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INTRODUCTION I I I I I I I I N N N N N N N N N N N N N N N N N N N NT T T T T T T T T T T R R R R R R R R R R R O O O O O O O O O O O OD D D D D D D D D D D U U U U U U U U U U U C C C C C C C C C C C CT T T T T T T T T T TI I I I I I I I I I I O O O O O O O O O O O O N N N N N N N N N N N N e Limousin cumule les paradoxes en matière religieuse. Fortement déchristianisé, rituels anciens capables de déplacer les foules, comme les ostensions*. Alors que de nombreux lieux de cultes sont fermés, des associations toujours plus nombreuses se passionnent pour restaurer et faire découvrir un patrimoine aussi riche que divers. Cette situation a suscité l’intérêt des chercheurs et entraîné un profond renouvellement dans l’approche de l’histoire religieuse au Moyen Âge. Les études et les chantiers d’archéologie ou de restauration viennent enrichir presque au quotidien notre connaissance de l’Église dans le Bas-Limousin. Ces travaux mettent en lumière l’impact considérable de l’Église chrétienne sur les mentalités et les perceptions. Ils montrent aussi qu’au Moyen Âge les communautés monastiques ont fortement contribué à dessiner les paysages que nous traversons au quotidien. Si des villes comme Brive, Tulle, Beaulieu se sont révélées particulièrement riches et continuent Lavinadière ou les fresques de Gimel. L Extension du christianisme au IIIe siècle Extension au IVe siècle Extension au VIe siècle Une christianisation progressive des territoires. Carte I. Taillefer, d’après A. Westermann. Un mégalithe christianisé, le menhir du Pilar, commune de Bonnefond. © Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2051. Cliché I. Taillefer. Les cultes polythéistes* gallo-romains, mais aussi certaines formes d’animisme*, comme le culte des arbres et des fontaines, y sont bien saints évangélisateurs et leurs successeurs doivent prendre en compte ces phénomènes pour gagner les populations à la foi nouvelle. Les premières missions de christianisation suivent les grandes voies romaines et prennent comme point de départ la capitale de la province, III e siècle. Saint Martial s’impose en Limousin et l’emblème des victoires de l’Église limousine. Il gagne en sainteté et en ancienneté avec les versions successives des récits de sa vie. Au XII e siècle, il devient même l’un des compagnons du Christ, un treizième apôtre envoyé par saint Pierre dans l’ouest de la Gaule. Ces récits merveilleux contribuent à l’œuvre saint du commun des mortels et le distinguent aux yeux de la population par les miracles qu’il opère. Au VI e siècle, saint Léonard prêche à l’est de Limoges, saint Yrieix à l’ouest et au sud, de même existantes se développent autour de leur tom- beaux, d’autres y naissent. Il reste, à partir de ces c’est théoriquement chose faite à l’époque de Charlemagne. Pour en rendre compte, l’exposition s’articule en trois espaces, séparés par des seuils, L’imprégnation en profondeur de la société et des espaces ne se réalise pas avant le X e siècle, suivant des voies multiples qui concourent à renforcer le poids de l’Église et la foi des chrétiens. L’Église dans le Bas-Limousin au Moyen Âge Saint Martial envoyé en Gaule. Miroir historial, 1463. Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 50, fol. 324. © BnF, Paris N N N N N N N N N N N N N F o r t eme n t déch r istianis é , s os t ensions*. A lors que de ujours plus nomb r euses se che que di v er s .

L’Église Eglise dans... · Le clergé régulier, essor d’une hiérarchie parallèle e clergé régulier tient un rôle majeur dans l’encadrement religieux, mais ne se confond

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INTRODUCTIONIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNTTTTTTTTTTTRRRRRRRRRRRROOOOOOOOOOOOODDDDDDDDDDDUUUUUUUUUUUUCCCCCCCCCCCCCTTTTTTTTTTTIIIIIIIIIIIOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNN

e Limousin cumule les paradoxes en matière religieuse. Fortement déchristianisé,

rituels anciens capables de déplacer les foules, comme les ostensions*. Alors que de nombreux lieux de cultes sont fermés, des associations toujours plus nombreuses se

passionnent pour restaurer et faire découvrir un patrimoine aussi riche que divers.

Cette situation a suscité l’intérêt des chercheurs et entraîné un profond renouvellement dans l’approche de l’histoire religieuse au Moyen Âge. Les études et les chantiers d’archéologie ou de restauration viennent enrichir presque au quotidien notre connaissance de l’Église dans le Bas-Limousin. Ces travaux mettent en lumière l’impact considérable de l’Église chrétienne sur les mentalités et les perceptions. Ils montrent aussi qu’au Moyen Âge les communautés monastiques ont fortement contribué à dessiner les paysages que nous traversons au quotidien. Si des villes comme Brive, Tulle, Beaulieu se sont révélées particulièrement riches et continuent

Lavinadière ou les fresques de Gimel.

L

Extension du christianisme au IIIe siècle

Extension au IVe siècle

Extension au VIe siècle

Une christianisation progressive des territoires. Carte I. Taillefer, d’après A. Westermann.

Un mégalithe christianisé, le menhir du Pilar, commune de Bonnefond.© Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2051. Cliché I. Taillefer.

Les cultes polythéistes* gallo-romains, mais aussi certaines formes d’animisme*, comme le culte des arbres et des fontaines, y sont bien

saints évangélisateurs et leurs successeurs doivent prendre en compte ces phénomènes pour gagner les populations à la foi nouvelle.

Les premières missions de christianisation suivent les grandes voies romaines et prennent comme point de départ la capitale de la province,

IIIe siècle. Saint Martial s’impose

en Limousin et l’emblème des victoires de l’Église limousine. Il gagne en sainteté et en ancienneté avec les versions successives des récits de sa vie. Au XIIe siècle, il devient même l’un des compagnons du Christ, un treizième apôtre envoyé par saint Pierre dans l’ouest de la Gaule.

Ces récits merveilleux contribuent à l’œuvre

saint du commun des mortels et le distinguent aux yeux de la population par les miracles qu’il opère. Au VIe siècle, saint Léonard prêche à l’est de Limoges, saint Yrieix à l’ouest et au sud, de même

existantes se développent autour de leur tom-beaux, d’autres y naissent. Il reste, à partir de ces

c’est théoriquement chose faite à l’époque de Charlemagne.

Pour en rendre compte, l’exposition s’articule en trois espaces, séparés par des seuils,

L’imprégnation en profondeurde la société et des espaces

ne se réalise pas avant le Xe siècle,suivant des voies multiples qui concourent

à renforcer le poids de l’Égliseet la foi des chrétiens.

L’Églisedans le Bas-Limousin

au Moyen Âge

Saint Martial envoyé en Gaule. Miroir historial, 1463. Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 50, fol. 324. © BnF, Paris

NNNNNNNNNNNNNN

Fortement déchristianisé,

s ostensions*. Alors que de ujours plus nombreuses se che que divers.

L’ÉGLISE et le POUVOIR

l’ÉGLISE :des INSTITUTIONS COMPLEXES,

des HIÉRARCHIES PRÉCISES,des ENJEUX COMMUNS,des RIVALITÉS INTERNESRRRRRRRRRRRRRRIIIIIIVVVVVVALALALALALALITITITITITITÉSÉSÉSÉSÉSÉSÉÉ IIIIIINTNTNTNTNTNTERERERERERERNENENENENENESSSSSSSSSSSSVVVVVVVVVV

L’évêque et la hiérarchie ecclésiastique diocésaine

En chaire, dans le chœur de la cathédrale, il énonce ex cathedra la vérité de la doctrine. Lors de synodes diocésains, il édicte des règlements sous la forme de statuts synodaux. Les visites épiscopales permettent en outre à l’évêque d’exercer un contrôle direct sur la vie de son diocèse. La relation d’une tournée de l’archevêque de Bourges, Simon de Beaulieu, dans le diocèse de Limoges en 1285 évoque son passage dans les abbayes,

arbitrages*.

Autour de l’évêque, les clercs de l’évêché forment une hiérarchie chargée de le seconder. Traditionnellement

de circonscriptions territoriales regroupant de nombreuses paroisses, tiennent également une place dominante dans la hiérarchie diocésaine.

Des insignes particuliers symbolisent son pouvoir : la mitre, la crosse épiscopale, la croix pectorale

temps chrétiens par le rituel de l’imposition des mains. Celui-ci lui confère de multiples pouvoirs sur le plan religieux et spirituel. Il ordonne les prêtres, veille au respect de la doctrine, contrôle les clercs et règlemente la vie religieuse. Élu par le chapitre cathédral,

désigné par le pape, ou parfois par la noblesse chevaleresque, l’évêque siège dans son diocèse jusqu’à sa mort. Il rend compte de son action au pape.

L

Dans les paroisses elles-mêmes, unités de base du découpage territorial diocésain, s’exerce le sacerdoce des curés. Ces prêtres, ordonnés par l’évêque et souvent proposés par le chapitre cathédral, forment la base de la hiérarchie du clergé diocésain. Leur sacerdoce s’ancraient dans l’environnement rural des communautés villageoises dont ils sont souvent issus. Ils délivrent les sacrements, prêchent le dimanche, veillent à enseigner les rudiments de la doctrine aux paroissiens, font exécuter les sentences épiscopales. Subordonnés à l’évêque et à ses représentants, les curés sont aussi liés

aux seigneurs locaux dans les cas, nombreux jusqu’au XIIe siècle, d’églises détenues par la noblesse chevaleresque. Ils vivent parfois à proximité de communautés monastiques amenées à leur délivrer une formation et à

entre l’abbé d’Uzerche et le desservant de la paroisse du

dans l’église abbatiale. La réforme grégorienne s’est XIe siècle de reprendre en main le clergé rural,

d’apporter un cadre réglementaire, de supprimer la vie en concubinage assez répandue.

Procès-verbal de la visite pastorale de Simon de Beaulieu, archevêque de Bourges,

Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 5536, fol. 41. © BnF, Paris.

Détail de la statue de la Vierge de Pitié, XVe-XVIe siècle. Église Saint-Martin à Soudeilles.© Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2009. Cliché, J.-M. Nicita.

Statue du saint évêque Martin, patron de Tulle, encadrant avec saint Clair la Vierge à l’Enfant, au deuxième étage de la face septentrionale du clocher de la cathédrale de Tulle.© Arch. dép. Corrèze, 1 Num 1999. Cliché J.-M. Nicita.

L’ÉGLISE et le POUVOIR

l’ÉGLISE :des INSTITUTIONS COMPLEXES,

des HIÉRARCHIES PRÉCISES,des ENJEUX COMMUNS,des RIVALITÉS INTERNESRRRRRRRRRRRRRRIIIIIIVVVVVVALALALALALALITITITITITITÉSÉSÉSÉSÉSÉSÉÉ IIIIIINTNTNTNTNTNTERERERERERERNENENENENENESSSSSSSSSSSSVVVVVVVVVV

Un maillage croissant du territoire

Au cours des XIIIe et XIVe siècles, lors de la résidence des papes en Avignon, l’Église opère une puissante construction institutionnelle

eux-mêmes subdivisés en archidiaconés, archiprêtrés* et paroisses.

Plus de neuf cents paroisses composent le vaste diocèse de Limoges. La création de l’évêché de Tulle en 1317 par le pape Jean XXII

la Xaintrie, vers l’est. Apparus aux XIe-XIIe siècles, les archiprêtrés* tenus par des membres de familles seigneuriales locales, comme à Gimel en particulier, sont très convoitées. La paroisse dans laquelle le curé desservant a charge d’âmes demeure néanmoins l’entité de base du pouvoir religieux.

L’essor des fondations monastiques dans le Bas-Limousin, en particulier l’essaimage d’Obazine au XIIe siècle, compose une deuxième strate de la nébuleuse des pouvoirs ecclésiastiques locaux. Cependant, seules les commanderies templières et hospitalières de Saint-Jean de Jérusalem ou du Saint-Sépulcre (Soudaine-Lavinadière) sont exemptes de l’autorité de l’évêque et relèvent directement du Saint-Siège à Rome.

Clercs et moines dans le diocèse de Limoges vers 1300. 1/650 000e.d’après Barrière (B.), Atlas du Limousin, planche 10 (réalisation J. Barret).© Presses universitaires de Limoges/Archives départementales de la Corrèze.

Le clergé régulier, essor d’une hiérarchie parallèle

e clergé régulier tient un rôle majeur dans l’encadrement religieux, mais ne se confond pas avec le clergé séculier. Il observe une règle fondée sur la

d’autonomie par rapport au pouvoir diocésain. Des communautés soucieuses de retrouver une forme de pureté évangélique sont à l’origine de monastères comme celui de Vigeois, connu dès le VIe

seigneuriaux s’attachent plus tard à encourager d’autres fondations, celle de Beaulieu au IXe siècle,

Xe siècle.Le renouveau monastique du XIIe siècle favorise

Bonnaigue dans le canton d’Ussel, l’une et l’autre

d’obédience cistercienne, mais aussi l’abbaye bénédictine de Bonnesaigne, monastère féminin du canton de Meymac, et l’abbaye de Meymac née de l’essor d’un prieuré* fondé en 1085. Ces communautés ont à leur tête un abbé élu, ou bien une abbesse, parfois imposés par un seigneur laïc

d’Uzerche, l’évêque Eustorge impose Guimbert, chanoine de Brive, alors que se disputent deux candidats. À l’instar de l’évêque, les abbés portent une crosse, symbole de leur autorité spirituelle. Ils siègent aux conciles provinciaux. Le prestige de leur ordre contribue à asseoir leur autorité. Bien que n’exerçant pas une pleine emprise sur le monde monastique, l’évêque conserve à son

qu’autorité religieuse supérieure.

L

Tandis que le Saint-Siège étend son ascendant politique et proclame son autorité spirituelle au-dessus des empereurs et des rois, les évêques limousins se font régulièrement les auxiliaires des souverains, dans les luttes qui opposent les Plantagenêts aux Capétiens au XIIe siècle, puis les rois d’Angleterre aux rois de France, pendant la guerre de Cent Ans. Ils jouent un rôle important dans la reconquête de l’autorité politique par les rois de France dans la première moitié du XVe siècle. La restauration de l’autorité spirituelle et morale des évêques dans les villes de leur diocèse, notamment lors des processions solennelles de leur intronisation, contribue au retour général à l’ordre établi.

Si l’appel des papes à la Croisade est largement relayé par les seigneurs limousins aux XIe-XIIe siècles, la fonction inquisitoriale de l’Église n’est quant à elle pas vraiment perçue dans la région au XIIIe siècle, où l’hérésie* cathare n’a pas de prise. En revanche, dès 1492, un religieux carme originaire de Rosiers professe à Limoges des doctrines suspectes, révélant ainsi les premiers stigmates de la Réforme.

Ministère spirituel et fonction politique

XIe siècle), reconstructeur de l’église Saint-Julien qui se trouvait proche du

Collection Musée du cloître à Tulle. © Arch. dép. Corrèze, 1 Num 1996. Cliché J.-M. Nicita.

Limites de l’anciendiocèse de Limoges

Limites des archiprêtres

Limites des départementsactuelsItinéraires de pèlerinageAncien diocèse de Tullecréé en 1317

Altitude supérieureà 600 m

ChanoinesEtablissements de chanoines antérieurs à l’an mil

attestés avant l’an mil

créés au Xe s.

réformés aux XIe - XIIe s.

postérieurs à l’an milcréés au XIe - XIIe s.

MoinesEtablissements de moines antérieurs à l’an mil

attestés avant l’an mil

créés au Xe s.

postérieurs à l’an milabbayes bénédictines et gros prieurés postérieurs à l’an milabbayes bénédictines et gros prieurés postérieurs à l’an mil

Ordre de Malte

Ordres liés à la croisade

Saint Sépulcre

Grandmont (chef d’ordre)

Lartige (chef d’ordre)

Glandier (chartreuse)

Frères ermitesEtablissements érémitiques postérieurs à l’an mil

Clel rrcs etcs et imoinesmoines ddansdans llele die dioe dioccè dèse deèse de LiLimogLimogeses v 13ers 13ers 1300 1/00 1/00 1/650 00650 00650 00000ee

L’ÉGLISE et le POUVOIR

l’ÉGLISE,PIVOT des RELATIONS,

POLITIQUES,ÉCONOMIQUES et SOCIALESÉÉÉÉÉÉCOCOCOCOCONONONONONOMMMMMMIMIMIMIMIMIQUQUQUQUQUQUESESESESESES MIQUESMIQUES etetetetet SOSOSOSOSOSOCICICICICICIALALALALALALESESESESESESSSSSSS

L’autorité de l’Église face à l’éclatement des pouvoirs

Litre funéraire* peinte dans l’église Saint-Julien-de-Brioude à Concèze.

étentrice du pouvoir spirituel et religieux, l’Église exerce une autorité morale supérieure qui lui confère le pouvoir de légitimer et celui de condamner. De ce fait, elle ne se tient pas à l’écart de la vie sociale, mais occupe au contraire une position centrale dans les relations politiques et économiques aux côtés des seigneurs laïcs.

Aux Xe et XIe siècles, évêques et abbés contribuent à l’élaboration de nouveaux équilibres après la décomposition de la puissance carolingienne. Souvent issus de lignages nobles, ils agissent en liaison avec les représentants de la noblesse chevaleresque.

Turpin, Èbles, ou encore Hildegaire, évêques successifs de Limoges au Xe siècle, appartiennent à des lignées vicomtales et aristocratiques. Sous leur égide se multiplient les implantations monastiques. Èbles et Hildegaire fondent l’abbaye d’Uzerche. Ils rejoignent en cela un autre évêque fondateur, Raoul, évêque de Bourges au IXe siècle, issu du lignage des vicomtes de Turenne et fondateur de l’abbaye de Beaulieu. La noblesse locale est à l’origine de la majeure partie des donations par lesquelles se constituent les domaines ecclésiastiques.

un mécanisme de relations de parenté et le rayonnement des monastères et des sanctuaires.

D

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XIIe - début XIIIe siècle.Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 1560, fol. 22 et 22v. © BnF, Paris.

Promesse faite par Boson II vicomte de Turenne, à l’occasion d’une visite aux pauvres d’Obazine demeurant prés de l’église Sainte-Marie de Baudran, de donner aux desservants de cette église ce qui de sa terre leur semblerait le plus nécessaire. Don ultérieur par la vicomtesse au « prieur » Étienne, — à la suite de la mort soudaine

souvinrent de sa promesse —, du manse de Tersac, avec ses habitants héréditaires surnommés les Blain et sans aucune réserve.Extrait de Le cartulaire de l’abbaye cistercienne d’Obazine (xIIe-XIIIe siècle), éd. B. Barrière, p. 111.

L’an mil marque un tournant majeur sur le plan des relations de pouvoir, la réforme grégorienne tendant à émanciper le pouvoir épiscopal de la puissance séculière. La condamnation des guerres privées par les conciles réunis à Charroux en 989 et à Limoges entre 994 et 1031 illustre ce rééquilibrage des pouvoirs.

La lutte contre la violence seigneuriale montre l’ascendant que parviennent à acquérir les hommes d’Église sur les représentants de la noblesse chevaleresque. Devant eux sont

et les dissensions interminables. Grâce à l’intervention de l’évêque de Limoges au début du XIIe siècle, le chevalier de Nedde et ses frères jurent « sur leur foi… qu’ils se comporteront de manière

l’évêque Eustorge parvient-il à mettre

de saint Martial, et là, en présence de l’évêque Eustorge et de l’abbé Amblard, et devant un grand nombre de gens,

actes de repentance concrétisés par une donation. L’appel à la croisade

opéré par l’Église. La noblesse limousine s’implique tout particulièrement dans le pèlerinage de Jérusalem que constitue l’opération de reconquête lancée par Urbain II à Clermont-Ferrand, puis à

de Lastours et Raymond de Turenne se distinguent dans les chroniques par leur action en Terre sainte, mais d’autres noms de seigneurs du Bas-Limousin sont cités comme Raymond de Curemonte, vassal du vicomte de Turenne, Hélie de Malemort ou Guillaume de La Roche-Canillac. De retour de croisade, Raymond

monastères. Il fonde près de Turenne un hospice de lépreux ainsi qu’un hôpital.Tombeau : gisant d’un noble, XIVe siècle. Église Saint-Martin à Soudeilles.

© Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2010 (3). Cliché J.-M. Nicita

L’ÉGLISE et le POUVOIR

l’ÉGLISE,PIVOT des RELATIONS,

POLITIQUES,ÉCONOMIQUES et SOCIALESÉCÉCÉCÉCÉCÉ ONONONONONOMOMOMOMOMMMMMMMIQIQIQIQIQIQUEUEUEUEUEUES SSSSSMIQUESMIQUES etetetetet SSSSSSSSOCOCOCOCOCOCIAIAIAIAIAIALELELELELELESSSSSSSSSSSS

Pouvoir économique et partage du sol : la répartition domaniale

e pouvoir de l’Église tient en premier lieu à son rayonnement spirituel, mais il est aussi associé à la dimension domaniale de ses institutions. Évêques, abbés et chapitres contrôlent d’importants domaines regroupant des terres agricoles, des églises paroissiales,

des prieurés*, des fermes et des droits d’usages. Ces biens forment le temporel* de l’Église dont celle-ci tire ses revenus. Évêques et religieux sont ainsi directement impliqués dans la vie économique et sociale. Les monastères sont réputés pour leur capacité à mettre en valeur les domaines agricoles, dont la production contribue pour une grande part à leur prospérité.

L’ensemble domanial sur lequel l’évêque de Limoges exerce un contrôle direct approche, par son importance, celui du vicomte. Ses biens représentent parfois la totalité des richesses d’une paroisse rurale - terres, forêts, habitations, étangs, moulins, cheptels. Relèvent ainsi directement du domaine épiscopal la cité de Limoges, mais aussi le château de l’Isle, des paroisses du nord du Limousin, ou d’autres sur la Vienne comme celles de Saint-Junien, de Saint-Léonard-de-Noblat et d’Eymoutiers. Dans le Bas-Limousin, l’emprise épiscopale s’exerce dans les paroisses de Blanchefort, Saint-Jal, Allassac, Donzenac, Brive ou Malemort. S’y ajoutent les biens associés aux églises paroissiales directement contrôlées par l’évêque et, à partir des XIe et XIIe

reçoit l’hommage de seigneurs laïcs.

L

Vue générale de Rocamadour (Lot). Au centre, la basilique médiévale Saint-Sauveur et le palais des évêques de Tulle.© Cliché N. Blaya. Conseil général du Lot. Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2024.

Le patrimoine de l’abbaye de Beaulieu s’est d’abord développé de part et d’autre de la Dordogne, puis s’est enrichi de possessions situées plus au nord, et au nord-est. Une soixantaine d’églises se trouve dans sa dépendance au début du XIe siècle. L’abbaye d’Uzerche détient à la même époque un patrimoine moindre, centré sur quelques églises et des possessions situées dans des paroisses proches, auxquelles s’ajoutent des implantations autour de Moutier-d’Ahun (Creuse), liées aux dons des comtes de la Marche. De nouveaux dons permettent au XIe siècle le renforcement de ce patrimoine avec notamment des possessions en Périgord et en Angoumois.

Carte extraite de Lescure (Sophie), Les dépendances de l’abbaye d’Uzerche , mémoire de master II en

archéologie médiévale, Université de Toulouse II Le Mirail, 2008, t. II, annexe 6.

Au début du XIIe siècle, les courants réformateurs redonnent vigueur au processus de développement de nouveaux établissements monastiques. L’abbaye d’Obazine met ainsi en place à partir des années 1140 un réseau d’exploitations agricoles sur le principe des granges cisterciennes implantées autour d’Aubazine et près de Chamboulive et Lagraulière. D’autres existent sur le plateau de Millevaches, en bordure de Dordogne ou en Quercy, non loin de Rocamadour. L’organisation domaniale des exploitations agricoles génère des circuits économiques organisés sur de longues distances. L’abbaye d’Obazine possède une grange dans l’Île d’Oléron où elle exploite des marais salants. Entre Aubazine et la Saintonge, les moines ont pris soin d’établir les jalons d’une route du sel que sont le grenier à sel de Cognac, la grange urbaine

et de Grobot.

Au maillage des possessions domaniales s’agrège aux XIe et XIIe siècles un tissu de droits féodaux. Le système seigneurial et la féodalité se mettent en place. Prélèvements, droits particuliers, dîmes*, corvées, mais aussi droits de justice transforment évêques et abbés en seigneurs ecclésiastiques à l’image des seigneurs laïcs.

La constitution d’ensembles domaniaux sous le contrôle de communautés religieuses, monastiques ou canoniales, répond au même modèle, bien que ces domaines soient moins importants que celui de l’évêque. Celui de l’abbaye de Tulle est le principal en Bas-Limousin. Ses biens empiètent sur la ville de Tulle. Ils s’étendent progressivement sur le pays environnant et atteignent des paroisses plus éloignées, notamment en Quercy où l’abbé de Tulle possède, à la suite de la donation de l’évêque de Cahors au Xe siècle, le sanctuaire de Rocamadour. Le vieux monastère de Vigeois prend, quant à lui, appui sur la frange occidentale du Bas-Limousin.

Le patrimoine de l’abbaye d’Obazine. Carte extraite de Moines en Limousin. L’aventure cistercienne, sous la direction de Bernadette Barrière, Limoges, Pulim, p. 101.

Limites départementales

Abbaye d’Uzerche

Dépendances

Granges polyvalentes Entrepôts urbains

Granges spécialisées Nébuleuses de domaines Limites du diocèse de Limoges

Cités épiscopales

Liaisons

L’ÉGLISE et le POUVOIR

Des abbés laïques à la seigneurie ecclésiastique

L’essor économique des abbayes et églises limousines renforce également la prospérité des marchands. Au XIIIe siècle, les bourgeois de Beaulieu, soucieux de gagner leur indépendance, s’allient à ceux de Figeac et Aurillac, puis entrent en

pouvoirs judiciaires sur la ville. Philippe VI

Dans la vicomté de Ventadour, l’abbé de Charroux et le prieur de Saint-Angel transigent avec les seigneurs du lieu, Hugues de Mirabel (1279) puis Aymon de Rochefort (1300), sur le partage des droits seigneuriaux.

À Tulle, en revanche, l’abbé, devenu évêque, garde la haute main sur l’administration de la cité : Jean de Cluys accorde les premiers privilèges seulement en 1430, le consulat n’est instauré qu’en 1566.

ux IXe et Xe siècles, la désagrégation des structures administratives de l’empire carolingien, les invasions normandes et hongroises font des églises et de leurs clercs des proies faciles. Au sein du royaume, les biens des monastères sont sécularisés par des abbés laïques, les clercs subissent l’arbitraire des guerres

privées, la vie monastique est mise à mal par le relâchement de la discipline.La renaissance qui se fait jour au Xe

tard, de Cîteaux, marque le début du renversement de ce rapport de force. Un nombre grandissant de biens présumés usurpés sont restitués aux églises. Le testament du « vicomte » Adémar des Échelles, abbé laïc, au monastère Saint-Martin de Tulle, vers 922, illustre ce mouvement et témoigne d’une imprégnation spirituelle et millénariste.

A

s’étant faite que le monde est en danger pour l’avenir… moi… Adémar [comte], je rends tout d’abord à Dieu et à Saint-Martin de Tulle toutes les terres et les églises que je tiens de la dite abbaye (…) et vingt manses que tient mon épouse Gauzla, à titre viager.

Les rapports noués entre l’Église et les seigneurs laïcs s’inscrivent dans un double mouvement. Si la restitution des biens ecclésiastiques et les nouvelles donations qu’elle entraîne procèdent de la crainte du Jugement dernier, les faveurs des seigneurs laïcs envers les monastères où ils placent leurs consanguins et font élection de sépulture permettent aussi d’y

Deux combattants armés d’écus et de masses d’arme, XIIe siècle. Chapiteau de l’église Saint-Martial à Sainte-Fortunade.

entre l’abbé Bégon d’Escorailles et les consuls de Beaulieu au sujet du partage des droits de justice, Paris, lendemain de la saint Laurent, 1255.

Bientôt maîtres d’un riche patrimoine temporel, les clercs s’emploient à le XIIe-XIIIe siècles) où sont transcrits les actes de legs

vertus des principaux donateurs et la vocation spirituelle de leur geste y sont célébrées.

Les angoisses du nouveau millénaire dans la vision du moine-historien Adémar de Chabannes

En ce temps-là apparurent des signes dans les astres, des sécheresses nuisibles, des pluies excessives, des épidémies terribles et de très graves famines ainsi que des éclipses de soleil et de lune, et la Vienne resta à sec, pendant trois nuits, à Limoges sur deux milles.[…] Et le susdit moine Adémar […], s’étant réveillé au milieu de la nuit, tandis qu’il levait les yeux au dehors vers les astres, aperçut

dans le ciel avec, suspendue à la croix, l’image du Seigneur pleurant

Chronique d’Adémar de Chabannes [copie dite A, Saint-Cybard d’Angoulême], XIe siècle.Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 5927, fol. 222 et 229 (ancienne bibliothèque de Thou). © BnF, Paris.

A S i C b d d’A’ lê ] e iè l

« Chaque fois que nous faisons quelque chose qui touche à l’utilité de nos lieux, il convient de le mettre par écrit pour le transmettre à la mémoire de la postérité… de façon à ce qu’apparaisse avec assez d’évidence, d’où sont survenues les bonnes actions que nous réalisons… Ainsi en l’an de l’Incarnation du Seigneur 1103, indiction 11, le

II], sous le règne de Philippe [Ier], dom Guillaume étant abbé claustral du monastère de Tulle, le dit monastère, qui était presque tombé de vétusté, commença d’être reconstruit à neuf. En faveur de cette reconstruction, des compatriotes ont commencé à fournir des aides, à proportion de leurs facultés et bonne volonté ».

l’ÉGLISE et les SEIGNEURS LAÏCS,

IX e-XV e SIÈCLE,des LIENS ÉTROITS, des RELATIONS

PARFOIS CONFLICTUELLESPPPPP RARARARARARPPPPPPP FFFFFOOOOOOOIOIOIOIOIOIOISSSSSSS CCCCCCCOOOOOOONFNFNFNFNFNFNFLILILILILILILICCCCCCCTTTTTTTUEUEUEUEUEUEUELLLLLLLLLLLLLLEEEEEEESSSSSSSSSSSSSS

L’ÉGLISE et le POUVOIR

Le clergé limousin, expression des solidarités entre lignages

u fait de son rôle politique et social déterminant, le recrutement du haut clergé

de Comborn qui contrôlent le territoire. Des puissants lignages féodaux de Comborn et de Ventadour sont issus plusieurs abbés de Tulle aux XIIe et XIIIe siècles.

à chaque génération, plusieurs de leurs rejetons en qualités d’oblats* dans des abbayes. Elles entraînent dans leur sillage vassaux et chevaliers : nombres d’abbés d’Uzerche des XIe et XIIe siècles se recrutent parmi ces « nobles hommes » nommées Donzenac, Lastours, Malefayde ou Mirambel.

Dispense du quatrième degré de consanguinité

Martiale du Treuilh (16 octobre 1522).

D

Testament de Bertrand Botinaud, évêque de Tulle (1407-1416), demi-frère du pape Grégoire XI, révélant les scrupuleuses dispositions spirituelles et morales du prélat, 3 juin 1412.

L’Église, les rois de France et leurs luttes d’influence à la fin du Moyen Âge

et d’Angleterre. Jean de Cros, évêque de Limoges (1348-1371) puis cardinal, apparenté aux papes Clément VI et Grégoire XI, occupe alors un rôle politique clé en Limousin. Instruits à la Curie* et courtisans nés, les évêques limousins assurent des missions, voire des ambassades étrangères pour le compte des souverains.

Pendant le Grand Schisme, l’archevêque de Bourges et le roi de France soutiennent l’un Martin de Saint-Salvadour, l’autre Hugues de Combarel (1416-1421) à l’évêché de Tulle. Plus tard, l’élection contestée de Louis d’Aubusson (1454-1471) fait l’objet d’un procès avec son compétiteur Guichard de Comborn, l’abbé d’Uzerche.

Louis XI accorde une attention particulière au choix des dignitaires

Gimel, seigneurie dont la position stratégique est essentielle. Dans la lutte

chapitre cathédral Géraud de Maumont, issu de la famille des seigneurs de

Denys de Bar, un berrichon dépourvu d’appuis locaux.

ecclésiastiques d’un nombre croissant de causes dans leurs juridictions.

Ces solidarités entre lignages permettent à l’évêque de Limoges d’imposer XI siècle. De même, la première croisade

elle l’occasion pour le pape Urbain II et le haut clergé limousin de canaliser les énergies guerrières. En 1177, le vieil évêque de Limoges Géraud du Cher fédère les seigneurs limousins, les contingents des villes et des campagnes dans la bataille contre les pillards brabançons, à Malemort.

Au XIVe

et de clercs de tous rangs. Les évêques de Tulle, sédentarisés en Avignon, font alors XVe siècle, en revanche, de brillantes

personnalités illustrent l’épiscopat limousin, tels Pierre de Montbrun qui restaura patiemment le diocèse de Limoges (1427-1457), Bertrand Botinaud (1407-1416) et Jean de Cluys (1426-1451) à Tulle.

XVe et XVIIe siècles) : vue partielle de la peinture murale dissimulée derrière le tableau de la Visitation.

Le donateur, probablement l’archiprêtre Jean de Gimel, prie agenouillé sous la protection conjuguée de saint Pardoux et de saint Guillaume d’Aquitaine, en mémoire de Guillaume II seigneur de Gimel, instigateur de la reconstruction de l’église.

© Arch. dép. Corrèze, G 35* (465). Cliché J.-M. Nicita.

l’ÉGLISE et les SEIGNEURS LAÏCS,

IX e-XV e SIÈCLE,des LIENS ÉTROITS, des RELATIONS

PARFOIS CONFLICTUELLESPPPPP RARARARARARPPPPPPP FFFFFOOOOOOOIOIOIOIOIOIOISSSSSSS CCCCCCCOOOOOOONFNFNFNFNFNFNFLILILILILILILICCCCCCCTTTTTTTUEUEUEUEUEUEUELLLLLLLLLLLLLLEEEEEEESSSSSSSSSSSSSS

L’ÉGLISE et la STRUCTURATIONdes TERRITOIRES

Cadre paroissial et maillage du territoire

a paroisse constitue la cellule de base de la chrétienté. Territoire dont nos actuelles communes sont issues, elle regroupe une communauté

à cette charge et une part de la dîme, impôt dû à l’Église. Des diacres apportent parfois leur aide aux prêtres. La taille des paroisses dépend de leur ancienneté, de la mise en valeur des terroirs et de l’importance de la communauté au moment de sa création.

L

1773. Arch. dép. Haute-Vienne, 1 G 716. © Photo Conseil général de la Haute-Vienne.

La progression du christianisme se traduit par un nombre croissant de paroisses. Dans le Bas-Limousin, l’essentiel du maillage en paroisses contiguës semble achevé

XIe

par le clergé séculier et par les communautés monastiques. L’exemplarité de vie des ermites et des saints hommes, comme saint Dumine à Gimel ou Étienne d’Obazine,

valeur. Les communautés monastiques, notamment cisterciennes*, ou celle de l’abbaye féminine de la Règle prennent la suite, à partir du XIIe siècle, dans ce rôle d’exemplarité pionnière des déserts.

Chapelle Saint-Étienne-de-Braguse à Gimel-les-Cascades, XIIe siècle.© Région Limousin, inventaire général du patrimoine culturel, P. Rivière, 1993.

Le peuplement des paroisses reste inégal et varie fortement au gré des épidémies et des guerres. Au sud de Brive et à l’ouest, le long de la voie reliant Limoges à Toulouse, se trouvent les zones les plus densément peuplées, mises en valeur de manière continue depuis l’Antiquité. Les premiers monastères d’importance s’y sont implantés avant l’an Mil, tels ceux de Vigeois ou d’Uzerche, puis de Beaulieu-sur-Dordogne, ainsi que des communautés de chanoines, telle celle du sanctuaire de l’église Saint-Martin de Brive. L’augmentation de population au XIIe siècle pousse les bénédictins* à implanter des prieurés* dans les zones jusque-là boisées, comme le font ceux d’Uzerche en direction de la forêt dite de Meilhards.

À l’est et au nord-est s’étagent des plateaux de 300

ont connu un peuplement plus faible. Les implantations bénédictines y sont plus rares, Saint-Angel constituant une exception précoce. À partir du XIIe siècle, les ordres qui recherchent le désert, comme les cisterciens*, mettent ponctuellement en valeur ces zones retirées, parfois suivis par les bénédictins*. L’exploitation des terres en faire-valoir direct jusqu’au XIIIe siècle,

privilégiée par les cisterciens, explique la formation de communautés paroissiales plus tardives que dans les dépendances des monastères bénédictins. Une partie des villages qui apparaissent dans ces conditions est d’ailleurs abandonnée dès le XIVe siècle, notamment dans les Monédières et sur le plateau de Millevaches en

la culture de certaines céréales dans les zones situées au-dessus de 600 m.

Gimel-les-Cascades : les mutations de l’espace paroissial

Un anachorète, Dumine, choisit au VIe siècle de se retirer dans les grottes d’une barre rocheuse de la vallée de la Montane. Dès le XIIe siècle, une église romane, dédiée à saint Étienne, remplace l’oratoire construit par le saint homme sur le roc de Braguse. Le site semble

Âge, la population se rapprochant des deux châteaux implantés sur un promontoire surplombant de 150 m l’église de Braguse. Une petite agglomération attractive, siège

se forme, vraisemblablement dès le XIIIe siècle. La chapelle castrale, reçoit des décors peints qui témoignent de la prospérité du lieu. Au XVIIIe siècle, l’église de Braguse est

trésor ramenés dans l’église Saint-Pardoux, qui devient l’Église paroissiale. Le lien avec l’ancienne église perdure pendant plusieurs siècles sous la forme d’une procession annuelle.

Buste reliquaire de saint Dumine conservé dans l’église paroissiale Saint-Pardoux à Gimel-les-Cascades, XVe siècle. © Région Limousin, inventaire général du patrimoine culturel, P. Rivière, 1990.

l’ÉGLISE,FAÇONNE l’ESPACE,

dans la SOCIÉTÉ MÉDIÉVALEdadadadadadadadadadaddd nsnsnsnsnsnsnsnsnsns l llllllllllllaa aaaaaaaa SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSOCOCOCOCOCOCOCOCOCOCOCIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉÉ M MMMMMMMMMMÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉ IÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉÉVVVVVVVVVVVALALALALALALALALALALLLLLLLLLLLEEEEEEEEEEVVVVVVVVVVVVVV

L’ÉGLISE et la STRUCTURATIONdes TERRITOIRES

Les abbayes modèlent les voies de communication et d’échanges

es monastères se montrent de bons gestionnaires et des aménageurs infatigables, sur lesquels les seigneurs laïcs prennent parfois modèle. La disposition des champs comme le choix des espèces cultivées doivent en partie aux indications et aux intérêts des monastères. Il en

est ainsi pour les vignobles renommés de la région d’Yssandon. La disposition et la hiérarchisation du réseau des chemins du Bas-Limousin médiéval tient aussi souvent aux activités des ordres monastiques ; une part importante du réseau de chemins ayant été réalisée ou améliorée pour relier les monastères à leurs dépendances et aux paroisses dans lesquelles ils possèdent des droits. Les

accentués par la demande des abbayes, au point que l’on peut presque parler de route de commerce monastique en ce qui concerne la route de la vinade. Dans le

dans la réalisation de nombreux étangs, de biefs et de moulins, dont certains marquent encore le paysage corrézien de leur présence ou de leur empreinte.

L

VIE DE SAINT ÉTIENNE D’OBAZINE

[…] L’homme de Dieu, avec son vénérable ami, parcourut toute la région.

part. Ce lieu, fort boisé est entouré de tous côtés par des rochers abrupts, et une rivière, la Corrèze, qui coule plus bas, lui donne un charme certain.

Parvenus à cet endroit l’avant-veille de Pâques, les saints hommes, nu-pieds, tels se présentaient-ils, pénétrèrent avec intrépidité vers l’intérieur du pays. Il y avait, non loin de là, une petite étendue plane, couverte de fourrés et de broussailles et encaissée entre de raides versants. Un petit ruisseau coulait en son milieu. On

toute la journée et le lendemain encore sans nourriture ni secours de personne.

Extrait de Vie de saint Étienne d’Obazine, M. Aubrun, p 48-51.

sur le territoire d’une paroisse dans le Bas-Limousin au XIIe siècle.

Paroisse, village et terroir : un réseau concentrique

À l’échelle de la paroisse, un schéma presque identique se dessine dans le Bas-Limousin, selon une organisation en auréoles concentriques. Le village et son église paroissiale sont de préférence implantés en position centrale, sur un replat protégé des vents dominants et des crues, disposant autant que possible d’une ou plusieurs sources à proximité. Le village est souvent situé en retrait par rapport aux voies de circulation principales, et l’on préfère au besoin un site peu visible à un site bien ensoleillé.

leurs lots de guerriers tout autant que de marchands. Autour du village se trouvent les jardins et les vergers, des enclos pour les animaux, s’ils ne sont pas sur la place centrale. Des champs, des

prés, parfois des vignes, des hameaux se situent avec les bois d’usage dans un

servant aussi de réserve de chasse pour le seigneur, se situent en périphérie. Les mottes castrales* se multiplient aux carrefours des gués* et des voies principales. On en compte plusieurs par paroisse en moyenne, soit plusieurs centaines érigées dans le Bas-Limousin entre le Xe XIIe siècle. Les abbayes tentent de limiter leur nombre, car les petits seigneurs turbulents qu’elles abritent génèrent guerres et destructions dans un paysage que les abbés organisent et font aménager avec soins par les hommes de leurs terres, laïcs ou convers*.

Extrait de Vie de saint Étienne d’Obazine dans Vies des saints, Vitae sanctorum. Fin XIIIe et XIVe siècles ; reliure XVIe siècle. Codex sur parchemin de 327 feuillets.Bibliothèque municipale de Dijon, ms 646, fol. 304. © BM Dijon (E. Juvin).

l’ÉGLISE,FAÇONNE l’ESPACE,

dans la SOCIÉTÉ MÉDIÉVALEdadadadadadadadadadaddd nsnsnsnsnsnsnsnsnsns l llllllllllllaa aaaaaaaa SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSOCOCOCOCOCOCOCOCOCOCOCIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉTÉÉ M MMMMMMMMMMÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉDÉ IÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉIÉÉVVVVVVVVVVVALALALALALALALALALALLLLLLLLLLLEEEEEEEEEEVVVVVVVVVVVVVV

Rivière non navigable mais qui permet d’installer des moulins

Prieuré bénédictin situé en bordure de forêt.

Voie de circulation à longue distance. Ici voie de Limoges vers Toulouse

Massif forestier très dense en cours de défrichement, notamment par les moines (ici forêt de Meilhards)

Château, situé à proximité des voies de passage ou en bordure des seigneuries foncières. Motte castrale. Seigneur et ses chevaliers. Il y en a plusieurs par paroisse en général, soit plusieurs centaines en Bas-Limousin.

Seigneurie foncière 1 : seigneur laïc ayant distribué la seigneurie 2 à un vassal.

Petite agglomération : bourg castral avec l’église paroissiale. Des hameaux sont aussi dispersés sur la paroisse.

Seigneurie foncière 2 : seigneur foncier vassal du précédent.

Seigneurie foncière 3 : un abbé en est le seigneur ecclésiastique. Il tente d’interdire la construction de châteaux de seigneurs laïcs à proximité de sa seigneurie foncière.

Seigneurie foncière 3 : une partie des terres de l’abbé se trouvent enclavée dans celles du seigneur 1.

Droit de péage routier exercé par le seigneur le plus important, en limite de ses terres et celles de son vassal.Droits perçus par le vassal sur un moulin banal situé sur les terres de son seigneur. Droits reçus par héritage.

La paroisse : une communauté de

pour le prélèvement de la dîme de l’Église, puis la répartition de la taille royale.

L’ÉGLISE et la STRUCTURATIONdes TERRITOIRES

Un moine visionnaire et son œuvre, saint Étienne d’Obazine

’Église cherche au début du XIIe siècle à mieux encadrer et diriger les

de la vie monastique dont témoigne la création de l’ordre de Cîteaux en 1098 par Robert de Molesme et son expansion grâce à Bernard

de Clairvaux (1090-1153). Les expériences de l’ascétisme* et de l’érémitisme*,

L

XIIe-début XIIIe siècle.Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 1560, fol. 5 et 5 v. © BnF, Paris.

Don de Pierre de Veyrières entrant au monastère avec son épouse et ses enfants, et avec son frère Bernard et sa sœur Pétronille qui donnent leur consentement, de la maison-forte de Veyrières avec toutes ses appartenances, des trois manses de Varges, des Bordes et de Seugnac, et de toutes ses autres biens.Extrait de Le cartulaire de l’abbaye cistercienne d’Obazine (XIIe-XIIIe siècle), éd. B. Barrière, p. 78.

L’histoire spirituelle d’Obazine est liée à son père fondateur : Étienne de Vielzot. Entre 1125 et 1130, accompagné d’un dénommé Pierre, Étienne s’installe dans des collines boisées dominant la vallée de la Corrèze pour vivre l’expérience érémitique, une vie à l’écart du monde vouée à la prière et au travail manuel dans l’austérité. En raison du nombre grandissant de disciples, hommes

il prend l’habit blanc régulier cistercien* et la communauté est constituée en abbaye double : celle des hommes est implantée sur le versant sud de la colline d’Obazine et celle des femmes au fond du vallon proche du Coyroux.

Des défrichements et des terrassements, réalisés par les membres de la communauté, sont nécessaires avant la construction des monastères. À la demande d’Étienne, des moines venus de l’abbaye cistercienne de Dalon, située dans l’actuel département de la Dordogne, initient la communauté à la vie monastique et à la stricte observance d’une règle. Étienne obtient en 1147, avec l’appui du pape Eugène III (1145-1153), le rattachement de son abbaye à l’ordre de Cîteaux.

Étienne est aussi le fondateur de l’abbaye de Bonnaigue près d’Ussel en 1144, de celle de La Valette en 1146 et de celle de la Garde-Dieu, située dans le diocèse de Cahors, en 1147.

Un monastère double : Obazine et Coyroux

Entre 1147 et 1176, un nouvel ensemble monastique

à Obazine, preuve de la prospérité grandissante de la communauté. L’église abbatiale est consacrée en 1176 et la salle capitulaire utilisée par les moines à partir de 1180

Les nouveaux bâtiments respectent le modèle architectural des abbayes cisterciennes. Autour du périmètre du cloître sont alignés quatre bâtiments principaux de style roman : au sud, l’église abbatiale longue de quatre vingt dix mètres, à l’est, un édifice comprenant la salle du chapitre, une salle de lecture et le dortoir des moines, au nord, le réfectoire et enfin à l’ouest, le bâtiment des convers*. Un escalier permet aux moines d’accéder depuis le dortoir au chœur de l’église pour accomplir les offices de nuit.

Le monastère féminin du Coyroux est installé dans un fond de vallée étroit que les moines doivent aménager pour le rendre constructible. Dès l’origine, les religieuses vivent recluses. Le choix du site répond aux attentes des cisterciens de préserver et d’éloigner les moniales des regards. Sur le plan spirituel et matériel, la communauté féminine dépend entièrement du monastère des hommes.

Au cours du XIIIe siècle, la dépouille d’Étienne, vénéré comme un saint depuis sa disparition, est déposée dans une châsse sculptée, monument ciselé et ajouré qui recouvre et protège le gisant du moine fondateur. Le décor de ce tombeau placé dans le transept de l’église abbatiale est composé d’arcs, de colonnettes, de représentations végétales, d’oiseaux, d’anges et de quarante six personnages dont la vierge, les moniales du Coyroux, six abbés, des convers, des paysans et Étienne.

Maquette du monastère de Coyroux.Proposition de restitution des lieux monastiques vers 1200, d’après les élévations subsistantes, les fouilles archéologiques (1976-1996) et les documents d’archives. 1998. Échelle : 1/130e. Réalisation : P. Chauprade. Conception : B. Barrière, G. Cantié, L. Ferran. © Cliché Harpau.

Tombeau de saint Étienne d’Obazine, XIIIe siècle.© Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2055. Cliché J.-M. Nicita.

des COMMUNAUTÉS MONASTIQUES VISIONNAIRES,

l’EXEMPLE d’OBAZINEllllllll’l’EEEEEEEEEEEEEE’’ XEXEXEXEXEXEXEXEXEXEXEXEXEMMMMMMMMMMMMMMMMPMPMPMPMPMPMPMPMPMPLELELELELELELELELELE dddddddd’d’d’OOOOOOOOOOOOBBBBBBBBBBBAAAAAAAAAAAZZZZZZZZZZZIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE

L’ÉGLISE et la STRUCTURATIONdes TERRITOIRES

Des exploitations agricoles en réseau, les granges cisterciennes

ans le respect de la règle et des statuts cisterciens, le monastère doit subvenir à ses propres besoins. Les moines d’Obazine constituent pour cela un réseau d’exploitations agricoles appelées granges. Ces fermes sont organisées à partir des donations de terres, de vignes, de forêts, d’étangs et des droits divers qui s’y rattachent. Ces granges sont pour la plupart implantées dans un rayon de

ou dans le haut Quercy, autour de Rocamadour, comme celle des Alix ou de Bonnecoste. Leur installation dans cette région est encouragée par l’abbé de Tulle Géraud d’Escorailles. Seules la grange de La Morinière où sont mis en valeur les marais salants sur l’Île d’Oléron, et celle de Graule sont plus éloignées. La gestion

produisent principalement des céréales et y pratiquent aussi l’élevage et la pisciculture. La vigne est parfois cultivée.

Église du prieuré de Saint-Angel, XIIe-XVIe siècle. Arch. dép. Corrèze, 36 Num 429. © P. Malperut.

D

Une prouesse technique, la domestication de l’eau

Pour les nécessités domestiques et les besoins agricoles, la maîtrise de l’eau est un domaine dans lequel les moines cisterciens ont manifesté un grand savoir-faire. Plusieurs réalisations techniques audacieuses ont

XIIe siècle, les moines entreprennent la construction d’un canal dit

Le double site et les aménagements du Coyroux. Carte extraite de Moines en Limousin. L’aventure cistercienne, sous la direction de Bernadette Barrière, Pulim, Limoges, p. 178.

Sa conception et sa réalisation ont, peut-être, été entreprises par des moines venus de Cîteaux. Pour réaliser cet aménagement hydraulique, ils détournent les eaux du Coyroux. Depuis le point de capture de l’eau jusqu’au monastère, le canal a une longueur d’environ un kilomètre et demi. L’eau alimente un vivier installé en contrebas de la cuisine du monastère. Elle actionne trois moulins construits le long du canal. Le monastère féminin est alimenté par l’eau d’une source captée sur les hauteurs du versant opposé de l’étroite vallée, puis conduite par un aqueduc souterrain jusqu’au cloître et à la cuisine du monastère.

Canal des moines à Aubazine. © Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2042. Cliché J.-M. Nicita.

Plusieurs moulins sont construits le long du Coyroux ou équipent les granges de l’abbaye. Dans la vallée de la Tourmente où sont implantées deux granges d’Obazine, les frères convers auraient drainé et asséché la plaine pour la mettre en valeur.TouTTme

Saint-Angel, une des plus anciennes fondations monastiques limousines

Un prieuré de Charroux.

IX prend sous sa protection l’abbaye de Charroux et ses biens, dont

conventuel, dirigé par un prieur nommé par l’abbé de Charroux, qui exerçait son autorité sur les moines placés sous sa direction.

1657. Le nombre a pu varier, il est inconnu pour le Moyen Âge.Les dépendances de Saint-Angel. Bien que prieuré, Saint-Angel avait sous sa dépendance des églises et d’autres prieurés parmi lesquels on compte au début du XIVe

Une seigneurie. Deux seigneuries cohabitaient à Saint-Angel, la seigneurie laïque, exercée par les seigneurs du lieu, notamment Mirambel et Rochefort. Le prieur de Saint-Angel exerçait des droits seigneuriaux sur une partie du bourg et sur la plupart des villages des paroisses voisines. J.-L. Lemaitre.

Canal des moines à Aubazine. © Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2043. Cliché J.-M. Nicita.

des COMMUNAUTÉS MONASTIQUES VISIONNAIRESMMMMMMMMMMMMMMMONONONONONONONONONONONONONON SASASASASASASASASASASASASASTITITITITITITITITITITITITIQQQQQQQQQQQQQQQQQUQUQUQUQUQUQUQUQUQUQU SESESESESESESESESESES QQQ VVVVVVVVVVVV SISISISISISISISISISIS OIOIOIOIOIOIOIOIOIOIONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNAIAIAIAIAIAIAIAIAIAIRREREREREREREREREREREEEEEEEEEEESSSSSSSSSSS

L’ÉGLISE et la STRUCTURATIONdes TERRITOIRES

Pèlerinage et culte des reliques

la recherche du salut, de l’expiation d’une faute ou d’un miracle de guérison. Ils sont aussi l’expression d’une pénitence pour le pardon des péchés.

Le pèlerin chemine vers un sanctuaire où sont conservées les reliques de saints déposées dans une châsse ou

ou une sainte voire parfois pour sa statue. La consécration d’un autel n’est possible que si l’église conserve des reliques qui deviennent essentielles à son rayonnement.

Dans le Bas-Limousin, de nombreuses châsses ont été réalisées par les ateliers d’émailleurs de la région. Certaines sont conservées dans des églises paroissiales comme celle de Saint-Martin-de-Tours à Laval-sur-Luzège ou celle de Saint-Viance. Le pèlerinage vers un sanctuaire renommé assure prestige et source de revenus au village, à la ville et aux religieux ou clercs qui le possèdent et l’entretiennent.

Un sanctuaire de pèlerinage à l’origine d’une ville : Saint-Martin de Brive

Un lieu de culte paléochrétien autour du sanctuaire de Martin l’Espagnol est à l’origine du dévelop-pement du bourg qui devint le noyau historique de la ville de Brive. Des récits composés au XVIIe siècle

racontent la vie de ce noble missionnaire originaire d’Espagne, né vers l’an 365, devenu disciple de Martin de Tours. Il se serait arrêté à Savignac, en Périgord, où on l’aurait initié au christianisme, puis il aurait été martyrisé à Brive, en 407, au moment où il tentait de détruire l’autel d’un culte païen.

martyr. L’évêque de Limoges saint Rorice 1er aurait fait élever sur les lieux mêmes de l’ancien temple un oratoire commémoratif en 495.

du VIe siècle, mais aucune chronique ancienne n’évoque son martyr. Sur sa tombe, située dans la nécropole, se produisent des miracles, si bien que l’on y construit une basilique au VIe siècle. Aux alentours de l’an mil, les pèlerinages sur le tombeau de saint Martin sont en plein essor. Le culte est entretenu par une communauté canoniale

XIe siècle. Á la suite de la réforme grégorienne, la communauté adopta la règle de saint Augustin.

Q

-ment du culte marial et peuvent acquérir une renommée européenne. Au XIIe siècle, sous l’impulsion des abbés de Tulle, seigneurs du lieu depuis le Xe siècle, Rocamadour, lieu de culte marial, attire ainsi les pèlerins de toute l’Europe.

Le Bas-Limousin est à l’écart des quatre grandes voies de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle

au XIIe

chemins de la région.

Les chemins de Saint-Jacques

Des éléments architecturaux témoignent de ce pèlerinage en Bas-Limousin et des liens d’individus ou d’institutions ecclésiastiques avec le sanctuaire ibérique. Le symbole emblématique du pèlerinage à Compostelle, la coquille, est représenté sur un chapiteau de la cathédrale de Tulle. D’autres éléments sculptés ornent les croix comme celle de Saint-Jacques à Brive ou celle de Malemort. Les détails sculptés du bénitier du XIIIe siècle de l’église de Lanteuil évoquent aussi le pèlerinage.

La présence de statues de saint Jacques, est un autre signe de la popularité acquise par

le pèlerinage à Compostelle dans les paroisses limousines. Des chapelles comme celles de la Plantade à Bort, de Saint-Jacques à Chaumeil, ou encore, dans la cité de Tulle, la chapelle Saint-Jacques autrement désignée Notre-Dame de Montre-Chemin, rappellent le passage des pèlerins.

Des hôpitaux et des maladreries*, comme à Tulle ou à Lubersac, des auberges comme le relais de Saint-Jacques à l’Habitarelle de Gimel, jalonnent aussi les chemins vers Compostelle.

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France et en Espagne. Arch. dép. Corrèze, 1 Fi 499.© René de La Coste-Messelière. Centre d’études compostellanes, Paris.

Châsse (les rois mages) conservée dans l’église paroissiale de Saint-Martin-de-Tours à Laval-sur-Luzège, XIIIe siècle. © Région Limousin, inventaire général du patrimoine culturel, P. Rivière, 1995.

Châsse de saint Viance conservée dans l’église paroissiale de Saint-Viance, XIIIe © Région Limousin, inventaire général du patrimoine culturel, P. Rivière, 1995.

Collégiale Saint-Martin de Brive-la-Gaillarde, XIIe-XIVe siècles.Brive Magazine. © S. Marchou.

des SAINTS ET DES SAINTES, l’INFLUENCE des RELIQUES

et des PÈLERINAGESetetetetetet d ddddddeseseseseses PPPPPPPPPPPÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈ RERERERERERERERERERER NININININININININININAAAAAAAAAAGGEGEGEGEGEGEGEGEGEGEEEEEEEEEEESSSSSSSSSSSAAAAAAAAAAAAA

L’ÉGLISE et la STRUCTURATIONdes TERRITOIRES

Les abbés de Tulle, bienfaiteurs et promoteurs de Notre-Dame de Rocamadour

ien plus encore, les abbés de Tulle ont établis des relations étroites entre leur cité, Rocamadour et l’Espagne. L’église et son monastère relèvent des abbés de Saint-Martin de Tulle depuis le xe

qui les oppose aux abbés de Marcillac en Quercy pour la possession du lieu s’éteint en 1193 après le renoncement de l’abbé du lieu.

Rocamadour n’est pas citée avant le XIIe siècle, période au cours de laquelle Èbles de Turenne, prieur du monastère Saint-Martin de Tulle, développe le pèlerinage vers ce sanctuaire marial. Depuis Bénévent-L’abbaye, un itinéraire qui passe par Treignac, Chaumeil, Tulle, Aubazine, Collonges facilite la venue des pèlerins venant du nord.

B

Les liens de la cité de Tulle avec le sanctuaire de Saint-Jacques sont renforcés en 1181. En reconnaissance de la protection et des soins accordés aux pèlerins de passage à Tulle, le roi de Castille, Alphonse VIII, donne à l’abbé de Tulle, Géraud d’Escorailles qui a

quatre autres entre 1217 et 1318, apparaît dans le cartulaire* de Tulle. Les prélats* de Tulle possèdent désormais des étapes sur la route qui mène au sanctuaire de Galice. Jusqu’au xive siècle, le prieur du village d’Hornillos est un clerc de l’abbaye de Tulle et les moines y fondent un hôpital de Notre-Dame-de-Rocamadour. Ainsi, les propriétés, avantages et privilèges acquis par les abbés et évêques de la cité prouvent l’importance du mouvement « jacquet » à Tulle.

La popularité du culte de Notre-Dame de Rocamadour dans la péninsule ibérique est aussi associée à la Reconquista et notamment à la victoire des chrétiens à Las Navas de Tolosa en 1212. Le déploiement d’un étendard à l’image de la Vierge quercynoise par des chevaliers limousins qui participent à la bataille leur aurait permis de l’emporter.

Chapelle de la vierge à Rocamadour. © Cliché N. Blaya. Conseil général du Lot. Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2025.

Vierge noire de Rocamadour.© Cliché N. Blaya. Conseil général du Lot. Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2026.

Au XIIe siècle, le pèlerinage à Rocamadour devient régulier et prend même une dimension européenne. Son importance s’accroît après 1166 avec la découverte du corps de l’ermite Amadour, inhumé près de l’autel de l’église, à travers aussi la dévotion rendue à la statue de la

des libérations de prisonniers et des sauvetages de bateaux. Une petite cloche en fer forgé, d’abord suspendue dans l’oratoire puis sur un mur extérieur, avait le pouvoir de s’agiter toute seule pour alerter d’un danger de naufrage. Les marins rescapés venaient déposer des ex-voto, de petits navires, en reconnaissance à la Vierge pour les avoir sauvés. Les condamnés

symboliques qu’ils portent en entrant dans l’oratoire.À partir de 1172, un registre, le

livre des miracles, est rédigé pour enregistrer tous les faits miraculeux attribués à la Vierge. Il est écrit par un moine de Rocamadour resté anonyme, à la demande de l’abbé de Tulle, Géraud d’Escorailles (1152-1188) dans un but de promotion du pèlerinage. Plusieurs copies du manuscrit ont été retrouvées,

quelques-uns des 126 récits, des allusions indiquent que les pèlerins de saint Jacques connaissaient le sanctuaire.

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Miracles de Notre-Dame de Rocamadour, XIIIe siècle.Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 17491, fol. 104v. © BnF, Paris.

Les pèlerins, avant de quitter Rocamadour, achètent une enseigne de pèlerinage, une sportelle, sorte de médaille en plomb, en étain ou en argent à l’image de la Vierge miraculeuse.

XIIIe-début XIVe siècle, à Notre-Dame-de-Rocamadour.

Musée National du Moyen Âge - Thermes de Cluny. © RMN.

Comme dans les grands sanctuaires,les pèlerins achètent des insignes qu’ils cousent ensuite sur leurs manteaux. Ils montrent ainsi les étapes de leur pèlerinage.

des SAINTS ET DES SAINTES, l’INFLUENCE des RELIQUES

et des PÈLERINAGESetetetetetet d ddddddeseseseseses PPPPPPPPPPPÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈLÈ RERERERERERERERERERER NININININININININININAAAAAAAAAAGGEGEGEGEGEGEGEGEGEGEEEEEEEEEEESSSSSSSSSSSAAAAAAAAAAAAA

les TERRITOIRES du SACRÉ :QUAND L’ÉGLISE FAÇONNE

les PERCEPTIONS et les MENTALITÉS

Commune de Saint-Salvadour. Échelle, 1/25 000. Carte IGN n° 2133 est Treignac/Seilhac.

Mappemonde révélant la vision symbolique du monde au Moyen Âge.Commentaire de l’Apocalypse, dit Beatus d’Arroyo. – Castille, XIIIe siècle. Provenance : Saint-André-d’Arrroyo. Bibl. nat. Fr., Mss, lat. 2290, fol. 13v et 14. © BnF, Paris.

Une vision symbolique du Monde

La perception des espaces découle aussi de cette vision du monde, ce que montrent

XIIe siècle au moins, le paradis terrestre, constituent les seuls repères cartographiques importants au yeux du chrétien. Seul le monde habité est représenté, car l’homme donne son sens à l’univers dans la relation qu’il nourrit avec Dieu. La terre est ronde, le fait est connu, mais négligeable, tant la réalité symbolique prime sur une réalité physique moins

La paroisse, un espace familier mais discontinu, hétérogène et polarisé

son échelle l’organisation de la chrétienté et son unité spirituelle. Le risque d’être rejeté de la cellule paroissiale (banni), ou d’être exclu (excommunié), même

pour les hommes de ce temps. Dans le Bas-Limousin, la plupart des serfs, vilains ou petits artisans sortent rarement et brièvement de leurs paroisses rurales, au contraire des seigneurs et d’une partie du clergé. Les déplacements sur de longues distances doivent être motivés, notamment par la croisade ou les pèlerinages.

Une perception concentrique de l’espace paroissial dans le Bas-Limousin médiéval, qui met en relief l’importance de l’église principale et de son cimetière.D’après J. Baschet ; conception et réalisation, I. Taillefer.

Dans le Bas-Limousin, le territoire paroissial semble opposer un espace proche et des espaces perçus comme plus lointains et moins maîtrisés. Le premier est caractérisé par un haut degré de sacralité et un meilleur sentiment de sécurité en raison de la

spirituelle décroît au fur et à mesure que l’on s’éloigne du cœur religieux et social de

son de la cloche de l’église paroissiale.L’espace paroissial apparaît au Moyen Âge « discontinu, hétérogène et polarisé ».

Discontinu, car seuls certains lieux sont pris en compte, en raison de la valeur positive ou

polarisé, car les seigneurs ecclésiastiques ou laïcs déterminent par leur présence des

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aurait été inconcevable au Moyen Âge.

véhiculée par l’Église. Elle domine et façonne dès lors l’imaginaire et les mentalités occidentales, en élaborant une interprétation fondée sur les textes sacrés (Bible, Évangiles) et sur les commentaires qui en ont été faits par les pères et docteurs de l’Église, les théologiens*. Dans cette lecture, les êtres et les choses trouvent une place voulue par Dieu et, de ce fait, immuable. Les hommes n’ont pas à observer le monde, mais à le contempler, pour s’émerveiller devant la perfection de la Création divine. Il paraît alors plus essentiel de savoir quel sens religieux attribuer aux choses et aux êtres que de comprendre comment ces derniers fonctionnent.

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les TERRITOIRES du SACRÉ :QUAND L’ÉGLISE FAÇONNE

les PERCEPTIONS et les MENTALITÉS

L’espace paroissial et sa symbolique religieuse

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Église Saint-Martin à Soudeilles et enclos du cimetière accolé, aujourd’hui partiellement devenu jardin, XIIe siècle.© Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2007 (4). Cliché, J.-M. Nicita.

hérésies. L’église veille de ce fait à ce que l’espace paroissial soit ponctué de lieux et d’objets fortement symboliques, dans lesquels les chrétiens puissent trouver un ancrage et un réconfort spirituel. On construit des oratoires et des chapelles là où de saints ermites ont vécu, mais aussi à proximité de

niches, creusées à même les rochers ou les arbres. Ces édicules constituent autant de pôles dispersés, qui rayonnent de sacré sur les espaces alentours et les hommes qui s’en approchent.

La paroisse : un espace structuré par les perceptions religieuses.Propositions pour une approche de l’espace perçu dans une paroisse rurale du Bas-Limousin, à la charnière des XIIe et XIIIe siècles.

Conception et réalisation, I. Taillefer.

une PERCEPTION RELIGIEUSEet SPIRITUELLE du MONDEetetett SSSSSSSPPPPPIIIIIRRRRRRRRRRRRRRRIIIIIIIIIITTTTTTTTTTUUUUUUUUUUEEEEEEEEEELLLLLLLLLLLLLLLLLLLLEEEEEEEEEE dududududud MMMMMMMMMMMOOOOOOOOOONNNNNNNNNNDDDDDDDDDDDDDDDDDDDEEEEEEEEE

n raison de l’importance accrue que lui accorde le dogme, l’église paroissiale devient à partir du XIe siècle le pôle géographique et mental de la paroisse. Elle représente tout à la fois le point d’ancrage du village, un lieu éminemment

saintes reliques conservées dans leurs châsses (Chamberet, Lapleau, Gimel…). Le chœur, la nef, les chapelles latérales accueillent les dépouilles de personnages saints ou éminents. Lieux d’asile, nombre d’églises paroissiales du Bas-Limousin deviennent

XIIe siècle, le cimetière marque la continuité entre les générations qui se succèdent au village. Les discussions, les rendez-vous, les serments et les échanges commerciaux s’y déroulent, dans la proximité des ancêtres et du lieu de culte. Les ifs ou des chênes, symboles de la vie éternelle, plantés par les évangélisateurs (if de Vigeois) ou leur successeurs, accentuent l’idée de continuité entre les vivants et les morts qui

Peu à peu, l’Église individualise la terre des morts par des enclos et tente d’y limiter les activités considérées comme profanes. Une lanterne des morts, qui peut aussi symboliser la résurrection à venir, veille jour et nuit les défunts séparés de la communauté à partir du XIIe siècle, dans l’attente du jugement dernier. La sacralité du cimetière change ainsi de nature et se renforce.

Les territoires les plus sacrés, qui apportent la sécurité de l’âme : église paroissiale et cimetière, cloche.

Les monastères et les abords des églises abbatiales ou prieurales sont des pôles de sacralité, qui rayonnent et attirent les populations.

Espaces perçus alternativement de manière positive ou négative : voie de circulation de long parcours ou route conduisant aux châteaux, qui peuvent aussi bien amener des pèlerins, des marchands que des armées ennemies. Dans le Bas-Limousin, les villages sont rarement directement implantés sur ces voies pour cette raison, mais plutôt à un kilomètre de distance environ.

Voies considérées comme connues et sûres sur le plan spirituel et matériel.

Espaces intermédiaires caratérisés aussi par la discontinuité et l’expression d’une gradation du sacré. Lieux où la perception du sacré peut varier plus rapidement dans le temps, et dépend surtout de la catégorie sociale à laquelle appartient la personne concernée.

Des lieux marqués par la présence d’arbres porteurs d’une forte symbolique chrétienne : if, tilleul, chêne quand il symbolise la justice.

Les espaces resacralisés tous les ans ou tous les 7 ans par des processions et

des espaces proches des villages, ou caractérisés par la présence de bonnes fontaines, de chapelles, d’oratoires, qui se situent à des degrés de sacralité variables selon leur saint patron.

Les croix de carrefour ancrent la présence divine, dans des lieux particulièrement précaires pour l’âme du chrétien. Ce sont des pôles de recours à Dieu, qui sont aussi des lieux d’asile, réputés protéger des dangers physiques. Des croix sécurisent les hauteurs, où les dolmens sont christianisés par des croix.

Le château, une zone potentiellement dangereuse, si le seigneur du lieu ne suit pas les préceptes de l’Église. À l’inverse, ce peut être un lieu de refuge lors d’attaques de la seigneurie, et le château comporte une chapelle castrale.

Le gibet, les carrefours, les passages à gué où les ponts sont des zones où le diable est censé se manifester de manière préférentielle.

Montagne, lieu négatif.

Zones densément boisées, marécages, lieux froids et humides qui constituent des lieux négatifs.

L’implantation d’objets sacrés permet aussi de réintégrer dans l’espace utile des lieux perçus comme dangereux pour le corps ou

les croisées de chemin. Les représentations des saints, les croix de carrefour auxquelles on adresse des prières passent pour repousser

Croix de carrefour incomplète au lieu-dit La Naucodie,commune de Bonnefond, XIVe siècle.Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2054. © Cliché I. Taillefer.

les TERRITOIRES du SACRÉ :QUAND L’ÉGLISE FAÇONNE

les PERCEPTIONS et les MENTALITÉS

L’histoire des Hommes : de la Genèse au Jugement dernier

principe de lettrinecipe de lettrineE

« Nous, Jehan, par la grâce de Dieu évêque de Tulle… Le vingt-sixième jour

La grâce fait référence au temps accordé par Dieu aux chrétiens.

Conception et réalisation, I. Taillefer.

Les chrétiens pensent que le temps appartient pleinement à Dieu et que ce dernier le

font donc constamment référence à cette situation, que ce soit dans leurs écrits ou dans les expressions quotidiennes.

– d’utiliser le temps reste la prière pratiquée par les clercs et les moines. Des concessions sont faites car l’homme a besoin d’assurer sa survie. Le travail manuel symbolise cet éloignement nécessaire qui rappelle aussi l’exclusion de l’homme du paradis et son insertion dans la brutalité d’un temps qui passe. Ainsi, d’une manière générale, le temps semble perçu avant tout comme un espace dans lequel le chrétien chemine en direction de Dieu, en suivant un itinéraire spirituel.

Vente par Foulque de Merle à Bertrand de Vayrac d’une partie de ses héritages au château de Merle, 15 février 1361 [n.st.].

Quittance de l’évêque de Tulle, 26 janvier 1437 [n.st.].

NAÎTRE, VIVREet MOURIR

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n venant au monde, le chrétien intègre à la fois le temps humain et le temps divin. Le temps de Dieu, ou temps théologique*, décrit par les écritures saintes,

création du monde en six jours, pour s’achever avec le Jugement dernier. L’âge d’or, la période heureuse pour l’homme, se situe donc dans un passé biblique, avant qu’Adam et Ève ne soient rejetés du paradis terrestre. Dans le cloître de Tulle, dans l’église d’Obazine comme dans de nombreuses autres églises, les chapiteaux ornés

Il est évident pour tous que les temps ne font que se dégrader jusqu’au futur dominé par le Jugement dernier, auquel on aspire mais qu’on redoute toutefois, en raison des cataclysmes censés accompagner le retour de Jésus Christ sur la Terre (Parousie*). Ce Jugement dernier doit aboutir à la séparation des élus qui goûteront le paradis pour l’éternité et des réprouvés que l’enfer attend pour la même durée, ainsi que le montre le tympan de Beaulieu-sur-Dordogne. La perspective d’une vie ou d’un châtiment éternel conditionne les perceptions temporelles, les comportements quotidiens et

religieux.

Détail du tombeau de saint Étienne d’Obazine, XIIIe siècle.

Une flore à la fois locale et symbolique est omniprésentedans l’ornementation des églises du Bas-Limousin.

Tympan de l’église abbatiale à Beaulieu-sur-Dordogne : le Jugement dernier. Arch. dép. Corrèze, 2 Fi 4501. Cliché J.-F. Amelot.

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La plupart des actes, y compris laïcs et profanes, débutent par une invocation :

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Le tympan de beaulieu-sur-Dordogne, expression

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Monstres dévorants et chaos

Le Christjugefait

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l’heure du Jugement dernier

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L’enfer : monde souterrain

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les PERCEPTIONS et les MENTALITÉS

L’Église, intermédiaire entre profane et sacré

principe de lettrinecipe de lettrineE

Sceaux sur double queue appendus à un contrat de promesse de mariage de leurs enfants mineurs passé entre

Cliché J.-M. Nicita.

La présence d’un ecclésiastique donne un caractère sacré à un acte profane. Il en garantit la bonne foi

et lui donne une permanence inhabituelle dans les actes passés

uniquement entre laïcs.

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NAÎTRE, VIVREet MOURIR

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ntre les XIe et XIVe siècles, l’Église se pose en intermédiaire entre le temps divin et le temps des hommes, instituant des normes temporelles qui enserrent

un vieillard prêt à « remettre son âme à Dieu ». Le chrétien est donc invité à suivre un chemin tout tracé, de la naissance à la mort.

Remise de la clé du paradis à saint Pierre. Église Saint-Pierre à Lascaux.Arch. dép. Corrèze, 2 Fi 4497. © Cliché J.-F. Amelot.

Ce chapiteau offreplusieurs niveaux de lecture :

une explication des textes sacrés ou une affirmation du rôle

d’encadrementde la société par le clergé.

Les clercs s’insinuent dans les actes du quotidien et dans les cérémonies qui ne demandaient pas à l’origine leur présence, comme le mariage, qui devient un sacrement à partir de 1152. La référence religieuse est aussi nécessaire dans les actes écrits qui ponctuent la vie du chrétien fortuné : promesses de mariage, contrats de mariage, donations, testaments, que le sceau d’un évêque ou d’un abbé vient parfois solenniser plus encore.

Le temps cyclique de l’année litur-gique doit conforter la foi des chrétiens grâce à des rituels qui constituent les étapes répétées d’une vie régulière. Les célébrations principales sont disposées de manière à rythmer l’année par des ponctuations fortes : Noël, la circoncision de Jésus (1er janvier) et les Rois (6 jan-

(date variable) ; l’Ascension (40 jours après Pâques) ; la Pentecôte (50 jours après Pâques) ; la Toussaint (1er novembre) et le jour des morts (2 novembre). Il faudrait aussi ajouter la Saint Jean (21 juin) et la Saint Michel.

Aux fêtes prescrites par la liturgie* commune s’ajoute le culte des saints propres à chaque paroisse. Plus d’une centaine de jours par an devaient être chômés, sans que l’on sache dans quelle mesure ces prescriptions étaient suivies. Le dimanche se doit de rester pour tous un temps de prière, quoique très

prières et les cloches de l’angélus le matin, à midi et le soir. Les moines suivent pour leur part

Détail du gisant de l’église Saint-Martin à Soudeilles. Moine en prière, XIVe siècle. © Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2010 (14). Cliché J.-M. Nicita.

les TERRITOIRES du SACRÉ :QUAND L’ÉGLISE FAÇONNE

les PERCEPTIONS et les MENTALITÉS

L’ouïe et la musique divine : une quête de l’harmonie universelle

Voir, c’est croire

La vue est le sens le plus clairement sollicité par l’Église, selon

atteindre un stade élémentaire de connaissance religieuse grâce aux représentations, alors que le latin écrit ou parlé reste inaccessible au plus grand nombre. La compréhension des images reste également partielle pour beaucoup, car celles-ci participent à une symbolique complexe élaborée par les clercs. De plus, les représentations ne prennent tout leur sens qu’en relation avec l’endroit précis pour lequel elles ont été élaborées.

Les clercs mettent place de riches programmes décoratifs : par le biais de leur contemplation, les beaux objets religieux permettent

églises se devaient d’être un miroir de la beauté du paradis, pour en favoriser l’accès.

Peintures monumentales de la salle capitulaire de la cathédrale Notre-Dame à Tulle, XIVe siècle. Collection Musée du cloître à Tulle.© Archives départementales de la Corrèze, cliché J.-M. Nicita.

Les intérieurs des églises sont donc des symphonies de couleurs,

religieux sont habillés de bois sculpté, de fresques, de tissus, d’orfèvreries,

selon les heures et les saisons. Les cierges créent des îlots lumineux de

couleurs, sur les ornements tissés d’or. Tout est fait pour que les yeux s’élèvent vers les voûtes où trône la Vierge en majesté ou un Christ en gloire. La sobriété des églises cisterciennes, qui veulent revenir à l’essentiel,

tout aux moines instruits, au contraire des décors des autres églises.

L’adoration des Rois Mages. Broderie en opus anglicanum, XIVe siècle. Provenance supposée : abbaye Saint-Martin de Tulle. Collection Musée du cloître à Tulle.© Archives départementales de la Corrèze, cliché J.-M. Nicita.

les CINQ SENS et le SACRÉ,la MATIÈRE au SERVICE

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Pour les clercs du Moyen Âge, l’esprit et la matière sont complémentaires et tous deux nécessaires au chrétien qui souhaite revenir au cœur de la Création, au paradis, au plus près de

‘Univers est musique (musica mundana), au sens où le mot musique évoque le rapport idéal entre les corps célestes, ou la musique des anges qui chantent la perfection de la Création. L’ouïe est pour cette raison un sens privilégié, et la voix le moyen qui permet au mieux d’approcher la musique des anges.

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Fragment de manuscrit musical, début du XVIe siècle. Fin de la messe de Noël. © Arch. dép. Corrèze, J 1962 / 1 b. Cliché J.-M. Nicita.

que nt, notamment grégorien, contribue à maintenir l’équilibre originel voulu par Dieu chants polyphoniques élaborés par les bénédictins à l’abbaye Saint-Martial de

laïcs ne sauraient se dispenser des chants religieux, s’ils veulent élever leur âme. La musique instrumentale ne vient qu’au second plan et ne tolère que les instruments à vent et les

S’y ajoutent parfois des lyres et des psaltérions* représentés dans les mains des anges

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Cloche en bronze de l’église Saint-Pierre à Sarran, 1493.Arch. dép. Corrèze, 2 Fi 1897. © Cliché J.-F. Amelot.

Inscription en lettres gothiques :

« XPS VINCIT, XPS REGNAT, XPS IMPERAT. XPS AB OMNI MALO NOS DEFENDAT. L’AN MIL CCCC IIIIXX III » ; « que le Christ soit vainqueur, que le Christ règne sur le monde. Que le Christ nous protège de tous les maux ».

La cloche est investie d’un fort pouvoir d’invocation.

les TERRITOIRES du SACRÉ :QUAND L’ÉGLISE FAÇONNE

les PERCEPTIONS et les MENTALITÉS

Toucher, c’est guérir le corps et l’âme

Un goût de paradis

Durant la communion, qui se fait sous les deux espèces jusqu’en 1415, le contact se trans-forme en absorption. Il s’agit cependant moins d’un goût que d’un toucher, une imprégnation extérieure et intérieure par le sacré, notamment à partir du moment où les hosties remplacent le pain, et où le vin n’est plus partagé. La com-munion a avant tout le goût d’un symbole, celui de la Cène ou dernier repas du Christ. Le goût en lui-même est un sens quasiment absent, si ce n’est dans les prescriptions religieuses qui stig-matisent la gourmandise, liée à l’idée des plai-sirs de la chair au sens large. Le sacré passe ainsi par la domination du goût, le moins recomman-

de goût du sacré.

Une odeur de sainteté

façon la moins complexe. La distinction s’opère entre des odeurs suaves qui aident à la prière ou émanent directement du divin, et les autres, plus grossières, qui sont passées sous silence. Grâce

peuvent se détacher des préoccupations terrestres. La fumée dense des encens donne aussi un aspect concret au mouvement ascendant des âmes qui s’élèvent vers Dieu lors de la prière.

« L’odeur de sainteté » est une preuve incontestable de la présence du sacré : la putréfaction serait épargnée aux saints et aux saintes dont les corps sont parfois conservés intacts de longues

leur état. Les plus humbles comme les plus savants ressentent ainsi

Fer à hosties en fer forgé, XIIIe siècle.Église Saint-Pierre à Peyrelevade.© Région Limousin, Inventaire généraldu patrimoine culturel, F. Malagnoux, 1993.

Navette à encens, XIIIe siècle.Église Saint-Martin à Soudeilles.© Région Limousin, inventaire généraldu patrimoine culturel, C. Thibaudin, 1995.

Gisant de saint Étienne d’Obazine placé dans son tombeau, XIIIe siècle.Abbaye d’Aubazine. © Arch. dép. Corrèze, 1 Num 2039. Cliché J.-M. Nicita.

Le nez et le visage ont été altérés par grattage, la poudre du tombeau ayant la faculté d’opérer des guérisons. Étienne d’Obazine est, dès sa mort, considéré comme un saint par les populations alentours qui lui attribuent des miracles.

Parmi les actes religieux les plus importants, les sacrements, en tant que signes visibles de l’amour divin vis-à-vis des chrétiens, s’accomplissent au cours de rituels comportant toujours une phase dans laquelle le toucher intervient d’une manière ou d’une autre, par contact avec un clerc, un élément, un objet, par absorption.

communion, la pénitence mettent en œuvre le corps et le toucher. Ainsi le sacrement le plus ancien, le baptême,

de la cuve baptismale. Le Bas-Limousin en conserve de nombreux exemples, réalisés principalement entre les XIIe et XIVe siècles.

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les CINQ SENS et le SACRÉ,la MATIÈRE au SERVICE

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protection. Les reliques sont donc des éléments indissociables de la piété populaire, car elles opèrent des guérisons pour des maladies considérées comme incurables, qu’elles soient

physiques ou d’ordre spirituel. Le contact avec les reliques des saints ou les châsses qui les abritent s’opère

pendus autour des « bonnes » fontaines, prélèvements opérés sur les statues des saints, comme à Obazine.

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