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In medio stat virtus L’Hebdo national de l’Économie n Du dimanche 6 au Samedi 12 novembre 2016 n n°58 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro JEAN-FRANÇOIS COUSTILLIÈRE, LE CONTRE-AMIRAL (2S) « L’AVIS DE L’ALGÉRIE, DE MÛRIR L’IDÉE DE LA MÉDITÉRANNÉE EST TRÈS RAISONNABLE » Page 11 CLAIROBSCUR Fonds pubLIcs, Fonds spécIaux MOT À DIRE L’histoire financière des États, qu’ils soient des monarchies, des républiques ou des dictatures, démontre que des fonds spéciaux ont depuis toujours existé afin de permettre des financements d’opérations spéciales ainsi que la rémunération des personnages ayant une relation avec les gouvernements… Avec l’obligation de la levée du secret bancaire, ces fonds sont « candidats » à l’immigration au pays de l’oncle Sam. Pages 3-4 cresus.dz LE CLIMAT DES AFFAIRES COMMENCE À S’AMÉLIORER DANS LE PAYS L’ALGÉRIE RÉUSSIRA-T-ELLE SA MUTATION ÉCONOMIQUE ? PROFESSEURE DJAMILA HALLICHE, DG DE L’ANVREDET «LE FNR A BESOIN DE FLEXIBILITÉ » nFonds spéciaux en Algérie La Question 4Par S. Méhalla I l ne s’agit pas d’Henri Alleg, et ô combien respectons-nous le combattant de la cause algérienne ! Les sens profonds de son témoignage nous comprenons. Ce n’était pas seulement un livre. M. Alleg a fait connaître ce que sacrifice à l’algérienne voulait dire. Témoigné des pratiques barbares du colonialiste commises sur l’Algérien pour être indépendant. Libre. De la fatalité réservée à un peuple qui n’a demandé que d’être souverain sur ses terres. En un mot, d’une guerre d’honneur, sauvage et cruelle. Inégale, surtout. La Question, plutôt la question, reste de toute évidence utile de nos jours. Le fait odieux d’antan diffère-t-il de celui commis aujourd’hui par les conquistadors des terres musulmanes, en Irak, en Syrie et bien au-delà ? En Palestine… et c’est là où je veux installer mon questionnement. Cette Palestine que les Palestiniens désespèrent à reconquérir, ces Palestiniens que l’Algérie a de tout temps soutenus, offert un blanc-seing… l’un des leurs s’est offert la folie de cramer les couleurs nationales au moment où nous célébrons le Premier Novembre. Le mec ne se pose pas de question. Raison de chercher du mec dans la formule de l’acte isolé soi-disant, osant confondre deux étoiles différentes, celle du seul prophète David et celle de nos « prophètes » de l’indépendance… le jour de la Toussaint. Le mec-brûleur, l’indécence jusqu’à la nausée, aurait dû prêter attention en prenant conscience de la phagocytose de sa Palestine rognée par les larrons à guirlandes avec la complicité des d’États occidentaux. Cet Israël qui viole en toute impunité la loi internationale, en annexant la quasi-totalité de la terre sainte des Musulmans. Il aurait pu tirer leçon de la Syrie, victime d’un arbitraire colonial, amputé jadis de son territoire arbitrairement au bénéfice de la Turquie, du temps de son mandat sur le pays, dont elle recherche cent ans après à y reprendre pied par une opération de déstabilisation sous couvert de démocratie. Le mec ne se pose pas de question. Ce n’est guère le fort des Arabes de se poser des questions, me diriez-vous. Non, parce qu’il aurait su quelles étaient les couleurs ayant fait barrage à l’admission de son pays à l’ONU, tandis que Bouteflika, jeune ministre algérien des A.E., a débarqué avec Arafat aux Nations unies en 1974, sous l’œil sidéré, voire admirateur, du monde entier. Le mec ne se pose pas de question, car oppresseur ou oppressé, le serment de l’Algérie a toujours été de soutenir les siens. À tort ? Telle reste La Question que le mec- brûleur ne fera jamais tourner dans son ciboulot, ne comprendra jamais, et jamais ne brisera ses chaînes de damné ou juste au moment où il « crache » du feu sur ses seigneurs ! Gloire à nos chouhada… S. M. « Diversification de l’économie algérienne ». C’est une phrase qui revient tel un leitmotiv, et ce, durant, une quinzaine d’années. De Ouyahia à Sellal, tous les gouvernements depuis le début des années 2000 affichaient leur ambition de sortir le pays de sa dépendance des hydrocarbures. Qu’en-est-il ? Dossier 7-11 P12-13 ENTRETIEN

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In medio stat virtusL’Hebdo national de l’Économie n Du dimanche 6 au Samedi 12 novembre 2016 n n°58 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro

JEAN-FRANÇOIS COUSTILLIÈRE, LE CONTRE-AMIRAL (2S) « L’AVIS DE L’ALGÉRIE, DE MÛRIR L’IDÉE DE LA MÉDITÉRANNÉE EST TRÈS RAISONNABLE »

Page 11

CLAIR-OBSCUR Fonds publics, Fonds spéciauxMOT À DIRE

L’histoire financière des États, qu’ilssoient des monarchies, des républiques oudes dictatures, démontre que des fondsspéciaux ont depuis toujours existé afin

de permettre des financementsd’opérations spéciales ainsi que la

rémunération des personnages ayant unerelation avec les gouvernements… Avec

l’obligation de la levée du secretbancaire, ces fonds sont « candidats » àl’immigration au pays de l’oncle Sam.

Pages 3-4

cresus.dz

LE CLIMAT DES AFFAIRES COMMENCE À S’AMÉLIORER DANS LE PAYS

L’ALGÉRIE RÉUSSIRA-T-ELLE SA MUTATION ÉCONOMIQUE ?

PROFESSEURE DJAMILA HALLICHE, DG DE L’ANVREDET

«LE FNR A BESOIN DE FLEXIBILITÉ »

nFonds spéciaux en Algérie

La Question4Par S. Méhalla

Il ne s’agit pas d’Henri Alleg, et ô combienrespectons-nous le combattant de lacause algérienne ! Les sens profonds deson témoignage nous comprenons. Cen’était pas seulement un livre. M. Alleg a

fait connaître ce que sacrifice à l’algériennevoulait dire. Témoigné des pratiques barbaresdu colonialiste commises sur l’Algérien pourêtre indépendant. Libre. De la fatalitéréservée à un peuple qui n’a demandé qued’être souverain sur ses terres. En un mot,d’une guerre d’honneur, sauvage et cruelle.Inégale, surtout. La Question, plutôt laquestion, reste de toute évidence utile de nosjours. Le fait odieux d’antan diffère-t-il de celuicommis aujourd’hui par les conquistadors desterres musulmanes, en Irak, en Syrie et bienau-delà ? En Palestine… et c’est là où je veuxinstaller mon questionnement. Cette Palestineque les Palestiniens désespèrent àreconquérir, ces Palestiniens que l’Algérie a detout temps soutenus, offert un blanc-seing…l’un des leurs s’est offert la folie de cramer lescouleurs nationales au moment où nouscélébrons le Premier Novembre. Le mec ne se pose pas de question. Raison de chercher du mec dans la formulede l’acte isolé soi-disant, osant confondredeux étoiles différentes, celle du seul prophèteDavid et celle de nos « prophètes » del’indépendance… le jour de la Toussaint. Lemec-brûleur, l’indécence jusqu’à la nausée,aurait dû prêter attention en prenantconscience de la phagocytose de sa Palestinerognée par les larrons à guirlandes avec lacomplicité des d’États occidentaux. Cet Israëlqui viole en toute impunité la loiinternationale, en annexant la quasi-totalité dela terre sainte des Musulmans. Il aurait putirer leçon de la Syrie, victime d’un arbitrairecolonial, amputé jadis de son territoirearbitrairement au bénéfice de la Turquie, dutemps de son mandat sur le pays, dont ellerecherche cent ans après à y reprendre piedpar une opération de déstabilisation souscouvert de démocratie. Le mec ne se pose pas de question. Ce n’estguère le fort des Arabes de se poser desquestions, me diriez-vous.Non, parce qu’il aurait su quelles étaient lescouleurs ayant fait barrage à l’admission deson pays à l’ONU, tandis que Bouteflika, jeuneministre algérien des A.E., a débarqué avecArafat aux Nations unies en 1974, sous l’œilsidéré, voire admirateur, du monde entier. Le mec ne se pose pas de question, caroppresseur ou oppressé, le serment del’Algérie a toujours été de soutenir les siens. À tort ? Telle reste La Question que le mec-brûleur ne fera jamais tourner dans sonciboulot, ne comprendra jamais, et jamais nebrisera ses chaînes de damné ou juste aumoment où il « crache » du feu sur sesseigneurs !Gloire à nos chouhada… S. M.

« Diversification del’économie algérienne ».

C’est une phrase qui revienttel un leitmotiv, et ce, durant,une quinzaine d’années. DeOuyahia à Sellal, tous lesgouvernements depuis ledébut des années 2000

affichaient leur ambition desortir le pays de sa

dépendance deshydrocarbures. Qu’en-est-il ?

Dossier 7-11 P12-13

ENTRETIEN

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au-delà de l'apparent consen-sus politique sur la nécessitéd'accélérer la lutte contre lechangement climatique,le monde économiqueest-il réellement en traind'opérer un tournantvers un modèle demoins en moins émet-teur de CO2? Dessignaux vont dans le bonsens, d'autres non.Les émissions du sec-teur énergétique (2/3des émissions mon-diales) ont stagné en2015 pour la 2e annéeconsécutive, avec unecroissance économiquemondiale de 3%, confir-mant l'amorce d'undécouplage.Avec 286 milliards de dollarsinvestis et 153 nouveaux giga-watts installés, 2015 a été uneannée record pour les énergiesrenouvelables, notammentdans les pays émergents. Lesprévisions pour 2020 ont étérevues à la hausse. Elles repré-

sentent actuellement 15% de laproduction d'énergie et 23% dela production d'électricité.

Entre 2009 et 2015, le coût dusolaire a chuté de 80%. Cetteénergie est devenue compétiti-ve par rapport au gaz et aucharbon dans certains pays(Chili, Emirats, Inde, etc.). Unecentrale à Abou Dhabi détientle record du mégawatt/heuresolaire le moins cher : environ

23 dollars.Selon l'Agence internationalede l'énergie, l'intensité énergé-tique (quantitéd'énergie par unitéde PIB), ne cesse debaisser (- 1,8% en2015), une consé-quence des 221 mil-liards d'euros inves-tis dans l'efficacitéénergétique l'andernier. La communautéinternationale adécidé mi-octobred'éliminer progres-sivement les hydro-fluorocarbures(HFC), des gazextrêmement nocifspour le climat utilisés dans lesréfrigérateurs et climatiseurs.Les pays riches devront avoirréduit de 10% leur consomma-tion en 2019 et 85% en 2036.La Chine, plus grand produc-teur mondial de HFC, ou l'Inde,ont obtenu d'entamer leurtransition plus tard.

Microsoft accuse GoogleLes utilisateurs de Windows en dangerGoogle a révélé publiquement unefaille zeroday impactant l’OS deMicrosoft. De quoi provoquer lafureur de Microsoft qui annonce nepouvoir fournir de correction avantle 8 novembre.Les experts en sécurité de Googleont encore frappé. Après avoirdétecté une faille zeroday active-ment exploitée par des pirates dansWindows, ils ont fini par la rendrepublique le 31 octobre dernierparce que Microsoft n’avait pasréussi à la corriger en sept jours. La firme de Redmond ne décolère pas. « Ladécision de Google de divulguer ces informations avant que les correctifs nesoient testés et rendus largement disponibles est décevante et fait porter auxclients un risque accru », accuse Terry Myerson, le vice-président exécutif deWindows dans un post sur un blog officiel dédié à la sécurité. Ce dernier aaussi révélé que la brèche touche les versions allant de Vista à Windows 10Anniversary Update.De son côté Google affirme que la faille est « sérieuse » et déjà « activementexploitée », ce qui nécessitait de la révéler au plus vite au grand public, confor-mément aux règles que suit son équipe depuis 2013. Ce n'est pas la première fois que les deux firmes se chamaillent à propos devulnérabilités. En 2015 déjà, les hackers du Projet Zero de Google avaientpublié des détails autour d'une faille critique de Windows 8... Ce qui avait pro-voqué la colère de Microsoft. Mais cette fois, il y a effectivement urgence. Car la vulnérabilité que pointe dudoigt Google a déjà été utilisée par un groupe de hackers particulièrementaguerri, afin de pirater des agences gouvernementales et des institutions poli-tiques.

Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016442

L’Hebdo national de l’Économie, édité par la SARL cEliGnE éd. & com.

dirEctEur dE publication SAMIR MEHALLA

rédacteur en chef Kamel Aït Bessaïservice correction Mohamed Bennaï rédaction-administration 41, rue Mokhtar KRITELI Blida téléfax : 025 225 849

Marketing : 0770 583 056 0561 685 [email protected] : www.cresus.dzr. c. : 15B 0808682- 09/00 compte bancaire :02900161220043968344 impression : SIA CENTRE

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à l’oreille de Crésus

Explorer les opportunités d'affaires entreles deux parties et consolider les liensexistants pour franchir les obstacles à l'ap-profondissement de cette relation enconstante évolution, tels sont les objectifspoursuivis par le premier Forum écono-mique et d’affaires Turquie-Afrique ouvertle 2 novembre dernier à Istanbul.Ce rendez-vous auquel prennent partquelque 2200 personnes, en présence duprésident hôte Recep Tayyip Erdogan et deson homologue tchadien, Idriss Deby Itno,en sa qualité de président en exercice del'Union africaine, réunit des représentantsdes institutions publiques et du secteurprivé africains et turcs.Économie en pleine croissance, la Turquies'est lancée à la conquête de l'Afriquedepuis près d'une vingtaine d'années, sefait plus présente aujourd'hui et entend yrester. Pour cela, Ankara cible de nom-breux secteurs dans lesquels sa présencesur le continent est remarquée : routes,chemin de fer, santé, éducation, tourisme,énergie, bâtiment, transport, communica-tion. Et comme pour couronner le tout deschiffres qui parlent : ce pays est en effetclassé 18e économie mondiale, 7e écono-mie européenne, 6e destination touris-tique, 10e performance agricole, alors queson secteur de construction occuperait le2 e rang mondial.Des chiffres récités à la tribune du Forumpar le ministre de l'Economie, Nihat Zey-becki, avant de dénoncer sans les citer lespuissances pour qui l'Afrique n'est qu'unchamp d'expérimentation de leur lutted'influence : " Quand je me suis rendu àDjibouti, j'ai vu que ce pays a d'énormespotentialités économiques, mais j'ai aussi

noté qu'il héberge quatre bases militairesétrangères. La Turquie veut y implanterune base commerciale, une zone de libreéchange ". Le ministre a aussi prisl'exemple de l'Ethiopie où une entreprisede textile turque emploie dix mille tra-vailleurs. Le président Idriss Deby Itno adans son intervention loué le partenariatstratégique entre Ankara et l'Afrique dansun moment, a-t-il souligné, où les paysafricains sont frappés par la chute du prixdes matières premières. Mais il a notél'amélioration du climat des affaires sur lecontinent et ce que cela comporte d'attrac-tif pour les investissements. Il a appelé laTurquie, " puissance émergente", à soute-nir la lutte contre le terrorisme qui frappel'Afrique.Pour l'occasion, le président turc peutrevendiquer une partie, ou même unegrande partie du succès du rapproche-ment de son pays avec l'Afrique, le coupd'accélérateur de celui-ci ayant été donnéil y a dix ans, sous son impulsion, dutemps où il dirigeait le gouvernement,comme le rappelait le ministre de l'Econo-mie.

ClimatEconomie verte VS énergies fossiles

Economie et affairesLa Turquie à la conquête de l'Afrique

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016 443

algérie PRISE EN CHARGE DES RÉFUGIÉSla part secrète des fonds spéciaux

Entre devoir moral et facture à payer, l’Algérie se retrouve face au dilemme de la prise en charge des quelque220 000 réfugiés recensés sur son territoire. Leur nombre ne cesse d’augmenter au fil des ans et des tragédies

internationales et ils sont notamment Nigériens, Maliens, Syriens, Palestiniens, Libyens et Sahraouis, offrant unemosaïque des conflits dans le monde arabe et africain en particulier. En effet, de pays de transit, l’Algérie a

changé de statut et ils sont des milliers de Subsahariens qui s’y installent chaque année. Cette prise en charge aun prix et la facture est lourde à payer mais l’Algérie met un point d’honneur à traiter les réfugiés du monde

selon les convenances.

4par Moncef Wafi

En juin 2016, Saïda Benhabyles,la présidente du Croissantrouge algérien (CRA), « le brashumanitaire des pouvoirspublics », à une question sur lacapacité de l’Algérie de faire face au fluxmigratoire subsaharien – de plus en plusimportant ces dernières années – et surtoutsi elle dispose de moyens financiers ethumains pour la prise en charge de cespopulations qui ont fui les guerres et lafamine, avait préféré botter en touche. Sa réponse, toute diplomatique, « Je

n’aborde pas le problème dans ce sens. Je suisen train de militer pour atténuer ce dramehumanitaire », renseigne sur la sensibilitédu sujet. En effet, et depuis toujours, laquestion de l’aide humanitaire aux réfugiésest, avant tout, politique. Pas seulement.Mais la position politique du pays par rap-port à un problème international donné,ressortait au travers des aides allouées parl’Algérie au chapitre de l’humanitaire. Enplus de la prise en charge effective des réfu-giés sur son sol, et l’effacement des dettesdes pays africains les plus pauvres, l’Algérieest devenue ces dernières années l’un despremiers pays importateurs de céréales(blé dur, blé tendre et maïs) pour satisfaireses besoins domestiques mais égalementpour approvisionner, sous une quelconqueforme, des pays frontaliers comme le Maliou le Niger dont la stabilité politique est ungage de quiétude le long des frontièrescommunes, mais aussi dans la pérennisa-tion de la lutte antiterroriste dans cetterégion du Sahel. A titre d’exemple, du 1erjuin au 30 novembre 2011, et au niveau desstatistiques, l’Algérie a acheté 850 000 t deblé de plus que par rapport à la mêmepériode, un an auparavant, et qu’en l’espa-ce de six mois, on ne pouvait justifier cetteboulimie importatrice ni par une quel-conque croissance démographique ni par lebesoin de stocker, puisque l’Algérie ne dis-pose pas de capacités de stockage pour detelles quantités. Alors où va tout ce blé ?L’Algérie assure la paix à ses frontières enravitaillant ses voisins touchés par lesguerres civiles, mais fait également face auphénomène gangrenant de la contrebandeaux frontières Est et Ouest.Mais concrète-ment combien coûte cette aide au Trésor. Selon le dernier rapport établi par laLigue algérienne pour la défense des Droitsde l’homme (LADDH), l’Etat débourseannuellement 330 milliards de centimes,l’équivalent de 33,2 millions de dollarspour la prise en charge de ces réfugiés.

où trouvEr la diFFérEncE ?La Ligue qui regrette l’absence d’une aidenotable du Haut-commissariat des Nationsunies pour les réfugiés (HCR), déplore quel’Algérie se retrouve dans l’obligation dedébourser des sommes colossales afin devenir en aide à ces réfugiés, qui sont parfoisdes émigrés clandestins en escale pour pas-ser en Europe. Le document de la LADDH sebase sur les statistiques officielles qui évo-quent, pour leur part, les Palestiniens(4.040), les Syriens (12.000), les Sahraouis(165.000), en tête de cette prise en charge.Devant les 28 millions de dollars alloués

annuellement par le HCR, la Ligue précisequ’on est loin du compte de la réalité puis-qu’elle estime que les besoins de 165.000réfugiés sahraouis, à eux seuls, sont d’envi-ron 60 millions de dollars par an. La ques-tion des réfugiés est éminemment politiqueet les Sahraouis n’échappent pas à cetterègle puisque la dégradation de la situationhumanitaire dans leurs camps est à mettre,selon l’ONG, à l’actif d’un Etat membre del’Union européenne qui exercerait sonlobby afin de ne pas octroyer des aides àl’Algérie, en raison de sa position dans ledossier du Sahara occidental. Cetteréflexion, alors que les aides des ONG inter-nationales à l’Algérie ne couvrent que 46%des besoins, convoque des interrogationssur la différence que l’Etat doit payer deson budget. D’où provient cet argent ? Sonorigine est à chercher éventuellement dansles comptes d’affectation spéciale dont lenombre dépassait 70 en 2011. La Cour descomptes avait critiqué, dans un rapportrendu public fin 2013, le recours abusif dugouvernement à l’ouverture de cescomptes. Un rapport accablant sur la ges-tion dans l’opacité de milliards de dinarsalloués à ces caisses au détriment du bud-get général de l’Etat. Gestion opaque desdépenses, absence de bilan et de contrôlesinternes, infractions à la loi, révèle l’enquê-te menée par la Cour des comptes. Le rap-port relève que certains comptes ont étécréés dans la précipitation puisque « descomptes d’affectation spéciale fortement

dotés sont restés inactifs et non mouve-mentés malgré l’importance des soldesqu’ils renferment ». C’est le cas notammentdes Fonds routiers et autoroutiers, duFonds d’appui aux éleveurs et petits exploi-tants agricoles. Le Fonds des énergiesrenouvelables, quant à lui, n’a pas été utili-sé depuis sa création, tout comme le Fondsnational de mise à niveau des PME qui n’aenregistré aucune dépense tandis que lesrecettes cumulées ont atteint 8 milliards dedinars. Sur ces comptes, la Cour a égale-ment enregistré « une insuffisance dans lesystème de contrôle interne ». Les fonds spé-ciaux, contribuent au manque de transpa-rence budgétaire en Algérie. Quand lEs députés s’En MêlEntAu final, le pays a toujours figuré dans lestout derniers rangs des enquêtes du Parte-nariat budgétaire international (IBP) quimontrent que le gouvernement algérien nefournit presque aucune information sur lebudget et les activités financières au public.Pourtant, en 2009, la commission parle-mentaire des finances et des budgets avaitdécidé de s’intéresser de près à ces fameuxfonds spéciaux. Elle avait convoqué lesministres de la Santé, du Commerce, entreautres, pour s'expliquer sur la gestion deleur portefeuille et les enveloppes budgé-taires allouées dans le cadre des fonds spé-ciaux. Cette commission avait interpellé leministre des Finances de l’époque, KarimDjoudi, sur l'argent des fonds spéciaux lors

de son passage à l'APN pour l'examen del'avant-projet de loi de finances 2010. « Nous avons exigé que l'on nous remette lerapport portant sur la situation de l'en-semble des comptes d'affectation spéciale duTrésor», avait affirmé le président de cettecommission. Ce que les parlementaires nesont pas arrivés à réaliser, la chute des prixdu pétrole l’a fait en contraignant le gou-vernement à assainir certains de cescomptes d’affectation spéciale. Ainsi, res-triction budgétaire oblige, l’avant-projet deloi de finances 2016 prévoyait la clôture desept comptes d’affection spéciale et le ver-sement de leurs soldes aux comptes derésultats du Trésor. Ainsi, le Fonds de com-pensation des frais de transport, le Fondsd’indemnisation au titre des biens affectésau Fonds national de la révolution agraire,le Fonds pour les urgences et les activitésdes soins médicaux, le Fonds du patrimoinepublic minier, le Fonds national du patri-moine culturel, le Fonds d’appropriationdes usages et du développement des tech-nologies de l’information et de la communi-cation et le Fonds national de préparationet d’organisation de la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique »devaient être supprimés. Il convient ausside rappeler qu’il existe près d’une centainede fonds spéciaux créés pour financer desopérations en dehors du budget général del’État et placés sous différentes autoritéspour leur gestion : ministères, agences,offices, etc. M. W.

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016444

algérieFONDS SPÉCIAUx ET LEVÉE DU SECRET BANCAIREun nouveau paradis fiscal

est né aux état-unis4par patricia Mazy

En France, avant 2001, les fondsspéciaux étaient mis à la dispo-sition des services de la Répu-blique et du gouvernement etchaque mois une envelopped’argent liquide était préparée à leur inten-tion par la Banque de France. Suite àquelques scandales ayant défrayé la chro-nique de l’époque avec notamment l’affaireKarachi, pour laquelle Edouard Balladur futsoupçonné de détournement de fondspublics, provenant de commissions sur descontrats d’armement distribués en liquide àun ensemble des ministères, utilisés pourfinancer sa campagne électorale, le systèmefinit par éclater. En 2001, Lionel Jospin Pre-mier ministre, confronté à l’affaire desbillets d’avion de Jacques Chirac, estimequ’il s’agit « d’un privilège anachronique »au sein de la République et engage leurréforme. Comme l’explique à l’époque lejournal Libération, finies les primes verséesen catimini aux collaborateurs, « désormaisles conseillers seront payés par virementdu trésor public. » Mais comme on estjamais aussi bien servi que par soi-même,pour compenser la disparition partielle des« fonds secrets », le Parlement n’hésite pasà voter, durant l'été 2002 à l'initiative dugouvernement de Jean-Pierre Raffarin, unehausse substantielle du traitement desministres.

QuE sont dEvEnus aujourd’huilEs Fonds sEcrEts ? Naturellement, ils n’ont pas disparu etservent « quasi-exclusivement » à financerdes opérations de sécurité ou de défense.En 2011, plus de 70 millions d'euros leuront été affectés, la majorité des fonds – 60millions – étaient destinés à la Directiongénérale de la sécurité extérieure (DGSE).Depuis 2002, les fonds spéciaux étaientcontrôlés chaque année par une commis-sion composée de parlementaires et demembres de la Cour des Comptes. La nou-velle loi de programmation militaire (2014-2020) a prévu la disparition de cette com-mission qui, à vrai dire, ne servait pas àgrand -chose, pour la remplacer par unedélégation parlementaire au renseigne-ment. L'usage des fonds est donc désormaiscontrôlé par une commission, la Commis-sion de vérification des fonds spéciaux, ins-tituée par l’article 154 de la loi de finance. Ysiègent deux députés, deux sénateurs ainsique deux magistrats de la Cour desComptes. Ses travaux sont classés « confi-dentiel défense ». Selon le budget 2015, lepremier ministre dispose en 2016 de 50millions d’euros pour alimenter les servicessecrets comme l’année précédente, et ce,malgré les économies budgétaires. Mais cesdotations sont souvent majorées par desdécrets non publiés au journal officiel pourdépenses « accidentelles et non prévisible »et se sont élevées l’an dernier à 68,8 mil-lions d’euros. Tout un programme parconséquent encore plus secret sur la desti-nation de fonds secrets et dont la prove-nance est elle aussi très secrète, défense del’Etat et lutte contre le terrorisme obligent.Mais, naturellement, la France n’est passeule dans ce cas et ainsi qu’il en a toujoursété de tout temps, la plupart des autresEtats européens fonctionnent plus oumoins de la même manière. Opacité donctotale sur la provenance des fonds secrets,

leur utilisation et leur but. Cela ne pouvaitplaire à tout le monde et surtout pas auxAméricains qui savent pertinemment que leterrorisme est devenu une sorte de prétex-te pour alimenter les budgets ainsi que l’adénoncé à plusieurs reprises le Govern-ment Accountability Office, l’équivalent auxEtats-Unis de la Cour des Comptes en Fran-ce, et qui veulent évidemment pouvoircontrôler au maximum les mouvementsbancaires et leur utilisation, notamment enEurope. Dans le but évident de relancerl’économie, sous couvert de grands prin-cipes comme la lutte contre le terrorisme, legouvernement américain a imposé auxbanques internationales une nouvelle dis-position fiscale le FATCA (Foreign AccountFrance Royaune Tax Compliant Act). L’ac-cord réalisé par de nombreux pays commeceux du G5 (France, Royaume-Uni, Alle-magne, Italie, Espagne) qui fut mis en appli-cation en 2014, oblige tous les établisse-ments bancaires et financiers étrangers àdéclarer aux autorités fiscales américainesl'ensemble des flux financiers relatifs à uncompte bancaire détenu par un citoyenaméricain. Peu importe si celui-ci n'est pasné aux USA ou même s'il travaille depuis delongues années à l'étranger. A partir dumoment où le compte bancaire affiche unactif dépassant les 50 000 dollars, labanque de ce dernier se devra d'éditer unrapport détaillé des entrées et des sortiesd'argent. Le développement des forcesmises en œuvre par les américains auniveau mondial est impressionnant. Mêmela Suisse a dû s’y soumettre et les bastionsdu secret bancaire comme le Luxembourgou Singapour, ont dû céder eux aussi. QuEllEs sont lEs pErsonnEs

concErnéEs par cE Fatca ?Officiellement, les personnes physiqueset morales sont considérées comme « USPerson », selon les standards de l’adminis-tration américaine. En réalité, tout lemonde, car non seulement les citoyensaméricains sont concernés mais égalementleur famille, leur conjoint étranger, leneveu, le conjoint du neveu, les résidentsétrangers vivant aux Etats-Unis mais aussileur famille vivant à l’étranger…. Une liste

sans fin de personnes et de société àcontrôler qui finalement aboutit à uncontrôle quasi total des opérations ban-caires mondiales. L’idée semble tellement géniale quePierre Moscovici, politique français et com-missaire européen, a récemment lancé unappel pour mettre en place un FATCA euro-péen, inspiré fortement de son grand-frèreaméricain. Néanmoins, pour le moment, leprojet est reporté en raison du fait que l’en-jeu est déjà de faire face à l’application deces nouvelles règles internationales quicoûtent, rien qu’à la France, pas moins de500 millions d’euros !Les accords de ce fameux FATCA sontbien évidemment à sens unique et les Amé-ricains, eux, ne sont tenus de dévoiler à per-sonne leur secret bancaire. Conséquence ?Un nouveau paradis fiscal mettant fin à tousles autres vient de naître et il se trouve auxEtats-Unis. En septembre 2015, AndrewPenney, directeur général chez Rothschild& Cie, a fait un exposé à un cabinet d’avo-cats qui surplombe la baie de San Francisco,sur la façon dont l’élite fortunée du mondepouvait éviter de payer des impôts. Tout lemonde, depuis les avocats de Londres auxfiduciaires suisses, a pris acte de la chose etaide les clients riches à se déplacer desendroits comme les Bahamas et les îlesVierges britanniques vers le Nevada, leWyoming et le Dakota du Sud. Rothschild,l’institution financière européenne, vieillede plusieurs siècles, a ouvert une société defiducie à Reno, au Nevada, à quelques pâtésde maisons des casinos Harrah’s et Eldora-do. Rothschild déplace maintenant les for-tunes des riches clients étrangers des para-dis fiscaux comme les Bermudes, soumisaux nouvelles obligations internationalesd’information, vers les établissementsRothschild situés dans le Nevada qui sontexonérés.D’autres sont également en train de sau-ter le pas. Cisa Trust Co. SA qui est basée àGenève et qui conseille de riches Latino-Américains, fait une demande pour ouvrir àPierre, Dakota du Sud, afin de « servir lesbesoins de nos clients étrangers », a déclaréJohn J. Ryan Jr., Président de Cisa.Trident Trust Co., l’un des plus grands

fournisseurs mondiaux de Trusts offshore,a déplacé en décembre, des dizaines decomptes hors de la Suisse, Grand Cayman,et d’autres lieux vers Sioux Falls, S.D.... Nulne s’attend néanmoins à ce que les paradisfiscaux disparaissent complètement auxprofits des Etats-Unis car les banquessuisses détiennent encore selon GabrielZucman, professeur d’économie à l’Univer-sité de Californie à Berkeley environ 1,9trillion $ d’actifs non déclarés par les titu-laires de comptes dans leurs pays d’origineet l’on ignore combien des 100 pays signa-taires vont effectivement appliquer les nou-velles normes d’échanges d’informationsémises par l’Organisation pour la coopéra-tion et le développement (OCDE). Mais lafinance américaine forte des accords FATCAs’emploie désormais à faire transférer lescomptes suisses chez elle. Si l’administra-tion américaine accepte le secret bancairemais n’autorise pas les clients étrangers àpratiquer l’évasion fiscale, la haute financea déjà tout prévu. Dans son discours de sep-tembre 2015 à San Francisco, intitulée «Utiliser les Trusts américains en planifica-tion internationale : 10 prouesses pourimpressionner vos clients et collègues »,Penney, directeur général basé à Londrespour Rothschild Wealth Management &Trust, qui gère environ 23 milliards de $pour 7.000 clients à partir de bureaux, ycompris Milan, Zurich et Hong Kong, aexposé les moyens juridiques pour éviterles impôts américains et le transfert d’in-formations aux pays de domicile.Compte tenu des mouvements finan-ciers importants que va provoquer l’attraitde ce nouveau paradis fiscal et de la levéedu secret bancaire grâce aux accordsFATCA, la provenance des financementssecrets européens sera vraisemblablementclaire comme de l’eau de roche pour lesAméricains qui, en outre, pourront vérifierleur utilisation et exiger que celle-ci soitconforme à leurs priorités. Une manièrenon seulement de faire du business maisd’asservir et de diriger encore mieux cer-tains pays en s’immisçant jusque dans lecontrôle de leur budget réservé au « confi-dentiel défense ». p. M.

Compte tenu des mouvements financiers importants que va provoquer l’attrait de cenouveau paradis fiscal et de la levée du secret bancaire grâce aux accords FATCA, la

provenance des financements secrets européens sera vraisemblablement clairecomme de l’eau de roche pour les Américains qui, en outre, pourront vérifier leur

utilisation et exiger que celle-ci soit conforme à leurs priorités.

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016 445

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016 445

CONSÉQUENCE DES AUGMENTATIONS FISCALES PRÉVUES EN 2017une question de pouvoir d’achat

4par K. benabdeli

Adéfaut de récupérer l’argentde la fraude et de l’évasion fis-cale, de la mauvaise qualitédes réalisations, du commerceinformel, des grosses fortuneset de l’enrichissement souvent illicite, legouvernement impose les contribuablesles moins nantis. A défaut d’idées c’est lerecours aux augmentations des taxes et dela TVA qui sont actionnées puisqu’ellesrestent l’une des principales sources dubudget et le deuxième poste de recettesfiscales après l’IRG. A celles-là, s’ajoutentd’autres pour le moins bizarres telles lescas de perte, la détérioration ou le vol dupasseport ou de la carte d’identité où ilfaut débourser respectivement 10 000 et1000 DA.L’option d’exploration de nouvellesniches fiscales et elles sont nombreuses,n’est pas retenue par le gouvernement. La consommation étant fortementdéterminée par le revenu, il y a lieu deremarquer que du point de vue de larépartition du revenu, l’Algérie n’affichepas un tableau des plus reluisants. Le salai-re moyen qui est de l’ordre de 30 000 DApour une famille de 4 personnes ne permetmême pas une alimentation de survie. Par-ler d’alimentation équilibrée basée sur leconcept nutritionnel est une aberration.L’Algérien ne peut manger à sa faim tanten quantité qu’en qualité et son pouvoird’achat reste inférieur à celui de 1985 ; laconsommation moyenne par habitant des

principaux produits (légumes, viandes,poisson, fruits) reste, en Algérie, inférieureà celle des pays voisins et comparable ; les10% les plus riches de la populationconsomment l’équivalent de ce queconsomment 55% de la population ouvriè-re. Les statistiques dans ce domaine sontinexistantes et restent fortement corréléesà la problématique de la structure du reve-nu des ménages. Plus d’un demi-siècle après l’indépen-dance, il y a très peu d’informations dispo-nibles. Le salaire de base devait être calcu-lé sur les besoins réels d’une famille et nonpas sur la base de négociations politico-syndicales.Face une crise budgétaire induite parl’effondrement des prix du pétrole, que lesgouvernements successifs n’ont pas puprévoir, des mesures conjoncturelles etinefficaces ont été prises pour colmater ledéficit budgétaire. Les fortes augmenta-tions de taxes et de tarifs n’arrivent pas à

combler le déficit qui s’élève à plus de1200 milliards de dinars. L’incidencefinancière des mesures prises ne représen-te que 240 milliards de dinars, soit à peine20% du déséquilibre. éQuité FiscalE La finalité est inquiétante puisquetoutes les mesures prises dès 2015 tellel’opération de bancarisation de l’argent del’informel (opération de conformité fiscalevolontaire), n’ont pas atteints leurs objec-tifs et le phénomène du commerce infor-mel continu d’échapper au fisc. La deuxiè-me opération dénommée emprunt obliga-taire a également fait flop en absence d’in-formation plausible.La finalité de l’impôt n’est pas unique-ment de mobiliser des ressources pourfaire face aux dépenses de l’Etat mais d’as-surer une certaine équité fiscale et surtoutpermettre une croissance, levier de l’éco-nomie et de l’emploi. Il semble à traversl’analyse de cette loi de finances que lesinitiateurs restent hypnotisés par l’objectifde renflouer les caisses de l’Etat. Toutes les hausses d’impôt prisesauront un impact direct sur le consomma-teur et ne feront qu’accentuer l’érosion dupouvoir d’achat qui est laminé par l’infla-tion et la dévaluation du dinar. Cette loiaura pour conséquence la mise en péril dupouvoir d’achat des citoyens modestes,déjà fortement impacté par l’inflation. Le citoyen modeste ne comprend pascomment les industriels et entrepreneurscontinuent à bénéficier d’allégements fis-

caux alors que la consommation desménages est minée. D’autres gisements deprélèvement existent à l’instar de :- l’impôt sur la fortune,- la baisse des salaires et des avantagesoctroyés aux hautes fonctions y comprisles députés et les sénateurs ;- la révision à la baisse du train de vie del’Etat où le budget alloué pourrait facile-ment être raboté de 25% ;- l’extension de la base fiscale à tous lesniveaux à travers un recensement detoutes les activités non déclarées et l’obli-gation de faire toutes les transactions àtravers les banques,- privatiser pour libérer l’investisse-ment aux étrangers en supprimant lafameuse règle 49/51 ;- demander aux personnes détentricesde biens dont le montant dépasse les 1000milliards de dinars de justifier leur avoirpour juguler la corruption avec une obliga-tion de restituer une part à l’Etat. Il suffit que le gouvernement aille pio-cher l’argent là où il se trouve et ce gise-ment est au niveau du commerce informelqui représente plus de 35% du PIB et auniveau de l’enrichissement illicite et injus-tifié si ce n’est par les fraudes. Ce n’est qu’àce prix soutenu qu’il sera alors possible derenflouer les caisses de l’Etat, de réhabili-ter le travail, d’anéantir le commerce infor-mel et de contrôler la source de l’enrichis-sement illicite et, par conséquent, de dyna-miser la consommation, créer de l’emploiet donc la croissance dont a besoin l’Algé-rie. K. b.

En Algérie, c’est souvent en augmentant les impôts que les gouvernements successifs escomptentfaire face à des conjonctures difficiles. Mais alors pourquoi dépenser autant d’argent pour lescadres supérieurs au niveau des ministères et des institutions qui sont supposés apporter une

plus-value au budget de l’Etat mais qui s’avèrent aujourd’hui improductifs ?

Pub

Conformément aux dispositions du décret présidentiel N°15-247 du16 septembre 2015 portant réglementation des marchés publics etdes délégations de service, public l’Office de promotion et deGestion Immobilière de Bir Mourad Rais, lance un avis d’appeld’offres national ouvert avec exigence de capacités minimales pourla :

-Réalisation d’un groupe scolaire (N°01) type D avec unlogement d’astreinte au niveau du site des 4 504 logements àHaouch Mihoub 01, Commune de Baraki -Wilaya d’Alger

Les entreprises intéressées par le présent avis qui possèdent uncertificat de qualification et classification professionnelle catégorietrois (03) ou plus en Bâtiment comme activité principale ousecondaire et qui ont un chiffre d’affaires moyen des trois dernièresannées de 8 000 000,00 DA au minimum et les capacitéssuivantes : Capacités humaines : au moins un ingénieur en bâtiment ouarchitecte Capacités matérielles : au moins un camion de 7.5 tonnes Références professionnelles : qui ont au moins un certificat debonne exécution de réalisation d’un projet d’équipement decatégorie B,C,D ou E ou un projet de 20 logts ou plus en TCE,peuvent soumissionner et cela en vertu des dispositions des articles39,40,42 et 44 du décret présidentiel N° 15-247 du 16/09/2015,portant réglementation des marchés publics et des délégations deservice public Les entreprises intéressées peuvent retirer les cahiers des chargesauprès de :

Direction de l’Office de promotion et de Gestion Immobilièrede Bir Mourad Rais

24, Rue des Trois Frères BouadouBir Mourad Rais -ALGER

Contre paiement de 1 500 DA (non remboursable) représentant lesfrais de documentation. La date de remise des offres correspond au dernier jour de la duréede préparation des offres qui est fixée à vingt et un (21) jours àcompter de la première publication du présent avis d’appel d’offresdans la presse nationale ou le BOMOP, au plus tard à douze (12)heures

Les offres accompagnées des documents en cours de validité exigéspar la réglementation en vigueur à savoir :

1) Dossier de candidature :- Une déclaration de candidature (selon modèle ci-joint) remplie,signée et datée par le soumissionnaire ;

- Une déclaration de probité (selon modèle ci-joint) remplie, signéeet datée par le soumissionnaire ;- les statuts pour les sociétés ;- les documents relatifs aux pouvoirs habilitant les personnes àengager l’entreprise ;- tout document permettant d’évaluer les capacités des candidats etdes soumissionnaires :a. Capacités professionnelles : certificat de qualification et declassification, agrément et certificat de qualité, le cas échéant.b. Capacités financières : moyens financiers justifiés par les bilansdes trois dernières années (2013-2014-2015) et les référencesbancaires.c. capacités techniques : moyens humains et matériels et référencesprofessionnelles.

NB : Les documents justifiant les informations contenues dans ladéclaration de candidature sont exigés uniquement de l’attributairedu marché public, qui doit les fournir dans un délai maximum de dix(10) jours à compter de la date de sa saisine ; et en tout état de causeavant la publication de l’avis d’attribution provisoire du marché (Art69du décret présidentiel N°15-247 du16/09/2015 portantréglementation des marchés publics et des délégations de servicepublic).

Appel d’offres national ouvert avec exigence de capacitéminimales N° :………………. /2016« Dossier de candidature »

2) l’offre technique comprend : - Le présent cahier des charges paraphé par le soumissionnaire sur

toutes ses pages, signé et daté annexé de ses spécificationstechniques avec précisions des délais de réalisation avec la mention« lu et accepté ». - La déclaration à souscrire (selon modèle ci-joint) remplie, signéeet datée par le soumissionnaire : -Tout document permettant d’évaluer l’offre technique : un mémoiretechnique justificatif et tout autre document exigé dans l’article 22du présent cahier des charges, et ce, en application des dispositionsde l’article 78 du décret présidentiel N° 15-247 du 16/09/2015,portant réglementation des marchés publics et des délégations deservice public :

Remarques :-L’offre ne doit comporter aucune référence ou indication aumoment de l’offre.-Toutes les pièces administratives demandées doivent être valides.- Conformément à l’article 81 du décret présidentiel n° 15-247 du16/09/2015, portant réglementation des marchés publics et desdélagations de service public ; les entreprises soumissionnaires,

seules ou dans le cadre d’un groupement, sont tenues d’engager lesmoyens humains et matériels déclarés dans leurs offres, saufexception dument motivée.

Appel d’offre national ouvert avec exigence de capacitésminimales N° :…………………./2016« Offre Technique »

3) L’offre financière comprendra :

-La lettre de soumission dûment renseignée, datée, cachetée etsignée. -Le bordereau des prix unitaires dûment rempli en chiffres et enlettres signé daté et cacheté par le soumissionnaire. -Le devis quantitatif-estimatif de l’offre dûment signé, daté etcacheté par le soumissionnaire.

Appel d’offres national ouvert avec exigence de capacités minimales N°……./16

«Offre financière»

Le dossier de candidature, l’offre technique et financière serontcontenues dans trois enveloppes séparées et fermées. Les troisenveloppes seront mises dans une enveloppe extérieure anonyme,fermée et présentée comme suit :

A Monsieur le Directeur Général de l’OPGI de BIR MOURAD RAISSoumission à n’ouvrir que par la commission d’ouverture des plis

et d’évaluation des offres Appel d’offres national ouvert avec exigence de capacités

minimales N°……./16 Relatif à la -Réalisation d’un groupe scolaire (N°01) type D avec un logement

d’astreinteAu niveau du site des 4 504 logements à Haouch Mihoub 01,

commune de Baraki –Wilaya d’Alger

Les offres doivent être déposées au secrétariat du Département deMaîtrise d’Ouvrage de la Direction Générale de l’OPGI de BirMourad Raïs sis à l’adresse suivante : 24 Rue des Trois FrèresBouadou Bir Mourad Raïs - ALGERL’ouverture des plis se fera en séance publique le même jourcorrespondant à la date de dépôt des offres à 13H00 au siège deL’OPGI de Bir Mourad RaisDans le cas où le vingt-et-unième jour est un jour de repos légal ouférié, l’ouverture des plis aura lieu à la mêmé heure, le jourouvrable qui suit.Les entreprises soumissionnaires sont invitées à prendre part àcette séance.

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L’HABITAT, DE L’URBANISME ET DE LA VILLE

OFFICE DE PROMOTION ET DE GESTION IMMOBILLIERE DE BIR MOURAD RAIS Avenue des Trois Trères BOUADOU - BIR MOURAD RAIS - ALGER N° 24/AAONO ECM/DEPV/DG/2016

AVIS D’APPEL D’OFFRES NATIONAL OUVERT AVEC EXIGENCE DE CAPACITES MINIMALES N°…………………………/2016 NIF 098 016 099 854 605-01

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016446

algérie

Ces dernières années, plusieursinitiatives sont nées pour inciterles politiques à s’investir dansune stratégie de diversificationde l’économie en se tournantvers l’agriculture et l’agro-écologie.La superficie des terres agricoles est leprincipal atout du pays mais les défiscontre la désertification sont immenses.Les nouvelles orientations agricolesconcentrent des efforts considérables surles zones sahariennes, de montagnes et desteppes, ainsi que sur les exploitationsfamiliales, qui représentent 70 % d’entreelles. Toutefois, la production biologiquereste très marginale. La société civile semobilise peu à peu pour réclamer une ali-mentation saine et locale.Le défi de la souveraineté alimentaireEn plus de fournir aux populations desproduits sains, l'agriculture écologiquepeut permettre à un pays d'être souverainsur le plan alimentaire et de résister àd'éventuelles crises, ont estimé jeudi àAlger des spécialistes en agro-écologie quiplaident pour le changement de "philoso-phie agricole" pour aller vers une agricultu-re naturelle respectueuse de l'environne-ment.« L'agro-écologie est une agriculture quiest à cheval entre le milieu naturel et lesactivités humaines. Le principe c'est d'opti-miser l'utilisation de l'eau et garder le solvivant », explique Olivier Hebrard, écolo-giste et spécialiste en agro-écologie au seinde l'association française Terre&humanis-me. « Atteindre la souveraineté alimentairepar l'agro-écologie est tout à fait faisable. Ilfaut revenir aux époques passées où lespopulations se nourrissaient d'elles-mêmes et où les villes avaient des ceinturesmaraîchères qui alimentaient les centresurbains », selon ce spécialiste qui a animéune conférence sur la souveraineté alimen-taire à l'Ecole nationale supérieure d'agro-nomie (ENSA). Ce conférencier qui a relevéles principes de l'agro-écologie et sonimpact positif sur l'environnement, a évo-qué les conséquences de l'arsenal chimiquehérité de la Deuxième Guerre mondiale etréutilisé dans la production de fertilisants àdestination de l'agriculture intensive. « Enconséquence, la fertilité des sols a connudepuis une chute "dramatique", » dit M.HebrardActuellement, la dégradation et la pertedes sols à cause d'une chimie démesuréemet en danger la sécurité alimentaire despays développés, d'après cet expert. "Laville de Paris par exemple a seulement troisjours d'autonomie alimentaire", a-t-il dit."En cas de crise suite à une guerre ou àune catastrophe naturelle, des millions depersonnes seront privées de nourriture.D'autant plus que les économistes voientvenir des crises alimentaires d’ici 15 ans à

cause des conflits géopolitiques et clima-tiques", selon cet expert.Evoquant le cas de l'Algérie qui subitactuellement les effets de la dépendance dela rente pétrolière, M. Hebrard suggère decréer des "ceintures agricoles durables"tout en arrêtant l'urbanisation galopanteau détriment des terres fertiles.Il préconise aussi aux décideurs d'ins-taller les paysans dans une dynamiqueagro-écologique et faire des liens entre lesconsommateurs citadins et ces produc-teurs respectueux de l'environnement quis’installent autour des villes.chanGEr dE paradiGME« Vu les conséquences sur l'environne-ment et la santé humaine, il faut changercomplètement de philosophie agricole. Ilfaut être intransigeant concernant l'utilisa-tion d'engrais et de molécules chimiques,de pesticides et d'engrais minéraux », sug-gère ce spécialiste.Il a également cité le cas des semenceshybrides et OGM dont le principe est derendre les agriculteurs dépendants pourqu'ils achètent chaque année ces semences,

alors que le bon choix serait de revenir auxsemences locales que produisent chaqueannée les agriculteurs, selon lui.C'est pourquoi, a-t-il insisté, lesconsommateurs doivent soutenir les agri-culteurs qui se sont engagés dans ce "nou-veau paradigme". « Le modèle agricoleactuel a des externalités terribles sur lasanté. Le nombre de cancers est drama-tique », note le conférencier.Alors que l'agro-écologie connaît unerévolution dans le monde occidental, enAlgérie, l'agriculture durable est pratique-ment inexistante, à l'exception de l'agricul-ture vivrière pratiquée dans les zonesrurales. « La question de l'agro-écologies'impose dans la mesure où, si on ne choisitpas cette orientation, on va détruire nossols et au bout de quelques années onpourra plus se nourrir », estime pour sapart, Karim Rahal président du CollectifTorba qui active dans la sensibilisation duconsommateur algérien à vivre dans le res-pect de la terre, de la nature et de l'envi-ronnement. En Algérie, l'agro-écologie aexisté jusqu'à ce que le colon français eutintroduit des techniques de surexploitation

des terres. «Actuellement, nous sommes entrain d'aller vers la surexploitation desterres au niveau du sud », regrette-t-il. Ini-tié par des consommateurs conscients deseffets négatifs de l'agriculture intensive etla nécessité de préserver l'environnement,le collectif Torba vise à développer des par-tenariats avec les producteurs pratiquantl'agro-écologie pour écouler leur produc-tion. « Nous sommes prêts à l'aider à com-mercialiser et à développer son exploita-tion. C'est comme ça qu'on pourrait à l'ave-nir développer une nouvelle vision del'agriculture », estime M. Rahal.Pour ce faire, cette association "d'agro-consommateurs" mise sur la formation dupublic à travers trois niveaux de formation: le premier concerne le grand public pourmontrer comment produire ses propreslégumes naturels en ville.Le deuxième niveau est destiné aux cita-dins qui ont des parcelles de terre et quiveulent cultiver leurs propres légumes,tandis que le troisième concerne les agroécologistes souhaitant investir dans la cul-ture de produits agricoles naturels.k.a.b. et agence

la solution dE l’aGro-écoloGiE

L’économie algérienne reposant principalement sur la rentepétrolière, le domaine de l’agriculture du pays est

insuffisamment valorisé.

MODALITÉS DE CONVERSION EN DROIT DE LOCATION DES TERRES WAKFSles textes d’application fixés au jo

les modalités de conversion du droit de jouissance perpé-tuelle ou du droit de concession en droit de location desterres wakfs agricoles restituées par l'Etat ont été fixéespar un arrêté interministériel publié au Journal officiel n°60.Ce texte vient en application d'un décret exécutif de 2014selon lequel la location des terres wakfs agricoles s'ap-plique, entre autres, aux biens wakfs restitués par l'Etat etles autres biens wakfs détenus en jouissance par l'Etat lors-qu'il s'avère ultérieurement que ce sont des wakfs publicspar documents officiels ou témoignages de personnes.A cet effet, le décret a accordé aux membres des exploita-tions agricoles (collectives ou individuelles), titulaires dedroit de jouissance perpétuelle en vertu d'un acte authen-tique ou d'un arrêté du wali, le droit de bénéficier de la

location. Sont concernées également par cette mesure lesmembres des exploitations agricoles titulaires du droit deconcession dans le cadre de la loi 10-03 de 2010.En application de ces dispositions, l'arrêté interministérielindique que le dossier doit être déposé, à titre individuel,par chaque membre d'exploitation collective ou individuel-le auprès de l'Office national des terres agricoles (ONTA)pour convertir le droit de jouissance perpétuelle ou dudroit de concession en droit de location.Après étude du dossier, l'ONTA entame les procédures designature du cahier des charges relatif à la location desterres wakfs.Le dossier comportant l'ensemble des pièces est transmis àl'administration des affaires religieuses et des wakfs pourla signature du cahier des charges de location.

Ensuite, l'autorité chargé des wakfs élabore un contrat delocation au nom de chaque exploitant, indique l'arrêté.Dans le cas d'une exploitation agricole collective, le contratde location est établi au nom de chaque exploitant à partségales.Après l'accomplissement des formalités de l'enregistre-ment et de la publicité foncière, l'autorité chargée deswakfs transmet le contrat de location à l'ONTA pour sa noti-fication au locataire.La location est fixée pour une durée maximale de 40 ansrenouvelables. Elle donne lieu au paiement d'un loyerannuel versé par le locataire à la Caisse centrale des wakfs,indique l'arrêté interministériel signé par les ministres res-pectivement des Finances, des Affaires religieuses et deswakfs et de l'Agriculture.

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4par boualem rabah

D’Ahmed Ouyahia à Abdelmalek Sellal enpassant bien sûr par Abdelaziz Belkha-dem, tous les gouvernements qui se sontsuccédé depuis le début des années 2000affichaient leur ambition de sortir le paysde sa grave dépendance des hydrocarbures. Mais seize anset deux crises (subprimes en 2008 et chute des prix dubaril du pétrole à partir de 2012) plus tard, l’économiealgérienne dépend toujours des exportations de l’or noir etde ses dérivés. A plus de 98%. Et pour cause, les réformesvoulues et projetées sont souvent retardées. La mentalitéde l’Etat rentier résiste encore à toute évolution. Jusqu’en2014, année durant laquelle la crise a commencé à s’exa-cerber, aucune réforme n’était possible. Et cela, en dépit dequelques tentatives qui se sont avérées infructueuses. Eneffet, depuis la crise des subprimes de 2008 qui a ébranléles économies les plus développées dans le monde, dont lesUSA et l’Union européenne, l’Algérie a entrepris une sériede réformes, visant à réduire, particulièrement, l’impactdes importations sur sa santé financière. Ce dispositif légis-latif a été renforcé, dès 2009 dans le cadre de la loi deFinances complémentaire (LFC), par l’introduction de larègle 51/49 concernant les projets d’investissementsétrangers réalisés en Algérie. L’objectif de cette mesureétait d’éviter un remake du scénario Orascom avec un autregroupe concernant le rachat d’une cimentrie, mais cetterègle a eu « des effets négatifs sur l’économie nationale » :La fuite des investissements étrangers (IDE) qui n’étaientpas massifs dans le pays. En effet, cette règle, critiquéesévèrement, par la majorité des partenaires étrangers, aaccentué « l’exode » de tous les capitaux étrangers suscep-tibles d’être investis dans divers secteurs d’activité.

burEaucratiE étouFFantEOutre cette règle que beaucoup d’acteurs économiquesnationaux veulent, aujourd’hui réviser, les pratiquesbureaucratiques, de l’avis même des responsables du gou-vernement, ont réduit à néant toutes les volontés du chan-gement. Les tonnes de paperasses exigées et la multiplica-tion des niveaux de contrôle de toutes les demandes d’in-vestissement étranger dans le pays découragent carrémentles opérateurs qui atterrissent dans d’autres « cieux écono-mique plus accueillant », notamment le Maroc. Avec lachute des prix du pétrole, les responsables du gouverne-

ment ont décidé de revoir leur copie. Face à la rareté desrecettes en devises, l’exécutif a décidé, dès 2014, de réviserses textes de loi et de revoir sa politique concernant l’éco-nomie. Après des années de dépenses publiques, il donnedésormais la priorité au privé national et au partenariatavec des étrangers pour redonner une autre vie à l’écono-mie nationale. En vue de mettre un terme à la dépendancedes hydrocarbures, le gouvernement a défini les secteursdevant être développés à l’avenir. Ils sont au nombre detrois : l’industrie, l’agriculture et le tourisme. En définissantles axes stratégiques permettant la diversification de l’éco-nomie, les autorités se sont également attaqué à une séried’autres problèmes qui freinent l’investissement productifdans le pays. Parmi ceux-ci il y a l’éternelle problématiqued’accès au foncier industriel. Afin de pallier à cet écueil, lePremier ministre, Abdelmalek Sellal, et son gouvernementont donné instruction aux walis pour faciliter la tâche desinvestisseurs potentiels en aménageant des zones d’activi-tés industrielles. Parallèlement, la révision de la législation,jugée très contraignante, est lancée. C’est dans ce cadrequ’il y a eu la révision du code des investissements de2001. La nouvelle législation adoptée et dans les textesd’application seront, bientôt, présentés au gouvernementrepose sur trois axes fondamentaux devant permettre larelance de l’investissement productif en Algérie. Il s’agit de :- l’ajustement du cadre de régulation de l’investisse-ment direct étranger (IDE) ; - la mise en adéquation entre le système d’incitations etla politique économique ;- la révision du dispositif institutionnel. Parmi les principales dispositions de cette loi, figurecelle qui a suscité la plus grosse polémique en 2015. Celle-ci concerne l’extirpation de la règle 51/49% régissant l’in-vestissement étranger en Algérie de ce code. Cette derniè-re, en vertu de la nouvelle loi, sera régie par les textes de loide finances. C’est déjà une avancée, même si les opérateurséconomique nationaux, à leur tête le président du forumdes chefs d’entreprises (FCE), Ali Haddad, demandent lemaintien de cette règle seulement pour les secteurs straté-giques. De plus, le droit de préemption ne figure plus dansle code de l'investissement après avoir soumis toutes lescessions d’actions ou de parts sociales ainsi que d’actifspar/ou au profit d’étrangers, à une autorisation duministre chargé de l’investissement. Le système d’incita-

tions est reconstruit autour de deux orientations que sontla modulation des avantages en fonction de la politiqueéconomique du pays et la simplification et l’accélérationdes procédures. Selon toujours cette loi, les avantagesseront orientés vers les secteurs et les activités rentableséconomiquement et qui suivent la politique du pays visantà diversifier l'économie nationale comme l'industrie, l'agri-culture et le tourisme, les énergies renouvelables et lesnouvelles technologies de communication.un cliMat dEs aFFairEs En nEttE aMélioration Conformément au nouveau code d’investissement, lesmissions de l’Agence nationale de développement de l’in-vestissement (ANDI) seront recentrées. Cette agence devradevenir un pôle spécialisé d’aide à l’investissement et àl’entreprise. Cela ne fera qu’améliorer d’avantage le climatdes affaires en Algérie. Les mesures prévues par le nouveaucode, affirme l’expert et conseiller auprès du ministère del’Industrie, Ali Daiboune, ont été accueillies avec beaucoupde satisfaction par plusieurs parties, dont l’Union euro-péenne et le Fonds monétaire internationale (FMI). Ce sontainsi de nouveaux bons points que le pays vient d’engran-ger, après ceux attribués par la Banque mondiale dans sonrapport Doing Business pour 2017. Ce document attribue àl’Algérie un score de 47,76 points, lui permettant de gagnersept places en se hissant au 156e rang mondial. Dans l’édi-tion précédente, le pays occupait la 163e place. Ce rapport,rappelons-le, a passé au crible le cadre réglementaire s’ap-pliquant aux petites et moyennes entreprises dans 190économies, en évaluant notamment dans quelles condi-tions elles peuvent lancer leur activité, avoir accès à l’élec-tricité, au crédit ou payer leurs impôts. Au chapitre desaméliorations toujours, la Banque mondiale a relevé quel’Algérie a rendu l’acte de création d’entreprise moins com-pliqué grâce à la suppression du capital minimal exigé pourle lancement d’une entreprise. Dans ce domaine, l’Algérieobtient 77,54 points sur 100 et se classe à la 142e place.Concernant la réduction des délais pour l’obtention du per-mis de construire, elle se classe à la 77e place avec un scorede 71,02 points. Ces scores devraient encourager encore legouvernement à aller de l’avant et accélérer les réformess’il veut mettre en place une réelle économie productive.

b. r.

Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016 447

DossierLE CLIMAT DES AFFAIRES COMMENCE à S’AMÉLIORER DANS LE PAYSl’algérie réussira-t-elle sa mutation

économique ?

« Diversification de l’économie algérienne ». C’est une phrase quirevient tel un leitmotiv, et ce, durant, une quinzaine d’années.

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4par rania aghiles

Pour bien s’implanter dans lepays, des marques interna-tionales ont choisi de délé-guer leurs enseignes à desprestataires locaux en leuroffrant des avantages financiers et entermes de la qualité des produits,moyennant une bonne présentationet vente aux standards de la sociétémère. C’est ce qui s’appelle la fran-chise.Selon les définitions, « la franchise

est un contrat d'association entre lefranchiseur en sa qualité de détenteurd'une marque ou d'une enseigne et lefranchisé qui est un détaillant indé-pendant. Ce dernier bénéficie de l'ex-clusivité ainsi que d'une enseigne demagasin de notoriété ».La franchise vient du mot francqui signifie liberté et indépendance. «Ce terme était utilisé au Moyen-âgepour désigner le droit de certainesvilles à se soustraire à l'autorité d'unseigneur (et à ses taxes), et à bénéfi-cier d'un point de vue juridique de pri-vilèges. C'est cette notion de privilège(en particulier de commercer libre-ment, donc en franchise) habituelle-ment réservée à la seigneurie del'époque que l'on retrouve dans leterme juridique de franchisage oufranchise ».Comme une bonne partie des phé-nomènes liés au libéralisme écono-mique, la franchise est née en 1929aux Etats-Unis. Cela a concerné, dansun premier temps et durant delongues années, que les marques devêtements avant de s’étendre dansun deuxième temps, à la mode. Viteadopté en Europe et dans d’autrespays, le procédé a connu son apogée

et un développement sans précédentdurant les années 1970. Une tendan-ce qui ne s’est jamais démentie au fildes ans. Des milliers de grandescomme de petites marques ont trou-vé dans la franchise un meilleurmoyen de se déployer un peu partoutdans le monde.alGériE : un rEtard

pErManEntComme dans les autres activitéséconomiques, l’Algérie enregistreun énorme retard dans le domainede la franchise. Ainsi, près de 90ans après sa première apparitionaux Etats-Unis, la franchise n’a pastrouvé sa pleine place en Algérie.Plus que cela, près de 25 ans aprèsl’ouverture à l’économie de mar-ché, le pays ne dispose même pasde réglementation claire pour unepratique qui vise pourtant à boos-ter l’économie du pays. Selon MmeS. Meziani, directrice de l'organisa-tion des activités commerciales auministère du Commerce, citée parles médias, les franchises tra-vaillent dans le cadre des lois envigueur, celles relatives aux condi-tions régissant les activités com-merciales, les règlements bancaireset la loi relative à la protection duconsommateur.absEncE d’EncadrEMEnt

réGlEMEntairE Actuellement, le code de Com-merce organise la fonction de dis-tribution de façon générale enconnaissance des questions delicence, de brevets, etc., sans pourautant se référer explicitement à lanotion de franchise. Il se comprendque le code de commerce, en dépit

de plusieurs amendements, n'a pasencore introduit la franchise quin'existe donc pas juridiquement.Ainsi, dans le cadre d'une franchise,« c'est le contrat entre le franchiseuret le franchisé qui lie la relation detravail ». Sans plus.Pourtant, le vice-président de laChambre algérienne de commerceet d’industrie, M. Riadh Ammour, avoulu rappeler, dans une récenteintervention à l’occasion d’une ren-contre consacrée au sujet, que lafranchise représente une véritablesource de savoir-faire et de techno-logie pour les pays hôtes et qu’endépit des avan-tages qu’elle peutprocurer, enmatière de luttecontre la contrefa-çon et le marchéinformel, de créa-tion d’emplois, de mise à niveau ducapital humain, ce mode de parte-nariat ne s’est pas développé, pré-cisant que seulement une soixan-taine de marques d’enseignesétrangères étaient présentes dansnotre pays. L’intervenant évoquera,à ce propos, « l’absence d’un enca-drement réglementaire qui soit enfaveur de son développement et sonexpansion ». Un point de vue quepartage apparemment, le gouver-nement. Puisque un des représen-tants du ministère du Commerce,qui a assisté à la même rencontre, alui aussi plaidé pour une réglemen-tation adéquate. M. Aït Abderrah-mane a considéré, en effet, que lafranchise permettrait des importa-tions de qualité et une sécurité duconsommateur puisqu’il ne peut yavoir de contrefaçon.

Pourtant, les bienfaits de la fran-chise ne sont pas à occulter. « Lafranchise, ce n’est pas du commercecourant, c’est un transfert de savoir-faire à travers l’apprentissage detechniques de vente modernes, lemoyen le plus rapide de moderniserle commerce intérieur, de garantirla distribution de produits de quali-té, de lutter contre l’informel et lacontrefaçon. L’activité offre en outrela possibilité d’une transformationdes franchises commerciales enfranchises industrielles une fois quele franchisé s’est approprié leconcept. », estime, par exemple, MeHind Benmi-loud, une avo-cate d’affairesbien connuesur la placed’Alger et unedes premièresfemmes d’affaires à avoir introduitdes franchises au début des années2000. L’avocate révèle que seulementune centaine de franchises existenten Algérie contre plusieurs cen-taines dans les pays voisins. Ce quine signifie pas que les Algériens nes’intéressent pas à ce genre de pro-duits. Il n’y a qu’à voir l’engoue-ment que suscitent les magasinsdes grandes marques internatio-nales pour se rendre compte que,finalement, tout est question devolonté. C’est ce que confirme AïdaKabouya, une dame très engagéedans le domaine. « De l'avis mêmede ces nouveaux franchisés algé-riens et de leurspartenaires étran-gers, le succès est incontestable etl'expérience acquise incite à l'appro-fondissement et l'extension de la

FRANCHISE ET LICENCE DE PRODUCTIONdEux parEnts pauvrEs

dE l’éconoMiE alGériEnnE

Dossier

L’entrée du pays dans l’économie de marché fait naître de nouvelles pratiques. Outre l’entrée dans le pays deproduits que les populations découvrent en grandes quantités, des enseignes et marques internationales

prestigieuses s’implantent dans le pays sous différentes formes. Les plus connues étant la franchise et la licencede production.

sEulEMEnt unE soixantainE dEMarQuEs d’EnsEiGnEs étranGèrEs

étaiEnt présEntEs dans notrEpays.

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Dossier49

démarche. Nous ne comptons pas iciles grandes concessions de marquesautomobiles, de toutes origines, oules grands hôtels des capitales etautres grandes villes qui sont, pourplusieurs d'entre eux, gérés selon descahiers de charges spécifiques à cer-taines grandes chaînes internatio-nales », a-t-elle confié à un magazi-ne spécialisé. « Le paysage écono-mique de l'Algérie est en train dechanger, et nous assistons à la pré-sence de plus en plus marquée sur lemarché de différentes marquesinternationales. Pourtant, et notam-ment en ce qui concerne les biens deconsommation, les produits sontsouvent importés de façon aléatoirepar des importateurs pas toujoursstructurés pour des actionspérennes », ajoutera-t-elle avant deplaider pour l’élargissement de lafranchise pour tenter de mettre finau marché informel.

un bon rEMèdE contrE l’inForMElPour limiter les ravages de l’in-formel et surtout combattre le phé-nomène du copiage des produits,des dizaines de marques se sontinstallées en Algérie. Ainsi, les pre-mières franchises remontent à l’an-née 2000 avec l’installation deCarré Blanc, Guy Decrenne et Gene-viève Lethu à Saïd Hamdine. Unenouvelle vague viendra renforcer lapremière. Entre 2003 et 2004,Celio et Etam s’installent, ellesaussi, à Sidi Yahia avant l’arrivéemassive de marques au centrecommercial de Bab Ezzouar à par-tir d’août 2010 : Nike, Adidas,Lacoste, Benetton, Sergent Major,Ooxou, Orchestra, Jules et Jim, etautre Mango s’offrent au clientalgérien même si ces marques pro-posent des prix parfois excessifs.L’ouverture du centre commercialArdis, du groupe Arcofina, a égale-ment permis une nouvelle concen-tration d’une dizaine d’enseignesinternationales. Les nouvellesmarques internationales arrivéesen Algérie depuis peu de tempssont Celio, Dim (sous-vêtements),Tommy Hilfiger. La marque espa-gnole “Zara (prêt-à-porter) quioccupe une surface de 2 300mètres carrés et Afflelou (lunettes)constituent même une attractionau centre commercial de BabEzzouar. La marque d’habille-ments, Celio ouvre d’autres bou-tiques à Bab Ezzouar et à Sidi Yahia.Elle fait un tabac. Des marques degrand luxe, de Joaillerie et de pro-duits de maison arrivent l’uneaprès l’autre.Il est vrai que sur le plan prix, leschoses ne sont pas si faciles. Ainsi,il n’existe presque pas de produitqui se marchande à moins de 5000DA (prix pour un simple maillot).Ce sont souvent des tarifs copiéssur ceux pratiqués en Europe. Cequi n’empêche pas les Algériens defréquenter ces espaces.Si ces sociétés s’installent enAlgérie, ce n’est pas parce que latâche leur est facilitée. Bien aucontraire. A l’inverse des pays voi-sins, notamment le Maroc et laTunisie, l’Algérie interdit le paie-ment des royalties (des divi-dendes) à la société mère. La régle-mentation de la Banque d’Algérieest stricte à ce sujet, dit-on dans lemilieu. « La Franchise est reconnue

dans les engagements internatio-naux et que, sans être interdite, ellen'est pas explicitement autorisée : laBanque d'Algérie maintient uneréglementation des changescontraignante pour ce type de tran-sactions. De même, rien de spéci-

fique n'est prévu dans le Code ducommerce actuel, pour organiser larelation entre franchiseur et fran-chisé autour des services et de trans-ferts de savoir-faire que comporte lemodèle de la franchise », indiquedans ce sens Aïda Kabouya.Les difficultés ne s’arrêtent paslà. Les franchisés sont obligés des’acquitter de charges extrême-ment élevées. Exemple, une sociétéde fabrication de vêtements demarque exige des droits d’entréeentre 5 000 à 10 000 euros à verserau franchiseur(propriétaire dela marque). Unesomme à laquel-le il faut ajouterles coûts exces-sifs de la locationdes locauxnotamment dansdes quartierschics comme à Sidi Yahia : entre600 000 à 1 million de dinars/moiset le contrat-bail qui est en défa-veur du locataire. Les durées delocation sont moins longues qu’auMaroc. Le propriétaire du localpeut ne pas lui renouveler le bail oului exiger le double du loyer initialpour prolonger la location, estime-t-on du coté des professionnels. Cequi n’empêche pas que la franchiseest « le chemin le plus rapide pourdévelopper des franchises indus-trielles, des plateformes de produc-tion de marchandises en Algériegrâce au support et au savoir-fairede ces enseignes en Algérie », rap-pelle Me Hind Benmiloud.

licEncE dE production : unEsolution éQuitablESi la franchise ne permet, engros, que la commercialisation d’unproduit donné, la licence de pro-duction permet à une marqueinternationale de fabriquer sesproduits sur place. Elle gagne enoffrant des produits d’origine. Lepays gagne également puisque enplus des apports sociaux que celaengendre notamment en termesd’emplois, il permet de transférerla technologie.La société française SchneiderElectric fait partie des rares socié-

tés dont les produits sont fabriquésen Algérie. Elle a signé, il y aquelques années, une licence deproduction avec des sociétés algé-riennes. « Cette signature delicences de production représenteune nouvelle étape dans notreimplantation locale », a déclaré,Hakim Chouarbi, vice-président deSchneider Electric Algérie, qui arappelé que son groupe fêtait en2013 les dix ans de l'usine de mon-tage d'Ouled Fayet (sud-ouest d'Al-ger) où 30.000 cellules moyennetension SM6ont été pro-duites depuissa mise enexploitation. «

Ces licencesrentrent dansla stratégie deSchneider Elec-tric Algérie de

renforcer sa présence au niveaulocal grâce à un transfert de compé-tences et ainsi contribuer au déve-loppement de l'économie algérienne», a pour sa part indiqué, Chris-tophe Bégat, PDG de SchneiderElectric Algérie, cité par le siteMaghreb Emergent.La licence de production de cel-lules moyenne tension accordée àSalgepem (un pro-ducteur privé)s'ajoute à celleobtenue en 2009concernant lafabrication dekiosque bétonbiosco. « Salgepema passé le test derenouvellement de licence avec suc-cès et Schneider Electric Algérie luiaccordera très bientôt un renouvel-lement pour trois ans », a révéléChristophe Bégat.Le producteur de lait Candia estlui aussi de la partie. Il a donné lalicence de production de lait enbarquettes à au moins deux fabri-cants algériens. L’un est implanté àBéjaïa et l’autre à Alger. Cela a per-mis d’offrir aux Algériens un lait dehaute qualité et a créé une émula-tion qui n’a jamais été démentie.Puisque dans le sillage du laitierfrançais se sont créés plusieurs

autres sociétés qui activent dans lemême domaine. Et le bénéfice estdouble : les concurrents sont à che-val sur la qualité et les prix baissentconstamment. L’opération est telle-ment intéressante que même leproducteur public Saidal s’est misde la partie. Le groupe pharmaceu-tique a cédé la fabrication de cer-tains médicaments à des opéra-teurs privés. Une opération qu’ap-plique également le limonadierHamoud-Boualem qui a donné deslicences à des privés afin d’embou-teiller des boissons gazeusesestampillées de la célèbre marquealgérienne.Les laboratoires de fabricationde médicaments sont les plus avan-cés dans ce domaine. Avec l’obliga-tion faite aux importateurs defabriquer localement des médica-ments au bout de 3 années d’activi-tés, plusieurs fabricants locaux ontobtenu des licences de productionde laboratoires internationaux envue de fabriquer localement desmédicaments génériques. Résultat :la production nationale en médica-ments couvre, désormais, plus de60% des besoins nationaux dans ledomaine. Même si, il est vrai, lafabrication de médicaments pour letraitement de maladies lourdes etdu matériel depointe fait tou-jours défaut,l’avancée esténorme.Cette politiquede licence defabrication s’estélargie, à partirde cette année, aux constructeursautomobiles. Plusieurs anciensconcessionnaires obtiennent desautorisations afin de monter desvéhicules en Algérie. C’est le cas deRenault dans un premier temps,puis de Hyundai. D’autres marquesencore suivront.Des pratiques qui créeront pro-bablement un cercle vertueux dansla sphère économique nationale. Acondition, bien sûr, que la visionmercantiliste ne prenne le dessussur le reste, c’est-à-dire une pro-duction synonyme de création derichesses. r.G

l’activité oFFrE la possibilitéd’unE transForMation dEs

FranchisEs coMMErcialEs EnFranchisEs industriEllEs unE

Fois QuE lE Franchisé s’Estapproprié lE concEpt.

plusiEurs anciEns concEssion-nairEs obtiEnnEnt dEs autorisa-

tions aFin dE MontEr dEs véhi-culEs En alGériE. c’Est lE cas dErEnault dans un prEMiEr tEMps,

puis dE hyundai. d’autrEsMarQuEs EncorE suivront.

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4synthèse de K.a.b.

Les raisons de cette situation sont à chercher dansla lenteur des réformes structurelles et l’insuffi-sance du processus d’intégration régionale.Pourtant, depuis quelques années la Méditerra-née connaît des évolutions notables en matièred’investissement international : croissance des flux d’IDE,dispersion de l’origine des flux et diversification sectoriel-le relative. Ces évolutions résultent à la fois d’une amélio-ration notable des conditions d’attractivité de la région etd’un contexte international et régional favorable. Dans une note synthétique datée de quelques années,des questions telles que le fait de considérer ou non la Méditerranée comme un espaceéconomique émergent, de savoir si la Méditerranée devien-drait ou non une zone d’accueil privilégiée des IDE ont étéposées et des éléments d’analyses avancés. La note souligne le fait que douze ans après les accordsde Barcelone (2007), en dépit de progrès macro-écono-miques, les pays sud-méditerranéens n’ont pas engagé deprocessus de convergence vers l’Union Européenne.Certes, l’Algérie a par exemple signé depuis un accord d’as-sociation avec l’UE mais dont les retombées sont très miti-gées, surtout du côté sud de la Méditerranée.Par ailleurs, le document note que paradoxalement laforte croissance depuis 2005 des IDE ne résulte pas, oumarginalement, du processus d’intégration euro-méditer-ranéenne de même que les modèles de croissance des paysdu Sud de la Méditerranée ne sont plus soutenables. L’espace économique euro-méditerranéen se caractéri-se par une asymétrie importante en termes de niveau dedéveloppement (tableau 1). Les pays du Sud de la Méditerranée représentent moinsde 2% du PIB mondial en 2006, contre près de 30% pourl’Union Européenne (le PIB réuni de l’Algérie, du Maroc etde la Tunisie est équivalent à celui du Portugal).

De plus, le PIB/habitant moyen est plus de 5 fois infé-rieur à celui des pays de l’Union Européenne, bien querécemment élargie à des pays à revenu intermédiaire (cerapport est de 1 à 7 par rapport à la France). En 2006, les échanges commerciaux entre les deuxrégions ont seulement représenté 2,4% des échanges mon-diaux. De la même façon, le Sud de la Méditerranée n’areprésenté que 3,3% des échanges commerciaux totaux del’Union Européenne. En revanche, les pays du Sud de laMéditerranée sont clairement arrimés à l’Union Européen-ne, comptant en moyenne pour près de la moitié de leurséchanges totaux (et 4 près des deux tiers pour la Tunisie etle Maroc). Cette polarisation s’accompagne d’une forteconcentration de leurs exportations de biens sur quelquessecteurs d’activité (notamment hydrocarbures, textile etagro-alimentaire). La faiblesse des flux d’IDE à destination des pays du Sudde la Méditerranée observée indique des défaillances del’intégration régionale des systèmes productifs et des mar-chés financiers. Ces flux d’investissements occupent eneffet une place marginale dans l’ensemble des flux en pro-venance de l’Union Européenne. Ceux-ci ont même eu ten-dance à diminuer relativement (2% en 2004, contre 3% en1994). Si le poids économique des flux d’IDE est sensiblementdifférent d’un pays à un autre, selon sa taille et son degréd’internationalisation, leur part dans les sources de finan-cement externe est globalement peu élevée. Si l’on exclutles revenus pétroliers, en 2005, les IDE représentaient enmoyenne 4,8% du PIB, contre 6% pour les transferts desmigrants, 7% pour les revenus du tourisme et seulement2,6% pour l’aide publique au développement. barcElonE, un bilan MitiGéSignés en novembre 1995, les accords de Barcelonedevaient définir les termes d’une nouvelle ambition de co-développement régional, fondée sur un partenariat écono-mique, politique et culturel. Sur le plan économique, ce par-tenariat devait conduire à la mise en place d’une zone de

libre-échange euro-méditerranéenne à l’horizon 2010, envue d’accélérer la croissance économique des pays sud-méditerranéens, contribuer à la réduction des inégalitéssociales et favoriser leur convergence vers l’Union Euro-péenne. Une coopération économique et financière spéci-fique accompagne la mise en œuvre de réformes structu-relles et le développement de projets d’infrastructures(énergie, eau, télécommunications, agriculture). L’ensemble des pays se sont engagés à une éliminationgraduelle et quasi-totale des barrières tarifaires et nontarifaires, parachevant l’établissement d’une zone régiona-le de libre-échange. Toutefois, cet acquis doit être relativi-sé. D’abord, les lenteurs bureaucratiques de part et d’autre,et les résistances politiques dans certains pays sud-médi-terranéens, auxquelles il faudrait peut-être ajouter la nor-malisation excessive de l’UE, ont conduit à une lente appli-cation des accords (tableau 2). Ensuite, l’offre du partena-riat euroméditerranéen ne prévoyait pas d’autres perspec-tives qu’une insertion dans une zone de libre-échange quiexclut une libre circulation des individus et maintient unensemble de dérogations (notamment pour les produitsagricoles et les services). Aussi, aucun mécanisme expliciten’encourageait à la mise en œuvre de réformes structu-relles. Enfin, des situations récurrentes de conflits ou detensions politiques ont considérablement entravé unedynamique d’adhésion cohérente et concertée. pour QuEl ModèlE dE croissancE écono-

MiQuE ?Les facteurs explicatifs l’insuffisant contenu en emploisde la croissance économique euro-méditerranéenne sontnombreux, parmi lesquels on peut noter : - l’insuffisance du nombre de groupes industriels ; - les PME, principalement concentrées dans les secteursmanufacturiers traditionnels et à faible valeur ajoutée,contribuent très faiblement à la création d’emplois ; - les incitations favorisent davantage les investisse-ments à forte intensité capitalistique- le secteur public n’est plus en mesure de constituer un

Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 20164410

Dossier ESPACE EURO-MÉDITERRANÉENNE Faible intégration par les idE

Les pays du Sud de la Méditerranée n’avaient que peu tiré parti de la mondialisation, les années passées que cesoit en termes de croissance économique (et de progression du revenu par habitant), d’insertion dynamique

dans les échanges commerciaux et d’attraction des flux d’Investissements Directs Étrangers (IDE). La situationn’est guère meilleure aujourd’hui, 21 ans après les accords de Barcelone, avec notamment la dégradation de la

situation sécuritaire dans nombre de pays de la rive sud de la Méditerranée.

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016 4411

Dossier

4Entretien réalisé par Samir Mehalla

Afin d’apporter un éclairage surla question, nous reproduisonsci-contre un entretien réalisé ily a quelques années avec unmilitaire français, le contre-amiral (2S) Jean-François Coustillière, etdont les observations et analyses sontd’une surprenante actualité.Officier de marine, Jean-François Cous-tillière est entré à l'Ecole Navale en 1969.Sa carrière s'exercera plus particulière-ment sur le théâtre opérationnel aéronavalde Méditerranée ou du Proche et Moyen-Orient. Ingénieur diplômé de l'École navaleet breveté de l'EMS, le capitaine de vaisseauJean-François Coustillière a exercé, au seinde l'EMIA les fonctions de chargé de mis-sion, notamment sur les dossiers politico-militaires du Proche-Orient, du Maghreb etd'Asie centrale (opérations d'Afghanistan,antiterrorisme) ; il sert aujourd'hui àl'EMA. Il quitte la marine en 2005 commecontre-amiral (2S). Aujourd’hui, consultantindépendant, il nous livre cet entretien àl’issue du forum de l’Université d’été depassage à laquelle il a pris part sur le thèmede l’Union euro-méditerranéenne, idéechère à l’ex-Président Sarkozy.Propos recueillis par Samir MEHALLA

Cette idée d’union euro-méditerranéenne… très chère aux unsreniée par les autres. Y a-t-il,réellement, une angoisse économiquepar rapport aux autres ?jean-François coustillière : A chaque

fois, la parole est floue et pas claire par rap-port à ce projet. Elle est évolutive. Bien sûr,des individus et des organismes se targuentd’en détenir les secrets mais, comme jevous l’ai déjà dit, les discours sont flous etcette idée ne s’éclaircira que lorsque toutesles parties se réuniront. L’implication del’Europe est inévitable car l’Europe estdirectement concernée. Elle est concernéepar l’immigration, par l’environnement,par l’énergie, par et par… Toute la politiquefrançaise concernant ces domaines est dic-tée par la politique européenne. Si union ily a, l’Europe est incontournable. Revenons au processus de Barcelone,cette union signifiera-t-elle sa fin, sonéchec… ?Sans le processus de Barcelone, on n’au-rait pas pu réunir Algériens et Marocains,Palestiniens et Israéliens, rapprocher desgens qui ne se parlaient jamais, débourserdes fonds… Ce processus a traité de plu-sieurs volets : sécuritaire, politique, finan-ce, culturel… Grâce à ce dernier, l’Europe apris conscience de l’existence de la rive Sudde la Méditerranée. Avant 1995, il n’y avaitque la France, de par un passée commun etpartagé, qui connaissait réellement l’im-portance des problèmes de l’Algérie, duMaroc, de la Tunisie… L’Union euro- médi-terranéenne sera le prolongement de ceprocessus. Elle n’en sera ni le remplace-ment ni, encore moins, le concurrent.Quels sont les éventuels schémas decette Union ? Pensez vous que leconflit proche-oriental en sera uneentrave ?

Ce conflit fait qu’il est difficile d’en faireparticiper les acteurs. Mettre un Algérien etun Israélien autour d’une même table estimpossible surtout quand il s’agit des insti-tutionnels. L’Union euro- méditerranéenne est unacte politique dont les acteurs ne sont quedes institutionnels. Je peux dire que le conflit proche-orien-tal a été réellement une entrave au proces-sus de Barcelone.Très simplement, une union pour quoifaire finalement ?L’Union européenne s’est élargie. Cetélargissement profite essentiellement auxpays de l’Est. La France, à la tête de cetteunion, je pense, souhaite que la Méditerra-née retrouve son importance…Sécurité énergétique ?L’énergie est un problème beaucoupplus complexe et compliqué pour être trai-té uniquement par les Méditerranéens. Etla Russie ? Le problème de l’énergie feraappel à d’autres puissances. Ce n’est pas unproblème énergétique ! Il y a d’autres dos-siers à traiter : l’environnement, l’immigra-tion, le transfert des technologies, les tech-niques de l’information, la surveillanceaérienne… Il faut que chaque pays du Sud trouveson propre intérêt. L’objectif est de fairequelque chose ensemble. C’est autour d’unetable que tout cela se définira et que lessujets se définiront. Aujourd’hui, l’idée estfloue et l’avis de l’Algérie, de lui donner dutemps pour la mûrir, est un avis très rai-sonnable. s. M.

espace suffisant d’insertion des diplômés ; - les taux élevés du chômage des jeunesdiplômés soulèvent la question de l’adé-quation formation/emploi et de l’articula-tion entre les systèmes éducatifs et de pro-duction. La question centrale est finalementcelle de la transition des modèles de crois-sance économique des pays sud-méditer-ranéens. Les modèles rentiers ne sont pasparvenus à édifier un tissu industriel inté-gré alors que les modèles fondés sur uneflexibilité du marché du travail (peu quali-fié) et un positionnement sur les segmentsaval de l’industrie légère (notamment dutextile) ont conduit à un verrouillage dansdes activités à faible valeur ajoutée. Dansun contexte de globalisation économique,financière et technologique, ces modèlesde croissance ne sont plus soutenables. unE attractivité MarGinalEL’attraction des IDE a toujours occupéune place centrale dans les politiques dedéveloppement des pays du Sud de laMéditerranée, tant les gains attendus enmatière de transferts technologiques, demodernisation et de diversification dutissu industriel, d’accès aux marchés régio-naux ou mondiaux et de promotion de l’in-vestissement privé sont importants. Leprocessus de Barcelone devait clairementrenforcer l’attractivité de la Méditerranéedu Sud, en crédibilisant les politiques d’ou-verture et de libéralisation économiquemises en œuvre et en balisant à moyenterme l’horizon des investisseurs. Une analyse sur le long terme des fluxd’IDE fait apparaître une position margina-le de la Méditerranée du Sud. En 2005,moins de 3% des flux mondiaux se sontorientés vers les pays de la Méditerranée, àpeine plus que l’Afrique Sub-sahariennequi en a accueilli près de 2%. Les condi-tions d’accueil des investissements étran-gers ont connu des améliorations notables,qu’il s’agisse du cadre juridique de protec-tion des investissements, de mesures fis-cales incitatives ou d’aménagement dezones industrielles ou technologiquesadaptées. Par ailleurs, des facteurs spéci-fiques à chacun des pays ont égalementconstitué des éléments moteurs détermi-nants : l’ouverture des négociations d’ad-hésion de la Turquie à l’Union Européennea influencé positivement les décisions d’in-vestissement (effets d’anticipation) tout enrenforçant le climat de confiance ; le pro-gramme d’ouverture et de relance de l’éco-nomie algérienne (financé sur budgetpublic à plusieurs centaines de milliards dedollars sur la période 2005-2019) consti-tue un vecteur aux investissements d’appuiet complémentaires tout en améliorantl’horizon économique à moyen terme.

rEcoMposition GéoGraphiQuE dE

l’invEstissEMEnt étranGErCette dynamique de croissance des fluxs’accompagne d’une redistribution du rôledes acteurs sur le marché méditerranéen.Il convient en effet de relever la positiondes investisseurs du Golfe, devenus en2006 les premiers investisseurs en Médi-terranée du Sud, et le renforcement de laposition des investisseurs nord américains(États-Unis et Canada). A contrario, le reculrelatif des investisseurs européens marquedavantage une moindre croissance deleurs engagements. Cette tendance globalemasque le dynamisme significatif desinvestissements en provenance d’Espagneet d’Italie. Par ailleurs, de nouveaux inves-tisseurs des pays émergents, de manièremoins marquée et moins soutenue, pren-nent de nouvelles positions sur les mar-chés méditerranéens (Afrique du Sud,Chine, Brésil, Corée du Sud, Inde et Russie).K.a.b.

ENTRETIEN AVEC LE CONTRE-AMIRAL (2S) JEAN-FRANçOIS COUSTILLIèREles dits et les non-dits

d’une idée d’unionL’Euro-Méditerranée, cette idée généreuse que les penseurs du Vieux continent ont

« pensé » mettre en œuvre pour unir les deux rives de la Méditerranée, surtoutaprès les résultats mitigés du processus de Barcelone, ne semble pas atteindre leseffets escomptés, plusieurs années après sa mise en œuvre. Outre la disparité des

modèles économiques sud-méditerranéen et la faible intégration qui lescaractérise, la normalisation excessive des maîtres à penser de l’Europe, érigée enrempart, en mur protecteur, ne concoure pas vers cette intégration tant espérée.

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412-13

entretien De la semaine

4Entretien réalisé par s. Méhalla

Crésus : pouvez-vous vous présenter à noslecteurs et nous présenter l’Agenceimportante que vous dirigez ?Djamila Halliche : Je suis chimiste de forma-tion, produit de l’Université des sciences et de latechnologie Houari Boumediène (USTHB), où jesuis enseignant-chercheur. Je suis à la tête del’Agence nationale de valorisation des résultatsde la recherche et du développement technolo-gique (ANVREDET). C’est une agence qui existedepuis 1998 et qui est sous tutelle du ministèrede l’Enseignement supérieur et de la recherchescientifique. Le décret qui a permis sa création aété très bien réfléchi. Il a mis en place son fonc-tionnement, ses missions, ses objectifs qui sontla prise en charge des résultats de recherche, unpacte économique qui devrait répondre à unbesoin socio-économique dans l’immédiat. Ilaurait fallu qu’il y ait suite à ce décret par rap-port à ses missions, par rapport aux outils dontl’ANVREDET a besoin pour répondre justementà ces missions. Il aurait fallu un cadre juridiquebeaucoup plus flexible, parce qu’on est dans lavalorisation de la recherche. Et qui dit valorisa-tion, dit création des valeurs, de pacte écono-mique, de startup, d’entreprises innovantes etc.,il y a des actions de finance. Il aurait fallu doncun cadre qui puisse l’accompagner et lui faciliterla réalisation de ces actions. Accompagner lacréation d’entreprises à valeur ajoutée, valori-ser des innovations à haut potentiel avec unimpact direct sur l’économie nationale, auraitnécessité un budget spécial. Il est vrai que l’AN-VREDET est un EPIC qui a fonctionné depuis sacréation sur un budget de l’Etat (ministère del’Enseignement supérieur). Le financement per-met à l’ange de « vivre ». Mais pour les actionsde valorisation, rien n’est dédié. Il aurait falluprendre en charge des brevets, création d’entre-prises, etc. C’est-à-dire qu’il y ait un budget spé-cial pour une agence de valorisation. Heureuse-ment qu’en 2012, il y a eu le Fonds national de larecherche (FNR). Il y a eu un article qui modifiéles choses par rapport au métier de valorisationet qui a permis l’incubation, c’est-à-dire l’ac-compagnement à la création de start-up. Cepen-dant, le FNR est compliqué, spécial et a besoind’un peu plus de flexibilitéet qu’il devienne plusaccessible. Le FNR permet l’acquisition d’équi-pement mais on n’est pas dans cette stratégie. Jepense qu’il faudrait à l’avenir quelque chose despécial à la valorisation.Vous êtes un Epic, donc vous avez le statutd’organisme commercial. C’est dans vosstatuts. Vous avez donc la libertéd’entreprendre vous aussi.Pour qu’ANVREDET enregistre des recettes,il aurait fallu qu’elle crée des choses. Et pourcréer des choses, il aurait fallu qu’elle ait de quoicréer, de quoi démarrer. Or, elle n’a été dotéeque d’un budget de fonctionnement, qui suffitjuste à payer les salaires, à organiser quelquesmanifestations scientifiques. Est-ce que cela mepermettra de lever une entreprise ou de payerun brevet à l’international ? Les seuls retourspossibles, lourds à imaginer, c’aurait été la créa-tion d’une entreprise trois ans après sa viabilité.Il y aurait eu des royalties. Après l’ANVREDETpeut se permettre la création d’un capital. Chosequi n’a pas été faite. On commence à peine. Cen’est qu’en 2014-2015 qu’on a commencé àcréer nos premières entreprises. Le résultat estencore timide. Et pour qu’il y ait un retour sur

valeur, il faut attendre que ces entreprisessoient fortes, qu’il y ait une levée de fonds, unfonds d’amorçage. Ce qui n’existe pas en Algérie.Il n’y a pas un fonds d’innovation. Il y a quelquepart un manque de sérieux. Il aurait fallu qu’ilexiste, qu’on le crée de plain pied, qu’on créeune startup, qu’on lui donne les moyens dedevenir forte, qu’elle soit levée et qu’il y ait unretour pour que l’ANVREDET commence à rou-ler en vrai Epic. Il faut donner le temps auxchoses pour se concrétiser. Or, ces mécanismes-là, on vient tout juste de les mettre au point.Des agences étatiques sont chargéesd’aider à la création de l’emploi. Desorganismes étatiques comme l’ANSEJauraient pu bénéficier du concours del’ANVREDET pour canaliser des élémentsbrillants qui ont lancé leurs propresentreprises.Effectivement, avant qu’une entreprise n’at-terrisse chez l’ANSEJ, elle doit être incubée cheznous. Nous avons un fonds qui finance pour lacréation de la startup. Nous l’accompagnonspour la réalisation de l’étude technico-écono-mique, la demande du registre du commerce, laprotection intellectuelle ou industrielle du pro-duit innovant. Une fois la phase d’incubationterminée, il faut lui trouver l’argent, de quoifaire la levée de fonds.C’est le rôle de l’ANSEJ…. L’ANSEJ ne fait pas de levée de fonds. Elledispose d’un fonds pour accompagner un tantsoit peu le porteur de projet. Nous avons uneconvention-cadre globale avec l’ANSEJ pournous créer un couloir vert. Nos startup passentà travers ce couloir vert, elles sont traitées trèsrapidement par l’ANSEJ, et bénéficient d’un peuplus de financement pour leur permettre decréer l’entreprise rapidement. L’ANSEJ a sa mis-sion mais ne peut pas évaluer ou valoriser unprogramme ou un projet de recherche. C’estpour cela que nous travaillons ensemble avecl’ANSEJ. Je dis toujours que le deuxième man-quement dans ce monde l’innovation et de lavaleur économique à partir d’un résultat derecherche, c’est cet écosystème qui ne fonction-ne pas de manière efficace. Tous les acteurs fontd’excellentes choses individuellement mais onse rend compte qu’il y a défaut de mécanismesqui doivent permettre aux uns et aux autres defonctionner ensemble. J’ai besoin de l’ANSEJ,des banques, de l’ANDPME etc., pour que ce queje crée moi ait de la valeur directe.Mais tout cela dépend d’un cadrebureaucratique. On a l’impression que lapénalisation de l’acte de gestion estquelque chose qui bloque tout le monde. Ily a aussi un problème d’orientation et decommunication. Par exemple, un jeunediplômé en automatisme a frappé à toutesles portes et personne ne l’a aidé àréaliser son projet ici en Algérie.Est-ce que ce jeune est venu nous voir ? Lacommunication dépend de ce que la personneconsomme comme informations.On a orienté ce jeune vers l’ANSEJ. Mais onne lui a jamais parlé de l’ANVREDET. Doncc’est en quelque sort du copier coller de cequi se passe ailleurs, sans le fond. Onimporte des concepts mais on ne lesmaitrise pas.Non, le concept de l’ANVREDET n’a pas étécopié. Franchement, si je pouvais rendre hom-

mage aux personnes qui ont rédigé le décret decréation de l’ANVREDET, je les saluerai.Il auraitpeut-être fallu faire des textes d’application,prévoir des outils financiers, d’autres actions enplus. C’est un concept tout à fait adapté à l’Algé-rie.Comment se fait-il qu’on créé une agencenationale alors que le budget de larecherche du ministère de l’Enseignementsupérieur est insignifiant ?Il n’est pas si insignifiant que ça…Alors, il est mal utilisé ?Ce n’est pas moi qui le gère et je n’ai pas decommentaire à faire à ce sujet.Il ne s’agit pas de faire le procès de quique ce soit mais d’éclairer à travers cettediscussion des décideurs qui n’auraientpas toute l’information nécessaire pourprendre les décisions qu’il faut.Je l’espère. Savez-vous qu’ailleurs, le budget consacréà la recherche scientifique est unparamètre qui entre en ligne de comptedans les élections.Moi je pense, qu’à l’époque de la création del’ANVREDET, en 1998, la question du budgetaurait été secondaire. Je vais vous expliquerpourquoi. J’ai constaté cela : vous pouvez don-

ner un million de dollars à une personne, cette personne ne sait pas comment gére patcher, ne sait pas faire de l’intelligence mique et managériale etc., elle ne fera rie cette somme. Avant de penser à met fonds, j’aurai préparé le terrain juridi administratif et édicté des textes qui ptraient un bon fonctionnement et donn orientations. Les chercheurs qui sont da universités et centres de recherche dsavoir qu’ils ont un devoir envers leur p triture plein de choses avec mes cherche laboratoire mais qui n’ont pas un impa l’économie. Moi je trouve que c’est de l’qui n’est pas rentabilisé. L’Etat a fait le nére en donnant le budget qu’il faut p recherche. Mais il aurait fallu une loi qu l’innovation, la valorisation de la rechSelon quels mécanismes cette valorisatio elle se faire. Nous sommes en train de me point depuis 2015 les outils qu’il faut accompagner les projets dans l’agronom santé, la mécanique etc. Nous sommes muciplinaires. Il n’y a pas le cadre qui dit : v procédure et le financement dédié à cel n’était prêt dès le départ. Donc, on a mettre des millions de dollars mais san bonne réflexion par rapport à tous ces al’argent serait resté secondaire. On n’a stratégie de l’innovation, de la valorisatio saye de cadrer les choses. Nous fina

«LE FN PR RESPONSABLE DE L’A DE LA RECHERCHE E Le concept de l’innovation renvient comme un leitmotiv dans le monde économique

dominé actuellement par les inventions technologiques qui touchent tous les domaines. Aumoment où le concept de l’innovation est associé au renseignement industriel et au comme

faire pour faire bénéficier son pays des avancées des autres au moindre frais, l’Algériemarque le pas en termes d’innovation. Pourtant, les autorités ont mis sur pied une agence

pour la valorisation des résultats de la recherche et développement technologique(ANVREDET). Si les outils juridiques pour un fonctionnement optimal et utile sont mis en

place graduellement, la question de la budgétisation de cet incubateur des startups sepose aujourd’hui avec acuité. C’est la condition nécessaire et indispensable pour tirer

profit de cette crise financière internationale en diversifiant l’économie nationale, selon ladirectrice de l’ANVREDET Mme Djamila Halliche qui nous a accordé cet entretien.

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016

4

mais si er, dis- écono- en avec tre un que et ermet- ner des ans les doivent pays. Je eurs au act sur ’argent cessai- our la ui gère herche. n doit- ettre au t pour mie, la ultidis- voilà la a. Rien a beau ns une spects, pas de on. J’es- ançons

actuellement la création d’entreprises maisaucun texte ne dit s’il faut donner telle ou tellesomme. On essaye de faire dans la moyenne deschoses, la plus correcte, c’est-à-dire accompa-gner. Mais il faut une stratégie. Comme ça, àl’université tout le monde saura que nousaccompagnons des projets dans l’innovationmais en même temps nous voulons des résul-tats, une valeur ajoutée ou un impact direct surtel ou tel secteur.Ne craignez-vous pas que l’obligation derésultat stressera le chercheur ?On bouge bien dans le stress. Ne vous inquié-tez pas.Vous siégez dans un conseild’administration. Comment faites-vouspour avoir ce qu’il vous faut pourtravailler ?Je siège avec des personnes intelligentes.Vous avez la liberté d’entreprendre ?J’ai la liberté d’entreprendre dans un cadrejuridique national. Le cadre peut sembler assezcontraignant parfois.Dans votre éditorial, vous parlez depasserelles entre le monde économique etla recherche. Vous êtes un centrenévralgique qui travaille avec plusieurssecteurs et ministères. Comment se fait la

coordination, la jonction entrel’ANVERDET et les autres secteurs ?C’est au cas par cas. Nous avons par exempleplusieurs projets agricoles dans notre incuba-teur. Chaque fois que nous entreprenons desactions d’évaluation, ou peut-être un avis d’ex-pertise d’un bureau d’études, je fais appel auministère de l’Agriculture. Jusqu’à présent, tousles secteurs répondent toujours favorablement. Est-ce qu’on a fait appel à vous concernantvotre expertise ?Oui, bien sûr. Pour des commissions, desexpertises, des avis. Mais pas tout le temps etpas assez, je trouve. Mais il faut dire qu’avant2013, il n’y avait pas les outils nécessaires. Tousles outils ont été réfléchis pendant des mois partoutes mes équipes. Et puis, il n’ y avait pas leFNR, le nerf de la guerre.Maintenant qu’il y a le FNR, vous avezcommencé à en puiser ?Oui, bien sûr. Mais si vous regardiez lanomenclature relative à son utilisation, vousverrez que c’est compliqué. Par contre, si c’étaitun financement dédié pour la valorisation, onaurait été beaucoup plus réactifs. J’ai des projetsqui attendent là depuis un moment.Pourquoi vous ne faites pas appel ausponsoring des entreprises ?Si, nous y faisons appel. Mais parfois lesentreprises répondent et parfois non.Il y a le FCE…Oui, nous sommes partenaires avec le FCE. Jesuis intervenue à plusieurs reprises avec le FCE.C’est moi qui ai proposé la création du fonds del’innovation qu’il a mis au point. Il y a Jil FCE etj’ai même proposé la création du FCE femmes,pour l’entrepreneuriat féminin et cela va sefaire.• On revient au concept de l’innovation.si on en fait une définition, qu’est-ce qu’on vadire ici en Algérie à ce sujet alors que nous n’ar-rivons pas à atteindre l’autosuffisance alimen-taire par exemple ?Justement, il faut chercher l’innovation pouratteindre cette autosuffisance. L’innovationpour moi, c’est un nouveau produit fonctionnel,ou un nouveau concept ou service qui est com-mercialisé, qui est dans le marché. C’est unecondition pour être admis par l’OCDE. Quand onparle innovation en Algérie, il n’est pas néces-saire que ce soit un satellite qu’on met en orbi-te. Ce n’est pas forcément quelque chose de trèshaute technologie. C’est rendre service aucitoyen d’une manière innovante. C’est tout cequi peut améliorer la vie du citoyen comme parexemple dire qu’il y a une meilleure façon decueillir la pomme de terre plus rapidement.C’est avec des choses comme cela qu’on peutatteindre l’autosuffisance. C’est quelque chosede spécifique et de spécial. C’est au cas par cas.C’est régional aussi. Ce qui est un cas d’innova-tion à Touggourt comme valoriser le sable ou lesproduits du palmier-dattier par exemple n’estpas forcément considéré comme tel à Alger oùces deux éléments de la nature n’existent pasmais où le besoin de régler le problème de la cir-culation se pose avec acuité. Tous nos pro-blèmes, aussi petits ou insignifiants soient-ils etdont le règlement faciliterait la vie des citoyensest concerné par l’innovation. Tout ce qui estréglé d’une manière réfléchie et stratégiquepeut être considéré comme une innovation.

Ailleurs, le concept de l’innovation est liéintrinsèquement au renseignementindustriel. Autrement dit, on cherche lerenseignement où il y a desdéveloppements et on essaye d’approcherl’entreprise qui réalisera le produitinnovant pour l’adapter. C’est ce qu’onappelle l’innovation ouverte et qui est liéeau renseignement industriel.L’innovation c’est très vaste. Cela pourraitêtre quelque chose de plus petit que cela.Comme cela pourrait être une très haute tech-nologie ou une technologie de rupture, de poin-te. Et une innovation technologique doit êtreabsolument protégée. Et nous avons l’Institutnational de la propriété industrielle et intellec-tuelle (INAPI) pour cela.Le brevet suffit-il pour parler d’innovation?Non, le produit doit répondre à un besoin. Ilfaut qu’il soit reconnu pour cela. L’impact qu’a leconcept sur la vie des gens, leurs priorités estimportant pour sa reconnaissance. Le produitdoit répondre à une priorité nationale immédia-te. Ce n’est pas quelque chose que l’on crée pourle mettre dans les casiers puis on attend que lebesoin se fasse connaître. La culture de l’Algé-rien aujourd’hui c’est créer ou innover, puisfaire breveter et garder à l’INAPI dans un casier.L’esprit d’exploitation des brevets ne coure pasles rues en Algérie. C’est pour cela que nous tra-vaillons beaucoup à sensibiliser les chercheurs,les innovants, les indépendants, les étudiantsetc., en leur disant que c’est bien de protégervotre innovation mais il faut aussi savoir l’ex-ploiter. Et pour une exploitation correcte et adé-quate de l’innovation, il faut que cela réponde àun besoin donné. Sinon, il n’y a pas de marché etpas de clients. Il faut que ce soit utile.Et quels sont les résultats de l’ANVREDETjusqu’à présent ? Y a-t-il des inventionsutiles qui sont actuellement sur le marché?Oui il y en a. il y a une dizaine d’entreprisescréées. Il y a d’autres entreprises qui sont envoie de création, notamment dans l’agriculture,la santé, la mécanique. Nous avons commencé àfinancer la création des entreprises et lesregistres de commerce sont déjà prêts. S’agis-sant du retour attendu, je pense qu’il est encoreun peu tôt. Mais ce sont des projets crédibles etadoptés par un comité d’évaluation composéd’experts qui passent en revue aussi bien le fon-dement scientifique de l’innovation que savaleur ajoutée, le développement technolo-gique, qui vérifient si le prototype est fonction-nel ou pas. Mais on espère avoir plus d’outilspour réaliser tous nos projets.Un dernier mot pour conclure… Ce que je souhaiterai, c’est que cette criseéconomique et financière permette à l’Algériede se restructurer. D’ouvrir les yeux sur lesvraies politiques et stratégies et que chaque sec-teur bénéficie de la réflexion nécessaire et soitdoté de politiques et de stratégies adéquatespour son développement. Par ailleurs, je souhai-terai que cette crise puisse nous permette denous remettre debout et d’apprendre à tra-vailler ensemble. C’est une condition nécessaireet indispensable pour réussir.

s. M.

NR A BESOIN DE FLExIBILITÉ»

L’ANVREDETest certes un

Epic. Mais pourqu’elle enregistre

des recettes, ilaurait fallu

qu’elle crée deschoses. Et pour

créer des choses,il aurait fallu

qu’elle ait de quoicréer, de quoi

démarrer. Or, ellen’a été dotée que

d’un budget defonctionnement,qui suffit juste à

payer lessalaires, àorganiserquelques

manifestationsscientifiques…

Est-ce que celame permettra de

lever uneentreprise ou de

payer un brevet àl’international ?

Ce qui est uncas d’innovation

à Touggourtcomme valoriser

le sable ou lesproduits du

palmier- dattierpar exemple n’est

pas forcémentconsidéré commetel à Alger où cesdeux éléments de

la naturen’existent pas

mais où le besoinde régler le

problème de lacirculation se

pose avec acuité.

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R DJAMILA HALLICHE, AGENCE NATIONALE DE VALORISATION DES RÉSULTATS ET DU DÉVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE (ANVREDET)

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016algérie

4Kamel aït bessaï

Plus de 18 heures de discussionssur deux jours à Vienne ontdonné un peu plus d'une pro-messe que les plus grands pro-ducteurs de pétrole du mondevont continuer à se parler. Les discussionsse poursuivront à la fin novembre,quelques jours avant que l'Organisationdes pays exportateurs de pétrole ne finalisel'accord qui a permis de hausser les prix dupétrole à des sommets d'un an.Les nations non membres de l'OPEP ontterminé les discussions avec le groupesamedi dernier sans prendre des engage-ments d'approvisionnement. Le Brésil adéclaré après la réunion qu’il ne limiterapas sa production de pétrole, même s’il adéclaré être prêt dès l'année prochaine àaccueillir les futures réunions de l'OPEPavec les plus grands producteurs dumonde.Le ministre de l'Énergie de l'Azerbaïd-jan a déclaré de son côté que le résultat duprocessus repose sur l'Iran et l'Irak, deuxnations qui sont plus intéressées à augmen-ter la production que de la réduire. Alorsque la réunion de samedi a été un succès de« première étape », les nations productricesde pétrole doivent continuer le dialogue et« venir avec des nombres réels » afin queles réductions puissent commencer à êtreappliquées, a dit le vice-ministre de l'Ener-gie du Kazakhstan.

coMplicationUn accord n'a pas été possible parceque les négociations internes de l'OPEP devendredi ont atteint une impasse sur lerôle de l'Iran et de l'Irak - les deux paysveulent être exemptés de toute réduction.Bien que pays non-membre, le Sultanatd’Oman a déclaré, samedi, qu'il était prêt àcoopérer en vue d’un accord d'approvi-

sionnement, et qu’il ne pouvait pas s’enga-ger à une réduction de la production jus-qu'à ce que l'OPEP ait son propre accord.L'accord surprise de l'OPEP à Algerpour faire les premières réductions d'ap-provisionnement en huit ans n’impacterapas le surplus de pétrole sur le marché siles producteurs en dehors du groupe nerejoignent pas le groupe. L'accord a contri-bué à pousser les prix du pétrole au-des-sus de 50 dollars le baril, avant de dimi-nuer après que plusieurs membres eurentcontesté les estimations de la productionqui déterminent la taille des réductions. Ledéfaut de mettre en œuvre l'accord dumois dernier va faire mal aux producteursde pétrole, selon une mise en garde d’unhaut responsable du cartel pétrolier.Pour rappel, l'OPEP a convenu dans lacapitale algérienne, le 28 septembre, deréduire la production entre 32,5 millions à33 millions de barils par jour, contre envi-ron 33,4 millions. La réunion de vendredidernier des experts techniques desmembres du groupe était destinée à finali-ser les détails de la façon dont ces quotasd'approvisionnement seront partagés. Lespourparlers avec les pays non membres del'OPEP, samedi, ont cherché à obtenir uneplus grande participation dans les réduc-tions.Aucun des pays qui ont assisté à laréunion de vendredi n’a précisé combien ilétait prêt à réduire sa production, a décla-ré un délégué qui a requis l’anonymat. Desprogrès ont été faits sur la méthodologie àutiliser pour l'attribution des quotas deproduction individuels, a ajouté le délé-gué.Samedi, a été discuté l’apport des paysnon membres de l'OPEP. Les participantsont discuté des différences entre la pro-duction propre de pétrole et les donnéesdes nations utilisées dans les propres esti-mations de l'OPEP, qui ont été contestées

par les membres, y compris l'Iran, l'Irak etle Venezuela.La Russie a réitéré qu'elle est prête àgeler sa production, plutôt que de la limi-ter, mais seulement s'il y a un accord inter-ne de l'OPEP d'abord. Le plus grand pro-ducteur de l'OPEP hors OPEP a atteint unniveau de pompage record d'environ 11,1millions de barils par jour.avErtissEMEntsA l’ouverte de la réunion à Vienne, leSecrétaire général de l’Opep, MohammedBarkindo, a averti des conséquences si lesproducteurs ne suivent pas l'accord d'Al-ger. Le redressement des prix a déjà prisbeaucoup trop de temps et les produc-teurs ne peuvent pas risquer de retarderdavantage, a-t-il dit.

« La non-mise en œuvre de cet accordpourrait conduire au retardement du pro-cessus de rééquilibrage, avec une nouvelledétérioration des conditions financières etdes revers dans les investissements se pro-longeant sur trois années, ce qui serait sansprécédent », a déclaré Barkindo, selon unetranscription de son discours posté sur lesite Web de l'OPEP. "Nous devrions appe-ler à un engagement maximal de tous lespays de l'OPEP et non OPEP."Les représentants de l'Azerbaïdjan, duBrésil, du Kazakhstan, du Mexique,d’Oman et de la Russie ont assisté à laréunion de samedi avec les représentantsdes Etats membres de l'OPEP. Ces pays ontproduit collectivement environ 19,6 mil-lions de barils par jour de pétrole l'annéedernière, environ 21% de l'offre mondialeet équivalant à la moitié de la productionde l'OPEP, selon la Revue statistique de BP.

déFiLes prix ont augmenté de 1,1 % à NewYork. Pendant ce temps, l’agence Reuters arapporté que l'Arabie saoudite et ses alliés

du Golfe de l'OPEP sont prêts à réduire de4 % leur production de pétrole, citant dessources proches du dossier. Le Secrétairegénéral de l’Opep, Mohammed Barkindo, aexhorté les membres à faire preuve d’une« flexibilité maximale » dans l'accord sur lesquotas de réduction, après avoir dit mardique le groupe est confronté à son « plus dur» défi.Le pétrole a fluctué à près de 50 dollarsle baril dans l'incertitude de savoir sil'Opep pourra mettre en œuvre ses pre-mières réductions en huit ans lors d'uneréunion officielle en novembre. Un comitéde l'OPEP se réunira cette semaine pourtenter de résoudre la question des quotasindividuels des pays, surtout après quel'Irak ait rejoint la liste des pays qui cher-chent une exemption de réduction duquota de production.Le ministre du Pétrole irakien JabbarAl-Luaibia dit précédemment que son paysne devrait pas avoir à réduire sa produc-tion, car il mène une guerre contre le ter-rorisme. Le Nigeria, l'Iran et la Libye sont,eux, exemptés des réductions. A propos de l'Irak, M. Barkindo a ditqu'il travaillerait avec les membres à sur-monter les « défis et incertitudes » du mar-ché et les a exhortés à parvenir à un accord». Pas de retour en arrière Le ministrealgérien de l'Energie, Noureddine Boutar-fa, a fait savoir qu’il n'y a « pas de retour enarrière » sur l’accord d'Alger et que le 30novembre à Vienne le sommet du groupeva fixer des quotas.

« Le marché est de plus en plus convain-cu qu'il n'y aura pas de réductions de pro-duction significatives de l'OPEP et la Russie,même si un accord est conclu », a déclaréClayton Rogers, un courtier du New Jersey.

K.a.b

RÉDUCTION DES QUOTAS DE PRODUCTION DE PÉTROLEun processus lent et compliqué

Des désaccords internes de l'OPEP sur la façon de mettre en œuvre des réductionsd'alimentation en pétrole convenus au mois dernier à Alger ont empêché un accord

pour assurer la coopération des autres grands fournisseurs.

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algérie415

Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016DU CARBURANT ALGÉRIEN POUR PALLIER LA SUPPRESSION DES LIVRAISONS SAOUDIENNESalgérie-égypte : nouvelle lune de miel ?Les relations algéro-égyptiennes connaissent, depuis quelques semaines, un

rapprochement inédit : échange de visites des hauts responsables, ballet des ministreset prises de positions similaires sur des questions régionales et internationales…

4par boualem rabah

C’est peut-être pour la pre-mière fois depuis la crisenée suite à l’agression, en2009, de l’équipe nationalede football que les deuxpays connaissent un tel réchauffementdans leurs relations. Certes, un nouvel élé-ment géopolitique survenu tout récem-ment, a changé carrément la donne. Il estmême inattendu. Il s’agit de la dégradationdes rapports entre le pays des pharaons etl’Arabie saoudite, qui était jusque-là sonallié et son principal bailleur de fonds. Leroyaume wahhabite n’a pas apprécié lanouvelle position du gouvernement dumaréchal Sissi sur le conflit syrien. Il décidealors de le priver de l’énergie, dans unedémarche visant à le sanctionner suite àson vote en faveur de la résolution russe auprofit de Bachar Al Assad. Aussitôt après cevote au conseil de sécurité de l’ONU, legéant pétrolier saoudien Aramco, certaine-ment sur instruction des autorités duroyaume, a décidé de suspendre sans aucunpréavis son approvisionnement en hydro-carbures de l’Egypte. Mais le geste desautorités saoudiennes n’a pas eu l’effetescompté. Au contraire, la décision a ren-forcé les liens de ce pays avec l’Algérie qui,selon d’abord la presse égyptienne reprisepar des journaux algériens, a vite volé ausecours de l’Egypte. « L’Algérie est interve-

nue à la rescousse de l’Egypte pour l’appro-visionner en carburants après la rupture del’alimentation par ces produits de la part del’Arabie saoudite », avait annoncé au débutdu mois d’octobre dernier, le journal égyp-tien Edoustour. Selon le même journal, lepremier navire transportant quelque300.000 tonnes de carburants, a été déjàenvoyé au port d’Alexandrie. Ce qui repré-sente près de la moitié des livraisons saou-diennes estimée à 700 000 tonnes de pro-duits pétroliers par mois. L’Egypte, rappe-lons-le, importe mensuellement 1,75 mil-lion de tonnes de produits pétroliers, dont40% proviennent du royaume saoudien.

unE siMplE aidE ou nouvEauMarché pour l’alGériE ?Malgré la diffusion de l’information,aucun responsable algérien ou égyptien n’adonné d’explication sur la nature de cettelivraison du carburant. Y-a-t-il un nouveaucontrat entre les deux pays ? L’Algérie rem-

placera-t-elle l’Arabie saoudite sur ce mar-ché ? S’agit-il seulement d’une simple aide ?On n’en sait rien pour le moment. La presseégyptienne qui avait annoncé l’arrivée dunavire algérien chargé de carburant au portd’Alexandrie n’avait pas donné davantagede détails. Cependant un fait confirmel’existence d’un jeu de coulisse qui est favo-rable en ce moment à l’Algérie. Le froid gla-cial qui caractérise les rapports entre LeCaire et Riyad est, visiblement de bon augu-re politique pour notre pays. Dans la fouléede l’annonce de l’envoi par l’Algérie de lapremière cargaison de carburant en Egyp-te, la presse de ce pays donne égalementl’information concernant le premier dépla-cement officiel d’une délégation parlemen-

taire du Sahara Occidental dans le pays. Ils’agit d’une délégation de députés sah-raouis qui a été accueillie à Sharm al Cheïkhoù elle a pris part à la commémoration du150e anniversaire de la création du Parle-ment égyptien. Parmi les illustres invitéssahraouis, figuraient le président du parle-ment, Khatri Addouh et la députée, Suel-meh Beriuck, vice-présidente du parlementpanafricain. La nouvelle fait grincer desdents du côté marocain. Le royaume alaoui-te qui se targue du soutien indéfectible dela majorité des pays arabes, dont l’Egypte,dans son conflit avec le Polisario, se sent «trahi» par le pouvoir de Sissi. La pressemarocaine évoque même « un complot » del’Algérie « qui souhaiterait profiter des diffi-cultés économiques de l’Egypte pour lacontraindre à soutenir la cause sahraouie ».Ce qui n’est qu’une élucubration de journa-listes aveuglés par la mangeoire du Makh-zen. Car la coopération énergétique entrel’Algérie et l’Egypte ne date pas d’au-jourd’hui. L’Algérie était, depuis plusieursannées, exportatrice du gaz butane àl’Egypte.

un accord siGné En 2014Mais depuis 2014, la coopération algéro-égyptienne dans le domaine énergique aentamé une nouvelle phaseplus importan-te. Et cela, suite à la signature d’un accordd’approvisionnement de l'Egypte de750.000 mètres cubes de GNL en 2015.Cela, outre les négociations que les deuxparties ont décidé de mener afin de renfor-cer cette coopération. L’accord en questiona été signé par les responsables de Sonatra-ch et le holding égyptien du gaz (Egas), enprésence du ministre de l'Energie del’époque, Youcef Yousfi et du ministre égyp-tien du Pétrole et des Ressources minières,Chérif Ismaïl, qui était en visite de travail en

Algérie. A cette occasion, les deux parties sesont mises d’accord pour entamer de nou-velles négociations sur la contribution del’Algérie à la couverture de la demandeégyptienne en gaz entre 2016 et 2020. Cesnégociations interviennent après la signa-ture de ce contrat qui prévoit l’exportationde 6 cargos de gaz naturel liquéfié (125.000mètres cubes chacune) vers l’Egypte. Leministre égyptien avait tenu à signaler queson pays « préfère traiter avec l’Algérie enmatière d’approvisionnement en gaz natureldu fait qu’elle compte parmi les plus grandsexportateurs au monde ». Du côté algérien,le ministre de l’époque avait précisé que lescargaisons algériennes sont « faibles parrapport aux capacités de Sonatrach » ajou-tant que « les prochaines négociations per-mettront à la compagnie nationale deshydrocarbures d’augmenter encore plus sesapprovisionnements vers l’Egypte». Les deuxpays envisageaient même de créer unejoint-venture d’exploration et de prospec-tion, de renforcer leur échange d'expé-riences dans le domaine de l'exploitationdu gaz de schiste et de forage offshore ainsique la production du GNC. Cette importan-te coopération pourrait s’intensifier dansles semaines et les mois à venir. Surtout siles relations entre l’Egypte et l’Arabie saou-dite ne s’améliorent pas de sitôt. La signa-ture d’un nouveau contrat pour l’exporta-tion du pétrole, de l’essence et du fuel,serait une autre aubaine pour l’Algérie. Lepays pourrait ainsi s’ouvrir les portes d’unnouveau marché en Orient. Cela est trèsplausible, car l’Egypte n’est pas seulementen désaccord avec l’Arabie saoudite. Prati-quement tous les pays du golf lui tournentle dos, dont le Qatar, accusé d’avoir joué untrès mauvais tour à l’Egypte durant les évè-nements appelés communément «prin-temps arabes ». b. r.

Président d’égypt : Abdel Fattah al-Sissi

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4parKamel Aït Bessai

Les économistes n'aiment pas for-cément se mêler de politique.Mais l'heure est suffisammentgrave pour que 18 Prix Nobel,tous Américains, prennent leurplume et signent un manifeste contreDonald Trump. « Ses propositions mena-cent les fondements de la prospérité améri-caine et plus largement, l'économie mon-diale », font-ils valoir dans un texte publiécette semaine.Prenant pour exemples « son comporte-ment irresponsable, revenant à déclarer laguerre commerciale à certains de nos plusgrands partenaires économiques », sonprojet de renvoyer dans leurs pays des mil-lions d'immigrés clandestins et sa volontéd'offrir des milliers de milliards de baissesd'impôts, sans les financer - en laissantmême entrevoir la possibilité que les Etats-Unis fassent défaut sur leur dette.

citiGroup : cE sEra la récEssionMondialEDonald Trump à la présidence des Etats-Unis. Un scénario catastrophe pour l'écono-mie mondiale qui tomberait immédiate-ment en récession, expliquent des expertsde la Citigroup.Sacrer Donald Trump président desEtats-Unis pourrait provoquer un ralentis-sement de l'économie du pays, mais ausside la planète. Ce sont les conclusions d'unenote de Citigroup dirigée par l'économisteWillem Buiter. "Une victoire de Trumppourrait abaisser la croissance du Produitintérieur brut (PIB) mondial de 0,7 à 0,8"point de pourcentage, affirment les écono-mistes du groupe bancaire. Cela entraîne-rait aussi l'évolution du PIB mondial vers leterritoire de la récession, telle que la défi-nisse ces experts, à savoir une croissancede 2% ou moins sur le globe.

l'incErtitudE, horrEur éconoMiQuEL'élection à la Maison Blanche de l'hom-me d'affaires augmenterait un sentimentd'incertitude prolongé et réserverait alorsdes jours sombres pour l'activité mondiale.L'incertitude, véritable horreur écono-mique, a un impact sur la consommationdes ménages, mais aussi sur les investisse-ments. "La victoire de Trump serait unchoc, certes peut-être éphémère, pour lesmarchés financiers", explique la note deCitigroup. Les investisseurs sont d'ailleursassez sceptiques sur le personnage deDonald Trump, dont les promesses decadeaux fiscaux ne suffisent pas à rassurer.Le groupe bancaire américain Citigroupavait déjà expliqué que les chances derécession étaient plus élevées avec Trumpau pouvoir plutôt qu'avec Clinton : "Toutesses politiques commerciales pourraientnon seulement baisser nos importations,mais elles pourraient aussi provoquer desreprésailles de la part de nos exportateurset du coup réduire notre commerce dans saglobalité", expliquait William Lee, chef del'économie nord-américaine à Citigroup, le17 août à la CNBC.

dEs sondaGEs EncorE déFavorablEs à truMpLa note de Citigroup estime qu'HillaryClinton va gagner, à 65 %. Les économistes

de Citigroup seraient alors rassurés de voirla candidate démocrate victorieuse, car ellereprésente selon eux une garantie de gar-der la même politique économique stable.Selon un nouveau sondage publié jeudipar l'institut de l'université Quinnipiac, lecandidat républicain à la Maison Blancheest crédité de 41% des intentions de votesdes Américains contre 51% pour HillaryClinton.josEph stiGlitz : tirEr lEslEçons dE l'épisodE truMpLe prix Nobel d'économie, Joseph E. Sti-glitz et professeur à l'université Columbiade New York se pose la question « Com-ment le prétendant le moins compétent detoute l'histoire de la présidentielle améri-caine a-t-il pu si longtemps tenir face à unerivale exceptionnellement bien préparée ?» La crise financière aura été un tournantpour les Américains.« J'ai voyagé à travers le monde ces der-nières semaines et un peu partout on m'aposé deux questions : Donald Trump peut-il remporter l'élection présidentielle améri-caine ? Comment se fait-il qu'il ait obtenul'investiture d'un parti politique ? », s’inter-roge l’éminent économiste.En ce qui concerne la première ques-tion, bien que les prévisions soient encoreplus risquées en politique qu'en économie,c'est probablement Hillary Clinton quil'emportera. Néanmoins, le faible écart quia longtemps prévalu entre les deux candi-dats reste un mystère : de toute l'histoiredes présidentielles, Clinton fait partie descandidats les plus compétents et les mieuxpréparés que les Etats-Unis n'aient jamaiseus, tandis que Trump est l'un des moinscompétents et des plus mal préparés. Et il a

pu rester en lice malgré un comportementqui, dans le passé, aurait annihilé toutes leschances d'un candidat. Dans ces conditions,pourquoi les Américains jouent-ils à la rou-lette russe (c'est bien la réalité dans lamesure où il a une chance sur six de l'em-porter) ? C'est la question que se pose lereste du monde, car le résultat de l'électionl'affectera, alors qu'il ne participe pas auprocessus.Cela nous conduit à la deuxième ques-tion : pourquoi le Parti républicain a-t-ilsélectionné un candidat que ses propresdirigeants rejettent ?Nombre de facteurs ont aidé Trump àl'emporter sur ses 16 concurrents républi-cains de la primaire. La personnalité joueun rôle et certaines personnes ont paruséduites par son personnage de la téléréali-té. Mais quelques facteurs sous-jacents ont,semble-t-il, contribué à ce que la coursesoit aussi serrée. Tout d'abord, beaucoupd'Américains sont en moins bonne situa-tion financière qu'il y a vingt-cinq ans. Lerevenu médian des salariés à plein-tempsde sexe masculin est inférieur à ce qu'ilétait il y a quarante-deux ans, et il est deplus en plus difficile aux personnes peuéduquées d'obtenir un emploi qui leurgarantisse un salaire décent.Il n'est donc pas surprenant que Trumptrouve un auditoire important et trèsréceptif quand il déclare que la situationéconomique est pourrie. Mais il se trompe àla fois sur le diagnostic et sur le remède.Globalement, depuis soixante ans les per-formances de l'économie américaine sontbonnes : le PIB a été multiplié presque par6. Mais les fruits de la croissance ont béné-

ficié à un relativement petit nombre de per-sonnes fortunées - des gens comme Trump,dont la fortune tient en partie à des baissesd'impôt massives qu'il veut étendre etaccroître.Parallèlement, les réformes (comme lalibéralisation des échanges et de la finance)dont les dirigeants politiques promettaientmonts et merveilles pour tous n'ont pasporté leurs fruits. Ceux dont le niveau devie a stagné ou baissé en ont tiré uneconclusion simple : soit les dirigeants amé-ricains ne savent pas ce dont ils parlent,soit ils mentent (ou encore les deux).Pour Trump tous les problèmes du paystiennent au commerce et à l'immigration. Ilse trompe. La désindustrialisation aurait eulieu même sans la mondialisation : lesemplois industriels ont baissé au niveaumondial parce que la croissance de la pro-ductivité excède celle de la demande.Aussi, beaucoup d'Américains se sen-tent la proie de forces qu'ils ne maîtrisentpas, avec des conséquences manifestementinéquitables. Le postulat profondémentenraciné selon lequel l'Amérique est laterre de tous les possibles et chaque géné-ration vit mieux que la précédente estremis en question. La crise financière mon-diale a sans doute constitué un tournantpour beaucoup d'électeurs américains : legouvernement a secouru les riches ban-quiers qui ont failli pousser les Etats-Unisdans le précipice, tout en donnant l'impres-sion de ne pas faire grand-chose pour lesmillions d'Américains qui ont perdu leurtravail et leur maison. Non seulement lesystème s'est montré inéquitable, mais ilsemble avoir été organisé pour cela.La popularité de Trump tient au moinsen partie au mécontentement plus oumoins généralisé lié à la perte de confiancedans les dirigeants. Mais sa politique aggra-verait encore la situation. Les mesures qu'ilpropose, supposées avoir des consé-quences bénéfiques pour tous, mais orien-tées en faveur des plus riches (des baissesd'impôt au bénéfice presque exclusif desriches et des entreprises), ne produiraientpas de meilleurs résultats que la dernièrefois que l'on y a eu recours.Trump voudrait déclarer la guerre com-merciale à la Chine, au Mexique et àd'autres partenaires commerciaux desEtats-Unis. Cela appauvrirait tous les Amé-ricains et serait un obstacle supplémentai-re à la coopération internationale, indis-pensable face à des problèmes mondiauxcruciaux tels que l'Etat islamique, le terro-risme international ou le réchauffement cli-matique. Utiliser des fonds qui pourraientêtre investis dans la technologie, l'éduca-tion ou les infrastructures pour construireun mur entre les Etats-Unis et le Mexiqueconstituerait un gaspillage sans nom.La leçon de l'épisode Trump est qu'ilfaut à nouveau réécrire les règles de l'éco-nomie, mais cette fois-ci au bénéfice del'ensemble des citoyens. Aux Etats-Unis etailleurs, les dirigeants qui n'en feront riendevront rendre des comptes. Tout change-ment comporte des risques. Mais l'émer-gence de Trump et nombre de situationsanalogues en Europe révèlent un risquebeaucoup plus grand qu'il y aurait à ignorerce message : le risque d'une société divisée,d'une démocratie menacée et d'une écono-mie affaiblie.K.a.b.

SES POSITIONS SUR LE COMMERCE ET L’IMMIGRATION SUSCITENT DES INQUIÉTUDEStruMp MEt lEs éconoMistEs

En état d’alErtEDonald Trump menace les fondements de la prospérité américaine et plus largement, l’économie mondiale,

estiment des économistes renommés.

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016éléctions américaines

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016art De vivre

LA CABANEunE brassEriE pas coMME lEs autrEs

Envie d’un petit déjeuner sympa en lisant le journal ou en se détendant avant de commencer une journée detravail bien remplie ? Désir de cuisine italienne, de délicieux cocktails à base de fruits frais ou d’une grillade bien

garnie ? La Cabane à Chéraga est assurément l’un de ces endroits fait pour vous.

4par patricia Mazy

L’accès très facile vous permetde garer votre voiture entoute sécurité dans le parkingprivé, l’ambiance y est trèsconviviale et la nourritureexcellente. Seul, accompagné ou en famillec’est un endroit où l’on peut se détendrepour mieux apprécier les plats d’une cartequi vaut la peine d’être lue et dont la lectu-re dévoile déjà la qualité des produits madein Algeria. Seul le saumon et quelques fro-mages échappent à la règle mais seulementpour offrir à la clientèle de vrais produitsfrais et de terroir dans tous les domaines.Les recettes, quelles soient algériennes, ita-liennes ou norvégiennes font preuve d’ori-ginalité et d’une recherche d’authenticitépour chaque cuisine nationale. La présenta-tion est particulièrement soignée et tout estmis en œuvre pour le plaisir du client.Quelques plats parmi tant d’autres, don-nent une idée de la qualité du concept :

salade norvégienne: Bol de salade,tranches de saumon, crème de fromage aucitron et ciboulette, blini, vinaigrette aucitron.Escalope à la parmigiana : escalopepanée et son lit de sauce tomate, tranched’aubergine grillée, gratinée à la mozzarel-la accompagnée de spaghetti sauce tomate.Entrecôte du chasseur : champignonsde paris frais, crème fraîche, moutarde àl’ancienne, pomme de terre en papillote etsa crème fraîche à l’Emmental grillé. Les pâtes et les pizza donnent l’impres-sion d’être dans un vrai restaurant italienet les gourmands doivent absolumentessayer les desserts qui entre crêpe, tirami-su, glaces artisanales et crème brulée sontun délice pour les papilles ! La Cabane est sans conteste, un endroittrès sympa où selon les heures de la jour-née et de la soirée s’allient le plaisir des bis-

trots parisiens à ceux de la Trattoria et durestaurant gourmet. Un plaisir à partagersans modération !son diriGEant, lotFi antri bouzar

nous En parlE :

Quel est le concept de votrerestaurant ?La Cabane propose une large gamme deproduits, des salades, des pizzas, desgrillades et d’autres. Notre force, c’est lapizza on ne travaille qu’avec des produitsfrais, Champignons, mozzarella, tomatesfraiches… On privilégie les produits artisa-naux et les produits du terroir.Quand on voit votre carte, on pense

un peu à celle d’un snack mais quandon lit la composition, on est surpris parla recherche et la finesse des plats.

Tout à fait, les montages d’assiette sonttravaillés, c’est un semi-gastro. Une brasse-rie à tendance cuisine italienne avec lapizza métro qui est typique du Bel Paese.Dernièrement, on a introduit la glace ita-lienne artisanale fabriquée sur place avecdes fruits frais pour les sorbets.

Votre restaurant est bien situé, faciled’accès avec un grand parking.Pourquoi avez-vous choisi Chéraga ?On est dans une zone industriel où il n’ya pratiquement pas de restaurant et on arépondu à un besoin local dans un endroitcalme où par exemple une femme seulepeut venir prendre son petit déjeuner àpartir de 7 H du matin. L’ambiance estdétendue et on est ouvert jusque minuitnon stop. Votre clientèle est plutôtprofessionnelle ?En fait, elle est mixte. La journée, on a leprofessionnel de 7 h du matin jusqu’à 16 h,puis de 16 h à 19 h c’est plutôt un salon dethé. On reçoit des gens de tous les âges et

le soir c’est surtout familial avec lesenfants. Nous avons beaucoup d’anniver-saires et, tout dernièrement, le soir, on aintroduit des orchestres de jazz, de varié-tés françaises et américaines pour le wee-kend.Vous avez aussi un local pour lesgrillades.Oui. On vient d’inaugurer le restaurantqui s’appelle la Broche. C’est un restaurantqui fait des brochettes royales mais égale-ment le burger cuit à la braise avec dessauces italiennes ou, du moins, plus origi-nales que celles que l’on a l’habitude demanger. On essaye toujours d’apporterune touche d’originalité et on n’utilise quedes produits de qualité. En janvier, on vaouvrir une salle pour séminaires qui pour-ra recevoir entre 200 et 300 personnes.Elle aura sa propre cuisine, sa propre équi-pe et ce sera une salle destinée aux ban-quets. Comment se gère une telle structure ?C’est un apprentissage quotidien. Il y ala logistique pour la gestion du personnelqui travaille par équipe, une autre pour lacomptabilité, pour les approvisionne-ments, pour les fournisseurs sachant quel’on travaille avec des produits frais ce quiexige des livraisons quotidiennes. Ces pro-duits frais viennent exclusivement d’Algé-rie. Pour les légumes, on essaye de tou-jours s’adapter à la saison afin de ne passortir du contexte local. Il n’y a que le sau-mon qui est un produit d’importation etquelques fromages comme le parmesan.Mais pour la mozzarella et les champi-gnons frais par exemple, on fait appel à desproducteurs locaux.Quand vous avez créé ce concept derestauration, quel était votre butprécis ?On voulait que les clients se retrouventdans un endroit agréable, spacieux où ils

peuvent être à l’aise, où les enfants peu-vent marcher et courir en toute sécurité.Même si l’enfant s’échappe quelques ins-tants, il n’y a pas de voitures ni de circula-tion comme sur un boulevard. Le voletsécuritaire est très important dans l’espritdes gens, donc on a essayé de s’appuyersur ce point. Il y a aussi des petits manègeset, dans nos projets, il y aura un espaceenfants sous forme d’un chapiteau danslequel il y aura des manèges gratuits pourla clientèle.Pour la restauration, on veut donner uneassiette gourmande. Ma femme aime cemétier et le connaissait déjà avant qu’onouvre ce restaurant. On est très exigeantssur la qualité des produits, sur la manièredont ils sont cuisinés et sur la présenta-tion.Pour les entreprises, vous proposezquelque chose en particulier ?Oui, sur présentation de la carte profes-sionnelle des entreprises qui nous entou-rent sur Chéraga, on va faire une remisespécifique pour cette clientèle. On aimeraitbien créer chez nos voisins entrepreneursun esprit de cantine, c'est-à-dire qu’ilspeuvent venir chez nous aussi bien pourprendre un café ou manger une glace quepour manger un plat ou faire un repas. Ungenre d’abonnement que l’on peut traiteravec le service social de l’entreprise sousforme de tickets restaurants avec des prixpréférentiels pour que leur personnel soità l’aise pour déjeuner par exemple. Vous êtes aussi très facile d’accèspour tout le monde.Oui lorsque vous êtes sur l’autoroutevous sortez à Chéraga ouest, on monte surle boulevard et on rentre sur le parking àdroite. Pour la sortie, on peut reprendredirectement la direction d’Alger aprèsavoir traverser le pont. En terme d’accès,c’est vraiment très facile à tout point devue car on n’a pas besoin de rentrer dansChéraga. p. M.

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En réalité, la vraie révolution duNet concerne l’explosion del’information-service qui ouvreun marché considérable pourdemain. Et l’on rêve finalementque vitesse, performance et rationalitédeviennent identiques pour l’information-presse et l’information-connaissance, deuxtypes d’informations pourtant beaucoupplus complexes à produire et à interpréter.Le monde de demain ne peut exister avecl’étalon de l’information-service. Celle-ci est la vraie victoire d’Internet àcondition de rappeler que la même perfor-mance technique existant pour l’informa-tion-presse, l’information-connaissance etmême l’information relationnelle ne créepas la même vitesse de compréhension etd’action. L’idéologie technique, c’est finale-ment établir un continuum pourtant impos-sible entre information, technique et com-munication. Préserver les discontinuités estindispensable. Reste, à coté de cette ratio-nalisation de l’information, la question poli-tique du rôle des réseaux sociaux quiconstituent un espace d’expression, de cri-tique, d’innovation, mais aussi de rumeurset de mensonges. En tout cas, avec près d’unmilliard de comptes, cela crée un vrai chan-gement, en moins de dix ans. Avec deuxsolutions. Soit cette capacité d’expressioncontribue à restructurer un espace critique,avec ses discours et ses nouvelles pratiquesfacilitant non pas un « espace public mon-dial », mais un appel d’air pour inventer unepolitique plus transversale. Internet à lahauteur de nouvelles utopies politiques.Soit après plusieurs années record d’ex-pression, on constatera une usure, liée à ladifficulté à changer les rapports humains etsociaux. On assisterait alors à une sorte derationalisation de l’expression et de la ges-tion des relations humaines et sociales.Pourquoi pas ? Mais rien de révolutionnairelà-dedans. Il y a douze ans, quand j’ai publié deuxlivres sur Internet, on discutait encore dubien-fondé, et des limites, de cette révolu-tion technique en le comparant avec lesprécédentes. On se posait la question de lafinalité de cet univers. Bref, il existait enco-re un espace critique, même s’il n’était pasgrand ni très légitime. Aujourd’hui, touts’est refermé. Il est beaucoup plus difficiled’ouvrir une discussion contradictoire.L’anathème surgit : conservatisme, passéis-me, techno phobie… c’est actuellement l’undes sujets de société où l’idée même decontraction et d’ironie, de mise à distance etd’interrogation, est la moins acceptée.Même l’idée de régulation qui est en géné-ral la base de la démocratie n’est pas rete-nue ici. Elle devient synonyme d’atteinteaux libertés, alors même que depuis tou-jours on sait, notamment en matière d’in-formation et de communication, qu’il n’y apas de liberté sans lois.Internet est un peu le substitut de l’uto-pie politique en panne, car nul ne douteque, s’il y avait de grands combats collectifs,tout cela serait relativisé. De moyen, ildevient une fin. Même si le « village global» n’a pas suffi à créer ni communication nitolérance entre les hommes et les civilisa-tions, le mythe perdure et se redéploie surinternet. Cette croyance ne s’explique passeulement par le discours des industriels,des médias et de quelques politiques, maisaussi parce qu’Internet est l’idéologie dumoment, à la fois technique, humaniste etpolitique. Avec comme symptôme la courseà des « tuyaux » de plus en plus larges duWeb 2,0 au Web 3,0 en attendant 4,0. Avecde plus en plus d’informations dans tous lessens. L’utopie politique d’un monde nou-veau se réduit à un accroissement sans fin

du volume et de la vitesse de circulation del’information. Mais pour quels contenus etquelle communication ? Le haut débit Inter-net pour tous en Europe, en Chine, en Inde,en Afrique ? Pourquoi pas ? Mais pour quel projet desociété, de cohabitation des cultures ?Echanger de plus en plus vite des informa-tions n’a jamais fait une civilisation.D’abord parce que l’accroissement desinteractions et du virtuel ne garantit nulle-ment une amélioration du nombre et de laqualité de la communication .Un exemplede ce réductionnisme technique ? Au nomde la démocratie, on considère qu’il doit yavoir aujourd’hui dans les pays riches, etdemain pour tout le monde un accès égali-taire à Internet. Mais simultanément, desrégions entières, voire des pays deviennentde véritables déserts. En tout cas, de radi-cales inégalités se développent notammentpar rapport au processus implacable deconcentration urbaine dans le monde. Etsans que cela ne suscite aucune interroga-tion. Comme si l’accès à internet suppri-mait toutes les autres inégalités et n’encréait pas de nouvelles. Pour l’instant, toutce qui tourne autour d’Internet semblesymboliser l’intelligence. Alors l’intelligen-ce et l’anthropomorphisation sont partout ;on parle des objets intelligents, de l’hommeaugmenté, de l’intelligence ambiante, desobjets communicants, des maisons intelli-gentes (domotique), des digital natives, etc.,bref, dès qu’il y a des capteurs de l’informa-tion et de l’interaction, il y a de l’intelligen-ce…Alors que faire ? Ce que je proposedepuis plus de dix ans, à la suite du livreInternet et après ? : sortir de la performan-ce immédiate ; introduire de la politique,réintroduire l’histoire et la comparaison,penser. Se poser aussi cette questionsimple : pourquoi le symbole de la liberté,le Net, est-il un filet, un réseau, en tout casun mot qui renvoie à l’enfermement ? Fina-lement, de quelle liberté est-il question ?Bref, prendre des mesures de deux ordres.D’une part, organiser cette liberté par l’au-torégulation des acteurs. Conceptsd’ailleurs parfaitement en phase avec l’idée

d’une discussion pluraliste. L’homme n’estpas meilleur sur Internet que sans Internet.Pour cela, il est évidemment nécessaire delutter contre la concentration technique etéditoriale à l’échelle du monde. D’autrepart, introduire des règles, des interdits,des sanctions, au plan mondial, pour éviterque cette technique s’évanouisse dans lesmirages de l’histoire de l’émancipation.Enfin, ouvrir ce débat fondamental pour

l’avenir, de la différence de nature entreinformation et communication. Le Net sym-bolise la victoire écrasante de l’information; la question suivante, plus compliquée,concerne la relation et le rapport à l’autre.Comment passer du sens de l’informationaux innombrables faux sens et contresensde la communication et de l’incommunica-tion avec autrui ? d. W.

Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016

418 Wolton…aDes

4par dominique Wolton

INTERNET ET LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATIONles enjeux théorique et contoporain

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CHRONIQUE D’UN BAS DE LAINESILA, SELON…

Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016

Il s’agit du 21e Salon internationaldu livre d’Alger, appelé communé-ment SILA d’Alger. ToujoursAlger. Et comme toutes lesannées passées, je suis parti à

Alger, pour les voir de prêt et creverma pauvre besace de blédard déjà bienamaigri par le quotidien des souks heb-domadaires… qui n’en finissent jamais.Dès que le chargé de communicationde la maison d’édition me demandaquel jour j’aimerais être programmépour la vente-dédicace de mon dernierouvrage, sans hésiter, je lui fis savoirqu’il peut aller pour le vendredi, 28octobre. Vous avez sûrement devinépourquoi ? Car le vendredi, le traficroutier est plus ou moins fluide dansles rues d’Alger, chose qui convient ànous autres les « communaux » (nepas confondre avec communards) dupays profond. A six heures et quelquespoussières de temps, juste après laprière de l’aube, je prends la route.Trois heures après, à neuf heures tren-te exactement, avec un seul arrêt pourfaire le plein d’essence, j’emprunte labretelle menant à la SAFEX au volantde mon tacot à trois bougies. Déjà il yavait du monde. Je me mets en file der-rière les autres voitures pour rentrer auparking. Je remarque une nouveautépour cette année. Il y a une barrièreautomatique avec retrait du ticket enappuyant sur un bouton vert. Le paye-ment du stationnement se fera à la sor-tie. D’emblée, j’imagine la cause et l’ar-naque. Quelques minutes s’écoulèrentavant de me décider où garer, aprèsavoir détecté presque toutes les imma-triculations du pays. Avec la démarche ankylosée du voya-geur, je rejoins l’entrée des pavillons.Les portes ne s’ouvriront qu’à partir dedix heures, j’ai largement le temps,sauf votre respect, pour une visite auxvespasiennes (allez savoir pourquoi lesa-t-on appelé ainsi) et un café bienchaud pour me remettre les idées enplace. Je mets mon compteur dedébours en marche avec les 20 dinarsque je remets au préposé des vespa-siennes. S’ensuit juste après 50 dinarspour un café et, s’il vous plaît ! 200dinars pour une tranche de gâteau. Il yavait même ceux qui se restauraient enbonne (et due) chère de si bon matin. A dix heures les portes s’ouvrent. Unecohue s’agglutine devant les portes dupavillon central. Le fameux « C » quetous les éditeurs courent après. Ilparaît que la SAFEX (société vestigedes années du socialisme, créée pourla gestion des foires et de l’exportation!?) met la barre très haut devant lesacquéreurs potentiels. Mais là n’estpas le sujet de ma chronique et je n’ainullement l’intention de m’y attarder.Revenons donc au livre, roi pourquelques jours au pays 10où on ne litpas. Ou peu. J’attends patiemment que la voie selibère et je m’engouffre dans l’arène demon ami fidèle. L’odeur du papier titillemes narines et m’incite à presser lepas. Devant le stand des éditionsENAG, je m’arrête, comme ça, sanspriorité ni préférence. Je fais un tourd’horizon. Il y a tous les classiques dela littérature arabe. De Gibran à El-Kawakibi. Les prix sont plus ou moinsabordables. La série El-Anis est tou-

jours là avec sa panoplie des clas-siques français traduits en arabe. Surune table sont alignés les romans deWaciny Laredj. Je feuillette quelquesuns, puis j’opte pour « 2084, l’histoiredu dernier arabe » dans sa versionArabe, Hikayat el-Arabi el-Akhir (leroman, comme on le sait, avait fait ungrand bruit sur fond de polémique aveccelui de Boualem Sansal : 2084, la findu monde . J’hésite un moment avantde me décider. Je dépose 1000 dinarsdevant le caissier, je le salue et je pour-suis ma quête avant mon rendez-vousde quatorze heures. Quelques instantsaprès, et tout en jouant des coudes,j’arrive devant un stand du pays ducèdre tenu par un sympathique Liba-nais. Une panoplie bien diversifiée deromans m’attire. Je prends le premier.Son titre m’intrigue : 1Q88. C’est lelivre 3 (Octobre-Décembre) du Japo-nais Haruki Murakami. Je demande aumonsieur si les livres 1 et 2 sont dispo-nibles. « Cherchez monsieur, car ilssont mal rangés », me dit-il. Puis ilajoute : « c’est huit cents dinars leroman. » Je pose le livre et je commen-ce à chercher les deux autres tomes.En me voyant traîner, le monsieurrevient et me dit : « Je crois que je n’aique celui-là. » J’hésite un moment,puis un autre titre m’attire : L’univers àportée de main de Christophe Galfard.C’est un jeune physicien français quis’est mis à l’écriture. Il est aussi co-auteur avec le grand physicien britan-nique Stephen Hawking du livre Lessecrets de l’univers. La cosmologiem’a toujours intéressée, car en plusdes connaissances scientifiques etépistémologiques, elle pose aussi lesproblèmes philosophiques de l’existen-ce. Quand je reviens à Murakami, jetrouve le livre dans les mains d’unedame. J’attends un instant, puis je luidemande : « Vous le prenez madame ?» « Oui, si je trouve les 1 et 2 », me dit-elle. Au moment de me décider depayer celui que j’avais dans ma main etreprendre ma balade des gens heu-reux, la dame me fait savoir qu’ellevient de trouver un deuxième exemplai-re de Murakami. Je le prends, la remer-cie, je règle l’addition à 1600 dinars etje m’éloigne…Je flâne. Solitaire au milieu de la foule.Les étalages posent et proposent detout. Je suis heureux comme un pois-son dans l’eau. Au niveau de quelquesstands, tels ceux d’Hachette et Galli-mard, et même ceux d’Egypte et d’Ara-bie saoudite, les chalands se bouscu-lent presque. « Ce n’est que le deuxiè-me jour, je me suis dit. Qu’en sera-t-ilau cinquième et sixième ? »Aussi incroyable que cela puisseparaître dans un lieu de culture etd’échange d’idées, qu’il y ait desstands « snob ». Je remarque qu’ilssont plus affairés à mettre du « m’as-tu-vu » à leurs livres que du marketingpour bien vendre. D’ailleurs, on ne sebousculait pas chez eux. Ils se disent,sans vraiment le dire, qu’ils sont édi-teurs pour l’élite. La littérature qui n’estpas adaptée par le peuple n’est pas dela littérature. Passons…Je m’arrête devant le stand Eyrollestenu par des libraires d’Alger. Unroman de jeunesse m’intéresse. Jepense l’offrir à ma fille. Je le feuillette

et je trouve le sujet intéressant mais à1800 dinars, je trouve le prix un peuexcessif. Un autre ouvrage me clignede l’œil. Citations pour mieux vivre,c’est son titre. Je le prends et lefeuillette. Je tourne quelques pages. Jetombe sur la citation : « L’argent n’apas d’odeur ». Et comble de chroni-queur, je trouve la réponse à ma ques-tion des vespasiennes. Entre 69 et 79Ap-J.C, l’empereur romain Vespasiendécida, pour renflouer les caisses del’Etat, de rendre la collecte des urinesobligatoire pour les vendre aux tan-neurs de cuir qu’ils utilisaient commedégraissant. Pour collecter les urines,il fallait construire des lieux d’aisance.Et au 19e siècle, quand l’idée des toi-lettes publiques s’imposa dans lesvilles (sauf dans les nôtres), et encontresens de l’histoire, on désigna lestoilettes sous le vocable de vespa-siennes croyant que l’empereur Vespa-sien avait inventé les toilettespubliques, mais en vérité, l’empereurromain avait inventé l’impôt sur l’urine.Voilà pour l’histoire des vespasiennes,mais qu’en est-il de l’odeur de l’argent? Les historiens disent que c’est l’em-pereur Vespasien lui-même qui, en vou-lant répondre à son fils Titus choqué eten colère contre cet impôt de l’urine,lui mit sous son nez des pièces d’ar-gent collectées et lui dit : « Sens-tu uneodeur ? » Son fils répondit par la néga-tive. Alors, son père lui dit : « C’estpourtant le produit de l’urine. Et il ajou-ta, sûrement : l’argent n’a pas d’odeur. »Quand je finis de lire la citation et soncontexte historique, j’eus envie d’ache-ter le livre. Il coûtait 1400 dinars. Maisfinalement, j’opte pour le roman de jeu-nesse. Je dis, tout en tendant un billetde deux mille dinars au libraire : « Ilssont un peu chers les livres chez vous.» Le monsieur, tout en me rendant lamonnaie, me dit : « vous êtes intéressépar l’autre aussi ? » Je lui dis : « oui,mais il est un peu cher.» Alors il Prendle livre me le tend et dit : « je vousl’offre… » Sans réfléchir, je lui dis : «vous m’avez eu ! » Il sourit, et reprit : «C’est de la part de la librairie du tiers-monde de la rue Larbi Ben M’hidi. Le temps passe et je m’oublis dansmon jardin secret. Mais ayant débourséla moitié de mon budget de voyage, jeme calme et je sors prendre un peud’air et de nourriture. Quand arrive letemps de la prière du vendredi, jerejoins la petite mosquée juste àquelques pas des pavillons. A quatorzeheures précises je me présente austand de mon éditeur avec la convic-tion de bien terminer ma journéelivresque. Il n’y eu pas la foule des grands jours,mais j’étais satisfait par les quelqueslecteurs qui me rendirent visite. Un amique je n’avais pas vu depuis long-temps, accompagné de son fils, étoffale reste du temps avec nos anecdotesde jeunesse. Une dernière surprise m’attendait à lasortie. Trois cents dinars, je dis bien300, me firent soutirer en guise depayement du stationnement de ma peti-te et brinquebalante voiture. Le SILA,c’est comme ça, c’est selon…

R. E.

Par Rachid EZZIANE

Aussiincroyable quecela puisseparaître dansun lieu de cul-ture etd’échanged’idées, qu’il yait des stands« snob ». Jeremarquequ’ils sontplus affairés àmettre du «m’as-tu-vu » àleurs livresque du marke-ting pour bienvendre.D’ailleurs, onne se bouscu-lait pas chezeux. Ils sedisent, sansvraiment ledire, qu’ilssont éditeurspour l’élite. Lalittérature quin’est pasadaptée par lepeuple n’estpas de la litté-rature.

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016littérature420

LES NOUvEAUx MAîTRES DU MONDE (ET CEUx qUI LEUR RéSISTENT) DE JEAN ZIEGLERla guerre mondiale contre

les pauvres se poursuit 4par rachid Ezziane

« Loin, loin de toi se déroule l’histoiremondiale, l’histoire mondiale de tonâme »

Frantz Kafka« Aujourd'hui dans le monde, toutes

les sept secondes, un enfant de moins de10 ans meurt de faim. Le plus souventvictime d'un impératif et d'un seul, celuides maîtres du monde : le profit sansborne. Ces nouveaux maîtres du monde,ce sont les seigneurs du capital financiermondialisé. Au cœur du marché globali-sé, le prédateur. Banquier, haut respon-sable de société transnationale, opéra-teur du commerce mondial, il accumulel'argent, détruit l'Etat, dévaste la natureet les êtres humains. Ce livre révèle sonvisage, analyse son discours, dénonceses méthodes. Des mercenaires dévouésservent l'ordre des prédateurs au sein del'Organisation mondiale du commerce,de la Banque mondiale, du Fonds moné-taire international. Ce livre suit à latrace les satrapes de ces institutions au-dessus de tout soupçon, démonte l'idéo-logie qui les inspire et jette une lumièrecrue sur le rôle joué en coulisses parl'empire américain.

Mais un peu partout dans le monde,la résistance s'organise au sein de l'ex-traordinaire front qui fédère tant derefus locaux porteurs d'espérance. C'estla nouvelle société civile planétaire,dont Jean Ziegler montre ici la richesse,la diversité et la détermination.

La puissance de ce livre engagé nedoit pas surprendre : les gens dont ilbrosse le portrait, Jean Ziegler les a biensouvent croisés ; les institutions qu'il cri-tique, il les connaît de l'intérieur. Tousces mouvements de résistance, il les fré-quente et les estime. »Ainsi, est résumé le livre Les nou-veaux maîtres du monde (et ceux quileur résistent), de l’écrivain et polito-logue suisse, Jean Ziegler. Connu pourson engagement pour un monde justeet équitable, Jean Ziegler, dans le pré-sent ouvrage que nous présentons,essaye d’apporter une réponse, plusqu’objective, au malaise que connaîtnotre monde aujourd’hui. Il met ledoigt sur l’abcès, là où personne neveut en parler, surtout pas les puis-sants du monde. La faim et la misère.Des travailleurs, des faibles, desfemmes et des enfants…Et avec la certitude scientifique,Jean Ziegler désigne la cause de cemalaise chronique et la nomme (nom-mément) : les oligarques de la finance.Qui sont devenus les nouveaux maîtresdu monde. Et d’emblée, Jean Zieglernous trace le portrait du loup préda-teur (comprendre le bailleur de fondssans éthique ni morale), en page 118 : «Le loup s’adapte à toutes les situationsavec agilité et rapidité impression-nantes. Il se moque complètement de ceque font les autres, ne faisant confiancequ’à son instinct. Un spéculateur génialn’est loyal envers personne, il ne respec-te aucune institution, ni aucune décisionantérieure. Il émane de lui un calmeétrange. Il apparaît presque indifférent,apathique, face à ce qui se passe autourde lui. Il n’est pas mû par les sentimentsdes investisseurs ordinaires : l’angoisse,la panique, l’obsession du gain immé-diat. Il se considère lui-même commefaisant partie d’une élite et tient le restedes humains pour un troupeau de mou-tons. »

La mondialisation est dépecée aubistouri de l’expert en économie. Maisà chaque scalp, Jean Ziegler nous révè-le des vérités dures à accepter. Pourfinalement conclure que la mondialisa-tion est une invention diabolique deces mêmes nouveaux maîtres de lafinance du monde. La majorité d’eux neproduit que duservice virtuelcomme Google,Facebook etd’autres. Lesautres, les clas-siques, tiennenttoujours au filonde l’or noir. Si vousavez le doute,demandez aux Ira-kiens ce qu’ils enpensent, eux ils ensavent quelquechose.Sans oublierde faire une lectu-re approfondie surl’obscur « prin-temps arabe ».

« Ils ne sont nide droite ni degauche, ni du Sudni du Nord. Aucune pensée collective n’alaissé en eux de traces identifiables. Ilsn’ont pas d’histoire, ne construisent rienet meurent sans jamais avoir ouvert lesyeux sur les hommes qui les entourent. »Il s’agit là de la description que donneJean Ziegler des prédateurs de la finan-ce mondiale. ça fait froid au dos etdonne envie de fuir. Mais fuir où ? Carils sont partout les prédateurs nou-veaux maîtres du monde. Et l’on sentque les horizons sont fermés quand ilajoute : « Les prédateurs ne se ratta-chent à aucune école de pensée, ne plon-gent leurs racines dans aucune aventurecollective, ne connaissent pas d’horizonhistorique, ne concluent d’alliancesqu’avec leurs congénères et sont totale-ment dépourvus de motivation ─ si cen’est le goût du pouvoir et de l’argent. »Et dire que chez nous, il y a desjournalistes et écrivains qui se croient

plus futés que leurs concitoyens en semettant du côté des prédateurs audétriment des leurs. Les voilà mainte-nant qu’ils nous prédisent notre fin, fei-gnant d’oublier les malheurs causéspar le libéralisme occidental, sans pitiéet sans cœur. Feignant d’oublier lesvrais et seuls « intégristes » du mondeque sont les insti-tutions financiè-resqui appauvris-sent de plus enplus les peuples dela planète. « Maisles intégristes desinstitutions deBretton Woodssont décidémentaveugles, sourds etprivés d’odorat. Ilsn’aperçoivent pasles victimes qu’ilsfabriquent à lon-gueur de journée.Aucun trouble n’af-fecte leur conscien-ce », écrit Jean Zie-gler. Malheureuse-ment, et comme ledisait Frantz Kafka, loin de nous sedéroule l’histoire mondiale de nosâmes, car il s’agit, en vérité, de notrehistoire, nous qui sommes l’essencemême de ce monde, car que serait lemonde sans nous autres les petitesgens ?Heureusement que la troisièmepartie du livre ouvre une grandeparenthèse d’espoir. Il y a, malgré latoute-puissance de ces prédateursnouveaux maîtres du monde, ceux quirésistent. Partout dans le monde, desEtats, des associations et des hommesse battent pour la dignité et l’éradica-tion de la pauvreté dans le monde. Maispour ce faire, il faut beaucoup de cou-rage et de combat. Il faut aussi croireen la justice entre les hommes. L’Algérie fait partie de ceux quirésistent. Et elle le fait depuis long-temps, et au détriment de beaucoup debons points qu’elle aurait pu glaner des

maîtres du monde. D’ailleurs Jean Zie-gler, ami de l’Algérie, le sait et le dit. Ildédie cet ouvrage à plusieurs person-nalités africaines, latino-américaines etasiatiques qui ont œuvré pour l’émer-gence des peuples en difficulté. Il cite,entre autre, Ahmed Ben Bella et Moha-med Salah Dembri.En conclusion de cet appel du cœuret de l’esprit pour un monde meilleur,Jean Ziegler écrit : « Les luttes s’inven-tent sur le terrain. Elles ne se décrètentpas. Mais les forces sont dispersées. Ilfaut donc construire des fronts. Telle estla méthode qu’applique la nouvellesociété civile planétaire en voie d’émer-gence…/… Des millions d’êtres à traversle monde sont à présent réveillés…/…L’immense cortège des insurgés est enmarche. La libération de la liberté dansl’homme est son horizon. La légitimitédu mouvement est indiscutable. Il parleau nom des millions de victimes tombéestout au long des siècles. L’invisible fouledes martyrs l’accompagne… »L’ouvrage présenté a été publié en2002, mais il reste d’actualité car lesdéshérités du monde continuent debroyer leur pain noir, sans dignité nirespect, sous le regard presquemoqueur des nouveaux prédateurs etleurs acolytes rabatteurs de gibiersfaciles.Jean Ziegler est né le 19 avril 1934en Suisse. Sociologue, écrivain ethomme politique. Il est l’auteur de plu-sieurs ouvrages, dont des essais, danslesquels il traite et analyse la conditiondes déshérités dans le monde. Il estaussi membre du comité consultant du« Conseil des Droits de l’Homme desNations Unis ». Ses ouvrages les plusconnus, sont : -La Suisse lave plus blanc-Contre l’ordredu monde, les rebelles-L’empire de la honte-La haine de l’occidentEt celui que nous venons de présen-ter : Les nouveaux maîtres du monde(Et ceux qui leur résistent) de Jean Zie-gler - Editions Fayard, 2002, France

r.E

Jean Ziegler

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016

421littératureDANIEL LAFFERIèRE, ÉCRIVAIN CANADIEN, A CRéSUS

«Quelqu’un écrit, un autre lit»Il était présent en

Algérie à l’invitationdu ministère de la

Culture à l’occasiondu 21e Salon

international dulivre d’Alger (SILA)où il a animé deux

conférences etdédicacé ses livres.

La rencontre avecses lecteurs, dont

nombre d’entre euxsont venus de loin, a

été un succès. Il estl’auteur d’une

œuvre remarquableet pertinente. Dans

cet entretien, ilrevient surl’Académie

française, sa visionde la littérature, lessujets récurrents…4Entretien réalisé par : amine idjEr

Vous étiez présent au 21e Saloninternational du livre d’Alger. Quelssont vos impressions sur cetévénement ?Daniel Laferrière : Je suis étonné admi-rativement devant le nombre de gens quiviennent ne serait-ce que, pour certains,regarder les livres, pour vivre dans l’uni-vers des livres. J’ai l’impression que c’est unespace sacré qu’ils viennent de pénétrer, làoù se trouvent les livres, parce qu’il y a desgens qui ne peuvent sûrement pas se payerdes livres. Mais tout cela est dû au fait quel’entrée est gratuite ; ça permet à des gensde savoir que cet objet magique existe, onn’a qu’à l’ouvrir pour enjamber les siècles,pour connaître diverses manières d’être aumonde et c’est magique. Et les gens ont uneidée, même si elle est petite, même s’ils nepeuvent pas en acheter, mais ils sont làdans le monde des livres.Dans vos déambulations algéroises,avez-vous remarqué ou décelé dessimilitudes entre la culturealgérienne et haïtienne ?Il y a toujours des similitudes. Il y a desgens qui m’arrêtent dans la rue pour medire ces similitudes. Il y a eu un écrivainalgérien qui m’en parlait et on a trouvé qu’ily avait en commun les difficultés dans la viequotidienne, le rapport à la langue, dessituations presque de dictature aussi, maispas uniquement. Il y a des paysages qui seressemblent, une certaine manière de mar-cher, de voir le monde. D’ailleurs, je l’ai dità une amie, je reconnais des visages, jereconnais des manières qui me sont assezfamilières, qui sont dans mon ADN j’allaisdire ; peut-être, que ces similitudes sontdues au fait qu’il s’agit de deux pays desoleil, proches de la mer. Mais il y a aussi, etil ne faut pas l’oublier quand même, uneuniversalité du monde. Si on va dans n’im-porte quel pays, on cherche et on trouvedes similitudes.

En 2013, vous êtes élu membre del’Académie française. Quels en sontles avantages et les inconvénients ? (Rires) ça me fait rappeler le livre sur lalangue Dire ne pas dire. Bien sûr, il y a desavantages. ça permet de voyager beaucoupplus peut-être mais dans de meilleuresconditions, d’être accueillis dans demeilleures conditions. On est protégé,d’une certaine manière, par l’Etat français,puisqu’un académicien est, en quelquesorte, un officiel, il est plus haut placé qu’unambassadeur dans l’organigramme. Donc,c’est un avantage qui peut être un inconvé-nient aussi parce que l’écrivain a besoin dela vie, la vie sans protection, la vie nue etqu’il doit faire attention à ne pas y perdrepied, à ne pas devenir un notable tout enjouissant des avantages que son travail,depuis trente ans et inlassablement avecles angoisses, lui apporte. Pourquoi seulsles riches ont le droit de vivre et profiter duconfort matériel et ceux qui ont travailléaussi n’ont pas le droit et doivent se sentircoupables de quelque chose souvent bana-le. C’est un peu tout cela, et c’est nouveaupour moi. Et tout ce qui est nouveau inté-resse ma curiosité. Lors de votre conférence au 21e SILA,vous avez déclaré que l’Académiefrançaise est une auberge espagnole.Pourquoi ? Dans une auberge espagnole on trouvece qu’on apporte. Cela veut dire qu’on nepeut pas discuter de l’Académie comme sielle était quelque chose hors du temps. Elleest tout simplement ce qu‘eux y sont, aumoment où l’on parle, en font. J’ai remar-qué que la plupart des gens qui parlent del’Académie française n’en savent rien dutout, n’y ont jamais été et ne savent mêmepas où elle se trouve. Mais ils en parlent. Etc’est la force des grandes institutions, pré-cisément. Elles permettent aux gens de direce qu’ils veulent et elles poursuivent leurmission le long des siècles. Concernant la littérature, vous avez

déclaré que vous y êtes venu pourréparer la vie…Pour réparer la vie dans le sens ordinai-re, dans le sens des petites joies de la viequotidienne. Les enfants font ça. Quand ilsn’ont pas d’argent pour jouer, pour sortir,pour aller au cinéma, à un moment donnéet après avoir pleuré et été découragés, ilstombent dans le monde de la rêverie, et ilsréparent la vie. Parfois, ils peuvent prendreun livre et tomber sur le conte de Cen-drillon ou d’autres contes populaires, et ilsdécouvrent. C’est-à-dire qu’ils créent unautre monde qui soit plus intéressant, unmonde qui n’existe pas. Le monde qu’on(les écrivains, ndlr) lui donne est lié à l’idéequ’on se fait de lui (le lecteur, ndlr). Il doitavoir cette vie car ce n’est pas nous. Lui, ilest capable, de par sa capacité de rêver, dechanger tout cela, et la littérature permetde mettre par écrit ces rêveries-là.Dans une interview, vous avez déclaréque vous regrettiez qu’on ne prendplus, aujourd’hui, le temps de faire leschoses. Pouvez-vous nous expliquercela ?C’est tout à fait juste. Il y a une accéléra-tion du temps et on l’a constaté. Mais il fautdire aussi, que le temps n’a jamais été aussiimmobile. Je ne sais pas si vous avez remar-qué le nombre d’heures que les gens pas-sent fixés sur un même point lumineux,leur appareil électronique. Les gens ne sesont jamais autant assis, mais ils ont tou-jours en activité constante, une perted’énergie. Ce n’est pas l’énergie de la lectu-re qui est une énergie active. C’est uneperte d’énergie parce qu’ils jouent à desjeux conçus et préconçus pour eux, lesadultes comme les enfants. Il n’y a pas demonde qui dit « je suis le modèle ». Lesadultes comme les enfants font la mêmechose au lieu de se parler. Donc, il n’y a plusde modèle. Les enfants voient leurs parentsjouer aux mêmes jeux qu’eux. Différem-ment bien sûr, mais avec les mêmes objets.Ce qui fait que ce temps-là est immobile. Dans vos œuvres, l’exil est très

présent ainsi qu’un personnagerécurent, celui de votre grand-mèreDa…Le plus grand récit de la littérature occi-dentale est le voyage et le retour. C’estl’Iliade et l’Odyssée. La grand-mère je vaisla quitter pour partir et j’ai écrit L’Enigmedu retour . La littérature est ainsi faite quenous réécrivons les mêmes histoires etnous avons un nombre très, très limité durécit possible dont le voyage et le retour, latristesse et l’amour, la perte d’amour, la fic-tion, la mort…, il n’y en a pas beaucoup. Etl’exil et le retour dominent ainsi que la ten-dresse, celle de ma grand-mère. Quel est votre regard, aujourd’hui,sur la francophonie ?Moi j’écris. Je ne suis pas du tout dansl’idéologie, je suis dans l’action. Je suis écri-vain, j’écris. Ces mots-là sont tellementcompliqués. Ils cachent tellement de chosesque nous autres écrivains nous n’en avonsaucune idée. Et, pendant longtemps, c’étaitet c’est encore et toujours l’économie quiest derrière tout cela. On est en train de ras-sembler des gens qui parlent la mêmelangue, mais en fait c’est pour avoir unecommunauté de consommateurs de toutesorte de choses. Donc, il faut quand mêmevivre cela, seulement l’économie a unepuissance. Mais nous pouvons quand mêmeajouter à cela la culture. Nous pouvonsajouter à cette francophonie qui permet desdiffusions de l’économie, des idéologiesassez rapidement dans l’espace francopho-ne, le livre, les idées aussi. Mais restonsméfiants face à tout terme trop vaste quirecouvre des choses dont nous ignorons, etce, dans le but de ne pas nous laisser, enco-re une fois, manipuler. Faisons ce que noussavons faire et continuons à le faire. Et tantqu’il y aura des lecteurs et des écrivains, jecrois que cela suffit. Les vocables peuventaider à rassembler certaines choses. Mais,en définitive, nous allons, tout simplement,vers un des gestes les plus simples de l’his-toire du monde : quelqu’un écrit, un autrelit…

a. i.

DANIEL LAFFERIÈRE

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422Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016sportEQUIPE NATIONALE DE FOOTBALL

George leekens, le coach qu'il faut ? Seize entraîneurs

nationaux en seizeannées. Voilà le tristebilan d'un va-et-vient

incessant et qui donnedonc une moyenne d'un

coach chaque année.Notre équipe nationale de

football devient une tourqui voit défiler des

coaches étrangers et cesont presque les mêmes

qui reviennent pourformer un circuit fermé.

4par said lacete

Comme chacun le sait, GeorgesLeekens est le nouvel entraîneurdes Fennecs. Du moins, c'est unretour puisque la porte pour lasélection algérienne ne se fermejamais pour ceux qui l'ont franchi par lepassé et c'est désolant.On attendait Courbis, Troussier ou enco-re Renard mais voilà que l'histoire belge serépète chez nous avec un coach qui avaitdéjà coaché les Verts en 2003 avant de quit-ter notre pays sur ordre de sa... femme. Aujourd'hui, Leekens revient. Il estmoins cher que son compatriote Wilmotsmais la question qui se pose aujourd'hui estla suivante : Sera t-il maintenu si les Vertsvenaient à perdre au Nigeria ?

lE roi dEs décisionsinattEnduEsPendant sa carrière de joueur, Leekensn'a eu que trois sélections avec les DiablesRouges. On le surnommait « Long Couteau »ou encore « Mac The Knife » en référence àun jeu plutôt viril et à une propension àeffectuer des tacles. Il a joué 351 matchesofficiels et marqué 6 buts au FC Bruges enneuf saisons de 1972 à 1981, avec à la clécinq titres de champion et une Coupe deBelgique.George Leekens qui avait pris les rênesde notre équipe nationale en 2003, n'a paseu un bilan positif. En six sorties internatio-nales, il a réussi à gagner deux fois mais aconnu trois défaites pour un score de pari-té. Ce n'est qu'en 2010 qu'il est choisi pourdevenir le nouveau sélectionneur des

Diables Rouges. Pour son premier match,les Belges s'imposent dans les dernièressecondes sur le score de 2 à 1face à la Bul-garie. Tout allait bien pour la Belgique mais le13 mai 2012, à la surprise générale,Georges Leekens, informe qu'il signe uncontrat de trois années pour le Club Bruges,abandonnant de ce fait, la sélection desDiables Rouges. Une décision inattenduepar tout le royaume qui n'arrivait pas com-prendre pourquoi Leekens a décidé dequitter la sélection belge et de rejoindre unclub.Aussi, il ne fera pas long feu du côté deBruges puisque six mois plus tard, il seralimogé par le FC Bruges.C'est dire que ce monsieur aime bien sadépendance et veut faire ce qu'il veut faire.En 2003, avec la sélection nationale, il déci-de de rentrer définitivement chez lui surordre de sa femme qui n'arrive pas à s'ac-climater à notre pays (?!!). avEc la tunisiE, un bon

parcours Mais...Vers le mois de mars 2014, la Fédérationtunisienne le contacte et signe un contrat

de 2 ans pour mener à bien les Aigles deCarthage qui s'apprêtaient à aller disputerla coupe d'Afrique des nations en Guinéeéquatoriale.La Tunisie l'engage contre un salairemensuel de 25 000 euros et il fera un excel-lent parcours avec les Tunisiens puisqu'ilatteindra les quarts de finale où son équipese fera éliminer sur le score de deux buts àun après prolongations par la Guinée équa-toriale, le pays organisateur de la CAN2015. Quelques jours plus tard, le 27 juin 2015plus exactement, la Fédération tunisienneannonce avoir résilié son contrat àl'amiable.unE dEttE EnvErs lE pEuplE

alGériEnLe fait que le nouveau sélectionneurnational Georges Leekens annonce, dès sonarrivée, qu'il a une dette envers le peuplealgérien, on comprend aisément qu'il avaitcomplètement raté son premier passagechez nous.Peut-on parler d'une dette quand on asur la main la meilleure équipe du momentsur le continent africain ?

Néanmoins, Raouraoua n'avait pas lechoix. Il a beau consulter d'autres coachescomme Alain Courbis (lire les déclarationsde ce dernier un peu plus bas) ou encoreWilmots mais vu le temps très court et lematch important contre le Nigeria, il s'estrabattu sur le Belge pour « sauver lesmeubles ».Bien entendu, le prochain challengec'est ramener un excellent résultat en terrenigériane : «On va se donner à fond», a affir-mé le technicien belge et d'ajouter : « J'aides joueurs qui ont envie de gagner et deréaliser de belles performances, j'en suis sûr! ». Cependant, Leekens n'aura pas le mêmeeffectif qu'il avait il y a 13 années. Aujour-d'hui, les Mahrez, Slimani et Ghoulam, pourne citer que ceux-là, sont des stars qui évo-luent dans des clubs réputés en Europe. En2003, Leekens n'avait pas de joueurs algé-riens évoluant en Angleterre ou en Croatie.Donc, les joueurs algériens ont gagné enmaturité et nul doute que la défaite auNigeria est interdite et ça, Leekens le sait.

s. l.DÉCLARATIONS DE COURBISla réalité du football en algérie

rolland courbis, réputé pour être unhomme viril et direct, a été quelque peuvexé d'être le second choix de la Fédéra-tion algérienne de football.Dans une interview accordée à la chai-ne française de télévision LCI, l'ex-entrai-neur de l'USM Alger reconnaît avoir étécontacté par la FAF. « Oui, j'ai bel et bienrencontré le président de la Fédérationalgérienne à Paris car je faisais partie desquatre ou cinq entraîneurs inscrits surleur tablette. Il est vrai que la rue algé-rienne cite le plus souvent mon nom et lesjoueurs ne voyaient aucun inconvénient àma venue ».Il faut savoir aussi que Courbis avaitdonné la priorité à l'Algérie avant designer définitivement au sein du clubfrançais FC Lorient : « Les discussionsavec Lorient ont commencé juste après ladéfaite contre Dijon. L’Algérie avait lapriorité. En plus, sélectionneur et entraî-neur sont deux métiers totalement diffé-rents. quelque part, c’était à moi de choi-

sir le challenge ».Jusque-là, c'était bon mais pourquoicela a capoté par la suite. Précisions deCourbis : « A partir du moment où j’ai suque je n’étais pas le plan A… Je ne suis passusceptible, mais j’ai aussi ma petite fierté.Sur pas mal de points, je suis un peu algé-rien, ou méditerranéen, sur les bords. Detemps en temps, je me formalise un peu. Çane veut pas dire que Wilmots était unemauvaise idée. Je leur ai d’ailleurs dit quej’étais désolé que ça n’ait pas marché aveclui. C’était une très bonne idée ».Puis, il y a eu cette entrevue avecRaouraoua à propos de la modalité ducontrat. C'est ce point qui a fait reculerCourbis qui déclare que son contrat avaitune durée de 20 mois, mais, renouvelablechaque mois. Un Courbis qui se voyaitdéjà comme salarié et qui devra attendrechaque mois pour savoir s'il continueraou non avec les Verts ? Une histoirede....stop ou encore.

s. l.

George Leekens

Rolland Courbis

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016auto ORGANISATION INTERNATIONALE CDPle Groupe renault honoré

CHALENGE SAHARI INTERNATIONALrenault algérie

« transporteur officiel » pour la 2e fois

renault algérie en tant que“transporteur officiel”, four-nit une flotte dédiée de San-dero Stepway made in Bladiaux organisateurs.Un équipage a participé auxcouleurs du Groupe Renaultà l’épreuve de Rallye-raid,avec au volant IbrahimHamitouche, collaborateurde Renault Algérie et vain-queur du Rallye de Régulari-té de l’édition 2015 de lacompétition.Le rallye, placé sous le Hautpatronage de Son Excellen-ce Monsieur Abdelaziz Bou-teflika, Président de laRépublique, prendra findemain 7 novembre et arelié Alger à Ghardaïa, enpassant par Biskra, Hassi-Messaoud et El-Menia.En plus d’être une compéti-tion sportive, ce rallye a étéune occasion de faire décou-vrir, à l’ensemble des parti-cipants, les paysagestypiques du désert algérien.Il a regroupé pas moins de120 participants de diffé-rentes nationalités et issusde plusieurs disciplines.Renault Algérie a fait égale-ment la promotion de notrepays à travers une flotte

dédiée de SANDERO STEP-WAY made in Bladi, mise à ladisposition de la Fédérationalgérienne des sports méca-niques (FASM), en sa qualitéde « Transporteur officiel »de la compétition, qui aservi au transport des délé-gations pendant cette mani-festation internationale.L’équipage du GroupeRenault, engagé dansl’épreuve de Rallye-raid àbord d’un Dacia Duster, atoutes les chances de rem-porter cette compétition,ainsi que tous les équipe-ments de sécurité néces-saires.Son pilote, Ibrahim Hami-

touche, collaborateur dupremier groupe automobileen Algérie, a remporté leRallye de Régularité du pré-cédent Challenge SahariInternational, et a été sacréChampion d’Algérie de cettediscipline en 2014.A travers cette 2e participa-tion, Renault Algériedémontre, une nouvelle fois,son fort attachement ausport automobile qui estpartagé également par l’en-semble de ses salariés. Sonpilote est un collaborateurde l’entreprise leader dumarché de l’automobile, etfait partie de la FASM. s.l

4par saïd lacete

Lorganisation internationale CDP(anciennement CarbonDisclosu-re Project) a remis un ClimateLeadership Award au GroupeRenault pour saluer son actionen matière de réduction des émissions degaz à effet de serre, lors d’une cérémonie enprésence de Ségolène Royal, ministre del'Environnement, de l'Energie et de la Mer.Renault est ainsi distingué, parmi plusieursmilliers d’entreprises analysées à travers lemonde, pour son engagement en faveur dela réduction de son empreinte carbone.Le Groupe Renault intègre le cercle ferméde la « A LIST » des entreprises considéréespar CDP comme les leaders mondiaux enmatière de lutte contre le changement cli-matique. CDP établit cette liste chaqueannée pour le compte de 827 investisseursreprésentant environ 100 milliards de dol-lars d’actifs, après avoir analysé la stratégiebas-carbone et l’action de plus de 2 000entreprises dans le monde dans tous lessecteurs d’activité.

«Nous sommes honorés de recevoir cettenote maximale de A, véritable reconnaissan-ce de notre engagement en faveur de la luttecontre le réchauffement climatique. Renaultest le premier constructeur au monde às’être engagé publiquement sur la réductionde son empreinte carbone et un des premiersà avoir investi massivement dans le dévelop-pement et la commercialisation à grandeéchelle de véhicules électriques accessiblesau plus grand nombre en réponse à ce défi.Aujourd’hui, en continuant d’innover sur levéhicule électrique via notamment l’amélio-ration de son autonomie, nous poursuivonsnotre objectif de réduire durablement etsignificativement notre empreinte carbone»,a déclaré Jean-Philippe Hermine, directeur

de la Stratégie et du Plan Environnementdu Groupe Renault.Pionnier et volontariste, le Groupe Renaulta réduit l’empreinte carbone de l’ensemblede ses activités de plus de 17% entre 2010et 2016.Pour Renault, la réduction de son emprein-te carbone est un objectif de tête, intégré àson plan stratégique. A ce titre, elle repré-sente un indicateur de performance duGroupe, mais aussi un outil de managementde tous les métiers de l’entreprise en faveurd’un meilleur respect de l’environnementet de la réduction des consommations éner-gétiques.En 2011, Renault était le premier construc-teur automobile au monde à se fixer unobjectif chiffré et public de réduction deson empreinte carbone. La première étapede cet objectif consistait à atteindre uneréduction de 10 % à fin 2013 de sonempreinte carbone globale par véhiculevendu dans le monde. Ce résultat ayant étéatteint, Renault s’est ensuite engagé à

consolider et prolonger ses efforts par uneréduction annuelle moyenne de 3% surl’ensemble de la période du plan 2016 :Drive the change, soit une réduction globa-le de près de 17% entre 2010 et 2016.unE réponsE aux EnjEux

cliMatiQuEsDès fin 2015, Renault affichait uneempreinte carbone1 en baisse de 17,2 %par rapport à 2010, atteignant ainsi avec unan d’avance l’objectif de réduction qu’ils’était fixé pour 2016. Sur la seule année2015, Renault a ainsi évité le rejet dans l’at-mosphère de l’équivalent des émissionsannuelles de CO2 d’une ville comme Barce-lone.L’empreinte carbone du Groupe Renaultcorrespond aux émissions de gaz à effet deserre – essentiellement le CO2 – généréespar le cycle de vie de ses véhicules (leurusage, y compris la production de l’énergienécessaire à leur roulage, et la mise à dis-position des matières qui entrent dans leur

fabrication) et par l’ensemble de ses activi-tés (la conception, la fabrication, le trans-port, la vente des pièces et véhicules, ettoutes les fonctions support de l’entrepri-se). C’est donc en agissant sur tous cesleviers que Renault parvient à réduire sonempreinte carbone.Le véhicule électrique représente uneréponse immédiatement disponible et effi-cace aux enjeux climatiques actuels : iln’émet pas de C02 à l’usage et son emprein-te carbone, déjà plus faible aujourd’hui quecelle d’un véhicule thermique équivalent enmoyenne en Europe, se réduira encore avecle développement des énergies renouve-lables, qui permettent de produire uneélectricité décarbonée. Renault est pionnieret leader européen du véhicule électriqueen Europe avec notamment ZOE, voitureélectrique la plus vendue en Europe et quioffre désormais une autonomie record de400 km. En tout, ce sont plus de 100 000véhicules électriques Renault qui ont étémis en circulation depuis 2011, et qui ontdéjà permis d’éviter l’émission de 125 000tonnes de CO2 dans l’atmosphère.Renault réduit également l’empreinte car-bone de l’ensemble de ses activités qu’ellessoient industrielles, d’ingénierie, de trans-port ou commerciales. Sur le périmètreindustriel, Renault améliore continuelle-ment l’efficacité énergétique de ses usineset se tourne de plus en plus vers l’utilisa-tion d’énergies renouvelables. Ainsi l’usinede Tanger au Maroc, conçue « Zéro émissionde CO2 » et équipée d’une chaudière bio-masse alimentée par des résidus agricoleslocaux, est sans équivalent dans l’industrieautomobile. Sur l’année 2015, 91 % de sesbesoins en énergie ont été couverts par dessources renouvelables, permettant d’éviterl’émission de plus de 90 000 tonnes de CO2par an. s. l.

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Crésus # 58 du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2016

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