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pédiatrie | actualités 5 OptionBio | Lundi 7 février 2011 | n° 448 D es fragments d’ADN fœtal ont été retrouvés, “flottant” dans le sang maternel et cela pour- rait bien révolutionner le domaine du diagnostic prénatal. Jusqu’à présent cette découverte n’a été exploitée, avec succès, que pour déterminer le sexe du fœtus ou son groupe san- guin chez des femmes Rhésus néga- tif. Une étude publiée récemment la met en application pour le diagnostic prénatal de la trisomie 21. Via le séquençage multiplex du génome En résumé, la présence d'ADN fœtal dans le sang maternel permet de repérer une augmentation anormale du chromosome 21 en cas de triso- mie du fœtus, puisqu'il y a 3 copies du chromosome 21 au lieu de 2. Les molécules d’ADN fœtal présentes dans le sang maternel ne comptent toutefois que pour 10 à 20 % du total des molécules d’ADN dans le plasma maternel et une variation dans leur quantité était, jusqu’à il y a peu, dif- ficile à mettre en évidence. La mise au point du séquençage du génome a permis de résoudre le problème, en identifiant et en quantifiant des millions de fragments d'ADN en quelques jours. C’est ce séquençage qui a été uti- lisé dans l'étude publiée par le Bri- tish Medical Journal. Elle concerne 753 patientes, toutes à haut risque de trisomie 21. Par la méthode du séquençage multiplex, les fœtus porteurs d'une trisomie 21 ont été dépistés avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 97,9 %, donnant au test une valeur prédictive positive de 96,6 % et une valeur pré- dictive négative de 100 %. Réduire les candidates à l’amniocentèse Actuellement, le diagnostic préna- tal de trisomie 21 se fait dans un premier temps par le dépistage des femmes à risque par un test sérique combiné à l’échographie, méthode qui permet de dépister plus de 90 % des fœtus atteints. Mais, revers de la médaille, ils conduisent à proposer une amniocentèse ou une ponction de trophoblaste à 3 à 5 % des fem- mes, avec un taux non négligeable de faux positifs. Or, ces techniques invasives se traduisent 1 fois sur 100 par une fausse couche. C’est à ces femmes que s’adresserait ce test par séquençage de l'ADN, consti- tuant une étape supplémentaire de sélection des femmes pour qui l’am- niocentèse sera nécessaire. Les auteurs estiment qu’il permet- trait de réduire à 0,1 % le nombre de femmes auxquelles une amniocen- tèse ou une ponction de trophoblaste devraient encore être proposées. | ROSELINE PÉLUCHON © www.jim.fr Le diagnostic anténatal de trisomie 21, bientôt par une simple prise de sang ? Il faut sans doute revoir les normes pour le LCR des nourrissons de moins de 3 mois L’ existence d’une fièvre chez un nourrisson de moins de 3 mois incite souvent à pratiquer une ponction lombaire (PL), notamment pour écarter une méningite bactérienne. Des contro- verses existent cependant sur l’interprétation des résultats. Les normes publiées pour le liquide céphalorachidien (LCR) reposent sur des séries limitées de patients où la recherche des entérovirus par PCR a été rarement faite et l’absence d’infection urinaire pas toujours précisée – l’âge exact des enfants n’étant pas, lui-même, toujours signalé. De surcroît, nombre de PL sont traumatiques avant 3 mois. À partir de PL non traumatiques Des chercheurs de l’Utah ont revu les dossiers des nourrissons de moins de 3 mois hospitalisés entre 1996 et 2002 pour bilan d’une fiè- vre supérieure à 38 °C, une fois sortis de maternité. Sur 1 779 cas, 823 dossiers ont été sélectionnés. Les critères étaient : naissance à terme, culture négative du LCR, du sang et des urines, recherche des entérovirus par PCR négative sur le LCR et éventuellement sur le sang, aucun signe clinique d’herpès afin d’éliminer les anomalies du LCR d’origine non bactérienne. Les ponc- tions lombaires traumatiques ont été définies par la présence de plus de 1 000 globules rouges (GR)/mm 3 ; 743 cas étaient non traumatiques. Enfin, pour éliminer des causes d’er- reurs méconnues comme d’autres infections virales, les résultats du quartile supérieur (au-dessus de Q3+1,5 déviations interquartiles) ont été écartés. Des valeurs chez les nourrissons fébriles sans infection patente, plus basses que les normes Sur les 743 LCR obtenus par des PL non traumatiques, 677 (91 %) contenaient moins de 14,5 leu- cocytes/mm 3 et ont servi de réfé- rence. La moyenne et la médiane des taux de leucocytes étaient de 4,3/mm 3 et 3/mm 3 (de 0 à 12/mm 3 ). Les moyennes et médianes des leucocytes et des protéines étaient significativement plus élevées pendant le premier mois que pen- dant le second et le troisième : respectivement 6,1/mm 3 , 3,1/mm 3 et 3/mm 3 et 0,754 g/L, 0,589 g/L et 0,393 g/L (p<0,001). Les taux de glucose étaient plus bas durant le 1 er mois que pendant le 3 e : 45,3 mg/dL (2,51 mmol/L), 48 mg/dL (2,66 mmol/L) et 57,7 mg/dL (3,2 mmol/L) p<0,001. L’augmentation du taux des globules rouges était corrélée à l’augmenta- tion du taux des globules blancs (p<0,001). Cependant, au-des- sous de 10 000 globules rouges par mm 3 , l’élévation de la moyenne et médiane des leucocytes était faible, respectivement les taux étaient de 6,5/mm 3 et 5/mm 3 (de 0 à 16/mm 3 ). En conclusion, les taux des leuco- cytes du LCR des nourrissons fébri- les, sans infection bactérienne ou à entérovirus patente, sont plus bas que les normes publiées, même en cas de ponction traumatique. | JEAN-JACQUES BAUDON © www.jim.fr Source Byrington CL et al. Normative cerebrospinal fluid pro- files in febrile infants. J Pediatr. 2011 ; 158 : 33-7. Source Chiu RWK et al. Non-invasive prenatal assessment of trisomy 21 by multiplexed maternal plasma DNA sequencing: large scale validity study. BMJ. 2011 ; 342 : c7401. © Fotolia.com/iMAGINE

Il faut sans doute revoir les normes pour le LCR des nourrissons de moins de 3 mois

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5OptionBio | Lundi 7 février 2011 | n° 448

Des fragments d’ADN fœtal ont été retrouvés, “flottant” dans le sang maternel et cela pour-

rait bien révolutionner le domaine du diagnostic prénatal. Jusqu’à présent cette découverte n’a été exploitée, avec succès, que pour déterminer le sexe du fœtus ou son groupe san-guin chez des femmes Rhésus néga-tif. Une étude publiée récemment la met en application pour le diagnostic prénatal de la trisomie 21.

Via le séquençage multiplex du génomeEn résumé, la présence d'ADN fœtal dans le sang maternel permet de repérer une augmentation anormale du chromosome 21 en cas de triso-mie du fœtus, puisqu'il y a 3 copies du chromosome 21 au lieu de 2. Les molécules d’ADN fœtal présentes dans le sang maternel ne comptent toutefois que pour 10 à 20 % du total des molécules d’ADN dans le plasma maternel et une variation dans leur quantité était, jusqu’à il y a peu, dif-ficile à mettre en évidence. La mise au point du séquençage du génome a permis de résoudre le problème, en identifiant et en quantifiant des millions de fragments d'ADN en quelques jours.C’est ce séquençage qui a été uti-lisé dans l'étude publiée par le Bri-tish Medical Journal. Elle concerne 753 patientes, toutes à haut risque de trisomie 21. Par la méthode du séquençage multiplex, les fœtus porteurs d'une trisomie 21 ont été

dépistés avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 97,9 %, donnant au test une valeur prédictive positive de 96,6 % et une valeur pré-dictive négative de 100 %.

Réduire les candidates à l’amniocentèse Actuellement, le diagnostic préna-tal de trisomie 21 se fait dans un premier temps par le dépistage des femmes à risque par un test sérique combiné à l’échographie, méthode qui permet de dépister plus de 90 % des fœtus atteints. Mais, revers de la médaille, ils conduisent à proposer une amniocentèse ou une ponction de trophoblaste à 3 à 5 % des fem-mes, avec un taux non négligeable de faux positifs. Or, ces techniques invasives se traduisent 1 fois sur 100 par une fausse couche. C’est à ces femmes que s’adresserait ce test par séquençage de l'ADN, consti-tuant une étape supplémentaire de sélection des femmes pour qui l’am-niocentèse sera nécessaire.Les auteurs estiment qu’il permet-trait de réduire à 0,1 % le nombre de femmes auxquelles une amniocen-tèse ou une ponction de trophoblaste devraient encore être proposées. |

ROSELINE PÉLUCHON

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Le diagnostic anténatal de trisomie 21, bientôt par une simple prise de sang ?

Il faut sans doute revoir les normes pour le LCR des nourrissons de moins de 3 mois

L’existence d’une fièvre chez un nourrisson de moins de 3 mois incite souvent

à pratiquer une ponction lombaire (PL), notamment pour écarter une méningite bactérienne. Des contro-verses existent cependant sur l’interprétation des résultats. Les normes publiées pour le liquide céphalorachidien (LCR) reposent sur des séries limitées de patients où la recherche des entérovirus par PCR a été rarement faite et l’absence d’infection urinaire pas toujours précisée – l’âge exact des enfants n’étant pas, lui-même, toujours signalé. De surcroît, nombre de PL sont traumatiques avant 3 mois.

À partir de PL non traumatiquesDes chercheurs de l’Utah ont revu les dossiers des nourrissons de moins de 3 mois hospitalisés entre 1996 et 2002 pour bilan d’une fiè-vre supérieure à 38 °C, une fois sortis de maternité. Sur 1 779 cas, 823 dossiers ont été sélectionnés. Les critères étaient : naissance à terme, culture négative du LCR, du sang et des urines, recherche des entérovirus par PCR négative sur le LCR et éventuellement sur le sang, aucun signe clinique d’herpès afin d’éliminer les anomalies du LCR d’origine non bactérienne. Les ponc-tions lombaires traumatiques ont été définies par la présence de plus de 1 000 globules rouges (GR)/mm3 ; 743 cas étaient non traumatiques. Enfin, pour éliminer des causes d’er-reurs méconnues comme d’autres infections virales, les résultats du quartile supérieur (au-dessus de Q3+1,5 déviations interquartiles) ont été écartés.

Des valeurs chez les nourrissons fébriles sans infection patente, plus basses que les normes Sur les 743 LCR obtenus par des PL non traumatiques, 677 (91 %) contenaient moins de 14,5 leu-cocytes/mm3 et ont servi de réfé-rence. La moyenne et la médiane des taux de leucocytes étaient de 4,3/mm3 et 3/mm3 (de 0 à 12/mm3). Les moyennes et médianes des leucocytes et des protéines étaient significativement plus élevées pendant le premier mois que pen-dant le second et le troisième : respectivement 6,1/mm3, 3,1/mm3 et 3/mm3 et 0,754 g/L, 0,589 g/L et 0,393 g/L (p<0,001). Les taux de glucose étaient plus bas durant le 1er mois que pendant le 3e : 45,3 mg/dL (2,51 mmol/L), 48 mg/dL (2,66 mmol/L) et 57,7 mg/dL (3,2 mmol/L) p<0,001. L’augmentation du taux des globules rouges était corrélée à l’augmenta-tion du taux des globules blancs (p<0,001). Cependant, au-des-sous de 10 000 globules rouges par mm3, l’élévation de la moyenne et médiane des leucocytes était faible, respectivement les taux étaient de 6,5/mm3 et 5/mm3 (de 0 à 16/mm3). En conclusion, les taux des leuco-cytes du LCR des nourrissons fébri-les, sans infection bactérienne ou à entérovirus patente, sont plus bas que les normes publiées, même en cas de ponction traumatique. |

JEAN-JACQUES BAUDON

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SourceByrington CL et al. Normative cerebrospinal fluid pro-files in febrile infants. J Pediatr. 2011 ; 158 : 33-7.

SourceChiu RWK et al. Non-invasive prenatal assessment of trisomy 21 by multiplexed maternal plasma DNA sequencing: large scale validity study. BMJ. 2011 ; 342 : c7401.

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