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La force des médias traditionnels COMMUNICATION MODERNE IMPRESSIONS Magazine destiné à la clientèle du Groupe Gassmann 08 L’écrivain Arno Camenisch sur la sonorité de la langue 14 Le publiciste Manfred Strobl, ou comment mesurer l’utilité d’une publicité 18 Le professeur Manuel Puppis sur la mutation des médias

IMPRESSIONS...Texte: Theo Martin 7 Impressions En bref Groupe Gassmann Gassmann Digital a remporté le budget numérique de Proinfo. Nous nous réjouissons de cette collaboration et

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  • La force des médias traditionnels COMMUNICATION MODERNE

    IMPRESSIONS Magazine destiné à la clientèle du Groupe Gassmann08 L’écrivain Arno Camenisch

    sur la sonorité de la langue

    14 Le publiciste Manfred Strobl, ou comment mesurer l’utilité d’une publicité

    18 Le professeur Manuel Puppis sur la mutation des médias

  • Impressions

    Nous misons sur la tradition – les médias classiques du groupe GassmannNous vous souhaitons beaucoup de plaisir à la lecture de ce numéro du magazine «Impressions» - Découvrez la diversité des médias traditionnels dans la communi-cation moderne.

    www.gassmann.ch

    Gassmann Print/Courvoisier-Attinger SANotre passion, ce sont les imprimés en tout genre de qualité exceptionnelle. Nous produisons des publications de grande qualité qui convainquent et surprennent, tant au niveau de leur contenu que de leur apparence. Des entreprises renommées et connues internationalement dans les secteurs de l’horlogerie et de la bijouterie comptent parmi les clients de référence de la maison. Contacteznous pour profiter d’un savoirfaire unique, ainsi que d’une expérience à toute épreuve.

    Gassmann DigitalGassmann Digital SA participe au développement fulgurant du numérique. Avec nos spécialistes des domaines production numérique, contenus crossmédia, design multimédia et systèmes automatisés pour canaux de marketing numériques, nous sommes prêts à participer au façonnement de l’avenir. Notre équipe est composée de jeunes gens motivés, qui vivent tous les aspects du développement numérique. Qu’il s’agisse de la Gassmann Digital SA avec ses solutions de marketing numérique complexes ou encore de Publikation Digital SA, qui est en mesure d’imprimer rapidement, de manière individuelle et personnalisées.

    Gassmann MediaGassmann Media AG est l’entreprise de marketing du groupe Gassmann chargée de la commercialisation de la publicité dans les médias imprimés, les médias en ligne, la radio et la télévision. Nous commercialisons notamment les journaux «Bieler Tagblatt» et «Le Journal du Jura», ainsi que les combi naisons publicitaires «Pool de journaux BienneFribourgValais» et «Romandie combi». Nous transmettons également des annonces dans tous les journaux et toutes les feuilles officielles de Suisse, et nous proposons des concepts cross média et multi média (ycompris dans la publicité sur portable, à la radio, à la TV, ainsi que dans les services d’imprimerie).

    Gassmann RomandieLes sociétés lausannoises du Groupe Gassmann sont réunies sous un même toit au sein du pôle de compétences Gassmann Romandie. Plus de 50 spécialistes de la communication et des médias sont ainsi rassemblés en un lieu unique, au centreville de Lausanne. Une proximité favorable aux échanges et synergies qui permettront le développement de nouveaux produits dans les secteurs de la presse, de l’édition et des solutions numérique.

  • Impressions

    Editorial Groupe Gassmann 3

    Chères lectrices, chers lecteurs,

    Les médias traditionnels ont plus de ressources qu’on le suppose généralement. Quoi qu’en disent les oiseaux de mauvais augure, les quotidiens, la radio et la télévision continuent vaillamment d’im-prégner le paysage médiatique de notre pays. C’est donc avec un plaisir tout particulier que nous vous présentons ce nouveau numéro d’Impressions, le magazine que nous destinons à notre clientèle. Il est consacré cette fois-ci aux atouts des médias traditionnels. Nous espérons que vous y trouverez des articles intéressants, qui vous permettront de cerner le sujet dans toute sa complexité.

    Créer des contenus et les traiter dans un média traditionnel: voilà notre passion. Nous entretenons des liens étroits avec tout ce que la région compte de compétences, et nous connaissons mieux que personne le monde des métiers. Nos quotidiens, le Bieler Tagblatt et Le Journal du Jura, ainsi que notre radio locale Canal 3 et notre télévision TeleBielingue sont profondément enra cinés dans le terroir de notre région.

    Naturellement, les médias classiques évoluent et se transforment jour après jour. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer un BT ou un JdJ de 2010 avec une édition d’aujourd’hui. La numérisation est passée par là: elle modifie aussi bien la fabrication des produits que les canaux de distribution. C’est pourquoi les marques médiatiques traditionnelles, justement grâce à leur extension numérique, sont imbattables.

    Cette constatation vaut également pour la publicité, dont l’efficacité est aujourd’hui mesurable avec précision. Dans ce sens, je vous recommande notre interview avec Manfred Strobl, CEO de l’entreprise Mediaschneider SA, qui continue de miser

    sur la presse régionale, mais élabore en parallèle des outils capables de mesurer avec exactitude l’impact d’une publicité.

    Manuel Puppis, professeur de journalisme, se livre à une réflexion sur la meilleure manière de transformer les médias traditionnels pour qu’ils puissent poursuivre sur la voie du succès qui a été la leur jusqu’à présent. Car le journalisme est essentiel à la démocratie. Manuel Puppis plaide donc en faveur de nouvelles formes d’encouragement aux médias.

    Nous croyons fermement à l’innovation. Jour après jour, nos rédactions déploient toute leur énergie pour concevoir et vous livrer un produit créatif. Parallèlement, les responsables publicité ne cessent de proposer des solutions nouvelles qui vous permettent, à la fin de la journée, de vérifier si votre investissement s’est avéré payant.

    Le Groupe Gassmann est convaincu que les médias traditionnels ont des ressources. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à la lecture de ce numéro d’Impressions et nous nous réjouissons d’ores et déjà de vos commentaires ou de vos questions!

    «PHOTO: ANITA VOZZA

    »THEO MARTINRÉDACTEUR EN [email protected]

  • Impressions

    Editorial Groupe Gassmann

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    26SWISS PRESS AWARD LE BT ET LE JDJ DISTINGUÉS POUR DES PHOTOS HAUTE QUALITÉ

    PHILIPPE BERTHOUD «SANS MES SENS, RIEN NE VA»

    PUBLICITÉAUJOURD’HUI SON UTILITÉ EST MESURABLE AVEC PRÉCISION

    CHANGEMENT D’ADRESSE Le magazine «Impressions» ne vous est parvenu qu’après bien des détours? Veuillez annoncer votre changement d’adresse à [email protected]

    INFORMATIONSNous vous souhaitons beaucoup de plaisir à la lecture de ce numéro et nous nous réjouissons de vos commentaires ou de vos questions! Nous nous tenons à votre entière disposition à l’adresse [email protected] et nous répondons volontiers à vos besoins en matière de communication.

    3 ÉDITORIALPLUS DE RESSOURCES QU’ON L’IMAGINE 5 EN BREFNOUVELLE ÉQUIPE DE DIRECTION 8 ARNO CAMENISCH «LA LANGUE EST AUSSI UNE MUSIQUE» 12 QUOTIDIENS COMMENT NAISSENT LES TEXTES 18 MANUEL PUPPIS NE PAS SOUS-ESTIMER LES MÉDIAS

    TRADITIONNELS

    InhaltImpressumEditeurGroupe GassmannChemin du LongChamp 1352501 Bienne

    RédactionTheo [email protected]

    LayoutMelina HofmannGassmann Digital SA

    ImpressionGassmann Print SA

    »»

    »

  • Impressions

    5En brefGroupe Gassmann

    Organigramme dela direction du Groupe GassmannSuite au départ du directeur général Marcel Geissbühler, la direc-tion du Groupe Gassmann a fait l’objet d’une réorganisation. Mike Sutter et Edwin Tschan font désormais partie de la direction de l’entreprise. Le schéma ci-dessous vous donne un aperçu des différentes attributions. Dans les textes ci-après, vous trouverez des informations sur les principaux changements intervenus dans les différents domaines.

    »

  • Impressions

    En brefGroupe Gassmann

    Publikation Digital AG remportetrois appels d’offres OMC

    Notre imprimerie numérique s’est vu confier trois mandats d’impression intéressants de la part de la Confédération. En dépit de la prédominance des publications en ligne de la Confédération, différents documents officiels font toujours l’objet d’une édition papier.• Le «Recueil officiel du droit fédéral» et la «Feuille fédérale»:

    les deux publications, d’un volume de huit à 1000 pages, paraissent chaque semaine en trois langues et sont tirées chacune à 1000 exemplaires. La production s’effectue en quatre jours ouvrés, adressage, emballage et dépôt à La Poste compris.

    • Le «Bulletin officiel» des services du Parlement: il s’agit des procèsverbaux du Conseil national et du Conseil des Etats. Pour chaque session (soit quatre fois par an), le volume est d’environ 1200 pages. Les exemplaires imprimés en trois langues sont envoyés, entre autres, aux membres du Parlement ayant souscrit un abonnement, à différentes bibliothèques en Suisse et à l’étranger, ainsi qu’aux ambassades de Suisse. Tirage: 250 exemplaires. De plus, nous produisons pour chaque session plusieurs volumes d’annexes dans une édition d’archives limitée à trois exemplaires.

    • Le «Recueil systématique du droit fédéral (RS)» est un recueil mis à jour par domaines de spécialités des décrets publiés dans le «Recueil officiel (RO)» encore en vigueur, des contrats intercantonaux, des décisions internationales et des constitutions cantonales. Feuille mobile, format A5, grammage 60, double perforation sur le bord gauche. Les avenants au «Recueil systématique» sont publiés une fois par an. Les modifications sont regroupées par domaine du droit, puis envoyées aux abonnés. Trois langues avec deux sortes de neuf parties chacune. Volume pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers de pages. Tirage total: environ 450 exemplaires.

    Pour la première année, Publikation Digital AG estime que 20 tonnes de rouleaux de papier seront nécessaires pour ces publications.

    Texte: Theo Martin/photo: LDD

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    MANDATS DE COMMERCIALISA-TION REPRIS DE PUBLICITASSuite à la faillite de Publicitas, Gassmann Media SA a pu développer la commercialisation d’annonces, aussi bien dans la région qu’en Suisse romande. La reprise des mandats suivants, préparée avec soin depuis longtemps dans les plans d’urgence, représente un gain important pour le Groupe Gassmann. Pour traiter le volume de travail supplémentaire, Gassmann Media SA a repris à court terme une équipe de salariés de Publicitas. Depuis le 1er mai, la commercialisation d’annonces de la combinaison publicitaire «Romandie Combi» (regroupant les titres Le Nouvelliste, La Liberté, ArcInfo, Le Quotidien Jurassien et Le Journal du Jura) est réalisée par nos soins. Nous sommes également chargés de la publication d’annonces nationales hors du canton de Fribourg pour le Groupe SaintPaul (La Liberté, La Gruyère, La Broye Hebdo et Le Messager). De plus, la Ville de Bienne et l’association responsable de la Feuille officielle de Nidau nous ont transféré les contrats d’entreprise générale pour les feuilles officielles de Bienne et de Nidau.

    Texte: Theo Martin

    Création facile de sites web à l’attention des PME Gassmann Digital SA mise désormais sur «Primer», une solution standard basée sur Drupal permettant aux PME de mettre ellesmêmes au point leur site internet. Ce logiciel a été développé par l’entreprise MD Systems & Kampaweb Sàrl. Gassmann Digital SA en détient la licence. Il existe déjà une solution référence: en effet, nous avons réaménagé les sites internet de Stettler SA Bienne et Studen, de Stettler Rail SA et de CPK Technique de construction SA.

    «Primer» ne requiert pas de connaissances particulières en matière de programmation et n’occasionne aucun coût ultérieur de développement. Une fois que le layout est établi, les contenus peuvent être lancés sans autre. L’objectif consiste à rendre les rédactions plus autonomes par rapport aux développeurs, et à mettre dans les mains des éditeurs des outils performants pour la création de contenus. De nombreux modules différents sont à disposition, comme les habilitations, la gestion des médias ou encore les formulaires, qui peuvent être activés en fonction des besoins. Ainsi, chaque site web est personnalisable.

    Ce logiciel est également intégrable sans problème dans des systèmes tiers. La solution «MobileFirst» de «Primer» n’est pas tributaire de la langue: on peut y intégrer jusqu’à quatre langues. Le pack light coûte Fr. 3700.– par domaine, la version complète Fr. 4900.–.www.gassmanndigital.ch www.stettlerag.ch

    Texte: Theo Martin

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    Impressions

    En brefGroupe Gassmann

    Gassmann Digital a remporté le budget numérique de Proinfo. Nous nous réjouis sons de cette collaboration et de l’utilisation de notre nouveau produit MagNum 3.0, grâce auquel la publication numérique devient un véritable jeu

    Flyers d’abonnement BT/JdJ pour les communesAfin d’attirer l’attention des nouveaux arrivants de la région sur nos quotidiens, nous continuons d’envoyer aux communes nos flyers d’abonnement afin que ces dernières les leur transmettent. Cette année, nous avons élaboré une action spéciale, sous la forme d’un dépliant particulièrement attractif. En guise de cadeau pour tout abonnement souscrit, le nouvel abonné recevra un outil multifonction de qualité lui permettant de réaliser toute sorte de petits travaux dans son nouveau foyer.

    Texte et photo: Reto Fluri

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    ISO 9001 et 14001 pour Gassmann Print et CourvoisierDepuis plus de 160 ans, l’entreprise Gassmann SA représente un symbole de savoirfaire en matière de communication. Au fil du temps, elle s’est solidement positionnée sur un marché réputé volatil pour s’affirmer comme un acteur principal de la branche de l’imprimerie. Nous atteignons les multiples objectifs fixés à l’aide de processus internes optimisés. Cela passe par une collaboration plus directe. Avec, en définitive, un même dénominateur commun pour tous: proposer une qualité remarquable d’impression, de conseil, ainsi que d’un suivi de projets basé sur la confiance et le professionnalisme, afin de soigner au mieux chaque petit détail pour satisfaire pleinement nos clients. Il est dès lors primordial de ne pas se reposer sur nos acquis et d’avoir la volonté de se remettre en question tout en se projetant avec lucidité et clairvoyance vers l’avenir. C’est donc avec fierté que nous vous annonçons que le renouvellement de nos certifications SQS, ISO 9001 et 14001 a été réalisé et obtenu fin juin selon les

    d’enfant. Spécialisé dans les informations de qualité relatives aux communes et dans les magazines sur papier brillant, Proinfo emploie aujourd’hui 20 collaborateurs. Cette année, 20 magazines différents seront publiés à partir du mois d’août.

    Brochures des communes avec MagNum

    nouvelles directives ISO. Voici plus de deux décennies que nous répondons avec succès aux exigences des normes de certification ISO et nous sommes fiers de notre performance dans la durée. Une belle réussite pour tout un chacun au sein d’une entreprise qui fait de l’esprit d’initiative, le respect d’autrui et la compétence ses maîtres mots.

    Texte: Anthony Maiorano/photo: LDD

  • Impressions

    «La langue est aussi une musique»

    Interview Groupe Gassmann

  • Impressions

    «La langue est aussi une musique»

    INTERVIEW: THEO MARTIN

    Ses lectures sont devenues cultes et le son de ses récits colle à la vie quotidienne. L’écrivain grison Arno Camenisch, qui vit à Bienne, est un virtuose de la langue et un adepte du mouvement slow.

    Vous êtes sans cesse en tournée pour vos lectures. Avez-vous encore le temps d’écrire? Oui, j’aime bien écrire en été, car effectivement le printemps et l’automne sont consacrés à mes tournées de lecture. Mais j’ai aussi appris à bloquer des périodes pour l’écriture. Si je préfère l’été, c’est que j’ai l’impression d’avoir la paix à ce momentlà. J’aime bien être sur scène, c’est un endroit très chouette pour y lire des textes avec l’intonation requise. C’est un peu comme un concert.

    Ces textes, de quoi doivent-ils être faits? Pour moi, il est primordial qu’un texte ait un rythme. C’est comme le rythme cardiaque ou le pouls. Le son, c’est crucial: c’est un peu l’âme du texte. Les textes ont deux qualités essentielles: ils peuvent être lus en silence, dans un livre, mais ils peuvent aussi être déclamés. La langue, ça n’est rien d’autre que de la musique, une manière de faire résonner les textes.

    Et l’écriture? N’est-ce pas horriblement compliqué? Non, pas du tout. Que je lise un texte ou que je l’écrive, pour moi, c’est un processus très naturel. Si je le lis en silence, je l’entends. C’est comme un chant. Ce n’est pas quelque chose que je fais de manière réfléchie, ça vient tout seul. Je fais beaucoup de choses au feeling: je sens tout de suite si ça joue ou non.

    Alors le syndrome de la page blanche, vous ne connaissez pas? Naturellement il y a des moments où l’on remarque que ça coule moins de source. Cela m’est arrivé hier, alors j’en ai profité pour tondre le gazon. C’est un moyen souverain pour s’aérer les neurones. Fendre du bois, c’est aussi une possibilité: j’aime bien faire ça! Quand on a un travail de type intellectuel, il est bon de ne pas oublier le corps. Le sport également aide à se remettre dans le coup. C’est comme si on se reconnectait à la terre. J’ai grandi à Tavanasa, un petit village grison dans la Surselva. Le travail physique y était toujours une composante de la vie quotidienne. En été, il était tout à fait normal de travailler à l’alpage ou chez un paysan. Par la suite, j’ai donné

    un coup de main dans la construction ou dans l’atelier de mon grandpère. Trouver un bon équilibre est essentiel par les temps qui courent.

    Beaucoup de vos textes se déroulent dans les Grisons. Pourquoi donc habi-tez-vous à Bienne? Pourquoi pas? J’ai habité cinq ans à l’étranger, dont trois à Madrid. Et depuis là, je suis venu à Bienne, où j’ai étudié à l’Institut de littérature. Onze ans après, je suis toujours là. Et j’aime bien être ici. Passer de Madrid à Bienne, c’était un sacré changement. Pour moi, Bienne est une ville qu’on ne découvre pas au premier coup d’œil. Et la cité seelandaise en été, c’est sensationnel! En revanche quand on a grandi à la montagne, on a de la peine à s’habituer à l’hiver biennois et à son brouillard. Là, je reconnais que je souffre. Ce que j’apprécie tout particulièrement, c’est le bilinguisme de cette ville, le fait qu’on y parle tous les jours deux langues. D’une manière générale, les langues me fascinent. Ici, on ne sait jamais si le facteur parle l’allemand ou le français. Vraiment, c’est agréable de vivre ici.

    Sous des dehors modernes, ne faites- vous pas de la littérature régionaliste? Non, je ne crois pas. Quand elle est bien faite, la littérature est une ouverture sur tout un monde. J’écris certes sur quelque chose que je connais très bien, mais j’élargis ensuite mon propos et je l’éclaire sous un autre angle. Le lieu n’a pas grande importance: si j’avais grandi en France, par exemple, j’imagine que mes textes se dérouleraient en France. Mais au centre de mes textes, il y a toujours l’être humain et les situations qui le conditionnent. Mes livres tournent toujours autour de questions existentielles: l’amour, la mort, les émotions, les sensations. A Tavanasa comme à New York, partout dans le monde, les humains ont les mêmes espoirs, les mêmes doutes, les mêmes amours. Moi, ce qui m’intéresse toujours, c’est la manière dont les gens se comportent entre eux. Il s’agit de questions universelles qui ne sont nullement dépendantes de l’endroit où ça se déroule. En revanche, quand je dis que le texte a un son, alors ça, naturellement, c’est très lié à mes origines.

    9Interview Groupe Gassmann

  • Impressions

    Interview Groupe Gassmann

    «La curiosité est la base de l’écriture.»

    Vos livres sont-ils de petites chroniques de la vie quotidienne ou le récit plus vaste de votre histoire personnelle? Ce sont toujours des récits biographiques. Mais, vous savez, le récit d’une vie n’est que la somme de divers petits moments. Disons que dans l’écriture, ce sont les questions clés qui m’intéressent. Ainsi, la fin est un moment qui exerce sur moi une attirance magique. Elle me fascine. Dans Ustrinkata, je décris le dernier soir d’un bistrot de village: c’est toute une existence qui touche à sa fin. Chez moi, les interrogations revêtent toujours une certaine urgence, elles sont existentielles. Ce sont toujours les questions existentielles qui m’intéressent, c’est là le fil rouge de tous mes livres.

    Il y a aussi le changement, comme récemment dans «Der letzte Schnee»?Oui, le changement est également un thème intéressant, en l’occurrence, et plus concrètement, le changement climatique. Là aussi, je n’ai pas de réponse, mais il est important de poser certaines questions. Le climat se réchauffe de plus en plus, les glaciers des pôles fondent à vue d’œil, le niveau des mers monte: il est légitime de se demander sur quoi cela va déboucher. Quel monde allonsnous transmettre à nos descendants? Dans tous mes romans, je pose des questions.

    Et vous, vous changez? Bien sûr, tous les jours! Sur le plan artistique, il est crucial d’être en évolution constante. A chaque livre que j’écris, je m’interroge: quelle sera ma prochaine démarche? J’en discute aussi avec mon éditeur et avec mon réviseur. Je crois que le changement peut se passer même dans de très petites choses. Pour ma part, j’essaie sans cesse d’évoluer. Je me confronte volontiers à d’autres disciplines, comme le théâtre ou les expositions. D’ailleurs, je constate qu’on s’y pose les mêmes questions. Je suis un homme très curieux, et la curiosité est à la base de l’écriture.

    Au fond, pourquoi écrivez-vous encore des livres? Que pourraisje faire d’autre? J’écris parce que j’aime ça! J’aime raconter des histoires. Et l’écriture, c’est toujours une narration. Quand j’écris à la maison, je suis totalement immergé dans la langue. Et sur scène, je vis la langue.

    Alors les nouveaux médias, ça n’est pas trop votre truc. Disons que je ne publierais jamais mes textes sur internet. Pour moi, un livre est aussi un objet d’art. Il importe que ce soit un bel objet, bien conçu, que je peux toucher, avoir sous la main dans ma maison. La littérature a aussi pour tâche de ralentir le cours des choses: aujourd’hui, tout va tellement vite que ça en devient brutal. Lire un livre, c’est prendre du temps pour soi, pour réfléchir. Quand j’étais à Madrid, je passais deux heures dans le métro chaque jour, durant lesquelles j’ai beaucoup lu. Ainsi, au milieu de la foule, je pouvais m’immerger dans un autre monde. Je suis certes sur Facebook et Instagram, mais j’apprécie un minimum de calme et de sérénité. Peutêtre estce dû à l’âge: encore un changement! [Arno Camenisch vient d’avoir 40 ans.] Cela ne me dérange pas d’avoir davantage besoin de sérénité aujourd’hui qu’il y a dix ans. Peutêtre qu’avec l’âge on a besoin de plus de temps pour réfléchir. Je prends ça comme une bénédiction: il faut prendre toutes les îles qui se présentent, sinon on ne ferait que travailler jour et nuit.

    Croyez-vous en la vigueur des médias traditionnels?Oui, j’aime bien les médias traditionnels; je préfère de loin lire des textes dans un journal qu’en ligne. Evidemment, l’évolution va dans le sens du web, mais le journal a quelque chose de sensuel. Pour moi, lire un article imprimé, c’est quand même autre chose…

    On entend souvent dire que les médias sociaux appauvrissent notre langue. Voyez-vous aussi les choses ainsi? Franchement, je ne sais pas. Mais ce que j’observe, c’est le manque de réflexion. Parce que tout va très vite et que tout est commenté sur le moment. Or il y a de nombreux sujets qui sont très complexes; parfois, avant d’être en mesure de répondre, il faut d’abord prendre le temps de réfléchir. C’est fou comme les choses ont évolué vite ces dernières années. Jadis, quand on téléphonait à sa petite amie, on avait toujours peur de tomber sur le papa à l’autre bout du fil. Aujourd’hui, tout se fait par SMS. Je ne suis pas un fan des SMS, je préfère téléphoner, parce que j’aime bien entendre les voix. Elles me fascinent…

    Avez-vous le sentiment que vous parvenez à faire réfléchir les gens? Ce que les gens font de ce qu’ils ont lu, c’est leur affaire. Moi, je pose des questions, et quand le livre paraît, il appartient aux lectrices et aux lecteurs. Ils ont le droit de le lire comme bon leur semble. Mais c’est toujours un instant de bonheur quand l’un de mes livres ou l’une de mes lectures a touché le cœur des gens. C’est ce que je veux. Sur scène, c’est toujours une question d’émotion, de présence et d’énergie. On ne peut pas être sur scène à moitié: soit on y est totalement, soit on n’y est pas. C’est aussi ce que le public retient d’un livre ou d’une lecture: l’émotion qu’il en retire. Quand, après une de mes interventions, quelqu’un vient me dire qu’il s’est retrouvé plongé dans un autre monde et qu’il n’a même jamais songé à consulter son portable, c’est génial. C’est précieux pour lui, et ça l’est aussi pour moi. Cela fait du bien de lâcher prise parfois.

  • Impressions

    «Le son, c’est crucial: c’est un peu l’âme du texte.»

    ARNO CAMENISCH: «QUAND ON A UN TRAVAIL DE

    TYPE INTELLECTUEL, IL EST BON DE NE PAS OUBLIER SON CORPS.» L’ÉTOILE MONTANTE

    DE LA SCÈNE LITTÉRAIRE HELVÉTIQUE AJOUTE QU’IL FAIT BON VIVRE À BIENNE.

    PHOTOS: LDD/JANOSCH ABEL

    »

    Qui est-il?Arno Camenisch est né en 1978 à Tavanasa, dans les Grisons, et vit à Bienne. Il écrit en allemand et en rhéto romanche. Il a reçu de nombreuses distinctions, notamment le Prix suisse de littérature et le Prix Friedrich Hölderlin. Parmi ses œuvres, mentionnons, aux Editions Engeler, Sez Ner (roman, 2009), Hinter dem Bahnhof (roman, 2010), Ustrinkata (roman, 2012), Fred und Franz (roman, 2013), Nächster Halt Verlangen (récits, 2014), Die Kur (roman, 2015), Die Launen des Tages (récits, 2016), Der letzte Schnee (roman, 2018). Ses textes ont été traduits dans plus de 20 langues et ses lectures l’ont conduit dans le monde entier.

    11Interview Groupe Gassmann

  • Impressions

    En tant qu’acteur important de la région et/ou doté d’un esprit citoyen, vous connaissez évidemment Le Journal du Jura. Ce dernier, à l’image de l’ensemble de la presse suisse, évolue dans un contexte socioéconomique pour le moins difficile. Baisse drastique des recettes publicitaires, érosion du lectorat, changement de mode de consommation des médias, désintérêt marqué des jeunes pour les journaux: voilà l’environnement dans lequel notre petite équipe s’efforce néanmoins de confectionner un journal attrayant, et cela six jours par semaine.

    Madame, Monsieur,

    »

    Experte A Groupe Gassmann

  • Impressions

    13Experte A Groupe Gassmann

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    Seul quotidien francophone de langue française du can-ton de Berne, Le Journal du Jura a pour mission sacrée de défendre les intérêts de cette minorité, dans un contexte politique tout sauf évident. Qui plus est, dans son petit bassin de distribution comprenant Bienne et le Jura ber-nois, il est assurément le quotidien le plus concurrencé du pays. Plusieurs rivaux viennent en effet picorer sur son territoire, et on ne compte plus les publications gratuites qui s’emparent d’une part importante du maigre marché publicitaire régional.

    Pour parvenir à cet objectif, et à bien d’autres, Le Journal du Jura mise sur une petite équipe de 15 journalistes pro-fessionnels, qui travaillent principalement à la rédaction centrale, à Bienne, trois collègues œuvrant dans notre rédaction décentralisée de Tavannes. Par ailleurs, et c’est une particularité presque unique en Suisse, Le Journal du Jura peut encore s’appuyer sur un vaste réseau de corres-pondants locaux – spécificité également valable pour la rubrique sportive. Ces caractéristiques lui permettent de remplir sa mission de proximité mieux que n’importe quel autre concurrent. De quoi, vous l’admettrez, mériter am-plement notre slogan: «La région? C’est nous!».

    S’agissant du contenu, notre rédaction biennoise a bien sûr pour objectif prioritaire de rendre compte des faits et gestes de la minorité francophone de la ville, tout en ne perdant évidemment pas de vue les grands dossiers qui concernent la métropole seelandaise. Du côté de la rédac-tion sportive, des moyens limités en ressources humaines la contraignent à opérer des choix drastiques dans la cou-verture de l’actualité sportive. Vu le développement fou-droyant d’internet et des smartphones, elle sait pertinem-ment qu’elle ne peut pas concurrencer ces deux vecteurs, tant au niveau des résultats qu’en termes de rapidité de l’information. C’est pourquoi elle préfère miser sur des reportages de qualité, résolument axés sur les principaux clubs de la région. Elle s’efforce enfin de surprendre ses lecteurs en abordant des sujets et en adoptant des angles qui ne figurent pas forcément au sommet des hit-parades.

    Pour ce qui est de la couverture du Jura bernois, où Le Journal du Jura compte la plus grande partie de ses abon-nés, nous pouvons sans autre affirmer que nous sommes à la fois les plus complets, les plus exhaustifs et les plus enclins à publier de la micro-information. Nous suivons évidemment de très près tout ce qui concerne la vie politique locale, régionale et cantonale, sans oublier l’ac-tualité économique de notre région, notamment ses acti-

    vités phares relatives à l’horlogerie et à l’univers des micro techniques.

    Par ailleurs, nous sommes pratiquement les seuls à faire preuve d’une très grande ouverture d’esprit en publiant littéralement tous les courriers des lecteurs qui nous sont adressés, dans les limites de la bienséance, mais sans les censurer ni les massacrer en les réduisant à la portion congrue, contrairement à d’autres médias. Ceux qui nous lisent régulièrement le savent très bien.Last but not least, notre collaboration avec d’autres publi-cations de Suisse romande nous permet de réaliser en commun et pour tous les titres des pages fouillées consa-crées à l’actualité nationale, internationale, politique, économique ou événementielle.

    Enfin, pour les esprits alertes, nous ne saurions trop recom mander la lecture, chaque samedi, de la bien nom-mée page «Impertinences», une exclusivité dans le pay-sage médiatique suisse.

    Il ne nous reste qu’à vous remercier chaleureusement de pouvoir vous compter parmi nos abonnés ou, si tel n’est pas le cas, de remédier rapidement à cette fâcheuse lacune!

    Bien cordialement,

    Philippe Oudot & Pierre-Alain BrenzikoferRédacteurs en chef du Journal du Jura

  • L’utilité de la publicité est mesurable avec précision

    Sur le terrain Groupe Gassmann

  • Impressions

    15Sur le terrain Groupe Gassmann

    Grâce à leur nouveau «Data Warehouse» ou entrepôt de données, Mediaschneider SA et sa filiale Hoy SA sont aujourd’hui en mesure de démontrer avec exactitude l’impact d’une publicité. Entretien avec Manfred Strobl, CEO de l’entreprise, sur la vigueur actuelle des médias classiques, les atouts de la presse régio-nale et la révolution numérique. INTERVIEW: THEO MARTIN

    Monsieur Strobl, vendez-vous les médias classiques (presse papier, télévision, radio) au-dessous de leur valeur?Non, on ne peut pas dire les choses ainsi. C’est tout simplement lié au fait qu’il y a eu dans les médias papier et à la télévision des pertes de couverture, surtout chez les jeunes consommateurs. Nous observons très attentivement l’évolution de l’indice des prix et nous mettons les facteurs de performance en corrélation. C’est ce qui nous permet de constater qu’il y a des diminutions significatives de portée dans certains groupes cibles, surtout les jeunes. Voilà pourquoi, de cas en cas, certains prix doivent être adaptés.

    Alors il n’y a que le prix qui compte? L’autre variable, c’est l’impact qu’on peut avoir avec un média. Et là, je suis catégorique: en raison de la surface proposée, la situation de départ des médias classiques est bonne. Pourquoi? Comme les annonces (lorsqu’elles sont vues) n’y sont pas des contacts fugaces, la situation est différente de celledes médias numériques. La presse papier, la télévision et la publicité extérieure offrent une grosse présence visuelle. Les médias classiques conservent donc une importance significative, notamment au début de ce que l’on

    appelle l’entonnoir des marques (notoriété et création de l’image). Là, ils restent indispensables.

    Les médias classiques conservent donc toute leur vigueur?Oui, ils conservent leur dynamisme, même si celuici n’est plus aussi fort que par le passé. C’est surtout au sein de la tranche d’âge vraiment jeune qu’ils n’ont plus autant d’impact. Car là, de toute évidence, le comportement des utilisateurs a complètement changé, puisqu’ils optent résolument pour le mobile. Chez les jeunes, les médias classiques ont grandement perdu de leur importance.

    Comment l’expliquez-vous?Cette perte s’explique évidemment par l’attrait des nouveaux appareils. Il suffit d’observer les jeunes consommateurs dans les transports publics: ils n’ont plus le temps d’ouvrir un livre, ni de mettre le nez dans un journal. Regardentils même une affichette dans le tram? Et puis, il y a la fascination exercée par les images animées. Depuis que, tout en nous déplaçant, nous pouvons consommer également des vidéos sur un smartphone, notre attention se porte de plus en plus sur ces appareils et sur ces formats. Est-ce différent sur le plan régional? Oui, je suis d’avis que, sur le plan régional, il existe encore un attachement relativement fort des lecteurs à la presse imprimée, car les informations proposées par les médias numériques n’ont pas suffisamment de pertinence au niveau local. Avec leurs publications

    «La presse papier, la télé-vision et la publicité exté-rieure offrent une grosse présence visuelle.»

    »MANFRED STROBL EST CEO DE MEDIASCHNEIDER SA DEPUIS 2015

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    Qui est-il? Manfred Strobl est CEO de Mediaschneider SA depuis 2015. Auparavant, il a dirigé les affaires du groupe Omni com Media (OMD et PHD) en Suisse (depuis 2010). Ses hobbies sont le sport, les voyages, la lecture, les amis et la bonne compagnie.

    régionales, les éditeurs occupent donc une sorte de position particulière dans le paysage de l’imprimé. Sur le plan régional, on aime bien lire les journaux, et les PME continuent volontiers de les utiliser pour leur publicité. Autre point important: grâce à la devise «de la région, pour la région», les éditeurs implantés localement ont bénéficié d’un gros capital de sympathie. Ils sont aussi parfois un employeur important, très lié à la région: tout le monde connaît l’entreprise et ses marques médiatiques. Ce phénomène va durer encore un certain temps, mais je ne parierais pas audelà des dix prochaines années, même s’il est toujours difficile de faire des prévisions.

    Le prix est-il une menace pour ce dynamisme régional? Le prix n’est réellement une menace qu’à partir du moment où, à la fin, la contrepartie ne joue pas. Si une entreprise fait de la publicité et que cette forme de communication fonctionne bien, c’estàdire qu’elle permet de vendre des produits, alors le prix n’est pas le plus gros problème, dans la mesure où le retour sur investissement est palpable. Chez nos annonceurs, nous constatons de plus en plus que leur investissement doit être rentable à la fin de la journée. C’est la raison pour laquelle il faut naturellement toujours être en mesure de justifier un prix. Lorsque l’utilisation baisse, le prix par lecteur ou spectateur monte. Pour l’agence, la taille est décisive. Mais si le lectorat reste stable, voire augmente, alors la situation est toute différente. Le lectorat par rapport au prix est donc une variable décisive. Ensuite, il y a l’affinité. Si la publication a une bonne affinité, une affinité plus que proportionnelle, cela contribue naturellement à une évaluation positive. Or, en règle générale, il y a de bonnes affinités dans les journaux régionaux, ce qui a une incidence sur la préférence des annonceurs et des agences.

    Les marques ont-elles une chance de survivre à la révolution numérique? Oui, absolument. On peut voir les deux aspects de la chose. D’un côté, il y a les processus de transformation compte tenu de la valeur ajoutée au sein même des maisons d’édition. Comment un éditeur peutil produire plus rapidement et à meilleur prix en améliorant ses processus numériques? La révolution numérique à l’interne est à coup sûr cruciale pour la rentabilité des entreprises.

    Et de l’autre côté? Comment puisje publier sans perdre notamment les jeunes consommateurs? Je prétends que les éditeurs régionaux seraient bien avisés de mettre l’accent sur un canal numérique. Ce n’est pas simple, nous le savons tous. Mais il est primordial que les plus jeunes consommateurs puissent accéder aux informations via leur appareil mobile et de la manière la plus attractive possible. Il faut que la présentation soit la plus dynamique possible. Ce sera de toute manière préférable à la version électronique, mais statique, du journal. L’image animée ne doit pas être nécessairement de première qualité. Mais je le répète: les vidéos sont incontournables. Et plus elles sont authentiques, mieux c’est. Par le biais d’une application, les jeunes auront ainsi accès aux informations.

    Et vous, comment exploitez-vous ce développe-ment technologique? D’abord, en 2016, nous avons créé une filiale, Hoy SA, qui se charge de tout ce qui requiert des compétences technologiques. Aujourd’hui, cellesci jouent un rôle essentiel dans la publicité, par exemple le réglage des bannières sur les sites web ou l’optimisation de la recherche sur Google. Actuellement, presque toutes les données et valeurs de performance des campagnes pour nos clients sont téléchargées sur notre entrepôt de données, le Mediaschneider Data Warehouse. Le client en retire un immense profit, parce qu’il a un accès personnalisé et presque en temps réel à ses données. Il peut également visionner graphiquement, via une application tableau, la manière dont sa campagne s’est déroulée. Pour parler concrètement, il peut voir où son argent a été investi et ce que son investissement a rapporté. Dans l’idéal, nous obtenons également d’intéressantes informations sur le client, par exemple la progression de sa part de marché. En mettant tout cela en corrélation, le client peut ensuite comparer ses propres données de performance avec nos variables médiatiques.

    Et qu’est-ce que cela a comme incidence? Les clients sont très enthousiastes, car ils savent immédiatement ce qui a fonctionné et comment ça a fonctionné. D’autre part, c’est plus efficace et plus concret aussi pour Mediaschneider, puisque nous n’avons pas à consacrer trop d’heures aux rapports et aux présentations. Nous partons du principe qu’il faut toujours fournir

    Sur le terrain Groupe Gassmann

    «Le prix n’est réellement une menace qu’à partir du moment où, à la fin de la journée, ça ne rapporte rien.»

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    au client le plus d’informations possible en temps réel: plusieurs semaines après les campagnes, c’est définitivement trop tard. Le client moderne exige de pouvoir superviser sa campagne en pressant sur une simple touche.

    Cela fonctionne-t-il aussi avec les journaux régio-naux? Nous travaillons cette année à alimenter l’entrepôt de données également avec des données d’affiches et d’imprimés. Là, la taille d’une édition ne jouera aucun rôle. Naturellement, il est plus agréable d’avoir les données à disposition dans l’entrepôt plutôt que de devoir les saisir plus tard manuellement dans tel ou tel aperçu.

    Quelle importance ce projet revêt-il à vos yeux? Nous souhaitons poursuivre l’extension du Data Warehouse. En effet, si à l’avenir tous les médias y sont inclus, beaucoup de choses seront possibles. Ce sera très intéressant si nous pouvons établir des corrélations directes en ce qui concerne l’utilisation des médias. Prenons l’exemple d’un client qui demanderait «de quoi aije besoin pour accroître mon chiffre d’affaires de x% l’année prochaine?». Sur la base de notre expérience avec les diverses corrélations de données, nous serons en mesure de lui établir un budget et de lui recommander des canaux. Nous avons appris que le recours aux médias constitue en moyenne un solide 25% des ventes d’un produit. Comparativement, la création du produit luimême représente 40% de sa réussite, et les facteurs restants 35%

    (prix, promotion, commercialisation et réputation). Désormais, grâce aux analyses de pression publicitaire ou aux analyses d’attribution, et à l’aide des données issues de notre entrepôt (warehouse), nous sommes en mesure de décrire ces effets de levier.

    Qui en profitera? Les médias numériques et la télévision sont d’ores et déjà saisis dans le système. Maintenant, c’est au tour de la presse papier, du cinéma et des affiches. Lorsque nous aurons tout intégré, tout le monde en profitera. Mais c’est surtout au client que ce sera utile. Sans compter que toutes les parties concernées en retireront probablement quelque chose à partir du moment où nous automatiserons l’échange de données.

    D’intermédiaire publicitaire, ne seriez-vous pas en train de devenir de plus en plus un conseiller en communication? Mediaschneider a pris un engagement très clair par rapport aux mandats de sa clientèle. Si nous vendions d’avance des volumes publicitaires et si nous étions actifs dans un business à fortes marges, nous ne serions plus crédibles. Celui qui commercialise ses surfaces médiatiques «déjà achetées» a un intérêt tout à fait manifeste à privilégier son propre inventaire. Un client qui cherche un conseil vraiment neutre, transparent et professionnel souhaite plutôt un conseiller indépendant, par exemple Mediaschneider!

    17Sur le terrain Groupe Gassmann

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    «LE JOURNALISME EST ESSENTIEL À LA DÉMOCRATIE DIRECTE»

    Utilisez-vous encore les médias traditionnels? Bien sûr, mais autrement que par le passé. Je suis un pendulaire, toujours entre deux villes, donc je ne lis plus mon journal sous sa forme papier: je le consulte en ligne, comme beaucoup de choses. La radio, en revanche, est un média que je continue d’écouter sous sa forme classique, live. Pour la TV, j’en fais un usage non linéaire: je suis devenu un adepte de la consommation sur demande. Il est rare que je regarde une émission en direct, je privilégie le replay. Pour le reste, je recours aux services de streaming comme Netflix. Je consomme essentiellement des informations et des émissions culturelles, mais aussi du trash.

    Tout le monde parle de l’agonie des journaux. Vous aussi? La situation est critique. Le paysage médiatique suisse a vécu ces dernières années un spectaculaire processus de consolidation et de concentration. Il y a peu d’entreprises médiatiques indépendantes qui ont résisté au choc comme le Groupe Gassmann. Le paysage est occupé par de grands groupes comme Tamedia, NZZ, Ringier ou encore l’association de médias régionaux que projettent de créer NZZ et AZ.

    Qu’en est-il de la diversité originelle? Elle est en recul. Il y a moins de titres et moins d’entreprises, ce qui s’explique aussi par la raréfaction des moyens financiers. Dans le journalisme, les recettes ont fortement régressé. Il ne s’agit pas seulement de la diminution de la diversité des titres, mais aussi de l’appauvrissement des prestations. Dès lors, peuton encore gagner de l’argent avec le journalisme? Et quelles mesures d’économies cela impliquetil pour les rédactions? Sans compter que les coupes sombres opérées à l’ATS, agence si importante pour les médias régionaux, ne sont guère réjouissantes. Néanmoins, beaucoup de journaux et de journalistes continuent de faire de l’excellent travail.

    Histoire Groupe Gassmann

    INTERVIEW: THEO MARTIN

    »MANUEL PUPPIS PLAIDE EN FAVEUR D’UNE INFRASTRUCTURE NUMÉRIQUE COMMUNE ET D’UNE AIDE AUX MÉDIAS EN LIGNE. A L’ÈRE DU TOUT INTERNET, CE POURRAIT ÊTRE UNE MANIÈRE D’AIDER LE JOURNALISME.

    Ce serait une erreur de sous-estimer les médias traditionnels, déclare le Fribourgeois Manuel Puppis, professeur et spécialiste des médias. Il plaide en faveur de nouvelles formes d’encourage-ment aux médias.

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    «LE JOURNALISME EST ESSENTIEL À LA DÉMOCRATIE DIRECTE»

    Histoire Groupe Gassmann

    La qualité a-t-elle baissé en conséquence?La qualité est une notion assez floue. Elle se compose de plusieurs dimensions. Certaines d’entre elles ont beaucoup souffert, d’autres ont gagné en qualité. C’est la diversité qui a le plus baissé, c’est indéniable. Il y a moins d’opinions différentes, surtout dans le rendu de l’actualité nationale. D’un autre côté, certaines dimensions qualitatives se sont améliorées; une grande rédaction centralisée a ainsi probablement plus de ressources et de possibilités pour couvrir les événements politiques, culturels et économiques de notre pays que n’en avaient les petites rédactions régionales. La détérioration ne touche que certains volets de la profession, dont la diversité. Quand on analyse les contenus d’aujourd’hui, on se rend compte aussi que l’accélération dans le journalisme a parfois pour effet collatéral certaines lacunes dans la capacité à sélectionner.

    Comment les médias classiques en sont-ils arri-vés là?La plupart des journaux qui constituent la presse d’opinion sont issus d’organisations religieuses ou de partis politiques. C’est d’ailleurs ce qui explique leur diversité. Dans beaucoup de régions, il pouvait y avoir un journal catholiqueconservateur, un journal libéral et un journal socialiste, auxquels se sont ajoutés, à la fin du XIXe siècle, des journaux politiquement neutres, d’orientation plus commerciale, comme le TagesAnzeiger. Dans les années 1960 et 1970, il y a eu de nombreuses fusions dans certaines régions. La création de ces monopoles a entraîné le remplacement de la presse d’opinion par des journaux de type forum, susceptibles de toucher l’intégralité du public. Finalement, c’est donc une décision d’ordre économique qui a

    prévalu, avec pour objectif de desservir le marché dans son ensemble. A l’aube du 2e millénaire, la mutation s’est accélérée sous l’effet d’internet. La publicité a migré vers de nouveaux supports qui, en tant que tels, ne produisent pas de contenu, tels que les moteurs de recherche et les réseaux sociaux. Du coup, entre 1995 et 2017, les recettes dues à la publicité dans les journaux payants ont passé de 1,7 milliard à 500 millions de francs. Selon une enquête de la NZZ, les recettes publicitaires en ligne des médias suisses ne dépasseraient pas 80 millions de francs par année.

    Et qu’en est-il de la radio et de la télévision? Dans l’entredeuxguerres, pratiquement partout en Europe, la radio s’est transformée en service public, sur le modèle de la BBC. Cela s’explique par la propagande de guerre, mais également par la pénurie des fréquences et le manque général d’argent. C’est pourquoi on a créé la SSR en Suisse, qui a ensuite reçu le monopole de la télévision. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 1970 que l’on peut assister à une ouverture, d’abord avec les radios pirates, puis avec les tentatives de radiodiffusion locale. Jusqu’à la fin des années 1990, les radios et les télés privées se limitaient essentiellement à des bassins locaux ou régionaux.

    Depuis, on a assisté à une dérégulation massive. Aujourd’hui, les chaînes privées ont chez nous les mêmes possibilités qu’à l’étranger. Mais nous sommes un petit pays entouré de puissants voisins qui parlent les mêmes langues que nous. C’est pourquoi la part de marché détenue par les chaînes de télévision allemandes, françaises et italiennes s’élève à 70%. Les stations suisses sont nées relativement tard et doivent livrer une

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    «Les médias tradi-tionnels sont ceux qui continuent de porter le journalisme à bout de bras»

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    Histoire Groupe Gassmann

    lutte sans merci pour conserver leur place. A la radio, la SSR occupe une place dominante, tandis que les chaînes privées se cantonnent aux contenus régionaux. Il y a toujours eu des conflits entre la SSR et les diffuseurs: pendant longtemps, la SSR n’avait pas le droit de produire des informations radiophoniques. Elle devait les reprendre de l’ATS, qui appartenait aux diffuseurs. A l’arrivée de la télévision, la publicité a été vendue au sein d’une association réunissant les privés et le service public. Il en est allé de même avec le télétexte. Il n’y a que sur internet que cette coopération n’a , jusqu’ici, pas lieu, alors que c’est là que le chamboulement est le plus manifeste.

    Il existe désormais de nombreux canaux média-tiques. Peut-on dire que la qualité n’a jamais été aussi élevée qu’aujourd’hui?Non, on ne peut pas dire les choses ainsi. L’offre médiatique est plus forte qu’elle ne l’a jamais été et délivre une foule d’informations et de divertissements dans les foyers suisses. Pourtant, la diversité n’est pas au rendezvous. Dans les régions, la radio locale, la TV locale et les quotidiens appartiennent souvent à la même entreprise. Quant aux journaux régionaux, ils appartiennent pour la plupart aux mêmes entreprises, et tous leurs contenus suprarégionaux proviennent d’une rédaction centrale. Les chaînes TV privées étrangères qui diffusent en Suisse ainsi que Netflix misent sur le divertissement plus que sur l’information. En revanche, internet permet d’accéder à de nouvelles sources d’information. Sans compter que sur le web, n’importe qui a la possibilité de diffuser luimême des informations. Ce qui ne veut pas dire que ces infos sont fiables. Quant au rôle joué par Facebook et les fake news, depuis les dernières élections américaines, c’est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre.

    Les médias traditionnels ont-ils encore du pouvoir?Les médias traditionnels sont ceux qui continuent de porter le journalisme à bout de bras. En font partie, ne les sousestimons pas, des entreprises comme Republik, Journal B ou Zentralplus, qui sont certes actives uniquement online, mais qui n’en demeurent pas moins des organes médiatiques traditionnels. Non, le vrai problème est plutôt que les recettes générées par la publicité sont en très net recul, parce que les petites annonces sont en voie de disparition et que de trop nombreux lecteurs, adoptant cette mentalité de la gratuité qui règne sur le web, rechignent à payer un abonnement. Il y a donc de moins en moins de ressources financières dans le journalisme. Le deuxième problème, c’est que les plateformes comme Google ou Facebook prennent également à leur compte la mise à disposition des contenus. Du coup, les entreprises médiatiques n’ont plus forcément un accès direct à leur public. Lorsque les lecteurs ne liront plus Le Journal du Jura sur le site du journal mais directement sur Facebook ou Twitter, les entreprises médiatiques ne pourront plus opérer ellesmêmes la sélection des nouvelles. Troisième point: la position de force des nouvelles plateformes ne permet que très difficilement aux lecteurs de juger du contenu de ce qu’ils reçoivent. L’information estelle fiable ou n’estce que de la propagande politique? Le jeu devient beaucoup plus complexe pour tout le monde. Conserver la qualité et la diversité dans le journalisme relève du devoir politicomédiatique.

    Mais comment faire avec cette pression économique? La Suisse devrait conserver une SSR forte en tant que prestataire de service public et lui permettre de s’épanouir sur internet. En effet, on ne peut pas juste se contenter de s’accrocher à la radio et à la TV classique, linéaire. Il faut impérativement faire avec la réalité des usages actuels. Il faut aussi réfléchir à un moyen d’épauler la presse classique. La Constitution fédérale exclut actuellement toute aide directe à la presse. Mais on pourrait songer à un moyen de l’aider de manière indirecte en ligne. Une idée pourrait être de monter une structure numérique susceptible d’être utilisée par tous les médias suisses. Autre idée: réfléchir à une aide directe aux médias en ligne, afin de promouvoir le journalisme.

    Les médias traditionnels seront-ils encore bien vivants dans cinq ans? Je suis convaincu que le journalisme restera un élément central. Les médias sociaux offrent de nouvelles possibilités de s’informer, de débattre et de participer politiquement. Le journalisme est essentiel à la démocratie directe. Il n’est pas là pour défendre des intérêts particuliers, mais pour représenter les divers points de vue, mettre en relation des groupes aux positions antagonistes et garder un œil sur les exactions des puissants. C’est pour cela qu’une aide aux médias est indispensable du côté de la production. Les médias suisses doivent avoir suffisamment d’argent pour financer le journalisme. Et puis, il faut s’asseoir autour d’une table avec des prestataires comme Facebook et Google, afin qu’eux aussi assument leurs responsabilités. Mais ce n’est pas à l’échelon suisse que cela pourra se passer. Et, pour conclure, je vois l’impérieuse nécessité d’investir dans l’éducation aux médias et de montrer aux citoyennes et aux citoyens de ce pays ce qu’est le journalisme.

    Qui est-il? Manuel Puppis est professeur ordinaire au Département des sciences de la communication et des médias (DCM) à l’Université de Fribourg. Il est aussi membre de la Commission fédérale des médias (COFEM).

  • 21Prix de la photographie Groupe Gassmann

    Photos primées

    Impressions

  • Impressions

    Le Swiss Press Award, qui décerne des prix dans les domaines de la presse écrite, de la photo, des médias en ligne, de la radio et de la vidéo, est l’un des principaux instruments visant à promouvoir le journalisme suisse. Dans chacune des catégories, des jurys composés de spécialistes décident de l’attribution des prix. Cette année, pas moins de quatre séries de pho

    Prix de la photographie Groupe Gassmann

    tos ont été primées, qui ont paru dans le «Bieler Tagblatt» ou, en partie, dans Le Journal du Jura. Il s’agit de photos réalisées par Frank Nordmann (consacrées à un exercice de décontamination au Centre hospitalier de Bienne), Tanja Lander (sur le Kids Day), Jonathan Liechti (By God’s Grace) et Rolf Neeser (Ewige Liebe). Elles ont également été publiées dans d’autres journaux. Vous trouverez dans les pages suivantes les photos primées des photographes du «Bieler Tagblatt» et du Journal du Jura Tanja Lander et Frank Nordmann.

  • Prix de la photographie Groupe Gassmann 23

    Impressions

    »LA PHOTO PRIMÉE: FRANK NORDMANN

  • Impressions

    »LA PHOTO PRIMÉE: TANJA LANDER

    Prix de la photographie Groupe Gassmann

  • Impressions

    Publicité Groupe Gassmann 25

    »THOMAS KAUERWWW.KAUER.CH

    «Le Bieler Tagblatt est une institution dans le Seeland depuis 1850. L’entreprise de médias Gassmann nous permet de couvrir efficacement notre zone de vente, qui comprend tout le Jura bernois et la plus grande partie du Seeland. La population soutient le BT, et comme 40% de nos clients sont francophones, la combinaison publicitaire «Bijou», qui englobe le Bieler Tagblatt et Le Journal du Jura, est idéale pour nous. Ces deux quotidiens sont novateurs: ils n’attendent pas sans réagir que la numérisation dévore le papier. Et leurs offres sont à la fois convaincantes et attractives.»

    Pour être bien perçu par le public, Vogelsang SA fait de la publicité dans la presse écrite, à la radio et à la TV. Se focaliser sur un seul

    support publicitaire aurait trop peu d’effet. En effet, seule notre présence conjuguée sur les diverses platesformes est en mesure de profiler au mieux notre entreprise avec les diverses prestations qui sont les siennes.»

    PublicitéPour s’adresser aux divers groupes de clients qui ne s’informent pas exclusivement en ligne, les journaux quotidiens, la radio et la télévision complètent idéalement notre publicité. Pour nos marchés du meuble, la publicité traditionnelle a l’avantage

    d’avoir un impact direct et efficace. Notre collaboration avec Gassmann Media SA repose sur la confiance et fonctionne à merveille depuis des années, ce qui facilite grandement les choses.»

    »RALPH MÜLLERDIRECTEUR GÉNÉRAL AMAG BIEL/BIENNE

    »PHILIPP VOGELSANG

    DIRECTEUR GÉNÉRAL DE VOGELSANG SA, GRANGES

  • RecetteGroupe Gassmann

    «Fish and Chips»Ingrédients pour deux personnes: 1 œuf, séparer le blanc du jaune 50 g de farine1 pincée de sel 1 dl de bière, de préférence anglaise300 g de filet de poisson, genre cabillaud ou aiglefinEncore une pincée de sel et un peu de poivre De l’huile de friture en suffisance Du vinaigre

    Deux pages du Journal du Jura, de préférence la rubrique «Sports» ou «Cuisine»

    Préparation: Battre le blanc d’œuf en neige. Dans un plat, bien mélanger la bière et la farine, et saler le mélange. Bien saler et poivrer le poisson, puis le tourner dans la farine. Incorporer le blanc d’œuf battu dans le mélange bière/farine, laisser tremper le poisson dans cette pâte, puis le frire durant 3 à 5 minutes dans de l’huile très chaude, jusqu’à ce qu’il devienne doré. Laisser s’égoutter sur un mor-ceau de papier ménage. Servir dans un cornet fait d’une page du Journal du Jura, avec un peu de vinaigre de malt, des pommes frites et de la purée de petits pois. Et une ou deux bières pour accom-pagner.

    Cheers, et bon appétit!

  • «SANS MES SENS, RIEN NE VA!»

    En cuisine aussi, l’ère du numérique s’est imposée depuis belle lurette. Les appareils de mise sous vide, les Hold-o-mat, les combi-steamers et autres friteuses sont désormais équipés d’affichages à chiffres électroniques.

    RecetteGroupe Gassmann 27

    Impressions

    Aujourd’hui, le contrôle de la température de cuisson s’effectue au demidegré près, et les balances mesurent le poids au milligramme. Et pourtant, cuisiner reste une activité artisanale.

    Sans mes sens, rien ne va. Moi, j’entends quand la viande devient croustillante dans son huile chaude aromatisée à l’ail et aux fines herbes fraîches. Moi, c’est avec mon nez que je sens quand les pommes de terre prennent gentiment de la couleur dans leur four, et c’est au toucher que je sens si un concombre est suffisamment frais et croquant pour en faire une salade. C’est précisément là tout le charme de mon métier: le contact avec les aliments, les odeurs, le maniement précautionneux et respectueux de la viande, avec la conscience du fait que c’était un être vivant il y a encore peu de temps.

    Le numérique, ça aide, mais cela ne remplace pas tout. Des SMS sur son portable, pourquoi pas? Et pour s’écrire des lettres, aujourd’hui, plus besoin de papier. Les emails sont rapides et peu compliqués, et le correcteur orthographique m’apprend même à faire moins de fautes. Il existe aussi des restaurants où l’on peut effectuer sa commande par iPad, mais franchement, n’estil pas plus agréable de tenir une carte des mets dans la main? De la sentir physiquement?

    Pour moi, il en va de même avec le journal. On peut fort bien le lire en ligne: c’est d’ailleurs parfois meilleur marché. Mais moi, j’aime bien avoir mon journal dans les mains. Et la sensation change d’un journal à l’autre; même l’odeur est différente. Il est aussi plus ou moins épais, plus ou moins lourd, selon les éditions. Parfois, il est un peu mouillé, parce que le facteur a ramassé la pluie.

    Dans le temps, en cuisine aussi on utilisait les journaux. On en faisait des cornets pour y servir des pommes frites ou des fish & chips, le plat national anglais que l’on trouvait à tous les coins de rue dans cette bonne vieille Angleterre.

    Mais les services de l’hygiène ont passé par là: en Suisse, il est interdit d’emballer des denrées dans du papier journal, à cause de l’encre d’imprimerie. En revanche, on peut acheter du papier parfaitement sûr du point de vue alimentaire, mais imprimé comme du papier journal. En anglais, comme les originaux de l’époque.

    PHILIPPE BERTHOUD

  • W. Gassmann AGLängfeldweg 135Postfach 1344CH-2501 Biel/Bienne

    Tel. +41 32 344 81 11E-Mail [email protected]

    LES BONNES HISTOIRES N’ONT PAS DE FIN

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