Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

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    Actes des congrès de la Sociétédes historiens médiévistes de

    l'enseignement supérieur public

    Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans lestextes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)Monsieur François de La Bretèque

    Citer ce document Cite this document :

    La Bretèque François de. Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-

    XIVe siècles). In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 15 ᵉ congrès,

    Toulouse, 1984. Le monde animal et ses représentations au moyen-âge (XIe - XVe siècles) pp. 143-154.

    doi : 10.3406/shmes.1984.1443

    http://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1985_act_15_1_1443

    Document généré le 29/09/2015

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    François

    de

    la Breteque

    IMAGE D UN ANIMAL : LE LION.

    SA DÉFINITION

    ET

    SES «LIM ITES»,

    DANS

    LES TEXTES ET L ICONOGRAPHIE

    (XP-XIVe

    siècle)

    Argument

    1- L animal

    est

    reconnu

    (rendu

    reconnaissable) à un certain nombre de

    signes physiques, qui

    constituent

    un corpus fixe de motifs

    transmissibles.

    2.

    Le lion

    a

    des «limites» indécises,

    à

    deux

    sens du

    terme :

    -

    Les

    limites

    de son corps

    :

    par

    ses

    excroissances,

    il

    déborde de son

    propre

    corps

    pour

    se

    fondre

    dans un continuum biologique et cosmique.

    - Les

    limites

    de son espèce

    :

    il déborde

    sur

    les animaux voisins, voire

    se

    confond avec eux (dans les textes et l iconographie).

    3-

    Cette indécision de la figure de l animal

    évolue

    sur

    un

    axe diachronique

    :

    -

    Dans

    un premier temps, son corps est

    malléable et

    mal

    cerné; ses

    limites

    sont

    imprécises; (âge

    roman. Bestiaire

    de

    Philippe

    de Thaon).

    - Ensuite

    on le cerne

    mieux; son corps

    est délimité et

    son

    espèce

    «découpée»

    dans le continuum zoologique, (premier

    âge

    gothique;

    Chrétien de Troyes).

    -

    Au-delà

    (chronologiquement ou

    synchroniquement),

    on

    est

    capable

    de

    décomposer son corps, de l atomiser, de jouer

    avec

    (deuxième

    âge

    gothique; Guillaume

    de Machaut).

    IDENTIFICATIONDE L ANIMAL

    Comment reconnaît-on

    un animal, que

    ce soit dans

    un texte

    ou

    sur une

    représentation

    figurée?

    Cette

    reconnaissance

    met enjeu un nombre limité de signes, de repères.

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    144 François DE LA BRETEQUE

    Ce sont des collections de prétendues

    observations,

    des «on dit», qui

    constituent ces

    signes de reconnaissance. Et plus tard,

    quand l animal

    se

    singularisera dans

    les récits, et qu il ne s agira plus du lion mais

    d un

    lion,

    ces catégories,

    bien intégrées dans les

    mentalités,

    continueront

    à

    fonctionner

    souterrainement.

    La «décomposition» du corps comme motif littéraire

    M.L. Ténèze fait observer

    que

    les structures

    énumératives

    sont

    fréqu nt s dans

    les contes

    d animaux

    (1).

    Par exemple, on

    rencontre assez souvent

    au début du conte

    l énuméra-

    tion des parties du corps de l animal.

    La structure

    de

    décomposition est en

    effet ce qui

    forme

    l ouverture de

    l article «lion» du Bestiaire de Philippe de Thaon (v. 31-40) : c est pour

    nous

    un

    indice

    de plus de

    la

    proximité

    des

    Bestiaires

    et

    des

    «récits

    réalistes»

    de la

    tradition

    orale.

    Ce

    n est que superficiellement

    que cette

    enumeration

    fait

    penser à

    un

    début

    de texte d histoire

    naturelle.

    En

    fait, c est moins une description

    de

    l animal qu un

    catalogue

    de motifs, immédiatement dirigés vers une

    interprétation allégorique. Toutefois,

    ce

    n est

    pas cette allégorisation

    systématique qui nous paraît détenir la clé de cette

    structure

    de décomposition,

    comme le

    pensait par

    exemple

    Emile Mâle

    (2).

    Elle

    appartient,

    me semble-

    t-il,

    à une couche

    plus profonde des

    mentalités collectives.

    On

    retrouvera

    plus

    tard

    dans

    le

    Moyen Age

    cette

    décomposition

    initiale

    du corps de l animal. Dans

    la

    Légende Dorée, en

    ouverture

    de

    la vie

    de

    Saint Léonard,

    elle

    prend

    une

    forme nouvelle :

    le

    nom du saint étant

    rapporté par étymologie

    à

    celui du lion, les quatre qualités principales de

    l'animal, correspondant à quatre traits physiques, sont

    appliquées

    -

    par

    translation

    -

    au personnage humain.

    Le lexique employé pour désigner

    ces

    parties du corps est assez imprécis

    et, surtout, n est pas spécifique

    :

    l anthropomorphisme y est patent.

    La terminologie, ainsi que

    la plus

    grande partie des traits

    décrits,

    proviennent

    d Isidore

    de

    Seville

    :

    «caput»,

    «frons»,

    «pectus»,

    «cauda».

    Ils

    font

    partie

    de

    ces

    éléments

    rajoutés

    vers le

    XIIe siècle à

    la vieille matière

    du

    Phy-

    siologus. Mais certains détails sont indépendants de

    cette

    tradition,

    notamment chez Philippe de Thaon.

    1

    . M.L. Teneze, Le Conte

    populaire

    français

    : contes

    d animaux,

    Paris

    Erasme, 1976.

    2. Emile Maie, UArt Religieux

    du XII s.

    en France,

    Paris,

    A.

    Colin, 1898, rééd.

    1958

    :

    voir p.

    80, notamment, à propos de la colombe.

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    Image

    d un animal :

    le lion

    145

    Les éléments

    de

    reconnaissance physique du

    lion

    On

    a vu ci-dessus

    la

    liste

    des parties du corps du lion, telle qu elle

    apparaît dans les Bestiaires. Cette

    liste

    est

    à

    peu

    près

    exhaustive et constitue un

    «portrait»

    de

    l animal, qui

    se

    retrouve

    dans

    des

    textes

    d autres

    traditions,

    et

    qu on peut

    appliquer

    également

    aux

    représentations

    plastiques.

    Chacune

    de

    ces

    parties reçoit, dans le Bestiaire, une caractérisation,

    que

    la

    tradition

    a fixée

    assez

    tôt

    et

    que

    l on répète de

    texte

    en

    texte

    :

    -

    La

    tête

    : considérée

    comme

    le

    lieu de la férocité de

    l animal,

    déjà

    chez

    Pline, qui déclare

    que

    cette férocité

    disparaît

    si l on couvre

    la

    tête du lion,

    elle

    est

    le siège des fonctions nobles :

    «frons

    eorum animos indicat» (Isidore

    de Seville); «firmitas in

    capite»;

    le front «demostre lor corages», «la

    fermeté (est) el

    cief» (Pierre de Beauvais).

    On

    ne

    trouvera

    pas,

    chez

    nos

    auteurs,

    la

    moindre description

    pittoresque

    de

    la

    tête et de

    la gueule

    du lion. Dans le meilleur des cas, un caractérisant

    suffit : «ils ont

    le

    vis herdu» déclare Philippe de Thaon (3) : ce terme est mal

    expliqué (le TL

    ne donne

    pas de traduction; Godefroy

    rend

    par

    «ardu»,

    Greimas par «escarpé, rude», ce

    qui,

    avouons-le, n est pas bien satisfaisant,

    s agissant

    d un visage).

    -

    Le cou.

    Il est

    épais

    et

    porte une crinière : «(il a) gros

    le

    col et kernu»

    (Philippe de Thaon, v. 52).

    Cet

    attribut est le

    signe

    distinctif

    principal du lion; celui en tout cas qui a

    le

    plus

    frappé

    les

    imaginations.

    Pourtant, les textes en

    font

    assez peu

    mention. Est-ce faute d un

    vocabulaire adéquat? Je ne le

    pense

    pas

    (le

    mot

    «crinie»,

    «crinete», existe; «crins»

    est

    employé dans le

    Roman de

    Renaît pour

    désigner

    les «cheveux» du lion,

    par

    exemple lorsqu il

    se les arrache

    en

    signe de

    désespoir).

    Il faut peut-être

    supposer

    que ce détail était suffisamment

    connu pour qu il

    soit

    pour ainsi

    dire

    inutile de l expliciter.

    Car,

    à

    l inverse, la crinière fonctionne, dans les représentations

    plastiques,

    comme

    le

    signe de

    reconnaissance principal

    de

    l animal. Tout

    quadrupède

    chargé

    d une

    crinière,

    si

    bizarre

    que

    soit

    son anatomie,

    peut

    être

    supposé appartenir

    à

    l espèce lion.

    D autre

    part, on a, bien vaguement, la

    notion

    que le

    port

    de la crinière

    permet de distinguer

    le mâle

    de la femelle; mais les Bestiaires ne formulent

    pas cette précision, et

    elle n est

    pas toujours claire dans les

    figurations

    plastiques,

    comme l a fait

    remarquer Debidour sur l exemple d Andlau. Si

    bien

    3.

    Le Bestiaire de Philippe de

    Thaon, éd.

    par

    E. Walberg, Paris-Lund,

    1900.

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    François DE LA BRETEQUE

    que

    la lionne, souvent,

    porte

    aussi crinière (à

    Saint Gilles,

    par

    exemple) et il

    n est pas toujours facile de l identifier en

    tant

    que telle.

    - La

    poitrine

    est

    opposée

    au train arrière : ce dernier est faible et

    grêle,

    alors

    que l avant

    est

    fort

    et

    puissant.

    Le corps

    est

    séparé

    en

    deux moitiés

    antithétiques.

    «Quaré

    le piz

    devant

    / Hardi e

    cumbatant;

    / Graille

    at letrait deriere...»

    (Philippe

    de

    Thaon

    32-35); «(il) porte toute sa

    force el

    piz»

    (Guillaume,

    231); Isidore de Seville

    disait

    déjà

    «virtus

    eorum in pectore».

    Cette

    opposition remplace celle de la

    tête, siège de l esprit («animos», «firmitas») et

    de

    la poitrine, siège de l énergie («virtus» ), chez

    ce

    même

    Isidore

    : il y a là un

    déplacement intéressant...

    Cette façon de

    scinder le

    corps en deux, (que l on

    retrouve à

    propos

    d autres animaux

    du

    Bestiaire,

    le

    loup

    par

    exemple chez

    Pierre

    le

    Picard),

    nous en apprend à coup sûr beaucoup sur l idée que

    l homme

    médiéval se

    faisait de son propre corps. La faiblesse, la vulnérabilité, se

    situent

    «derrière» (dans le dos, ou en bas...). Certaines fables, certains épisodes de

    la matière

    renardienne,

    témoignent éloquemment de cette angoisse.

    Par

    ailleurs, ce

    schéma

    corporel offrait

    l avantage d être très

    simple

    à

    réaliser plastiquement

    :

    il est

    quasi-géométrique. C est

    une épure

    de

    lion

    que l on

    voit, par

    exemple, dans

    les

    motifs

    de

    certaines

    tapisseries ou

    pavements, et

    qui triomphera,

    en somme, avec l héraldique.

    (Non que

    les artistes se

    soient

    inspirés directement

    des

    textes;

    c est

    plutôt de coïncidences,

    ou

    d accord général, qu il s agit).

    - Les pattes et les griffes. Pour parler de ces parties

    du

    corps les auteurs

    ne

    disposent que d un

    vocabulaire assez approximatif,

    comme

    il

    a

    été

    vu, (il

    en est de

    même pour

    Chrétien de Troyes (4) et Guillaume de Machaut (9).

    Ce

    vocabulaire

    est

    marqué, en tout

    cas,

    d un fort

    antrhopomorphisme,

    que

    confirme l application à

    la patte

    du

    lion

    du semantisme

    habituel

    du

    bras

    (signe

    de

    force,

    de pouvoir, de valeur).

    La

    «jambe»

    est

    qualifiée

    chez Philippe de Thaon de «plate» ce qui paraît

    signifier «maigre

    ou

    nerveuse»,

    lorsqu on

    parle

    d un

    cheval (Roman de

    Thèbes,

    2808);

    Philippe

    de

    Thaon ajoute

    «juste les

    piez

    aates»,

    expression

    qui

    pose quelque problème

    de traduction («agile»?) Quant au

    pied,

    il est

    «culpé», adjectif

    que

    l on

    traduit généralement

    par «en

    forme

    de

    coupe»

    (Greimas);

    quant

    à moi, j y soupçonne un

    jeu

    de mots sur «culpa» :

    ce pied

    du

    lion est censé

    en

    effet représenter le

    poing

    de

    Dieu,

    qui y tiendra

    le

    monde «sous sa

    coupe».

    Ce détail explique que, parfois, les lions des miniatures ou des sculptu-

    4.

    Chrétien

    de Troyes,

    Yvain,

    ou le chevalier au

    lion,

    éd. Mario

    Roques,

    Champion, 1971.

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    N

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    8/15

    Image d un animal :

    le

    lion 147

    res paraissent ne

    pas

    tenir debout, leur pied

    recourbé à

    l intérieur.

    Les

    ongles

    sont

    «luns

    et curves»

    (Philippe de Thaon). Les naturalistes

    antiques avaient glosé

    sur ces

    griffes

    (Hérodote,

    Plutarque,

    Pline).

    Il n en

    reste

    que

    l idée

    de

    leur

    puissance, puissance

    qu exprimera

    leur hypertrophie

    dans les représentations.

    -

    La queue, enfin : elle figure

    dans

    tous les Bestiaires, et c est sa longueur

    extraordinaire

    qui

    est l élément

    constant,

    «keue at de grant

    manière» (Philippe

    de

    Thaon).

    Les éléments comportementaux

    A

    ces

    caractéristiques physiques, il faut ajouter la

    liste

    des traits

    comportementaux, que les Bestiaires désignent

    par

    le terme de

    «nature», et

    qui

    complètent

    le

    système de

    reconnaissance

    de

    l animal.

    Ce

    n est

    pas

    le

    lieu ici d entrer dans

    le

    détail de ce catalogue (ce

    que je

    me propose de

    faire

    ailleurs). Nous nous contenterons de les

    énumérer,

    en

    signalant

    que

    le

    lion

    est un des seuls animaux

    à

    avoir droit

    à

    plus d une de

    ces «natures».

    La

    liste

    des

    «natures» change

    d un texte à l autre et d un corpus à

    l autre, mais

    dans des

    limites

    étroites. En fait, elle est composée d un

    noyau

    dur

    (trois «natures»

    que je

    qualifierai

    de

    «canoniques»)

    et d éléments

    adventices eux aussi

    transmis par

    la tradition.

    Les

    «natures»

    canoniques :

    1)

    Le lion

    efface ses

    traces

    avec sa queue

    quand il est

    chassé.

    Motif inconnu de

    l Antiquité

    classique,

    qui

    semble

    appartenir

    à

    la

    tradition propre du Physiologus.

    On observera

    qu on y retrouve,

    valorisée,

    la

    queue, instrument de

    l intelligence

    et de la

    sagacité du lion (point

    de départ

    des développements

    allégoriques). Cette «nature» étant toujours

    placée

    en première position dans

    les textes, c est donc par la

    queue

    qu on

    commence...

    2)

    Le

    lion

    dort

    les yeux

    ouverts.

    Ce motif de la

    vigilance

    fut très

    tôt glosé à

    partir de

    deux

    versets

    bibliques pour

    devenir une des plus constantes représentations du Christ.

    Mais

    on en

    retrouve

    des

    traces,

    sous forme

    de croyance (atténuée),

    dans des

    textes

    non-édifiants (romanesques

    par

    exemple).

    3) Les lionceaux naissent

    morts-nés.

    Trois jours après

    leur

    venue

    au monde,

    leur

    père les ressuscite

    par

    son

    souffle,

    ou

    par

    son rugissement.

    Selon

    toute

    vraisemblance, c est

    le

    Physiologus

    qui

    a inventé

    ce motif

    :

  • 8/17/2019 Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

    9/15

  • 8/17/2019 Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

    10/15

    Image

    d un animal : le lion 149

    dans

    les figurations

    plastiques,

    la taille de

    notre animal

    est très

    variable, si

    Ton

    s en réfère à

    ce

    qui l entoure (quoique, dans le système

    non-

    perspectiviste du Moyen Age,

    cette indication

    ait

    peu

    de valeur). Par

    exemple, dans les miniatures illustrant tel manuscrit d Yvain-le chevalier au lion

    (B.N.

    ms.

    fr.

    1433), l animal

    est très

    petit,

    de

    la

    taille

    d un

    lapin.

    La

    morphologie générale

    du

    lion est

    particulièrement

    instable. Il arrive

    que son corps s allonge, (pilier de Souillac,

    tympan

    de Ganagobie),

    devienne

    quasi-reptilien,

    ou s arcboute au mépris de

    toute vraisemblance

    ana-

    tomique (chapiteaux des cloîtres d Elne et de Serrabonne). Son corps se

    déforme pour s adapter au cadre,

    comme

    l avait noté

    Focillon;

    il

    est

    malléable, comme

    peut

    l être

    un corps dans un rêve ou dans un dessin animé. . .

    Les

    extrémités

    du corps, énumérées

    ci-dessus,

    deviennent des

    excroissances par lesquelles

    l animal

    déborde de son

    propre

    corps,

    pour

    se fondre

    dans un continuum biologique et

    cosmique.

    La crinière : souvent

    hypertrophiée,

    elle se prêtait à des interprétations

    esthétiques

    d un

    bel effet : toison en

    vagues ou

    en écailles, couvrant

    le

    poitrail presque jusqu aux pattes (Evangéliaire d Echternach), descendant

    même

    jusqu à

    l arrière-train (piédroits de Souillac); chevelure rayonnant en

    soleil (sur tel marteau de porte (5); ou sorte de manchon

    à

    boucles très

    rai-

    des, emprisonnant un cou

    démesuré (porche de

    Guillestre).

    Les

    textes,

    eux,

    ont été

    sensibles à l aspect anthropomorphe

    de

    cet

    élément pileux; (Roman

    de Renaît); et

    il faudrait

    évoquer

    ici les implications symboliques possibles

    (puissance,

    aspect

    «solaire»,

    héroïque)

    de

    cet

    attribut.

    Par

    lui

    en

    effet,

    le

    lion

    (animal)

    rejoint directement

    sa

    dimension

    cosmique (le

    lion, signe

    du

    zodiaque).

    La

    queue c est

    l autre

    élément

    anatomique

    hypertrophié,

    à l autre

    exp-

    trémité du

    corps.

    Elle

    permet

    le prolongement ornemental

    du

    corps de l animal, qui se

    soude

    ainsi aux entrelacs; aux arabesques de l ensemble plastique. Baltru-

    saitis

    y voit la

    marque de

    l orientalisme,

    le

    goût

    de 1 «abstraction

    tourmentée», caractéristique de l âge roman surtout, qui

    mélange

    les êtres

    et

    les règnes

    :

    par

    la

    queue,

    transformée en

    lance,

    rinceau,

    cœur, palmette,

    l animal

    se

    relie

    au végétal, devient liane, feuille, ronce

    :

    Debidour

    a

    écrit

    là-dessus de belles

    pages

    (6),

    avant

    la

    saisissante évocation

    d Umberto Eco

    dans le Nom de la

    Rose

    (7).

    Elle

    est

    la marque la plus évidente de la non-

    finitude de

    l animal.

    Comme

    motif

    narratif,

    la

    queue

    joue précisément un rôle essentiel dans

    5. Reproduit dans R. Delort, Le Moyen Age, histoire

    illustrée

    de la

    vie

    quotidienne,

    Edita,

    1972.

    6. V.H. Debidour, Le Bestiaire

    sculpté

    au Moyen Age en France, Arthaud, Paris, 1961 p. 85.

    7.

    Umberto

    Eco, L

  • 8/17/2019 Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

    11/15

    1 50

    François

    DE LA BRETEQUE

    les textes :

    Noble,

    endormi,

    est attaché par

    la queue, pendant le siège de

    Maupertuis (R.R. Martin, Br.

    la,

    V. 1776-82); Yvain délivre le lion du

    serpent

    qui lui mordait la queue, en tranchant un

    petit

    bout de celle-ci {Le

    Chevalier

    au lion, v.

    3345

    suiv.).

    Il

    me semble qu il a échappé aux observateurs que, dans

    ces

    deux cas,

    la

    queue

    est

    l appendice

    par

    lequel

    le corps de

    l animal

    est

    en

    communication,

    en symbiose, avec le monde qui l entoure : de même que, dans telle

    sculpture, la queue se développe en

    liane

    torsadée et fleuronnée qui semble

    retenir

    l animal

    prisonnier (cathédrale de Bayeux :

    Debidour,

    p. 84).

    On peut signaler un autre élément hypertrophié, dans les figurations : la

    langue (dont les textes

    ne

    disent

    rien),

    qui, surtout

    dans

    le

    blason, sort de la

    gueule en

    arborescences

    monstrueuses.

    Le

    corps

    du lion

    «déborde»

    ainsi

    de

    lui-même

    des

    deux

    côtés.

    Ces

    organes deviennent des outils dégagés des fonctions physiques

    immédiates

    : d où

    leur disponibilité

    pour

    les interprétations

    allégoriques

    (sur

    lesquelles nous

    passerons

    ici).

    Pour être

    complet, enfin, il faudrait ajouter

    à

    ces éléments hypertrophiés

    les

    griffes,

    souvent

    exagérées (qu on

    pense

    à l héraldique).

    Une

    symétrie est

    à relever

    :

    comme

    Yvain tranchant un morceau de la

    queue du lion, certains

    chevaliers

    ont

    à

    trancher une des pattes de

    l animal

    :

    ainsi, Gauvain,

    dans

    Perceval (éd. Roach,

    7859-72).

    Nous reviendrons

    plus

    loin

    sur

    cette

    ressemblance

    troublante.

    Les limites de l espèce

    Le Physiologus, les Bestiaires, les livres

    d Etymologies,

    les grandes

    encyclopédies et Sommes ou Miroirs, qui se présentent comme des

    catalogues, n opèrent pas, malgré les apparences, un

    découpage du

    réel, au sens

    linnéen du terme. D ailleurs, ce sont les mots, plus que les choses,

    que

    l on

    classe.

    Chaque animal a donc,

    dans la

    «zoologie» médiévale, des limites floues : il

    est

    susceptible

    de

    se

    confondre

    avec

    des

    animaux voisins.

    Incertitudes

    On pourrait énumérer bien des cas où

    le

    spectateur

    moderne

    se trouve

    embarrassé pour

    identifier tel animal, dans les images médiévales (cf.

    tapisserie

    Bayeux, par

    exemple).

    Parfois, seul

    le

    texte

    permet

    cette identification, dans

    le

    cas de

    miniatures

    accompagnant

    un texte (8);

    ou encore,

    c est la place de

    l animal

    dans un

    motif traditionnel qui permet de le nommer (Tetramorphe,

    par

    exemple).

  • 8/17/2019 Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

    12/15

    Image d un animal : le lion 151

    L historien reconnaît volontiers cette difficulté (Debidour, p. 26),

    dont on

    peut

    se demander si elle était sensible aussi à

    l observateur

    de l époque. .

    Confusions thématiques dans les

    textes

    Malgré

    le

    caractère

    fixiste

    de

    la

    transmission des

    motifs,

    les

    Bestiaires

    opèrent

    sur

    les franges des chapitres consacrés aux animaux, certains glissements.

    Le

    lion

    peut se voir attribuer un trait

    qui

    appartient

    ailleurs

    :

    -

    à

    la belette (Pierre de

    Beauvais) :

    la lionne

    enfante par

    la bouche

    ses petits

    morts;

    -

    à

    l ours : (Richard de Fournival) :

    elle

    façonne son petit,

    informe, avec

    sa langue;

    -

    à la panthère :

    ces

    deux animaux se succèdent

    immédiatement, dans

    certains

    Bestiaires; comme elle, le lion répand une odeur (agréable dans un cas,

    nauséabonde dans l autre) par la bouche;

    comme à elle,

    on lui attribue le

    combat

    contre

    le

    dragon (dans deux

    traditions

    textuelles

    différentes,

    il

    est

    vrai).

    - au

    tigre

    : celui-ci est censé se laisser prendre sans résistance si on laisse un

    miroir sur

    son chemin (le fauve

    est

    fasciné par

    sa propre

    image)

    :

    or, ce

    trait

    est,

    une

    fois, imputé

    au

    lion.

    Le

    léopard,

    animal

    voisin

    par son nom, est parfois présenté

    comme

    un

    bâtard du

    lion (Brunetto Latin). Attestée tardivement,

    cette fable

    remonte en fait

    à

    Pline

    et rappelle

    que le thème de l adultère de la lionne

    a

    traversé tout le Moyen

    Age... La bâtardise

    n est-elle

    pas le cas typique d outrepassement des limites

    des espèces?

    Hésitations ou imprécisions

    Les variantes

    manuscrites des textes

    attestent

    d un autre phénomène

    sémantique :

    la

    possibilité de permutation des noms de certains animaux.

    Dans

    des formules du

    type

    : «Urs et

    lions

    et

    cers

    et deims»,

    «lou

    et

    lyon,

    leopart

    et

    ors»,..., le lion peut être

    remplacé,

    selon

    les besoins

    de la métrique,

    par

    n importe quel animal au nom dissyllabique. Exemple :

    chez

    Villon :

    «Ser-

    pens,

    laissars et telz nobles oiseaux» (ms. C)

    devient

    : «Lyons,

    liepars

    et

    tel

    nobles oyseaux» (ms. J) (Ballade des langues envieuses).

    Je

    postule

    que ces

    substitutions

    ne

    sont

    pas que

    des

    commodités

    métriques,

    mais correspondent,

    à

    un

    niveau

    plus

    profond, à

    une possibilité de

    permutation

    fonctionnelle,

    comme les

    attestent

    les

    études folkloriques.

    L imprécision

    est un phénomène d un autre type. La narration médiévale

    n hésite

    pas, parfois,

    à

    parler

    d une «beste»,

    ou

    d un

    animal,

    sans

    autre

    préci-

    8.

    Voir

    par ex.

    X. Muratowa : «The Decorated

    manuscripts

    of

    Philippe deThaon»,

    dans :

    Third International Beast Epic, fable andfablaiu colloquium, Munster, 979.

    9. Guillaume

    de Machaut, Le Ditdou

    lion, dans

    : Œuvres, t. II, publiées par

    E. Hoepffner,

    S.A.T.F.,Didot,

    1911.

  • 8/17/2019 Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

    13/15

    152

    François

    DE LA BRETEQUE

    sion. Ce phénomène devient intéressant lorsque l illustrateur a pris

    le

    parti de

    choisir.

    Ainsi, dans

    la

    Légende Dorée, l histoire de

    Saint

    Denis, affronté à des

    «bêtes féroces» qui se révèlent être des lions.

    UNE

    ÉVOLUTION EN TROIS STRATES

    Si

    le lion, -

    à

    l instar

    des autres animaux,

    on

    peut

    le

    postuler-, est

    une

    figure

    indécise au

    Moyen Age, cette

    indécision n a

    pas été stable. En

    schématisant

    beaucoup, on pourrait distinguer trois étapes,

    ou plutôt,

    trois «strates» (ce

    terme

    sera justifié

    plus

    bas).

    L âge

    de

    la

    «non-limitation»

    Dans un premier

    temps,

    comme

    il

    a

    été

    dit ci-dessus,

    le corps

    de

    l animal

    est

    mal délimité;

    il

    est

    malléable

    et

    susceptible

    de

    se

    prolonger en

    excroissance

    plus ou

    moins indépendantes; en

    même

    temps, l animal est

    physiquement

    difficile

    à

    identifier.

    On aura reconnu le

    lion des manuscrits irlandais

    ou

    des

    chapiteaux

    romans.

    Dans

    l iconographie,

    l animal

    est

    réduit

    à

    une fonction

    ornementale,

    ou

    «thématique»,

    comme

    le

    dit

    Debidour : «en général,

    les

    bêtes, gouvernées

    par

    la fonction ornementale

    qu on leur fait

    assumer,

    sont

    zoologiquement très

    imprécises :

    le lion ou

    l oiseau,

    le

    serpent

    ou le griffon

    sont

    des

    thèmes, non des

    portraits»

    (p.

    26;).

    Ce qui me paraît

    important à

    souligner, c est que cette fonction

    ornementale

    ou thématique, vaut aussi pour

    les

    textes de la

    première

    «génération» de la

    littérature en langue romane.

    Bien

    que le nom de l animal

    soit

    littéralement

    présent,

    cela n assure

    pas la stabilité de la

    figure.

    On

    pourrait

    risquer que

    le

    lion est un être emblématique; de

    même nature,

    en somme, que ces animaux composés que le

    Bestiaire

    héritait de la tradition

    ancienne.

    Plusieurs sont

    d ailleurs formés de «morceaux» de lion, et

    j y vois,

    pour

    ma part, une autre

    marque

    de

    l indécision

    corporelle

    du

    lion. Ces êtres en

    effet ne sont pas des constructions intellectuelles, comme seront les hybrides de

    l âge

    gothique, mais

    des

    animaux «crédibles»

    :

    le sphynx, le

    griffon,

    la

    Serra,

    le

    fourmi-lion,

    le mantichore.

    L âge

    de

    la «délimitation»

    Une autre tendance amène, au «premier âge gothique»

    en

    particulier, à

    plus

    de naturalisme. Certes, la

    tradition antique,

    maintenue

    ici

    ou là,

    a pu

    y aider

    (lions des Zodiaques, ou

    les

    portails italiens).

    On daterait volontiers symboliquement ce tournant de l album de

    Villard

    de

    Honnecourt et

    son

    lion

    «contrefait al

    vif».

  • 8/17/2019 Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

    14/15

    La stylisation héraldique

    du

    corps

    Déformation

    :

    Le lion du Tetramorphe

    du Tympan

    de Ganagodie

    Dallage

    incrusté

    Notre-Dame de Saint Orner C. 1260

    d après

    Baltrusaitis, Réveils et Prodiges, p. 118

    Animal stylisé

    Elément de dallage «Chambre du

    cerf»

    Palais des Papes,

    Avignon

    Queue

    hypertrophiée prolongée en végétal

    (rinceau)

  • 8/17/2019 Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles)

    15/15

    154 François DE

    LA BRETEQUE

    Le

    corps

    de

    l animal

    se

    clôt, en

    quelque sorte, et tout élément

    qui

    lui est

    étranger doit être retranché.

    N est-ce pas ce que fait

    Yvain?

    Tranchant le bout de

    queue

    auquel

    adhère

    encore la

    tête du serpent (comme

    sur

    les

    initiales

    ornées

    ou

    les

    marginalia

    des

    manuscrits...),

    il

    restitue,

    à

    l animal

    son unicité

    et

    son

    intégrité

    :

    l être

    devient

    autonome. Son geste est un geste de découpage. Gauvain agit un peu de même,

    mais

    il va

    un

    peu

    plus

    loin :

    la

    patte tranchée reste

    suspendue

    à son écu

    (Perce-

    val, 7866-72). Trace peut-être d un vieux

    totémisme;

    à

    coup sûr, effet de

    contamination quasi-magique : les vertus

    du

    lion se transmettent par contiguïté au

    chevalier qui conserve

    sur

    lui un morceau de son corps. Comme, dans Melusine

    de

    Jean

    d

    Arras, ce

    chevalier

    qui

    a

    la marque d une

    patte

    de lion sur le

    visage.

    Avec

    cet

    épisode, on

    est

    allé jusqu à

    porter

    atteinte

    à

    l intégrité physique de

    l animal-preuve que celle-ci est désormais constituée. La

    patte

    ne

    se met pas

    à

    vivre seule.

    L âge de

    la

    décomposition /

    recomposition

    Dans les premiers âges, les auteurs

    ne

    se

    risquent pas

    à

    comparer le

    lion à

    un animal connu.

    Indice qu il

    reste

    abstrait

    et «intouchable».

    C est seulement lorsqu on a

    le

    sentiment de mieux maîtriser son corps, qu il

    a

    été intégré,

    qu on

    se

    risque

    à

    le

    comparer.

    Or ces comparaisons sont de nature

    ironique

    : un agneau (Yvain,

    4006),

    un «porz forcenez» (ibid.

    3518),

    un «petit

    chiennet» (Machaut, 327); une seule fois,

    bien que

    ce fût attendu, on le

    compare à

    un

    chat

    (R. Lulle).

    Alors, les diverses parties du

    corps

    vont devenir presque autonomes, et l on

    va pouvoir se mettre à

    décomposer

    celui-ci et à reconstruire des

    hybrides avec

    des morceaux de lion (grotesques, fatrasies;

    opération

    différente

    à

    mon sens de

    la composition des monstres évoqués

    plus

    haut,

    même

    s ils

    connaissent

    un

    regain

    de vogue

    à

    l âge gothique). La fatrasie opère surtout avec des

    animaux

    domestiques.

    Mais

    ce qui est typique pour nous, c est l insertion

    du

    lion parmi ces

    animaux familiers

    (Fatrasie

    de Philippe de

    Beaumanoir

    dans laquelle

    un

    ciron

    blesse un lion

    (Fatrasie

    d Arras, n°

    2)

    : son

    rapetissement,

    qu on

    trouve aussi

    dans

    les «grotesques»,

    et

    dans

    les

    textes où il devient

    un animal

    familier

    comme

    chez

    Guillaume

    de

    Machaut.

    Le

    Roman

    de

    Renarta pué le

    rôle

    d un

    pivot

    dans

    cette transformation de l image de l animal.

    Les «morceaux» de lion peuvent fonctionner par synecdocque, pour

    signifier la

    nature léonine : marques, blasons,

    surnoms...

    Une précaution est nécessaire

    pour terminer

    : les

    trois

    étapes définies ici ne

    se succèdent

    que

    très

    approximativement;

    il s agit en fait, de

    strates, qui se

    chevauchent et

    correspondent

    à des niveaux plus

    ou

    moins

    archaïques

    de

    la

    mentalité collective.