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INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017 Incipit ATELIERD'ECRITURE de Keredern Aux frontières des sons Novembre 2017 Avec André L, André M, Danielle D, Esthèle M, François B , Françoise B, Françoise D, Gwen L, Jeanine A, Marie-Paule M, Marie-Rose R et Maïté B. Mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture – les Amarres)

Incipit - lapapottedekeredern.files.wordpress.com · ... Bernard Werber ... La petite voix sort du pot à café, se confond avec la fumée qui s'en échappe . ... J’aime pas la

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INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

IncipitATELIERD'ECRITURE de Keredern

Aux frontières des sonsNovembre 2017

Avec André L, André M, Danielle D, Esthèle M, François B , Françoise B, Françoise D, Gwen L, Jeanine A, Marie-Paule M, Marie-Rose R et Maïté B.

Mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture – les Amarres)

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Personnification des objetsD'après « Un monde trop bien pour moi », Bernard Werber

Huit heures, petit déjeuner. Sur le plateau, la tasse, le sucre, le beurre, les tar-tines grillées, le pot à café fumant.

J'ai les yeux gonflés de sommeil ; j'ai allumé la radio, ils parlent tous en même temps comme d'habitude. Au milieu de ce brouhaha, rêvé-je? Une petite voix s'insi-nue, acide :

« Dis donc, y en a marre de tes journalistes, ton Nicolas il est pas un peu hysté-rique sur les bords ? Il coupe la parole à tout le monde. J'ai pourtant quelque chosed'important à te dire : tu ne trouves pas que j'ai un peu grossi ces temps-ci ?

La petite voix sort du pot à café, se confond avec la fumée qui s'en échappe . Elle insiste : « Oui Dada, as-tu remarqué que j'ai grossi ? » - Heu, ben non je te trouve comme d'habitude. « Mais metrouves-tu belle, gracieuse ? Tu ne me ledis jamais ! » -Heu, ben, t'es mon pot àcafé quoi ! « n'as-tu jamais remarqué queje suis une femme, moi aussi ? » - Un pot,c'est un pot, c'est masculin. « Tu n'esqu'une imbécile avec ta grammaire . Unpot, une pote on s'en fiche. Une vraiefemme que je te dis, et j'ai une grandenouvelle à t'annoncer, quoique tu auraisdû t'en douter avec mes formes arrondies. -

- ….« Eh bien je suis enceinte !

– Et de combien ?– « ça, je ne sais pas » – Tu sais au moins de qui lui dis-je soudain émue en caressant son ventre de grès « Du sucrier évidemment ! Lui avec son sucre et moi avec mon café....à force de se mélanger, tu comprends c'était inévitable.

Et elle jeta un coup d’œil complice à l'auteur de ses œuvres, qui resta obstiné-ment muet.

Danielle D

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Viens par ici ! me dit la chaise du salon alors que je rentrai des courses. Non ! dit le frigo. T’as des trucs à mettre au froid, il me semble. Le congélateur se mit à l’unisson : eh ! Moi, je suis presque vide ! T’as acheté de quoi me remplir, au moins ?

Par où commencer ? Besoin de faire une pause, un p’tit break. Le canapé me lança : Eh ! Par ici ! Là, tu seras confortable, la lumière est douce.

Et puis, tu as ton livre à continuer ! Cela réveilla le livre en sursaut : c’est vrai, ça ! Ça fait au moins six heures que tu ne m’as pas ouvert. Je suis resté buté sur une phrase sans fin…

Bon, me dis-je. Chaque chose en son temps. Le plus urgent d’abord. D’accord, lecongélateur ! Je te remplis avec les trois pains complets que je viens d’acheter. Ho-là ! me répondit-il. Fais gaffe ! Ne les mets pas les uns sur les autres comme la der-nière fois. J’ai du mal à tout congeler quand tu fais ça ! OK, dis-je. Je te les mets les uns à côté des autres. Là… tu es content ? Ça va, me dit-il, à la prochaine ! Je pris alors les yaourts et les légumes et ouvrit le réfrigérateur. Eh, dis-donc ! me lan-ça-t-il. Préviens quand t’arrives ! De la lumière brutale, comme ça, quand tu ouvres la porte, c’est trop ! J’aime bien savoir à quoi m’attendre ! Bon, lui répondis-je. Par-don pour cette fois-ci mais je te rappelle que tu es conçu comme ça : obscurité quand la porte est fermée, lumière quand elle s’ouvre. Il me dit : d’accord, j’ai com-pris. Tu mets les yaourts en haut et tu n’oublies pas de laver les légumes ou de les mettre en sachet. J’aime pas la sensation de terre en bas de moi. Très bien ! lui dis-je, comme d’habitude, quoi ! Tu ne vas pas me faire la leçon à chaque fois !

Les courses rangées, dilemme : la chaise pour lire le journal ou le canapé pour continuer mon livre ? Eh ! me lança le canapé.Il est 18h, le journal est du matin, les nouvellesne sont plus fraîches. Tu peux attendre de-main, tant qu’à faire ! Tandis que moi, je suisidéal pour continuer ton livre. Ah oui ! renchéritle livre. Ce matin, on est resté bloqué sur« Alex me conduisit… » et je n’en sais pasplus. C’est vrai, lui dis-je. Moi aussi, j’ai hâte desavoir.

Je m’assis donc sur le canapé qui gémit vo-luptueusement et ouvrit mon livre à l’endroit dumarque-page. Je tournai la page quand il melança : t’es sûre au moins que t’as rien loupédans le journal : une conférence, une séancede ciné ? Peu importe, lui répondis-je. Chaquechose en son temps et tant pis si le temps n’estplus à sa place.

Je me mis à lire : « Alex me conduisit dansune ruelle sombre »

Silence total dans la maison…

Françoise D

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

– Toi, si tu savais ce que tu m'énerves à m'ignorer depuis une semaine, gromme-la le balai brosse à manche rose.

- Eh moi donc! Cela fait autant de temps, dit la serpillière toute sèche.- On va la faire tomber. Tu es d'accord?-On y va. Elle va se souvenir de nous ainsi. Cela lui fera les pieds!

Élodie contourna la table de la cuisine pour préparer son thé. Au moment de brancher la bouilloire, le balai accrocha son gilet et la fit vaciller. Dejustesse, elle évita la serpillière.Tout cela décupla son exaspération. En plus des courriers administratifs en retard, des courses à faire en urgence, l'absence de ménage lui sauta à la figure.Tout ce " laisser aller" ne lui correspondait pas. Ni cette nouvelle tendance à la pro-crastination.

" Vous, balai et serpillière, laissez moi tranquille" dit-elle à haute voix, en exutoire. " je ne vous oublie pas,hélas, mais je suis débordée".

Ouf! se dirent les ustensiles. Elle ne nous ignoredonc pas. C'est simplement passager cette affaire.Attendons encore un peu alors... une semaine?

Françoise B

MATIN DU16 NOVEMBREAujourd’hui je me lève de bonne humeur avant que mon réveil ne sonne

programmé à huit heures huit(8h8’). Le voilà qu’il se déclenche (dring...driiing)

J’ouvre les volets de ma chambre, elle donne sur le jardin.

– Tiens pourquoi tu te lèves si tôt aujourd’hui? me demande

mon arbre, mon pommier.

– J’ai un atelier d’écriture avec Maïté à 10 h.

Je le regarde attentivement, car c’est rare que je le vois avant

9h.

– Il a fait froid cette nuit, 5 degrés, dit-il,mes feuilles sont tom-

bées. depuis octobre, je me sens tout nu ! Mes habits

jonchent la pelouse, brou,brou.

– Attends un peu le soleil va te réchauffer! Moi je prends mon café tout brûlant.

À tout à l’heure je reviens à midi.

Janine A

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Hé toi ! C’est la télé qui te parle. Tu ne me regarde plus, juste pour les infos, la météo et basta ! Hé toi ! C’est ton stylo Bic qui te parle. Moi je ne sers que pour les ateliers d’écriture en somme. Je parie que tu ne sais même plus pourquoi tu as choisi ma couleur bleue. Allô ! Ici c’est France Inter et France Culture. La radio culturelle tu connais ? Et non radio Nostalgie que tu écoute au casque pour ne pas déranger les voisins. C’est louable. Mais tu ne trouves pas ta musique gnangnan !

Moi la tasse de déca je te dis de laisser ces râleurs de côté. Ce que j’appréciec’est le carré de chocolat que tu poses chaque soir près de moi. Ouais ! Tu m’aimebien moi l’ordinateur. J’aime être posé sur tes genoux et que tu me pianotes avecdouceur. Tu sais je sais tout de toi. Les sites internet que tu consultes. Tes amis surfacebook et tes longs mails où tu te confies à tes amis choisis. Les textes que tutapes. Moi aussi je suis ton ami.

Hé ! Ho ! Là moi c’est l’horloge ! Je sais que l’heure est indiquée sur l’ordi. Moic’est écrit en grand qu’il est temps de se cou- cher. Tuveux que je sonne et que je réveille tout l’im- meuble ?Non et demain un gentil réveil me réveillera avec de jolisbruits de forêts tropicales pour encore un peu rester dansle rêve.

François B

Il est l'heure d'aller se coucher. J'allume la télé- vision, rienne marche. IL y a encore réglage chez eux, il va falloir at-tendre...

10 minutes plus tard, grâce à la télécommande, une bonne invention, toutmarche mais pas sûr que ça dure toute la soirée. Il faut croiser les doigts et espérerque ça marche jusqu'à la fin de l'émission.

Miracle ! Ça a fonctionné.

Marie-Paule M

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Reste où tu es !A chaque fois la même histoire ! Des deux je ne sais laquelle a crié. Clef, serrure

se liguent contre moi et je dois me battre pour sortir comme pour entrer. La poignéeelle aussi me donne du fil à retordre.

La mécanique n'est pas mon fort et je crois toujours les autres plus malins que moi, y compris les objets.

Alors que faire ? Consulter un psy des serrures ? Me résoudre à traverser les murs comme le fait ma famille depuis la nuit des temps, moi qui tente de m'émanci-per ?

Empêtrée, furieuse, je peste et me retiensà grand peine de donner des coups de pieddans la porte jusqu'à ce que ce matin, avec lesoleil, la lumière se fasse dans ma pauvretête. La cause de mes problèmes c'est elle, laporte !

Alors je l'ai prise et je suis sortie. Ou en-trée. Peu importe !

Gwen L

Tu me rends fou, je suis fou de toi, toi tu t'en fous, je ne sais jamais où te trouver dans ce foutoir, je tape dans les boîtes, je boîte, j'ouvre mes boites avec les dents qui me restent. Où es-tu, cher ouvre-boîte ?

DD la neige

Je chausse du 45 fillettes, les filles dans mes chaussettes, ça sent les rillettes. J'enfile mes 'tiags comme un gant de toilette. Je les cire, elles sentent le cuir et le cirage, me vont bien aux pieds, me surélèvent, sont noire comme mes habits et mon esprit, mon humour et mes idées parfois.

DD la neige

Mes clefs bon c'est pas les clefs du paradis mais c'est celles de mon p'tit chez moi, faut pas les perdre, ne ferme pas la porte à clef quand je vais chercher le pain,le courrier ou que je descends les poubelles.

J'ai enterré un double en bas de l'immeuble dans une petite bouteille de poivre.Les badges sont signe des temps Bleu blanc rougeDD la neige

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

J'étais balai en chef dans la tour B. Et je vous assure que ça dépotait à la grandeépoque des balais… Seaux, serpillières, pelles et balayettes, tout ça m'obéissait à la baguette je peux vous l'dire ! C'était moi le chef de ballet.

Mais j'ai commencé à déchanter à l'arrivée des balais mécaniques, genre « Bis-sel » et compagnie. Ils ont pris le dessus et petit à petit mon armada de simples ba-lais à poils s'est trouvée décimée. Tous bons à jeter les uns après les autres au fur et à mesure que leurs poils sont devenus usés jusqu'à la corde.

Je suis resté le dernier. Vu que j'étais le chef je ne m'étais pas beaucoup usé les poils, alors ils m'ont gardé. On m'a rangé dans un recoin du réduit où ils stockent tout le matos comme ils disent.

Maintenant je ne sers plus à grand-chose, je mate le nouveau matos. Des aspira-teurs rutilants ont remplacé les « Bissels ». Ces aspis me regardent de haut, avec dédain. Ils ne m'adressent jamais la parole. Mais je les entend converser bruyam-ment dès qu'on les sort du réduit.

De temps en temps un technicien de surface me saisit maladroitement pour don-ner un rapide coup de balai dans notre placard. Pour si peu ça ne vaut pas le coup de brancher un des aspis rangés au garde-à-vous. Alors là, je peux vous dire que je me venge ! Comme ces techniciens ne savent pas comment me tenir, je leur joue des tours, je leur échappe des mains, je leur tord un doigt, je leur file des am-poules, je replie mes poils et laisse passer la poussière sous la pelle, … Bref, je m'amuse bien !

A la belle époque où j'étais balai en chef, les femmes de ménage, elles, savaient comment nous prendre ! Ah ça oui, elles nous maniaient avec dextérité, c'était un plaisir de passer entre leurs mains expertes !

Ce matin j'ai eu une drôle de surprise, on est venu enlever la horde d'aspirateurs rangée à mes côtés. J'ai cru ma dernière heure arrivée, mais non, on m'a ignoré et laissé dans mon coin. Et voilà que j'ai de nouveaux collègues, très bizarres, ils ne m'ont même pas regardé en arrivant dans le réduit, je pense que ce sont des extra-terrestres, ils sont ronds et plats comme des soucoupes volantes. Je me sens bien seul.

Marie-Rose R

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

un monde trop bien pour moi

– Hé-ho! qu'as-tu à t'agiter comme cela ? me demanda le vieux fauteuil où je m'étais installé pour regarder la télé.– Fous-moi la paix, lui répondis-je, tu commences à avoir de la bouteille, tu pèles, et ça me gratte, tu grinces à mes moindres mouvements, je ne me rappelle même plus quelle couleur tu avais avant, bref tu te fais...vieux.

Je sentis le fauteuil se ratatiner, quelque chose n'allait pas. J'écoutai attentive-ment, rien, pas un couinement, pas un soupir. Alors je posai ma télécommande et lui demanda :– tu boudes ?

pas de réponse.

– Bon, ça va pas c'est ça ? Tu es vexé, hein ?– Et si moi je te disais que tu es vieux, que tu couines, que tu grinces à chaquefois que tu bouges ?

Je pris le coup comme ça, sans savoir trop quoi dire.

– Tu boudes ?– Bah, je sais bien que c'est toi qui a raison, finalement nous sommes pareils.– Hé oui ! alors... on va a la déchet' tous les deux ?

– Je me levais et me penchant vers lui je le caressai gentiment.– Non...on n'est trop bien comme ça, on continue jusqu'à la fin. jusqu'à la fin...

André M

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Marie n'arrivait pas à s'endormir. Comme chaque soir, elle tournait en rond dansson lit. Le rituel était toujours le même. Sur le côté, elle soufflait ; retour sur le dospour souffler à nouveau ; sur le côté gauche, elle soufflait encore ; le dos, à droite,le dos, à gauche, …

– Bon, ben, ça va ! On a compris.

Marie se redressa d'un bond, tous les poils hérissés. Qui venait de parler ? Elletendit l'oreille mais n'entendit, hormis les craquements habituels des murs et plan-chers, rien qui ne ressembla à une voix.

– Allez, ça suffit maintenant.On se couche, on éteint tout et on se laisse aller.Perce que nous aussi, nous sommes fatigués. Hein, les gars ?!

La lampe de chevet répondit en morse, tandisque la radio utilisa la voix de Jacques Higelinpour répondre au matelas : « tombé en pleinrêve, fauché par le glaive, de la sonnerie du ré-veil, tombé... »

Marie sursauta tant qu'elle en bascula du lit.Elle se recroquevilla contre le mur.

– Voilà, c'est main... vous lui avez fait peur, lesgars.

Marie secoua la tête. Non, ce n'était pas possible ! Les objets ne pouvaient par-ler... Malgré la terreur qui la clouait sur place, elle réussit à prendre ses jambes àson cou. Jamais plus elle ne remettrait les pieds ici ! Hors de question !

Le matelas souffla :

– Bon, regardons le bon côté des choses... au moins, on va pouvoir se reposer !

Maïté B

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

« Une fois au chaud, bien souvent au froid, je ne sais jamais sue quel pied dan-ser avec toi. J'ai ouï dire – oui j'entends, que cela ne t'en déplaise ! - que ceux quialternent la tendresse et la rigueur, ceux qui soufflent le chaud puis le froid, ceuxqui vous font miroiter un avenir radieux avant de vous écraser d'une simple piche-nette lexicale, étaient des personnes à fuir.

Alors, je ne vais pas te le dire deux fois. Écoute-moi bien : c'est fini ! FI – NI !M'utiliser à tout fin utile pour me laisser ensuite dans un coin sombre pendant desjours sans même poser le moindre regard à mon égard, c'est terminé. Me faireébouillanter pour ton petit plaisir personnel, plus jamais ! Je me casse ! »

Tout se passa ensuite très vite. Christian, le nez en l'air et le regard plongé auloin par là fenêtre, ne put rien y faire. La tasse lui échappa des mains et se brisa àses pieds. Le café brûlant du matin, celui qui éveille doucement les neurones,éclaboussa les meubles et l'ourlet de son pantalon. Il ne lui restait plus qu'à net-toyer.

Christian jeta les restes de porcelaine, se changea et partit au travail. Du café, ilen prendra bien une tasse là-bas !

Maïté B

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

VirelanguesFROID ce matin,

FROIDure,FRotte tes mains

Friskie Frotte son poil Frisé

contre le Frigo

Frileur* !

Jeanine A*FRILEUR = FRILEUX + CRÂNEUR

Griffu, gros et grasun glouton grognonse gratte et s'agrippeaux grilles qui grouillentde grêles grenouilleset de gredins gris Gwen L

Mamama, papapa, Zaza babille. Gagaga, cacaca, Zaza s’amuse.Beau bébé babillant, belle pépée blablatant.Papa et Papou poussent à parler.Maman et Mamie miment le mamané.Pipeleter, puiser, percer les secrets du parler bébé… Françoise D

Médisance : Renégats, renards, reptiles, retenez vos morsures ou je vous mors mort de rage

moi le croque-mort.

Plume, piano, ponctuation, pondération…Pesez bien le poids de vos paroles. Profondeur du puits où je vous précipite, langues de pute !

François B

La priorité est de préempter puis d'emprisonner le prévenu Praxitèle pour cause de proxénétisme ; la procédure privilégiera la préhension de sa prétendue prostate.

Danielle D

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En nuisette, sous sa couette, Elizabeth lit " la cousine Bette" et " têtouille" la tête de son stylo.

Hier, en tête à tête avec Claudette, elle a imaginé son bébé crevette dans une éprouvette.

Elle y repense et jette " la cousine Bette".Éprouvette et épuisette, fête ou défaite, mal de tête!"Être" ou "ne pas être", en fait! Quel casse tête!Françoise B

- Chut ! Le chuintement de chaque chute qui choit du chapiteau de la chapelle chante ou chuchote, au choix.

- Paulo, le policier policé, épaule Paulette, la jeune policière Peule. Il a le mono-pole sur sa belle poulette, heu… Paulette.

Marie-Rose R

En moi je crois, c'est un point de croix. Avec moi point de croix, la croyance dé-croît. Faisons une croix sur dieu ! Émoi ! Je croîs !

DD la neige

Une poule couve des poux. Pourquoi me direz-vous ? Pour vous pourrir la basse-cour ! Les poux s'entêtent à sauter sur les poussins. Et nos bambins ? Ils ont des poux, c'est pas d'pot.Mais les puces dans tout ça ?Maïté B

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Allitération, assonance et sonorités en tous genresD'après Le Défroqué, de Miossec

C’était comme une blagueL’annonce d’un petit angeLa fin heureuse d’une longue dragueLe ventre qui gonfle comme une orange

Puis, ce fut la schlagueLe petit cœur qui dérangeÇa nous emporte comme une vagueÇa fait un mauvais mélange

La naissance comme un tagPrise en charge comme une mésangeOn répare les zigzagsComme tout cela est étrange

Maintenant, plus de valdragueLa petite fille engrangeLa vie n’est plus un terrain vagueL’avenir s’arrangeFrançoise D

J'aurais bien voulu être un angeMais j'avais une tête de gargouille.J'aurais aimé être une mésange : On m'appelait Jo la Grenouille.

Par une déveine bien étrangeon m'a fait travailler dans l'andouille.J'aurais préféré les vendanges...Ma vie est due à ma sale bouille.Danielle D

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Au début je l'appelais mon angeOn s'était connus à PragueElle m'apparût tel un archangeJ'étais scotché dans mes santiags

Elle m'a souri, j'étais aux angesUn seul clin d’œil et je divagueElle était ronde comme une orangeJe l'ai suivie, c'est pas d'la drague

J'demande sa main dans une louangeElle crût que c'était une blagueUne douce étreinte, un bel échangeEt deux « oui » forts entre nos bagues

En fait elle s'appelait SolangeNotre vie devint un goulagNous avions fini nos vendangesAlors on s'est quittés à PragueMarie-Rose R

Les naufrageurs :

Le galion contre les rochers se fracasseNon ce n’était pas la pleine luneC’est un naufrage il y a eu de la casseUne sirène rit sur la duneNon le commandant n’était pas perspicaceLes naufrageurs eux ont fait fortuneMême les survivants que l’on tabasseOnt prié supplié NeptuneDevant le Roy l’armateur était peu loquaceSur la plage dansaient blondes et brunesQuelle idée de vouloir passer là à marée basseUn trésor il y en a eu pour chacun et chacuneLe matelot lui se contenta des galets que l’on ramasseTous ces Pagans ont bien rit de cette infortuneLe capitaine ne pu éviter qu’on le tabasseAvec le galion s’est aussi échoué un poisson-luneFrançois B

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Ouille ouille ouilleMon Ange,les nouilles,te démangent !Tu fouilles,dans la fange !Les citrouillesj'engrange !La nouille,me démange !Tu fouillesDans les langes !Tu dérouilles,dans la grange !Des papouilles,Aux Anges !Ouille ouille ouilleMa nouille ?Mon Ange !DD la neige

A Tassin-la-demi-lunes'ennuient les pauvres bidassescependant qu'à Pampeluneon pêche au moins la rascasse

Au Grand Nord on lit des runesc'n'est pas comme à Las Vegasoù les cowboys perdent leurs tuneset ne trouvent pas ça cocasseGwen L

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Le pinson

Il était gai ce pinsonEt même un peu polissonIl venait souvent dans ma bibliothèqueSe posant sur le meuble en teckIl était coloré ce pinsonMe faisant imaginer un potironPeint par un artiste aztèqueOu un par Toulouse-LautrecIl était rond ce pinsonAvec un beau plastronTenant toujours dans son becUne graine de pastèqueIl était beau ce pinsonAvec son œil rondMais un jour il avala un mauvais insecteIl en mourut et je m’aperçusQue la vie ne valait pas un kopeckAndré M

MerveillesC'est Chelles !Oh Toulouse ?Seichelles !Non Lautrec-Toulouse.Signé la Louze Janine A

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Ouille ouille ouilleQuelle bécasse !Je gribouilletoutes mes frasques.ça m'fout la trouilleMais c'est cocasse.

Telle une citrouillesous la bourrasque,ma pauvre bouillese fracasse.Quelle andouille !ça me tracasse.

ça grenouilledans ma godasse.ça me barbouille,c'est la mélasse.Je bafouille,je suis loquace...

ça chatouillema carcasse.Je m'embrouille,mais, perspicace,je tripatouillema dédicace.

Voilà je crois avoir tout transcrit.A bientôt, au plaisir de se retrouver.Françoise B

Ma jolie bruneà la mini-jupejaune et prunen'est pas une drupe.Quelque fortuneSi c'est du stupvaut pas une thune,elle n'est pas dupe.Ça l'importune,la préoccupe,cette infortune !Maïté B

J'ai largué mon mecUn soir en chanson.Je n'supportais plus ce blanc-bectoujours à traîner en caleçon.Je ne lui ai pas proposé d'breakAh ! Non, sans façon !Avec mon air pète-secje l'ai mis sur le paillasson.J'ai chanté avecun gros frisson.J'ai chanté l'échecde notre relation.Sans dec'Ça c'est d'la chanson ! Maïté B

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

HomosyntaxismeD'après Raymond Queneau

Soit la structure suivante : ASSVVS donnée au hasard par les participants du groupe A, où V = Verbe ; S = Substantif (nom propre ou commun, sujet) ; A = Adjec-tif (qui décrit)

Acidulé, le dessert de griottes va finir le repasLiquoreux, le vin de noix adoucit et enchante les papilles.Sensuelle, la voix de Barbara attire et charme l'adolescent.Espiègles, Pierre et son jumeau chahutent et se griment en clowns.Françoise B

Précieux, les bijoux et les sacs sont achetés au magasin le plus proche de chez nous.

Amoureux, filles et garçons vont danser au bal.

Marie-Paule M

Attentive étoile, la lune brille et veille sur nous.Alerte, le phare en mer veille et conduit les naufrageurs.Défroqué, le pommier du jardin grince et rougit de sa nudité.

Maïté B

INCIPIT – Atelier d'écriture de Keredern, mené par Maïté Boucqueau (Espace Lecture Écriture) Novembre 2017

Soit la structure suivante : VSSAVAS donnée au hasard par les participants du groupe A, où V = Verbe ; S = Substantif (nom propre ou commun, sujet) ; A = Adjec-tif (qui décrit)

Venez, Suisses et Saxons Avenants,Visiter l'Admirable Suède ! Gwen L

- Vivre une vie et des moments forts, aimer très fort la vie- Vouloir des instants en des étreintes sublimes, rêver d'un impossible amour- Repeindre les murs et les volets en rose, se rendre compte que c'est une vi-

laine couleurMarie-Rose R

Vivre le temps les saisons présentes justifie notre belle existence.François B

Je crois que, toi, moi, arrimés pour toujours, nous irons ensemble jusqu’à en mourir.

Françoise D

Aimer à la folie, à la mort, subite, et mourir sur le qui-vive éternellementDD la neige

Voir son mec et son caleçon pas net prendre définitivement la porteMaïté B