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cresus.dz In medio stat virtus L’Hebdo national de l’Économie n Du Mardi 7 novembre au Lundi 13 2017 n n°110 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro MOT À DIRE Les ressources hydriques en Algérie : Des besoins en augmentation La politique âala Al-Talal 4Par S. Méhalla L e coup politique est baptisé opération anticorruption. À travers laquelle celui qui «ornait» les Unes du Parisien et du Monde, le prince saoudien Al Walid ben Talal, est piégé par l’héritier du trône qui semble prendre en main la succession sans être soucié. La presse a qualifié ce coup de vaste opération anticorruption. Courageuse. Al Walid Ibn Talal qui qualifiait le candidat des Etats-Unis de honte, vient d’encaisser un sacré K. O. sur le tapis non sans consentement du candidat devenu depuis Président des… Etats-Unis. Dans cette guerre qui se déroule sous silence dans la région, une guerre par procuration sur les terres musulmanes, avec une Russie prenant la place de la France au Moyen-Orient, avec le jeu dangereux de l’OTAN et la guerre que mène l’Iran contre l’Arabie Saoudite via le Yémen, nous avons l’impression que les marionnettes changent constamment. La dernière des marionnettes est le prince héritier qui, subissant la recette chinoise dans la lutte anticorruption va exécuter, une fois sur le trône, la feuille de route de l’oncle Sam dans la région. S’agit-il d’une vraie guerre contre la corruption ? Deux grands cabinets d’avocats, courroie de transmission entre Washington et l’Arabie saoudite, viennent récemment d’acheter une somptueuse propriété à l’ex- président Obama à Dubaï. S’agit-il de l’argent du peuple saoudien, de l’argent américain pour échapper au fisc de tonton Sam, de l’argent blanchi, de l’argent de Walid Ibn Talal pour qu’Obama se paye une retraite sous le soleil de l’Arabie ? Des agents américains ont aussi récemment fait des déclarations incendiaires au sujet du pourrissement de la politique américaine par l’argent saoudien. Il va sans dire qu’à plusieurs reprises le renseignement américain a dénoncé le sale jeu de la corruption des Bush et des Clinton et autres hauts responsables américains aujourd’hui à l’abri des souricières. Trump, quant à lui, richissime lui- même, ses besoins émanent d’une autre philosophie de domination. Il laisserait bien les militaires faire le nettoyage des «écuries d’Augias» laissant les princes pleurer sur Al Talal ou Al Atlal... S. M. nPLF 2018 MARCHÉ AUTOMOBILE PAGE 6 PAGE 9 QUEL POUVOIR D’ACHAT POUR LES ALGÉRIENS EN 2018 ? Page 3 LE MINISTRE DE L’AGRICULTURE PARLE DE L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE Ces dernières semaines, au grand dam des chefs de ménage algériens, la flambée des prix des fruits et légumes ne fait que perdurer. La principale raison évoquée… Pages 8 n ALI AMAMRA, P/APC DE MOSTAGANEM : «LA SITUATION N’EST PAS SANS INCIDENCE SUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIOÉCONOMIQUE» Page 7 nPATRICK HETZEL : «LE MONDE EST EN TRÈS GRANDE MUTATION ÉCONOMIQUE» Page 10 DEMANDE URGENTE ET STRATÉGIE À MOYEN TERME

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cresus.dz

In medio stat virtusL’Hebdo national de l’Économie n Du Mardi 7 novembre au Lundi 13 2017 n n°110 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro

MOT À DIRE

Les ressources hydriques en Algérie : Des besoins en augmentation

La politiqueâala Al-Talal

4Par S. Méhalla

Le coup politique est baptiséopération anticorruption. Àtravers laquelle celui qui«ornait» les Unes du Parisien

et du Monde, le prince saoudien AlWalid ben Talal, est piégé parl’héritier du trône qui sembleprendre en main la succession sansêtre soucié. La presse a qualifié cecoup de vaste opérationanticorruption. Courageuse. Al Walid Ibn Talal qui qualifiait lecandidat des Etats-Unis de honte,vient d’encaisser un sacré K. O. surle tapis non sans consentement ducandidat devenu depuis Présidentdes… Etats-Unis. Dans cette guerrequi se déroule sous silence dans larégion, une guerre par procurationsur les terres musulmanes, avecune Russie prenant la place de laFrance au Moyen-Orient, avec le jeudangereux de l’OTAN et la guerreque mène l’Iran contre l’ArabieSaoudite via le Yémen, nous avonsl’impression que les marionnetteschangent constamment. Ladernière des marionnettes est leprince héritier qui, subissant larecette chinoise dans la lutteanticorruption va exécuter, une foissur le trône, la feuille de route del’oncle Sam dans la région. S’agit-ild’une vraie guerre contre lacorruption ? Deux grands cabinets d’avocats,courroie de transmission entreWashington et l’Arabie saoudite,viennent récemment d’acheter unesomptueuse propriété à l’ex-président Obama à Dubaï. S’agit-ilde l’argent du peuple saoudien, del’argent américain pour échapper aufisc de tonton Sam, de l’argentblanchi, de l’argent de Walid IbnTalal pour qu’Obama se paye uneretraite sous le soleil de l’Arabie ? Des agents américains ont aussirécemment fait des déclarationsincendiaires au sujet dupourrissement de la politiqueaméricaine par l’argent saoudien. Ilva sans dire qu’à plusieurs reprisesle renseignement américain adénoncé le sale jeu de la corruptiondes Bush et des Clinton et autreshauts responsables américainsaujourd’hui à l’abri des souricières.Trump, quant à lui, richissime lui-même, ses besoins émanent d’uneautre philosophie de domination. Illaisserait bien les militaires faire lenettoyage des «écuries d’Augias»laissant les princes pleurer sur Al Talal ou Al Atlal...

S. M.

nPLF 2018 MARCHÉ AUTOMOBILE

PAGE 6

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QUEL POUVOIRD’ACHAT POURLES ALGÉRIENS

EN 2018 ? Page 3

LE MINISTRE DE L’AGRICULTURE PARLE DE L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE

Ces dernièressemaines, au

grand dam deschefs de ménage

algériens, laflambée des prix

des fruits etlégumes ne faitque perdurer. Laprincipale raison

évoquée… Pages 8

n ALI AMAMRA, P/APC DE MOSTAGANEM :«LA SITUATION N’EST PAS SANS

INCIDENCE SUR LE DÉVELOPPEMENTSOCIOÉCONOMIQUE»

Page 7

nPATRICK HETZEL :

«LE MONDE EST EN TRÈS GRANDEMUTATION ÉCONOMIQUE»

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DEMANDE URGENTE ETSTRATÉGIE À MOYEN TERME

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CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 201742

L’Hebdo national de l’Économie, édité par la SARL CELIGNE Éd. & Com.DIrECtEur DE pubLICAtION SAMIR [email protected]

Coordinateur de rédaction Hocine Adryen Service correction Mohamed Bennaï Administration El fayet Club - Ouled FayetrédactionEl fayet Club - Ouled Fayet

à proximité de l’Opéra d’Alger.Marketing : 0561 685 [email protected] : www.cresus.dzr. C. : 15B 0808682- 09/00 Compte bancaire :02900161220043968344

Impression : ALDP Diffusion: ALDPpublicité : ANEP 01, rue pasteur, Alger tél. : 021 73 76 78/ 021 73 71 28 021 73 30 43 Fax. : 021 73 95 59

à l’oreille de CrésusAcquisition d’appartementsou de maisons individuelles

L’offre de la CNEP

Les bénéficiaires de ces crédits sont tenusde garantir qu’ils sont aptes à rembourserla totalité de la somme sur une période pré-cise. La Caisse nationale d’épargne et deprévoyance-Banque (CNEP) projette d’oc-troyer prochainement, à travers sesagences, des crédits halal destinés à l’acqui-sition de villas. Il sera possible à l’avenir debénéficier de prêts bancaires sans intérêts,pour les désireux d’acheter des maisonsindividuelles ou des villas. Et ce, sans tenircompte du secteur auquel elles appartien-nent, qu’il soit privé ou public, avec un tauxde financement atteignant jusqu’à 90% dela somme globale du logement. Cette opéra-tion faciliterait aux clients d’acquérir desmaisons et des villas (anciennes ouneuves), construites par des particuliers ou

des entreprises publiques, telles que l’Offi-ce de promotion et de gestion immobilières(OPGI). La banque s’occupera de financerle logement à travers un crédit non plafon-né, couvrant, comme déjà spécifié, 90% dutotal du prix. En ce qui concerne lestranches d’âges pouvant bénéficier de ceprêt, elles vont de 21 ans à 70 ans. A condi-tion d’avoir une entrée d’argent et desdocuments qui le confirment à l’instard’une fiche de paie. La chargée du marke-ting a toutefois signalé que la banque achè-tera elle-même les logis qui ne servirontpas à des fins d’ordre professionnel. Unefois achetée, la maison sera donc louée auclient sur une période s’étalant de 2 à 30ans. Le nombre d’agences qui se chargerontde l’octroi du crédit seront dans un premiertemps au nombre de 33.Doing Business 2018

L'Algérie perd dix placeset se situe au 166e rangL’Algérie a perdu dix places dans le classe-ment Doing Business pour l'année 2018 etse situe désormais au 166e rang sur 190économies classées selon la facilité de fairedes affaires dans cet indice publié mardi 31octobre dernier par la Banque mondiale. Dela 156e place en 2017, le pays glisse de 10rangs après la baisse de sa note dans l'ob-

tention de permis de construire (58.89contre 71.02 en 2017). Les autres notes del'Algérie n'ont pas trop changé mais le paysn'a pas introduit des réformes pour pro-gresser. Dans le classement de l'année der-nière, l'Algérie avait avancé de 7 placesaprès avoir amélioré son score de créationde start-up et réduit le temps nécessairepour obtenir un permis de construction.L'Algérie figure ainsi au 37e rang sur 51pays africains jaugés par le Doing Business2018. Le Rwanda, 41e, a réalisé un saut de5 places pour se situer à la tête du conti-nent dans ce classement. Le Maroc a perduune place et figure désormais au 69e rangtandis que la Tunisie a gagné 9 places pourse classer 77e.Ancien directeur depublication du Jeuneindépendant

Amine Alouache rétablidans ses droits Le directeur de la publication du JeuneIndépendant, M. Amine Alouache a gagnéson procès qui l’opposait depuis plus d’uneannée à la nouvelle administration du jour-nal. En effet, la justice a définitivementtranché en sa faveur dans le procès qu’il aintenté contre les actionnaires du journal

dont il fait partie. Selon le jugement défini-tif dont nous détenons une copie M. AmineAllouache a été complètement réhabilitédans sa fonction de directeur de publica-tion en plus d’un versement d’une sommede 400. 000 DA en guise de dommages etintérêts. La bataille judicaire entre les deuxparties qui a duré plus d’une année a com-mencé lorsque celui-ci a été limogé de sonposte de DP au début de l’année 2016.

Bilan financier du 3ème trimestre 2017

Ooredoo Algérie poursuit ses performances positives• Croissance continue desrevenus et des investisse-ments• 1ère page Entreprises surFacebook avec 5 millions defans

Le groupe de télécommunica-tions Ooredoo a rendu publicshier son bilan financier du 3èmetrimestre 2017. Les résultats dugroupe révèlent des perfor-mances positives de la filialealgérienne. En effet, pour ce 3ème trimestre 2017, Ooredoo Algérie a poursuivi sa crois-sance, avec une progression positive de ces principaux indicateurs financiers notammentles revenus, le résultat avant intérêts, taxes, dotations aux amortissements et provisionssur immobilisations (EBITDA) et le nombre d’abonnés. Ainsi, au 30 septembre 2017, Oore-doo Algérie a enregistré des revenus de de l’ordre de 79,2 milliards de dinars algériens.L’EBITDA a enregistré une augmentation significative de 16% avec 36,1 milliards de dinarsalgériens au 3ème trimestre 2017, contre 31,1 milliards de dinars algériens à la mêmepériode de l’année précédente. Le nombre d’abonnés au 3ème trimestre 2017 a dépassé les 14 millions. S’agissant desinvestissements, Ooredoo Algérie table sur un volume qui pourrait atteindre 20 milliardsde dinars algériens durant l’année 2017 et orientés principalement dans la modernisationdu réseau et l’amélioration de la couverture à travers l’ensemble du territoire national. Ausein du groupe Ooredoo, Ooredoo Algérie représente 09 % du nombre d’abonnés et 07 %des investissements globaux du groupe. A l’annonce de ces résultats, le Directeur Généralde Ooredoo M. Hendrik Kasteel a déclaré : «Ooredoo achève un 3ème trimestre exceptionnel

avec des résultats en hausse de ses principaux indicateurs financiers. Grâce à une stratégieinnovante qui place les clients au cœur de ses préoccupations, Ooredoo a réussi à maintenirune croissance continue en consolidant sa position dans le marché algérien de la téléphoniemobile. Nous restons déterminés à poursuivre notre stratégie novatrice notamment par ladigitalisation de nos services et l’amélioration de la qualité de notre réseau afin d’offrir à nosclients les meilleurs services sur le meilleur réseau. Nous continuerons à enrichir l’expériencede nos 14 millions de clients et de nos 5 millions de fans sur Facebook qui nous font confian-ce et avec lesquels nous tenons à partager notre succès.» Les résultats croissants du 3ème semestre 2017 reflètent la volonté de Ooredoo de démo-cratiser les nouveaux usages mobiles auprès des Algériens en lançant des offres et ses ser-vices pratiques, accessibles et à la pointe de la technologie. En outre, Ooredoo se fixe l’ob-jectif de renforcer ses investissements en Algérie notamment par l’amélioration continuede la qualité de son réseau de couverture pour offrir au client Algérien une technologiemobile basée sur l’expertise et le savoir-faire technologique d’un groupe d’envergure mon-diale.

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43CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017

actualitéTOUT SAVOIR SUR LA LOI DE FINANCES 2018plus de rigueur et moins de dépenses

Le prix du baril qui permettrait d’équilibrer le budget de l’année en cours est de70 dollars au moment où le prix du brut atteint les 60 dollars.

4par Hocine Adryen

Le projet de Loi de finances 2018(PLF 2018), adopté par le Conseildes ministres actuellement endébat a la commission desFinances de l’APN prévoit deshausses de taxes sur les carburants, lestabacs et les alcools, ainsi que les produitsliés à l’internet et à l’informatique. Serontégalement taxés les produits électroména-gers énergivores. Le projet de Loi definances 2018 introduit un impôt sur lafortune en définissant le type de patrimoi-ne assujetti, le barème et la destination desrecettes provenant de cet impôt. Le patri-moine soumis à cet impôt doit avoir unevaleur supérieure à 50 millions DA, indiquele texte portant PLF 2018. Les biensconcernés sont essentiellement les biensimmobiliers, les véhicules particuliersd’une cylindrée supérieure à 2.000 cm3(essence) et de 2.200 cm3 (gasoil), lesyachts et bateaux de plaisance, les chevauxde course, les avions de tourisme, les objetsd’art estimés à plus de 500.000 DA, lesbijoux et pierreries, métaux précieux, pré-cise le projet de loi. Par contre, les habita-tions principales sont exclues de l’assiettede l’impôt sur la fortune. Quant au tarif detaxation, il varie entre 1% et 3,5% en fonc-tion du montant du patrimoine. La réparti-tion des recettes issues de cet impôt estfixée à raison de 60% au budget de l’Etat,de 20% aux budgets communaux et de 20%au Fonds national du logement. Dans cetteoptique, poursuit l’exposé des motifs, il estproposé de changer l’appellation impôt surle patrimoine en impôt sur la fortune dansle but de permettre à l’opinion publique demieux assimiler cet impôt qui touche laclasse riche. Cependant, afin de permettreun meilleur rendement, le barème actuelqui régit l’impôt sur le patrimoine sera dou-blé pour l’impôt sur la fortune. A titred’exemple, l’impôt dû au titre d’un patri-moine évalué à 350 millions DA sera de5,25 millions DA au lieu de 2 millions DApayé selon le barème actuel, soit une plus-value de 3,25 millions DA. Pour la mise enapplication de l’impôt sur la fortune, il estfait obligation aux concessionnaires auto-mobiles de transmettre à l’administrationfiscale un état détaillé (nom, adresse) desclients ayant acquis des véhicules de touris-me dont le prix dépasse 10 millions DA. Les bijoutiers doivent aussi transmettreau fisc un même état détaillé sur les clientsayant acquis des bijoux de luxe. Les com-missaires-priseurs sont également soumisà cette même obligation pour leurs clientsayant acquis des objets de valeur parventes aux enchères. En outre, les douanesdoivent transmettre périodiquement à l’ad-ministration fiscale un état détaillé desimportations, faites par les particuliers, desvéhicules dont la valeur dépasse les 10 mil-lions DA, les yachts et bateaux de plaisance,les caravanes, les chevaux, les avions detourisme, les bijoux, pierreries et lestableaux de maître. Les citoyens richesseront taxés à partir de 50 millions de DAquelle que soit sa nature (biens immobi-liers, voitures, or, ou comptes financiers enmonnaie nationale ou étrangères), à l’inté-rieur et à l’extérieur du pays. Cette listeconcerne les biens soumis à évaluation fis-cale. Elle comprendra tous les signes exté-rieurs de richesse auxquels pourrait penserle citoyen et cette liste devra être finaliséeen 2018. Cet impôt sera modulable, suivantl’importance des fortunes, de 5 milliards decentimes à 40 milliards de centimes et plus.Ainsi, les personnes dont la fortune est

dans la fourchette de 5 à 10 milliards decentimes, paieront un impôt de 1% etentre 10 et 20 milliards ce sera 1,5%. De 20à 30 milliards de centimes, les personnesqui se situent dans cette catégoriedevraient s’acquitter d’un impôt de 2% etde 2,5% pour ceux qui ont entre 30 et 40milliards de centimes, alors que pour les 40milliards et plus l’impôt sera de 3,5%. LaDGI est en train de mettre en place lesmécanismes appropriés pour évaluer larichesse des parties concernées. Le PLF2018 prévoit également des mesures visantle renforcement de la production agricole.Le projet de Loi de finances, prévoit uneaugmentation sensible des prix des carbu-rants en raison de la révision à la hausse dela TPP (taxe sur les produits pétroliers).Selon le texte, le prix à la pompe d’un litred’essence normal sera de 38,64 DA au lieude 32,69 DA actuellement. Le prix d’un litrede l’essence super augmentera de 5,9 DApour se fixer à 41,67 DA. Idem pour le sansplomb qui passe de 35,33 DA à 41,28 DA.Le gas-oil connaîtra une augmentation de 2DA pour être vendu à 22,80 le litre. Il estprécisé que la hausse prévue ne prend pasen compte «une probable révision desmarges» par l’Autorité en charge de larégulation des carburants. Les prix du gazbutane et propane et GPL ne connaissentpas de changement en raison de leur carac-tère «moins polluant». Le gouvernement,qui prévoit une rentrée annuelle de 61 mil-liards de DA après l’augmentation de laTPP, évoque «une consommation exagérée»du carburant estimée à 14 millions detonnes dont 9,7 millions de tonnes de gas-oil par an. Le taux du carburant importé estévalué à 23% de l’ensemble de la consom-mation nationale des produits pétroliers,précise le texte. Le taux fixe de la taxe inté-rieure sur la consommation (TIC) augmen-te de 10% pour les produits tabagiques,selon le texte. Le kilo du tabac brun passede 1240 DA à 1640 DA, le tabac blond de1760 à 2250 DA. Pour le cigare, le kilo seracédé à 2600 DA au lieu de 2470 DA actuel-lement. Le prix d’un kilo de tabac destinéau narguilé (chicha) sera vendu à 682 DA,781 DA pour le tabac à mâcher ou à chiquer(chema). Le prix d’une boîte de marqueMarlboro, fabriquée en Algérie par la socié-té algéro-émiratie, augmentera de 11 DA.Aucune nouvelle taxe n’est prévue pour labière. Le projet de loi apporte une listeadditive des produits concernés par unehausse de la TIC fixée à 30%. Il s’agit, entre-

autres, du saumon, du café soluble, desfruits secs, des amendes, de noix de cajou etdes appareils de transmission et d’alerteanti incendies. Enfin, une suppression de laTVA est prévue pour les produits qui com-posent l’aliment de bétail. Le projet de loide finances 2018 prévoit une série demesures législatives et fiscales visant laconsolidation de l’investissement productifet du renflouement des recettes budgé-taires tout en maintenant le dispositif desolidarité nationale. Sur le plan budgétaire,le texte prévoit des dépenses globales de8.628 milliards de DA composées de4.043,31 de DA de dépenses d’équipementet de 4.584,46 de DA de dépenses de fonc-tionnement, indique le texte portant le pro-jet de loi de finances 2018. Le plafond d’au-torisation de programme a été fixé à3.170,5 milliards de DA pour couvrir le coûtdes réévaluations du programme en courset le coût des programmes neufs suscep-tibles d’être inscrits au cours de l’année2018. Outre les dépenses d’équipementmobilisées pour les mêmes secteurs socioé-conomiques que ceux dans les lois definances précédentes, il est prévu de puiserdans le budget d’équipement pour le règle-ment des créances détenues sur l’Etat pourun montant de 400 milliards de DA. Il s’agitaussi d’opérer une contribution exception-nelle de 500 milliards de DA au profit de laCNAS, afin de permettre au gouvernementd’aborder l’année 2018 sans risque d’ex-plosion du dispositif de la protection socia-le. Quant au budget de fonctionnement, ilest estimé à 4.584,46 milliards de DA(contre 4.591,8 milliards de DA en 2017).Par ailleurs, le PLF 2018 table sur desrecettes budgétaires de 6.496,58 milliardsde DA (contre 5.635,5 milliards de DA en2017), composées de 3.688,68 milliards deDA de ressources ordinaires (contre3.435,4 milliards de DA en 2017) et de2.807,91 milliards de DA de fiscalité pétro-lière (contre 2.200,1 milliards de DA). HAuSSE DE tAxES Et prÉSErvAtION

DE L’ENvIrONNEMENtEn outre, le projet contient plusieursdispositions en faveur des citoyens parmilesquelles la bonification intégrale parl'Etat des crédits bancaires levés parl'AADL pour financer la réalisation de120.000 logements de location-vente, ainsique le rétablissement de la subvention auxprix de l'orge fourni aux éleveurs pour l'ali-

mentation du bétail. Le PLF 2018 a révisé àla hausse plusieurs taxes, comme elle aintroduit de nouveaux impôts pour contre-balancer la chute des recettes fiscalespétrolières. En outre, une taxe de domicilia-tion bancaire sur les opérations d’importa-tion est instaurée pour un taux de 1% dumontant de l’importation, et ce, pour toutedemande de domiciliation d’une opérationd’importation de marchandises, sans que lemontant ne soit inférieur à 100.000 DA.Dans le cadre de la préservation de l’envi-ronnement, les taxes sont augmentées pourles activités polluantes, les eaux uséesindustrielles, les huiles usagées et les sacsen plastique. Pour lutter contre la spécula-tion dans le foncier industriel, une pénalitésera payée par tout bénéficiaire de terrain àvocation industrielle mis sur le marché parvoie de cession par des organismes publicsou par voie de concession par lesDomaines, dans le cas où il demeure inex-ploité pour une période supérieure à trois(3) ans. Le PLF 2018 fixe cette pénalité à5% de la valeur vénale du foncier en ques-tion. Aussi, toute entreprise de productionet de montage de véhicules lourds et légers,qui accuse du retard dans le respect desengagements qualitatifs, quantitatifs ou durythme d’intégration nationale, s’expose aupaiement d’une amende, avise le mêmetexte. Pour encourager les investissementsdans la production des lampes LED quiconsomment moins d’énergie, les droits dedouanes appliqués à l’importation de cettecatégorie de lampes seront augmentés à30% contre 5% actuellement. Parmi lesmesures-phares figure également l’exemp-tion de la TVA les opérations de vente del’orge et du maïs ainsi que les autresmatières destinées à l’alimentation debétail. Cette mesure s’explique par le faitque la filiale de l’aliment de bétail estconfrontée à d’énormes difficultés liées à lademande croissante des éleveurs pour cesproduits et à la cherté de leur prix. Une tellesituation a réduit considérablement l’accèsdes éleveurs aux aliments et a accentué latension qui prévaut dans le secteur. A tra-vers ce dispositif, il s’agit aussi de mainte-nir la dynamique de croissance de l’offre etd’encourager la production nationale deces aliments de bétail. Dans le cadre ducommerce numérique, le PLF 2018 stipuleque tout agent économique qui offre desbiens ou services à des consommateursdoit mettre à leur disposition des termi-naux de paiement électronique (TPE) pourleur permettre, à leur demande, de régler lemontant de leurs achats par carte de paie-ment électronique. Ce qui permet l’essor dupaiement électronique, l’amélioration de latraçabilité des paiements et le maintien desmouvements des fonds dans le circuit for-mel. Cette démarche graduelle de réajuste-ment des prix des carburants vise à ratio-naliser leur consommation, réduire leursimportations, augmenter les recettes fis-cales, diminuer les subventions budgé-taires, préserver l’environnement et endi-guer le phénomène de la contrebande fron-talière, explique l’exposé des motifs. Cettemesure générera des recettes supplémen-taires de l’ordre de 61 milliards de DA. Leprojet de Loi de finances prévoit desrecettes budgétaires de 6.496,58 de mil-liards DA (contre 5.635,5 milliards DA en2017), composées de 3.688,68 milliards deDA de ressources ordinaires (contre3.435,4 milliards de DA en 2017) et de2.807,91 milliards de DA de fiscalité pétro-lière (contre 2.200,1 milliards de DA). H. A

Le minitre des Finances presente la PLFdevant les membres de commission

des financesde l’APN

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CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 201744

actualité

4par boua-lem rabah

Un avenir dont leshorizons s’assom-brissent à mesureque le contenu duprojet de loi definances 2018, en débat en com-mission des fiances et du budgetde l’APN se dévoilent. En effet,s’ils avaient été choqués, en jan-vier dernier, par les répercus-sions de la loi de finances 2017,les citoyens se disent incapablesd’assumer encore des pressionsfiscales supplémentaires qui sontcontenus dans le nouveau projet.Et les assurances des membresdu gouvernement qui jouentnotamment sur l’équité devantl’impôt, peinent à les tranquilli-ser. L’inquiétude des Algériensest-elle justifiée ? Que prévoit lePLF 2018 pour réinstaurer cetteconfiance entre gouvernants etgouvernés qui continuent de s’ef-friter ? La mouture envoyée par le gouver-nement à l’APN ne prête pas à l’optimisme.Contraint de chercher des ressources alter-natives pour pallier la rareté des liquiditéset la chute brutale des recettes en devise,l’Exécutif décide, parallèlement au recoursà la planche à billets, d’augmenter les prixde certains produits et de revoir à la haussele niveau de certains impôts.

prIx Du CArburANt Et SONIMpACt Sur LE CItOyEN Parmi les mesures contenues dans cetexte qui peuvent impacter très négative-ment sur le pouvoir d’achat des Algériens, ily cette nouvelle augmentation conséquentedes prix du carburant, dans le cadre de lataxe les produits pétroliers (TPP). «Cesfuturs prix sont calculés sans tenir comptedes révisions éventuelles des marges pardécision de l’Agence nationale de contrôleet de régulation des activités dans le domai-ne des hydrocarbures (ARH)», explique lesconcepteurs de ce projet. Afin de faire pas-ser cette nouvelle pilule, le gouvernementqualifie cette augmentation de «réajuste-ment» des prix des carburants qui «viseprincipalement à rationaliser leur consom-mation, réduire leurs importations, aug-menter les recettes fiscales, diminuer lessubventions budgétaires, préserver l'envi-ronnement et endiguer le phénomène de lacontrebande frontalière». Le gouverne-ment évoque à ce propos une consomma-tion exagérée du carburant estimée à 14millions de tonnes dont 9,7 millions detonnes de gas-oil par an. Le taux du carbu-rant importé est évalué à 23% de l’en-semble de la consommation nationale desproduits pétroliers, rappelle encore l’Exé-cutif. Certes, les prix du gaz butane et pro-pane, ainsi que le GPL ne connaissent pasde changement en raison de leur caractère«moins polluant», mais cette augmentationaura, sans nul doute, un important impactsur le citoyen. L’expérience de 2016 et 2017a confirmé que le simple citoyen assume, àlui seul, la plus grande partie de cette haus-se, puisqu’il est contraint de payer, encoreplus cher les transports publics et les pro-duits de consommation, notamment lesfruits et légumes. Les transporteurs et lescommerçants répercutent automatique-

ment ces augmentations sur les prix desbiens de consommation. IMpôt Et

AMENDE Sur LA pOLLutIONIl faut dire que les industriels en activitéen Algérie sont très peu regardant sur laquestion de l’environnement et sont res-ponsable sur de graves problèmes pour lasociété, selon le texte, qui cite l’exemple desoueds algériens non seulement asséchés,mais devenus des décharges et des «réser-voirs» d’eaux usées et de rejets dangereux.La mer méditerranéenne est polluée à unniveau très alarmant par les industrielsalgériens, sans compter le phénomène dessacs noirs et les bouteilles en plastique quisont jetés dans la nature et dans nos villesdepuis des décennies. La partie fixe de lataxe intérieure de consommation (TIC) desdifférents tabacs ont été aussi révisée enhausse. Cette taxe touchera aussi au budgetdes citoyens qui consomment aussi massi-vement ces produits. Comme en 2017, lescharges de cette taxe seront aussi assuméespar les citoyens et non pas par les entre-prises et les consommateurs. Par ailleurs,une taxe de domiciliation bancaire sur lesopérations d’importation est instauréepour un taux de 1% du montant de l’impor-tation, et ce, pour toute demande de domi-ciliation d’une opération d’importation demarchandises, sans que le montant ne soitinférieur à 100 000 DA. Il est aussi difficilede comprendre comment le citoyen ne serapas concerné par la mesure, d’autant plusque cette taxe sera automatiquementrépercutée sur le prix de la vente en détaildès le 2 janvier 2018, même si les stocksdataient de plusieurs mois avant cette date. L’IMpôt Sur

LA FOrtuNE : QuEL IMpACt ? Afin de faire passer la pilule de l’austéri-té, le gouvernement introduit un articleimposant l’impôt sur la fortune. L’objectifest bien clair. Faire croire à l’opinion queles riches, voire les richissimes, paieront,eux aussi, la facture exigée par la situation.Mais qui est concerné par la mesure ? Com-bien rapporte-t-elle au Trésor ? Certes, l’im-position de l’impôt sur la fortune a été unedemande de plusieurs partis politiques

depuis plusieurs années, mais son intro-duction en 2018 obéit plus à une logiquepoliticienne qu’autre chose. Car, le gouver-nement tente de les calmer par la symbo-lique imposition des riches. Car le montantde la fortune éligible à cet impôt reste tropélevé. Selon le texte en question, les per-sonnes qui seront assujetties sont celles quidétiennent un patrimoine d’une valeursupérieure à 50 millions DA. Le type depatrimoine assujetti, le barème et la desti-nation des recettes provenant de cet impôtont été également définis. Le patrimoinesoumis à cet impôt, lit-on dans le document,doit avoir une valeur supérieure à 50 mil-lions DA. Quant au tarif de taxation, il varieentre 1% et 3,5% en fonction du montantdu patrimoine. En définissant le niveau dela fortune soumise à imposition, le PLF2018 détaille aussi la répartition desrecettes issues de cet impôt qui est fixée àraison de 60% au budget de l'Etat, de 20%aux budgets communaux et de 20% auFonds national du logement. Pour rappel,l’impôt sur la fortune avait été institué parla loi de finances de 1993. Mais durant ladernière décennie, une demande incessan-te a été exprimée par des parlementairesvisant à instituer un impôt sur la fortune.Dans cette optique, le gouvernement a pro-posé de changer l’appellation «impôt sur lepatrimoine» en «impôt sur la fortune» dansle but de permettre à l’opinion publique demieux assimiler cet impôt qui touche laclasse riche. Cependant, afin de permettreun meilleur rendement, le barème actuelqui régit l’impôt sur le patrimoine sera dou-blé pour l’impôt sur la fortune. Pour la miseen application de l’impôt sur la fortune, ilest fait obligation aux concessionnairesautomobiles de transmettre à l’administra-tion fiscale un état détaillé (nom et adresse)des clients ayant acquis des véhicules detourisme dont le prix dépasse 10 millionsDA. La loi fait aussi la même injonction auxservices des douanes qui doivent trans-mettre périodiquement à l’administrationfiscale un état détaillé des importations,faites par les particuliers, des véhiculesdont la valeur dépasse les 10 millions DA,les yachts et bateaux de plaisance, les cara-vanes, les chevaux, les avions de tourisme,les bijoux, pierreries et les tableaux de

maître.uNE COMpENSAtION

pAr LE LOGEMENt Mais dans le projet de la loi definances 2018, il y a pas que lapression fiscale. Une compensa-tion est prévue grâce au loge-ment. En effet, en ce qui concernele logement public, le Trésor seraautorisé, selon le même docu-ment, à prendre en charge desintérêts pendant la période dedifféré et la bonification à hau-teur de 100% du taux d’intérêtdes prêts accordés par lesbanques publiques dans le cadrede la réalisation de la 4e tranchede 120.000 logements de typelocation- vente (AADL). Le texte,du moins tel qu’il a été envoyé àl’APN, ne prévoit aucune majora-tion du prix du logement AADL.Le gouvernement n’abandonnepas également d’autres pro-grammes, tels que l’aide au loge-ment rural, le LPP et la nouvelleformule baptisé le LPA. Par ailleurs, afin delutter contre le phénomène de la spécula-tion dans le foncier industriel, une pénalitéest prévue. Une amende est prévue pourtout bénéficiaire de terrain à vocationindustrielle mis sur le marché par voie decession par des organismes publics ou parvoie de concession par les Domaines, dansle cas où il demeure inexploité pour unepériode supérieure à 3 ans. Cette pénalitéest fixée à 5% de la valeur vénale du fon-cier. Aussi, toute entreprise de productionet de montage de véhicules lourds et légers,qui accuse du retard dans le respect desengagements qualitatifs, quantitatifs ou durythme d'intégration nationale, s'expose aupaiement d'une amende, avise le mêmetexte. Pour encourager les investissementsdans la production des lampes LED quiconsomment moins d’énergie, les droits dedouanes appliqués à l’importation de cettecatégorie de lampes seront augmentés à30% contre 5% actuellement. Parmi lesautres mesures destinées à soutenir lesagriculteurs figure celle de l’exemption dela TVA, les opérations de vente de l’orge etdu maïs ainsi que les autres matières desti-nées à l'alimentation du bétail. Cette mesu-re s'explique par le fait que la filiale de l’ali-ment du bétail est confrontée à d’énormesdifficultés liées à la demande croissante deséleveurs pour ces produits et à la cherté deleur prix. Une telle situation a réduit consi-dérablement l’accès des éleveurs aux ali-ments et a accentué la tension qui prévautdans le secteur. A travers ce dispositif, ils'agit aussi de maintenir la dynamique decroissance de l'offre et d'encourager la pro-duction nationale de ces aliments de bétail,soulignent les concepteurs du projet. Dansle cadre du développement du commerce etdes systèmes de paiement électronique,tout agent économique qui offre des biensou services à des consommateurs doitmettre à leur disposition des terminaux depaiement électronique (TPE) pour leur per-mettre, à leur demande, de régler le mon-tant de leurs achats par carte de paiementélectronique. Ceci devra permettre, selon legouvernement, l'essor du paiement électro-nique, l'amélioration de la traçabilité despaiements et le maintien des mouvementsdes fonds dans le circuit formel. b. r.

Du nord au sud et de l’est à l’ouest, les Algériens, sans doute influencés parle discours alarmiste du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, se montrant

de plus en plus inquiets pour l’avenir. LE PLF FAIT PEUR MÊME AUX DÉPUTÉS DE LA MAJORITÉ PARLEMENTAIRE Quel pouvoir d’achat

pour les Algériens en 2018 ?

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CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017 45

actualité MARCHE AUTOMOBILE Forte demande et stratégie

à moyen terme

«Réduire l’importation des véhicules pour booster une industrie automobilesnaissante, Tolérer l’importation des véhicules de moins de trois ans pour répondre

à une demande locale persistante, l’Algérie réussira-t-elle à produire 500.000véhicules à l’horizon 2020 et combler ses besoins internes ?»

4Numédia Zemouri

Si l’importation des véhicules d’oc-casion de moins de trois ans étaitinterdite en Algérie depuis 2005,elle pourrait devenir une pratiquelégale à partir de l’année prochai-ne, et ce, par la force d’une demande inter-ne évaluée entre 200 000 et 250 000 uni-tés/an. C’est en tous cas ce que laissaiententendre certains responsables dans legouvernement, notamment l’ancienministre du Commerce Ahmed Saci, quiavait effleuré en juillet dernier la question,sans pour autant trancher entre deux posi-tions opposant, l’année dernière, l’ancienministre du Commerce, feu Bakhti Belaib –plutôt favorable à cette mesure – à l’ancienministre de l’industrie Abdesselam Bou-chouareb, qui s’y était opposé, car estimantque le marché local possède déjà un «grand

potentiel» en matière de voitures d’occa-sion. Toutefois, le projet de loi de financespour l’année prochaine ne prévoit explici-tement aucun recours à cette pratique, quise fait de plus en plus incessante, notam-ment après la restriction des importationsde véhicules décidée en 2016. Cette année-là, qui a connu une importation de véhi-cules de tourisme de l’ordre de 782,36 mil-lions de dollars, en baisse spectaculaire de47%, par rapport à 2015 ! – le ministère ducommerce avait désigné le contingentquantitatif d’importation des véhicules detourisme fixé à 98.374 unités, et ce, dans lecadre des licences d’importation – le gou-vernement limite l’importation de véhi-cules à 400.000 unités, en accompagnantdes systèmes de quotas d'importationimposés aux concessionnaires la mêmeannée. prEMIèrES rÉCOLtES En 2017, l’Etat algérien a décidé dereconduire l’expérience et de soumettrel’importation des véhicules de tourismes àdes licences visant la "rationalisation" desdépenses pour préserver les réserves dechange dans le contexte de la chute descours de pétrole depuis mai 2014. Cettefacture d’importation des véhicules de tou-risme avait, pour rappel, coûté près de 1,3milliard de dollars en 2016 contre 2,04 mil-liards de dollars en 2015. Par conséquent,cette facture d`importation des véhiculesde tourisme s’est établie à 336,05 millionsde dollars durant le premier semestre del’année 2017, contre 362,97 millions dedollars sur la même période de l’année2016, enregistrant ainsi une baisse de7,42%, selon les données du Centre Natio-nal de l’Informations et des Statistiques(CNIS). Ces statistiques démontrent égale-ment que la facture d’importation des véhi-cules de transport de personnes et de mar-chandises (classés dans le groupe biensd’équipement), s’est chiffrée à 126,87 mil-lions de dollars dans la même période,contre 202,31 millions de dollars dans lamême période en 2016, en recul de 37,3%.Pour ce qui est des véhicules automobiles àusages spéciaux, leur facture d’importationa atteint 100,88 millions de dollars contre90 millions de dollars, en augmentation de12,1%. Pour ce qui est des parties et acces-soires des véhicules automobiles (classésen biens de consommation non alimen-taires), leur facture d’importation a atteint96,38 millions de dollars contre 104,45 mil-lions de dollars, soit une baisse de 7,73%.

Pour les pneumatiques neufs en caout-chouc, ils ont été importés pour un montantde 33,73 millions de dollars contre 32,55millions de dollars, en hausse de 3,63%.Cette baisse des importations des véhi-cules et ses parties, aussi petite soit-elle est,selon certains observateur, le premierrésultat des décisions prises par le gouver-nement pour assainir le marché de l'auto-mobile qui s'était caractérisé, durant lesdernières années, par de profonds dysfonc-tionnements et de pratiques illégales rele-vés par le ministère du Commerce dans unerécente étude. Ces chiffres des Douanessont tirés – précisons-le, des activités d’unequarantaine de concessionnaires activantsur le marché national, essentiellementdans les marques européennes, notammentfrançaises et allemandes, qui ont connu unebaisse en valeur et en nombre. Il convien-drait de rappeler ici quelques chiffresconcernant la facture des importationsavant l’entrée en vigueur de ce dispositifvisant la réduction des importations. En2015, la facture des importations de véhi-cules avait chuté de 31,5%, avec 232.935unités contre 309.945 unités sur la mêmepériode 2014 (-24,85%). Ce dernier chiffrereprésente plus de 9% des importationsglobales du pays. C'est dire que la factureest trop lourde à supporter avec la chutedes prix du pétrole, car il conviendrait d’ob-server qu’entre 2010 et 2014, les conces-sionnaires ont importé 1.934.416 véhi-cules, avec un "pic" de plus 600.000 véhi-cules en 2012, pour un montant de 7,33milliards de dollars, selon les chiffres desdouanes. Cette année correspond déjà àl’introduction dans la loi de finances, deplusieurs mesures portant notamment surla limitation de l'importation des véhiculesaux concessionnaires automobiles, l'inter-diction à ces derniers d'importer pour lecompte d'autres concessionnaires endehors de leurs réseaux de distribution, etl'obligation d'installer une activité indus-trielle ou de service dans un délai de troisans. Une année auparavant, les importa-tions des véhicules s'étaient établies à 6,34mds usd contre 7,33 mds usd en 2013 (-13,56%), alors que leur nombre avaitatteint 439.637 unités contre 554.263 uni-tés (-20,68%). Ces résultats ont fait suite au

pic de 2012 (8mds de dollars), qui étaienten hausse de 37% par rapport à 2011, dontle nombre de véhicules importés par lesparticuliers a augmenté de 17% passant enl’espace d’une année de 18.144 à 21.231unités. La courbe baissière des importa-tions des véhicules entre 2012 et 2014,s'expliquait alors, selon des observateurs,par une chute de la demande qui s'ajoute àun niveau important des stocks, généréeessentiellement par l'orientation desdépenses des ménages vers l'immobilier, etce, particulièrement, pour les logements detype location-vente de l'Aadl.uN MArCHÉ QuI SÉDuIt L’un des principaux buts affiché par l’en-semble des mesures visant la réduction desimportations, est «la promotion de la pro-

duction locale». L’Algérie projette de pro-duire 500.000 véhicules à l’horizon 2020,pour répondre à une demande interne pré-vue entre 200 000 et 250 000 véhicules/an.Le pays totalise une expérience de près decinquante ans, accumulée à travers laSociété nationale de véhicules industrielle(SNVI) située à Rouiba dans la banlieue estd’Alger. Cette entreprise assemble despoids-lourds, des 4/4 Mercedes (Classe G),et des véhicules utilitaires (Sprinter) à Tia-ret, qui reste toutefois, «très faible», carestimée à seulement 25 000 véhicules en2015. Mais Alger ne compte bien entendupas uniquement sur la SNVI pour lancer«une forte industrie automobile» comme leproclame certains hauts responsables.Adossé sur son marché qui constitue sonpremier atout, à coté de compétence localeet de disponibilité de main-d’œuvre, l’Algé-rie, vue comme un marché qui a un excel-lent potentiel, s’est vue courtisée par unnombre important de grands constructeursautomobiles mondiaux. Ainsi, une production de véhicules demarque Hyundai a été lancée le 01novembre 2016, dans le complexe de Tia-ret, détenue Par Hyundai et Tahkout manu-facturing Campany. D’une capacité de pro-duction estimée à 200.000 véhicules/anaprès 2021, il est prévu que cette usinedémarre avec 30.000 véhicules /ans. Lemontant de l’investissement est estimé à250 millions de dollars.

uN SCANDALE ÉCLAtE En mars dernier, un scandale a éclatésuite à la publication sur les réseauxsociaux des informations et photos mon-trant des conteneurs de divers véhiculesHyundai importés en l’état et entièrementassemblés, ainsi que des conteneurs trans-portant des roues. Hyundai répond illicopar un communiqué dans lequel on peutlire : « TMC a commencé par l’assemblagedes véhicules comme l’ont fait précédem-ment deux autres constructeurs de renom-mée mondiale en Algérie en appliquant leprincipe du SKD qui demeure le plus simpleet le plus adapté à notre pays, dans le sensoù il applique une formule d’assemblage dekits assez simple ». Le communiqué préciseensuite que « Le projet de l’intégration descomposants et de pièces produites en Algé-rie par des entreprises algériennes, viendracompléter les efforts fournis par leséquipes ayant participé à la concrétisationdu premier projet de l’assemblage ». Cetteincendie n’a pas jugulé pour autant l’élande la marque sud-coréenne qui revient surles devants de la scène deux mois après enexhibant le premier véhicule Hyundai Alge-ria, de marque Hatchback Hyundai, produi-te en partenariat avec le groupe Tahkout,en présence l’ex-ministre du Travail, del’Emploi et de la Sécurité sociale, MohamedEl Ghazi. Le responsable de Hyundai Algé-rie, Brahim Smaili a, par ailleurs annoncé, àcette même occasion, la production de 500unités de cette marque qui seront commer-cialisées prochainement dans le marchéalgérien, et ce, à côté d’autres véhicules detypes : Hyundai i10, Accent, Tucson, Cretaet Santa Fe, ainsi qu’une Accent Algérie100% production locale.Outre Hyndai qui paraît bien résisteraux différents soubresauts, Renault Algérieannonce, lors du Salon de l’automobile quis’est tenu en novembre 2016 à Oran, la pro-duction de 60.000 unités de marque Sym-bol et SanderoStepway en 2017. Un troi-sième modèle sera fabriqué dès ce mois denovembre, au niveau de l’usine d’Oued Tle-let, une Renault Clio 4, de haute gamme, aété présenté aux participants.Depuis sonlancement en fin 2014, l’usine Renault d’Al-gérie a fabriqué plus de 80.000 voitures.(Suite page 6)

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(Suite de la page 5) En 2016, la moyenne de production estpassée de 25.000 à 42.000 voitures par an,alors qu’on table à 60.000 véhicules an dès lafin 2017. En avril dernier, L’usine RenaultAlgérie de Oued Tlelat à Oran, annonce lelancement de la deuxième phase de l’inves-tissement. A cette même occasion, uneconvention de sous-traitance est signée parRenault sous la tutelle du ministère de l’In-dustrie et des Mines, en présence de 200fournisseurs algériens et étrangers. Pourrappel, le taux d’intégration de cette usine deOued Tlelet, près d’Oran, est prévue entre 42et 46% d’ici 2019. L’ancien ministre de l’in-dustrie et des mines, Abdesselam Bouchoua-reb, avait prévu une exportation de ces véhi-cules «une fois la capacité de productionatteindrait ou dépasserait les 100.000 véhi-cules». Un autre géant de la construction auto-mobile, l’allemand Volkswagen, signe avecSovac, en novembre 2016, un protocole d’ac-cord portant production de 12.000 unitésdurant la première année avant de passer à100.000 véhicules après 5 ans. Quatre

modèles y seront montés, à savoir, Volkswa-gen Golf7, Seat Ibiza, Skoda Octavia et Volks-wagen Caddy. Cet investissement est estiméà près de 170 millions d’euros, et qui devracréer 1500 emplois directs. Le taux d’inté-gration est attendu à 15% en 2017 et 40% en2021. Le 11 juin dernier, la première Volks-wagen Golf est sortie de l’usine de Relizane.Le paysage de l’industrie automobile locals’est renforcé par la présence des activitésde montage des véhicules utilitaires menéespar l’usine Iveco en Algérie, qui avait obtenu,en juin dernier, toutes les autorisations pourentrer en production. Son patron MohamedBairi avait annoncé que ses unités de pro-duction allaient commencer avec une seuleligne d’une capacité de 650 véhicules par an,et directement avec le système CKD (Com-plete Knock Down), avec l’assemblage de550 pièces directement au niveau de l’usinequi est ouverte à la sous-traitance». (TSA).Près de 550 pièces seront acheminéesdepuis l’Italie vers les ateliers d’Ival à OuledHedadj (Boumerdes). Cette usine produira,à terme, 4000 unités par an, dont une grandepartie sera destinée à l’exportation. Trois

modèles y seront montés : l’Eurocargo, leNew Daily et Trakker, un projet qui a néces-sité 27 millions d’euros d’investissement, etpermettra de créer, à terme, 750 emploisdirects et 2000 indirects. A côté de ces pro-jets, il existe en Algérie une usine de lamarque iranienne Saipa qui devrait produire100 000 véhicules par an. Lancée fin 2016 àTiaret, cette usine devrait créer 400 emploisdès son démarrage et 1 100 autres supplé-mentaires par la suite.

LE NœuD pEuGEOt/SpAIl est attendu que l’industrie automobilenationale se renforce par le Centre de pro-duction Peugeot PSA/Oran), qui devraitproduire 25 000 unités dans un premiertemps, puis 75 000 à l’horizon 2020 pouratteindre par la suite 100 000 unités/an. Endépit d’une réservation d’une superficie de120 hectares devant abriter ce projet quidoit créer quelques 1000 emplois directs,le projet n’a pas encore été validé. Il y a unan, les autorités algériennes voulaientnotamment des garanties sur la rentabilitédu projet. A l’instar de PSA, la marque japonaiseSuzuki attend le feu vert du gouvernementalgérien. Quatre projets de montage auto-mobile (Nissan, Saipa, Suzuki et Kia) ont étéajournés en avril dernier. Suzuki avaitprévu de lancer le montage de deux véhi-cules touristiques la Suzuki Alto et la Swiftdurant l’année 2017, à raison de 15.000véhicules produits /an entre 2017 et 2021,avant de passer à 100.000 véhicules /an.Le constructeur italien FIAT serait lui aussiintéressé par l’investissement en Algérie,selon les déclarations faites par l’actuelambassadeur d’Italie en Algérie PasqualeFerrara au mois d’octobre, au magazinespécialisé Oil and Gas Business magazine. 40% D’INtÉGrAtION EN 5 ANSIl conviendrait de préciser que la régle-mentation algérienne en la matière exigeaux promoteurs du projet d’une usine demontage de préciser la liste des pièces àimporter et celles à fabriquer localement.En échange des exonérations fiscales, il estexigé aux propriétaires de ces usines untaux d’intégration d’au moins 15% auterme de la 3e année, et un taux à 40% aubout de la 5e année de production.

N. Z.

CRÉSUS # 110 DU

MARDI 7 AU LUND

I 13 NO

VEMBRE 2017/ ANEP - 527 428

ADEL BENSACI, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SOMENI ET PRÉSIDENT DUCLUSTER MÉCANIQUE DE PRÉCISIONLa facture des pièces de rechange coûte 8 milliards de dollars par anLe directeur général de la SOMENI et président du cluster mécanique de précision, Adel Bensaci rappelle que l’in-dustrie automobile, en particulier, se nourrit de volume et que si «on est là pour satisfaire le besoins national, on n’yarrivera pas». Il a relevé le fort potentiel existant en Algérie en matière de sous-traitance. Bensaci signale qu’en dehorsde la construction automobile, la sous-traitance «peut aussi être développée dans d’autres secteurs d’activités», àl’exemple de l’agroalimentaire, des industries mécaniques et de transformation, de la production d’énergie et de la ges-tion de l’eau. Aussi, estime-t-il, la maîtrise de l’intégration et de la sous-traitance, «fer de lance du développementindustriel», est une question relevant de la souveraineté nationale. Chiffrant à environ 8 milliards de dollars ladépendance en pièces de rechange vis à vis de l'étranger, Bensaci considère que la création d’un tissu de sous-trai-tants pourrait la diminuer de moitié. A propos des engagements arrêtés par le gouvernement d'encourager l’essorde la sous-traitance, il déclare attendre que celui-ci joigne les gestes à la parole, observant sur la lancée que le ryth-me des actions entreprises à ce jour est trop lent et demande à être accéléré. Des 900 entreprises spécialisées dansla sous-traitance, dont 10% sont des PME, il observe que ce chiffre «est très faible» par rapports à celui de pays géo-graphiquement proches, lesquels paradent avec des taux de 20 et 28%. Face à cette situation, il propose d’appliqueraux fournisseurs d’équipements des mesures de «compensation industrielle», telles l’intégration de pièces à l’exportet celle de la sous-traitance industrielle avec le partenaire local. Citant des pays de la région qui, indique-t-il, ontréussi à créer un pôle aéronautique sur la base de ce principe, ce dernier note qu’il n’est «pas normal que l’Algérieinvestisse des sommes colossales» pour acquérir, par exemple, des avions de transports, sans pour cela bénéficier deces compensations industrielles, d’autant, dit-il, que «celles-ci sont incluses dans les prix d’acquisition de ces appareilsau titre du donnant-donnant». Il rappelle que ce qui vaut pour l’achat de matériels volants l’est également pour lesecteur de l’automobile, pour lequel, relève-t-il : «on n’a aucune visibilité, ni vision stratégique de ce que va - ou veut- être la sous-traitance en Algérie». Il relève à ce propos que les Algériens n’ont pas été contactés par les constructeurspour dire «voilà où nous voulons aller et est-ce que vous en êtes capables» et, à ce titre, de sélectionner des entreprisessous-traitantes devant devenir des partenaires potentiels. Pour M. Bensaci, la réalité est que l’Algérie ne possèdepas d’équipementiers, ni de sous-traitants et qu’elle n’a, à cet égard, «aucune vision» sur cette question. H. A.

actualité L’Algérie projette de produire 500.000 véhicules à l’horizon 2020,pour répondre à une demande interne prévue entre 200 000 et

250 000 véhicules/an.

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entretien

4Entretien réalisé par E. A.

Quels sont les grands défis que vous vous êtes promis derelever ?Vous dites vrai, car parmi les grands défis que nous devons rele-ver dans le futur proche, c’est cet isolement qu’il faut rompre à toutprix. Aujourd’hui, pour pénétrer dans la ville de Mostaganem, enparticulier à partir du sud, il n’y a qu’un seul et unique accès, c’estla RN 4. La circulation y est tellement intense en période estivale etdurant les week-ends les bouchons se forment sur plus de 5 km,soit de Sidi Cherif jusqu’à l’entrée sud de la ville. Nous avons étéravis d’apprendre qu’une route de déviation a été programméepour relier Hmadna au Port de Mostaganem, à l’entrée ouest de laville, en passant par Sidi Khettab. Malheureusement, ont ne sait sice projet est gelé ou s’il va réellement démarrer. Cette route, unefois réalisée, peut atténuer fortement la pression sur la RN 11(Mostaganem vers Oran et Tenès dans la wilaya de Chlef) maisaussi et surtout ouvrir des perspectives de développement puis-qu’elle fera découvrir aux investisseurs une zone géographiquecaractérisée par ses terres agricoles et ses forêts, en même tempsqu’elle la fera sortir de son isolement. Là, j’en arrive à un autre défi,celui de l’extension du port de Mostaganem car nous considéronsqu’il est l’un des facteurs qui va booster le développement local.Imaginez ce que deviendra Mostaganem une fois construite l’auto-route qui va relier Mostaganem au port de plaisance du chef-lieu etl’agrandissement de ce dernier. D’énormes perspectives s’ouvri-ront dès lors pour la région en matière de développement, d’em-plois et de création de richesses. Nous n’allons pas seulement com-battre le chômage à Mostaganem mais dans toute la région du lit-toral et de l’arrière-pays, soit de Sidi Lakhdar, Abdelmalek BenRamdane et de Ténès à Bahara (Mostaganem) sans compter lesautres villes excentrées sur le Dahra.Il y a aussi le tourisme qui bat de l’aile malgré les atoutsdont vous disposez.Nous disposons aujourd’hui de la zone d’extension touristiquede Mostaganem et de Salamandre, je souhaite que les investisseurss’y intéressent en proposant des projets à même de contribuer audéveloppement de l’activité touristique dans la région. Le granddéfi est de donner un vrai cachet touristique à notre ville et sarégion, et de développer les différents services liés à l’activité por-tuaire. Les autres problèmes, vous pouvez les rencontrer danstoutes les communes, comme l’aménagement urbain, l’extensiondes réseaux divers etc. ; nous nous y attelons avec force et déter-mination.L’autre défi lié au développement des activités touristiqueset portuaires, c’est la station d’épuration des eaux usées…Ce projet est gelé et je souhaite qu’il soit mis à exécution dansles plus brefs délais. D’après ce que je sais, il est question de le lan-

cer prochainement car il va permettre de ne plus rejeter les eauxusées directement dans la mer. Dans le cadre de ce même projet, ily a une opération de réhabilitation et de rénovation de l’ensembledes réseaux d’évacuation des eaux usées, en particulier dans lecentre de la ville historique. L’autre projet environnemental, c’est lecentre d’enfouissement technique qui est en cours de réalisation àWillis (près de Sidi Ali) et ce, pour éradiquer de manière définitivela décharge sauvage implantée à l’endroit précité qui, comme vousle savez, a eu des répercussions négatives et sur la station de des-salement de l’eau de mer et sur le site touristique évoqué plus haut.Mostaganem est une ville millénaire connue par la richessede son patrimoine et ses traditions séculaires. Que fairepour les préserver de l’oubli ?Pour ce qui est de la culture en général, il y a des projets éta-tiques très importants. Parmi eux, la préservation de Tidjdit, appe-lée aussi vieux Mimosa, et ce, après son classement comme patri-moine national. Aujourd’hui, nous devons entamer la phase de res-tauration des principaux sites architecturaux situés dans cette villemillénaire, principalement, les mosquées de Sidi Belatar, Sidi Lakh-dar, et l’école de Sidi Benaïssa. Tous ces sites représentent un pré-cieux héritage que les institutions habilitées de l’État devraientprendre en charge. Cela, en plus de la «rahba», de hammamHenaoui, d’Aïn S’khouna et de plusieurs maisons mauresques quigardent encore leur aspect architectural originel. Il en reste envi-ron une quinzaine qui pourraient bénéficier de travaux de restau-ration. Je souhaite qu’on les préserve comme spécimen deconstruction et d’architecture arabo-andalouse. Nous avons unautre site important qui est le phare de cap Willis. Ce lieu a étédéclaré patrimoine culturel national, il nécessite également desaménagements, d’autant qu’il est visité depuis ces dernièresannées par un nombre incalculable de touristes venant de toutesles régions du pays. Il y a une étude pour inclure des équipementsafin de recevoir le public dans de bonnes conditions.La ville de Mostaganem croule sous le poids des ans. Desbâtisses s’effondrent, d’autres risquent de disparaître enraison de la spéculation foncière. Y a-t-il moyen de préserverle cachet architectural de la ville ? Nous avons à plusieurs reprises attiré l’attention des gens sur lanécessité de s’intéresser à leurs maisons, à leur préservation et àleur réhabilitation. Il n’y a eu aucun écho à nos appels. Il faut queles héritiers s’en occupent sérieusement au risque de voir cesbelles bâtisses du centre-ville s’écrouler les unes après les autres. Ily a un phénomène nouveau, c’est que beaucoup de gens cèdentleurs bâtisses aux promoteurs immobiliers lesquels érigent desconstructions sur plusieurs niveaux, ce qui a pour effet de dénatu-rer l’aspect de la ville. C’est un gros problème. Il faut savoir que lamajorité des constructions coloniales disposent d’une cour qui,souvent, est d’une superficie plus importante que celle de la bâtis-se. C’est une aubaine pour les promoteurs qui ne se soucient guèrede l’aspect architectural mais plutôt de ce que cela peut rapporter.Comment attirer les investisseurs ?Comme je vous l’ai dit, il faut des projets structurants pourqu’un investisseur sérieux puisse jeter son dévolu sur la ville deMostaganem. Il faut lui préparer le terrain en mettant à sa disposi-tion des infrastructures dignes du 21e siècle comme l’autoroute, lerail, les hôtels, l’eau, l’énergie etc. Si les conditions sont réunies, cetinvestisseur va tout faire pour s’établir chez nous. Sinon, il va trou-ver mieux à moins de 45 km au nord ou à l’ouest. Il y a quelquetemps, l’opérateur privé SIM, qui fait dans la semoule, les pâtes,couscous et autres produits alimentaires, a émis le vœu d’acquérirl’un des immeubles construits par l’OPGI de Mostaganem en facedu port. Il voulait s’établir à Mostaganem à partir de laquelle il fai-sait transiter toute sa marchandise. On lui a refusé et c’est toutnaturellement qu’il a préféré s’épanouir ailleurs.Qu’est ce que vous avez espéré voir se réaliser mais qui nel’a pas été ?Le «port centre» parce que, techniquement, les études ont mon-tré que la région de Mostaganem est préparée naturellement àrecevoir ce projet : un tirant d’eau profond s’étalant sur un plateaude 13 km, Mostaganem est située sur le passage des navires grosporteurs… Nous avions grand espoir que ce port soit réalisé à Petit-Port afin de désengorger le Port de Mostaganem. Actuellement,nous attendons l’extension du port et la réalisation en parallèle del’autoroute de Mostaganem qui aboutit directement au port de laville. Si ces deux projets venaient à être réalisés, il y a aura deschangements notables sur le plan économique et social. Vous n’au-rez plus de problème d’accès au port ni de chaînes de camions lelong du boulevard front de mer.

Aussi paradoxal quecela puisse paraître, la

ville de Mostaganemdemeure difficile

d’accès et pour lespersonnes et pour les

marchandises, ceci enraison de l’obsolescence

de ses infrastructuresde base. Desservie par

la RN 11 (Alger-Mostaganem et vice et

versa) et,essentiellement, par laRN 4, la ville étouffe en

été à cause duconsidérable affluxd’estivants, et de la

noria de camions detransport affluant vers

son port commercial.Cette situation n’est pas

sans incidence sur ledéveloppement

socioéconomique d’unedes plus belles régionstouristiques d’Algérie.

Le maire deMostaganem, M. Ali

Amamra, nous donnedes précisions à ce

sujet. C’est une villelittorale, une ville

touristique, une villehistorique… Mais c’est

aussi une ville enclavée.Le développement n’y

est pas.

ALI AMAMRA, PRÉSIDENT DE L’APC DE MOSTAGANEM :«La situation n’est pas sans incidence

sur le développement socioéconomique»

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48 CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017

agricultureQUAND LE MINISTRE DE L’AGRICULTURE PARLE DE L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRELa réalité sort ses chiffres

Depuis son installation, en mai 2017, aux commandes du département ministériel del’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. Abdelkader Bouazghi, ne rate

aucune occasion de ses sorties publiques pour déclarer tout bonnement, que l’Algérieest sur le point d’atteindre autosuffisance en produits agricoles.

4par rabah Kahouadji

Et de rappeler aussi que tous lesmoyens et les conditions sontfavorables pour atteindre cetobjectif :«Nous sommes sur lepoint d’atteindre l’autosuffisan-

ce en produits agricoles, concrétisée entre 70et 75 % et nous allons y parvenir à 100 %»,avait-il souligné en marge des festivitésofficielles célébrant la Journée mondiale del’alimentation et la Journée nationale devulgarisation agricole qui a coïncidé avec ladate du 16 octobre 2017.

uNE rÉFLExION S’IMpOSE !Comme l’a très bien expliqué l’ingénieuragroéconomiste, Oumar Diouf, il faut rap-peler avant tout l’absence d’unanimité quiexiste dans la définition des concepts«autosuffisance alimentaire, souverainetéalimentaire, sécurité alimentaire, etc.»Seule la notion d’autonomie de décision,qui représente le caractère stratégique desenjeux alimentaires et leur dimension debien public, est partagée entre les diffé-rentes définitions qui existent. Autrementdit, les définitions diffèrent entres elles enfonction du degré d’acceptation du rôle desmarchés, de la théorie des avantages com-paratifs, du commerce international et dessystèmes productivistes dans l’atteinte dela souveraineté alimentaire. En effet, lasécurité alimentaire est réalisée lorsque«toutes les personnes, en tout temps ont, éco-nomiquement, socialement et physiquement,accès à une alimentation suffisante, sûre etnutritive qui satisfait leurs besoins nutrition-nels pour leur permettre de mener une vieactive et saine». Dans cette optique, lacarence de la production locale n’expliqueque l’aspect offre de la sécurité alimentaire.Ainsi, la stratégie d’autosuffisance, fondéesur la production locale, peut ne pas garan-tir la sécurité alimentaire, et ce, pour deuxraisons :- D’abord, dans une économie ouverte la pro-duction locale d’un pays pourrait être expor-tée. En effet, il y a un avantage à saisir, qui estle prix élevé que les clients étrangers sont dis-posés à payer.– Ensuite, certaines franges de la populationpourraient se trouver exclues si elles ne pos-sèdent pas les moyens financiers suffisantspour acheter cette production locale. La crise alimentaire ne résulte donc pasuniquement du déficit de l’offre locale, maiségalement du faible niveau de revenus desménages. C’est ici une question de pouvoird’achat. Par ailleurs, les restrictions (tari-faires et non tarifaires) renchérissent lesimportations et affaiblissent les exporta-tions, d’où la difficulté pour les pays afri-cains d’accéder à la sécurité alimentaire.Dès lors, il convient d’éviter l’erreur deconfondre autosuffisance et sécurité ali-mentaire car cette dernière exige non seu-lement l’existence d’une offre suffisante,mais également d’une demande solvable.En conséquence, la sécurité alimentairepasse par l’action sur l’offre et sur lademande. Au cœur de toute activité écono-mique, en l’occurrence agricole, se trouvel’acte d’investir.LA MErCurIALE NE SAIt pAS MENtIrIci, nous voulons démontrer que le mar-ché des fruits et légumes (pour ne pas par-ler des viandes et du poisson), est le seulbaromètre du degré de satisfaction natio-nale en produits agricoles de large consom-mation. Ces dernières semaines, au granddam des chefs de ménages algériens, laflambée des prix des fruits et légumes ne

fait que perdurer. La principale raison évo-quée par les observateurs du commerce etde la production agricole concernant ledéséquilibre de l’offre et de la demande est,en général, la faible production agricole. Etpour cause, d’après El Hadj Tahar Boule-nouar président de l’association nationaledes commerçants et artisans (ANCA) «lesperturbations relevées, notamment auniveau des marchés de gros des fruits etlégumes, sont la conséquence d’un manquede production régulière affectant directe-ment les prix» car, selon lui, «toutes lesgrandes régions de production comme Sétif,El-Oued, Biskra, El-Tarf, la Mitidja et Skikdaconnaissent une nette diminution de leursproductions». Il reste que la période de sou-dure qui ne doit pas dépasser les 15 jours, aduré plus qu’il n’en faut, laissant les mar-chés de gros sans grands stocks. Il faudraencore attendre la reconstitution de cesstocks avec un plan d’augmentation du ren-dement de la production, ce qui risque deprendre du temps.LE LEurrE DE L’AutOSuFFISANCE

ALIMENtAIrE à 100 %Parler de l’autosuffisance alimentaire à100 % dans les quelques années à venir esttotalement déraisonnable. Tous les indica-teurs inventoriés et connus par tous lesagroéconomistes de l’Algérie plaident endéfaveur de cet objectif irréaliste. A vraidire, on ne possède pas à l’heure actuelleles moyens de cette politique. Commentpeut-on affirmer que le secteur de l’agricul-ture algérienne a fait de grands progrèsdans la réalisation de ses plans de dévelop-pement, alors que nous occuponst depuisdes décennies une confortable place sur lepodium des plus grands importateurs decéréales et de lait ? Au contraire, on enre-gistre de plus en plus d’échecs dans la ges-tion des affaires agricoles, et celui quin’avance pas donc recule. Les maigresactions d’exportations de certains produits

agricoles ne sont que l’arbre qui cache laforêt.Du reste, la publication de la dernièrefacture d'importation des produits alimen-taires qui s'est établie à 5,17 milliards dedollars sur les sept (7) premiers mois del'année en cours (contre 4,69 milliards dedollars durant la même période de2016),contredit malheureusement tous lespropos avancés récemment par le ministrede l’Agriculture. A titre d’exemple, on peut citer lescéréales comme les blés dur et tendre(semoule et farine) qui ont été importéspour un montant de 1,68 milliard de dollarscontre 1,56 milliards de dollars, en haussede 8,02%. Pour ce qui concerne les laits etdérivés, la facture a bondi à 879,38 millionsde dollars contre 566,13 millions de dollarsdurant la même période de l'année 2016,en hausse de 55,33%, détaille le Centrenational de l'information et des statistiquesdes Douanes (CNIS).Une même tendance haussière estconstatée pour les sucres et sucreries dontles importations se sont chiffrées à 698,51millions de dollars contre 510,12 millionsde dollars, soit une augmentation de 36,93%. Quant aux légumes secs et autres, ils ontété importés pour un montant de 197,35millions de dollars contre 165,71 millionsde dollars (+19,09%). Concernant lesviandes, elles ont été importées pour152,01 millions de dollars sur les 7 pre-miers mois de 2017 contre 148,85 millionsde dollars sur la même période de 2016,soit une augmentation de 2,12%.En conclusion, nous devons simplementdire que le mythe de l’autosuffisance ali-mentaire de l’Algérie doit être banni desesprits de nos responsables du secteur del’agriculture tout en réorientant leursefforts en direction du terrain et les vraisproblèmes auxquels font face les acteurs dumonde agricole, qui, faut-il le rappeler, sontnombreux et de plusieurs ordres. K. r.

La principale raison évoquée par les observateurs du commerce et de laproduction agricole concernant le déséquilibre de l’offre et de la demande

est, en général, la faible production agricole.

Feux de forêtsLa DGF compense lespopulations sinistrées Un programme d'urgence de plus de 655 mil-lions de dinars a été engagé par la Directiongénérale des forêts (DGF) pour compenser lespertes subies par les populations de 15 wilayastouchées, en été dernier, par les incendies deforêts, apprend-on auprès de la DGF. A traverscette enveloppe financière, il s'agit de financerun programme de plantation de 228.308 plantsarboricoles fruitiers dont 156.790 plants d'oli-viers, et des tailles de régénération pour 70.151oliviers ainsi que des aménagements de pistessur 341 km. Ce programme d'urgence a été misen place par la DGF au profit des populationssinistrées de 15 wilayas prioritaires ayant subides pertes occasionnées sur le patrimoine arbo-ricole et forestier durant la période allant du1er au 31 juillet 2017.Les 15 wilayas priori-taires sont Bejaia, Blida, Bouira, Tlemcen, Tizi-Ouzou, Jijel, Sétif, Skikda, Constantine, Médéa,Boumerdes, Tissemsilt, Souk-Ahras, Mila et AinDefla. La priorité accordée à ces actions estmotivées par «l'impérieuse nécessité d'apporterun soutien de l'Etat aux populations sinistréespar la reprise d'activités agricoles et la sauvegar-de des infrastructures forestières dégradées»explique la DGF. Compte tenu de l'urgence deces interventions, le ministère de l'Agriculture,du développement rural et de la Pêche a confiéla réalisation de ce programme au Groupe génierural (GGR) qui a été chargé de lancer les tra-vaux dans l'immédiat pour un délai de six (6)mois. Pour rappel, le bilan de la Direction géné-rale de la protection civile (DGPC) avait fait étaten octobre dernier de 2.343 foyers d’incendiequi ont ravagé 51.908 hectares (ha) à travers leterritoire national durant l'été 2017. Ces incen-dies ont touché 27.821 ha de milieux forestiers,9.984 ha de maquis, 1.588 ha de récoltes et14.103 ha de broussailles. Les feux ont égale-ment détruit 4.285 palmiers, 176.969 arbresfruitiers et 213.801 bottes de foin.

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CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017 49

algérieLES RESSOURCES HyDRIQUES EN ALGÉRIE

Entre efforts et besoins en augmentation

D’ici à 2025, la moitié de la population mondiale vivra dans des zones en situationde stress hydrique, ce qui aura pour effet de fragiliser les économies locales etcontraindra des millions de personnes à se déplacer. Le défi majeur consiste àutiliser l’eau dans les limites de sa capacité de régénération et à la répartir de

façon équitable.

4par K. benabdeli

En 2001, l’Algérie envisageaitd’importer de l’eau par tan-kers ; un tableau de gestioncatastrophique mais cettesituation n’a effectivementplus rien à voir avec l’état de mobilisationactuel des ressources hydriques. L’époquedes 48 barrages dont le taux de remplis-sage avait chuté à 38 % et des ressourcesestimées à seulement 1,6 milliard de m3pour l'ensemble du pays est révolue ainsique la course permanente vers l’eau. En1962, il n’y avait que treize barrages pou-vant mobiliser seulement 450 millions dem3. Ce nombre est porté à 75 avec unecapacité de 10 milliards de mètres cubes.Avec les 5 autres grands barrages devantêtre livrés en fin d’année 2017 ; le ratiomoyen par habitant sera de 180 litres parjour. Le résultat national n’est pas aussipositif car si certaines régions ont atteintles seuils de 175 litres d’eau/jour par per-sonne, il y a des régions qui souffrentd’une pénurie alarmante. Il y a lieu desouligner les gros investissementsconsentis durant les quinze dernièresannées avec un montant estimé à plus de50 milliards de dollars, un effort qualitatifet quantitatif positif mais insuffisant carl’offre reste inférieure à la demande. C’estdire que l’histoire de l’eau a été et l’estencore, érigée au rang de priorité natio-nale avec le financement d'infrastruc-tures de base, d'équipements, de mainte-nance et de contrôle technique.Les capacités nationales de stockagesont estimées à 7 milliards m3 et ellesavoisineront les 9 milliards de m3 à l'ho-rizon 2018, alors qu'elles ne dépassaientpas les 4 milliards m3 en 1999. Un effortimportant mais qui reste tributaire desprécipitations et de la stratégie de gestiondurable de cette ressource : le recyclageet l’utilisation rationnelle.Les ressources en eau de l’Algérie sontlimitées même si elles sont évaluées entre12 et 19 milliards de m3, dont 12,4 mil-liards de m3 d’eau de surface concentréssur la partie septentrionale du pays, 1,9milliards de m3 d’eau souterraine et 4,9milliards de m3 exploitables respective-ment au Nord et dans le Sud, selon lePNAE-DD de 2002. Le Sahara, bien quepauvre en eau de surface, reste pourvu deressources hydriques à travers de vastesnappes profondes sans renouvellement.Les ressources en eau de l’Algériedevraient, selon la déclaration d’un cadredu ministère des Ressources en Eau,atteindre leurs limites à l’horizon 2020-2025. A cette échéancier, la populationalgérienne qui sera de 50 millions, aumoins, à laquelle il faudra ajouter la crisedu changement climatique, sera confron-tée à la grave dégradation des ressourceshydriques et naturelles. Les hauts pla-teaux et toutes les régions steppiques quirestent préservées de l’urbanisation,constituent de véritables potentiels agri-coles devant assurer une probable sécuri-té alimentaire de l’Algérie.

L’OFFrE Et LA DEMANDE : uN DILEMME StrAtÉGIQuELa demande en eau potable est actuel-lement de 3,6 milliards m3/an pour unepopulation de 40 millions d’habitantsalors que l’offre ne dépasse pas 2 mil-liards de m3/an, soit un déficit de 55%induit par la sécheresse et la vétusté desréseaux. La demande en eau d’irrigation

dépasse les 2,5 milliards pour une super-ficie d’à peine 500 000 ha induite par uneirrigation traditionnelle fort consomma-trice d’eau (entre 3500 et 4000 m3/ha).Répondre aux besoins alimentaires stra-tégiques, essentiellement en céréales eten fruits et légumes, cette superficie doitdépasser 1 million d’hectares et nécessi-tera une révolution dans l’utilisationrationnelle de l’eau agricole qui dépasseles 65% des mobilisations. Les besoinspermettant ce saut qualitatif sont estiméspour l’horizon 2020 à 5 milliards m3/an.Avec les 9 nouveaux barrages d’unecapacité de 500 millions m3 qui serontlancés en 2018, portant le nombre à 75barrages fonctionnels dotée d’une capaci-té totale de 8,07 milliards de m3. Le sec-teur dispose également de 11 stations dedessalement d’eau produisant 2,1 mil-lions m3/jour, 192 stations de traitementet d’épuration pouvant traiter 400 mil-lions de m3 destinés à l’irrigation et auxsecteurs économique et industriel maistrès souvent déversés vers le milieurécepteur soit une perte sèche. Selon unresponsable du ministère en charge dusecteur de l’agriculture, le pays dispose-rait actuellement de 76 barrages d'unecapacité de 8,2 milliards de mᶟ et cettedernière atteindra 9 milliards mᶟ en 2019à travers 84 barrages. Voilà en résumé lesmoyens dont dispose aujourd'hui le sec-teur des ressources en eau pour sécuriserla production agricole algérienne.Les ressources en eau en Algérie sontlimitées, vulnérables et inégalementréparties. Ces ressources ont subi, durantles deux dernières décennies, les effetsnégatifs de la sécheresse, de la pollutionet de la mauvaise gestion. Les potentiali-tés globales sont évaluées à 19,4 milliardsde m3/an dont seulement 12 milliardssont mobilisables, répartis en 6.8 mil-liards au Nord ; 5 milliards pour les eauxde surface ; 1,8 milliards pour les eauxsouterraines et 5.2 milliards dans lesrégions sahariennes. Ces potentialitéscorrespondent actuellement à un taux de600 m3/hab/an et qui passera à 400m3/hab/an à l’horizon 2020 (ces chiffressont à revoir à la baisse face au change-ment climatique. Le seuil de rareté decette ressource stratégique pour le déve-

loppement économique et social est fixé à1000 m3/hab/an et l’Algérie reste piégée.La capacité de stockage a connu durantcette dernière décennie un bond qualitatifpuisqu’elle est estimée à 9 milliards de

m3 alors que les besoins théoriques sontde l’ordre de 20 milliards de mètres cubesavec un ratio fiable par habitant de seule-ment 500 m3.Le gouvernement entend faire passer à139 le nombre total de barrages en Algé-rie d’ici 2030 pour atteindre une capacitéde stockage de 12 milliards de mètrescubes sur l’ensemble du pays. Dans le der-nier plan quinquennal 2015-2019, lanécessité d’effectuer davantage d’inves-tissements dans le domaine hydrique estretenue avec une manne financière de 18milliards de dollars devant améliorer lasécurité hydrique.Selon un cadre du ministère des Res-sources en Eau, le pays dispose de 18 mil-liards de mètre cube d’eau renouvelable,ce qui est un stock très important pou-vant porter le ratio à près de 450 m3 parhabitant ce qui n’est pas prouvé dans laréalité. Mais il y a une grande différenceentre capacité et possibilités de remplis-sage de ces barrages quand on sait lepoids de l’envasement et des caprices cli-matiques. La stratégie de protéger lesbarrages et d’augmenter l’infiltration coû-terait moins cher que l’édification de bar-rages sans être sûre de les remplir. Il estégalement quasi-impossible de récupérertoutes les eaux de pluie tant pour des rai-sons écologiques que techniques.(Suivre....)

(1re PARTIE)

CRÉS

US # 11

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MAR

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VEMB

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3022

893

République algérienne démocratique et populaireWilaya de Annaba

Direction de l’urbanisme de l’architecture et de la constructionNIS : 0002.2301 50078 53

AVIS D’ATTRIBUTION PROVISOIRE DE MARCHÉEn application des dispositions de l’article 65 du décret présidentiel n° 15-247 du 16 séptembre 2015, le directeur de l’urba-nisme, de l’architecture et de la construction de la wilaya de Annaba, informe l’ensemble des soumissionnaires des résultatsde l’appel d’offres ouvert avec exigence de capacités minimales n°20/2017 paru aux quotidiens nationaux, CRÉSUS,EDOUGH NEWSA l’issue de l’évaluation des offres d’analyse a donné les résultats suivants:

Commune Projet Section Entreprise Note technique/100

Montant DA(TTC)

Délai(Mois) Nif Observation

Annaba

Travaux deréhabilitation du vieux bâti de

Annaba.LOT N°02:

-Rue BEN BADIS-Rue BENAMIOUR

(y comprisl’intersection au

niveau de la statueDiane le

Chasseresse et lerend point del’Elysa)

-Avenue ColonelAMIROUCHERue Ben Amiour

Section 1 : Parie 01 :

n°8,10,20,28,30;32Rue Benamiour.

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Infructueux( Dépassement de l’estimation )

Les soumissionnaires intéressés sont invités à se rapprocher des services de la direction de l’urbanisme de l’architecture et de laconstruction au plus tard trois (03) jours compter du premier jour de la publication de l’avis d’attribution provisoire du marché pourprendre connaissance des résultats d’évaluation de leur offres techniques et financières.Les soumissionnaires qui contestent le choix du service contractant peuvent introduire un recours auprès de la commission des mar-chés de la wilaya de Annaba dans un délai de dix (10) jours à compter de la première date de publication du présent avis au quoti-diens nationaux et au BOMOP en prenant en considération si le dernier jour coïncide avec un jour férié ou un jour de repos légal.La date limite pour introduire le recours est prolongé au jour ouvrable suivant conformément aux dispositions de l’article 82 du décretprésidentiel n° 15-247 du 16 septembre 2015 portant réglementation des marchés publics des délégations de services publics.

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410 CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017

entretienPATRICK HETZEL, PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS À PANTHEON-ASSAS«Le monde est en très grande

mutation économique»

Député du Bas-Rhin, professeur des universités à l’université Panthéon-Assas,membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et

technologiques, rapporteur pour avis du budget recherché

4Entretien réalisé par Ingrid valeanu

Vous avez contribué à l’émergenced’une nouvelle dynamiqued’innovation au niveau territorial.Comment envisagez-vous de faireévoluer le modèle d’innovationfrançais pour encourager grandsgroupes, PME, TPE, laboratoires derecherche et de valorisation etterritoire à y contribuer mieuxensemble à la croissance ?

patrick Hetzel : Tout le monde enconvient : les retombées économiques denotre recherche sont insuffisantes. Cetteabsence de corrélation entre une recherchescientifique française, qui reste performan-te, et la valorisation en entreprises est unproblème culturel, propre à notre pays. Sinotre pays a le 5e PIB mondial, il occupe le7e rang pour les activités de R&D mais seu-lement le 16e pour l’innovation. Le décro-chage est sans appel et illustre parfaite-ment l’une des raisons de la moindre com-pétitivité économique de la France. Nousdevons absolument corriger cette situationsi nous voulons rester durablement dans lepeloton de tête des pays créateurs derichesse. Les indices français, en matière depublications scientifiques, évoluent defaçon intéressante : si leur part relativediminue au niveau mondial, comme pourtous les pays de tradition scientifiqueancienne confrontés aux nouveaux paysindustriels, leur indice d’impact, c'est-à-dire leur rayonnement, progresse significa-tivement depuis 5 ans.Pour autant, un véritable continuumentre recherche et innovation caractéris-tique des économies dynamiques d’unmonde globalisé, reste à établir. Les résul-tats décevants de la France dans la capta-tion des financements des programmeseuropéens de recherche, le confirment. Lesétudes portant sur le système français derecherche et d’innovation convergenttoutes vers le même constat : l’accroisse-ment de la performance et de la visibilité dela recherche française passe par la clarifica-tion du rôle de ses acteurs, le renforcementde leur autonomie et l’amélioration de lacoordination nationale et européenne.Pour ce faire, notre pays a développé uncertain nombre d’outils de soutien à l’inno-vation, sous tous ses aspects, la plupartcréés durant la dernière décennie – en par-ticulier, dans le cadre du Pacte pour larecherche de 2006 et, on l’a vu, des inves-tissements d’avenir décidés en 2009 – qu’ilconvient sans doute de mieux coordonner.Renforcer l’innovation c’est à la fois déve-lopper l’interface entre la recherchepublique et l’entreprise, et la recherchedirectement effectuée en entreprise.C’est à faciliter les partenariats et ren-forcer les liens entre recherche publique etentreprises que concourent, hors program-me des investissements d’avenir, la mise enplace des Alliances, des PRES, des pôles decompétitivité, des instituts Carnot ou lesconventions CIFRE. Dans le cadre du pro-gramme ont été fondés, dans le même but,huit instituts de recherche technologique(IRT), moteurs des campus d’innovationtechnologique et les sociétés d’accélérationdu transfert technologique (SATT), qui ontvocation à regrouper l’ensemble deséquipes de valorisation des sites universi-taires et à mettre fin au morcellement desstructures existantes. Leur présentation

détaillée et leurs éventuels financementsfigurent dans le rapport.Enfin, le soutien principal à la recherchedirectement effectuée en entreprises relèveaujourd’hui du crédit d’impôt recherche.C’est un instrument dont l’efficacité estsoulignée par tous les acteurs du secteur,qu’il convient de maintenir et de renforcer.Il est, du fait de la faiblesse des partenariatspublic- privé de la recherche sur projets, leseul levier véritablement efficace pourdévelopper l’innovation en entreprise. L’in-novation, pour éclore, a besoin de trouverun écosystème favorable. Cet écosystèmeest d’abord fiscal. Ceux qui critiquent le cré-dit impôt recherche ne se rendent pascompte de la férocité de la concurrencepour l’implantation des sites de recherche.Le CIR représente un puissant élémentpour retenir la recherche en France.Est-ce que le territoire est en mesurede convaincre, à travers des outils etcontrats «de risque et bénéficespartagés», les acteurs du processusde création de valeur et d’innovationqu’il est possible de dépasser les«asymétries» qui semblent lesopposer pour créer des opportunitésde travail collaboratif favorisant lacréation des emplois et des profits ? Sioui, comment ?D’abord, stabilisons les systèmes fis-caux, cessons de les modifier tous les ans.Ensuite, la culture de notre administrationfiscale doit être modifiée : elle soupçonnetoujours les entreprises de vouloir profiterd’un dispositif, alors que les entreprises nesont pas philanthropiques et que les dispo-sitifs sont instaurés pour inciter l’actionentrepreneuriale. Le Crédit ImpôtRecherche (C.I.R.) est pertinent puisqu’ilcontribue à développer l’installationd’équipes de recherche sur notre territoire.La semaine dernière, un des investisseurschinois d’une entreprise de ma circonscrip-tion m’a demandé un nouveau rendez-vousd’affaire, après avoir appris le fonctionne-ment de notre écosystème. La tendances’est ainsi inversée dans le Bas-Rhin, cesderniers mois, grâce à l’innovation qui apermis de créer des emplois. Si le Prési-dent de la République avait, en fin d’année2013, pris les chiffres de notre territoire, ilaurait eu raison : chez nous, la courbe duchômage s’est bien inversée et on ne peutque s’en réjouir collectivement. Concernantles modalités de l’innovation, elles sontégalement en train de fortement changer. Iln’y a plus uniquement une vision «top

down» ou «buttom up», mais l’innovation sedéveloppe de façon beaucoup plus «tour-billonnaire». Il faut donc développer l’espritd’agilité chez les dirigeants afin qu’ils pren-nent pleinement leur part dans la stimula-tion de l’innovation.

Serait-ce alors une nouvellegénération d’entrepreneurs qui est entrain d’inspirer les nouveaux modèlesd’innovation et création de valeur ?Nous sommes en train de connaître unmonde en très grande mutation écono-mique. La création de valeur a toujours étéle moteur de notre système économique,mais elle est en train de prendre une toutenouvelle forme, car la société numériquebouleverse profondément les modalités decirculation de l’information. Il doit y avoirune alliance entre le monde économique etles instances qui créent et diffusent lesconnaissances. Je pense évidemment à l’en-seignement supérieur. Ne perdons pas devue la stratégie de Lisbonne : élever leniveau de connaissance de nos concitoyensen Europe, c’est vital pour lutter face à nosconcurrents dans le monde. Ce qui prend lepas dans notre société actuelle, c’est lacapacité à transformer très vite les nou-velles connaissances issues de la rechercheen valeur ajoutée. Pour cela, il faut stimuleren parallèle deux leviers stratégiques déjàévoqués plus haut : la rapidité des acteurset la culture. En France, il nous reste enco-re du chemin à parcourir, mais il y a lieu derester optimistes. Les jeunes générationssont capables de relever le défi, mais nousdevons tout faire pour qu’ils aient envie des’investir en France plutôt qu’à l’étranger.Notre problème ce n’est pas seulement destimuler le «brain drain», mais surtout d’as-surer le «brain maintain» en France.Comment peut-on soutenir ledéveloppement d’un nouveau modèled’innovation visant la création devaleur à travers ces approchesentrepreneuriales du XXIe siècle ?Pour développer des filières, notam-ment dans des secteurs innovants, la ques-tion du financement se pose. Il faudra ainsis’interroger sur la mobilisation des fondsde l’assurance vie. Par ailleurs, PhilippeSalle a insisté sur le problème de la compé-titivité-coût qui est mis en perspective parle rapport Gallois. Le CICE est plafonné à2,5 fois le salaire minimum alors que le rap-port Gallois avait préconisé un plafonne-ment à 3,5 fois le salaire minimum. Lesindustries de l’aéronautique et de l’aéro-

spatial réclament actuellement ce qu’indi-quait ce rapport. Sinon, il y a un vrai para-doxe : nous ne soutiendrions pas les indus-tries à forte valeur ajoutée. Ce qui fait lapertinence du développement de l’innova-tion en Allemagne, c’est la capacité des Alle-mands à associer très vite le tissu industrielet la recherche. Le tout, avec un coût du tra-vail inférieur et de nouvelles pratiquesinnovantes. Ainsi, il faut à la fois stimulerl’innovation et développer un écosystèmefavorable.Comment envisager ainsi lacollaboration des acteurs del’innovation des différents secteurs oudépartements ?En matière d’investissements enrecherche, la France se situe au 5e rangmondial. En revanche, nous nous trouvonsen 16e position concernant l’innovation.Les raisons ont déjà été évoquées : la vites-se et les barrages culturels sont les élé-ments-clés. Nous devons aller plus vite. Parexemple, en Alsace, nous mettons en placeun écosystème favorable à l’innovationautour de l’université de Strasbourg, et au-delà de nos frontières. En effet, à proximité,nous avons l’université d’Heidelberg, leKarlsruhe Institute of Technology ou enco-re l’université de Fribourg. Nous poussonsles laboratoires qui développent de larecherche fondamentale à créer des inno-vations, le plus rapidement possible, enliaison avec les entreprises de notre terri-toire, autant que possible. Notamment,grâce à une société d’accélération du trans-fert technologique (S.A.T.T.) locale : Connec-tus.Pendant longtemps on a opposé les

approches Tech Push aux approchesMarket Pull. Comment envisagerl’innovation en partant des besoinsdu grand public à travers une«Hybridation Market Pull Tech Push»? Les producteurs et les innovateursdevraient-ils à votre avis mobiliserdavantage les outils decompréhension de la demandenationale et internationale révélantles besoins de notre société ?Il est clair que la philosophie du

«Demand Readiness Level» n’est pas suffi-samment développée dans la pratique.Nous restons souvent ancrés dans uneapproche très conventionnelle de la créa-tion de richesse là où en fait il faut combi-ner deux logiques qui ne sont pas à oppo-ser, car elles sont complémentaires : ils’agit du «market push» et du «market pull».Elles ne sont pas antagonistes, mais «ago-antagonistes», c’est-à-dire qu’elles ontbesoin l’une de l’autre. Comme un êtrehumain marche sur deux pieds, l’innova-tion et la création de richesse se fait à la foisavec une démarche «pull» ou «market dri-ven» et une démarche «push» ou «productdriven». Cela je l’ai déjà montré dans destravaux de recherche sur l’innovationparus dans la revue française de gestion, ily a plus de vingt ans, en étudiant parexemple le fonctionnement de l’entreprisejaponaise Kanebo. Ce qui est surprenant,c’est que ces constats d’il y a vingt ans, res-tent d’une grande actualité. Mais, désor-mais, nous n’avons plus de temps à perdre,nous devons tout faire pour gagner labataille de l’innovation mondiale qui estdevenue une véritable course contre lamontre. I. v.

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411CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017

CHRONIQUE D’UN BAS DE LAINEPAYS DE COCAGNE, RÊVES DE CHIMÈRE

Par Rachid Ezziane

Pour Mohamed Dib,écrire sur l’Algérie, lamère patrie, consti-tue plus qu’un témoi-gnage. «Car nous

vivons le drame en commun.Nous sommes acteurs danscette tragédie […]. Il noussemble qu’un contrat nous lie ànotre peuple. Nous pourrionsnous intituler ses écrivainspublics», disait-il. Que le lecteuraccepte de moi ce rôle detémoin… (Ecrivain public). Car latragédie, malheureusement,continue, depuis ce temps-là.Telle est ma conviction. Unenfant court. Il est fier de sondrapeau cousu par sa mère à lamain. Il regagne les autres pourdescendre vers la ville. Ils sonttous là, les habitants du bidonvil-le (graba) ; les jeunes et les plusâgés ; les femmes et les enfants.Mahmoud se faufile au milieu dela foule joyeuse. Après quelquesjeux de coudes, il se retrouve aupremier rang. Il déploie l’emblè-me vert-blanc-rouge, avance latête haute. Les autres le sui-vent… Ils chantent. Ils dansent. Ils

sont libres. Nous sommes le 19mars 1962… Cinquante ans après, ou une

éternité… L’enfant Mahmoud est aujour-

d’hui vieux. Il est grand-père ethabite toujours le bidonville«graba» avec ses enfants et sespetits-enfants. Il ne pense pluscomme autrefois quand il avaitdu rêve à en revendre. Mais sesrêves, avec le temps et leslongues attentes, sont restésaccrochés au mât de cocagne,loin de les atteindre. Car lesvieux ne font pas de rêve éveillé.Les vieux font des rêves dansleur sommeil, ou peut-être nerêvent pas. De quoi peuvent-ilsrêver ? Du passé ? Leur passéest à oublier et à remettre auxcalendes grecques. On ne peutrêver de l’avenir quand il est der-rière soi. Alors le vieux Mahmouda pris la retraite des rêves. Etpourtant, combien ne lui avait-onpas dit de patienter, d’attendreque le pays se dépoussière de lalongue nuit des francs barbares,car les richesses du pays, à fleurde sol et d’idées, n’attendaientque les mains cueilleuses, quel’approbation des décideurs, queles choses se calment et sedécantent… Mahmoud a attendu, patienté.

La terre du pays a donné de sonmeilleur. Même qu’elle a donnéplus qu’elle ne pouvait donner.Les plus malins se sont servis.Les opportunistes ainsi que lesben aâmis, tous ont mis le doigtdans le pot de miel. Mahmoudsait, aujourd’hui, qu’il n’y a plusrien à espérer ni rien à attendre.Le mât de cocagne est devenul’arbre de la cocaïne. Les rêvesse sont transformés en chi-mères. Et les chimères sont desmonstres qui ne s’assouvissent

jamais. Ils en bouffent les rêvesjusqu’à la saturation sans jamaisrien réaliser. Sans jamais riendonner…Je ne sais pas ce qu’il est

advenu aujourd’hui du vieuxMahmoud. Je ne le connaissaispas personnellement, mais j’aiseulement lu son histoire dansun journal. Je sais qu’il avait unfils qui avait fait des études uni-versitaires en scienceshumaines. On disait même queson fils écrivait des poèmes etlisait beaucoup ceux du poèteTurc Nazim Hikmet. A chaquefois que ses amis lui deman-daient comment était sa vie, ilrépondait : «il y a longtemps queje suis mort». Après la fin de sesétudes, il chercha partout du tra-vail, mais ne trouva aucunemploi pour aider les siens. Lesort s’acharna contre lui, commeson père, et ne put même pas, àl’instar de ses amis, traverser lamer sur un zodiaque. A la pre-mière tentative, les gardes côtesinterceptèrent son embarcationet fut interné quelques jours endétention. Quand il ne trouvaaucune issue possible, il s’immo-la en pleine place de son villageen laissant un message pour unde ses amis qui disait : «il y alongtemps que je suis mort». Dece message, j’en ai fait le titred’un de mes romans où j’ai,comme dans une blessureouverte, laissé coulé un peu desang de la vérité sur mon paysqui ne veut, ou ne peut, on nesait pourquoi, se relever de sescendres. J’ai beau espérer, croi-re et attendre qu’un défi se fassejour un jour, mais en vain. J’aipassé ma vie à courir derrièredes rêves de chimère sansqu’aucune lueur ne vienne apai-ser mon doute ni m’annoncer demeilleurs lendemains. Et pour-tant !...Le pays est grand, tentaculai-

re, plein de richesses, souterrai-ne et humaine ; riche aussi enhistoire et géographie, en terresrares et en minerai de valeur,beaucoup en gaz et pétrole. Plusje pense aux potentialités dupays en jeunesse, cerveaux enfuite ou mal exploités, idées degénies oubliées dans des tiroirsde bureaux de bureaucrates, enterres agricoles non valorisées,en vestiges historiques nonreconnus, en sites touristiqueslaissés à l’abandon, j’ai le cœurserré et l’âme en détresse. Unpeuple qui ne lit pas est incons-cient. Les cafés maures sont unemort lente. L'esbroufe et lamagouille, le courtage et la cour-tise sont devenus les monnaiespayantes. Le pouls du change.Le poids de l'arrivisme. Il n'y aplus d'autre sel pour payer. A vraidire… il n'y a plus de sel. Il n'y aque le sucre. Et on se sucre dumatin jusqu'au soir. Et on sepasse le morceau d'un parent àun autre. On ne sirote plus, on segave. Range-moi les boulettes en

file indienne. Laissez-le se rassa-sier jusqu'à l'étouffement.Prends ma place que je revien-ne…Comme une peau de chagrin,

l'esprit créateur rétrécie jusqu'àl'anéantissement total. Lesmains tendues, les corps envente libre, nous quémandons lemorceau de pain avec tout ceque nous possédons, jusqu'àl'honneur, jusqu'à la honte.Chaque jour, le nombre des des-perados augmente, car chaquejour leur pays s’éloigne d’eux.Chaque jour leur société les fuit,les haït, les surnomme leshitistes, les harragas… [Des cen-taines de jeunes diplômés ontenvahi les bureaux du centre cul-turel français à la recherched’un quitus de départ cedimanche 29 octobre 2017]. Etpourtant ! Combien d’atouts setrouvent presque à portée demains ; attendent quelquesvolontés à tendre le bras pourles cueillir. Mais quand la volontétourne le dos à l’aubaine, le des-tin aura beau inciter à tirer partide cet avantage, mais sansrésultat. Alors… nous sommesdevenus un peuple «d’Oblomov»et de «procrastinateur» (1) qui vitdans l’apathie et l’inertie avecdes rêves inactifs fuyant toujoursl’effort et le travail, et s’il(le tra-vail) se manifeste en quelqueslieux et pour quelques causes,on l’évite par son ajournementpour des dates ultérieures et des«pas maintenant» jusqu’au blo-cage et la paralysie. Qui veut tra-vailler aujourd’hui ? Personne.Tout le monde veut être député,membre d’une assemblée oud’une association, politicien,retraité, ou à défaut footballeur,«cheb nasillard» ou agent desécurité. Et vous savez pourquoi.On fuit l’effort comme on fuit lapeste. Car l’effort n’est pas valo-risé. Il est même pénalisé. Voirbanni et haï par ceux-là mêmequi sont censés donnerl’exemple. Je ne vous appren-drais rien si je vous disais que letravail est l’inépuisable ressour-ce des richesses. Car la vraiequestion est : que faut-il fairepour que le travail deviennechez-nous vraiment l’inépuisableressource de nos richesses ? Etc’est aux décideurs et autresexperts en la matière de remé-dier à ça, car ma contribution entant que chroniqueur ne peutaller au-delà de la constatation.«Que me servirait que ma

patrie fût puissante et formi-dable, si, triste et inquiet, j'yvivais dans l'oppression et dansl'indigence ?», disait Jean de laBruyère. Je pourrais ajouter sansétat d’âme : que me servirait devivre dans un pays de cocagnealors que mes rêves sont de chi-mère, et où l’oblovisme et la pro-crastination sont les seules pers-pectives qui ne mènent nullepart…

R. E.

L’enfant Mahmoud estaujourd’hui vieux. Il est

grand-père et habitetoujours le bidonville

«graba» avec sesenfants et ses petits-

enfants. Il ne pense pluscomme autrefois quand

il avait du rêve à enrevendre. Mais ses

rêves, avec le temps etles longues attentes,

sont restés accrochésau mât de cocagne, loinde les atteindre. Car les

vieux ne font pas derêve éveillé. Les vieux

font des rêves dans leursommeil, ou peut-êtrene rêvent pas. De quoipeuvent-ils rêver ? Du

passé ? Leur passé est àoublier et à remettre

aux calendes grecques.

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CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017412

décollagepar captain Kaabeche Aissa

La FAA ordonne une inspection visuelledes Gp7200 sur les A380 en service

A la suite de l'accident survenu en croisière sur un A380 d'AirFrance le 30 septembre, la FAA a publié une directive d'urgence

ordonnant aux opérateurs de l'appareil de réaliser une inspectionvisuelle des moteurs GP7200 d'Engine Alliance.

Cette directive concerne la flotte de quatre compagnies aériennes (Air France, Emirates,Qatar Airways et Korean Air) sur treize opérateurs, mais elles représentent 55% de la flot-te mondiale de Super Jumbos (118 appareils sur 216 en service).La FAA estime, en effet, qu'il est possible que des conditions de non-sécurité similairespuissent se présenter sur d'autres moteurs. Elle souhaite ainsi prévenir toute nouvelledéfaillance non contenue d'un moyeu de soufflante susceptible d'endommager moteur etappareil.La FAA rappelle que le moteur d'Air France à l'origine de l'accident du 30 septembrecumulait 3 527 cycles. Elle s'est donc appuyée sur cette constatation pour déterminer lecalendrier des inspections. Tout moteur en service depuis plus de 3 500 cycles doit êtreinspecté dans les deux prochaines semaines. Ceux ayant cumulé entre 2 000 et 3 500cycles devront l'être d'ici cinq semaines. Les plus récents ont deux mois devant eux. Toutdommage ou défaut constaté sur le moyeu de soufflante doit donner lieu à son remplace-ment.L'enquête, menée par le BEA avec le soutien des bureaux américain (NTSB), canadien (BST) etdanois (AIB DK) est, quant à elle, toujours en cours pour déterminer les circonstances de l'accident.Le 30 septembre, l'A380 F-HPJE d'Air France réalisait le vol AF066 entre Paris et Los Angeles lors-qu'une avarie est survenue au FL370 au-dessus du Groenland sur le moteur n°4, entraînant la pertede la soufflante. L'équipage s'est dérouté vers l'aéroport de GooseBay, au Canada. Des opérationssont en cours sous l'égide de l'AIB DK pour récupérer le maximum d'éléments du moteur, localisésdans une zone désertique de l'ouest du Groenland. Quant au moteur accidenté, il sera déposé àGooseBay par les équipes d'Air France et Airbus, puis envoyé dans les installations de General Elec-tric, à Cardiff. Le processus de convoyage de l'A380 en Europe, pour réparation, reste à l'étude.

MH370, l' ATSB publie son rapportL'équivalent australien du bureau d'enquêtes et d'analyses a publié son rapport sur ladisparition de MH370 dont les causes ne sont toujours pas éclaircies.440 pages et trois ans et demide recherches. C'est ce quereprésente le rapport del'ATSB, soit l'Australian Trans-port Safety Bureau, – l'équiva-lent australien du bureauenquêtes et d'analyses –concernant ce qui reste encore,et jusqu'à la découverte del'épave – le mystère entourantle vol MH370, soit : la perted'un appareil, de 12 membresd'équipage et de 227 passa-gers. "La recherche de l'appa-reil disparu a débuté le 8 mars2014 et s'est étendue sur 1 046jours, jusqu'au 17 janvier 2017, lorsqu'elle fut suspendue en accord avec une décision gou-vernementale tripartite, soit la Malaisie, l'Austalie et la République populaire de Chine",mentionnent les premières lignes du volumineux rapport "The OperationnalSearch forMH370". Mystère, car le rapport se lit un peu à la manière d'un roman policier, avec uneaccumulation de pages, de preuves de renseignements... qui, malgré tout, ne suffisent pasà expliquer la perte de l'appareil. Ainsi que la conclusion le mentionne : " Les raisons de laperte de MH370 ne peuvent être établies avec certitude tant que [l'épave de] l'appareil n'apas été trouvé". A défaut de fournir des explications scientifiques sur les causes de la perte du Boeing 777de Malyasia Airlines, ce long rapport, offre un témoignage sur les efforts, la méthodologieet surtout le nombre de ressources mises en place pour tenter de retrouver l'appareil aucours de ces trois ans. Notamment, les recherches sous-marines qui, lorsqu'elles furentsuspendues, ont permis de quadriller plus de 120 000 km2 au travers de 661 zones d'in-térêt – et qui permirent au passage de découvrir et d'identifier quatre épaves de bateaux. Si les moyens mis en place n'auront été ni restreints ni limités, l'épave de l'appareil, quigarde encore actuellement son mystère entier, n'a toujours pas été localisée. Et le rapportde mentionner : «il est presque inconcevable et sociétalement inacceptable à l'heure dutransport aérien moderne, avec 10 millions de passagers utilisant les avions commerciauxchaque jour, qu'un grand appareil de transport disparaisse et que le monde ne sache pas aveccertitude ce qu'il en est devenu ainsi que les personnes à bord».

US : les contrôles de sûreté renforcés dans les aéroportsA compter de jeudi 26octobre, les passagerspartant sur des volsaméricains devrontrépondre à des ques-tionnaires ou des entre-tiens lors de l'enregis-trement, la vérificationdes documents ou auxportes d'embarque-ment.A compter du 26octobre dernier, lespassagers internationaux à destination d'une ville américaine vont devoir encore pluss'armer de patience avant d'embarquer dans leur avion. Lufthansa, Emirates, Air Fran-ce et Norwegian ont confirmé à l'AFP que les autorités américaines leur avaientdemandé d'opérer un contrôle plus strict des passagers à destination des aéroports dupays. Ce renforcement fait suite à une note qui avait été émise le 28 juin 2017 par le séna-teur John Kelly, Secrétaire d'Etat à la Sécurité intérieure qui avait enjoint les compa-gnies aériennes internationales de renforcer le contrôle des passagers et des appareilsélectroniques, d'accroître les contrôles autour des avions et dans les zones d'embar-quement, et de déployer et renforcer les brigades canines. Il avait aussi incité les com-pagnies à développer des postes avancés de contrôle ("pre-clearance"). Emirates a ainsi annoncé que les passagers seraient soumis à "des entretiens auxcomptoirs d'enregistrement". Il en est de même pour Air France. "En plus du contrôledes appareils électroniques déjà en place, les voyageurs à destination des Etats-Unispourraient également être soumis à de courts entretiens à l'enregistrement, lors de lavérification de documents ou aux portes d'embarquement", a annoncé Lufthansa. Deson côté, la lowcostNorwegian, qui opère de nombreux vols vers les Etats-Unis a indi-qué qu'elle préviendrait ses passagers par SMS et que les comptoirs d'enregistrementseraient ouverts quatre heures avant le départ du vol.Comme le rappelle la note du Département à la Sécurité Intérieure, ces nouvellesmesures sont susceptibles de toucher quotidiennement 325 000 passagers, embar-quant sur 2 100 vols de 180 compagnies opérant dans 280 aéroports dans le monde.

Airbus Helicopters dévoile le RacerLe successeur de l'aéronef hybride X-3 d'Airbus Hélicopters a été dévoilé au deuxièmejour du Salon du Bourget. Baptisé Racer, il devrait effectuer son premier vol en 2020.Il était attendu depuis qu'Airbus Heli-copters avait annoncé avoir gelé laconfiguration aéromécanique et c'estdans le cadre du dernier Salon duBourget que l'hélicoptériste a dévoiléle successeur du X-3, alias Racer,acronyme de Rapid and Cost-Effecti-ve Rotorcraft. L'appareil vient de pas-ser sa revue de conception prélimi-naire. Ce démonstrateur innovantsera optimisé pour voler à une vites-se de croisière de plus de 400 km/h(200 kts). Son objectif sera de validerle meilleur compromis entre vitesse,compétitivité, respect de l’environnement et performances en mission. L’assemblage final dudémonstrateur devrait débuter en 2019, son premier vol étant prévu au cours de l’année sui-vante. "Ce nouveau projet, qui rassemble les compétences et le savoir-faire de dizaines departenaires européens dans le cadre de l’initiative Clean Sky 2, a pour ambition d’augmenterla vitesse et le rayon d’action des hélicoptères à un coût maîtrisé, et ce, grâce à une formuleaérodynamique à la fois simple, sûre et éprouvée. Le projet Racer ouvrira, à l’horizon 2030 etau-delà, la voie à de nouveaux services pour lesquels chaque minute compte, établissant ainside nouvelles références dans le domaine du transport héliporté à grande vitesse", a com-menté Guillaume Faury, président d'Airbus Helicopters. Le démonstrateur Racer s’appuierasur une architecture voulue simple pour assurer un haut niveau de sécurité à un coût avan-tageux. Optimisée pour l’efficacité aérodynamique, l’innovante aile double, ou «box wing»,confèrera à l’appareil de la portance en vol de croisière et permettra, au cours des opérationsau sol, d'isoler les passagers des rotors latéraux chargés de générer la poussée lors du vol.Ceux-ci ont d'ailleurs une configuration type hélices propulsives, à l'inverse du X-3 dont leshélices étaient tractives. «Cette architecture permet une économie de carburant de l'ordre de10 %», commente Tomasz Krysinski, co-directeur du département recherche et innovation.Conçus pour assurer des performances élevées et une faible empreinte acoustique, ces rotorslatéraux, ainsi que le rotor principal, seront animés par deux moteurs RTM322. Un mode«éco» sera testé par le motoriste en vue de démontrer un système électrique de «start & stop»d’un moteur en vol, avec à la clé des économies de carburant et un rayon d’action accru. K. A.

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413CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017

Ville et V illagesVILLES ET VILLAGES D’ALGÉRIE bougie, bgayet

La ville de Bougie est située à 181 km à l'est de la capitaleAlger, à 93 km à l'est de Tizi-Ouzou, à 81,5 km au Nord-est deBordj Bou-Arreridj, à 70 km au nord-ouest de Sétif et à 61 km

à l'ouest de Djidjel.

La ville doit son existence et safortune à un site portuaireremarquable : une baie en fau-cille, protégée de la houle et desvents du large nord-ouest parl’avancée du «Cap Carbon», de 220 mètresde hauteur. Un site remarquable dans l’unedes plus belles baies du littoral nord-afri-cain, dominé par les montagnes des

«Babors» touchant le ciel. Le second avan-tage est qu’il se trouve au débouché d’unevallée large et longue, constituant un véri-table couloir vers le sud-ouest. A l’entrée dela ville, le visiteur est accueilli pard’énormes cuves à pétrole, éclatantes ausoleil de midi. Elles sont reliées par uneconduite au port pétrolier, construit un peuà l’écart de la ville, et qui dort tranquille-ment au pied de la falaise où une carrièreétait autrefois exploitée. En haut de la ville,vers le quartier «Karamane», ancien quar-tier des juifs, se trouve le petit marché et lamosquée Sidi Soufi. Vu d’en haut, une rademerveilleuse nous rappelle à la fois le golfede Naples et le lac de Genève. Un voyageurprincier, l’archiduc Salvator d’Autriche, lasurnomma «Perle de l’Afrique du Nord». Lemot bougie est apparu dans la langue fran-çaise au 14e siècle. Tiré de Bugaya, cetteville d'Algérie qui fournissait une grandequantité de cire pour la fabrication deschandelles. La bougie comme telle fut déve-loppée au milieu du 19e siècle, et se dis-tingue de la chandelle par sa matière pre-mière et l'utilisation d'une mèche de cotontressé.HIStOIrE L'histoire de Bougie remonte à la plushaute antiquité. Des découvertes françaisesrécentes faites dans les grottes difficile-ment accessibles ouvertes sur les flancs duGouraya, ont démontré qu'à l'époque pré-historique, ce coin du littoral avait dû êtrehabité par d'importances tribus. Le passagedes Libyens et des Phéniciens y est révélépar les tombeaux creusés dans les rochersénormes tout près de Bougie, dans la valléedes Aiguades. A la chute de Carthage, lesRomains s'en emparèrent et y fondèrent,sous le nom de Saldae une ville forte d'oùils étendirent au loin dans toute la Kabylie,le rayonnement de leur puissance. Aprèsavoir été réduite à l'état de simple bourga-de par les invasions barbares, l'antique Sal-dae devient musulmane au 7e siècle et au10e siècle devint sous la domination d'En-Nacer, la ville la plus importante des EtatsHammadides.En-Nacer la reconstruisit complètementsur l'emplacement de l'ancienne villeromaine, dont il étendit les limites jus-qu'aux flancs extrêmes du Gouraya. Il luidonna le nom de d'En-Naceria, mais ce futcelui de Bejaia (les survivants), tiré de latribu berbères qui vivait dans la localité,qui passa à la postérité. Suivant certains,c'est de cette époque que date l'appellationBejaia, devenue plus tard en espagnolBugia, en français Bougie, tirée de la grandequantité de cire qu'elle produisait. Toute-fois, Bougie ou Bedjaia s’appelle encore denos jours Bgayat en berbère, prononcéVgayat. De nombreuses légendes ont courtdans le pays au sujet d’En-Nacer. Suivantl’une d’elles, ce prince très fier de sa capita-le, dont il avait fait une ville de plaisir, avaitl’habitude de faire des promenades enbarque sur la rade de Bougie, accompagnéde sa cour et de ses musiciens. Le saintmarabout Sidi-Touati, invité à faire partiede ces fêtes nocturnes, fut exaspéré par les

éloges hyperboliques que le souverain necessait de se décerner. Il lui reprocha sonorgueil et sa vie de débauche puis, étendantson burnous, il lui montra au travers de cetransparent magique, la ville complètementruinée et abandonnée. En Nacer, frappé dece spectacle terrifiant, s’humilia, quitta letrône et se retira sur une île rocheuse de lacôte voisine, l'île des Pisans, où il mourutsaintement dans l’austérité. En-Nacer lais-sa le trône à son fils El-Mançour, qui trans-porta à Bougie le siège de son gouverne-ment et en fit la capitale de l'empire Ham-madite. Il y construisit des palais somp-tueux, notamment ceux de la Perle et deHamimoun, des moquées et des écoles et, àcette époque c'est à dire vers l'an 1100, laville fut le centre le plus important du mou-vement intellectuel de l'Afrique du Nord.En-Naceria était alors une ville de 100 000habitants, on y comptait 8 000 maisons, denombreux collèges, des palais somptueux,50 mosquées qui s’étageaient depuis lerivage jusqu’au haut des flancs du Gouraya,dans un fouillis de verdure, de bouquetsd’oliviers, d’orangers et de grenadiers. En-Naceria possédait aussi un grand nombrede savants théologiens et de maraboutsvénérés, notamment Sidi-Touati et Sidi-yahia, dont les tombeaux, qui ont résistéaux ravages des siècles, sont l'objet du cultede toutes les races berbères qui environ-nent Bougie, et lui ont fait donner le nom dePetite Mecque (Mekka Sghira).prÉSENCE turQuE 1515 - 1830 L'empire hammadite s'effondra aumilieu du 12e siècle et Bougie fut coloniséepar les Turcs. Devenue dépendance desTurcs, elle se transforma, deux siècles plustard, en un repaire de corsaires (les frèresBarberousse), dont les actes de conquêtesnécessitèrent l'intervention des Espagnolsqui, en 1501, sous la conduite de PedroNavaro, s'emparèrent de la ville. Dès qu'ilfut maître de la ville, Pedro Navaro s'occu-pa de la fortifier. Il construisit sur l'Espla-nade du Palais de l'Étoile le fort de Barralpuis celui de la Casbah et restaura le fortAbd El-Kader. Les exploits des Barberousseétaient répétés sur toutes les côtes de Bér-bérie ; partout on vantait leur audace etleur richesse; aussi, lorsque Bougie futoccupée par les Espagnols, les habitants decette ville vinrent solliciter l’assistance desdeux frères pour les aider à se débarrasserde leur ennemi, Aroudj, ne consultant queson courage, vint faire le siège de Bougiemais les forces dont il disposait étaientinsuffisantes et, malgré sa bravoure il futobligé d’abandonner l’entreprise, aprèsavoir reçu au bras une blessure grave qui

nécessitait l’amputation de ce membre. Ilalla se rétablir à Tunis, et son frère continuales croisières. Aroudj guéri de ses bles-sures, et Khair Eddine, fier des riches cap-tures qu’il avait faites, se portèrent de nou-veau sur Bougie ; mais, comme la premièrefois, ils furent repoussés. Les Espagnols nejouirent guère de leur conquête car ilsdurent l'abandonner en 1555, époque àlaquelle Salah Reis, pacha d'Alger, repritBougie pour le compte du sultan turc otto-man de Constantinople. Sous la domina-tion turque, Bougie tomba en ruines et nefut plus qu'une base de ravitaillement pourles corsaires. En 1830, la ville comptait 2000 habitants et 60 soldats turcs.prÉSENCE FrANçAISE 1833 - 1962 Les Français s’emparèrent de Bougie en1833. C’est le 29 septembre que le généralTrezel, avec deux bataillons sous les ordresdu capitaine de vaisseau Parceval, occupala ville après de durs combats. Cet épisodea servi de sujet à un remarquable tableaud’Horace Vernet, dont une copie se trouvaitdans la salle de la mairie. Le développe-ment de Bougie et de la région, au point devue de la colonisation, demeura stationnai-re jusqu’à la terrible insurrection de 1871embrasant une grande partie de l’Est algé-rien ; la répression fut suivie du séquestred’une partie du territoire des tribus révol-tées et délivrées à la colonisation. L’amiralGueydon, alors gouverneur général d’Algé-rie, aux yeux duquel Bougie était destiné àdevenir en même temps qu’un centreimportant de colonisation, un poste de pre-mier ordre doté d’un grand port de guerreplacé en face de Toulon, fit de cette ville lesiège d’un chef-lieu d’arrondissementdépendant de la province de Constantine.Elle comprenait quatre communes mixtes(Akfadou, Djidjel, Gueguour, Sidi Aich,) etdoté d’un tribunal. Son importance com-merciale et économique s’accroît de jour enjour, pour la création de nombreux gise-ments miniers, la beauté de la nature pourles touristes dont l’accès est facilité par deconstantes améliorations des voies de com-munication et par l’ouverture d’hôtels depremier ordre. Cela permet aux visiteurs defaire aisément des excursions autrefoisimpossibles, avec des séjours dans larégion en y trouvant un confort que peu devilles d’Algérie peuvent offrir. Bâtie enamphithéâtre sur le flanc oriental du djebelGouraya, montagne de 600 mètres d'altitu-de, au fond d’un golfe qui offre l’aspect d’unvaste lac entouré d’un rideau de hautesmontagnes, la ville de Bougie doit cettesituation exceptionnelle, abritée contre lestempêtes du nord et nord-ouest si violentes

en Méditerranée. Le voyageur qui arrive àBougie par mer, sur un des paquebots quiassure ses relations avec Marseille, Alger etPhilippeville, embrasse, dès qu’il a dépasséle cap Bouak, un panorama merveilleux aucentre duquel se dresse, majestueuse, lamontagne du Gouraya, dominant de samasse géante les étages successifs des dif-férents quartiers de la ville.Dans le lointain, il aperçoit, par la trouéede la vallée de la Soummam, les hautesmontagnes du Djurdjura, à sa gauche etderrière lui, dans un cercle grandiose etininterrompu qui paraît fermer le golfe, lachaîne de montagnes des Beni-Mimoun etdes Babor, dont les principaux sommetsatteignent 2 000 mètres. Au centre du nou-veau port, actuellement aménagé pourrecevoir des navires de plus fort tonnage, àune centaine de mètres des bords du quai,le voyageur rencontre en débarquant laporte Sarrasine – Bab-El Bahar – vieilarceau en ogive, de pierres et de briques,soigneusement conservé, qui faisait partiedes fortifications des Bougiotes. Une ruelleà pente très rapide et un escalier dequelques marches conduisent à la place dela sous-préfecture sur laquelle s’élève,dominant la mer, le coquet édifice de cebâtiment. Si le voyageur hésite à suivre cechemin, il peut accéder au même endroit enlongeant la ligne du quai jusqu’au pied dufort Abd-El-Kader et en remontant larampe Reguis qui le mène, par une pentedouce, devant de beaux immeubles, édifiéssur les flancs du coteau de Bridja à l’endroitoù s’élevait à l’époque hammadite lefameux Palais de la Perle construit par En-Nacer.CONStruCtION Du pOrt pÉtrOLIErL'œuvre de Gaston Thomson, ministrede la Marine poursuivie par GeorgesLeygue et son ami le maréchal Franchetd'Espray qui, dès 1925, estimèrent qu’il fal-lait transférer la flotte de Toulon à Bougie...C’est ainsi que commença la constructionde la grande digue en eau profonde qui fer-mait la baie de Sidi-yahia au pied du CapBouak. Un grand abri pour sous-marinsétait prévu sous le cap avec deux entrées,une vers le Port, l’autre vers le large. L’ar-rière-port fut construit comme base aéro-navale avec bouées d’ancrage pour leshydravions Goliath et Cams 53. L’arsenal deToulon devait être transféré en dix annéessur les terrains où se trouvent désormaisles grands réservoirs à pétrole de Hassi-Messaoud. Gaston Thomson se déplaçasouvent à Bougie dans le cadre de l’étudedu futur port. Vers 1930, le scandale duport de Bougie avec l’assassinat du comp-table Treuillon par le chef de chantier Ben-dinelli, la disparition totale de la comptabi-lité brûlée dans le foyer d’une locomotivePingueley, provoqua un scandale financierénorme. Les travaux furent stoppés. Unepartie des crédits prévus fut affectée àMers-El-Kebir qui démarra son développe-ment. Par la suite Bougie ne fut qu’un relaisentre Bizerte et Mers-El-Kebir. De nom-breux hydravions y firent escale sur unplan d’eau calme et libre de 3 000 mètresd’est en ouest avec décollage au-dessus dela grande digue. Certains s’en souvien-dront. C’est ainsi que Bougie hérita d’unavant-port qui ne servit en définitive qu’aumoment de la mise en chantier de l’extrac-tion du pétrole de Hassi-Messaoud, en1958, avec la construction du pipelinereliant les deux villes.

Sources : Archives coloniales

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CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017414

histoireLE ROI DE FRANCE, LES CORSES ET LES BARBARESQUES EN MÉDITERRANÉE

De François 1er à Louis xvI (8)

Et, dans les années 1660-1665, Colbert n'a pas grand-chose à opposer à leurstalents : ni hommes (le ministre ne cesse de déplorer la «grande disette de cadres»qui freine l'expansion de la marine de guerre qu'il souhaite mettre sur pied pourdévelopper et protéger le commerce maritime français) ; ni matériel, car Colbert

n'est que – officieusement – chargé de la marine du Roi de 1661 à 1669, avant d'enêtre – officiellement – investi à partir de février 1669.

4par Michel vergé-Franceschi

Colbert n'est donc qu'à la têted'une marine expérimentale entrain à peine de se construire et,lui aussi, comme François 1er etcomme Richelieu est à larecherche de Corses ou de Cap Corsins quipuissent servir d'intermédiaires entre lemonde musulman et la France. François 1eravait trouvé Sampiero Corso de Bastelica,dès 1533. Richelieu avait engagé SansonNapoleoni de Centuri dès 1615. Colbert fitune tentative analogue auprès de Centuraisétablis à Marseille depuis 1610. Ce futmême Jean-Baptiste Franceschi de Cannellede Centuri (v.1610-1681), premier échevinde Marseille, fils d'émigré, et son épouseJeanne de Bricard (arrière-petite-fille deDésirée Lenche, fille de Tomasino) qui reçu-rent Louis XIV, en grande pompe, à Mar-seille, le 5 mai 1669 en leur hôtel de la ruede la Loge détruit en 1943 par les Alle-mands avec son balcon de style florentinsoutenu par de magnifiques lions de pierre.L'échevin logea même Colbert alors que leRoi, accueilli à Marseille, y dormit chez Sci-pion Lenche, à la fois cousin et allié del'échevin, maître de camp de la compagniedes mousquetaires du Roi, petit-fils de feuThomas II Lenche (mort depuis 1623) et defeue Louise d'Ornano et donc arrière-petit-fils du feu maréchal de France Alphonsed'Ornano (v.1547-1610). L'échevin, anciencorsaire méditerranéen, avait beaucoupservi à la mer dans sa jeunesse sur lesnavires de commerce armés par son pèreAnton-Maria (naturalisé en 1610). Dès avril1640, Jean-Baptiste avait déjà été députépar la ville de Marseille auprès de LouisXIII, de passage à Avignon. Il avait alorsrendu compte au Roi des difficultés ducommerce de Marseille, dues notamment àla guerre. A nouveau député du commerceà Marseille (d'avril 1650 à octobre 1651),puis une seconde fois (de novembre 1661 àoctobre 1663), conseiller de ville (d'août1660 à octobre 1661), Jean-Baptiste, pre-mier échevin de Marseille (de novembre1667 à octobre 1669) offrit à Colbert, de lapart de la ville, 12 boîtes de confiture, 12bouteilles de vin, 12 douzaines de flam-beaux de table. Mais alors que Jean-Baptiste poursuiteffectivement l'œuvre des Lenche au Magh-reb, notamment à la Fiumara Salada, lesCorses ne sont plus véritablement prêts àjouer le rôle d'intermédiaires de la paixentre le monde musulman et la France, carle Turc ne cesse de menacer les îles deMéditerranée. La Crête en fait notammentles frais, durant une longue et douloureuseguerre de 24 ans (1645-1669), et nombrede Corses, au lieu de venir servir en Franceoù Louis XIV continue bien souvent à ména-ger l'Ottoman, prennent du service à Venisesous la bannière de saint Marc, à Malte souscelle de l'Ordre, en Toscane sous celle deschevaliers de Saint-Etienne, auprès du pape-dans «la milice dorée» ou de «l'éperon d'or»dans laquelle avait déjà servi SansonNapollon et dans laquelle servira encoreGiacomo Giacomini de'Porrata de Morsiglia(v.1710-1765), et même parfois à Gênes,sous la bannière de saint Georges. Il enrésulte que Sampiero mort depuis 1567 etSanson mort depuis 1633, les Corses sesont quelque peu éloignés du royaume deFrance pour reprendre du service, commeaux XVe et XVIe siècles, auprès des puis-sances italiennes qui se sont substituéesdans la péninsule aux condottiere de jadis,

tel Giovanni de Medici, dit del Bande nere,le premier emloyeur de Sampiero de 1513à 1526. Ces années colbertiennes (1661-1683) correspondent en fait au moment oùnombre de Corses servent en Candie (oùBeaufort lui-même est tué le 24 juin 1669,sous la bannière, non de la France, mais duSaint-Siège), pour défendre les possessionsvénitiennes contre les Turcs. C'est le cas deGiorgio-Maria Vitali, le plus célèbre des cor-saires cap corsins de la décennie 1660, éta-bli à Tinos, archipel grec, où il entretientune redoutable flotte corsaire en 1667. Lescraintes que Vitali, devenu sergent généraldes bâtiments de la République de Venise etchevalier de Saint-Marc imposait aux Turcsen Méditerranée, firent que sa capture enmer, en 1667, et son exécution à Constanti-nople y furent regardées comme un événe-ment de caractère quasi national. Vitalin'est pas le seul corsaire cap corsin à s'illus-trer dans les affaires de Candie (définitive-ment prise par les Turcs le 27 septembre1669), comme en témoigne encore ici où làquelque vieille dalle armoriée dans lerecoin obscur de nos églises. Il résulte decet état de fait que les Corses sont plutôt

absents des états-majors et équipages de lamarine française, lorsque l'année 1672ouvre, pour six ans, la fameuse guerre deHollande qui oppose la France de Colbert(1661-1683) aux Provinces-Unies. De 1672à 1674, la France colbertienne est l'alliée dela Royal Navy. De 1674 à 1678 non, maismême si la guerre navale abandonne lesthéâtres septentrionaux (Manche et Mer duNord) pour la Méditerranée, les Barba-resques sont quasi ignorés au sein de cetteMéditerranée où s'opposent catholiquesfrançais et calvinistes hollandais (ces«mangeurs de fromages» (aux dires de Val-belle) venus du «pays des bourgmestres»(Valbelle). Les Hollandais commandés parMichel de Ruyter combattent vainement lesescadres françaises commandées par levieux Dieppois Abraham Duquesne(v.1604-1688) à Alicudi (1676), au large duStromboli (1675 et 1676) et devant Paler-me (1676). Et l'aide que les Espagnolsapportent aux Hollandais de 1673 à 1678n'empêche pas Louis XIV d'être victorieuxdes Hispano-Bataves en 1678-1679, lors dela signature de la paix de Nimègue, qui luivaut son surnom de Louis le Grand.

Il faut attendre la conclusion de la paixde 1678 pour que Louis XIV se mette à com-battre les Barbaresques. Ce sera doréna-vant une constante : le roi de France necombat les corsaires du Maghreb quelorsque la paix générale règne en Europe.Ce sera vrai dès 1681, lorsque Louis XIVordonne à Duquesne, le 22 avril, de com-battre les corsaires de Tripoli, ce que levieux Dieppois fait effectivement en juillet-août devant Chio, allant jusqu'à bombarderla place sous les murailles de laquelle lesTripolitains se réfugient régulièrement. Cesera pareillement le cas en 1682 et en 1683lors des deux bombardements d'Alger, tou-jours par le vieux Duquesne (79 ans), puisen 1688 (nouvelle attaque de Tripoli par laFrance à la veille de la grande déflagrationgénérale que fut la guerre de la Ligued'Augsbourg (1688-1697) ; comme tout aulong du XVIIIe siècle de 1727-1731 (durantla longue paix européenne de 1713-1744),comme en 1765 (attaque de Larache) aulendemain de la paix de 1763 (Traité deParis). M. v.

(à suivre..)

Il faut attendre la conclusion de la paix de 1678 pour que Louis XIV se mette àcombattre les Barbaresques. Ce sera dorénavant une constante : le roi de France ne

combat les corsaires du Maghreb que lorsque la paix générale règne en Europe.

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AGENDAÉCONOMIQUE

CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017

Coupe du Monde SeniorSabre-MasculinOoredoo partenaire de laFédération Algérienned’Escrime et de l’équipenationale

Sponsor Officiel de la Fédération Algérien-ne d’Escrime (FAE) et de l’Equipe Nationa-le, Ooredoo a accompagné la sélection algé-rienne masculine d’escrime lors de laCoupe du Monde Senior Sabre Masculin,organisée à Alger du 03 au 05 novembre2017. La sélection algérienne masculinesenior de sabre a pris part à cette compéti-tion mondiale, qui a vu la participation deplus de 25 nations. Tout au long de cetteCoupe du monde, Ooredoo a apporté sonsoutien et ses encouragements auxsabreurs algériens. La promotion du sportnational occupe une place de choix pourOoredoo, qui est fier d’avoir accompagnéles représentants algériens dans cette com-pétition internationale.Organisé par LuciaMedia 1er Salon Algérie Londres Lucia Media a le plaisir de vous informerque le 1er Salon Algérie Londres 2018sera organisé au cours du premiersemestre 2018, selon le répertoire desexportateurs algériens publié par l’Agen-ce nationale de promotion du commerceextérieur (ALGEX). Votre entreprise étantl’un des leaders du marché et acteurmajeur dans l’économie algérienne, le 1erSalon Algérie Londres organisé par LuciaMedia vous donnera la possibilité de faireconnaître et renforcer votre visibilité,présenter de nouveaux produits et ser-vices en avant-première pour le marchébritannique, valoriser votre activité, etainsi créer et échanger des liens avecd’autres professionnels. Le marché bri-tannique avec de plus 65 millions declients potentiels va s’ouvrir vers de nou-veaux fournisseurs internationaux, leBrexit est une opportunité d’affaire ines-timable pour les entreprises algériennes.A cette occasion, nous vous contactonsafin de valider avec vous, la possibilité dela participation de votre compagnie au1er Salon Algérie à Londres 2018. LeSalon s’étalera sur 3 jours : vendredi,samedi et dimanche, avec un programmeriche et varié. Le Salon va se concentrersur les rencontres bilatérales afin de faci-liter le contact direct entre les différentescompagnies britanniques et algériennesdans leurs domaines respectifs, et avecune présence algérienne très importanteau Royaume, nous envisageons entre10000 à 20000 visiteurs. Des kiosques etstands, d’une superficie minimum de 9m2 vous seront proposés avec à la clé uneprise en charge totale, incluant les billetsd’avions, réservations d’hôtels, transport

de votre marchandise de l’aéroport jus-qu’au salon, dédouanement et d’autresoffres (sous certaines conditions). Dans la perspective d’une participationde votre compagnie, un de nos agentsvous contactera dans les plus brefs délaisafin de discuter plus amplement dechaque détail et répondre à toutes vosattentes et interrogations. Si vous avezune quelconque question, pendant cetemps, n’hésitez pas à nous contacter auxnuméros fournis ci-dessous.Il se tiendra du 7novembre 2017 à l’hôtelMercure à Alger3eme Colloque algéro -français sur lasécurité industrielleBusiness France organise en partenariatavec le cluster SAFE le troisième colloquealgéro-français sur «La sécuritéindustrielle». Il se tiendra le 7 novembre àl’hotel Mercure d’Alger (salle Bab-Ezzouar)de 9h00 à 16h30. Cet événement réunirades spécialistes algériens et français dansles domaines de la sécurité et de la sûretéindustrielle. Lors de cette manifestation,des communications seront présentées pardes experts des institutions publiquesalgériennes en charge de la protectioncontre les risques industriels etprofessionnels ainsi que de différentesentités françaises telles que le Centrenational de prévention et protection, lesentreprises DEF, AB2S, REGAIN, SIDSTEIBLE, FIKE , DELTA PLUS , EXAVISION ,METEORAGE, FINSECUR/ KM EUROP , GMDISTRIBUTION, ROSTAING , TILTECHNOLOGIE, SORHEA , FOXSTREAM,DEF, BOCHE, AIRSTAR. Ce colloque abénéficié du soutien de Macir Vie,assurances CIAR, DEF Algérie et del’Algérienne de Blindage et de Solutions deSécurité (AB2S).Programme du 3ème colloque algérofrançais sur la sécurité industrielleMardi 7 novembre 2017 à l’hôtel Mercure9h00– 9h15 Ouverture par M. KamelSILHADI, Chef du Pôle Industries etCleantech, BUSINESS France et leLieutenant-Colonel Jean Philippe VIDAL,Attaché de Sécurité Intérieure Adjoint,Ambassade de France en Algérie.9h15- 9h35 Prévention des risquesindustriels par le Commandant

BERRACHED Tayeb, Direction Générale dela Protection Civile9h35 -9h55Organisation de la préventiondes risques professionnels en Algérie :exigences réglementaires, par Mme FaridaILES, Directrice Générale de l’InstitutNational de la Prévention des RisquesProfessionnels (participation à confirmer)9h55 –10h15 L’assurance sécurité, par M.Sofiane KLOUCHI , MACIR VIE/ CIAR10h15- 10h35 Protéger vosinvestissements, par M. youcefSEGHOUANI et M. Samy KADOURI, DEFAlgérie10h35 –10h50 Dispositifs Industriels deFermeture, par M. Sergio PROT, AB2S10h50- 11h10 Questions/ réponses11h10-11h30 Pause caféSalle BAB EZZOUAR Sécurité industrielle:11h30- 11h50 Les Gants qui révèlent vostalents, par M. Thierry FAVROT, ROSTAING11h50-12h10 Chaussures d’intervention,par M. Thibault PARPILLON, BOCHE12h10-12h30 Equipements de protectionindividuelle, de la tête aux pieds, M. Fran-çois-Xavier PADRIXE, DELTA PLUS SER-VICES12h30-12h50 Systèmes de lutte incendie,M. Marc LARIVE, DESAUTEL12h50-13h10 Questions/ réponses13h10 -14h10 Pause déjeuner14h10-14h30 Vêtements de travail enmaille, par M. Laurent BRUNAS, REGAINPERFORM14h30 -14h50 solutions contre les incen-dies, les explosions et les surpressions, parMr Eric JACQUOT, FIKE FRANCE.14h50 –15h10 Protection contre lesrisques d’explosion avec arrête-flammes,par M. Monsif AyAR et M. Sébastien SCHOE-NECKER, SID STEIBLE15h10 –15h30 L’information foudre pour lagestion du risque dans l’industrie, par M.Marc BONNET, METEORAGE15h30- 15h50 Les systèmes de sécuritécontre les chutes, par Frédéric MOCZyGE-BA, GM DISTRIBUTION15h50-16h10 Systèmes de signalisationindustrielle et de détection d’incendie, M.Christophe BONAZZI, FINSECUR/KMEUROP16h10- 16h30 Comment maîtriser vosrisques incendie etenvironnementaux par la formation etl’entraînement ?, par M. Wissam SAIBI duCentre National de Prévention et de Protec-tion (France)

16h30- 17h00 Questions/ réponsesSalle El MOuSSAFEr Sûreté11h30- 11h50 Ballons éclairants par M.Maxime GUICHARD, AIRSTAR AEROSPACE11h50-12h10 Sysème de contrôle d’accèset systèmes anti intrusion, par M. HervéLEMEUR, TIL Technologies, et M. AlexandreHABERKORN, SORHEA12h10-12h30 La vidéo intelligente pour laprotection périmétrique des bâtiments, parM. Jean Baptiste DUCATEZ, FOXSTREAM12h30-12h50 Systèmes optroniques : sur-veillance des processus industriels sen-sibles, par M. Brice KERRINCKK, EXAVI-SION12h50-13h10 Questions/ réponses13h10 -14h10 Pause déjeuner14h10-14h30 La solution performante à laGestion des flux vidéos IP «bande passan-te», Gestion Multi-sites et Supervision, parStéphane JOUBERT, AB2S14h30 -14h50 La culture sécuritaire, par M.Halim BOUDIAF, AB2S La culture sécuritai-re, par M. Halim BOUDIAF, AB2S14h50 –15h10 Questions/ réponsesCommuniqué du CEIMI àl’ensemble desadhérents de la régionLa production nationale, un thème à débattreLes adhérents du CEIMI ainsi que l’en-semble des opérateurs économiques de larégion sont invités à prendre connaissancedu présent communiqué. Le CEIMI a étésollicité par la DPME pour faire des propo-sitions sur les sujets suivants : Gestion aléa-toire des licences d'importation, fiabilitédes statistiques, bonne traduction douaniè-re des produits à soumettre à licence etenfin les conséquences directes et indi-rectes des dispositions qui ont été prises.Une analyse exhaustive est demandée auxmembres du CEIMI afin d'influer positive-ment sur les bonnes mesures à prendrepour protéger Ia production nationale. Unquestionnaire est à compléter et à renvoyerau CEIMI avant 13 novembre 2017. Desmembres du bureau exécutif du CEIMImandatés assisteront aux réunions à laDPME.

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CRÉSUS # 110 DU

MARDI 7 AU LUND

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VEMBRE 2017/ ANEP - 216873

CRÉSUS # 110 DU MARDI 7 AU LUNDI 13 NOVEMBRE 2017

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