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IMPACTS DES ACTIVITÉS HUMAINES EN ZONE CÔTIÈRE : CAS DE L’ÉCOSYSTÈME DE MANGROVE DE LA BAIE DE SANGARÉYA EN GUINÉE SAMOURA Karim, Doctorant en Sciences de l’Environnement (ISE) GEIGER, UQAM Cours GEO 5541 – 30 Département de Géographie, UQAM, Montréal

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IMPACTS DES ACTIVITÉS HUMAINES EN ZONE CÔTIÈRE :

CAS DE L’ÉCOSYSTÈME DE MANGROVE DE LA BAIE DE SANGARÉYA EN GUINÉE

SAMOURA Karim, Doctorant en Sciences de

l’Environnement (ISE)GEIGER, UQAM

Cours GEO 5541 – 30 Département de Géographie, UQAM, Montréal

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Plan de la présentation

1. Concepts de base2. Enjeux majeurs liés à l’exploitation des

ressources en zone côtière3. Pressions des activités humaines sur

l’environnement de la Baie de Sangaréya– Pressions des activités d’exploitation des

ressources : riz, sel, bois, poissons– Impacts du barrage de hydroélectrique de

Garafiri, situé en amont4. Proposition d’amélioration de la gestion des

écosystèmes de mangrove

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• Un écosystème est une unité d’organisation biologique définie par les interactions qui existent entre les organismes présents et le milieu physique. C’est une communauté où tous les éléments dépendent les uns des autres et dont on pourrait dire qu’il est plus complexe que la simple somme de ses parties

Joel de Rosnay, 1975.Il peut occuper plus ou moins de place à l’intérieur d’un

territoire donné : il peut s’agir d’un estuaire aussi bien que d’un parc national.

• Estuaire : l’estuaire s’étend de l’embouchure à la limite maximale de l’intrusion saline.

(Therrien et al., 2001)

LA MANGROVE : Une végétation particulière aux milieux côtiers en régions tropicales

1. QUELQUES CONCEPTS DE BASE

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• LA MANGROVE (suite):

– Une végétation caractéristique des régions côtières tropicales calmes et chaudes, tolérante au sel

– formation forestière particulière qui colonise les littoraux et les terres soumises aux marées (Bertrand et al. 1991).

– composée principalement de palétuviers ou « manglier », avec les principales espèces suivantes : le Rhizophora sp,l’Avicennia sp et le Laguncularia sp.

– une formation végétale, mais aussi un écosystème forestier ou aquatique (Cormier-Salem, M, -C. 1999).

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• Intérêts écologiques– Interface terre-mer :– Productivité

biologique des eaux côtières

– diversité des niches – habitat d ’oiseaux

migrateur et d ’espèces rares

• Intérêts socio-économiques– Plaines côtières– Potentiel de production de sel– Ressources ligneuses– Ressources halieutiques– Rescousses hydriques:

navigabilité– Zone d’industries

Nécessité de conciliation des objectifs d’exploitation des ressources à la nécessité de

conservation de l’environnement

2. ENJEUX MAJEURS DE L’EXPLOITATION DES RESSOURCES EN ZONE CÔTIÈRE

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Localisation et contexte environnemental• Situé entre Dubréka, Conakry et

Boffa, • 23 000 habitants / plus d’exploitants • Pluviométrie : 2500 à 4000 mm/an• Température : 21,5 à 32°C• Végétation :

– Massif forestier important– 6 espèces de palétuviers :Dominantes : R. harassons, R.

racemosa, R. mangle et Avicennia africana

Marginales : Languncularia racemosa et Conocrapus erectus.

3. PRESSIONS DES ACTIVITÉS HUMAINES SUR L’ENVIRONNEMENT DE LA BAIE DE SANGARÉYA

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Utilisation du territoire et principales ressources dans un écosystème de mangrove : cas de la

bai de Sangaréya

Utilisation du territoire dans l’écosystème de mangrove de la baie deSangaréya (Bertrand, 1999)

(PIG-IRD, 2003)

3.1. PRESSIONS DES ACTIVITÉS D’EXPLOITATION DES RESSOURCES : RIZ, SEL, BOIS, POISSONS

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(Bertrand, 1999)

La production de lLa production de l ’estuaire en quelques chiffres ’estuaire en quelques chiffres

(d ’après données 1992 du Projet Mangrove)

WOOD

Road

SeaSalt Smokin

g Domestic

Consommation Locale

20750T 3750T1540T7860T

12600TSalt

Domestic2500T

120T

280TRice

Domestic

1220T

547 ha

(Population estimate 23000 hab)

Smoked

DomesticFresh215T

10T

525T

(PIG-IRD, 2003)

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Exploitation des ressources et pressions sur l’environnement

La coupe de bois: une activitéconsommatrice, mais controlable

Deux forme d’exploitation des ressources dans la mangrove

Coupe sélective

Le bucheronnage et le fumage de poisson

Défrichement

La riziculture de mangrove et l’extraction de sel

Le défrichement : élimination totale de la végétation ligneuse

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Systèmes de production du riz et impacts sur la mangrove

Riziculture :

– Endiguée en estuaire inférieur et ouverte en estuaire supérieur

– Pratiques extensive :• abandon de terres à faible rendement• modes d ’occupation des terres• accroissement de la population locale• nombre de plus en plus croissant des exploitants étrangers

recul de la mangrove du fait des défrichements :22.1 ha en 1993

Données, Projet Mangrove de Dubréka, 1999

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Saliculture

– Pratique très extensive pour l installation des aires de grattage de la terre saline

– Forte consommation du bois de mangrove pour la cristallisation de la saumure

(extraction de sel sur « pani »)

recul important de la mangrove de fait de cette pratique : 274 ha en 1993

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Évolution des défrichements (sel et riz) entre 1994 et 2001 : tendance à la dégradation

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Impacts sur la foret de mangrove

• Baisse du stock de bois : dépassement du quota de prélèvement (40 000 stères /an)

• Coupe dans les zones de protection intégrale

• Extension des surfaces cultivées

• Perturbation des principales frayères

0100000200000300000400000500000600000700000800000

1994 1999 2001

Stock sur pieds (m3)

675000680000

685000690000695000700000

705000710000715000

720000725000

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

Années

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• De la riziculture :

– Amélioration du rendement par l ’introduction d ’une technique de gestion d ’eau et de variétés améliorées de vie

– rythme inchangé des défrichements pour extension ;

– augmentation des terres abandonnées (70% des terres déboisées ne sont pas mis en valeur)

Quelques techniques alternatives en riziculture et en saliculture

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De la saliculture

- mise en place de la technique d ’extraction alternatives :- Marais salants : coûts implantation et d’entretien - Saline guinéenne ou production sur bâche :

contraintes de vulgarisation (rendement, maîtrise de la technique), meilleure qualité de sel

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Caractéristiques :– Puissance : 75 MW– Retenue d’eau: 79 Km2

– Influence sur 14 % du bassin versant du Konkouré (soit 2460 Km2 )

– Estuaire du Konkouré: dans la zone d ’influence du barrage

3.2. AMÉNAGEMENT HYDROÉLECTRIQUE

DE GARAFIRI

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.

..Bokhinéné

5 km0

Kakounsou.

.

.Gomezia

Wassou

Kholaya

KansèArabanty

Kanka

Bras

Prin

cipal

.

Bouramaya

.

Sank

iné

– Baisse de la salinité en estuairesupérieur - Modification du milieu

biologique (aquatique et terrestre)

– Modification de la répartition et de l ’exploitation des ressources (riz, sel, poissons, huîtres)

- Impacts directs sur la végétation herbacée

– Impacts plus complexes sur la forêt de mangrove : quelle démarche d’évaluation ???

Impacts du Barrage hydroélectrique de Garafiri : nouvelles conditions écologiques imposées dans

la baie

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Impacts sur la production du riz et du sel

Augmentation de la production du riz, en estuaire supérieur notamment

Intérêt grandissant des paysans pour la riziculture : modification de l’utilisation du territoire

-5

5

15

25

35

45

55

65

75

85

WassouGomeziaKakhonsouKankaBokhinènèArabantyKansè

Sites rizicoles(Distance de la mer) Taux d’augmentation du rendement (%)

Bras principal du KonkouréSankiné

Estuaire inférieur : zone d'influene marine

Estuaire médian

Estuaire Supérieur : zone d'influence fluviale

Km 2 Km 2,6 Km 3,5 Km 6,5 Km16-18 Km 26 Km 34

Baisse de la production du sel en estuaire supérieur et médian

-100

-90

-80

-70

-60

-50

-40

-30

-20

-10

0Kansè Arabanty Bokhinènè Kanka Kholaya -

Kakounsou

Est ua i r e médi a n

S a nk i né B r a s pr i nc i pa l du Konk our é

Est ua i r e i nf ér i e ur

(Km (Km 3) (Km 4)(Km 8)

(Km 14)

S i t e s r i z i c ol e s ( di st a nc e à l a

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0%

20%

40%

60%

80%

100%

Arabanty Bokhinènè Kanka Kholaya Kakounsou

Sites rizicoles

S en culture S. abandonnées S. défrichées Nvx. Cham

Utilisation des terres sur les principaux sites en estuinférieur et médian en 2001 (% de la superficie total

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Résultats (suite et fin)

Estuaire supérieur du Konkouré Zone des embouchures

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• Changements favorables à la réduction des pressions sur la mangrove:

– L’abandon de l’exploitation du sel en estuaire médian : coupe réduite de 600 m3 de bois par an (21 ha)

– La re-colonisation en cours des aires de grattage abandonnés (10 à 15% )

– L’augmentation du coût de la mise en valeur des plaines rizicoles

– La récupération des terres abandonnées

– La réduction de la quantité de poissons à fumer

• Changements incitant àl’aggravation des pressions :– L’effet psychologique de la

baisse de salinité des eaux estuariennes se traduit par l’augmentation du nombre de riziculteurs

– L’effet de marché du riz dans les centres urbains voisins

– l’intensification de la coupe de bois, dans le but de compenser les pertes de revenus en saliculture et en pêche (estuaire médian et supérieur)

Répercussions sur la mangrove

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Répercussion sur l’occupation du sol et le couvert végétal

• Les impacts des activités d’exploitation des ressources sur la mangrove de l’estuaire du Konkouré sont significatifs, mais faible par rapport aux effets de autres activités humaines.

Complexité : • effets cumulatifs:

– l’extraction de sel consommerait 7860 m3 de bois, soit 274 ha/an; – la riziculture détruirait un volume de 630 m3 bois, soit 22,1 ha / an;– Le fonctionnement du barrage amplifie la riziculture et contrarie la

saliculture

impacts indirects du barrage– Les extensions et abandons de surfaces rizicoles et

salicoles, constituent de nouveaux facteurs entraînant la modification de la dynamique du couvert végétal dans l’estuaire.

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4.1. Vers une vision globale et intégrée pour la maitrise des modifications en zone cotière

– L’écosystème comme unité de gestion de la baieDélimitation variable,Unité d’analyse parfois restrictive

Mer

Apports fluviaux

Marée

Est-ce le domaine de la gestion du bassin ou du littoral ?

4. PROPOSITIONS D’AMÉLIORATION DE LA GESTION DES ÉCOSYSTÈMES DE MAGROVE

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4.2. Pour une meilleure gestion des écosystèmes de mangrove

• Prise en compte des interventions en amont des estuaires • Élargissement de la vision par écosystème à la

globalité(systèmes naturels et humains): mieux concilier les actions de conservation à celles de l’optimisation de l’exploitation des ressources et d’amélioration des conditions de vie des populations locales.

• Recherche et promotion de techniques alternatives avec l’implication effective des populations bénéficiaires

• Passer des plans et programmes sectoriels à un plan de gestion intégrée du littoral

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CONCLUSION

• L’état de référence insuffisamment couvert pour permettre une évaluation quantitative précise.

• Les enquêtes et l’association de guides locaux : ont permis de palier au manque de données historique (pour 5 ans).

• L’impact du fonctionnement du barrage de Garafiri concerne essentiellement les parties supérieures et médianes de l’estuaire : limitation du recul de la mangrove.

• L’effet psychologique des impacts: : les affectations des terres à la riziculture deviennent de plus en plus importants en estuaire inférieur.

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Conclusion (suite et fin)

• L’impact du barrage sur la dynamique de la mangrove reste faible par rapport aux pressions des activités rizicoles et salicoles.