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Le praticien en anesthésie-réanimation, 2005, 9, 2 154 14,3 %) d’accidents vasculaires cérébraux (0,4 vs 0,4 %) ne variaient pas entre respectivement les groupes revasculari- sés et non revascularisé. La revascularisation coronaire avant chirurgie aortique ne modifie donc ni la mortalité à long terme ni la mortalité à court terme non plus que l’incidence d’infarctus du myo- carde et la durée d’hospitalisation. Cette stratégie thérapeutique n’est donc plus de mise d’autant qu’elle retarde la réalisation de l’acte chirurgical sur l’aorte. Une stratégie d’optimisation du traitement médi- camenteux s’impose de plus en plus en substitution de la précédente. À cet égard il faut observer que les relatifs bons chiffres de mortalité observés dans cette étude, quel que soit le groupe, peuvent être mis en parallèle avec le fait que 80 % des antiagrégants, 50 à 60 % des inhibiteurs de l’enzyme de conversion et 60 à 70 % des statines. Ces der- nières, ainsi que les bêtabloquants ont un effet préventif sur la survenue d’infarctus post-opératoire et sur la mortalité, démontré dans plusieurs études. Sachant que les anesthésis- tes sont réticents à l’utilisation per opératoire des bêtablo- quants, c’est dans cette direction que doivent maintenant porter les efforts pour améliorer la morbidité et la mortalité après chirurgie aortique. Francis BONNET Hôpital Tenon, Paris. Il vaut mieux prendre les transports en commun en sortant de garde ! Extended work shifts and the risked motor vehicle crashes among interns. Barger LF, Cade BE, Agas NT, Cronin JW, Rosner B, Speizer FE, Czeisler CA for the Harvard work hours, Health and Safety group. N Engl J Med 2005;352:125-34. Le repos de sécurité est appliqué en France depuis quelques années. Son objectif est de faire en sorte que les médecins ayant passé plusieurs heures à l’hôpital durant la nuit et de ce fait, privés de sommeil ne soient pas en charge du soin des patients. Cette mesure est particulièrement importante en ce qui concerne le travail posté car il est bien démontré que la pri- vation de sommeil augmente le nombre d’erreurs médicales qu’il s’agisse d’erreurs diagnostiques, d’erreurs de procédu- res ou d’erreurs de traitement. Les médecins de garde sont donc amenés à rentrer chez eux à l’issue de leur travail de nuit. Une étude nord-américaine qui a porté sur 2 737 rési- dents en première année d’internat (et en première ligne dans l’administration des soins durant la garde dans le sys- tème nord-américain) encouraient un risque augmenté d’accident de la route lorsqu’ils utilisaient leur véhicule à l’issue d’une garde. Le risque était 2,3 fois plus élevé pour les accidents et 5,9 fois pour les situations critiques, essentielle- ment accidentogènes. Chaque heure supplémentaire de garde augmentait ainsi de 9,1 % le risque d’accident et de 16,2 % le risque de situation critique pré-accidentelle. Sur la période concernée (soit 17 003 mois d’exposition au risque pour 2 737 internes) 320 accidents sont survenus dont 133 avec des conséquences certaines (médicales ou matérielles). Ceci est à rapporter au fait que dans 85 % des cas les internes dormaient moins de 4 heures durant leurs gardes. Quand on sait que les internes en manque de sommeil présentent des signes électro-oculographiques de défaut d’attention témoi- gnant d’une fatigue profonde, ce résultat n’est pas surprenant. Les auteurs commentent le fait que si les internes vivaient autrefois à l’hôpital où ils faisaient de nombreuses heures, mais où également ils pouvaient se reposer, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ce changement de situation les expose à nouveau à un risque. Une recommandation simple consiste donc à encourager l’utilisation des transports en commun ou le repos sur place au décours d’une garde sans période de repos. Francis BONNET Hôpital Tenon, Paris. Peut-on réduire la mortalité après fracture du col du fémur ? Mortality analysis in hip fracture patients: impli- cations for design of future outcome trials. Foss NB, Kehlet H. Brit J Anaesth 2005;94:24-9. Le nombre de patients opérés après fracture du col du fémur ne fait qu’augmenter du fait du vieillissement de la population. Plus de 30 % de ces patients ont aujourd’hui plus de 85 ans ! En Europe, la mortalité après fracture du col est supérieure à 10 % et la mortalité à 1 an est de l’ordre de 225 %. De nombreuses études cliniques ont cherché à apprécier l’impact de telle ou telle technique d’anesthésie sur la mortalité après fracture du col et de ce point de vue, les résultats sont aujourd’hui assez décevants, ne permettant pas de privilégier une technique d’anesthésie plutôt qu’une autre. D’autres facteurs interviennent plus vraisemblable- ment comme le délai avant intervention. Après la chirurgie, tout doit être entrepris pour permettre aux patients de retrouver une autonomie la plus complète possible, le plus rapidement possible. Comme pour la chirurgie viscérale, la récupération fonctionnelle rapide passe par la mise en œuvre de programmes de soins postopératoires incluant, mobilisation rapide, absence de drainage et de cathétérisme (vésical), lutte contre la douleur, nutrition orale etc. toute- fois l’impact de ces mesures est mal évalué même si au cours

Il vaut mieux prendre les transports en commun en sortant de garde !

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Le praticien en anesthésie-réanimation, 2005, 9, 215414,3 %) d’accidents vasculaires cérébraux (0,4 vs 0,4 %) nevariaient pas entre respectivement les groupes revasculari-sés et non revascularisé.La revascularisation coronaire avant chirurgie aortique nemodifie donc ni la mortalité à long terme ni la mortalité àcourt terme non plus que l’incidence d’infarctus du myo-carde et la durée d’hospitalisation.Cette stratégie thérapeutique n’est donc plus de mised’autant qu’elle retarde la réalisation de l’acte chirurgicalsur l’aorte. Une stratégie d’optimisation du traitement médi-camenteux s’impose de plus en plus en substitution de laprécédente. À cet égard il faut observer que les relatifs bonschiffres de mortalité observés dans cette étude, quel quesoit le groupe, peuvent être mis en parallèle avec le fait que80 % des antiagrégants, 50 à 60 % des inhibiteurs del’enzyme de conversion et 60 à 70 % des statines. Ces der-nières, ainsi que les bêtabloquants ont un effet préventif surla survenue d’infarctus post-opératoire et sur la mortalité,démontré dans plusieurs études. Sachant que les anesthésis-tes sont réticents à l’utilisation per opératoire des bêtablo-quants, c’est dans cette direction que doivent maintenantporter les efforts pour améliorer la morbidité et la mortalitéaprès chirurgie aortique.

Francis BONNET

Hôpital Tenon, Paris.

Il vaut mieux prendre les transports encommun en sortant de garde !

Extended work shifts and the risked motor vehicle

crashes among interns. Barger LF, Cade BE, Agas

NT, Cronin JW, Rosner B, Speizer FE, Czeisler

CA for the Harvard work hours, Health and

Safety group. N Engl J Med 2005;352:125-34.

Le repos de sécurité est appliqué en Francedepuis quelques années. Son objectif est de

faire en sorte que les médecins ayant passé plusieurs heuresà l’hôpital durant la nuit et de ce fait, privés de sommeil nesoient pas en charge du soin des patients.Cette mesure est particulièrement importante en ce quiconcerne le travail posté car il est bien démontré que la pri-vation de sommeil augmente le nombre d’erreurs médicalesqu’il s’agisse d’erreurs diagnostiques, d’erreurs de procédu-res ou d’erreurs de traitement. Les médecins de garde sontdonc amenés à rentrer chez eux à l’issue de leur travail denuit. Une étude nord-américaine qui a porté sur 2 737 rési-dents en première année d’internat (et en première lignedans l’administration des soins durant la garde dans le sys-tème nord-américain) encouraient un risque augmentéd’accident de la route lorsqu’ils utilisaient leur véhicule à

l’issue d’une garde. Le risque était 2,3 fois plus élevé pour lesaccidents et 5,9 fois pour les situations critiques, essentielle-ment accidentogènes. Chaque heure supplémentaire degarde augmentait ainsi de 9,1 % le risque d’accident et de16,2 % le risque de situation critique pré-accidentelle. Sur lapériode concernée (soit 17 003 mois d’exposition au risquepour 2 737 internes) 320 accidents sont survenus dont 133avec des conséquences certaines (médicales ou matérielles).Ceci est à rapporter au fait que dans 85 % des cas les internesdormaient moins de 4 heures durant leurs gardes. Quand onsait que les internes en manque de sommeil présentent dessignes électro-oculographiques de défaut d’attention témoi-gnant d’une fatigue profonde, ce résultat n’est pas surprenant.Les auteurs commentent le fait que si les internes vivaientautrefois à l’hôpital où ils faisaient de nombreuses heures,mais où également ils pouvaient se reposer, ce n’est plus lecas aujourd’hui. Ce changement de situation les expose ànouveau à un risque.Une recommandation simple consiste donc à encouragerl’utilisation des transports en commun ou le repos sur placeau décours d’une garde sans période de repos.

Francis BONNET

Hôpital Tenon, Paris.

Peut-on réduire la mortalité après fracture ducol du fémur ?

Mortality analysis in hip fracture patients: impli-

cations for design of future outcome trials. Foss

NB, Kehlet H. Brit J Anaesth 2005;94:24-9.

Le nombre de patients opérés après fracturedu col du fémur ne fait qu’augmenter du faitdu vieillissement de la population. Plus de30 % de ces patients ont aujourd’hui plus

de 85 ans ! En Europe, la mortalité après fracture du col estsupérieure à 10 % et la mortalité à 1 an est de l’ordre de225 %. De nombreuses études cliniques ont cherché àapprécier l’impact de telle ou telle technique d’anesthésiesur la mortalité après fracture du col et de ce point de vue,les résultats sont aujourd’hui assez décevants, ne permettantpas de privilégier une technique d’anesthésie plutôt qu’uneautre. D’autres facteurs interviennent plus vraisemblable-ment comme le délai avant intervention. Après la chirurgie,tout doit être entrepris pour permettre aux patients deretrouver une autonomie la plus complète possible, le plusrapidement possible. Comme pour la chirurgie viscérale, larécupération fonctionnelle rapide passe par la mise enœuvre de programmes de soins postopératoires incluant,mobilisation rapide, absence de drainage et de cathétérisme(vésical), lutte contre la douleur, nutrition orale etc. toute-fois l’impact de ces mesures est mal évalué même si au cours