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II faut faire baisser la cholest6rol6rnie.., rn me quand il n'y a pas hypercholesterolemie Une ~tude am#ricaine d'intervention le rappelle opportun6ment : on ne traite pas correctement les patients qui ont une choiest~rol~mie limite mais qui accumulent d#.j~ des facteurs de risque cardiovasculaire.,, sans ~tre d~]# des cardiaques, au sens clinique du terme. A insi, malgre les preuves biologiques de lipi- demies limites (HDL, LDL, CT) et d'une expo- sition au risque d'ampleur variable (hombre et ampleur des facteurs de risque), 38 % seulement de ces sujets-cibles re?eivent un hypolipemiant - en I'occurrence dans cette etude une statine (89 %) ou un autre medicament (11%). Pour les auteurs de cette etude, il existe donc un ,, trou (gap) : 62 % des sujets ayant ce profil echappent donc & un traitement preventifpar un hypolipemiant, conformement A des recommandations (guide- lines) recentes, celles de la troisieme edition du National Cholesterol Education Program concer- nant I'adulte (NECP ATP III). Une equipe du Centre medical de I'Universite de Rochester (New York) a effectue une analyse sur deux annees du recours aux statines, reunissant des donnees sur 293 589 patients n'ayant pas de symptSmes de maladie coronarienne mais en per- rant les facteurs de risque (au moins deux) : cho- lesterol H DL inferieur & 0,40 g/L, cholesterol total superieur & 2 g/L, &ge superieur A 45 ans pour les hommes, & 55 ans pour les femmes, obesit& C'est ainsi que seulement 38 % des patient(e)s ayant ce prefil recevaient un traitement hypolipemiant, sachant que, actuellement, on prescrit ce traite- ment aux patient(e)s ayant un taux de cholesterol LDL de 1,30 g/L ou plus. Certes, on pourrait s'emouvoirde tels chiffres et de la proportion de patients supposes & risque carac- terise qui echappent au traitement selon les regles du NECP. Mais s'agissant d'une compilation de donnees accessibles aux equipes medicales sur une de ces gigantesques banque de donnees per- mettant aux I~tats-Unis de dominer I'epidemiolo- gie mondiale, il existe neanmoins des lacunes. Ce sent les auteurs qui le disent : il leur manquait des informationsconcemant d'autres facteurs de risque & prendre en compte : antecedents familiaux de maladiecoronaire, tabagisme,tandis que leur selec- tion a elimine les sujets & risque ayant neglige de se traiter et... ceux qui n'avaient pas d'assurance- maladie (sic). De meme, les valeurs biologiques retenues provenaient d'un laboratoire centralis& Enfin, il manquait les valeurs du cholesterol LDL apres traitement. Neanmoins, la conclusion est nette : le resultat de cette etude suggere que, en depit des recom- mandations NECP ATP III actuelles, la plupart des patients qui n'ont pas de maladie coronarienne mais ont plusieurs facteurs de risque et un cho- lesterol LDL eleve ne re?oivent pas de traitement hypolipemiant. J.-M. M. Source : Soma Nag et coll., Am. J. Cardiol. 95 (2005) 862-864. Tuberculose : I'exception franqaise, mais... L a France montre une incidence de la tuberculose parmi les plus basses du monde. Ce bilan pourrait satisfaire les autorit6s de sante publique. En effet, I'incidence actuelle est de 6 000 nouveaux cas annuels, soit une moyenne de 10,5 cas pour 100 000 habitants (chiffre de 2002), et de 700 deces annuels. Mais une moyenne,cela ne reflete pas toutes les realites epidemiologiques du terrain. /~ I'occasion de la Journeemondiale de la tuberculose (24 mars), une donnee essentiellea 6re revel6e (ou rappelee) : I'existence de disparites regionales de cette 6pidemiologie et la persistancede groupes A ,, fort risque >> de tuberculose. Dans les villes, on enregistre une plus forte concentrationde cas. ,&,Paris, I'in- cidence atteint jusqu'& 54,1 cas pour 100 000 (2002),soit cinq fois I'incidence nationale.I 'incidence r6gionaleest elle- memeplus elev6e que la moyenne natio- nale: 27 cas pour 100 000 en lie-de- France, soit la moitie des tuberculoses diagnostiquees. Cela rend urgent une intensification du depistage danset autour des grandes villes,en tenantcompteplus etroitement des groupes & plusfort risque. Ces groupessent 6pidemiologiquement bien connus : • populations en situation pr6caire, tels les SDF, dans lesquellesI'incidenceest de vingt A trente fois superieure & la moyenne natienale ; • migrants en provenance des pays & forte endemietuberculeuse : incidence jusqu'& vingt fois superieure & la moyen- ne nationale ; • sujets co-infectes par le VlH et la tuberculose, association qui constitue actuellement la maladie opportuniste la plus frequente chez les VIH positifs, 5 & 7 % des tuberculeux 6tant aussi s~ropositifs ; • sujets purgeantune peine de prison(1). La situationde Parisest << un paradoxe ,,, compte tenu de la relativement faibie incidence de la tuberculose dans Pen- semble de la France. Ce paradoxe se retrouve dans d'autres m6tropoles, en Europe et aux I~tats-Unis.On peut ainsi evoquer une ,, hyper-end6mie des grandes villes ~. Les raisons de cette situation sent bien identifiees: difficult6A prendre en charge les populationsmigrantes qui n'ont pas toujours acces ou ne sent pas connues des services de sante primal- re, m6me situation pour les SDF mal- gr6 quelques initiatives priv6es,difficulte & maintenirI'observance(consultations, traitement) chez des patients marginaux ayant des probl6mes avec I'alcool ou atteints de troubles psychiatriques... On constate actuellement un manque d'informationdu public, qui tend & clas- ser le tuberculose au rang des mala- dies disparues au meme titre que la dipht6rie ou la rage. C'est & inverser cette tendance, dent p&tit I'observance th6rapeutique, que se consacrentnotam- ment les comites d6partementaux du Comit~ national centre les maladies respiratoires et la tuberculose (CNMRT, Paris) dent le pr6sident, le Pr G6rard Huchon, estimequ'il faut revoirles moda- lit6s actuelles du d6pistage clinique et biologique de la tuberculose. J.-M, M, - - l m Source : Union internationale centre/a tuberculose et les maladies respiratoires (L'Union), CNMRT (~J NDLR- On s#t aussique la d6couverted'un cas de tuberculose chez un enfantamine ~ explorer le milieufamilial dans lequels'est produ~ la conta- mination, voire ~ ~largirce cercle d'enqu~te si ce milieu n'est pas suffisammentinformatif. Revue Fran?aise des Laboratoires, avri12005, N ° 372 13

Il faut faire baisser la cholestérolémie… même quand il n'y a pas hypercholestérolémie

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II faut faire baisser la cholest6rol6rnie.., rn me quand il n'y a pas hypercholesterolemie Une ~tude am#ricaine d'intervention le rappelle opportun6ment : on ne traite pas correctement les patients qui ont une choiest~rol~mie limite mais qui accumulent d#.j~ des facteurs de risque cardiovasculaire.,, sans ~tre d~]# des cardiaques, au sens clinique du terme.

A insi, malgre les preuves biologiques de lipi- demies limites (HDL, LDL, CT) et d'une expo-

sition au risque d'ampleur variable (hombre et ampleur des facteurs de risque), 38 % seulement de ces sujets-cibles re?eivent un hypolipemiant - en I'occurrence dans cette etude une statine (89 %) ou un autre medicament (11%). Pour les auteurs de cette etude, il existe donc un ,, trou (gap) : 62 % des sujets ayant ce profil echappent donc & un traitement preventif par un hypolipemiant, conformement A des recommandations (guide-

lines) recentes, celles de la troisieme edition du National Cholesterol Education Program concer- nant I'adulte (NECP ATP III). Une equipe du Centre medical de I'Universite de Rochester (New York) a effectue une analyse sur deux annees du recours aux statines, reunissant des donnees sur 293 589 patients n'ayant pas de symptSmes de maladie coronarienne mais en per-

rant les facteurs de risque (au moins deux) : cho- lesterol H DL inferieur & 0,40 g/L, cholesterol total superieur & 2 g/L, &ge superieur A 45 ans pour les hommes, & 55 ans pour les femmes, obesit& C'est ainsi que seulement 38 % des patient(e)s ayant ce prefil recevaient un traitement hypolipemiant, sachant que, actuellement, on prescrit ce traite- ment aux patient(e)s ayant un taux de cholesterol LDL de 1,30 g/L ou plus. Certes, on pourrait s'emouvoir de tels chiffres et de la proportion de patients supposes & risque carac- terise qui echappent au traitement selon les regles du NECP. Mais s'agissant d'une compilation de donnees accessibles aux equipes medicales sur une de ces gigantesques banque de donnees per- mettant aux I~tats-Unis de dominer I'epidemiolo- gie mondiale, il existe neanmoins des lacunes. Ce sent les auteurs qui le disent : il leur manquait des informations concemant d'autres facteurs de risque

& prendre en compte : antecedents familiaux de maladie coronaire, tabagisme, tandis que leur selec- tion a elimine les sujets & risque ayant neglige de se traiter et... ceux qui n'avaient pas d'assurance- maladie (sic). De meme, les valeurs biologiques retenues provenaient d'un laboratoire centralis& Enfin, il manquait les valeurs du cholesterol LDL apres traitement. Neanmoins, la conclusion est nette : le resultat de cette etude suggere que, en depit des recom- mandations NECP ATP III actuelles, la plupart des patients qui n'ont pas de maladie coronarienne mais ont plusieurs facteurs de risque et un cho- lesterol LDL eleve ne re?oivent pas de traitement hypolipemiant.

J.-M. M.

Source : Soma Nag et coll., Am. J. Cardiol. 95 (2005) 862-864.

Tuberculose : I'exception franqaise, mais.. . L a France montre une incidence de

la tuberculose parmi les plus basses du monde. Ce bilan pourrait

satisfaire les autorit6s de sante

publique. En effet, I'incidence actuelle est de 6 000 nouveaux cas annuels,

soit une moyenne de 10,5 cas pour

100 000 habitants (chiffre de 2002), et de 700 deces annuels. Mais une

moyenne, cela ne reflete pas toutes les

realites epidemiologiques du terrain.

/~ I'occasion de la Journee mondiale de la tuberculose (24 mars), une donnee

essentielle a 6re revel6e (ou rappelee) :

I'existence de disparites regionales de cette 6pidemiologie et la persistance de

groupes A ,, fort risque >> de tuberculose. Dans les villes, on enregistre une plus forte concentration de cas. ,&, Paris, I'in- cidence atteint jusqu'& 54,1 cas pour

100 000 (2002), soit cinq fois I'incidence

nationale. I 'incidence r6gionale est elle-

meme plus elev6e que la moyenne natio-

nale: 27 cas pour 100 000 en lie-de-

France, soit la moitie des tuberculoses

diagnostiquees. Cela rend urgent une intensification du depistage dans et autour

des grandes villes, en tenant compte plus etroitement des groupes & plus fort risque.

Ces groupes sent 6pidemiologiquement

bien connus :

• populations en situation pr6caire, tels les SDF, dans lesquelles I'incidence est

de vingt A trente fois superieure & la

moyenne natienale ;

• migrants en provenance des pays & forte endemie tuberculeuse : incidence

jusqu'& vingt fois superieure & la moyen-

ne nationale ; • sujets co-infectes par le VlH et la

tuberculose, association qui constitue actuellement la maladie opportuniste

la plus frequente chez les VIH positifs, 5 & 7 % des tuberculeux 6tant aussi

s~ropositifs ;

• sujets purgeant une peine de prison (1).

La situation de Paris est << un paradoxe ,,,

compte tenu de la relativement faibie

incidence de la tuberculose dans Pen-

semble de la France. Ce paradoxe se retrouve dans d'autres m6tropoles, en

Europe et aux I~tats-Unis. On peut ainsi evoquer une ,, hyper-end6mie des grandes

villes ~. Les raisons de cette situation

sent bien identifiees : difficult6 A prendre

en charge les populations migrantes qui

n'ont pas toujours acces ou ne sent pas connues des services de sante primal-

re, m6me situation pour les SDF mal-

gr6 quelques initiatives priv6es, difficulte & maintenir I'observance (consultations,

traitement) chez des patients marginaux

ayant des probl6mes avec I'alcool ou atteints de troubles psychiatriques...

On constate actuellement un manque d'information du public, qui tend & clas-

ser le tuberculose au rang des mala- dies disparues au meme titre que la

dipht6rie ou la rage. C'est & inverser

cette tendance, dent p&tit I'observance

th6rapeutique, que se consacrent notam-

ment les comites d6partementaux du

Comit~ national centre les maladies

respiratoires et la tuberculose (CNMRT, Paris) dent le pr6sident, le Pr G6rard

Huchon, estime qu'il faut revoir les moda-

lit6s actuelles du d6pistage clinique et

biologique de la tuberculose. J.-M, M,

- - l m

Source : Union internationale centre/a tuberculose et les maladies respiratoires (L'Union), CNMRT (~J NDLR- On s#t aussi que la d6couverte d'un cas de tuberculose chez un enfant amine ~ explorer le milieu familial dans lequel s'est produ~ la conta- mination, voire ~ ~largir ce cercle d'enqu~te si ce milieu n'est pas suffisamment informatif.

Revue Fran?aise des Laboratoires, avri12005, N ° 372 13