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Philippe Sollers/Pileface Version originale : http://www.pileface.com/sollers//spip.php?article918 > SUR DES OEUVRES DE TIERS Le Pays où tout est permis de Sophie Podolski le manuscrit, l’édition typographiée, les dessins dimanche, 20 septembre 2009 / Albert Gauvin DOSSIER SOPHIE PODOLSKI Lettre à Philippe Sollers Portrait de la fragilité de ph. S. LE PAYS Où TOUT EST PERMIS Le manuscrit L’édition de 1973 La préface de Sollers : Biologie Les premières pages 26 dessins de l’édition de 1973 (diaporama) « Les cheveux du soleil sont nos mains aussi. L’écriture pompiérise tout signe alarme continue. Lettre à tous les mondes. Vous êtes tous des cons ou bien vous êtes pas défoncés ou vous flipez comme des cons parce que c’est ici une planète de cons qu’on comprendra jamais et on y comprend rien à rien. » « RENDEZ LES COULEURS — LES VOYAGES QUE VOUS AVEZ PRIS ! Ils veulent que je prenne le temps de CREVER — Donc je suis une crevure noble — pas un épistolaire du siècle rue de l’ancienne comédie... » Sophie Podolski, Le Pays où tout est permis, 1973 (premières lignes et derniers mots). Sophie Podolski Crédit photo : theorita und praxis

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Philippe Sollers/Pileface Version originale : http://www.pileface.com/sollers//spip.php?article918

> SUR DES OEUVRES DE TIERS

Le Pays où tout est permis de Sophie Podolskile manuscrit, l’édition typographiée, les dessinsdimanche, 20 septembre 2009 / Albert Gauvin

DOSSIER SOPHIE PODOLSKI Lettre à Philippe Sollers Portrait de la fragilité de ph. S. LE PAYS Où TOUT EST PERMIS Le manuscrit L’édition de 1973 La préface de Sollers : Biologie Les premières pages 26 dessins de l’édition de 1973 (diaporama)

« Les cheveux du soleil sont nos mains aussi. L’écriture pompiérise tout signe alarme continue. Lettre à tous les mondes. Vous êtes tous des cons ­ ou bien vous êtes pas défoncés ou vous flipezcomme des cons ­ parce que c’est ici une planète de cons qu’on comprendra jamais et on ycomprend rien à rien. »« RENDEZ LES COULEURS — LES VOYAGES QUE VOUS AVEZ PRIS !Ils veulent que je prenne le temps de CREVER — Donc je suis une crevure noble — pas unépistolaire du sièclerue de l’ancienne comédie... »

Sophie Podolski,Le Pays où tout est permis, 1973 (premières lignes et derniers mots).

Sophie PodolskiCrédit photo : theorita und praxis

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Dans son numéro de l’été 2009, l’excellente revue luna park , animée par Marc Dachy, publie uncurieux portrait de Philippe Sollers dessiné par Sophie Podolski en novembre 1972 ainsi qu’unelettre manuscrite adressée à l’écrivain [1]. Sophie Podolski est une poétesse et graphiste belge née en 1953 (le 8 octobre [2]). Elle quittefamille et lycée pour faire des études de gravure à l’Académie de Boisfort. Elle vit quelque temps ruede l’Aurore à Bruxelles, au sein du Montfaucon Research Center, collectif de création dont elle est undes membres fondateurs avec Alberto Raposo, Pidwell Tavares et Joëlle de la Casnière. Elle subit debrefs internements psychiatriques à Bruxelles et à Paris, écrit Le Pays où tout est permis et laisse denombreux dessins [3]. C’est en 1972 que paraît Le Pays où tout est permis, " prose poème journal graphié, dansé, chanté". PROÈME. En 1973, Philippe Sollers en publie de larges extraits dans la revue Tel Quel, enreproduisant le manuscrit dans sa graphie singulière, puis fait la préface, intitulée " BIOLOGIE ", del’édition typographiée publiée au éditions Belfond [4].Sophie Podolski se suicide le 23 décembre 1974 à Bruxelles. Elle a vingt et un an.La revue luna park publie en 1980 un inédit, Snow Queen — Reine des neiges — (édition établie parMarc Dachy).

Sophie Podolski

Lettre à Philippe Sollers

Bruxelles

Le 29 novembre 1972

phillip Solers,

Je vous jette des grands signes de loin en patin a roulettes. toute petite verte glissant sur le plafonden criant il flotte le monde etc... arrivée à côté de vous vous me racontez l’étrange aventure. nousdécidons d’aller la trouver dans la crique ou elle se repose de la magnifiquence de ses dernierstrajets. nous rions tous aspiré par la gluante fraîcheur du fumier orduriel. (haletera un long spasmequi nous donne le sommeil). une nourrice explique notre oubli en carré noir. l’éttouffement soudains’empare de la gorge et nous maintient siddéré sur un thème de magie noire où il y a victoire. Je necrois pas que demain il faudra acheter ou ne pas acheter du pain ou autre chose. heu... c’estéquivoque ceux qui parle du savoir savent connaître le savoir comme une methode énergiquemotrice. Je suis un merle parleur. je suis une flaque d’huile. Je suis un enfant assis par terre quiattend une recompense. tu as vu des cerveaux les uns dans les autres. c’est vrai qu’ils crient ?l’escadron déboutonné des chats sur l’échelle se rendent chez moi. nous irons à la chorale deschameaux bouddhistes qui se rendent sur le bateau des naufragés de la névrose des blancsdégénérés. (nous ne sommes jamais que les assistants du vide). Je veux voir que nous sommesaucun mais au moins nous sommes deux chacun dans la ligne qui nous rejoint en nous internantdeux dans chacun aussi Bien qu’autant deux dans aucun

AMICALEMENT

Sophie*

Cette lettre était accompagnée d’un portrait de Philippe Sollers.

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par Sophie Podolski 

oOo

Le Pays où tout est permis

Le manuscrit

Publiées dans les numéros 53 (printemps 1973) et 55 (automne 1973) de la revue Tel Quel, voiciles premières pages du livre de Sophie Podolski.

Elles étaient présentées par ces quelques mots :

« Sophie Podolski est née en 1953. Cette date permet de mesurer la rapidité aveclaquelle un certain bouleversement est en cours. Et en guise d’avertissement pourceux qui croient qu’écrire ne vient pas d’abord d’une certaine façon de vivre. » Ph.S.

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L’édition de 1973

« j’ai la manie dans mes rêves d’ouvrir des fenêtres voilà pourquoi j’aime ce livrequi n’est pas un livre »

Ph. Sollers

BIOLOGIE

La préface de Philippe Sollers [5]

L’expression prendre son pied est récente principe de versification tourné à l’envers je voudraissouligner que l’événement sur la page n’arrive jamais isolé reste à fond dans son ombre un arbre nedoit pas cacher la forêt les paroles dit artaud sont un limon qu’on n’éclaire pas du côté de l’être maisdu côté de son agonie et encore on ne reproche pas à un écrivain un mot obscène parce qu’obscèneon le lui reproche s’il est gratuit je veux dire plat et sans gris­gris et encore je ne supporterai paséternellement que la sexualité universelle me carapace et me draine de la tête aux pieds voilà c’esttout à fait clair maintenant aucun vagin cuit recousu aucune fesse entrecul ne pourra barrer nosnaissances donc elle dit la vie est castrante la mort décastrante formules condensées le rythmepense tout seul souffrance et encore souffrancene prenez pas votre air amateur du menu folie pour les autres ça part de l’intenable ça y reviendraquelqu’un qui a mal au­delà du mal qui jouit par­delà le joui est facilement aujourd’hui l’objet d’unencadrement nouveau style profs journaux éditeurs maquereaux politiques fils de zofs sourds muetsamputés en tous genres c’est qu’on en a marre écrit­elle encore marre marre d’habiter sur quelquechose de pourri et non seulement archi­pourri mais en plus sphérique amusante cette prétentionthéorique de broder à côté d’la pratique la pensée pour eux ne ressemble pas au tonnerrefinalement ils gardent leurs intonations d’autrefois on voit bien tout de suite ceux qui parmi eux

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vont renaître rendez­vous au prochain cycle bonsoir elle dit aussi je vois dans mon cerveau et pasailleurs même si ailleurs il y a j ’en ai marre marre des cons des culs des bites des couilles marremarre pensez­y des culs des bites des couilles marre marre pensez­y quand vous f’rez vos petitescochonneries du jour dans la nuit le tout écrit­elle encore est de savoir comment un poèmeinachevé peut­il achever un poème inachevé pour justement être un poète cette glace ne se prendpas dans la main le vice d’écrire au service du vice libre vice au service de la liberté vous ne croyezpas vraiment que la vérité va se dire en clair tout de même ceux qui le prétendent sont employéspar la reproduction sans raison l’espèce peut en devenir élastique après tout le cercueil est à peineplus grand qu’un étron j’ai la manie dans mes rêves d’ouvrir des fenêtres voilà pourquoi j’aime celivre qui n’est pas un livre quelques débiles croyant en majorité qu’il y a des livres ou encore queleur tête existe mais la faux passe est passée repasse chaque phrase aiguisée courbe tranchée laméthode consiste à ne jamais être d’un seul coup lucide oui exactement comme si on avaitplusieurs vies d’un cynisme absolu un système d’auto­régulation crache ton venin et autres conseilsd’urgence parce que voyez­vous il est temps drôlement temps dans le temps de sauter à côté maisoui juste à côté de vous­mêmes je ne veux plus voir personne assis couché debout comme autrefoisdans la loi nous n’avons jamais été des écrivains et pas non plus le contraire la musique ditbeethoven est une révélation qui dépasse toute sagesse et toute philosophie de nouveau je vois lacour jaune

philippe sollers

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Les premières pages

Ces pages correspondent aux pages manuscrites publiées dans Tel Quel n° 53 et présentées plushaut.

Les cheveux du soleil sont nos mains aussi. L’écriture pompiérise tout signe alarme continue. Lettre à tous les mondes. Vous êtes tous des cons ­ ou bien vous êtes pas défoncés ou vous flipezcomme des cons ­ parce que c’est ici une planète de cons qu’on comprendra jamais et on ycomprend rien à rien. Est­elle femme ou démon. Est­ce démon ou femme ­ le suicide(développement) philosophiquement jamais étudié ­ pensez à dialoguer en vue de synthèses(perspective vraie ou fausse) ce que la parole avec la pensée n’a rien à voir avec notre organismed’aucun autre fonctionnement de notre connaissance. La parole est une hystérie qui relève de lafrustration qui par ailleurs la compense. Vous êtes si loin. Soyez sage ­ planant ­ à bientôt ­ l’herbeest dans le tiroir ­ il faut que vous sachiez rude­ ment bien ce qu’il va advenir de vous pour que voussoyez si peu sûr de vous ?On lui avait demandé d’ajourner la totalité des routines des postiers ­ on a vu qu’il était à l’acid ­ onle lui demandait il prenait des mines effrayées et grotesques mais il se dédoublait de son bourreaulentement la persévérance lui a appris à s’interdire de faire des fautes d’orthographe ­ on l’a vu sedire qu’il allait beugler ­ il

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a pris son pied à la lettre. Nous rejoignons les rails du train avec les fils télégraphiques ­ quand oncommence à maigrir la fumée s’évapore en vitesse ­ 50 pages de dynamo 13. Lorsque passe leplaisir le respect doute de lui ­ le plaisir prend sa forme ­ donc la chose plastique s’y fait ainsi que lachose acide permet de rôder l’acidité de la vie plastiquement. Et que nous ­ les bons et les justesnous nous sommes fait tant de mal que nous sommes ensemble loin au­delà de la douleur ­ leseffilochés perdus accrochés aux filaments du désespoir ­ le corset prude dégringole des saulespleureurs. Le répondeur lui annonce sa bête défaite ­ le jambon danse encore ­ bientôt la pénicheshilum dépourvue de ville pourrira Doctor Ship dans ta valisette il n’y avait pas que des chaussettessales. Dans la Kasba Noisette promenait le sèche ­ cheveux tandis que les veuves noires qui parfoisportaient du grenat s’affairaient autour d’un aspirateur pour en défaire les n ?uds ­ tes mecs se

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disputaient pour quelques plaquettes d’opium concassées. Il voulait dormir dans le vestibule ­ sur lepalier ­ dans le lavabo pour y faire couler le sang de tout le visage ôté du masque abondamment ­tranquillement de bonnes mains ont délacé ses bottines les ont mises au fridge dans lecompartiment des glaçons ­ alors tu le bouffes ! zap ­ ada matepé elasdas matelas épidaspédérastique. Ils se promènent main au cul galerie de la reine ­ le petit bonhomme barbu,grincheux, touffu, hirsute, verdâtre, en gros velours, une petite caisse de violon grisaillante sous lebras ­ les attendait sous la dernière colonne ­ il leur joua « Pleurs d’amour » de J. Hendrix ­ puisbrusquement son violon s’est changé en bicyclette combiné avec une mitraillette. Dans lesstructures des lits et des parcs tout en barreaux émaillés blancs avec l’aide desquels les petites fillesse

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branlent et dans la cave sur le foin les chiens les lèchent assoiffés et tout ne leur est qu’agréable.Monsieur le chefffff de gare je suis le fantôme je vais vers le soleil car le paradis est au creux de mamain allez tremper vos dînettes ma chère ­ strophons­nous l’amirale ­ tantôt les choux à la crèmesous l’armoire appelleront à l’aide ­ hep TAXI ! toi Taxie pourrie tu ne cesseras donc jamaisd’assassiner nos Suzies des icesrooms ­ car il était humble. Combien avaient vu avant que ses yeuxne voient ­ je t’en beurre une longue sous l’ombrage de la fougère. Mais il fout que je m’en aille deces pagailles ces bafouillages. Et puis tout à coup on se sent traumatisé par quelqu’un qui est là àcôté de vous depuis quelques jours sans que la remarque soit dans les esprits présents ­ tu veux dessous pour prendre un tram ­ j’en veux pour acheter une crème glacée. HAHA nous sommesessentiellement lactiste ­ nous aimons notre chemin et si le chien du berger est fou cela ne faitqu’augmenter notre plaisir. EXIT ­ on ne peut s’en aller de chez les plaisanciers qu’il y ait balcons etterrasses ­ qu’il ne faut ni laisser déborder les cendriers ni laisser les ampoules mortes sévir toutcomme vous ne jetterez pas les fauteuils ni les armoires par les fenêtres ­ les bretelles rangées neseront plus mélangées avec les cinglés ­ car la seule vie est une vie d’amour. Défoncez­vous les uns les autres ­ il n’est pas nécessaire d’avoir un jus de citron pur avec de la glaceet du sucre et un joint académique avec un long filtre arôme mentholé ­ défoncez­vous la gueule lesuns les autres il n’est pas besoin de cachette ni de flipage collectif ­ deux lèvres comme deux filetsd’une matière plastique quelconque ­ de même pour le dito ­le chat hérissé comme une angoisseencombrante ­ tu ne fumes pas le joint avec moi ­ je suis là ­ je suis là pas ici. Les figues semangent fraîches aussi

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figues et dattes ­ cerises ­ sinon les voleurs tuent les gendannes ­ ils mangent du cheval ­ et neparlent jamais ­ ne disent pas un mot ­ du mythe au folklore ils passaient à la légende de l’avion autapis volant ­ au train ­ ils préféraient le rythme ­ la guerre d’Israël vous souhaite bonne année ­MAO est jeune déjà AGE il est le plus fort ­ la Chine avance ­ 0 l’a dit ­ la télévision en couleurs le diten toutes les couleurs ­ quelques phrases se marmonnent en noir et en blanc ­ dans tous cas ilsn’aiment pas ce qu’ils disent ces gens­là. L’épingle de soleil savait que quand la lune est pleine del’autre côté elle est noire ­ les petits monstres de rapidité grandiosement superbes sont vertstranslucides ­ transe­LUCIDE ­ ils ont les yeux verts scintillants ils emmènent avec eux des avoués ­j’en suis persuadé ­ il est parano ­ il aime qu’on l’encule souvent ­ ça lui rappelle son père ­ il a lecortex solide ­ mais ses guiboles se fatiguent ­ car un marcheur ­ ses jambes de coton ­ les musclesde ses mollets tirés lui font mal il le sent ­ sa vie sera courte car il se souviendra ­ il aura écrit ­beaucoup ri ­ pris son pied dans des crises de danse ­ de fumette ­ de gueulades ­ de dégueudade ­ ilécrira encore ­ il est prisonnier ­ il n’aime pas écrire ­ il dessine souvent ­ il se ballade comme unseigneur ­ il plane ­ ça il plane bien. Ce que les gens écrivent ­ ils le savent ­ on leur a enseignécomment l’écrire ­ de toutes les manières ­ ça pue. Il a perdu qui perd gagne ­ l’espace n’a plus devaleur ­ pourtant on m’a enseigné tant de valeurs que j’ai dû en retenir qui avait un rapport avecl’espace ­ mais le temps l’a emporté ­ dans l’espace ­ ex passe ­ couloir ­ il y a gens qui touchenttout c’est bizarre ­ dans l’espace ­ temps. Moi j’aime les philosophes qui aiment les soft­machines ­les machines molles ­ les crèmes glacées ­ quoi ! du SPEED dans cet acid ­ crimez­nous

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ces engins ­ la barrière de bambou va céder sa crise de phosphorescence ­ le noir ? joueur de bangosva s’en aller coucher les palmiers ­ donner les palmes à manger aux oisillons exotiques aux couleursrares comme la télé en couleurs pour daltoniens. Il y a du vert tout le temps et on peut changer lebleu au rouge et le rouge au bleu en passant par tous les oranges fluorescents quelquefois il y a desflashs de jaunes acides. Qu’est­ce­qu’ils disaient ces gens méchants elle s’appelait Chantal ­ vouscomprenez pourquoi ­ non il n’y a pas de coca cola ici ­ vous avez mis le frigidaire dans votre bêtesandwich dans lequel il y avait des poils de chats dans une tache de sang ­ et chaque fois quej’ouvre une allumette ronde en papier très fin fort comprimé trempé dans la cire je m’attends à voirune petite écriture qui me laisse lire : « Je travaille depuis cinquante ans dans la fabrique de cespochettes d’allumettes. Ça réage toujours F L I P ..................­ dessus ­ schizer ici faut pas freaker là tous les soldats ne sont ni courageux ­ ni fiers ­ ni guerriers téméraires ­ quelques­uns sonttéméraires ­ tous sont crétins. Ils auraient voulu connaître la petite guerre ils sont déçus ­ puis lesinsectes à regarder ­ c’est gai ­ c’est vrai que vous êtes peinards ­ et puis les cyclothymiques on leurdonne ou des barbituriques ou des calmants type librium ­ ou des amphétamines vitaminées typecaptagon ­ ou alors les deux en même temps. Il est mythomane il a ses cahiers dans son bureau ­ses dossiers sont soigneusement rangés dans des tiroirs d’ébène ­ les deux dossiers posés sur letapis vert portent titres : le premier « ma mythomanie » ­ l’autre (plus petit et plus grand que lalargeur de son épaisseur). La chaussure que

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26 dessins de l’édition de 1973

Diaporama... (cliquer sur la 1ere image)

         

         

         

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[1] Au sommaire de ce numéro :Olivier Micha, Elisabeth OuEmmanuel Moses, On dit

Ivan Alechine, Au bal des papillonsEugène Savitzkaya, Peuples périssables

Sophie Podolski, Portrait de la fragilité de Philippe Sollers et Lettre à Philippe SollersMarc Dachy, Un théâtre sans théâtre

Alain Arias­Misson, De Joan Brossa au Poème publicMarc Audí, Joan Brossa et la poésie­action

Joan Brossa, Actions spectacles en trois parties. Strip­tease et théâtre irrégulierAlain Arias­Misson, Palabras fragiles. Duo du Chat et de la Souris à Manhattan

Ignacio Gómez de Liaño, Rencontres avec DalíMarc Dachy, « La vie est une invention extraordinaire »

Eddie Breuil, Julius Heuberger, l’imprimeur anarchiste de DadaDavid Lefranc, 13/05/21 Dada juge Barrès

Alain Jouffroy, Jacques Villeglé une victoire à contre­courantE. E. Cummings, eimi Mar 26 mai

Chroniques. Paul Laborde, La lettre et l’évènement ­ Yannick Haenel et François Meyronnis au coeurde la Spirale. Marc Dachy, Traduire en France : Schwitters, Sterne, Mandelstam, Tanizaki.

Laura Revelli Beaumont, Autobiographie de Téo UngAu fil du réseau

Luna­Park, 224 pages, 19 euros

Sur Marc Dachy.

Un texte de Marc Dachy — Poussière d’or (Notes de Kyöto, Villa Kujoyama, juin­décembre 2000) —a été publié dans le numéro 105 de L’Infini (hiver 2008).

Par ailleurs, Marc Dachy s’entretenait avec Francesca Isidori sur France Culture le 12 septembre2009.

[2] « Lundi 8 octobre (jour de mon anniversaire) », écrit­elle dans Le Pays où tout est permis,Belfond, p. 72.

[3] Source : Sophie Podolski.

[4] Une nouvelle édition sortira en 1979 chez Transédition.

[5] Contemporaine de la publication de son roman H.

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