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Ambassade de l’Inde - DÉCEMBRE 2012 / JANVIER 2013 - Numéro 410 Inde Décembre 2012 / Janvier 2013 11/12/12 11:36 Page 1

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"Nouvelles de l'Inde", revue de l'Ambassade de l'Inde à Paris, n°410, décembre 2012-janvier 2013.

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Ambassade de l’Inde - DÉCEMBRE 2012 / JANVIER 2013 - Numéro 410

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Sommaire

• L’incroyable histoire de la valise diplomatique indienneretrouvée 46 ans après un crash aérien 3

• Du mythe au monde,le Gange bouillonnant de la littérature indienne 4-6

• Réflexions sur la Chine et l’Indeà travers François Jullien et Roger-Pol Droit 7-9

HOMMAGE

• Hommage à Anne-Marie Legay 10-11

AUTRES FACETTES DE L’INDE

• Tourisme en Inde : un tour d’horizon 12-14

DESTINATIONS A DÉCOUVRIR

• La grotte sacrée d’Amarnath au Cachemire :la demeure de Shiva 15

• Gros plan sur l’Odisha 16-21

ECHOS ET SENTEURS DE L’INDE 22-24

REVUE DES LIVRES 25-27

LE COIN DES ÉCHOS 28-3ème couv.

Editorial

Cet automne, les lecteurs des Nouvelles de l’Inde qui ont puse rendre au Salon du Livre indien à la Mairie du 20ème arrondissement les 17 et 18 novembre dernier ont pu serendre compte de l’importance de la littérature indienne etde la littérature française se rapportant à l’Inde. Nous vousinvitons à lire dans ce numéro l’article de Marc Parent, agentlittéraire international, expert de la littérature indiennecontemporaine. Michael de Saint Chéron, nous fait partagerquelques réflexions sur l’Inde et la Chine à travers deux auteurs, François Jullien et Roger-Pol Droit.

L’art contemporain indien a été à l’honneur à Paris avec plusieurs expositions. Nous vous présenterons dans notreprochain numéro un panorama de ces artistes multimédia quiarrivent de plus en plus nombreux sur la scène internationaleet française notamment : Chittrovanu Mazumdar, AsimWaqif, Mithu Sen, Sunil Gawde, Suhas Shilker, Tejal Shah,Ujjwal Utkarsch.

Vous pourrez aussi lire l’incroyable histoire de la valise diplomatique qui a été retrouvée au sommet du Mont Blanc46 ans après un crash aérien.

Hommage est rendu à Anne-Marie Legay, trésorière del’Association Les Amis du Patrimoine Pondichérien, décédée le22 septembre dernier. Un autre ami de l’Inde, André Lewin,ambassadeur de France en Inde de 1987 à 1991, nous a également quittés sans oublier le peintre indien RajendraDhawan.

Nous partirons ensuite dans l’est de l’Inde avec un gros plansur l’Etat d’Odisha.

Nous vous souhaitons à tous de joyeuses fêtes de Noël en famille !

Apoorva SrivastavaConseiller (Presse, Information & Culture)

Publié par le Service Presse, Information et Culture de l’Ambassade de l’Inde15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARISTél. : 01 40 50 50 18 - Fax : 01 40 50 09 96E-Mail : [email protected]

Rédacteur en chef : Apoorva Srivastava, Premier Secrétaire (PIC)

Assistante de rédaction : Viviane Tourtet

Contributeurs du numéro : Martine Armand, Deepti Bhagat, Eric Bhat,E.B., India Brand Equity Foundation, Danielle Martinod, Milena Salvini,Saurabh Srivastava, Viviane Tourtet.

Imprimé par : Imprimerie et Editions Henry62170 Montreuil/Mer - Tél. 03 21 90 15 15

Mentions :Toute correspondance sera adressée au Service Presse, Information etCulture, Ambassade de l’Inde, 15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARIS

Les opinions exprimées dans les articles signés ne sont pasnécessairement celles de l’Ambassade de l’Inde.

Photo 1ère couverture : Oeuvre de Suhas Shilker, Galerie Anders Hus.

Photo 4ème couverture : Danseuses d’Odissi, danse classique de l’Etatd’Odisha, www.tourism.gov.in

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Nouvelles de l’Inde n° 410 3

FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE

Pour une nouvelle, ce fut une nou-velle ! 46 ans après le crash du volAir India 101, le 24 janvier 1966, quireliait Mumbai à Londres, une valisediplomatique de 9 kg était retrouvéeau sommet du Mont Blanc le 21 aoûtdernier par un sauveteur de monta-gne, employé à l’office de hautemontagne (OHM) et remise au pelo-ton de la gendarmerie de hautemontagne (PGHM) de Chamonix. Le Boeing 707 immatriculé VT-DMNet portant le nom de Kanchenjunga,était parti à l’heure de Mumbai etavait fait les deux escales prévues àDelhi puis Beyrouth et se dirigeaitvers Genève pour une troisième es-cale. Au niveau de vol 190, l’équi-page reçoit des instructions pourdescendre sur l’Aéroport internatio-nal de Genève après que l’avion aitdépassé le Mont Blanc. Le pilote,pensant qu’il avait dépassé le som-met, entama la descente et heurta lemassif montagneux près des Rochersde la Tournette, à une altitude de4750 mètres. Les 106 passagers et 11membres de l’équipage périrent tousdans l’accident. Parmi les passagersse trouvait le Président de l’IndianAtomic Energy Commission, Dr. HomiJehangir Bhabha.

Le sac en toile de jute portant lesinscriptions suivantes « DiplomaticBag » et « Ministry of ExternalAffairs » fut découvert par le sauve-teur de montagne Arnaud Christ-mann et son voisin Jules Berger le 21août après que des touristes leuraient mentionné qu’ils avaient vuquelque chose briller sur le glacierdes Bossons. Les promeneurs pen-saient qu’il s’agissait de la dernièreroue de l’avion d’Air India, surnomméle Malabar Princess, qui lui s’étaitécrasé en 1950. Les deux pisteurstrouvèrent parmi les nombreux dé-bris, une chaussure, des câbles, desmorceaux de carlingue et la roued’avion… à une vingtaine de mètres,un sac de jute qui n’était autre quela valise diplomatique que transpor-tait le vol AI101.La valise de catégorie C ne contenaitaucun trésor, aucun document confi-dentiel mais seulement des journauxcomme The Hindu, Hindustan Times,The Statesman, des magazines, ducourrier (dont une lettre adressée auconsul général en poste alors à NewYork, C.G.K. Menon), un calendrierd’Air India de 1966, destinés auxmissions diplomatiques. Mlle Sat-want Khanalia, Deuxième Secrétaireà l’ambassade de l’Inde à Paris, a pris

L’INCROYABLE HISTOIREDE LA VALISE DIPLOMATIQUE INDIENNE

RETROUVÉE 46 ANS APRÈS UN CRASH AÉRIEN

possession des documents auprès dela gendarmerie locale de Chamonixau pied de la montagne. « A premièrevue ce sont de vieux journaux » a-t-elle déclaré tout en soulignant leur« valeur historique ». La valise a en-suite pris un vol régulier d’Air Indiapour rejoindre le Ministère desAffaires Etrangères à New Delhi. Lehasard a voulu que le commissairede bord qui était sur le vol régulierd’Air India transportant la valise di-plomatique à New Delhi, Chandan R Barooah, n’était autre que le fils deRamesh Chandra Barooah, mécani-cien à bord du vol Air India 101. « C’était vraiment le destin… les res-tes du crash sur mon vol, et sous magarde », déclara Chandan R. Barooahà l’Indian Express. Barooah était âgé de 18 mois quandson père qui avait une petite tren-taine trouva la mort. Il vivait àMumbai à l’époque avec sa mère etson frère aîné. Une fois chez AirIndia, il tenta plusieurs fois de serendre sur les lieux du crash, il y par-vint presque au début des années 80mais le temps était mauvais et il duty renoncer.

2012…. Une année que Chandran R.Barooah n’est pas prêt d’oublier ! ❑

Courrier en retard : une valise diplo-matique provenant du vol Air Indian101 qui s’était écrasé sur le MontBlanc en France au matin du 24 jan-vier 1966 exposée au Ministère desAffaires Etrangères à New Delhi.

Le capitaine Emmanuel Vegas (R) du peloton de la gendarmerie de haute mon-tagne à Chamonix a remis le sac de la valise diplomatique le 3 septembre 2012à Mlle Satwant Khanalia, Deuxième Secrétaire (Politique), représentant l’am-bassade de l’Inde à Paris

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Les pouvoirs du mythedans un pays

de raconteurs d’histoiresEn l’année 3139 avant notre ère,loin, très loin, au cœur de lagrande plaine gangétique du nordde l’Inde, une querelle familiale dé-généra en la plus grande guerre detous les temps. Il y eut bien desconflits avant le champ de bataillede Kurukshetra et il y en aura biend’autres après mais ce conflit fra-tricide entre les cousins de Kurufut tellement déterminant qu’ilconstitua et constitue toujours lepoint central de la mythologie enun filigrane continu de l’histoire del’Inde, tant la mythologie et l’his-toire de cet immense pays sem-blent couler unis dans le mêmefleuve d’un seul conte. Cette gigantesque guerre est ledestin de l’épopée du Mahabha-rata qui, racontée depuis cinq milleans, des millions de fois, sous au-tant d’angles, est toujours la mêmehistoire foisonnante, captivante etéternelle du courage, de la victoire,de la défaite et de l’humilité, de lamorale et de la tricherie, de la fidé-lité et de la trahison… C’est la plusgrande histoire jamais écrite parcequ’elle contient la palette entièredes émotions, des espoirs, des ver-tus et des vices de l’humanité.Seule l’œuvre de Shakespeare, etencore dans sa totalité, est-ellepeut-être capable de rivaliser aveccelle qui, par ses cent mille shlokas,ses quatre-cent mille vers, dépasseplusieurs fois l’Iliade et l’Odysséeréunis. À peu près au même moment, vi-vait Satyawati -fille du roiUparichara et chef des pêcheurs-que ce dernier avait trouvée dans

le ventre d’un poisson gigantes-que ; elle était plus belle que lesméandres du fleuve Yamuna maisdégageait une épouvantable odeurde poisson. Le sage Parashar tombafou amoureux d’elle à l’instant-même où il la vit et la conduisit enbateau vers une île mystérieuse où,grâce à ses pouvoirs magiques, ilsubstitua un fabuleux parfum defleurs à sa puanteur. Satyawati etParashar eurent un fils, Vyasa, nésur l’île, mais dont son père fit unermite au plus profond d’une forêttandis que Satyawati revint chezUparichara.Vyasa, qui deviendra le grand écri-vain immortalisé par l’hindouisme,entendit bien des conteurs racon-ter le Mahabharata ; lui-mêmejoua un rôle important dans lesévénements qui avaient précédé lagrande bataille. Il décida donc de leraconter en sanscrit et en vers afinque l’interminable poème puisseêtre mieux retenu. Mais commentraconter –à une époque où le livren’existait pas encore- une histoiresi longue, si complexe, tissée partant d’autres histoires et jouée partant de personnages ? Il priaBrahma de lui donner force et dé-termination. Brahma qui connais-sait parfaitement les péripétiespassées et celles encore à venir del’épopée lui conseilla de faire appelà Ganapati Ganesha, le dieu-élé-phant, fils de Shiva et de Parvati,connu de tous pour sa culture et samémoire.Ganesha accepta d’aider Vyasamais à une seule condition : « quejamais tu ne t’arrêtes dans ton ré-cit, ainsi, moi aussi, j’écrirai sous tadictée en un flot continu ». Ils semirent donc à un travail gigantes-que qui leur prit d’infinies années.

DU MYTHE AU MONDE,LE GANGE BOUILLONNANT

DE LA LITTÉRATURE INDIENNE

Et puisque la caractéristique d’unehistoire est qu’elle ne se fige ja-mais dans une seule version défini-tive, Suka, le fils de Vyasa, entre-prendra à son tour de raconterl’histoire des amours et des hainesdu Mahabharata, à la suite de sonpère…

Une tradition narrativeininterrompue

Aujourd’hui, ce sont les enfants-écrivains de Vyasa et des auteursdes autres grands textes de l’Inde,- le Ramayana, les Vedas, lesUpanishads, les Puranas, lesShastras, les Sutras- les raconteursd’histoires de l’Inde des vingtièmeet vingt-et-unième siècles qui –nés et portés jusque sur nos rivagespar cette même grande vague defond narrative des mythes d’il y aplus de cinq mille ans - viennentnous raconter, sans s’arrêter– comme Vyasa - les histoires quebien des écrivains occidentaux neracontent plus à leurs lecteurs. Cesnouveaux conteurs indiens ontpour noms V.S Naipaul, P.K Bala-krishnan, Amitav Ghosh, VikramSeth, Salman Rushdie, Anita Desai,Aravind Adiga, Tarun Tejpal, Tishani

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Doshi, K. Satchidanandan, JaspreetSingh, Gurcharan Das, SuketuMehta, Pankaj Mishra, VikramBalagopal, Rajesh Devraj et tantd’autres… ; ils sont indiens, roman-ciers, essayistes, poètes, auteurs deromans graphiques ; ils écrivent enhinglish, en hindi, en ourdou, enbengali, en malayalam…Et parce qu’en Inde, de générationen génération, de père en fils, demère en fille, d’aïeul en petit-fils,du plus grand âge au plus jeune, onne cesse jamais de raconter deshistoires dans une tradition inin-terrompue empreinte de mythes etd’épopées, de traités et de poèmes,ces écrivains nous livrent des fic-tions imprégnées consciemmentou inconsciemment par les leçonset les morales de ces mythes qui,pour cette raison, tendent versl’universel car toute littératurestructurée par la mythologie prendle chemin de l’universalité.Quand Shashi Tharoor écrit en1989 son trépidant Grand romanindien, c’est pour mieux y actuali-ser les péripéties du Mahabharataau contact des événements histori-ques de l’Inde moderne depuis sonindépendance à l’assassinat d’In-dira Gandhi… Lorsque, plusieursannées auparavant, en 1973, P.KBalakrishnan compose en malaya-lam son impressionnant Ini njanurangatte (Et maintenant, laissez-moi dormir) qui fut couronné pardes prix littéraires et des ventesimpressionnantes, c’est pour mieuxsouligner les histoires de Draupadiet de Karna – personnages cen-traux du Mahabharata…Quand le journaliste d’investiga-tion et romancier Tarun Tejpal nouslivre son sublime Loin de Chandi-garh, roman construit autour d’unedécouverte dans l’Himalaya quibouleverse à jamais, dans les an-nées quatre-vingt-dix, le destind’un jeune couple de Chandigarhet qui a marqué un véritable tour-nant dans la perception de la litté-rature indienne en France en 2005,il se rend compte que son roman

est structuré en cinq grandes par-ties comme le Mahabharata sansqu’il l’ait jamais décidé… Lorsque,aujourd’hui, le trentenaire VikramBalogopal écrit son roman graphi-que –Simian- il le fait en s’inspi-rant avant tout de l’histoire deHanuman dans le Ramayana quel’auteur mêlera même dans sa fic-tion à un épisode du Mahabha-rata… Les voyageurs en Inde auront re-marqué l’incroyable vitalité et l’ac-tualité des grands mythes hindousau quotidien du pays tout commeles lecteurs de 2012 seront saisispar leur indéniable présence dansla littérature indienne, notammentchez les jeunes écrivains ; ce qui,en conférant une dimension uni-versaliste à leurs romans, leuramène des lecteurs du monde en-tier. Et face à ce constat, on nepeut que se poser la question de cequi est advenu, dans notre occi-dent littéraire, de la connaissance,de la résonnance et de l’opportu-nité créatrice, aujourd’hui, desmultiples aventures et des mythesnés sur les versants de l’Olympe ?Où sont donc passés les enfants-raconteurs d’Homère ?!

Une économie forteapporte

une littérature forteL’Inde est aujourd’hui, avec sonmilliard deux cent millions d’habi-tants –le sixième à elle seule de lapopulation mondiale- la troisièmepuissance planétaire pressentiepour dépasser la Chine en 2030 etl’économie américaine dès 2045.Jouissant depuis le début des an-nées quatre-vingt-dix d’un taux decroissance insolent et faisant par-tie des pays dits émergents (lesBRICS), elle est en 2012 la pre-mière puissance mondiale du Soft-ware où il s’y vend vingt millionsde téléphones par mois. Composéerécemment de trois-cent-cin-quante millions de classes moyen-nes, elle arrive juste derrière lesÉtats-Unis en ce qui concerne le

marché du livre de langue anglaiseestimé à trois cent millions de lec-teurs potentiels. Plus de 60 % desa population ont moins de trente-cinq ans…Tout comme l’économie améri-caine florissante nous a amené les géants littéraires de l’après seconde guerre mondiale, les Roth,les Updike, les Mailer…, toutcomme celle de l’Amérique latinedans les années soixante-dix etquatre-vingt nous a dévoilé les sa-gas époustouflantes des Marquezet des Fuentes, le sous-continentindien nous offre, depuis une ving-taine d’années, le souffle régulier,puissant et chamarré d’une littéra-ture époustouflante de vérités etde proximité avec nous, écrite sur-tout en anglo-indien et dans unemoindre mesure, pour l’instant,traduite de ses langues régionales ;que ce soit par le truchement deses romans et essais écrits directe-ment au plus près de la chair del’Inde ou par celui des œuvres litté-raires nées de sa diaspora. La raison de la présence urbi etorbi de cette houle littéraire in-dienne, au-delà de son enracine-ment dans la mythologie et de sadiffusion due à la vague mondialedes prouesses économiques dupays, est que l’Inde est un véritablepays-monde avec sa mosaïque dé-mographique et sociologique deforces et d’aspirations mais aussi

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de lignes de faille vertigineuses.Car n’y a-t-il toujours pas en Indeau moins cinq cent millions de per-sonnes vivant avec moins de deuxdollars par jour, cent quatre-vingtmillions d’Intouchables, quarantemillions d’enfants laissés à eux-mêmes dans les rues de ses méga-poles, neuf cent quatorze fillespour mille garçons, quarante pourcent d’analphabètes, entre six ethuit mille castes et sous-castes, unmillion de révoltés, des politiquestrop souvent gangrénés par la cor-ruption et, avec ses douze religionsprincipales, n’est-elle pas le paysdes conflits religieux les plus vio-lents ?

L’Inde, un pays-mondeEn d’autres mots, l’Inde (et c’estsans doute ce qui en fait le pays leplus complexe de la planète) est lemiroir de la diversité de notremonde. Elle semble le contenir toutentier en ce qu’il a de multiple, demoderne, d’archaïque, de porteurd’espoirs et de prémonitoire. Sesenjeux et ses écueils de classe, decaste, de langue, de pouvoir et decorruption résonnent aux oreillesde la plupart des pays de la planètetout comme ses romans et ses es-sais -sous les plumes tour à tourvirulentes, cyniques et compas-sionnelles d’un V.S Naipaul, d’unRohinton Mistry, d’un AravindAdiga, d’un Tarun Tejpal, d’unPankaj Mishra- se font l’écho desmêmes failles et des mêmes vio-lences qu’ailleurs aux oreilles deslecteurs, là encore, du monde en-tier.En 2008, le Booker Prize a cou-ronné le jeune Aravind Adiga, pourson très nouveau et très amoralTigre blanc, dernier en date d’unelignée d’écrivains indiens ayantreçu cette prestigieuse récom-pense, après V.S Naipaul en 1971,Salman Rushdie en 1981, Arun-dhati Roy en 1997 et Kiran Desaien 2006, des auteurs indiens qui,pour la plupart, ont dénoncé lesdérives de misère, de caste et de

classe dans leur pays. Le tigreblanc, écrit au scalpel, narre l’as-cension d’un jeune hors-caste duBihar qui devient entrepreneur àBangalore après être passé –im-puni- par le vol et le meurtre. S’ils’est aussi vendu à plusieurs mil-lions d’exemplaires de par lemonde, c’est qu’il a su, par l’évoca-tion fictive de pratiques répréhen-sibles s’étant déroulées en Inde, sefaire l’écho de pratiques hélas sou-vent identiques dans la plupart despays du monde. En 2009, le très engagé et lyriqueHistoire de mes assassins de TarunTejpal confirme le tournant résolu-ment politique pris par une partiedes fictions indiennes. Ce romanmet en scène Chaku, Kabir M,Kaliya, Chini et Hathoda Tyaghi,cinq enfants qui passeront de l’in-nocence aux meurtres parce qu’ilsrencontrent sur leur chemin, lescinq failles sus-nommées de l’Inde.Le temps littéraire des mahajarahs,de l’exotisme, des épices, voire desmariages arrangés, semble, à quel-ques exceptions près, bien révolu. Illaisse la place à un nouveau pré-sent littéraire de la conscience, del’engagement, sans concessions,sans compromis et articulé autourd’enjeux planétaires. Place est faiteaussi à une langue littéraire an-glaise mâtinée d’autres langues in-diennes, plus confiante, seule al-chimie capable de contenir et tra-duire le vacarme, la foule, les ex-cès, les émotions, les passions, lacomplexité et les contradictions auquotidien de cette immense nationque le carcan d’une langue an-glaise classique –qui dénote plusqu’elle ne connote- peine à expri-mer dans leur entièreté. Le monde du vingt-et-unième siè-cle –avec ses démocraties confir-mées ou à venir- a énormément àapprendre de l’Inde et des défis quila provoquent. Afin de mieux af-fronter les incertitudes éthiques denotre planète, certains de ses écri-vains, sentinelles visionnaires etuniverselles dans le sillage de

Vyasa, reviennent aux ambiguïtéset aux dilemmes inhérents auxépopées mythologiques comme leMahabharata. À l’instar d’unGurcharan Das dont le dernier ou-vrage nous invite à méditer sur ladifficulté d’être bon au travers d’unessai remarquable sur l’art subtildu Dharma (ce concept fondamen-tal du devoir intérieur et du che-min juste et intuitif vers le bien) etnous suggère que notre monderessemble de manière bien étrangeet presque inquiétante à celui de lagrande épopée fratricide desPandava et des Kaurava. ❑

Marc Parent

DU MYTHE AU MONDE, LE GANGE BOUILLONNANT DE LA LITTÉRATURE INDIENNE

Marc Parent, formé et diplôméen lettres modernes et en litté-rature comparée en France etaux États-Unis, travaille dansl’édition internationale depuisvingt-six ans. Éditeur de littérature étrangère–notamment indo-pakistanaisedont il est passionné- il a montéau cours de ces dix dernières an-nées un catalogue en françaisdes plumes les plus prestigieusesde l’Inde et du Pakistan, consi-déré comme le plus completd’Europe.Aujourd’hui, depuis huit mois, ila retrouvé les marchés du livreinternationaux ; il est agent lit-téraire international à Paris d’oùil représente dans le monde en-tier des auteurs surtout étran-gers, plus particulièrement issusdu sous-continent [email protected]

De gauche à droit Aravind Adiga,Ilija Trojanow et Marc Parent

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De retour de quinze jours devoyage en Chine à l’invitation de laEast China Normal University, duShe-Man Institute et de l’ambas-sade de France, le non hasard demes lectures durant ce périple, en « ignorant total » que je suis deslangues chinoises, comme de cellesde l’Inde, m’a permis de repenser,voire de reposer la question sansfin mais peut-être aussi sans au-cun sens si ce n’est celui que jeveux lui donner, de la différencevertigineuse entre ces deux paysmonstrueux, ces deux civilisationscinq fois millénaire.A travers son nouveau livre Entrerdans une pensée ou Des possiblesde l’esprit1, François Jullien, titu-

laire, rappelons-le, de la chaire surl’altérité au Collège d’études mon-dial de la Fondation Maison dessciences de l’Homme, (que laFrance aime les superlatifs ou cequi en tient lieu : les totalités !),nous affirme et nous confirmedans l’idée que jamais nous nesaurons entrer (à de très rares ex-ceptions près !) dans la pensée chi-noise si nous ne partons pas vivreen Chine, nous dépouiller du vieilhomme occidental, qui juge les au-tres civilisations depuis sa concep-tion philosophique, religieuse, mo-rale, sans vraiment chercher à semettre à la place de l’autre.François Jullien veut nous fairesentir combien entrer dans la pen-

sée de l’autre – ou de l’Autre – sur-tout quand cet autre est la Chine ( , zhOngguó) l’Empire du milieu,est une quasi impossibilité si l’onn’entre dans les sinogrammes, fa-çon la plus simple de nous départirde notre insupportable habitude(que peut-être ont tous les peuplesissus d’une civilisation importante),de nous approprier les cultures, lescivilisations capitales de l’huma-nité. Ne sommes-nous pas tous,que nous soyons chinois, indiens,ou d’ailleurs, africains, sud-améri-cains, réduits à cette simple don-née : que notre regard est par défi-nition centripète, chaque soi, àplus forte raison chaque peuple,étant le centre de tout ? Mais aussi

RÉFLEXIONS SUR LA CHINE ET L’INDEÀ TRAVERS FRANÇOIS JULLIEN ET ROGER-POL DROIT

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RÉFLEXIONS SUR LA CHINE ET L’INDE À TRAVERS FRANÇOIS JULLIEN ET ROGER-POL DROIT

centrifuge, le centre étant toujoursle même ? François Jullien avec toute sascience à la fois du chinois, de sestextes, de la philosophie occiden-tale, a raison de nous mettre engarde contre toute appropriationou contre toute prétention à croirecomprendre ce qui dépasse par in-culture l’immense majorité d’entrenous, sauf les vrais sinisants res-pectables et respectés qui ne sontpas légion.Il commence toutefois sa démons-tration par nous dire qu’il y a entrel’Europe et l’Inde des croisementsintellectuels possibles par l’Indus,par l’histoire plus simplement. Toutcela est vrai. Tout cela est en mêmetemps inopérant, insignifiant, di-vers. Oui, divers, sans conséquence.Depuis mon inculture sans doutemais fondée sur la connaissance dequelques maîtres, je crois pouvoiravancer sur la pointe des piedsqu’il n’y a pas plus de point d’inter-section qui vaille, pour faire com-prendre à un Européen - je ne parlepas même du fond mais du simplebord du monde hindou.Voici que j’ouvris le dernier livre deRoger-Pol Droit, Petites expérien-ces de philosophie entre amis2, dé-capant, amusant, instructif au plushaut niveau mais toujours simpled’abord, simple non simpliste, sim-ple comme profond, qui ne cherchepas à prouver mais à faire partager.Tout à coup je suis happé par lechapitre que R.-P. Droit consacre àune expérience de rue à Bénarès(dédié à notre ami commun AndréLewin, ancien ambassadeur deFrance en Inde). En trois pages àpeine, il nous permet d’arriver à lamême conclusion que F. Jullien enquelque deux cents pages péné-trantes et magnifiques d’intelli-gence. Jullien nous dit que jamaisnous ne serons en phase avec nosmaîtres ou nos amis qui eurentl’intuition à 18 ans d’apprendre lechinois – que nous n’entrerons pasdans la pensée chinoise. Que ditd’autre Roger-Pol Droit sur un au-

tre plan que celui de la langue, quipour être certainement capitalavec l’Inde et sa multitude de lan-gues dont sa langue sacrée, l’estdifféremment qu’avec la Chine etses sinogrammes ? L’absolu mys-tère, l’insaisissable vertigineux dela pensée indienne, hindoue maissans doute aussi musulmane ouchrétienne de l’Inde, qu’aucunpoint de tangence, qu’aucun fondlexical indo-européen, ne nouspermet d’appréhender d’aucunesorte. R.-P. Droit raconte en guised’expérience philosophique unecourse en rickshaw à quelques en-cablures du Gange à Bénarès(Varanasi). Le Gange avec lequelles hindous ont un rapport cinqfois millénaire, que ni les Chinoisn’ont avec leurs fleuves, ni lesJuifs, ni les arabo-musulmans, niles sud-Américains, ni les Africains,n’ont avec aucun fleuve. Noussommes ici en face d’un abyssalmystère. La circulation se bloquetout à coup pour une heure, peut-être plus, non du fait d’une vachesacrée mais d’un simple… ma-riage ! « Le monde est plein, entiè-rement. Plus un interstice vacant,pas le moindre jeu. Tout s’arrête.L’embouteillage demeure – fu-mant, pétaradant, cacophonique -,mais immobile tout à fait, le repos.Ça dure. Je ne saurais pas direcombien – combien de quoi ? C’esthors mesure, mais assez pour fairel’expérience d’un sentiment del’immuable. […] Dans les trajets, unrien demeure sans bouger. Dansl’agitation, un cœur énigmatiquede sérénité. Dans le bruit, le silenceperdure. Dans ce suspens phéno-ménal, une chose sans nom sedonne à éprouver. Le blocage com-plet révèle soudain un fondementinaccessible. S’entrevoit un monde« sans ». Sans progrès, sans but,sans grandeur comme sans juge-ment. Simplement là – sans at-tente, sans fin, sans raison.Indéfiniment identique. » Elles nesont pas didactiques ces trois pa-ges. Elles sont fascinantes. La Chine nous fascine mais de fa-

çon quasi inversement proportion-nelle. Les maîtres de la pensée chi-noise, ou serait-il plus juste dedire : des grands courants de lapensée chinoise, portent en euxune sagesse immuable, infinie.Nous voyons combien la Chinecontemporaine entre beaucoupplus rapidement que l’Inde dans lamodernité, voire l’hyper-modernitéde ses villes tentaculaires aux cinqou six périphériques, aux trois ouquatre cents km de métro –comme ses intellectuels entrentaussi si rapidement dans l’étudeapprofondie des philosophes etpenseurs majeurs de l’Occident. Enest-il de même pour l’Inde ?Nullement. Le génie chinois allié àla vertigineuse frénésie de ses in-tellectuels et universitaires deconnaître toujours mieux l’ailleurs,l’Autre, porte en lui sans doute se-crètement l’outrecuidance justifiéede vouloir penser l’Occident pourmieux le dominer sur son propreterrain. Sa langue idéographiquetout comme le confucianisme, letaoïsme, le Yi-King sont à n’en pasdouter de puissants atouts quel’Inde ne connaît pas car l’Inde estsur un tout autre rapport à la vie, àl’intelligence, à la modernité.Mais le Chinois qui connaît noscultures partage aussi le sentimentinvincible d’être chinois, c’est-à-dire d’appréhender le monde à par-tir d’une vision idéographique de lapensée qu’ils sont les seuls (avecles Coréens et les Japonais) à avoirmaintenu depuis trois mille cinqcents ans.François Jullien écrit avec touteson autorité : « Et surgit soudaindevant nous une tâche immense :concevoir une histoire de l’avène-ment de l’esprit qui ne relève plusde la seule Europe. »J’avais dix-huit ans lorsque j’apprisla chose qui m’a marqué à jamaissur le rapport plein de fascinationque nous portons à l’Inde et à laChine. C’est Malraux, qui méta-morphosa ma vie, qui me l’appritdans une émission de télévision. Il

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RÉFLEXIONS SUR LA CHINE ET L’INDE À TRAVERS FRANÇOIS JULLIEN ET ROGER-POL DROIT

disait : « L’Inde est l’autre pôle denotre pensée3. » Il développa sapensée dans une autre émission : « Si vous partez de la pensée quinous a formés – c’est-à-dire, engros la pensée judéo-méditerra-néenne – l’autre pôle, évidemmentce n’est pas l’Extrême-Orient, c’estl’Inde, parce que dans l’Extrême-Orient, il y a quelque chose decommun avec nous : il y a un cos-mos. Il y a un ordre japonais. Il n’ya pas d’ordre hindou. Il y a le tour-billon des millénaires4. »En effet, toute l’Asie extrême secaractérise par un ordonnance-ment des valeurs, une hiérarchisa-tion de la société – très différentsomme toute du système des cas-tes hindou –, un ordre supérieur,que l’on ne retrouve pas dans lemonde hindou. Comme s’il pensaitqu’il n’avait pas été assez clair,Malraux revient sur cette question,citant le Védânta, qui, bien quefondamentalement hindou, mar-qua tant le bouddhisme : « La pensée a des états et si vousn’éprouvez pas d’état, la pensée n’apas d’importance. »« Si vous étendez ça sur l’immensecontinent, c’est ce que j’appelle lesailes nocturnes. Entre les Chinoiset nous, il y a toujours le moment

où nous pouvons retrouver ce quej’ai appelé un cosmos, c’est-à-direun ordre, une qualité, mais elle aune qualité diffuse et perdue, c’estquelque chose comme le crépus-cule, enfin, le coucher du soleil.Tandis que [dans] la Grèce, leJapon, la Chine, l’Égypte, il y a lapyramide n’est-ce pas, il y a untruc pointu… L’Inde n’a pas depointe.»C’est exactement ce qu’aujourd’huiRoger-Pol Droit et François Julliennous donnent à comprendre prèsde quarante ans après Malraux. Ledanger ne serait-il pas à notreépoque de donner à penser quel’Inde nous serait plus accessibleque la Chine. L’Inde et la Chine de-meurent l’une et l’autre, comme àtour de rôle ; l’autre de l’Autre denotre conception du monde. Sansdoute Malraux avait-il une pro-fonde raison d’insister pour laChine et le Japon (mais sans ou-blier la Corée) sur l’ordonnance-ment d’une pensée inséparable dusinogramme. Comme il avait cettefulgurante intuition que l’Inde res-terait « l’autre pôle de notre pen-sée ».Un dernier mot avec FrançoisJullien. Les missionnaires arrivanten Chine – ce qui est aussi vrai del’Inde hindoue d’ailleurs avec l’arri-vée des princes Moghols mais ausside missionnaires chrétiens. « Lesmissionnaires abordent un monde « plein » ; et les Lettrés ne s’en lais-sent pas longtemps conter. Nonpas qu’ils contredisent cesOccidentaux », mais ils ne se lais-sent guère inquiéter : ont-ils be-soin de ce Message importé ? Celaseulement leur parle-t-il ? Il y acertes un parti singulier à tirer desÉléments d’Euclide mais laNouvelle du salut ne paraît guèreles concerner ; elle les trouve plu-tôt indifférents. Or, l’indifférence,entre les pensées, est bien plus dif-ficile à franchir que la différence5. »Nous partageons tout à fait cettecritique fondamentale du rôle desmissionnaires à l’époque mais nous

remarquons aussi que FrançoisJullien comme Roger-Pol Droit onttous deux ce mot en commun pourparler de la Chine ici, de l’Inde là :« un monde “plein“». Oui la Chineet l’Inde sont des mondes pleins,débordants – qui se suffisent àeux-mêmes.Enfin, oui, ni la théologie chré-tienne, ni la philosophie occiden-tale jusqu’à une date récente nefurent en phase avec ces deux civi-lisations « totales ». Comment ex-pliquer alors le rôle joué depuiscinq siècles par l’islam en Inde etpar le bouddhisme en Chine ?Sondons, pour le dire avec Fr.Jullien « à partir d’elles notre im-pensé : dans ces pensées du de-hors, nous ne sommes toujours pasentrés. » (24). Merci à FrançoisJullien et à Roger-Pol Droit d’êtredes trop rares philosophes françaisà sonder justement notre impenséà partir de ces immenses civilisa-tions, parce qu’ils y sont, à n’en pasdouter, entrés, quant à eux, avec derares élus. ❑

Michaël de Saint Chéron

1. Gallimard, « Bibliothèque des Idées », 2012.2. Plon, 2012.3. Cinq mille ans de civilisation, émission dePhilippe Halphen, TF1, 1973, INA.4. Jean-Marie Drot, Journal de voyage avec AM,Doriane films, Paris, 2009.5. Op. cit., p. 30.

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HOMMAGE

HOMMAGE À ANNE-MARIE LEGAY

Anne-Marie Legay s’est éteinte le22 septembre dernier, dans la paix.Bon nombre d’entre nous ontconnu la Trésorière de l’AssociationLes Amis du Patrimoine Pondiché-rien dont Didier Sandmann dontnous reproduisons ci-dessous l’al-locution prononcée le 26 septem-bre dernier lors des obsèquesd’Anne-Marie Legay.« A la demande de Charles Hubertde Brantes, son président, retenuen Italie, mais représenté ici parson épouse Marine, je voudrais direquelques mots, au nom del’Association des Amis du Patri-moine Pondichérien, dont je suismembre et dont plusieurs membressont ici présents.Anne-Marie en était la trésorièreet, bien plus que cela, la grandesœur, une animatrice au dévoue-ment inlassable. Elle était, pour nous tous, la mé-moire vivante de Pondichéry.Elle avait quitté l’Inde en 1949, àl’âge de 17 ans, à la fleur de l’âge,y était retournée quarante ans plustard en 1991 et souvent par lasuite. J’ai eu le privilège d’organi-ser ses voyages, et même son der-nier voyage, en février dernier.Elle connaissait les Pondichériens,leurs alliances et leurs histoires,elle aimait en parler… elle étaitmême intarissable sur le sujet. Elle connaissait l’histoire de cha-que maison, de chaque famille. Ellenous montrait la maison de sonenfance, occupée aujourd’hui parl’Hôtel de l’Orient. Anne-Marierappelait avec fierté que l’égliseNotre Dame des Anges avait étéconstruite par son ancêtre, l’ingé-nieur Louis Guerre, en 1855, et queson arrière grand-père, LéonGuerre avait été, en 1880, le pre-mier maire élu de Pondichéry.Elle s’était évidemment passionnéepour la protection du patrimoinepondichérien.

Malgré la fatigue due à une mala-die que personne ne soupçonnaitencore, elle a maintenu son derniervoyage à Pondichéry en février der-nier avec ses enfants et petits-en-fants. Elle était heureuse d’avoir puleur transmettre son amour de“Pondi”, d’avoir passé le relais enquelque sorte. Ce fut un grandbonheur pour elle de participer le 4 mars 2012 à la bénédiction de lafin des travaux de restauration de « son » église, Notre-Dame desAnges.C’était une enthousiaste. Elle étaittrès gaie, elle aimait rire et avaitun grand sens de l’humour. Elle a su nous faire partager sonamour de l’Inde et particulière-ment de l’Inde française et quandnous pensons à Pondichéry, AnneMarie est encore et toujours avecnous.Nous partageons avec son mari,ses fils, ses petits-enfants et toutesa famille, nos pensées les plus sin-cères, et les assurons que nouspoursuivrons notre tâche avec l’es-prit qu’elle nous a insufflé. »Certains se souviendront peut-êtredu texte très émouvant publié dansla Lettre n° 6 du C.I.D.I.F (Centred’information et de documentationde l’Inde francophone) dans lequelAnne-Marie Legay relate à la ma-nière d’un journal ses retrouvaillesavec Pondichéry après quaranteans, retrouvailles pleines d’émo-tion. Nous vous en livrons quelquesextraits : 4 mars « Ce moment estdonc arrivé, c’est une réalité : jepars à Pondichéry ! »(…) « Enfin, on annonce l’atterris-sage, nous sommes le 5 mars, il est17h15, après plus de 40 ans, je re-mets les pieds en Inde ! Il fait en-core jour... Dès la passerelle la cha-leur vous saute au visage. Que c’estbon ! « (…) « Bonheur : la “grandemaison” est toujours debout, lamer toujours là, Pondy aussi ! »

6 mars à Madras : « (…) premièrevisite aux sœurs de Cluny (…) Apart quelques petites modifica-tions, rien n’a changé : la classe deMère Eurosia, la classe de MèreLouise... si ce n’était les personnes,je pourrais me croire revenue 40ans en arrière, ma Mère me disaitla même chose de ses retours àCluny et dire que ma grand’mère etmon arrière grand’mère étaientdéjà élèves de St-Joseph de Clunyà Pondichéry !!! (…) De là, je meprécipite à la Grande Maison, jerêve de ce retour depuis des an-nées, surtout depuis la mort de mamère il y a deux ans, car c’est làqu’elle est née le 16 avril 1899 etqu’elle a passé toute son enfance.C’est son père, Léon Guerre, avo-cat, qui a fait construire cette mai-son, lui-même était le fils de LéonGuerre (même prénom, mêmenom) qui avait été le premier maireélu de Pondichéry le 30 mai 1880.J’ai la surprise de lire au-dessus duporche : Ecole Française d’ExtrêmeOrient. Désireuse de voir JeanDeloche afin de lui remettre laLettre du CIDIF, j’y pénètre maispresque sur la pointe des piedstant je suis émue, en détaillant detous mes yeux chaque coin de murcomme pour les absorber... Je voisla secrétaire de Jean Deloche quime dit qu’il est absent, de reveniren début d’après-midi. (…)Dès

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14h30, je retourne à l’E.F.E.O. avecune de mes compagnes de voyage.L’émotion m’étreint à nouveau dèsque je repasse le porche : j’imaginedans la cage d’escalier, au début dusiècle, des enfants heureux (dontj’ai vu les visages sur des photosjaunies) se poursuivant. J’ai telle-ment entendu parler du Pondichéryd’alors... Sous la véranda je trouvela collaboratrice de J. Deloche oc-cupée avec une jeune femme quitravaille sur des documents. Je luifais part de l’objet de ma visitemais peut-être mon visage laisse-t-il transparaître quelque chose demon bouleversement intérieur carje m’empresse de lui expliquer laraison profonde de mon retour àPondichéry et pourquoi cette mai-son me met dans un tel état. Jesens tout de suite un élan de sym-pathie. Pour mon plus grand bon-heur elle me propose alors de visi-ter toute la maison y compris laterrasse d’où l’on a une vue magni-fique sur la mer et sur toutPondichéry. Le temps s’est commearrêté ; j’ai l’impression de rejoin-dre dans l’amour de ce pays tousles miens et tous ceux qui l’ontaimé et y ont travaillé. Je redes-cends à regret mais le sympathiqueaccueil de Jean Deloche m’aidera àreprendre pied. »

10 mars à Pondichéry : « A 7h30,nous sommes allés assister à lamesse en français à Notre Damedes Anges, cette église construitepar un de mes arrière-grands-on-cles, Louis Guerre, dont la photoest accrochée maintenant au fondde l’Eglise (Merci au PèreDussaigne pour cette heureuse ini-tiative), et tellement remplie desouvenirs familiaux, combien demembres de nos familles ont étébaptisés, y ont fait leur premièrecommunion, s’y sont mariés (àcommencer par mes parents) et y

ont reçu une dernière bénédic-tion. »

(…) « A 10h nous voici 18 rueRomain Rolland (anciennement ruedes Capucins) en face de la SalleJeanne d’Arc. C’est de cette maisonque je suis partie le 17 août 1949pour m’embarquer sur le SONTAYqui mouillait au large et devaitm’emmener en France que je nevoyais alors qu’à travers un mi-rage... ô illusions ! Cette maison sibelle et agréable a toujours repré-senté pour moi un certain art devivre à la créole. (…) Pour l’heure,savourer un café sur cette vérandaqui n’a pas changé depuis le tempsoù j’y dégustais mon petit dé-jeuner m’a rendu mes quinze ans (…) »

23 mars (…) « Après quoi ce mêmeami avec son fils m’aideront à re-trouver la propriété de mon oncle,Edgard Prudhomme qui a légué safortune à l’évêché de Madras.

La maison est actuellement occu-pée par des religieuses de l’Ordrefrançais de la Merci. »

24 mars, Madras : ... « Le décollageest prévu à 20 heures. Au-revoir,amis ! Au-revoir, Madras !

Au-revoir, terre de mes Pères, PON-DICHERY ! » ❑

Lettre n° 6, CIDIF

HOMMAGE À ANNE-MARIE LEGUAY

Eglise Notre Dame des Anges

Pondichéry - EFEO - Ecole française d’Extrême-Orient

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Le tourisme est reconnu comme unmoteur puissant pour développerla croissance et générer des em-plois. Le secteur du tourisme est laplus grande industrie de servicesdans le pays ; il est un instrumentde développement économique etde génération d’emplois, particu-lièrement dans les régions reculéesdu pays.La contribution du tourisme auPNB du pays et le total des emploisétaient respectivement de 5,92%et 9,24% en 2007-2008. Le nom-bre total de personnes employéesdans le secteur du tourisme dans lepays durant 2007-08 était de 49,8millions. Il est possible de faireface au défi d’augmenter la crois-sance actuelle dans le secteur dutourisme ou même de la maintenirdurant la période du 12ème Planquinquennal en créant des infra-structures touristiques supplémen-taires comme des hôtels, des rou-tes, des véhicules de transport, lescommodités du bord de la route etles centres de facilitation, etc.Parmi les autres défis, citons lemanque de main-d’œuvre et deguides qualifiés, une meilleureconnectivité de marchés sourcesimportants pour l’Inde ainsi qu’en-tre les sites touristiques importantsen Inde, etc. Pour créer une prisede conscience sur le vaste poten-tiel du tourisme dans le développe-ment économique et la générationd’emplois, le Ministère du Tourismea fait une présentation au PremierMinistre le 23 juin 2011. Au coursde cette présentation, diverses ini-tiatives qui doivent être prises du-rant le 12ème Plan ont égalementété discutées. Divers sous-groupesdu Groupe de Travail sur le Tou-risme créés par la Commission duPlan ont également délibéré sur lecontenu de la présentation. Ci-dessous sont les recommandations

du Groupe de Travail pour le déve-loppement du tourisme durant le12ème plan.

Divers objectifs pour le secteurtouristiqueLe tourisme étant l’une des princi-pales composantes du secteur desservices en Inde, ses objectifs decroissance doivent être liés à ceuxde la croissance du secteur des ser-vices au cours du 12ème Plan quin-quennal. Pour l’objectif de crois-sance de 9 à 9,5% de l’économieindienne durant la période du 12ème

Plan, le secteur du tourisme devracorrespondre à l’objectif de crois-sance de 12% dans le secteur desservices contre la croissance ac-tuelle de 9%. Pour atteindre cetobjectif de croissance, le secteurdu tourisme devra :– augmenter la part de l’Inde detouristes internationaux d’au moins1% d’ici la fin du 12ème Plan ce quinécessite une croissance annuellede 12,38% entre 2011 et 2016.– fournir les installations adéqua-tes pour le tourisme national poursoutenir la croissance de 12,16%(observée ces dernières années)durant la période du 12ème Plan(2011-2016).

Implications des objectifs– Arrivées de touristes étrangers(FTAs) :Le nombre d’arrivées de touristesétrangers et de visites de touristesétrangers en 2016 est estimé à11,24 millions et 35,95 millionsrespectivement.– Tourisme national :Le nombre de visites de touristesnationaux en 2016 devrait attein-dre 1451,46 millions– Les devises étrangères supplé-mentaires provenant du tourisme :Les devises provenant du tourismedevraient passer de 14,19 milliardsen 2010 à 30,3 milliards en 2016.Les devises supplémentaires géné-rées par le tourisme durant la pé-riode 2010-16 sont estimées à 15,7milliards.

Création d’emploisSelon les données sur la part dutourisme dans l’ensemble des em-plois du pays fournies par lescomptes satellites du tourisme(TSA) en 2002-03 et les estima-tions pour les années jusqu’à2007-08, le nombre total d’emplois(directs et indirects) dans le sec-teur du tourisme devrait atteindreen 2016 77,5 millions contre

TOURISME EN INDE : UN TOUR D’HORIZON

Le Rajasthan offre un magnifique circuit “Safari chameau”

AUTRES FACETTES DE L’INDE

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53 millions en 2010. Par consé-quent, 24,5 millions d’emplois sup-plémentaires (directs et indirects)peuvent être créés entre 2010 et2016.

Initiatives pour atteindre l’objec-tifPour réaliser divers objectifs ets’atteler aux défis du secteur dutourisme durant le 12ème Plan quin-quennal, les initiatives suivantespourraient être entreprises :

Développement des compétencesAugmenter l’infrastructure institu-tionnelle de l’Education hôtelièreen :– ouvrant de nouveaux Instituts deGestion hôtelière (IHM) et Institutd’artisanat alimentaire (FCI)– augmentant la capacité desInstituts existants– facilitant les investissements dusecteur privé

L’éducation hôtelière doit êtregénérale et enseignée dans :– les Universités/Collèges– les Instituts polytechniques– les Instituts de formation indus-trielle– L’enseignement professionnel auniveau bac en passant par l’Admi-nistration centrale de l’Education

– identifier des groupes de villagesqui ont un artisanat, une formed’art ethnique unique et dévelop-per ceux-ci en produits touristi-ques– continuer le développement descircuits/destinations existants dansle cadre du programme actuel duMinistère du Tourisme.

Hygiène et installations sanitaires- Les installations sanitaires, lagestion des ordures et l’eau propresont d’importants sujets pour lestouristes– en faire prendre conscience àtous les partenaires– le Ministère doit entreprendreune importante campagne de sen-sibilisation sociale dans le cadre del’initiative « Atithi Devo Bhav ».

Marketing, marque et promotion– développer de nouveaux marchésdans le CIS (Commonwealth desEtats indépendants), les pays del’Asean, le Moyen Orient et les paysafricains– ouvrir de nouveaux bureaux dereprésentation à l’étranger pourtoucher davantage de monde– développer et promouvoir denouveaux produits touristiques– faire connaître le tourisme dugolf et du polo, de bien-être et mé-dical, MICE (meeting, incentive,congress, event), en caravane, decroisière, d’aventure et vie sau-vage.

ImpositionActuellement les taxes sur le sec-teur touristique sont très élevées.Pour obtenir le maximum de divi-

secondaire (CBSE) et les Comitésd’éducation des Etats.

Développement du savoir « HunarSe Rozgar » par le biais :– des institutions d’enseigne-ment/de formation mentionnéesci-dessus– d’hôtels avec étoiles– la certification des savoir-fairede fournisseurs de service existantspar le biais d’un processus rigou-reux pour accroître leurs chancesd’être employés– de nouveaux secteurs à identifierpar ex. les artisans travaillant surdes chantiers de restauration demonuments historiques (Neem-rana)– la convergence (de quoi ?) avecla Commission de Planification, lesMinistères des Ressources Humai-nes, de l’Emploi et du Développe-ment rural.

Développement de l’infrastruc-ture– identifier des circuits/destina-tions importants qui ont le poten-tiel d’attirer le grand nombre de vi-siteurs pour le développementdans le Mode mission– développer des parcs touristiquessitués dans les zones touristiquesdéveloppées / non développées /inexplorées

TOURISME EN INDE : UN TOUR D’HORIZON

Le Darjeeling est une ville située dans l’Etat du West Bengal

Le Taj Mahal est le monumentle plus beau et populaire du monde

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dendes des taxes prélevées sur l’in-dustrie du tourisme, celles-ci de-vraient être unifiées, rationaliséeset rendues mondialement compéti-tives.

ConvergenceComme le tourisme est une activitéqui regroupe plusieurs secteurs,une convergence des ressources dedivers secteurs impliqués dans lapromotion du tourisme au niveaucentral et des Etats est nécessairepour obtenir les résultats opti-maux. Les mesures suivantes sontnécessaires pour la convergence :– Un Comité peut être constituésous la présidence du Premier mi-nistre avec des membres des mi-nistères concernés comme leMinistère de la Culture, de l’Avia-tion civile, du Transport routier etdes Autoroutes, du Développementurbain, etc.– Un comité peut être constituédans chaque Etat/Territoire del’Union sous la présidence desPremiers ministres/administrateurdes Etats/Territoires de l’Unionavec des membres des ministèresconcernés du Gouvernement del’Etat/des Administrations desTerritoires de l’Union.

Implication des Etats/Territoiresde l’Union dans le Développementdu Tourisme– L’implication active des Etats estun pré-requis pour le développe-ment intégré du tourisme à traversla convergence– Le Ministère du Tourisme en as-

sociation avec ASSOCHAM, CCI,FICCI, PHDCCI, ICC peut faire desefforts pour développer la prise deconscience des Etats par rapportau potentiel du tourisme dans ledéveloppement économique et lagénération d’emplois– Les Etats identifieront les man-ques d’infrastructures touristiqueset s’assureront de l’intervention auniveau du Premier Ministre – envue d’inscrire ces points à l’agendapolitique– Les Etats devraient encourager letourisme durable, sûr et promo-tionnel

Terrain pour le secteur touristique• Besoins de terrains pour :- des hôtels- des centres de congrès/halls d’ex-position- des parcs à thème• Sur le schéma du terrain alloué àl’industrie• Terrain à donner sur la base dupartage de revenu• Coefficient d’occupation des solspour les hôtelsPour permettre au Ministère duTourisme d’introduire diverses stra-tégies proposées durant la périodedu 12ème Plan, il faut augmenter de

manière substantielle le budget duplan. Les fonds nécessaires auMinistère du Tourisme durant le12ème Plan sont estimés à environ210, 5 millions de roupies contre50, 156 millions alloués pour le11ème Plan. Une importante propor-tion des dépenses pourrait être al-louée pour l’amélioration de l’in-frastructure du tourisme, le déve-loppement des ressources humai-nes, le renforcement des capacités,la promotion et la publicité.La priorité du Ministère duTourisme est de créer/développerune infrastructure liée au tourismepour générer des opportunitésd’emplois. L’idée d’inclure le sujetdu tourisme dans les cours de ter-minale est soulevée avec le soutiendu Ministère du Développementdes Ressources Humaines pour quela prochaine génération ne de-vienne pas seulement sensible àces questions mais soit égalementprête à relever les défis du secteurtouristique. ❑

Samir SinhaDirecteur Adjoint

(Media & Communication)Press Information Bureau

New Delhi

TOURISME EN INDE : UN TOUR D’HORIZON

Le Temple du Lotus est l’un des plus beaux temples de l’Inde

Jeunes filles assamaisesexécutant la danse Bihu

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Nouvelles de l’Inde n° 410 15

DESTINATIONS À DÉCOUVRIR

LA GROTTE SACRÉE D’AMARNATHAU CACHEMIRE : LA DEMEURE DE SHIVA

Amarnath ou Amareshwara comme onl’appelait aussi est mentionné dans lesanciens textes sanskrits dès le 6ème siè-cle et plus tard dans le Rajatarangini,indiquant que la grotte était connuede la population depuis longtemps. Lepèlerinage jusqu’à la grotte sacréed’Amarnath se poursuit également de-puis des siècles. La grotte d’Amarnathaurait été, dit-on, redécouverte par unGujjar (berger musulman du Cache-mire), Buta Malik, il y a environ un siè-cle et demi. C’est la raison pour la-quelle une partie des offrandes faitespar les pèlerins à la grotte sacrée re-vient à sa famille.Chaque année le pèlerinage (Yatra)vers la grotte sacrée d’Amarnathquitte Srinagar vers la fin juin etPahalgam vers Ashadha Purnima(pleine lune durant le mois hindoud’Ashadh) au milieu des chants et desrituels védiques et sous la guidance deChari Mubark (la masse sacrée deShiva). A partir de Pahalgam, il suit laroute traditionnelle le long de la valléede la Lidder : des milliers de pèlerins etde sadhus, d’ascètes et de saints hom-mes font ce voyage annuel. Une autrevoie à partir de Baltal (du côté deSonamarg), plus courte mais plus ar-due, est également empruntée par cer-tains.La grotte d’Amarnath est dédiée auSeigneur Shiva. Elle est considéréecomme sainte parce que l’on croit quec’est là que Shiva aurait divulgué lesecret de la vie éternelle à sa parèdreParvati. Il cherchait un endroit retirépour révéler à la seule déesse Parvati

cet ‘Amarkatha’. Apparemment uncouple de pigeons entendit le secret etdevint immortel (amar) ; des pèlerinsles voient souvent dans la grotte.Chaque année entre juillet et août, uncylindre de glace ressemblant au lin-gam du Seigneur Shiva se forme mys-térieusement à l’intérieur de la grotte.Il commence à se former le premierjour de la nouvelle lune du mois(Chandrapaksh) et atteint son zénith lejour de la pleine lune de Shrawan, lemois lunaire hindou d’août. Selon lescroyances, la plus grande formationest considérée comme le lingam duSeigneur Shiva, celle sur le côté gau-che est considérée comme une forma-tion en glace du Seigneur Ganesh. Adroite se trouvent des formations deParvati (la parèdre de Shiva) et deBhairava. Le but des pèlerins est d’at-teindre la grotte sacrée le jour de lapleine lune de Shrawan.Des milliers de personnes parcourent46 km de Pahalgam (150 km deSrinagar) jusqu’à la grotte sacrée quise trouve à une altitude de 4520 mè-tres. En raison de l’altitude, la marcheest lente. Les pèlerins traversent unpont de neige et de glace àChandawari et se dirigent vers le lacSheshnag, au son des conques etchantant des hymnes en coupant letrajet et en faisant des pauses pour lanuit dans des camps avec des tentes.D’autres pauses sont prévues à Maha-gunas et Panjitarni.De nombreux pélerins (Yatris) entre-prennent le trajet à dos de chevalaussi.Aujourd’hui un service d’hélicoptèreest également disponible pour ceuxqui ne peuvent pas entreprendre cepériple long et difficile.Pour un grand nombre de pèlerins, lebut du voyage c’est la destination et ilsavancent avec révérence et prièresdans leur cœur. Les difficultés rencon-trées en chemin renforcent le lienexistant entre les pèlerins ce qui lesencourage à poursuivre leur chemin.Leur foi est si grande qu’ils parvien-

nent même à faire abstraction du froidet à se baigner dans des eaux glacées.L’air est traversé par le leitmotiv « HarHar Mahadev » tandis que les pèlerinsarrivent à la grotte sainte pour célé-brer le jour de la pleine lune, ayant fi-nalement atteint leur destination etapercevant le Shivling de glace dans lagrotte sacrée d’Amarnath. Shiva lesobserve sûrement.Pour plus d’information, contacter :• Jammu and Kashmir Tourism, TouristReception Centre, Srinagar 190001(J&K), Tél : +91 194 2472449,2452690, Fax : +91 194 2479548,Email : [email protected] et siteInternet :http://jtktourism.org• Jammu and Kashmir Tourism,Tourist Reception Centre, Vir Marg,Jammu, Tél : +91 191 2548172, Fax :+91 191 2548358, 2520409, Email :[email protected] et site web :http://www.jtktourim.org• Jammu & Kashmir Tourism Deve-lopment Corporation, Tourist Recep-tion Centre, Srinagar 190001, Jammu& Kashmir, Tél : +91 194 2477927,+91 191 2549065, Fax : +91 1942472644, +91 191 2579554 ; Email :[email protected] et site web : www.jktdc.co.in• Shri Amarnathji Shrine Board, K-Villa Sohravardi House, Shivpora,Srinagar, Tél : +91 194 2501679,2468251, Fax : +891 194 2501679,Email : [email protected] et site Internet : http://www.shriamarnathjishrine.com ❑

Deepti BhagatIndia Travel Online

Vol. XIV No. 15

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Grotte d’Amarnath

Les pèlerins sont confrontés à un che-min difficile en direction d’Amarnath

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• Capitale Bhubaneswar • Superficie géographique (km2)

155 707 • Districts administratifs : 30 • Densité de la population (per-

sonnes par km)* : 269 • Population totale (million)* :

41,9 • Répartition masculine/fémi-

nine (million)* : 21,2/20,7• Répartition par sexe (femmes

pour 1,000 hommes)* • Langues parlées Oriya et ses

dialectes, anglais et hindi

Survol économiqueAux prix courants le PNB de l’Etatétait d’environ 34,2 milliards deUS$ en 2009-10. Le secteur métal-lurgique et minier a contribué pourune part importante du PNB del’Odisha. L’Etat a attiré d’impor-tants investissements dans les in-dustries du métal et de l’alumi-nium.Le PNN de l’Etat était d’environ28,3 milliards de US$ en 2009-10.Le taux de croissance moyen duPNN était de 13,8% entre 2004-05et 2009-10.Le PNB par tête d’habitant en2009-10 était de 847,4 US$ contre444,4 en 2004-05. Il a augmenté àun taux de croissance moyen com-posé de 13,7 milliards entre 2004-05 et 2009-10.Le PNN par tête était de 700, 8 US$ contre 386,6 et a augmentéà un taux moyen de 12,6% entre2004-05 et 2009-10.

Distribution du PNB de l’EtatEn 2009-10, le secteur tertiaire acontribué pour la plus grande partau PNB de l’Etat pour 45,8% suividu secteur primaire pour 28,4% etle secteur secondaire pour 25,8%.Avec 17,3% le secteur secondaire aenregistré le plus haut taux decroissance des trois secteurs en

tion pour le fer, l’acier, les ferro-al-liages et l’aluminium. Il est aussiimportant pour la productiond’énergie basée sur le charbon.

L’Etat offre un large éventail demesures fiscales incitatives pourles affaires dans le cadre del’Industrial Policy Resolution, 2007.En outre, l’Etat dispose de mesuresspécifiques aux secteurs des TI etdes Micro, Petites et MoyennesEntreprises.

L’Etat dispose d’un vaste réseau demain-d’œuvre qualifiée ce qui enfait une destination idéale pourl’industrie minière.

L’Odisha dispose d’une infrastruc-ture sociale, physique et indus-trielle bien développée et d’uneconnectivité virtuelle. Il dispose enoutre d’un aéroport et d’une im-portante infrastructure portuaire.

Le taux de croissance moyen duPNB de l’Etat était d’environ 15%entre 2004-05 et 2009-10. Le sec-teur secondaire a enregistré le plusfort taux de croissance des troissecteurs sur la même période.

L’Etat jouit d’un environnementpolitique stable. Le gouvernementde l’Etat a constitué « L’OdishaTeam » pour contribuer à promou-voir les investissements.

Ganjam, Cuttack, Mayurbhanj,Baleshwar, Khordha et Sundargarhsont quelques-unes des villes im-portantes en termes de population.L’Odisha comporte trois principalessaisons, l’été de mars à juin, lamousson de juillet à septembre etl’hiver d’octobre à février.

Les avantages de l’Odisha

L’Odisha a émergé comme un Etat-clé par rapport aux industries ba-sées sur les minerais et les métaux.Il est en tête en termes de produc-

GROS PLAN SUR L’ODISHA

L’Odisha, nom officiel de l’Etat d’Orissa, se situe dans l’Est de l’Inde. L’Etat partage des frontièresavec le West Bengal au Nord-Est, le Jharkhand au Nord, l’Andhra Pradesh au Sud, le Chattisgarh àl’Ouest et la Baie du Bengale à l’Est.

L’Odisha est dotée d’une infrastructure sociale, physique et industrielle bien développée et d’uneconnectivité virtuelle. En outre, l’Etat dispose d’une infrastructure aéroportuaire et portuaire im-portante.

L’Etat jouit d’un environnement politique stable. Parallèlement à d’autres agences, le Gouvernementde l’Etat a constitué l’Odisha Team pour soutenir la promotion de l’investissement.

L’Odisha a été un important exportateur de produits minéraux et métallurgiques, représentant res-pectivement 52,4% et 32,9% du total des exportations de l’Etat. Il possède plus de 50% des ré-serves de bauxite de l’Inde ce qui en fait un lieu idéal pour installer des sociétés d’aluminium oubasées sur l’aluminium. Son approvisionnement en eau et en énergie est adapté pour de telles in-dustries.

L’Orissa en bref

Sources : Economic Survey of Odisha, 2009-10,*Données provisoires – Recensement 2011

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2004-05 et 2009-10. Il fut suivipar le secteur tertiaire qui a aug-menté de 17,20% et le secteur pri-maire qui a augmenté de 13,7%durant cette période.L’Odisha est en tête comparé àl’ensemble du pays pour les dépen-ses par tête d’habitant pour l’ali-mentation et les biens durables.Pour les dépenses pour l’éducationet les services médicaux, l’Etat sesitue au même niveau que le restedu pays.

Production agricoleEn 2008-09 la production totale decéréales dans l’Etat était d’environ7,3 millions de tonnes. Le riz étaitla première récolte en Odisha. Laproduction s’élevait à 6,8 millionsde tonnes en 2008-09. Les princi-paux oléagineux qui poussent sontl’arachide, les graines de ricin, lesgraines de lin et de sésame.En 2008-09 la superficie totale deterres cultivées s’élevait à 5,8 mil-lions d’hectares.

InvestissementsSelon le Department of IndustrialPolicy and Promotion, l’ensembledes investissements étrangers di-rects d’avril 2000 à 2011 s’élevait à281 millions de US$. En 2009-10,les investissements en cours s’éle-vaient à 787,7 milliards de US$. Lesecteur électrique compte pour en-viron 41,8% suivi par les produitsmétalliques et les métaux, le sec-teur minier, celui des services au-tres que financiers, les produitschimiques, entre autres.

ExportationsLes exportations s’élevaient à 2,9milliards en 2008-09. L’Odisha estun grand exportateur de produitsminéraux et métalliques. Parmi lessecteurs que l’Odisha souhaitepromouvoir au niveau exporta-tion, citons l’agriculture et l’agro-alimentaire, le prêt-à-porter, l’élec-tricité, les TI, les biens d’ingénierie,les arts et l’artisanat, les mineraiset les produits basés sur les mine-rais.

Infrastructure physiqueLes routesL’Odisha compte environ 242 736 kmde routes dont 3 704 km de routesnationales et 5 102 km de routesnationales au niveau de l’Etat. Lesroutes au niveau des districts re-présentent 10 591 km. L’Etat est bien relié aux Etats voi-sins et à d’autres parties du paysgrâce à 15 routes nationales. Lesecteur privé participe à laconstruction de routes nationales.

Chemins de ferFin 2008-2009, le réseau ferré enOrissa représentait 2439 km, dont54 km de voies étroites. L’Odisha relie l’Inde orientale etoccidentale avec le réseau ferrédes deux sociétés, la South EasternRailways et l’East Coast Railways.En commandant la ligne Talcher-Sambalpur, une liaison vitale a étéétablie entre la côte et l’ouest del’Etat.

AéroportsUn aéroport national, le BijuPatnaik Airport, se situe dans la ca-pitale à Bhubaneswar. Des liaisonsdirectes sont possibles deBhubaneswar à des destinationscomme New Delhi, Kolkata,Chennai, Nagpur, Mumbai etHyderabad.En outre, on recense 17 pistes d’at-terrissage et 16 zones d’atterris-sage pour hélicoptères dans l’en-

semble de l’Etat. Un nouveau ter-minal est prévu pour agrandir l’aé-roport de Bhubaneswar et le projeta été confié à Lanco InfratechLimited basée à Hyderabad.L’autorité aéroportuaire de l’Inde a,par ailleurs, prévu de moderniserl’aéroport de Jharsuguda suite à lamise en place d’une zone indus-trielle près de la piste.

PortsLe Port de Paradip est un port im-portant de l’Inde. Il se situe dans ledistrict de Jagatsinghpur. Il gère56,1 millions de tonnes métriquesde marchandises en 2010-11.Le port est relié à la ligne de che-min de fer de la South EasternRailway ; il est aussi desservi par laroute nationale 5A.

Ports Principaux Ports •Paradeep

Ports mineurs •Gopalpur •Behrabalpur

(Baleshwar)

Source : Indian Ports Association

En plus des deux ports mineurs deGopalpur et Behrabalpur, l’Etat dé-veloppe une infrastructure por-tuaire à Dhamra (district deBhadrak), Kirtania (district deBaleshwar), Chudamani (district deBhadrak), Jatadhar (district deJagatsinghpur) et Astaranga (dis-trict de Puri).

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Aéroport Biju Patnaik de Bhubaneswar

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Le Gouvernement de l’Odisha en-courage les sociétés privées à ren-forcer l’infrastructure portuairepour plusieurs projets métallurgi-ques à venir dans l’Etat.L’Orissa Maritime Board (OMB) estl’interlocuteur de référence pour ledéveloppement des ports et desvoies d’eau. Il a pour objectif d’ai-der les ports à gérer 330 millionsde tonnes métriques de marchan-dises chaque année.

EnergieL’Odisha fut le premier Etat à ap-porter des réformes dans le secteurénergétique. En mars 2011, la ca-pacité totale de production d’éner-gie installée était de 5 378,6 MW(2561,5 MW fournis par le publicau niveau de l’Etat, 1200 MW parle privé et 1617,1 MW par le publicau niveau national). Sur l’ensem-ble, 3132,1 MW relèvent du ther-mique, 2166,9 de l’hydraulique et79,6 du renouvelable.

TélécommunicationsEn décembre 2010, l’Etat avait unetélédensité de 52,3%, 20,7 millionsde connections sans fil et 568 714abonnés au câble ainsi que 1174standards téléphoniques. L’Odisha compte 8162 bureaux deposte.

Projets de développementDix zones économiques spécialesont obtenu leur agrément et cinq

autres avaient été avisées enOctobre 2011.

L’Etat possède une zone économi-que spéciale opérationnelle IT/ITesà Bhubaneswar depuis Octobre2011.

L’Orissa Industrial InfrastructureDevelopment Corporation (IDCO)est le principal développeur de plusde 35% des zones économiquesspéciales formellement approu-vées.

L’Etat possède 86 zones industriel-les.

Infrastructure socialeEducationEn 2008-09, l’Odisha comptait en-viron 50 062 écoles primaires avecplus de 4,5 millions d’écoliers ins-crits.Les principales universités sontl’Utkal University, la Biju PatnaikUniversity of Technology, et lesécoles supérieures populaires sontl’Orissa Engineering College et leSriram Chandra Bhanj MedicalCollege. L’Etat abrite aussi des instituts derenom comme le National Instituteof Technology (NIT) Rourkela, leXavier Institute of Management, leNational Institute of ScienceEducation and Research. La politique industrielle de l’Etatvise à promouvoir la main-d’œuvretechnique et à améliorer les com-pétences des entrepreneurs locaux.L’Odisha a un taux d’alphabétisa-tion de 73,5% selon les données durecensement 2011 ; la répartitionest de 82,4 % chez les hommes et64,4% chez les femmes. Le plushaut niveau revient au district deKhurda avec 87,51%.

SantéEn 2008-2009, on recensait enOdisha 2 793 instituts médicaux

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Xavier Institute of Management à Bhubaneshwar

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GROS PLAN SUR L’ODISHA

allopathiques ainsi que 22 257 litsd’hôpitaux. L’Etat disposait en 2008-09 de 181hôpitaux, 231 centres de soins mé-dico-sociaux, de 1 278 centres desoins primaires dépendant du sec-teur public.L’Etat comptait 1 089 institutionsmédicales du secteur privé en2008-09.

Indicateurs de santé (2009) Population par lit d’hôpital

1,798^ Taux de naissance* 21 Taux de mortalité* 8,8 Taux de mortalitéinfantile** 65 Espérance de vie à la naissance (enannées) Hommes (2002-06) 59,5 Femmes (2002-06) 59,6

Sources : Economic Survey of Odisha, 2009-10, Sample Registration System 2009 *Pour mille personnes **Pour mille naissances vivantes ^En 2008-09

Infrastructure culturelleL’Odisha comprend des stades àBhubaneswar, Cuttack, et dansd’autres villes. Les sports les pluspratiqués sont, entre autres, lebadminton, le cricket, le hockey, letennis, le tennis de table et le vo-ley ball. Le complexe sportif deDharani Dhar a été inauguré dansle district de Keonjhar en Décem-bre 2009. Les principales arènes sportivessont le Stade de Barabati et leStade en intérieur Jawaharlal àCuttack, la piscine et complexesportifs Biju Patnaik et le Stade deKalinga à Bhubaneswar, un com-plexe sportif à Berhampur, et unterrain synthétique de hockey àRourkela. Les principaux hôtels à Bhuba-neshwar sont le Trident Hilton, leKalinga Ashoka, le Swosti Plaza. ACuttack, citons l’Akbari Continen-tal et l’Hôtel Bishal, tandis que lessites de Mayfair Beach et Pantha-

nivas Puri sont les hôtels les pluspopulaires à Puri. Puri est une ville célèbre pour lefestival religieux qu’elle organisechaque année, le Rath Yatra quenous vous avons présenté dans ledernier numéro des Nouvelles del’Inde qui attire des dizaines demilliers de touristes religieux.L’Etat compte de nombreux tem-ples célèbres comme le Lingarajtemple et le Kedareshwar temple àBhubaneswar, le Jagannath templeet le Gundicha temple à Puri et leSun temple à Konark. L’Odissi est le principal style dedanse classique de l’Etat.

Infrastructureindustrielle

Un système de guichet unique pourles approbations a été mis en placedans l’Etat afin de faciliter la crois-sance des industries et de créer unenvironnement attractif pour lesinvestissements indiens et étran-gers.

Le Gouvernement de l’Inde a iden-tifié des sites tels que Duburi,Chhatrapur, Kalinga Nagar (Bhuba-neswar), Jharsuguda et Kesinga en tant que « Centres de Crois-sance ».

Zones Description

Infocity • Le parc IT s’étend sur 350 hectares àBhubaneswar et a des sociétés IT tellesqu’Infosys, Wipro, TCS et MindTree.Equipée d’une infrastructure modernecomprenant un golf de neuf trous, c’estl’un des plus grands parcs IT de l’Est del’Inde. Infocity-II devrait s’étendre sur plusde 500 hectares à Janla.

Fortune Tower • Elle occupe une superficie de 350 000pieds carrés et abrite un certain nombrede sociétés IT.

Industrial Infrastructure • Ce centre, situé stratégiquement, possèdeDevelopment Corporation 11 étages et se trouve à Bhubaneswar. Il (IDCO) Tower accueille un certain nombre de sociétés

IT/ITeS. Zones Economiques • La zone industrielle Chandaka à KhurdaSpéciales est une ZES IT/ITeS mise sur pied par

l’Orissa Industrial Development Corpora-tion. Neuf autres ZES ont obtenu un ac-cord formel et cinq autres une notificationde la part du Gouvernement indien.

Parcs technologiques • Le Software Technology Parks of India(STPI) a développé des parcs technologi-ques informatiques à Bhubaneswar, Rour-kela et Berhampur.

Les industrés-clésLes industries de l’Etat d’Odishasont principalement basées sur lesressources naturelles disponiblesdans l’Etat.L’Odisha possède plus de 50% desréserves de bauxite de l’Inde qui,de ce fait, est un lieu idéal pour les

sociétés d’aluminium ou basées surl’aluminium. Il dispose égalementde l’approvisionnement en eau etélectricité nécessaire pour de tellesindustries.Quelques-unes des plus grossescompagnies dans l’industrie del’aluminium y compris NationalAluminium Company Limited,

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Culture du riz-Elevage de canards et poissons en Orissa

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Hindalco Industries Limited etVedanta Group opèrent en Odisha. Les produits forestiers fournissentun moyen d’existence à une grandepartie de la population de l’Etat.L’agriculture et le secteur connexeont procuré des emplois, directs ouindirects, à plus de 60% du total dela main-d’œuvre de l’Odisha. L’Etat possède des réserves impor-tantes de minerai de fer, debauxite, de nickel et de charbon.C’est de ce fait une destination at-trayante pour les industries baséessur les minerais.L’Etat est l’un des plus gros four-nisseurs d’aluminium du pays à lafois en termes de capacité de pro-duction et de véritable production.En 2008-09, plus de 4 806 petiteset moyennes unités étaient éta-blies dans l’Etat.

Industries-clés en Odisha • Fer et acier, et ferro-alliage • Aluminium • Tissage artisanal• Agro-industrie • Industrie minière • IT/ITeS • Electronique• Tourisme

Source : Economic Survey of Odisha, 2009-10

L’Odisha est l’un des plus gros pro-ducteurs de fer et d’acier du pays.Il possède 32,9% de tous les dé-pôts de minerai de fer en Inde cequi ne manque pas d’attirer les ac-teurs du fer et de l’acier tantIndiens qu’étrangers. Cet Etat pos-sède des réserves importantesd’autres minerais qui entrent dansla fabrication de l’acier comme lecharbon, la dolomite et le calcaire.Les réserves d’eau sont abondan-tes, l’énergie suffisante et l’Etatdispose d’un bon réseau routier, deliaisons ferroviaires et d’installa-tions portuaires à Paradeep,Gopalpur and Behrabalpur (Ba-leshwar).

Quelques-uns des acteurs • Tata Steel • POSCO India Pvt Ltd • Visa Steel Ltd • Essar Steel

Industries à petite échelle, artisa-nat et industries artisanalesLes industries à petite échelle del’Odisha ont pour spécificité un be-soin d’investissement faible, unepériode courte de gestation, unehaute valeur ajoutée et d’impor-tantes perspectives de promotiond’exportation.L’Orissa State Cooperative Handi-crafts Corporation a pour missionde renforcer la base de production,de développer les opportunités deproduction, d’accroître les oppor-tunités de marketing, d’encouragerles exportateurs et d’introduire denouveaux motifs et technologiesdans le secteur de l’artisanat.Afin de renforcer les entreprisesreposant sur l’artisan dans le sec-teur artisanal, 19 centres de for-mation artisanale fonctionnentdans différents districts.

AgricultureLes principaux produits agricolesde l’Odisha sont le riz, les légumi-neuses, les oléagineux, les légu-mes, l’arachide, le coton, le jute, lanoix de coco, les épices, les pom-mes de terre et les fruits.La noix de coco est cultivée sur unesuperficie d’environ 52 000 hecta-res (données mars 2009).

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Il y a de grandes possibilités pourles agro-industries pour le riz, leslentilles, la production d’huiles co-mestibles, la déshydratation deslégumes, la mouture du maïs, l’éle-vage de bétail et de volaille, l’huilede coton, les chips de pommes deterre, l’huile de noix de coco, lessucreries, la culture de champi-gnon, les huiles non comestibles,entre autres. En 2010, l’Etat avaitannoncé son plan d’attirer degrandes sociétés agro-alimentairesbasées sur la production impor-tante de maïs dans le district deNawarangpur.

Parmi les acteurs-clés du secteur :Nayagarh Sugar Complex Limited,Sakthi Sugars Limited, AskaCooperative Sugar IndustriesLimited et Paradeep PhosphatesLimited.

Industrie minière

L’Odisha est l’un des Etats les plusriches en termes de réserves miniè-res. La ceinture minière s’étend sur une superficie de plus de6 000 km2. Les principaux mineraisque l’on trouve dans l’Etat sont leminerai de fer, la houille, labauxite, le manganèse, le nickel, lachromite, le calcaire, la dolomite,le graphite, les pierres décoratives,le sable, l’argile, le minerai d’étain.Quelques-uns des grands acteursdu secteur sont : Orissa MiningCorporation, Mahanadi CoaldfieldsLimited, Rungta Mines Limited,Ferro Alloy Corporation Limited(FACOR).

Industrie IT/ITes/Electronique

Le secteur IT est dominé par plusde 300 petites et moyennes entre-prises. Le secteur emploie environ12 000 professionnels de logiciels.

L’Etat dispose d’un ample réservoirde talent pour répondre aux be-soins de cette industrie. Il produitchaque année 20 000 licenciés entechnologie et diplômés MCA, en-viron 3 000 professionnels de ges-tion et 50 000 autres diplômés.

L’Odisha a exporté pour US$ 235,5millions de logiciels en 2009-10.L’Etat prévoit d’en exporter pourUS$ 1 milliard d’ici 2012-13.

Quelques-uns des principaux ac-teurs sont Infosys Ltd. TataConsultancy Services, Wipro Ltd. etOrisys Infotech Pvt Ltd.

Industrie du tourismeL’Odisha possède un vaste poten-tiel pour développer le tourisme. Ils’agit de l’un des secteurs impor-tants de l’économie de l’Etat entermes de rentrées de devises et degénération d’emplois.

Bhubaneswar, la capitale, estconnue pour être la ville des tem-ples. Elle abrite quelque 500 tem-ples.

Puri, Bhubaneswar et Konark sontles principaux centres du tourismereligieux.

Le flux de touristes dans l’Etat aaugmenté passant de 5,9 millionsde personnes en 2007 à 6,9 en2009 ce qui représente un taux decroissance annuel composé de8,1%. ❑

India Brand Equity Foundation

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Au Grand Palais, la Biennale desAntiquaires a attiré la foule desamateurs et collectionneurs. ChezJacques Barrière, on a pu admirerun « Ganesh debout » en granitnoir, provenant du Tamil Nadu (dy-nastie Chola, 10-11ème s.). Ganeshest ici paré de tous les attributsd’une divinité majeure : bracelets,collier pectoral, cordon, haute tiareorfévrée. Chez Christophe Hioco,Vishnu Vasudeva (époque Pala,12ème s.), dieu suprême en schistegris, personnifiait l’absolu. Ci-des-sous Shiva en stéatite sous l’aspect

d’un moine mendiant qui dut ex-pier sa faute en errant pendantdouze ans (Karnataka). La galerieAlexis Renard a aussi rendu unhommage à l’Inde, avec des bolstalismaniques en bidri (18ème s.) Lafeuille d’argent découpée à décorcalligraphique, est appliquée surun alliage de divers métaux. Untalwar, arme en acier incrusté d’or,datait du 17ème s. Les armes incrus-tées sont beaucoup plus rares queles damasquinées. Autres merveil-les : un khanjar en jade moghol(vers 1700), un aspersoir à eau derose (argent et vermeil), une boîteà bézoard et un pendentif mogholincrusté de pierres précieuses(18ème s.). Boucheron brillait de tousses feux : on sait que la maison a

beaucoup travaillé pour le Maha-rajah de Patiala qui lui avait remisplus de 7500 diamants et plus de1400 émeraudes afin de réaliser lesplus belles parures. Ci-dessousétonnante création avec élé-phant : « L’artisan du rêve » collec-tion de haute joaillerie où l’on re-trouve le prince de Patiala, et

l’amour de Louis Boucheron pourl’Inde. A propos de la plume depaon, il est écrit : « En Inde, lepaon, symbole de force et de puis-sance, jouit d’une estime et d’uneprotection particulières ». Le paonest vénéré, car il est étroitementassocié à la fertilité. En Inde,l’émeraude chasse les créatures del’ombre. Le stand Van Cleef etArpels était aussi magnifique à laBiennale : on y contemplait les bi-joux les plus somptueux. A l’expo-sition Van Cleef et Arpels au mu-sée des Arts décoratifs, jusqu’au 10février 2013, on admire un « clipIndia » et une broderie indienne surdes motifs d’oreille. Le cataloguecomporte un chapitre sur l’inspira-tion indienne.

L’Etude Ader Nordmann a orga-nisé une vente des « Arts d’Orient »qui comportait des miniatures in-diennes du Rajasthan, du Mewaret du Punjab. Ci-dessous la déesseGanga (19ème si.) avec son voile roseet deux fleurs de lotus à la main.

Une récente présentation gastro-nomique nous a permis de décou-vrir les nouveautés lancées par lasociété « A la table de Mathilde »qui propose, entre autres, un cof-fret « Epices du Monde » avec cur-cuma d’Inde et curry de Madras.Les épices apportent à la cuisineun parfum incomparable.

En édition limitée, Boucheron re-prend l’eau de parfum du mêmenom, qui associe mandarine, jas-

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min, vanille et santal. Nicolaï pro-pose une nouvelle eau de parfumfleuri et doux « Musc intense »,cocktail explosif de muscs avec ab-solu de graines d’ambrette et unenote de santal. L’huile sèche deMaharadjah continue à faire fu-reur. Klorane traite les cheveux à la

mangue. Dans la médecine ayurvé-dique, ce fruit est reconnu pour sesapports vitaminés. Du côté des artsde la table, l’innovation est aussipermanente. Bernardaud a créé « Un Jardin indien » d’une rare

finesse, avec plateau, vide-poche,pot à bougie, etc.. Gien poursuit « La route des Indes » avec un vase,pot à lait, etc.

Comme il se doit, le Salon « Mai-son et Objet » a donné les derniè-res tendances en matière de déco-ration intérieure, et présenté lesaccessoires qui l’accompagnent. Leluxe et le design sont toujours lesambassadeurs d’excellence duSalon. L’Inde était bien présenteavec Anavila (textiles artisanaux ettribaux), Condor (mobilier d’inté-rieur), Maspar (linge de maison, ri-deaux et coussins), Paul Salon deNew Delhi, The Mansion (fou-lards), Zoha (couvertures, plaids) etd’autres encore.

La société Incidence, basée àMeudon, a présenté ses luminaires,ses plateaux, mugs et assiettes dela ligne Kashmir (voir les sets detable ci-dessous). « Point à la li-gne » a célébré « Minuit à Delhi »

avec une ligne d’objets inspirés dulotus, de Bollywood et du singeporte-lumignon. La lampe Bergerutilise des senteurs exquises pourles diffuser dans la maison, notam-ment du santal. Linum poursuit safabrication en Inde et continue àcréer des coussins, nappes, serviet-tes et torchons qui apportent la

gaieté dans un intérieur. La sociétéLothantique, éditeur de parfumsn’hésite pas à employer le santal etautres senteurs exquises pour desparfums d’ambiance à répandre

dans une « bonne maison ». LePalais des Thés propose un premiervoyage de l’Ecole du thé àDarjeeling. Il permettra de visiterle jardin Tumsong (processus duflétrissage, séchage, roulage, oxy-dation, triage) avec détente aubord de la rivière Rangit.

Au récent Salon du Trading, il yavait foule pour rencontrer lescourtiers, et comprendre les war-rants, les futurs et logiciels, pouragir sur le Forex et autres outilsd’intervention en Bourse. Il y avaitlà Ava Trade, Dukascopy, le grandéditeur Eyrolles, Le Revenu, leNouvel Economiste, Saxo Banque,Oanda, etc… Un récent numéro dela revue « Patrimoine et Mar-chés » a publié un article «« QQuuaannddll’’IInnddee ddéévvooiillee sseess rriicchheesssseess »». Tropde clichés circulent sur ce pays. Onconnait ses intellectuels, ses artis-tes, mais trop mal son économie.Le marché financier indien s’estdéveloppé. La population du paysest jeune, et la démocratie fonc-tionne : on compte 14 langues,200 dialectes, 28 Etats, de nom-breuses religions. La croissance po-tentielle est là ; l’augmentation dela population active est un moteurpuissant. Après la crise de 1991-92, les réformes menées parManmohan Singh ont généré unfort développement. L’article nefait pas l’impasse sur les problè-mes, mais souligne le rôle joué parl’informatique à bas coût, le LokPal et les richesses minières duCentre-Est du pays.

Le Salon « Première Classe » a oc-cupé une fois encore le Jardin desTuileries pour présenter l’ensembledes nouveautés en matière d’ac-cessoires de mode. On notait laprésence de « Forest of Chintz » deMumbai qui propose des bijoux. AuPavillon Cambon, le Salon « TheBox » rassemblait les fabricantsd’objets raffinés, mais utiles auquotidien tels que Claire deDivonne, Pantera, la Pandorine, lesCerises de Mars, etc… Venus de

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Calcutta, « Amat et Ladoue » et « Citrus » proposaient leurs fou-lards chatoyants et très mode,comme aussi la société « Me andKashmiere ». Décidément les fou-lards font merveille et sont dans levent.

Au Salon « Atmosphere’s » Injiri(vêtements) est venu de Jaipur,tandis que Neeru Kumar (vête-ments) venait de New Delhi. A « Paris sur mode » atelier, PreetiChandra de New Delhi a égale-ment présenté divers vêtements.

Nous vous invitons à découvrir « Eternal Breath », le premier pro-jet solo du musicien RavichandraKulur, album produit, mixé et mas-

terisé à Bangalore en Inde où ré-side actuellement l’artiste. C’estdès l’âge de 6 ans que RavichandraKulur s’initie à la musique carnati-que. Il joue d’abord des percus-sions, mridangam et kanjira, sousla direction de son maîtreNarayana Pishardi. Puis avec sonpère, le flûtiste et professeurRaghavendra Rao, il passe à laflûte. Ils se produiront ensemble enconcert, le jeune Ravinchandran’ayant que 9 ans. Un long chemina été parcouru depuis, conduisantle musicien à accompagner degrands musiciens. Depuis 2005 etle 3ème festival de l’Inde, Ravichan-dra Kulur accompagne Ravi etAnoushka Shankar dans leursconcerts et tournées à travers lemonde et s’est produit avec ungrand nombre d’artistes interna-tionaux. Pour ce CD, l’artiste s’est entourédes meilleurs musiciens de la mu-sique carnatique (Mysore MNagaraj au violon, Srimushnam VRaja Rao au mridangam, VyasaVittal au khanjira et GiridharUdupa au ghatam) pour une expé-rience musicale basée sur l’impro-visation et traditionnelle de l’Indedu sud.

Saina Nehwal, véritable star enInde, a participé du 23 au 28 octo-bre 2012 aux Internationaux deFrance de badminton (IFB) au stadePierre-de-Coubertin à Paris 16ème.Favorite mais fatiguée, la jeunechampionne indienne a hélasperdu contre la Japonaise MinatsuMitani 21-19, 21-11. Mais SainaNehwal n’a pas fini de nous sur-prendre.

Le premier disque consacré à lamusique du style Mohini Attamde l’Inde du sud vient de sortir : « Le chant du Mohini Attamdanse classique du Kerala ». Lesenregistrements de cette musiqueont été réalisés à Trishur en 1993et 2005. Elle se décline en deuxstyles traditionnels : le style carna-tique classique de l’Inde du sud,

aux infinies variations, et le stylesopana, propre au Kerala, plus so-bre et épuré. Le chanteur, accom-pagné par une flûte, une vîna etdes percussions, interprète despoèmes dédiés aux amours deKrishna, mais aussi en sanskrit eten hindi, ou bien il chante des piè-ces virtuoses sur les noms des no-tes de l’échelle musicale indienne.Cet album présente les principauxingrédients d’un récital de danse.Les compositions du MahârâjahSvâti Tirunâl illustrent la richesseet la diversité de la musique duMohini Attam. Les interprètes sontpour le style carnatique, VamananNamboodiri, chant et musiciens etKalamandalam Jaya Prakash, chantet musiciens pour le style sopana.Collection Inédit, Maison desCultures du Monde.

A signaler, dans le parcours Asie auMusée du quai Branly, deux nou-velles vitrines consacrées auximages populaires des grandes di-vinités de l’hindouisme. Les visi-teurs pourront ainsi voir des œu-vres indiennes exceptionnelles, ex-posées pour la première fois aumusée. Mentionnons Krishna jouantde la flûte, école de Jaipur, Rajas-than, début du XXème siècle, mar-bre peint, des Figurines votives,Krishna, Balarama et Subhadra,début du XXème siècle, bois peint et

coton et Vishnu, Rajasthan 2ème

moitié du XXème siècle, bronze. Levisiteur pourra aussi admirer unepeinture sur toile de coton, repré-sentant le couple Radha et Krishna.La scène est vraisemblablement ti-rée de la Gita Govinda. ❑

E.B. et Viviane Tourtet

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Romans / NouvellesLa reine des Cipayes,de Catherine Clé-ment, Ed. du Seuil.

Se plonger dans unroman de CatherineClément tel que ce-lui-ci, c’est remonter

le cours de l’histoire et réalisercombien certains de ses personna-ges ont eu un destin hors du com-mun. Celui de la petite Manikar-nika n’a pas échappé à la règle. Endehors de l’astrologue qui avaitprédit qu’elle serait reine, personnen’aurait pu imaginer un tel destin,surtout pour une fille ! A partir deson mariage avec Gangadar, maha-raja de Jhansi, qui le soir de ses no-ces lui avoue son incapacité à fairel’amour, Manikarnika dite Manu, vadévelopper des talents bien rarespour une femme de l’époque. A lafois docile et patiente pour sonépoux qu’elle perdra quelques an-nées après, mère aimante pour son fils bien-aimé, Damodar, fé-condé artificiellement, permettantd’échapper à la doctrine de laDéshérence, Manu ne s’en laisserapas conter et qui mieux queCatherine Clément peut nous fairerentrer dans la vie mouvementéede cette femme courageuse qui irajusqu’à perdre la vie pour sauverson royaume. Elle suscitera, biensûr, jalousie et admiration mêmede ses plus grands ennemis anglais,tels que Rose qui écrivit « si tousles chefs rebelles avaient eu lamême trempe qu’elle, nous aurionsété vaincus ». Depuis son mémorialà Jhansi, sa statue, une guirlandefraîche au cou, veille sur Jhansi etses habitants qui n’ont pas oubliéqu’elle participa aux prémices del’indépendance du pays.

Mémoires du Gange -1930 de Krishna DevUpadhyaya, traduc-tion de CatherineServan-Schreiber,Ed. Riveneuve Edi-tions.

Cet ouvrage ne manquera pas detoucher les lecteurs par son appro-che simple et véridique de la viedes campagnes en 1930. L’auteur,brahmane, est un homme éruditqui a vécu à la campagne et enconserve de précieux témoignages.Il est le fondateur à Bénarès d’uneacadémie de culture populaire in-dienne et de folklore bhojpuri quisert de trait d’union entre la ville etla campagne. Il promeut la littéra-ture bhojpuri – il a notammentrassemblé un corpus de chants etde proverbes et ne se considère pascomme un auteur engagé maisplutôt comme un observateur desrapports humains, du manqued’éducation, de la condition diffi-cile de la femme, de l’exploitationsous ses diverses facettes. Toutesles nouvelles se déroulent dans lecontexte historique de dominationféodale, du système zamindari quiassure le pouvoir des grands pro-priétaires terriens et du systèmejajmani pour la relation de servicesentre castes. Le lecteur fera laconnaissance de Murti Devi, mèreaimante, d’un père grand dévot,d’un maître d’école comme on n’enfait plus mais qui savait transmet-tre l’envie d’apprendre, de MasterSaheb, homme oisif aux quatreépouses qui finit dans le plus granddénuement, d’un prêtre qui n’agis-sait que lorsque le moment étaitfavorable et en suivant les tradi-tions, et de bien d’autres encore. Lelecteur découvrira le cœur de l’Inderurale, avec son lot d’inégalités so-ciales, d’injustices, de règles etd’interdits. Une galerie de portraitsnourris par la propre histoire del’auteur, des portraits qui tantôtnous touchent, tantôt nous révol-tent, nous amusent ou nous aga-cent mais ne nous laissent jamaisindifférents. Cet ouvrage nous ou-vre une fenêtre sur la vie des hum-bles dont la vie n’en est pas pourautant « dénuée de poésie ». Mercià la traductrice d’avoir mis à notreportée une perle de la littérature

régionale qui, sans elle, n’auraitpas franchi les frontières.

Documentaire

Aujourd’hui l’Inde,de Tirthankar Chan-da et Oliver Da Lage,Ed. Casterman.Dans certaines denos bibliothèques

publiques, par manque de place,une partie des livres pour la jeu-nesse est rangée avec les livrespour adultes. On aimerait que cesoit le destin de ce bel album, quipoursuit une collection d’ouvra-ges documentaires inaugurée ré-cemment avec des titres surl’Afrique et la Chine. Il plaira aux préadolescents auxquels ils’adresse a priori, mais aussi àtous ceux qui désirent s’initier àl’Inde contemporaine, ou se met-tre à jour des principales évolu-tions de ces dernières années,sans trop d’effort, agréablement,rapidement. Les noms de Nano, lamini-voiture, de Right to Infor-mation Act, la loi sur le libre ac-cès aux registres administratifs,ou de Anna Hazare, le militantanti-corruption se réclamant deGandhi, n’échapperont plus àceux qui s’intéressent de près oude loin au sous-continent.Le pari des deux auteurs, journa-listes à Radio France Internatio-nale, l’un indien l’autre français,était un peu fou : faire rentrer en80 pages – grandes tout de même– autant de petits articles, mini-dossiers et portraits de personna-lités nécessaires pour donner unaperçu plutôt équilibré et lucidede l’Inde d’aujourd’hui. Avec évi-demment l’accent mis sur l’Indeurbaine, même si le monde ruraln’est pas oublié. Un premier cha-pitre intitulé « Histoire » donnemême, en quelques doubles pagesthématiques, les informations es-sentielles pour comprendre ce quiest en jeu dans les chapitres sui-

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vants intitulés « Politique », « Economie », « Société », « Cul-ture ». Le pari est largement réussi,même s’il faut souligner quelquesdéfauts, inévitables avec un telcahier des charges. Par exemple,l’absence d’une véritable cartegéographique. Ou la mention troprapide d’Amartya Sen et de sonanalyse novatrice en termes d’« indice de développement hu-main », qui pourrait être davan-tage exploitée. Ou encore unefaiblesse relative de la doublepage consacrée aux arts plasti-ques. Ce sont des détails. Un peuplus problématique est l’amal-game fait dans l’emploi des no-tions de communauté et de caste,et même l’oubli de la notion dejati, qui ne permet pas toujoursde bien expliquer les enjeux desmutations en cours dans la fa-mille et le mariage, dans l’éduca-tion, dans l’accès au travail, etl’importance des forces de rappeltraditionnelles, sociales et reli-gieuses, qui se manifestent. Ilfaudrait presque conseiller auxlecteurs qui s’initient vraiment deregarder d’abord, par exemple, lefilm Pather Panchali de SatyajitRay, ou de lire au préalable lechapitre 4 de L’Inde d’un millé-naire à l’autre de Shashi Taroorsur l’intouchabilité, pour saisir enun instant d’où vient la sociétéindienne – hindoue –, de quel de-gré d’ordre et de hiérarchie elleprocède, pour apprécier le mou-vement, la mobilité étonnanteque donne à voir ce livre,Aujourd’hui, l’Inde. Ce conseiln’est pas donné au hasard : cesdeux œuvres figurent en bonneplace dans la liste des conseils « Pour aller plus loin », à la fin dulivre.Si le pari semble largement réussi,c’est aussi grâce au travail gra-phique de Cécile Chaumet, sur lescouleurs, les illustrations. Ce livreest un véritable album, que l’on

prend d’abord plaisir à feuilleter,à regarder, lisant au hasard unbref article entre deux images. Ala différence de tel ou tel maga-zine à grand tirage, ici la modes-tie prosaïque des photos joue sonrôle paradoxal d’incitation àl’imaginaire, à un certain type devoyage, et répond en quelquesorte à la concision et à la luci-dité des textes. Et avec tout cela, on ne s’ennuiepas. Bravo !

Frédéric Lefebvre

Géopolitique

Géopolitique del’Inde – Le rêvebrisé de l’unité,d’Olivier Guillard,Ed. Puf.L’Inde fait de plus enplus parler d’elle. Les

journaux, magazines qui, il y a dixans encore, ne parlaient qu’occa-sionnellement de l’Inde, lui fontaujourd’hui une place plus grandeet plus fréquente dans leurs colon-nes. Mais que savons-nous exacte-ment de ce grand géant qui nousfascine par sa taille, ses superlatifsdans tous les domaines, nous ré-volte parfois par ses injustices, sacorruption, suscite aussi notre ad-miration par ses nombreux exem-ples de réussite ? Il est bien diffi-cile de se faire une idée juste, de nepas être soit totalement idéaliste,soit entièrement critique. OlivierGuillard, directeur de recherches àl’IRIS (Institut des relations inter-nationales et stratégiques) et di-recteur de l’information chez CrisisConsulting, nous propose dans celivre une présentation de l’Indetelle qu’elle est réellement au-jourd’hui, à la fois nouvelle puis-sance (9ème économie mondiale en2011) que tous les grands dumonde ont souhaité rencontrer, quiaccède à présent aux grands fo-

rums internationaux et aspire àprendre part aux prises de déci-sions globales mais aussi pays quiabrite encore une grande part de lamisère du monde. Après un rappelde l’histoire de l’Inde depuis sonaccession à l’indépendance, l’au-teur s’intéresse au rapport de l’Indeavec la Russie, la Chine, l’Afrique,les Etats-Unis, puis décline ce quifait de l’Inde un pays du pluriel, desdifférences, du multiple. Il inviteensuite le lecteur à mieux com-prendre le fonctionnement internedu pays, entre centralisme et fédé-ralisme, le rôle que jouent les Etatset comment l’Inde doit veiller pourpoursuivre son formidable essor àne pas s’emballer et à prendre encompte ses propres contraintes.Mais le gouvernement sait qu’ildoit poursuivre ses ambitions endéveloppant certes son ouverturesur l’extérieur sans toutefois dé-laisser les chantiers internes, etque stabilité, durée et solidité sontles clés de sa réussite future.

Poésie

La Flûte de l’Infini,de Kabîr, trad. inédi-tes d’André Gided’après la versionanglaise de R. Tagoresuivi du recueil inté-gral des Poèmes tra-

duit par Henriette Mirabaud-Thorens, Poésie/Gallimard.A une époque où l’intolérance, lefondamentalisme sévissent un peupartout dans le monde, nous nepouvons que nous féliciter de lasortie cette année de plusieurs ou-vrages de ou autour de Kâbir, poètesans dogmatisme, qui jusqu’auterme de sa longue vie, n’a cesséde prôner l’amour pour ce qu’il dé-signe comme l’Infini. Ce livre relèved’un miracle, celui de la découvertepar Catherine Gide, la fille d’AndréGide, à qui nous devons la traduc-tion du Gitanjali de Rabindranath

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Tagore : « L’œuvre lyrique », de latraduction par André Gide de poè-mes de Kâbir que RabindranathTagore avait traduits en anglais.Pas moins de 22 poèmes nous sont ainsi livrés dans leur formeachevée ou inachevée telle quetraduits par André Gide puis dans la traduction intégrale qu’ena faite Henriette Mirabaud-Thorens.Les poèmes reflètent combienKâbir se languit pour le Divin, combien il se sent proche de la nature, combien son cœur est em-pli d’amour pour son divin bien-aimé. Des poèmes simples, à laportée de tous, des poèmes quinous touchent car ils disent l’indi-cible.

Carnets de mousson,Poésie, de BernardCreutz, Ed. Publi-book.Récemment un amisuisse me demandaitsi la poésie avait un

quelconque avenir aujourd’hui. S’ilest vrai que les jeunes lisent sansdoute moins de poésie de nosjours, il n’en demeure pas moinsque les poètes existent toujours. Enrecevant ces Carnets de mousson,j’en ai la preuve. Nourri intérieure-ment par une foultitude d’imagesglanées au fil de ses voyages, deses errances, notamment en Inde,Bernard Creutz nous livre ses émo-tions, ses ressentis bercés par lesvagues, le ciel, le sable. Il nous in-vite au passage aux rencontres, cesrencontres impossibles avec ceshommes, ces femmes d’ailleurs, ony croise le désir, la fatigue, la tris-tesse, la lassitude, le doute, l’in-souciance et bien plus encore. Onse laisse bercer par le vent, les em-bruns, on se déchausserait presquepour ne pas déranger l’ordre deschoses, l’ordre des mots. Des motspour dire la beauté de ces terresd’Asie, la lenteur et la sensualité, lekaléidoscope des rêves de l’homme,

du voyageur. De l’autre des choses,les jours lents sans retour et balan-ciers, trois séries de poèmes qui selisent et se disent dans la douceurdes soirs d’hiver.

Voyage

Sur les routes del’Inde, de DidierSandman, coll. Je estailleurs, Ed Magellan& Cie.Véritable défi que ce-lui de raconter l’Inde

en quelque soixante-dix pages, uneInde qui n’en finit pas de nous sé-duire, de nous interpeller, de nousagacer, de nous intriguer. Défi bril-lamment relevé par Didier Sand-man, que la passion pour l’Inde aconduit à imaginer un lieu qui luiest dédié, La Route des Indes. Devoyageur, il est ainsi devenu voya-giste et animateur culturel. Il nousinvite ici à le suivre sur les nom-breux chemins que nous offre lesous-continent, sur ceux, escarpés,des Himalayas, sur ceux de laVallée du Gange en passant par lacapitale Delhi et la ville sainte deBénarès, la grouillante Calcutta,sur ceux, arides, de l’Ouest, ponc-tués de forteresses au Rajasthan,de souvenirs du Mahatma Gandhiau Gujerat. Didier Sandman nousconduit jusqu’au cœur de l’Inde,région sans doute moins fréquen-tée par les touristes mais qui abritedes sites comme Sanchi, haut lieudu bouddhisme. Le périple se ter-mine dans le Sud, au-delà du pla-teau du Deccan qui égrène sonchapelet de villes : Madras, Pondi-chéry, Kanchipuram, Tiruchirapalli,Chidambaram, Tanjore, Tiruvan-namalai avant de nous conduire auKerala qui avec ses canaux, sesépices, ses plages laissent chez levoyageur des souvenirs enchan-teurs. A la fin du livre quelqueschiffres aideront le lecteur à ap-préhender toute la richesse d’unpays qui a tant à nous apprendre.

Didier Sandman s’est livré avec unréel bonheur à une sorte de visiteguidée, il nous donne à voir l’Indephysique mais y mêle histoire etsociété pour une meilleure com-préhension de la plus grande dé-mocratie du monde. Clin d’œil,l’auteur n’a su résister à l’envie denous conduire au cinéma sur lapage de couverture, une autre deses passions.

Littérature classique

Ka m a S u t r a , d eVatsyayana, Les exo-tiques, Editions Kai-lash.Le Kama Sutra, loind’être un ouvragevulgaire, nous initie à

l’art raffiné de l’amour, entre au-tres sujets. Car l’auteur Vatsyayanaqui aurait vécu au 5ème siècle, nouspropose bien d’autres conseils pré-cieux pour être un homme ou unefemme accomplie : arts et sciencesà étudier, vie et activités dans lacité, relations sociales. Une 2ème

partie est dédiée aux rapportssexuels, une 3ème aux fiançailles etmariage, une 4ème à l’épouse et àson savoir-vivre, une 5ème auxépouses des autres. La 6ème, plus co-quine, évoque l’univers des courti-sanes, et la 7ème les divers moyensde séduire l’autre. L’auteur nousrappelle que si nous prenons égalsoin de Dharma (sagesse, actionjuste), Artha (richesse matérielle)et Kama (plaisir physique, émo-tionnel), sans « devenir l’esclave deses passions », nous pouvons par-venir à ce que nous appelleronsune existence réussie. Kailash nousoffre là un grand classique del’Inde ancienne qu’aujourd’hui en-core nous avons plaisir à lire, sansoublier le plaisir des yeux car lescouvertures de Kailash sont déci-dément bien jolies. ❑

Viviane Tourtet

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• La Galerie Impressions, rueQuincampoix, a exposé du 6 au 29septembre les œuvres de SwatiGupta-Sacaro, jeune artiste in-dienne installée en France et del’artiste Kathleen Scarboro, forte-ment inspirée par l’Inde. L’Am-bas-sadeur était présent au vernissageet a pu découvrir les œuvres desdeux artistes. La série d’œuvresprésentée par Swati Gupta relèvedu genre « Indo Pop Art » ou « Ready-made ». Elles reflètent sesexpériences et les grands sujets desociété. Les objets du quotidien, lesgrands phénomènes d’aujourd’huicomme le consumérisme, les ré-seaux sociaux font partie de sesthèmes en peinture. Ses œuvresnous questionnent et confèrentaux objets les plus ordinaires unesthétisme réel qui invite à la mé-ditation. Quant aux œuvres deKathleen Scarboro, elles nous invi-tent toujours à un voyage tant réelqu’intérieur où femmes et enfantssont souvent présents. Huiles surtoile de lin, elles captivent et re-tiennent le regard.

• Une soirée a été organisée parl’Ambassade de l’Inde en associa-tion avec la Délégation perma-nente de l’Inde à l’UNESCO, dansles locaux de l’organisation inter-nationale le 8 octobre dernierréunissant un grand nombre d’amisde l’Inde et d’Indiens venus décou-vrir le film documentaire « MagicRealism and After » de Suresh

Kohli et la parution de l’ouvrage « Unraveling Mysteries of Life »de l’ambassadeur Gauri ShankarGupta. Tous deux étaient presents.Dans son livre, l’ambassadeurGupta déploie les mystères asso-ciés à l’origine et au fonctionne-ment de l’Univers, à l’évolution dela vie et de la conscience, à la rela-tion entre la nature et l’humanité,la nature et le but de la vie hu-maine et la voie qui conduit aubonheur humain, prenant encompte la sagesse védique et grec-que et les découvertes de lascience moderne.

Un film de Suresh KohliArabe et français, 60’, 2011Le roman de Salman Rushdie de1981 « Midnight ‘s Children » futphénoménal non seulement en rai-son de son inventivité littéraire etsa manière fraîche de raconterl’histoire mais aussi des nombreu-ses manières dont il a marqué ledébut de ce que l’on désigne main-tenant comme la littérature in-dienne en anglais. Le film trans-porte le spectateur à travers l’his-toire de la littérature indienne en

anglais depuis « Midnight‘s Chil-dren » et « The God of SmallThings » jusqu’à la moisson d’au-teurs plus jeunes dont la présencemarque la scène internationale. Leroman indien en anglais a pris uneplace importante dans le monde enraison de la riche tradition de l’artde conter dont il s’inspire et de lamanière dont il s’est approprié lalangue anglaise et l’a déclinée avecses propres accents historiques etculturels. Le film explore plusieursde ces tendances et sujets à traversune série d’interviews d’auteurs,d’éditeurs et de personnes impli-quées dans des festivals littéraires.Caméra : Shankar Ghosh, TarunMathru, UdayanMontage : Bijay SadangiSon : Darwan Singh, Ashok Guleria,Peter CollinsMusique : Madho PrasadLecture du commentaire : JitendraRamprakashDistribué par Magic Lantern Mo-vies LLP.

Suresh Kohli (né en 1947) a trouvéun créneau dans plusieurs secteursde la communication créative.Réalisateur d’une centaine decourts-métrages et documentairesenviron, il est également un histo-rien renommé. Poète, auteur, criti-que littéraire, traducteur et édi-teur, Kohli possède vingt livres àson actif y compris cinq volumesde poésie et un beau livre sur laréalisation d’un long métrage. Il vitet travaille à New Delhi.

• Du 9 au 13 octobre, Balma a re-vêtu les Couleurs de l’Inde. C’estgrâce aux efforts conjoints deNathalie Ménard Péméja, à l’ori-gine du projet, de Jackie Jouan,président de l’association Salem etdes bénévoles de l’association sansoublier Anju Chaudhuri, peintre in-dienne et marraine de la manifes-tation que les Balmanais ont pu sedivertir tout en découvrant lesous-continent indien. Clin d’œilnotamment des commerçants dumarché Goubert de Pondichéry aux

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Manifestations

Magic Realismand AfterIndian EnglishFiction : 1981-2011

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passants de Balma grâce à 140portraits réalisés par le photogra-phe Pascal Champion. La richessede la programmation a permis auxhabitants de la région d’avoir unaperçu des diverses facettes del’Inde à travers expositions dontcelle d’Anju Chaudhuri, conféren-ces, lectures d’extraits de livresd’auteurs indiens par l’associationVent de mots, contes, projection defilms, ateliers culinaires et ayurvé-diques, animations théâtrales avecPankaj Sharma, marché artisanal,danse et musique avec un specta-cle « Incredible India » proposé parles Perles de Jaffna, animations. LeMaire, Alain Fillola, a inauguré lamanifestation qu’il n’a pas manquéde soutenir. Un bel exemple d’ac-tion commune réussie entre insti-tution et citoyens ouverts sur lemonde.

• Du 16 au 21 octobre, la Galeriede Mézières à Eaubonne a exposéles œuvres récentes de LakshmiDutt, graveur. Un enchantement

comme toujours autour de ces œu-vres où le plus petit se donne à voirsous toutes ses formes.

• Le 26 octobre, une soirée a étéorganisée pour le lancement du li-vre « Mosaic of Faith : Places ofWorship in India » du Dr.Dharmendra Bhandari à la rési-dence de l’ambassadeur. L’ouvrageporte sur le patrimoine spirituel del’Inde et se penche sur les lieux deculte d’un point de vue de l’archi-tecture, de la tradition, du rituel et

des rites. Faits historiques, légen-des, iconographie se rapportantaux sites hindous, musulmans,chrétiens, bouddhistes, sikh, jain,hébreux et zoroastriens sont pré-sentés tout comme la manière de

s’y rendre. Après une présentationdu livre par le Professeur VijayTankha de St Stephen’s College,l’ambassadeur et l’auteur ont pro-noncé une courte allocution suivied’un cocktail qui a permis à tousd’échanger. • Mademoiselle Anita Gosh, can-didate numéro 4, a été choisie parle public et le jury samedi 27 oc-tobre dernier pour représenter la9ème Miss India France 2012, à sescôtés Nirosha élue première dau-phine et Joëlle élue deuxième dau-phine.

Quinze charmantes et élégantesjeunes demoiselles indiennes d’ori-gine et françaises de nationalitéont été sélectionnées lors du cas-ting de l’élection Miss India France2012 pour gagner ce titre dans lebut de représenter la culture et lesvaleurs de l’Inde en France. Ellesont défilé dans des tenues subli-mes pour mettre en valeur leurbeauté. Elles ont prononcé un dis-cours, répondu aux questions dujury et présenté un savoir-faireafin de montrer leurs différentespersonnalités.Un spectacle inoubliable et envoû-tant, qui a surpris le public ; unequalité exceptionnelle et un choixsurprenant d’artistes tels que legroupe dynamique Morjan’s Art,les sensuelles Danseuses d’Or desamba, l’incroyable et modernegroupe de hip hop Like Bounce dela célèbre émission, Meilleure danse,les charmants danseurs d’IndianOcean et la voix douce de la chan-teuse Barbara.

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Un évènement inoubliable et origi-nal organisé et présenté à Paris,sous le haut patronage de l’ambas-sade de l’Inde en France. La 10ème édition promet d’être en-core plus grandiose.

(Texte Hana Guenifa Balane)

Décès• Plusieurs amis de l’Inde nous ontquittés. Nous avons la tristesse devous annoncer le décès deMadame Anne-Marie Legay à la-quelle nous rendons hommagedans ce numéro et celui deMonsieur André Lewin, ambassa-deur de France en Inde de 1987 à1991, décédé le 18 octobre.Ancien élève de l’ENA, il a été leporte-parole du Secrétaire géné-rale des Nations-Unies, KurtWaldheim de 1972 à 1975. Puis iloccupera les postes d’ambassadeurdans plusieurs pays, la Guinée(1975-1979), l’Inde, l’Autriche(1991-1996), le Sénégal et laGambie (1996-1999). Auteur deplusieurs ouvrages dont l’Inde desIndiens, co-écrit avec CatherineClément L. Lévi, sa compagne, elle-même auteure et philosophe.

• Le peintre indien RajendraDhawan est décédé le 31 octobre.La communauté des peintres in-diens en France l’a accompagnéjusqu’à sa dernière demeure.

Célébrations• Les élèves de hindi des CollègesAlexandre Macal et Ramé-Décorbin (Guadeloupe, France)ont rendu hommage au MahatmaGandhi et au Pasteur MartinLuther King le 2 octobre dernier,

dans le cadre des manifestationsde la Journée Internationale de laNon-violence. Cette brève cérémo-nie s’est déroulée à Saint-François(Guadeloupe) autour de la statuedu Père de l’indépendance in-dienne (statue offerte par l’Inde àla Ville, en 2004). La cérémonie aété menée en collaboration avec leConseil Guadeloupéen Pour lesLangues Indiennes (CGPLI) etl’Association Culturelle Guadelou-péenne des Amis de l’Inde (ACGAI).Une couronne de fleur (mala) a étémise sur la statue du Mahatma. Lemala fut porté par les deux plusjeunes élèves des deux collèges,mais l’utilisation d’une échellepour atteindre le Mahatma étantnécessaire, c’est un professeur qui,

par sécurité, a accompli ce gestesymbolique. Des élèves des deuxétablissements ont ensuite pré-senté un montage de citations deGandhi et de Martin Luther King.

L’un des moments forts de la mani-festation fut la lecture du poèmede Tagore “Where the mind is wi-thout fear”.

L’intervention du représentant duMaire de la ville, le Dr Lupéron, amis l’accent sur l’œuvre accomplieen faveur de la paix, la non-vio-lence et la justice par le MahatmaGandhi et le Pasteur Martin LutherKing, ces deux grands leaders etmodèles pour l’humanité.

Distinction

• C’est avec une grande émotionque Mme Lalitha Badrinath a reçudes mains de Mme Poujade les in-signes des Palmes académiques.L’ambassadeur, M. Rakesh Sood,présent à cette cérémonie, a rap-pelé combien le parcours deMadame Badrinath, présidente duGroupe de Réflexion franco-indien,et « les services qu’elle a rendustout au long de sa vie méritaient

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d’être récompensés par cette no-mination de Chevalier dans l’Ordredes Palmes académiques.« Depuis ses études à l’Universitéde New York, elle n’a eu de cesse

de placer l’humain et le social aucœur de ses préoccupations. Safonction depuis 2008 de Conseil-lère municipale déléguée auxAffaires sociales lui a certainementpermis d’œuvrer dans le sens del’amélioration des conditions de vie

et éducatives des personnes handi-capées dans le plus grand respect. »Grâce à son association, MmeBadrinath, comme le rappelaitl’ambassadeur, a su « jeter un pontentre l’Inde, votre pays d’origine etla France au service de laquellevous avez travaillé un grand nom-bre d’années. Vous avez su déve-lopper les relations au niveau indi-viduel entre Indiens et Français àtravers votre travail et votre asso-ciation, vous comportant en véri-table diplomate et contribuez ainsià une meilleure compréhensionentre nos deux peuples. » ❑

BOURSES (Informations communiquées par l’Institut d’Etudes Indiennes)Bourses offertes aux jeunes indianistes françaisPour obtenir une bourse d’études en Inde lorsqu’on estun étudiant français, il est indispensable de consulterrégulièrement les sites web concernés. Pour les bourses françaises, voir le site de l’associationÉgide, partenaire du Ministère des Affaires étrangères eteuropéennes (MAEE) pour la gestion des bourses, rubri-que « appels à candidatures » : http://www.egide.asso.fr/jahia/Jahia/pid/176Les bourses attribuées par le gouvernement indien lesont principalement à des étudiants déjà titulaires de mastères. Contacter le service culturel de l’Am-bassade de l’Inde, 15 rue Alfred Dehodencq, 75016Paris, 01 40 50 50 95, http://www.amb-inde.frDes bourses sont attribuées par le Centre de SciencesHumaines (CSH) de Delhi. Il faut surveiller périodique-ment le site du CSH http://www.csh-delhi.com/team.php, notamment entre les mois d’octobre et jan-vier. Ce site conseille également de consulter EGIDE(www.egide.asso.fr/jahia/Jahia/appels/bfe). L’Institut Français de Pondichéry (IFP) peut proposer encours d’année des bourses d’études doctorales dans lesdomaines de l’Écologie, de l’Indologie et des SciencesSociales. Les bourses sont ouvertes aux étudiants sou-haitant travailler sur un sujet en relation avec les programmes de recherche de l‘IFP. Pour toutes infor-mations concernant ces bourses, Il est recommandé de consulter régulièrement les sites : http://www.ifpindia.org/-Research-.html et http://www.ifpindia.org/-Recrutement-.html. On peut aussi envoyer une de-mande directe à [email protected] ou [email protected]. La date limite de dépôt des dossiers est fixée au15 mars ou au 30 septembre de l’année en cours. Les équipes de recherche institutionnelles du CNRS etde l’Université disposent de crédits pour les doctorantsde leur école doctorale. Se renseigner auprès du direc-teur de thèse ou/et de l’école doctorale. La Fondation Jeunesse Internationale sous l’égide de laFondation de France s’associe à l’École française

d’Extrême-Orient pour attribuer des bourses de staged’au moins trois mois plus particulièrement destinées àdes étudiants en archéologie et en histoire de l’art afinde leur permettre d’être accueillis dans un des centresde l’EFEO en Asie et de participer sur le terrain à desfouilles et autres travaux archéologiques. Les candidatsdoivent être de nationalité française, âgés de moins de35 ans, et déposer leur dossier de candidature (lettre demotivation, CV, lettres de recommandation, descriptiondu projet de stage, calendrier et budget du stage) avantles dates limites indiquées sur le site http://www.efeo.fr/fji. L’EFEO propose également ses propres bour-ses de terrain dont les conditions sont décrites surhttp://www.efeo.fr/bourses-conditions_procedures. Lesdates limites de candidature pour ces bourses sontfixées avant le 31 mars de l’année en cours (2013) pourun séjour de terrain durant le 1er semestre de l’annéesuivante (2014) et avant le 30 septembre de l’année encours (2013) pour un séjour au 2ème semestre de 2014. Laprochaine session de candidature sera close au 31 mars2013. Le dossier complet est à adresser avant la date li-mite soit par courrier électronique à Mme Claire Prillard([email protected]), soit par courrier en un exem-plaire à l’adresse de l’EFEO. Des stages de formation linguistique et philologique entamoul, “Classical Tamil Winter School” (CTWS) et/ou“Classical Tamil Summer Seminar” (CTSS), sont organi-sés par l’EFEO à Pondichéry chaque année (en févrieret/ou en août). Pour plus d’informations, consulter lessites : http://www.efeo.fr/actualites/asie.shtml#inde ethttp://www.efeo.fr/CTSS ; courriel : [email protected],et aussi [email protected] or [email protected] (toujours mentionner “CTWS ou CTSS” en réfé-rence). Tout étudiant ou jeune chercheur désireux d’obtenirl’une de ces bourses ou allocations doit au préalable ob-tenir l’engagement d’une institution indienne ou d’ununiversitaire indien de l’accueillir, au moins nominale-ment. L’obligation d’avoir un partenaire indien est im-pérative.

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