique pour l’estimation des impacts des activitésagricoles sur l’effet de serre. Réalisé dans le cadre du projet« Gaz à Effet de Serre et Stockage de Carbone en exploitationsagricoles » (CASDAR 6147).

Gac A., Dollé JB., Le Gall A., Klumpp K., Tallec T., Mousset J.,Eglin T., Bispo A., 2010. Le stockage de carbone par lesprairies. Institut de l’Élevage – INRA UR 874 – ADEME, 12 p.

Gac A., Manneville V., Raison C., Charroin T., Ferrand M., 2010.L'empreinte carbone des élevages d'herbivores : présentationde la méthodologie d'évaluation appliquée à des élevagesspécialisés lait et viande. Renc. Rech. Ruminants, 17, 335-342.

Le Gall A., Beguin E., Dollé JB., Manneville V., Pflimlin A.,2009. Nouveaux compromis techniques pour concilierefficacités économique et environnementale en élevageherbivore. Fourrages, 198, 131-151.

Marhin L., Moreau S., Madeline L., Palazon R., 2012.Performances environnementales et économiques dessystèmes bovins allaitants. Renc. Rech. Ruminants, 19, 21-24.

Moreau S., Manneville V., Morel K., Agabriel J., Devun J., 2013.Le compromis performances de production et impactsenvironnementaux : méthode et analyse des résultats dansles élevages bovin allaitants. 3R à paraître.

Veysset P., Belvèze J., Bébin D., Devun J., 2009.Consommations d'énergies et émissions de gaz à effet deserre en élevage bovin allaitant. Analyses et prospectiveséconomiques. Fourrages, 199, 331-348.

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avec la contribution �nancièredu compte d'a�ectation spéciale"Développement agricole et rural"

Collection : L’Essentiel

Rédaction :Sindy Moreau, Jean Devun et Vincent Manneville (Institut de l’Élevage).Ont participé à la relecture de ce document : Jean-Baptiste Dollé, André Le Gall, Philippe Tresch (Institut de l’Élevage), Caroline Guinot (Interbev),Thomas Turini (CIV) et Jacques Agabriel (INRA).Crédit photos :G.Humbert (CIV), P. Bourgault (CNIEL), Institut de l’ÉlevageConception : Bêta Pictoris - Mise en page : Marie-Thérèse Gomez (nstitut de l’Élevage)Édité par :Institut de l’Élevage - 149, rue de Bercy - 75 595 Paris CEDEX 12 - www.idele.frDépôt légal :4e trimestre 2013 - © Tous droits réservés à l’Institut de l’Élevage1e édition : Octobre 2013 - Réf : 00 13 33 024 / ISBN : 978 -2 - 36343 - 482 - 9

L’élevage allaitant a aujourd’hui pour défi de maintenir, voire de développer, sa production en quantité et en qualité touten étant respectueux de l’environnement.

L’évaluation environnementale conduite sur les exploitations du dispositif des Réseaux d’Élevage ne met pas enévidence de différence notable entre les familles de systèmes de production. Elle montre en revanche une forte variabilitéentre exploitations au sein d’une même famille de systèmes. Ces variations substantielles dépendent d’une part despratiques mises en place et de leur efficacité, et d’autre de part de la structure des exploitations et de leur localisationterritoriale. Cependant la majorité des exploitations ayant une bonne efficience sur le plan de la production présentede bonnes performances sur le plan environnemental.

Dans les situations moins performantes, les principales marges de progrès sont à rechercher au niveau de la gestiondu troupeau (optimisation de la reproduction, réforme des animaux improductifs, bonnes conditions sanitaires), de lamaîtrise des intrants (troupeau et surfaces fourragères), de la valorisation optimale des prairies et du maintien deshaies (stockage de carbone, érosion des sols, peu ou pas lessivage d’azote, contribution à la biodiversité…). Ces différents leviers peuvent contribuer à réduire l’empreinte environnementale tout en améliorant les performancestechniques et économiques.

Conclusion