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INDEX Pour réfléchir : UNE VIE SOLITAIRE ORAISON POUR LA PAIX- SAINT FRANCOIS D’ASSISE INTRODUCTION : Pour chacun d’entre nous, appelé par le Christ 1. CROIRE EN JÉSUS-CHRIST 11. ESPÉRER DANS LE CHRIST 111. AIMER LE CHRIST 1V. SE CONSACRER SOI-MÊME AU CHRIST V. PAUVRES AVEC LE CHRIST V1. LE CÉLIBAT POUR LE CHRIST V11. OBÉISSANTS COMME LE CHRIST V111. PRIER DANS LE CHRIST 1X. S’AIMER LES UNS LES AUTRES DANS LE CHRIST X. RAYONNER LE CHRIST X1. LIBRES DANS LE CHRIST X11. FIDÈLES AU CHRIST

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INDEX

Pour réfléchir : UNE VIE SOLITAIRE

ORAISON POUR LA PAIX- SAINT FRANCOIS D’ASSISE

INTRODUCTION : Pour chacun d’entre nous, appelé par le Christ

1. CROIRE EN JÉSUS-CHRIST

11. ESPÉRER DANS LE CHRIST

111. AIMER LE CHRIST

1V. SE CONSACRER SOI-MÊME AU CHRIST

V. PAUVRES AVEC LE CHRIST

V1. LE CÉLIBAT POUR LE CHRIST

V11. OBÉISSANTS COMME LE CHRIST

V111. PRIER DANS LE CHRIST

1X. S’AIMER LES UNS LES AUTRES DANS LE CHRIST

X. RAYONNER LE CHRIST

X1. LIBRES DANS LE CHRIST

X11. FIDÈLES AU CHRIST

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CONCLUSION : AVEC MARIE, MÈRE DE L’ÉGLISE

UNE VIE SOLITAIRE

IL NAQUIT dans un village obscur, fils d’une humble femme.

Il grandit dans un autre village, où il travailla comme charpentier jusqu’à l’âge de trente ans.

Plus tard, durant trois ans, il fut un prédicateur ambulant.

Il n’a jamais écrit de livre.

Il n’a jamais eu d’emploi.

Il n ‘a jamais eu de famille; il ne fut jamais propriétaire d’une maison.

Il n’alla pas au collège.

Il n’a jamais visité une grande ville.

Il ne voyagea pas non plus à deux cent milles du lieu où il était né.

Il ne fit aucune de ces choses que, généralement, on associe à la grandeur.

Il était Lui-même sa carte d’identité.

Il n’avait que trente-trois ans quand le tourbillon de l’opinion publique se tourna contre Lui.

Ses amis s’enfuirent.

On le livra à ses ennemis et il souffrit la moquerie d’un jugement.

On l’a cloué sur une croix, entre deux voleurs.

Pendant qu’il se mourait, ses bourreaux tirèrent au sort ses vêtements,

l’unique propriété qu’il avait sur la terre.

Lorsqu’Il fut mort, on le plaça dans un sépulcre

prêté par la piété d’un ami

Dix-neuf siècles plus tard, Il demeure la figure centrale de la race humaine

et le leader du progrès chez les hommes.

Toutes les armées qui ont marché, toutes les flottes qui ont navigué,

tous les parlements qui se sont réunis, tous les monarques qui ont régné,

tous, mis ensemble, n’ont affecté la vie de l’homme sur cette terre autant

que cette VIE SOLITAIRE.

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ORAISON POUR LA PAIX

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.

Là où il y a de la haine, que je mette l’amour.

Là où il y a l’offense, le pardon

Là où il y a doute, la foi.

Là où il y a le désespoir, l’espérance.

Là où il y a les ténèbres, la lumière.

Là où il y a la tristesse, la joie.

Ô Divin Maître, accordez-moi

Que je ne cherche pas à être compris sinon à comprendre.

Que je ne cherche pas à être consolé, sinon à consoler.

Que je ne cherche pas à être aimé, sinon à aimer.

Car, c’est en donnant qu’on reçoit,

En pardonnant que Tu me pardonnes,

Et en mourant en toi

Qu’on naît à la vie éternelle.

AMEN

SAINT FRANCOIS D’ASSISE

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ORIENTATIONS POUR LA VIE

CONFORME À L’ÉVANGILE

INTRODUCTION:

Pour chacun d’entre nous, appelé par le Christ , et pour chaque homme, Jésus-Christ est le

Chemin, la Vérité, la Vie.

Nous n’avons qu’un seul Guide : l’Évangile. En demeurant unis à l’Évangile, c’est au Christ

lui-même que nous sommes unis et c’est à lui que nous donnons la bienvenue. Au Christ Jésus,

vivant au milieu de nous, les hommes, au Christ présent dans le monde, dans ses événements et

dans toute l’histoire. Au Christ Jésus, visage humain de Dieu, Fils unique du Père et témoin de

l’amour du Père pour tous. Christ, le Modèle, le parfait modèle de l’homme dans ses relations avec

son Père et avec les hommes. Christ, qui réalise en plénitude, à travers sa vie, la gloire de son Père,

sa propre gloire et le salut du monde..

À travers toute la conduite du Christ, ses paroles et ses silences, ses activités, ses

conversations, tout son comportement humain, nous sont révélés ses sentiments, sa mentalité et sa

vie même. La contemplation du Christ en toutes ses actions conduira chacun de nous, à vivre de

plus en plus et pleinement, dans son esprit, vu que chacun de nous doit désirer par dessus tout avoir

l’Esprit du Seigneur et permettre à cet Esprit de travailler en nous.

En découvrant l’Esprit du Christ dans l’Évangile, nous apprendrons à nous laisser guider

par cet Esprit dans chaque situation concrète de la vie. Alors, nous comparerons avec l’Évangile

nos sentiments et nos réactions, nos jugements et nos attitudes et jusqu’à l’aspect même de notre

oeil.

Pour vivre l’Évangile, il ne suffit pas d’une simple transposition dans nos propres vies, de

l’un ou l’autre des gestes de Jésus, de l’une ou l’autre de ses attitudes, ou encore de la répétition de

l’une ou l’autre de ses paroles. Plutôt, en nous ouvrant nous- mêmes au travail de l’Esprit, nous

nous efforcerons de découvrir la manière dont le Christ, aujourd’hui, voudrait vivre en nous et dans

le monde et comment Il cherche à réaliser ce projet dans le fond de notre être.

C’est ainsi que nous permettrons au Christ de transformer lentement et progressivement nos

propres vies. Et c’est seulement au moyen de cette transformation que nous contribuerons au

renouvellement du monde. Vivre aujourd’hui l’Évangile, c’est faire en sorte qu’il ait une expression

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claire dans le présent, par la puissance du Saint-Esprit.

Par conséquent, un Missionnaire des Saints-Apôtres n’a qu’une unique norme de conduite: :

vivre l’Évangile, la loi découverte par les premiers disciples en compagnie de Jésus.

Pour nous qui avons besoin d’aimer le Christ Jésus par un dévouement particulier et complet

, les pages suivantes présentent, en détail, le programme pour vivre l’Évangile, qui unit très

étroitement la louange à Dieu et le service aux hommes.

Ce programme fonde les principes d’une vie apostolique-religieuse, suffisamment flexible

pour donner à chaque personne la liberté de se laisser conduire par Dieu, tout au long de son chemin

d’amour, selon les besoins et les aptitudes de sa propre personnalité.

L’essentiel, c’est d’être avec le Christ, dépendre entièrement de Lui et ne jamais douter de sa

Parole. Le chemin sûr pour atteindre cela, c’est d’éviter la solitude dans les voyages et marcher

toujours dans la lumière. De cette manière, la vie de chaque personne, remplie progressivement par

celle du Christ, à travers les joies et les souffrances, se convertira en une ̀ Eucharistie` authentique,

en une liturgie d’Action de Grâces.

Dans le Christ, chaque personne devient une partie intime du peuple de Dieu, le peuple

pèlerin en marche : un peuple qui en refusant de s’établir où que ce soit, accepte l’invitation divine

de se maintenir toujours en perpétuel mouvement. Le Christ est Celui qui marche à la tête de son

peuple. Dans son mystère pascal, Il nous conduit tous à un ̀ passage` -Pâques- du monde présent, au

Père.

Chacun de nous doit trouver ce Chemin et tout au long de son parcours, y marcher

infatigablement.

Eusèbe Henri Ménard

Supérieur général des

Missionnaires des Saints-Apôtres

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CROIRE EN JÉSUS-CHRIST

Col, 1, 15-17:

‘ Il est l’image du Dieu invisible, Premier-Né de toute la création, car en Lui tout a été créé

dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles comme les invisibles, Trônes, Dominations,

Principautés, Puissances : tout est créé par Lui et pour Lui.`

1, Jn 1, 1-4:

Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos

yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie,- car la vie s’est

manifestée, et nous avons vu et nous rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle,

qui était tournée vers le Père et s’est manifestée à nous - ce que nous avons vu et entendu, nous vous

l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et notre

communion est communion avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ.¨

Voir aussi :

Ef 1, 1-14; Col 2,9; Mt 16,16; Jn 11, 25; Col 3,11; Jn 3.11-13

La foi n’est pas seulement le fait d’accepter un enseignement doctrinal mais consiste

principalement à accepter une personne dans notre vie : c’est la véritable acceptation du Christ.

C’est l’étroite adhésion à sa personne comme notre Maître et Seigneur. C’est la recherche constante

d’une miséricorde qui jamais ne s’éteindra. C’est la soumission au Verbe de Dieu et à l’expérience

de la vie divine en nous. C’est la connaissance du Christ, une participation à son dessein et à ses

convictions.

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Pour celui qui croit, Christ est Tout. Il est le principe et la fin de toutes choses, de toute

l’histoire. Tout ce qui Le précède prépare son chemin et tout ce qui le suit procède de Lui.

C’est dans le Christ Jésus, Dieu et homme, que toute la création trouve son sens et sa

réalisation. Tout le reste est créé uniquement pour se compléter en Lui, le chef d’œuvre sans égal et

au-dessus de toute comparaison. Il est le centre même de l’unité, de l’harmonie et de la cohésion

qui donne à l’univers toute sa valeur et toute sa stabilité.

L’Église continue le Christ; son rôle est exactement celui du Christ. Par les sacrements,

l’Église unit les hommes au Christ et les conduit tous à l’unité dans le Christ.

Dans le mesure où le chrétien est conscient d’appartenir au Christ, il ne le sera pas moins

d’être partie de l’Église, Corps du Christ. Il démontrera son appartenance à l’Église par le

témoignage de sa vie, de ses progrès, de ses luttes et de ses souffrances. Il rendra évidente une

préoccupation continuelle pour la pureté et l’intégrité de l’Église, en l’exprimant par une active

collaboration à ses développements, spécialement par son ouverture et son esprit de collaboration

avec ceux qui sont constitués en autorité au sein même de l’Église; par son attitude respectueuse et

sa libre obéissance en même temps que son occupation permanente à contribuer à conduire l’Église

à une relation plus profonde de dialogue avec le monde contemporain. Finalement, le chrétien

manifeste son grand intérêt par sa fervente et sincère participation à la prière de l’Église, à sa vie

sacramentelle, à sa louange et son adoration du Seigneur et plus que tout, par l’acte-clé de son

existence : la célébration de l’Eucharistie.

Le sacrifice du Christ, présent avec toute sa puissance, dans la Sainte Messe, est le point

culminant de l’Histoire Universelle, l’axe de toute la création, la source et le soutien de notre vie

dans le Christ. Quand un groupe de chrétiens se réunit pour célébrer l’Eucharistie, l’univers entier

est compris dans cet acte.

Toi seul est grand, Seigneur Jésus.

Toi seul est capable de prier et d’aimer parfaitement,

Tu es le succès de la création,

Tu es l’amour de Dieu pour nous et notre amour pour Dieu,

Tu es homme, Tu es Dieu, Seigneur Jésus,

Tu es tout en toutes choses.

En raison de sa foi au Verbe Incarné, le chrétien a un grand respect pour toutes les choses

créées, pour toutes les formes de travail humain et pour toutes les valeurs humaines.

Et en même temps il se rend compte de ses propres limites, ne les prenant pas pour des

idoles. Ainsi, d’une certaine manière toutes les choses comme il les voit sont imprégnées de

divinité, elles ont quelque chose de divin en elles, quelque chose qui les dirige vers Dieu. Sa foi lui

enseigne que la création est fondamentalement bonne et que chaque chose, aussi humble soit-elle,

reflète le Créateur et, par sa nature, semble être unie au Verbe Incarné. C’est un signe, une voix, une

parole de Dieu.

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Tout l’univers créé est élevé à la communion avec Dieu par le chrétien en reconnaissance au

créateur.

« Vous toutes, les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur. »

Dans toutes ses activités, même si elles sont pleinement humaines, le chrétien a le même

sentiment religieux, non seulement parce qu’il se voit lui-même comme co-créateur avec Dieu, mais

aussi parce qu’il comprend qu’en chacune de ses activités – que ce soit son intelligence, son cœur

ou ses mains – il traite avec un monde dans lequel Dieu décida de se faire chair.

Il y a un élément divin en tout ce que fait le chrétien. Et ce n’est pas nécessaire d’introduire

cet élément de l’extérieur, que l’on travaille avec le crayon, avec la pelle ou avec le pinceau. IL est

suffisant de découvrir cet élément et ensuite de le respecter, en vivant aussi intensément que cela ce

peut, à la lumière de celui-ci.

Pour que notre travail dans le monde et le monde lui-même nous élèvent sûrement vers

Dieu, il est suffisant que nous soyons en parfaite harmonie avec l’élément divin que nous

découvrons partout. Saint Paul fait une magnifique description de l’existence chrétienne dans le

monde :

« Tout est à vous ;

mais vous êtes au Christ,

et le Christ est à Dieu. »

1 Co. 3,23

11

ESPÉRER DANS LE CHRIST

Col. 1,27

« Dieu a bien voulu leur faire connaître de quelle gloire est riche ce mystère chez les païens :

c’est le Christ parmi vous ! l’espérance de la gloire ! »

1 Tim. 1,1

« Paul, apôtre du Christ Jésus selon l’ordre de Dieu notre sauveur et du Christ Jésus, notre

espérance »

Voir aussi Ac. 2,32 ; 1,11 ; 3,20 ; 1P. 4,7 ; 4,13 ; Mt 24,36 ; 2Co. 12,15

Notre espérance c’est le Christ Jésus. C’est Lui que nous espérons. Lui avec son règne de

paix, de vérité et de vie. Nous espérons son règne parfait sur toute la création. Nous pouvons espérer

en Lui parce qu’il nous aime, non pas pour notre bonté, mais parce qu’il est entièrement bon et

toujours fidèle à ses promesses.

Espérer pour les chrétiens c’est comme déjà posséder, en un certain sens, l’objet de

l’espérance. Depuis le moment où Dieu s’est fait homme, nous partageons la vie divine ; nous

possédons « les premiers fruits de l’Esprit » et nous espérons non ce que nous n’avons pas déjà,

mais plutôt ce que nous ne possédons pas déjà dans sa totalité. Mais, surtout, nous espérons ce que

nous ne voyons pas déjà.

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De cette manière un chrétien expérimente en même temps la joie d’être dans le Christ, et la

tension continue vers la croissance ou la réalisation de la pleine union avec Lui. Cette tension

produit une espèce d’anxiété, particulièrement parce que la plénitude vers laquelle il est attiré,

restera cachée dans le mystère jusqu’à ce qu’elle s’obtienne totalement.

Regardant le Christ ressuscité, le chrétien comprendra qu’il n’a pas été fait pour s’établir

dans le monde qui l’entoure ; il est un pèlerin, presqu’un étranger qui marche et est en voyage … Sa

résidence permanente sera seulement dans les cieux nouveaux et sur la terre nouvelle.

Dans la mesure où nous nous confions au Christ, nous pouvons faire face aux épreuves de la

vie et les prendre avec joie et enthousiasme. L’espérance diminue le poids de la confusion, du

conflit et même celui de la persécution ; elle apporte la joie à une vie qui est fréquemment difficile

et douloureuse. Elle assure le succès au milieu de l’existence qui paraît parfois une longue bataille.

Elle va jusqu’à alléger le poids de nos propres défauts. Celui qui espère va si loin qu’il se réjouit de

ses propres faiblesses. Est-ce que c’est une folie ou un paradoxe ?

Mt 10,16

Bien sûr il y en a pour qui l’idée de se réjouir de leurs défauts pourrait s’avérer dangereuse,

s’ils l’employaient comme prétexte pour leur paresse ou leur conduite irresponsable. Mais nous,

nous suivons en cela le conseil de l’apôtre : « Soyez donc prudents comme des serpents, et simples

comme des colombes ». Les insuccès ne devaient jamais être pris ou être vus comme des buts. Le

chrétien, plus que tout autre, devra se guider toujours par son bon jugement, lequel ne contredit

jamais la foi. L’usage approprié de notre intelligence conduit normalement au succès. Il est infantile

de chercher l’insuccès ou de choisir des buts impossibles à atteindre.

Quand nous parlons de « se réjouir dans les insuccès », nous n’encourageons pas ceux qui,

par faute de maturité, de responsabilité ou d’un meilleur jugement, habituellement embrouillent tout

et recourent à des prétextes religieux pour justifier leurs insuccès. Au contraire, nous parlons de se

réjouir dans les insuccès à ceux qui ont entrepris leur accroissement spirituel ou leur devoir

apostolique et, pour l’amour de Dieu et du prochain, essaient de se rapprocher de plus en plus du

Christ, mais qui souvent, dans leurs efforts, s’affrontent avec de grandes difficultés et sentent la

tentation de faiblir. Plusieurs de ceux qui ont rencontré cette sorte de découragement renoncent à

leur vocation, à leur apostolat. L’espérance leur donnerait une nouvelle confiance, leur permettrait

de tirer profit de leurs difficultés au lieu de les refuser.

L’espérance est une vertu de l’homme d’action, pour qui l’insuccès est le meilleur maître.

Fréquemment nous échouons par notre propre faute, soit parce que le but était mal défini, soit parce

que les moyens pour l’atteindre n’étaient pas les bons. La plupart des hommes, cependant, laissent

les insuccès leur nuire et quand ils parlent d’eux on penserait qu’ils ont eu lieu par la faute d’une

autre personne ou qu’ils furent le résultat de circonstances défavorables. L’homme orgueilleux,

vaniteux ou stupide, ne s’arrête jamais pour penser, ne serait-ce qu’un instant, à tous les éléments

d’où proviennent ses insuccès, s’ils ne pourraient pas avoir été prévus avant de commencer ses

devoirs.

Quand nous agissons, nous devons assumer toute la responsabilité de nos insuccès. Si nous

réfléchissions, il nous serait facile de voir les motifs de l’insuccès : l’homme prudent n’entreprend

jamais des projets sans savoir ce qu’il va faire, il se maintient dans son propre rayon d’action, il

observe la sphère de compétence définie par ses supérieurs et il prie pour prendre les décisions

exactes. Quand il assume un risque, il sait très bien qu’il s’agit d’un risque et s’il s’en sort bien c’est

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parce qu’il a eu suffisamment de motifs pour se lancer là-dedans, mettant sa confiance toujours en

Dieu. L’insuccès ne le surprend pas ni ne le trouve démuni, et quand il survient il ne l’ébranle pas

définitivement.

Par bonheur, quelques échecs aident l’individu à mieux calculer ses propres talents et à

entreprendre seulement des projets proportionnés à ses talents. Que soit béni tout succès qui nous

enseigne à connaître mos propres possibilités et qui nous amène à abandonner nos grandes illusions.

En effet, les échecs conduisent l’apôtre au Seigneur, lui rappelant le grand échec de la Croix,

quand les pharisiens, les saducéens et autres pouvoirs organisés de l’époque, triomphèrent

visiblement sur le Christ qu’il ont injurié, couronné d’épines, vêtu premièrement de blanc puis de

rouge, crucifié sous un écriteau qui paraissait à tous ridicule : « Roi des juifs ». Ses amis et ses

compagnons le trahirent et fuirent. Toute son œuvre s’est écroulée, mais à ce moment précis

commença la victoire de Jésus, parce qu’en acceptant la mort il se convertissait à son Seigneur et

permettant qu’on l’élève sur la Croix il éleva l’humanité jusqu’au Père, réalisant ainsi sa vocation et

sa mission de Sauveur. Nous, dans nos propres échecs, nous devrions voir une participation à cette

même réalité.

Certains échecs dont, d’une certaine façon, nous sommes responsables et que l’on pourrait

attribuer complètement à ceux qui, perversement, s’opposent aux œuvres du Christ, devraient être

considérés comme la continuation de son crucifiement en chacun de nous, permettent que la

rédemption s’enracine en nous de telle manière qu’elle nous conduise à ressembler plus totalement à

Lui, nous aidant à endurer dans nos propres corps ses injures et ses souffrances.

D’autres échecs bien mérités par notre manque de prévision, par notre action précipitée, par

orgueil, médiocrité, manque d’intelligence ou par tiédeur, ne pourront pas nous vaincre ou nous

faire reculer, mais au contraire devraient nous servir de stimulants. Comme le Christ fut en même

temps objectif, vigoureux, persévérant, humble et magnanime, ainsi nous aussi, quand nous

échouons par notre faute, nous devrions apprendre à mieux nous connaître et à travailler au

développement de nos qualités, ainsi nous nous approcherons un peu plus de Jésus-Christ, notre

Maître et Modèle en tout.

Il n’y a rien qui puisse ébranler ou détruire les chrétiens qui croient fermement dans le

Seigneur. Leur confiance est mise dans le triomphe du Christ puisqu’il est définitivement arrivé.

Étant donné qu’il nous donna la vie éternelle, elle doit croître ensuite. Espérer c’est croire que la

grâce est, ici et maintenant, la semence de la gloire.

Qu’est-ce qui peut nous séparer du Christ ? Un danger ou une souffrance, une persécution ou

un désastre capable de nous causer un impact aussi fort que le don de l’Esprit, qui pourraient

changer notre espérance ? Rien ne peut nuire au centre privilégié de notre vie chrétienne. Nous

demeurons invulnérables là où est la source de « l’indocilité » chrétienne et la courageuse force des

martyrs ; ils savent en qui ils ont mis leur confiance : dans le Christ Jésus, - et ils ne seront pas

frustrés.

111

AIMER LE CHRIST JESUS

Dieu est amour. Le Christ est amour. Dieu nous a aimés le premier, quand nous n’étions pas

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aimables. Et parce qu’il nous aime, il nous invite à participer à sa vie et à son bonheur. Nous vivons

pour répondre à son immense amour envers nous.

Le Père veut que nous l’aimions de la même manière que Lui nous aime, nous donnant la

force pour lui rendre son amour par la charité, infusée en nous par l’Esprit Saint.

Dieu manifesta son amour envers nous, au-dessus de tout, nous donnant son propre Fils.

« Dieu a tant aimé le monde … » (Jn 3,16). La profondeur immense de son amour se montre dans

l’Incarnation, dans la folie de la Croix, de l’Eucharistie, - dans laquelle le Christ nous offre son

corps et son sang, faisant de nous un seul corps avec Lui.

« Nul n’a de plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis » Jn 15,13

« En cela nous avons connu ce qu’est l’amour : en ce qu’il a donné sa vie pour nous. Aussi

nous devons donner notre vie pour nos frères … Mes enfants, n’aimons pas seulement de paroles,

mais avec des œuvres et selon la vérité. » 1Jn 3,16-18

Finalement, l’amour du Père et celui du Fils sont unis dans le plus grand de tous les dons :

l’Esprit Saint, qui est l’Esprit du Père et du Fils.

« La preuve que vous êtes des fils c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son

Fils qui crie : Abba, Père » Ga 4,6

« Et je demanderai au Père qu’il vous donne un autre Paraclet, pour qu’il soit toujours avec

vous, l’Esprit de vérité . » Jn 14,16-17

Le Christ a donné de multiples preuves de son amour total envers nous : pauvreté volontaire ;

obéissance jusqu’à la mort ; sacrifice complet pour notre salut. Il s’est comparé à un grain de blé qui

tombe dans la terre et meurt pour donner du fruit, comme dit saint Jean dans le chapitre 12 de son

Évangile. À première vue, le semeur paraît insensé en gaspillant son grain, le jetant en terre, mais ce

gaspillage inutile est réellement la plus grande sagesse : il sait très bien que cela est l’unique

manière qui le fera moissonner plus tard. Ainsi, le Christ mourant sur la croix donna vraiment sa vie

au monde.

L’unique but de tout ce que le Christ souffrit pour nous fut de nous élever tous à une

complète union physique avec Lui et – à travers lui – avec Dieu. Cette union c’est la sainteté : la

participation à la diversité du Père, lui rendant gloire.

Entre le Christ et nous il devrait y avoir maintenant la plus profonde amitié : « vous êtes mes

amis ». C’est ce qu’Il veut être pour nous, ce qu’Il est pour nous, - et ce qu’Il veut que nous soyons

pour Lui. L’amitié suppose, exige et produit l’égalité, l’unité et l’intimité. L’estime sincère,

l’authentique confiance, l’intense intimité et l’influence réciproque vont jusqu’à modeler les images

d’amis dans d’autres. L’amitié présuppose ou produit l’égalité.

De cette égalité naîtra l’unité, unité de pensée qui produira le désir de partager des

confidences, des joies, des peines, des biens, des intérêts, des honneurs. C’est alors que quand

commence la confiance mutuelle, s’échangent les secrets, s’unissent les travaux. Mais quelle

égalité, quelles bases pour l’amitié peut-il y avoir entre le Christ et nous ?

Il est le Fils unique de Dieu … né du Père avant tous les siècles … et nous sommes ses

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créatures, des pauvres pécheurs …

La réponse est qu’Il nous aime. Le Christ nous aime et en retour il désire notre amour. Il

veut notre amitié, librement accordée, mais brûlante, vive, avec sa bienveillance et avec ses joies

partagées. Et son amour nous offre une espèce d’égalité, qui élimine l’immense abîme entre Dieu et

l’homme. Par la force de son amour nous nous convertissons en ce qu’Il est : ses frères, fils du

même Père, du même Dieu. Lui, le Fils unique, devient le premier né, le premier de nombreux

frères. Par son amour, l’amitié est devenue possible.

Jn 15,14

Mais il y a une condition pour son amitié, - une condition qui nous aide et nous ennoblit :

« Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ». Et ce qu’il nous commande est réel

et véritablement facile, modeste et nécessaire. C’est un joug, mais suave ; un fardeau, mais léger.

Avec le don de sa grâce, il nous donne le désir et l’aptitude pour faire ce qu’il nous demande. Et

ainsi nous sommes ses amis.

Jésus nous donne sa vie : dans l’Eucharistie lui-même se donne à nous.

- Comme un époux à son épouse, Jésus nous confie son honneur, ses intérêts, sa gloire :

« Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous

l’avez fait » Mt 25,40

- Il nous offre toutes ses possessions : « nous sommes enfants de Dieu. Enfants et don

héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui

pour être aussi glorifiés avec lui. » Rm 8,16-17

- Il nous révèle ses secrets : « je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu de

mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Jn 15,15

L’amour est de Dieu : 1 Jn 4,7

Dieu créa le cœur humain si extrêmement grand que lui seul peut le remplir. Il est

impossible de penser que, par sa propre nature, l’homme pourrait souffrir la faim sans l’espérance

de se nourrir, ou la soif sans la possibilité de la calmer, ou qu’il pourrait être destiné à demander

sans jamais recevoir une réponse, ou à aimer sans aucun retour. La base fondamentale de notre désir

d’aimer et d’être aimés, c’est le fait que nous sommes incomplets. En aimant c’est comme si nous

cherchions à retrouver la plénitude de notre être.

La recherche de l’amour, cependant, nous laissera profondément insatisfaits, jusqu’à ce que

le Dieu de l’amour ait rassasié nos nécessités. L’amour est essentiellement une recherche et l’objet

d’une telle recherche est Dieu. Comme l’amour a la force de nous sortir de nous-mêmes, il l’a aussi

pour nous approcher de Dieu. L’amour humain peut tourner en deux directions : vers soi ou vers

l’autre. Je suis aimé par le Dieu Amour, puis ma vie entière doit être une réponse dans l’amour.

La synthèse de la révélation que nous recevons dans le Christ et par lui, c’est que Dieu est

amour et que l’histoire de notre salut est une histoire d’amour, qui agit dans le monde. L’amour vrai

est toujours signe de la présence de Dieu.

« L’amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » 1Jn 4,7

Nous, nous pouvons apporter le Christ à notre monde en nous oubliant et en nous dévouant

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complètement aux autres. Nous pouvons conduire les autres vers Dieu, en les aidant à aimer leurs

frères. Dans la plus insignifiante expression de notre amour, nous pouvons silencieusement mais

éloquemment proclamer la présence de Jésus-Christ. Cela est notre devoir dans le monde : révéler

l’amour comme une personne.

Nos vies sont pleines d’opportunités pour rendre plus étroite notre union avec le Fils de

Dieu : à la maison, au travail, partout. L’amour divin nous porte toujours vers Lui, mais si

quelqu’un pense qu’il y est arrivé, il n’ira pas loin. L’amour cherche toujours l’union avec l’aimé ,

mais nous, nous inclinons à penser ou à oublier que, dans cette vie, jamais nous ne pourrons

atteindre une telle union. Nos cœurs ne sont pas suffisamment grands pour contenir Dieu en entier,

même pas nos frères, et cependant, c’est l’amour que Lui nous demande, qui ne peut être donné que

par Dieu.

Pour cette raison nos efforts d’amour humain sont insuffisants ; nous devons venir à l’amour

avec l’amour de Dieu même et, pour cela, nous avons besoin constamment de l’amour purificateur

du Christ. La vertu théologale de charité chrétienne est un pouvoir mystérieux pour aimer comme

Dieu aime, pour aimer avec le cœur du Christ. Dans le baptême nous devenons des hommes

nouveaux, fils de Dieu, aptes à aimer comme le Christ aime.

Si nous désirons aimer plus pleinement, laissons le Dieu de l’amour pénètrer d’une manière

plus profonde dans notre vie, laissons Dieu aimer en nous et par nous. Laissons l’amour de Dieu

pour ses enfants se montrer à travers notre amour envers nos frères, qui sont ses enfants. Si nous

aimons l’autre simplement avec des motifs humains, nous-mêmes nous nous unirons avec lui, mais

si nous aimons avec l’esprit de charité, nous nous unirons à lui avec le Christ.

Si nous aimions dans le Christ et par le Christ, nous aiderions à perfectionner son Corps et à

étendre le Règne de Dieu, en même temps que nous le proclamerions. Mais cela ne pourra se faire

qu’en « étant charitables», sinon en étant aimables.

Dieu est amour,

Christ est amour,

Le chrétien est amour.

IV

SE CONSACRER AU CHRIST

Jn 17,17-18

« Consacre-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde,

moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils

soient, eux aussi consacrés dans la vérité. »

Mt 13,44-46

« Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui étai caché dans un champ et qu’un

homme vient à trouver : il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et

achète ce champ. »

« Le Royaume des Cieux est encore semblable à un négociant en quête de perles fines : en

ayant trouvé une de grand prix, il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait et il l’a

achetée. »

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Réf. : Lc 1,35 ; Lc 2,23

Le baptême nous unit si parfaitement au Christ que nous formons un seul corps avec Lui,

nous partageons sa propre sainteté et avec Lui et en Lui nous devenons les fils de Dieu. Étant son

propre corps, nous appartenons à Lui et non à nous-mêmes. Nous sommes vraiment des personnes

consacrées, qui participent de la consécration du Christ. Nous sommes entièrement donnés, comme

le Christ, au service de Dieu et des hommes.

Si ayant été consacrés au Christ par le baptême nous refusons de lui répondre avec une vie

totalement dédiée à Lui, notre manière d’agir sera déviée et nous marcherons divisés. Mais si,

d’autre part, nous accomplissons exactement l’engagement personnel pris avec le Christ dans le

baptême, nous pourrons répondre avec foi et confiance à l’initiative de Dieu qui nous aima le

premier.

Pour répondre pleinement à l’amour divin, nous les missionnaires des Saints Apôtres nous

faisons un vœu de charité. Cette charité nous porte à observer avec enthousiasme les Béatitudes et

les Conseils Évangéliques de pauvreté, chasteté et obéissance, qui sont notre consécration

religieuse, notre manière de réaliser complètement la consécration baptismale et de proclamer

l’absolue transcendance du Seigneur et du Royaume. Nous avons besoin de commencer dès

maintenant la vie du Royaume, promis dans toute son intégralité seulement à la Résurrection. Nous

avons découvert « la perle précieuse » et allons « vendre tout ce que nous avons pour l’acheter »,

comme nous l’avons vu antérieurement.

Nous pourrions l’exprimer ainsi : le Royaume des Cieux est comme une grande découverte

scientifique. Le chercheur qui y arrive vend tout ce qu’il possède pour continuer ses recherches. Il

ne veut pas se marier avant de les conclure ; il annule les voyages, les vacances et il s’enferme dans

le laboratoire pour arriver à sa fin. L’unique chose qui lui importe c’est sa découverte.

Pourquoi ? Pourquoi mépriser le reste ? Absolument pas. C’est qu’il ne veut pas penser à

autrechose et consacrer toute son attention et toutes ses énergies à sa découverte. Et l’on doit faire

de même avec le Royaume de Dieu.

Nous voulons pratiquer les Conseils Évangéliques pour témoigner de notre amour personnel

pour le Christ et notre prochain, enlevant tout ce qui pourrait nous empêcher un dévouement total.

La pauvreté, la chasteté et l’obéissance doivent se juger à la lumière de la charité, parce qu’elle

seule peut leur donner sa valeur et son profond sens spirituel. La charité précise la portée et la fin de

notre pratique des Conseils Évangéliques, déterminant lesquels nous devons pratiquer et à quel

degré, et fixant le temps où l’on peut cesser de pratiquer certains. La charité est comme l’étalon

pour mesurer la qualité de notre vie entière.

En nous consacrant totalement au Christ, nous appartenons complètement à tous les

hommes, nous essayons de les servir en préparant un plus grand nombre possible de prêtres saints et

compétents, en leur donnant constamment la Parole Divine, -les stimulant, comme nos frères, aux

activités paroissiales.

Notre vie religieuse trouve son origine et son sens dans la propre consécration de Jésus à son

Père. Le Christ ne s’appartient pas à lui-même, mais il appartient au Père. Toujours et en tout lieu il

cherche la volonté du Père et lui obéit. Et ainsi comme il ne s’appartient pas, il ne possède rien non

plus. Il est radicalement pauvre, et même sa Mère ne lui appartient pas. Il n’a ni épouse ni fils, parce

qu’il est célibataire. Toute sa vigueur, sa vie, sa mort, appartiennent au Père.

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Il cherche tous les hommes. Les pauvres, les pécheurs et les malades entendent sa voix ; ils

le suivent et il leur donne tout son temps. Jésus n’obtient rien des hommes, par sa consécration il

leur appartient. Ils sont ses amis, il mange avec les pharisiens, les pécheurs. Il reçoit la Samaritaine,

oubliant sa faim, sa soif, sa fatigue. Sa santé et sa force appartiennent aux hommes.

La consécration de Jésus est, de fait, sa vie. La veille de sa mort, il consacre pour les

hommes son corps et son sang :

« Ceci est mon corps, donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi …

Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous … ». Luc 22,19-20

La consécration de lui-même, de son corps et de son sang pour les hommes, c’est sa

consécration à Dieu. La glorification du Christ, sa Résurrection et son Ascension auprès Père ne

sont pas autre chose que la réalisation de sa consécration.

Tout le peuple de Dieu et chaque chrétien en particulier devraient réfléchir constamment sur

sa vie pour voir mieux comment chacun appartient à Dieu et aux hommes et pour connaître ce que

Dieu attend de chacun de nous.

La première condition pour n’importe quelle consécration, à Dieu et aux hommes, c’est

qu’elle soit absolument libre. Seule une personne libre peut se convertir en « esclave du Christ »

(Rm 1,1) ou en un « esclave des hommes » (2 Co 4,5). Seul celui dont le cœur est libre pourra

chercher réellement la Parole divine et être à la disposition du prochain. La personne consacrée

rencontrera Dieu dans son prochain et en Dieu trouvera son prochain.

Comment pourrons-nous vivre concrètement cette disponibilité totale pour Dieu et pour les

hommes ? Dans toutes les circonstances de la vie et de l’histoire du peuple de Dieu et de chaque

chrétien on se doit de chercher, à la lumière du Saint Esprit et de la Parole de Dieu, la manière de

vivre sa consécration. Dieu avec sa grâce montre à chacun, dans sa situation particulière de vie, de

quelle façon il doit appartenir à Lui et aux hommes.

Ces considérations nous aident à comprendre l’importance des saints pour l’Église. Chacun

d’eux, dans les circonstances propres de sa vie concrète, dans son époque propre, nous a montré

comment vivre totalement dévoué à dieu et au prochain.

Et dans nos propres vies, la joyeuse fidélité à l’appel à se laisser convertir de plus en plus

parfaitement selon les exigences absolues de l’Évangile, et à contribuer à l’édification de la Cité

terrestre nous rendent disciples, témoins et apôtres du Christ. L’Église approuve et ratifie le fruit de

nos vies et une liberté intérieure toujours croissante.

Marqués du sceau de la vie chrétienne vécue par les apôtres et par Saint François d’Assise,

nous prétendons porter au monde une joie et un dévouement total par notre amour envers le Christ

et envers notre prochain. Et nous pouvons faire cela grâce à notre complète disponibilité, à notre

obéissance dynamique et responsable, à notre authentique pauvreté spirituelle, à notre audace allant

de l’avant, à notre foi joyeuse et à notre entière confiance en Dieu.

V

PAUVRES AVEC LE CHRIST

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Mt 5,3

« Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des cieux est à eux ».

Mt 6,24

« Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un

et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. »

2Co 8,9

« Vous connaissez, en effet, la libéralité de notre Seigneur Jésus Christ qui pour vous s’est

fait pauvre, de riche qu’il était afin de vous enrichir de sa pauvreté ».

Réf. : Mt 6,33 ; Ac 4,32-35 ; Mt 6,19 ; Lc 12,32-33 ; 1Tm 6,8 ; Lc 18,9-14

La personne qui, conforme à l’exemple du Christ est pauvre dans le sens évangélique, est

venue dépendre entièrement de Dieu en tout ce qu’elle est et ce qu’elle a. Avec sa foi concrète dans

le bonheur éternel de l’homme, elle donne témoignage du mystère total de notre divine filiation et

de la richesse du Royaume de Dieu. Guidée par la divine sagesse, elle respecte l’authentique échelle

de valeurs, préférant, au niveau pratique, le Royaume Céleste au terrestre.

Pour l’apôtre l’esprit de pauvreté est indispensable par-dessus tout. Même avec le progrès

technologique, bien des peuples seront toujours pauvres. Notre vraie pauvreté, la personnelle

comme la collective, devra être vue par les fidèles et par ceux que nous prétendons amener au

Christ, car autrement ils ne croiront pas en ceux qui sont venus leur annoncer le Royaume des

Cieux.

La pauvreté ne veut pas dire la misère, qui n’est jamais acceptée ni par l’humanité ni par les

individus. La vocation à l’authentique pauvreté est une chose différente de la misère, bien qu’en

quelques aspects l’une ressemble assez à l’autre.

« Pauvre » ne veut pas dire « sale » ni «de mauvais goût » : la maison de gens pauvres peut

être parfaitement propre et même arrangée avec beaucoup de goût. « Pauvre » ne veut pas dire non

plus « bon marché ». Un château acheté à bon prix continue à être un château et non un taudis ou

une maison pauvre. Un homme pauvre loue souvent une maison par exemple, parce qu’il n’a pas de

quoi l’acheter, même si, avec le temps, il lui serait plus économique de l’avoir achetée. L’homme

vraiment pauvre n’est pas en condition d’économiser réellement, en achetant des choses bonnes et

durables.

Nous devons faire attention de ne pas confondre la pauvreté avec le fait de n’avoir aucune

propriété. Une personne peut se priver de tous ses titres de propriété et, cependant, continuer de

vivre une vie commode, pensant que c’est être pauvre, en ne manquant absolument de rien. Ici il y a

un danger de tomber dans une pauvreté hypocrite ou illusoire. L’homme pauvre peut, de fait, penser

qu’il a plus que le suffisant s’il a accès à toutes les choses dont il a besoin, même si elles ne lui

appartiennent pas, pourvu qu’il puisse les utiliser.

Quand le confort et la vie facile s’emparent d’une communauté religieuse, survient dans tous

ses membres une négligence générale, son influence spirituelle diminue grandement et, ce qui est

pire, les gens qui les connaissent se sentent terriblement scandalisés.

Les intégrants de notre société ne doivent pas voir dans le Conseil Évangélique de Pauvreté

seulement une « simplification » de la vie ou un idéal d’économie ou de modération ; ils ne doivent

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pas le prendre non plus comme une simple sagesse pour être heureux avec le minimun, ou comme

un type de spiritualisme, qui déprécie les biens matériels, ou comme un moyen pour pouvoir venir

en aide à d’autres qui ont été privés de tout, même si ce type de charité est nécessaire. Au lieu de

tout cela, la pauvreté évangélique est un acte d’abandon de tous les biens que l’homme possède

habituellement, pour montrer aux autres qu’il est possible de dépendre d’une chose différente et

plus sublime, d’autres biens invisibles mais complètement réels et authentiques et, surtout, de Dieu,

le Bien Suprême.

Ce témoignage devra être non seulement personnel mais institutionnel, c’est-à-dire donné

par toute la Société Religieuse comme institution. Comme tel, ce témoignage est signe de

détachement radical, c’est comme la reconnaissance de l’absolue transcendance des dons

messianiques du Christ. L’institution veut dire les propriétés, les édifices, les salles de réception, les

chapelles, les salles à manger, et aussi les jardins, les voitures, les appareils photographiques, les

projecteurs de cinéma, les teléviseurs, les tourne-disques stéréophoniques, etc. Tout le montage

institutionnel devra être soumis à une analyse sévère, parce que dans ce domaine la pauvreté

apparaît fréquemment moins clairement, et précisément c’est cela qui est le plus public, visible et

observable.

Voyons quelques suggestions qui aideraient à la pratique de la pauvreté évangélique :

1) Attendre tout de Dieu et faire tout ce que l’on peut pour coopérer à son œuvre.

2) Reconnaître devant le Seigneur notre indigence absolue et notre manque total de forces,

c’est nous attirer la puissance et l’abondance du Christ. Pour qu’il nous soit donné tout

ce dont nous avons besoin et même plus, nous n’avons qu’à dire à dieu ce qu’il nous

manque. « Ils n’ont plus de vin … » a dit Marie aux noces de Cana.

3) Maintenir en commun tous nos biens et talents personnels pour pouvoir répondre aux

nécessités particulières de chacun.

4) La pauvreté apostolique exige de chaque personne toute sa force, son service et son

travail effectif et l’emploi intelligent de son temps.

5) Être satisfait avec l’essentiel en tout : le logement, l’alimentation, le vêtement, les

vacances et tout le reste. Éviter ce qui est luxueux, superflu ou inutile. Il est difficile de

définir ce qui est nécessaire, parce que ça varie avec l’âge, la santé et l’occupation de

chacun. Mais cela est l’idéal vers lequel nous devons nous orienter.

6) Vouloir vivre comme ceux qui ont réellement l’esprit de pauvreté.

Ceux qui :

- sont satisfaits avec peu,

- sont reconnaissants pour ce qu’ils reçoivent,

- ne se plaignent de rien,

- travaillent de leurs mains,

- demandent les services d’autrui seulement quand ils sont indispensables,

- n’ont pas peur des tâches les plus humbles,

- ne possèdent rien qui paraisse luxueux, vain, confortable ou superflu,

- se maintiennent désireux de servir tout le monde,

- prennent soin de tout ce qu’ils ont,

- évitent le gaspillage et la prodigalité,

- ne s’embarquent pas dans des dépenses inutiles.

7) Accepter joyeusement toute incommodité découlant de la pauvreté. Nous ne serons pas

authentiquement pauvres si nous ne souffrons pas à cause de la pauvreté. Le Christ

souffrit beaucoup, partout, à cause de sa pauvreté. A Béthléem, à Nazareth et dans sa

vie apostolique … sans même une pierre où reposer sa tête.

8) Avancer toujours vers une plus grande pauvreté. Celui qui a l’esprit de pauvreté croit

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toujours qu’il possède beaucoup et essaie de diminuer ses avoirs. A tout moment il

craint d’être encombré par des biens excessifs et souvent il pense en lui-même que le

pauvre a moins que lui.

9) Éviter l’attachement à ce que l’on possède ou est à notre disposition. Sont des signes

d’attachement :

- Regretter des choses que nous avons laissées en arrière, ou qu’on a abandonnées.

- Avoir peur de perdre ce que nous avons ou d’être privées de ce qu’il est permis

d’utiliser

- Nous attrister ou nous fâcher pour la perte de nos biens

- Chercher anxieusement la conservation ou l’augmentation de nos possessions.

10) Se priver soi-même, autant que nous pouvons, des choses « super-confortables » ou de

« meilleure qualité ». De temps à autre se passer de l’essentiel. Donner généreusement

aux pauvres. Ne rien refuser à qui nous demande quelque chose. Visiter les pauvres ou

nous intéresser à eux, les aidant à améliorer leu sort.

Dans son sens le plus profond la pauvreté est l’humilité en relation avec Dieu et avec les

autres, en ouverture complète vers Celui qui est source de tous biens, dans l’acceptation de la

condition humaine, reconnaissant courageusement nos limites et nos faiblesses. C’est la joie dans le

service caché, la gratitude pour les biens reçus et aussi pour le triomphe des autres.

Pour être vraie, cette pauvreté évangélique doit se manifester par des gestes concrets, sans

s’identifier avec eux. Ainsi elle montrera le détachement évangélique sous-entendu dans

l’authentique consécration de nous tous à Dieu et au prochain, dans notre société.

VI

LE CÉLIBAT POUR LE CHRIST

Mt 19,10-12

« Les disciples lui disent : « Si telle est la condition de l’homme envers la femme, il n’est pas

expédient de se marier. » Il leur dit : « Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là à qui c’est

donné. Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui

le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à

cause du Royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » »

Réf. : 1 Co 7,26-28 ; Lc 20,35 ; Mc 12,25 ; Is 54,1

Le célibat pour le Christ est un don de Dieu à l’Église et au monde, qui manifeste un aspect

de nos vies avec le Christ. C’est un charisme. « Il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus

tels à cause du Royaume des cieux ». Tout le monde ne peut pas le comprendre. Ce don n’est pas

donné à tous, mais seulement à ceux qui ont reçu l’appel à suivre le Christ.

Et pourquoi ? Pour le Royaume des Cieux. Vivre le célibat c’est être déjà entré dans le

temps eschatologique final, il nous permet de vivre un aspect de la vie dans la Cité Céleste, une vie

qui est semblable à l’état glorieux. Mais le célibat est un don. Laissons celui qui peut l’accepter :

saint Paul – pensant que la Parousie est imminente – voulait que chacun puisse être « comme lui ».

Sa raison pour recommander le célibat était eschatologique.

Notre consécration au célibat est plus qu’un simple renoncement au mariage. Il s’agit du

célibat pour le Royaume de Dieu, dont le but est de nous libérer de nos divisions intérieures. Cela ne

veut pas dire, en aucune manière, que le célibat soit, d’une certaine façon, supérieur au mariage. La

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grandeur de la virginité est à un niveau qui dépasse le domaine purement naturel et existe seulement

d’une façon réelle, là où le célibat s’adopte par amour de Dieu, amenant avec soi à l’amour du

prochain. C’est un niveau d’amour et de service si total et universel, que ceux qui y sont appelés ne

se risqueraient ni à amoindrir ni à diminuer sa totale liberté, même pas par des liens qui sont si

légitimes et nécessaires pour la grande majorité des hommes. Nous ne pouvons pas non plus

dénigrer la valeur incomparable du célibat ecclésiastique, en l’appelant péjorativement « l’état de

vieux garçons ».

Le célibat consacré est le contraire de « la fuite des difficultés de ce monde ». Quelques

chrétiens voient le célibat comme une espèce de lâcheté. Et ils citent l’Apôtre Paul : « mais, si tu te

maries, tu ne pêches pas. Et si la jeune fille se marie, elle ne pèche pas. Mais tous ceux-là auront

leur tribulation dans la chair, que je voudrais vous éviter » (1 Co 7,28). En considérant ces paroles,

nous en viendrons presque à dire que le célibat « est l’état de ceux qui craignent le monde et la

vie », de ceux qui veulent éviter les charges et échapper aux devoirs propres de chaque personne, de

ceux qui préfèrent leur propre commodité aux responsabilités de la vie de famille, vivant sans

soucis, tandis que d’autres assument la paternité responsable dans ses lourdes charges. Erreur assez

commune.

Répondant à ceux qui voient les choses ainsi, nous pourrions reconnaître que parfois il arrive

que certaines personnes qui ont choisi le célibat s’isolent en lui de telle façon qu’ils en ont réussi à

éliminer toutes les incommodités de la vie, jusqu’au point où leur célibat a perdu toute sa valeur de

contestation, sa qualité de signe, en venant à être ainsi un mode stable et honnête de vie pour des

gens respectables, engagés dans une profession socialement utile. Ainsi le célibat ne proclame pas

l’incomparable excellence de la vie du Royaume, si nous le comparons avec les biens authentiques

de ce monde.

Notre célibat a aussi une valeur dans la vie liturgique et de prière. Dans toutes les cultures il

est de coutume de séparer les choses sacrées, comme les temples et les calices, destinés uniquement

à des fins religieuses ; on les sépare de l’usage profane ; et elles sont « consacrées » justement parce

qu’elles vont être employées seulement pour des fonction sacrées.Il se passe quelque chose de

semblable avec les personnes consacrées au Seigneur, tous veulent que leur vie monte jusqu’à Dieu

d’un seul élan. De là leur célibat.

Le vrai célibataire est un homme universel, qui appartient à tout le monde, au corps entier du

Christ ; il est le frère de tous les hommes et leur montre, avec sa vie, comment seront les relations

humaines quand arrivera la fin des temps. Il dit « non » au mariage et par conséquent à l’exercice

des fonctions de la sexualité liées au mariage. Il renonce à une forme de relation humaine

intimement reliée à sa condition d’homme. Mais il se détache de tout cela afin de pouvoir se lier

plus fermement dans ses relations avec Dieu, avec le Christ et avec les autres personnes. Il est

certain que toutes les relations humaines sont profondément enracinées dans la sexualité, qui est la

source de leur dynamisme, mais il est essentiel de distinguer entre une sexualité qui sature tout notre

être, qui est l’invariable base des interrelations expérimentées par les êtres créés et autre que leur

« expression génitale » temporelle.

Le célibataire renonce à « l’expression génitale » mais non au profond dynamisme de sa

sexualité, qui constitue l’inclination vers les autres pour les rencontrer, les accepter et nous les

donner. Renonçant à cet aspect des relations sexuelles entre personnes, qui est limité dans le temps,

exposé à la mort et demeure toujours incomplet, même dans ses moments plus intenses, le

célibataire se consacre dans le temps, à tout ce qui peut étendre la réalisation de ces relations dans

l’espace et au-delà du temps. C’est comme si le célibataire affirmait la riche et significative

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expérience temporelle du mariage, dans sa projection la plus éloignée du temps, précisément pour

ne pas le contracter durant sa propre vie.

Au-dessus du renoncement et de la séparation, le sens ultime et positif du célibat devient le

désir de s’engager dans des relations humaines et profondes, allant bien au-delà du lien conjugal, en

raison de son caractère transitoire et temporel. De cette manière le célibat constitue un signe de ce

que la communauté des hommes deviendra à la résurrection, quand ses interrelations seront

totalement universelles, en même temps que profondément personnelles, tandis que l’aspect génital

de la sexualité, lié à la procréation comme à la mort, aura déjà été dépassé.

Comme le mariage est le signe de l’intensité exclusivement personnelle et du caractère unique de

ces relations, de même le célibat manifeste encore mieux son universalité et sa victoire sur le temps

et sur la mort.

Ainsi nous pouvons déclarer explicitement que le célibat a une signification très spéciale

dans la vie d’une personne dédiée à l’apostolat. En plus il est impossible de séparer l’amour de Dieu

de celui de notre prochain, la même impulsion vitale vers le Seigneur s’étend nécessairement aussi

vers nos frères, dans le désir de les servir et de chercher leur salut. Dans le célibat la personne

acquiert une liberté d’action et de cœur, qui lui permet de se donner plus exclusivement aux autres

dans l’activité apostolique. Le célibat vient à être aussi la mesure dans l’apostolat même, de notre

dégagement et dévouement total. Mais malgré tout, ce serait une erreur de le voir simplement

comme une condition plus favorable pour la facilité ou fécondité spirituelle avec laquelle on conduit

le ministère apostolique.

En premier lieu, le célibat exige de celui qui l’adopte un sain équilibre émotionnel, une

claire et intelligente méthode de vie, et, durant toute la vie, une fidélité soigneusement observée,

appuyée par la propre croyance dans la bonté et la fidélité de Dieu. Aussi il requiert qu’on se donne

avec confiance à Marie vierge, épouse et mère.

Et ainsi, cette chasteté pour le Christ Jésus, vécue joyeusement, est un fervent témoignage de

notre amour pour Dieu et, en même temps, une proclamation du retour du Seigneur Jésus, de même

qu’un signe de notre résurrection en Lui.

VII

OBÉISSANTS COMME LE CHRIST

Rm 5,19

« Comme en effet par la désobéissance d’un seul homme la multitude a été constituée pécheresse,

ainsi par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle constituée juste »

Lc 22,42

« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté, mais la

tienne qui se fasse ! »

Réf. : Ph 2,5-9 ; Jn 4,34 ; 5,30 ; 6,38 ; Lc 2,51 ; 22,27 ; Rm 13,1-7 ; Ac 10,5-7 ; 13,17 ; Col 3,20 ;

3,22.

Le plus grand besoin du Christ fut de vivre dans la plus absolue dependence du Père, dès le

premier moment de sa vie, jusqu’à sa mort sur la Croix.

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L’obéissance chrétienne est une participation às l’obéissance du Christ. Elle nous situe dans

la réalité de notre condition de créatures. Et parce que nous sommes aussi fils de Dieu, notre

obéissance a en plus un caractère nouveau : comme celle du Christ, elle est pleine d’amour.

L’obéissance renferme tous nos moyens modernes d’union à Dieu, elle nous unit dans l’

amour avec sa volonté. Rien ne peut avoir de valeur pour nous, à moins que ce soit conforme à la

volonté divine. L’obéissance est l’unique chemin, le vrai chemin, qui conduit à Dieu.

Avant de quitter la terre, le Christ investit l’Église de son autorité. Écouter le Christ et

l’Église, accepter ses doctrines et suivre ses enseignements : voici l’attitude qui est efficace et qui

nous apporte le salut.

Pratiquer l’obéissance c’est donc chercher le chemin le plus sûr pour conformer notre vie

avec la volonté divine : ceci est le sens profond de la libre et complète offrande de nous-mêmes.

Telle est l’intention qui devrait guider toutes nos actions, depuis l’orientation d’un directeur

spirituel jusqu’aux instructions « les plus institutionnelles » données par une société religieuses et

ses traditions. Agir ainsi c’est donner un authentique témoignage de l’inégalable valeur du Royaume

de Dieu, pour lequel nous sacrifions tout. En dernier lieu c’est pour Dieu et pour sa Sainte volonté,

que nous renonçons au libre exercice de nos facultés et de nos actes, offrant notre propre être.

Cette libre offrande, ainsi comprise, n’est pas seulement éviter la responsabilité de décider

par soi-même quelle est la volonté divine. Ce n’est pas seulement éviter les difficultés d’une

existence humaine adulte et autonome. Ce n’est pas la passivité, le manque de volonté,

l’enfantillage ou suivre la multitude, car toutes ces choses sont dangereuses. Quelques-uns

pourraient très bien choisir l’obéissance pour ces raisons, mais s’ils le faisaient ils seraient dans

l’erreur et n’auraient pas compris ce que l’Église leur demande. Ils devraient, alors, être rappelés à

l’ordre parce qu’ils oeuvreraient contre le témoignage de l’Église quant à l’importance du Royaume

de Dieu.

Mais l’authentique don dans l’obéissance peut exister partout, tant dans le champ séculier

que dans le sacré. Il y a tellement d’occasions où notre liberté de faire ce que nous voulons, avec

toute son attrait et ses côtés agréables, peut s’offrir à Dieu et se sacrifier, en témoignant que « la

perle de grande valeur » a infiniment plus de valeur que n’importe quel bien, incluant la capacité de

choisir nos propres actions.

Co-responsabilité

La société contemporaine est orientée vers une démocratisation toujours croissante de ses

structures. Dans chaque secteur de la vie moderne, les membres des divers groupes veulent

participer de plus en plus en élaborant les plans qui les intéressent, les lois et les conditions de vie

qui les affectent. Il devient difficile d’accepter l’autorité confiée à une personne ou à une norme

absolue, plutôt qu’à la délibération d’un certain groupe. La participation à des groupes de travail qui

prennent des décisions habitue les personnes à se soumettre non pas à des décisions prises par une

seule personnes mais à la volonté de la majorité.

Qu’est-ce que l’on pourrait faire pour pratiquer l’obéissance tout en respectant en même

temps les personnes ? Présenter l’autorité et l’obéissance comme une co-responsabilité, qui couvre

complètement tous les membres de la famille religieuse, mais chacun différemment, selon le service

qu’il rend à la communauté.

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Il s’agit de de déterminer la responsabilité de ceux qui exercent l’autorité dans le groupe, en

même temps que celle des autres frères, - les sujets, - dans la recherche de la volonté divine, en ce

qui concerne les décisions et leur application.

A. La recherche de la volonté divine

Le principal devoir des supérieurs et de ceux qui ont une part d’autorité c’est de chercher la

volonté divine pour la communauté et pour chaque membre; et aussi de les encourager à une plus

parfaite coopération avec le plan d’amour de Dieu. Il y a des sources permanentes qui transmettent

la volonté divine, comme l’Écriture Sainte et les enseignements du Magistère, et aussi les règles qui

expriment les charismes spéciaux des Fondateurs, donnés par le Saint Esprit pour déterminer quel

est le bon plaisir divin pour une communauté déterminée.

Mais Dieu fait connaître aussi sa volonté à travers la personnalité de chaque religieux, par

les dons qu’il lui a confiés pour qu’ils produisent du fruit.

Aussi cette volonté se manifeste dans les événements de notre vie et dans les besoins du

monde.

Les supérieurs ne peuvent plus agir comme s’ils étaient des spécialistes en chaque situation

qui apparaît dans la sphère de son autorité. Plus est grande l’autorité, moins est grande la

probabilité, humainement parlant, que le supérieur puisse connaître tous les domaines de sa

responsabilité. Tout supérieur a ses limites et sa nomination pour un poste déterminé n’augmente ni

son intelligence, ni sa force morale, ni son bon critère. Pour qu’il puisse résoudre adéquatement les

nombreux problèmes qui se présentent à lui, le supérieur a besoin de toutes les lumières que la

communauté peut lui fournir ; aucune source de lumière ne peut être rejetée, pas même celle qui

produit le plus insignifiant rayon.

Et ainsi comme le supérieur a besoin de ses frères dans la recherche de la volonté divine

pour la communauté et pour la solution du problème qui se présente, de même tous les membres ont

autant le droit et l’obligation de participer à cette recherche, surtout parce qu’ils sont des vrais

membres de la famille et parce qu’ils participent, à divers degrés et de différentes manières, à la

responsabilité de l’immense mission confiée par l’autorité à l’Institut.

Une autre raison pour laquelle tous les membres ont doit à participer à l’adoption des

décisions, c’est le respect que mérite chaque personne et la reconnaissance de sa dignité. L’Église

encourage tous les chrétiens à penser et à manifester leur pensée, favorisant ainsi une authentique

opinion publique au sein de la communauté chrétienne. En plus, dans le monde actuel la situation

dans certaines sociétés totalitaires est considérée inhumaine. La liberté d’expression y sert

seulement à louer le régime et non à ce que chacun s’exprime spontanément sur ce dernier. Le fait

de s’être consacré à Dieu par la profession des Conseils Évangéliques ne nie pas la dignité humaine

de la personne, ni ne supprime le droit naturel de penser et de parler librement.

Chaque membre de la communauté peut être une importante source, même la principale,

d’initiatives à long terme. Cela n’est pas opposé, d’aucune manière, à l’autorité. Les supérieurs,

occupés presque tout le temps par les problèmes immédiats, trouvent très difficile de s’arrêter à

penser soigneusement à la vie communautaire, pour l’adapter à notre temps et à ses besoins. C’est

pourquoi les suggestions de changements et de réformes viennent presque toujours de la base.

Fréquemment les autorités approuvent plutôt qu’elles ne modifient. Et les subalternes,

absorbés par leur propre travail dans une sphère donnée, sentent souvent les effets d’une vie de

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prière pauvrement développée ou le manque de travaux vraiment apostoliques. Leur désir d’union à

Dieu et de service des hommes les pousse à faire de précieuses suggestions pour améliorer la vie

communautaire, l’apostolat et la structure de la société. Mépriser ces suggestions, qui ont leur

fondement dans l’expérience quotidienne, serait de la part des supérieurs priver la Communauté

d’une source de lumière fertile et de renouvellement.

La raison plus fondamentale pour laquelle chaque membre devrait participer à la recherche

de la volonté divine pour lui-même et pour la Communauté, c’est le fait que l’Esprit demeure en lui

et illumine sa vie, laissant connaître son appel à travers tous les dons humains et religieux de ce

membre en particulier. Chaque frère a le droit de discerner l’appel de l’Esprit dans le silence et la

prière, pour y répondre avec pleine fidélité.

Cet appel ne doit pas s’identifier simplement avec la vocation de tous à la vie religieuse,

sinon qu’il implique aussi une vocation propre, spéciale, enracinée dans sa personnalité unique.

Chaque membre, par lui-même, perçoit les exigences de son appel personnel, qui se font connaître

par les dons divins et par les circonstances de la vie, qui le font ou l’ont fait être ce qu’il est. C’est

alors qu’il doit le communiquer à son supérieur.

Une personne dont le devoir est d’aider un frère à suivre la volonté divine pour lui,

encouragera la réponse généreuse et totale à cette volonté. Pour le faire, il doit écouter sérieusement

la personne qui exprime ce que réellement elle considère comme la voix de l’Esprit. Ce serait une

négligence grave dans sa responsabilité s’il défigurait les idées d’un frère sur la volonté de Dieu,

pour imposer à la place sa propre idée d’une telle volonté. Cela serait changer improprement la

volonté divine par la sienne propre.

Il n’est pas nécessaire d’ajouter ici que nous parlons de l’authentique consultation des

membres de la Communauté, quand ils doivent être écoutés sérieusement, et non d’une sorte de

formalité polie dans laquelle ils sont invités à se confier, à exprimer ce qu’ils ont dans l’esprit, ou

même à parler de leurs plus intimes aspirations, tandis que les supérieurs ont déjà décidé à l’avance

de ne leur donner aucune considération. On ne demande pas aux supérieurs de paraître

compréhensifs et affables, mais de l’être, en écoutant réellement l’Esprit, qui laisse connaître sa

volonté dans certaines chose à travers les membres.

Cette forme de consultation s’étendra à tous les membres de la Communauté : aux frères

laïques, aux frères prêtres et aux auxiliaires laïques ; à ceux qui sont « des religieux modèles » et à

ceux qui le sont moins. Les chemins de Dieu ne sont pas les chemins de l’homme. Il choisit les

« petits » pour réduire à rien les orgueilleux ; il se sert des faibles pour renverser la sagesse des forts

… Alors, les supérieurs consulteront tous leurs frères demandant leur opinion en évitant

d’introduire dans la Communauté la discrimination qui détruirait son unité et sa force.

En exerçant leur droit de donner leur opinion, les membres devront exprimer clairement

leurs points de vue, même quand ils sont opposés à ceux de la Communauté et à ceux des

supérieurs. La vérité ne doit pas manquer dans le groupe, où il y a des personnes qui disent des

choses qu’elles ne croient pas réellement et qui se donnent des excuses parce qu’autrement elles

seraient cataloguées comme rebelles, dangereuses et indésirables. La vérité a ses privilèges et

personne n’est autorisé à asphyxier la voix de l’Esprit pour éviter des difficultés ou pour causer une

bonne impression, qui les aiderait à promouvoir leur « avancement ».

Le fait qu’une personne ne s’exprime pas ou ne le fait pas adéquatement, ce n’est pas

toujours dû au manque de courage de la part du frère. Quelques-uns ne parlent pas par crainte d’être

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peu charitables en mettant à nu les limites de leur famille religieuse. Ils ne veulent pas non plus

adopter une attitude réellement « critique » vis-à-vis de la Communauté, qui pourrait faire découvrir

leurs mauvais côtés comme leurs bons. Mais la charité n’a rien à voir avec une telle cécité qu’on

s’impose : la charité pure se base sur la vérité et non sur des illusions.

En entrant dans la vie religieuse nous n’avons pas promis de tout louer, ni de tout

désapprouver. À mesure qu’on avance véritablement comme religieux, nous devons désidéaliser

notre Communauté, c’est-à-dire lui enlever tout ce qu’elle a de fable, mythe ou légende, tout comme

les enfants « désidéalisent » leurs parents à mesure qu’ils grandissent. Nous devrions avoir une

vision très claire de notre société et reconnaître ses grandeurs comme ses failles. Cela n’est pas une

attitude de mépris, mais la transition normale vers un amour adulte.

B. Décisions :

L’autorité compétente – Supérieurs, Chapitres, Conseils, - doit décider les affaires de la

Société, mais elle a l’obligation de s’informer en consultant ses membres et en les écoutant. Mais

nous devons reconnaître que ce ne sont pas toutes les choses qui peuvent être soumises à la

consultation des membres. Les supérieurs ne peuvent pas permettre que certains problèmes et

affaires dans une communauté soient soumis au vote de tous les membres sans compromettre

certaines personnes ou sans révéler des secrets professionnels. Les supérieurs sont obligés à la

discrétion, mais sans faire de tout un mystère.

Peu importe que cette consultation soit faite sérieusement et amplement, la décision finale

qui se prendra est, cependant, un privilège exclusif de l’autorité compétente. La consultation n’a pas

la valeur de critère final, sinon qu’elle a pour objet uniquement d’éclairer les choses ; elle ne doit

pas influencer le Supérieur à tel point que sa décision apparaîtrait comme le résumé des forces

dynamiques du groupe ou comme un compromis entre les exigences du règlement et celles des

membres. Le Supérieur n’est pas simplement le porte-parole de la Communauté, car une telle

décision ne serait qu’une manifestation du consensus de la Communauté. Peu importe la valeur des

suggestions qu’il reçoit, le Supérieur a le devoir de les évaluer devant Dieu ; il n’est jamais obligé

de les ratifier, ou mieux, il est moralement obligé de les soutenir quand il discerne en elles l’appel

de l’Esprit. Dans ce cas, il trahirait le Plan divin s’il les refusait pour que ses propres idées

prévalent.

D’autre part, si devant Dieu et avec sincérité de conscience le Supérieur croyait qu’aller

contre le résultat unanime d’une consultation serait pour le bien de la Communauté, il est obligé de

le faire ; agir d’une autre façon serait un refus d’affirmer sa responsabilité. Sans doute il éviterait les

conflits qui surgiraient de l’opposition, mais ça démontrerait de sa part de la peur et de la faiblesse.

Il lui serait plus facile de dire « oui » à la Communauté que « non » à ses membres. Les consulter

n’est pas la manière la plus commode de gouverner, mais la plus prudente.

Enlever au Supérieur la responsabilité de la décision finale, serait l’obliger à obéir en

premier à ses frères plutôt qu’à l’Esprit ; et ce serait aussi comparer la Communauté religieuse avec

un groupe démocratique quelconque. Pour ces raisons il devient inacceptable de forcer le Supérieur

à suivre la décision de la majorité. On conseille toujours que le Supérieur explique avec quelques

arguments ses points de vue, pour aider les membres à les accepter, ce qui rendra leur coopération

plus mature et raisonnable.

Il serait bon de noter que le pouvoir de prendre des décisions qu’a le Supérieur n’est pas

illimité ; il a sa place, comme l’obéissance, dans une vie consacrée, selon les prescriptions du

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Règlement approuvé par l’Église. Permettez-nous d’ajouter que l’autorité du Supérieur ne s’étend

pas seulement au spirituel, même si ce domaine est très important et qu’il devrait occuper la

première place parmi ses occupations. Tout ce qui affecte le bien commun de la Société est dans

l’orbite de son autorité, même les affaires administratives et disciplinaires.

Dans le cas où une affaire affecte directement la Communauté, et toujours dans cette société

particulière, cette affaire devra se décider en dernier recours par l’autorité compétente, qui justement

est là pour le bien de tout le groupe. Ceci est un principe d’unité, d’ordre et d’harmonie auquel nous

devons nous attacher avec fermeté.

Et laissez-nous vous dire aussi que si le Supérieur est celui qui a le droit de prendre des

décisions et de les imposer, sa manière de le faire permettra que l’obéissance devienne plus facile

ou plus difficile. Certains individus semblent avoir reçu à l’envers le charisme de l’autorité, parce

qu’au moment de prendre une décision, chacun sent la tentation de faire le contraire, d’autres,

cependant, imposent leurs décisions avec une telle humaine et fraternelle suavité, que les

subalternes montrent du plaisir à obéir, même quand ce qu’on a exprimé est un désir et non un

ordre.

Mais il y aura toujours des décisions dans la vie d’un religieux qu’il trouvera difficile

d’accepter, aussi diplomatiquement et aimablement que le Supérieur les lui impose. Par conséquent,

il est essentiel de comprendre toujours que les règlements ont pou unique finalité d’aider les

membres et les supérieurs à travailler ensemble avec la meilleure charité possible dans le but de leur

perfectionnement.

Par le fait qu’il est impossible de plaire à tous en ce monde, nous devons être suffisamment

réalistes pour reconnaître que, en plusieurs occasions, il y a du désaccord entre les membres et les

supérieurs au sujet de quelques décisions. Mais ce désaccord ne donne pas la faculté aux membres

de désobéir au Supérieur. L’obéissance n’est pas seulement le sacrifice de sa propre intelligence,

c’est une offrande à Dieu de sa propre volonté.

Les décisions des Supérieurs ne sont pas infaillibles. Personne n’a jamais dit que les

supérieurs ont toujours raison ou que les sujets sont toujours dans leur tort : l’un ou l’autre des deux

groupes peut être dans la vérité ou se tromper, et saisir la vérité dans un degré plus ou moins grand,

mais cela n’enlève pas aux supérieurs le droit de commander, ni aux sujets le devoir d’obéir. Les

sujets peuvent donc dans l’obéissance réelle, différer d’opinion avec les ordres d’un supérieur et

conserver leur opinion personnelle sans qu’ils puissent être jugés obstinés ou insubordonnés, dans

la mesure où ils obéissent toujours aux ordres reçus. Le désaccord intellectuel ne devra jamais jouer

pour justifier la désobéissance.

Tous les membres, supérieurs ou sujets, doivent avoir présent à l’esprit que dans la vie

normale la part de l’opinion est de beaucoup plus importante que celle de la certitude, et qu’ils

doivent se garder des réactions automatiques dont on croirait qu’elles sont des intuitions infaillibles.

C’est signe d’une finesse intellectuelle que de soumettre les idées à une critique raisonnable, et c’est

une preuve d’intelligence que d’éviter de former des jugements définitifs, tant qu’il y a quelque

objection sérieuse en sens contraire. Former certains jugements très facilement, cela indique souvent

un manque d’objectivité ou d’ample vision.

Cequ’on connaît comme « obéissance aveugle », ne devrait pas être l’idéal vers lequel

tendent toutes les religions. Dans quelques cas, il est nécessaire d’obéir sans comprendre, parce que

les supérieurs ne peuvent pas toujours divulguer la raison de leurs ordres et dans la vie d’un

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religieux ces cas sont nombreux. Et dans ce sens il est clair pour eux qu’il existe l’ « obéissance

aveugle ». Mais il ne serait pas juste de présenter cette forme d’obéissance, nécessaire parfois dans

des circonstances déterminées, comme le modèle idéal que le religieux devrait suivre ou essayer

d’imiter dans la mesure où il le peut. Cela serait nier l’harmonie et l’équilibre qui doivent exister

entre les motifs naturels et surnaturels de l’obéissance, qui doivent se compléter au lieu de

s’opposer. Et chacun selon sa position devra donner à l’obéissance une qualité spéciale, un caractère

mature.

C. L’exécution de la décision

L’acte d’obéissance par lequel le religieux agit comme les autres agissent au lieu de le faire

conformément à ses propres idées, ne peut pas se permettre que ce soit une simple régression

infantile ou une façon de renoncer à la responsabilité. Ce doit être l’acte personnel et conscient

d’une personne. Cela requiert en premier lieu un engagement total et libre de soi-même concernant

l’ordre donné. Même si le religieux peut être intellectuellement en désaccord avec le

commandement du supérieur, il doit l’accepter et en faire l’objet de sa propre volonté. Plus il

l’accepte et le fait sien, en mettant sa volonté en conformité avec celle du supérieur, plus personnel

et libre deviendra son acte d’obéissance.

Cet effort de prendre l’objet de la volonté d’un autre pour soi-même, en

l’intériorisant, constitue le premier pas indispensable dans le chemin de l’obéissance vraie. Refuser

de faire cela serait convertir l’obéissance en chose littéralement servile, qui n’irait pas plus loin que

l’exécution externe des ordres.

Le fait de que quelques membres ne prennent pas toujours par eux-mêmes l’initiative

de ce qu’ils font, ne diminue pas leur responsabilité dans le réalisation de leurs devoirs ; ils

continuent à être complètement responsables de leurs actes et cela pourrait dans le cas extrême, les

obliger à s’abstenir d’accomplir un certain ordre si, pour eux, ça apparaissait comme immoral. Mais

en-dehors de ces cas limites, ils doivent mettre en action toute leur habileté intellectuelle et

affective, toutes leurs capacités créatives et leur initiative en faveur du devoir commun. C’est leur

devoir de prendre au sérieux le service pour lequel on les sollicite, faisant ainsi fructifier les dons

divins ; cette obéissance active et responsable vient à être possible à condition que les supérieurs

permettent à leurs collaborateurs de faire consciemment ce qu’on leur demande.

Ici nous sommes loin de cette obéissance matériellement littérale, qu’à l’occasion pratiquent

certains saints et qui ne pourra se prendre correctement comme modèle de la vraie obéissance, parce

qu’en plus de s’opposer aux enseignements de l’Église de notre temps, elle amène avec elle le

danger de frustrer les supérieurs dans leur service et de compromettre son efficacité.

La charité exige que, avec sa manière d’obéir, les religieux facilitent le travail des

supérieurs, tel qu’il est exigé de ceux-ci qui, par leur manière de commander, rendent facile le

devoir d’obéir de leurs sujets. Les supérieurs et les sujets devraient remplir leurs devoirs comme des

personnes adultes, comme les membres d’une même famille, en partageant ensemble toutes les

responsabilités d’une même mission. Les sujets ne sont pas des employés ni des esclaves, comme

les supérieurs ne sont pas des maîtres ni des propriétaires ; tous unis par la même consécration, dans

la même Société, ils devraient porter ensemble la réalisation du plan divin pour eux, par le moyen

d’une responsabilité partagée.

Mais les sujets ne pourront jamais passer par-dessus les ordres ou décisions du Supérieur ou

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les exécuter d’une manière responsable, sans que leur obéissance soit appuyée par une motivation

sérieuse, enracinée dans le mystère de l’union avec Dieu et des uns avec les autres. Cette

communion avec Dieu par l’entremise des supérieurs ne veut pas dire que Dieu fasse comme

siennes tous les ordres du supérieur, ou que ceux-ci reflètent adéquatement la volonté divine.

Comme les supérieurs sont des êtres finis, qu’ils continuent à être humains même s’ils sont

revêtus de l’autorité, leurs pouvoirs ont des limites que la propre autorité divine n’a pas. Il est

certain que si Dieu guidait directement les religieux, sans aucun intermédiaire humain, le contenu de

ses ordres serait fréquemment différent de celui supérieurs. Mais le fait est que Dieu décida de

guider les hommes à travers ces intermédiaires, et de les sauver en instituant l’Église, en les plaçant

dans son plan d’amour par la médiation de fragiles créatures, assujetties aux imperfections de la

nature humaine.

Dieu n’approuve pas les solutions médiocres, les instructions étroites ou les ordres vulgaires

et ridicules qui, de temps à autre, viennent du Supérieur, limité et humain. Et cependant, par sa

Providence, il sait tirer le meilleur des limites de ses médiateurs humains, permettant que leurs

limites tournent au bien de ceux-là qui, avec foi, s’abandonnent à sa miséricorde.

De cette manière Dieu conduit chaque religieux comme il conduisit le Seigneur Jésus, au

moyen de son obéissance aux intermédiaires divins, à remplir son rôle pour lequel il est destiné dans

le Corps du Christ. Le chemin pour arriver à ce but peut être étroit et élevé, mais de toutes manières,

Dieu nous amène là où il a besoin de nous, si nous savons comment le voir dans ses médiateurs.

Cette providentielle activité divine, par des actes libres de l’homme, ne dispense pas les supérieurs

de faire ce qui est en leur possibilité pour découvrir la volonté de Dieu, mais malgré leur généreux

efforts, la Providence aura toujours un rôle important à jouer.

La communion avec Dieu, au moyen des supérieurs, permet à chaque religieux de réaliser

son propre destin, qui n’est jamais identique à celui des autres et lui permet de s’approcher pour

voir l’image de lui-même, que Dieu a faite pour lui, mais il la saisit seulement en paraboles et

comme dans un « miroir sombre ». En s’en tenant à ses propres forces, il risque de se tromper

sérieusement sur le pourquoi il est appelé à servir le prochain. Autrement, se laissant guider par

Dieu, mais cherchant aussi les lumières en lui-même, il pourra se réaliser sûrement en accord avec

le plan divin. Il se peut qu’il ne jouisse pas de la consolation de planifier sa propre vie, ni de la

satisfaction d’avoir triomphé selon les critères humains, mais il est certain qu’il goûtera l’infinie

grande joie de permettre à Dieu d’imprimer en lui son image, le conduisant graduellement au

chemin de son amoureux plan divin.

Dans le fond même de l’obéissance religieuse il y a un désir, enraciné dans la foi, de

participer à l’obéissance pascale du Christ, qui vient à être une sorte d’auto-abandon radical dans la

pauvreté intérieure complète, s’ouvrant à la plénitude de la consécration à la volonté divine et au

bien-être de nos frères.

Conclusion

La Croix, signe de la souffrance inhérente à tout auto-abandon, ne devrait pas nous

apparaître comme une incongruité infortunée, que nous devons éviter, mais plutôt comme

l’apparence perceptible du mystère dans lequel notre participation à la Résurrection du Christ est

déjà atteinte. La croix éloigne le religieux de lui-même à chaque jour de plus en plus, soit de lui

l’esprit de possession égoïste, qui freine l’activité divine. L’obéissance pleinement acceptée est

toujours marquée du signe de la Croix. Seulement ainsi le religieux peut ratifier en tout sa

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consécration. Alors il s’inclinera vers Dieu et vers les personnes, se rélégant à lui-même

complètement.

VIII

PRIER AVEC LE CHRIST JÉSUS

1 Co 10,31

« Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la

gloire de Dieu »

Jn 14,13

« Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils »

Ep 6,18

« Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l’Esprit ; apportez-y une

vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints. »

Réf. : Lc 6,12 ; 18,1 ; Jn 11,41 ; 16,23-24 ; Héb 7,25 ; 13,15 ; Ép 3,11-12 ; 2 Co 1,20.

Depuis l’Incarnation il n’y a qu’une vie chrétienne, celle du Fils de Dieu. Aucune prière

privée ou liturgique, sera chrétienne si elle ne se fait pas au nom de Jésus ou de l’Esprit. Tout le

reste est « anti-prière ».

Pour prier comme il se doit (il faut), le chrétien doit se rendre compte du fait que Dieu

l’aime, et qu’il est son Père. Le Christ Jésus demeure dans chaque chrétien pour faire la

transformation de ses sentiments, de ses désirs et de ses souffrances. Une transformation de cette

sorte c’est celle qui s’opère dans l’Eucharistie, où le pain et le vin se changent dans le corps et le

sang du Christ.

Nous continuons en étant les mêmes, et cependant, en nous se réalise une espèce de

transubstanciation. Nous acquérons une personnalité neuve, en un sens infiniment plus grande que

l’ancienne. Nous ne prions pas seuls, c’est le Christ, notre Éternel et Suprême Prêtre, qui prie.

Nous sommes deux dans une seule voix, comme l’affirme Saint Augustin : « laissez le

Christ parler, parce que par le Christ parle l’Église, et par l’Église parle le Christ. La tête parle dans

le corps et le corps dans la tête : cela nous porte à découvrir le mouvement concret qui conduit toute

prière, la première demande avec laquelle nous devons initier (commencer) toutes nos activités :

Viens, Esprit de Dieu …

Viens, Seigneur Jésus, viens …

Seigneur, enseigne-nous à prier…

Dieu seul peut configurer en nous la vie de son Fils, parce que seul l’amour d’un Dieu peut

retourner l’amour de Dieu. Nous pourrions affirmer qu’un chrétien quand il ne peut parler à Dieu ou

agir sinon à travers le Christ ou avec Lui, sachant que l’unique face que Dieu ne peut résister est

celle du Christ.

« Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ » Ga 3,27

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Ceci est le principal qui se passe dans la messe. Par elle nous commémorons le mystère de

notre salut, parlant à Dieu avec les mêmes paroles que son Fils.

« Père, nous célébrons la mémoire du Christ, ton Fils, nous ton peuple et tes ministres, nous

nous souvenons de ta Passion, de ta Résurrection d’entre les morts, et de ton Ascension dans la

gloire … Nous t’offrons ce sacrifice parfait et saint … »

Le Christ est donc notre vrai « Prêtre Suprême », qui « intercède continuellement auprès du

Père pour tous les hommes ». Saint Jean dira qu’il est « notre avocat ». Que veut dire cela ? Que

Notre-Seigneur est celui qui offre notre louange et notre adoration, nos demandes, nos faiblesses et

nos espérances.

Le Christ répète nos propres paroles, - nos pauvres paroles humaines, - les élevant et les

faisant siennes. Ainsi, nos prières, notre amour, notre apostolat et même notre pauvreté, deviennent

absolument effectifs parce qu’ils passèrent être celles du Christ. Seul le Christ peut prier et aimer

avec son entière propriété. Seule sa prière est invariablement écoutée et répondue. Dans son Corps

sa prière devient la mienne et la mienne, la sienne. Un changement (échange) merveilleux.

À ce sujet, saint Augustin, le grand Évêque africain, nous dit :

« Dieu ne peut avoir donné aux hommes un don plus excellent que son Verbe, par qui il créa

toutes choses, le constituant la tête, Lui unissant tous, comme ses membres, pour qu’ils puissent être

en même temps Fils de Dieu et Fils de l’Homme, un Dieu avec le Père et un avec les hommes,

comme homme. »

Ainsi quand nos prières se dirigent (s’adressent) au Père, elles se dirigent (s’adressent) aussi

au Fils, et quand le Corps du Chris prie, il n’est pas séparé de sa Tête. Par conséquent, Notre-

Seigneur Jésus-Christ, unique Sauveur de son Corps, prie pour nous comme notre Prètre et notre

Tête, acceptant en même temps nos prières avec Dieu.

Reconnaissons alors qu’il parle en nous et nous parlons en Lui. Jamais nous prions sans Lui

et ayons toujours pour certain, que Lui jamais ne dira rien sans nous.

Dieu, en nous donnant son Fils, nous donne en même temps le droit d’être entendus. Il ne

pourrait pas avoir pu donner quelque chose de plus pour nous rapprocher de Lui. A chaque acte

religieux que nous accomplissons, la foi nous rapellera ce pas donné par Dieu envers nous et cela

nous fera agir comme bons chrétiens.

Sachant que Dieu nous a écoutés et que, quand nous Lui avons parlé Il nous a répondu, la foi

nous donne une preuve vive de ce que la promesse divine est véritable et qu’elle a été accomplie

avec le don du Christ. Saint Paul résume sa confiance ainsi :

« Que dire après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargmé

son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute sa

faveur ».

Comment pourrait-il nous nier (refuser) quelque chose quand déjà Il nous a donné son Fils et

constamment Il continue de nous le donner sur l’Autel, comme Mémoire (Mémorial) du Sacrifice

du Calvaire ? La messe rend présent sur l’Autel tout le drame de la Résurrection, la prière du Christ,

et nous communique ses effets.

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Dans la célébration eucharistique :

- Jésus adore parfaitement le Père, pour nous et en nous ;

- Jésus rens grâce parfaitement au Père, pour nous et en nous ;

- Jésus expie totalement les péchés, pour nous et en nous ;

- Jésus demande parfaitement au Père, pour nous et en nous.

L’Eucharistie est le triomphe culminant de toute la création. C’est la prière par excellence,

effective et définitive du monde créé. Rien ne pourrait donner plus grande gloire à Dieu, ni plus

abondants fruits de grâces aux fidèles.

Le Père céleste nous donne son Fils à côté de tous les mystères salvifiques réalisés dans son

Corps, il nous les donne comme si nous les avions vécus nous-mêmes. Il nous donne ses prières et

ses supplications et Il nous donne aussi le pouvoir sur Lui-même.

Pour nous, prier c’est demander à Dieu ce que nous n’aurions pas mérité si le Christ ne

l’avait pas gagné pour nous. Il mérita pour nous la miséricorde divine et seulement Lui qui (Lui

seul) a pu nous redonner la grâce. Le Christ prie et répare pour nous. Comme homme il intercède

pour ses frères. Il ne demande pas la grâce pour nous comme un droit qui est nôtre (à nous), sinon

plutôt en vertu du droit que lui-même a acquis. Sans l’intervention du Christ, Dieu serait

inaccessible pour nous.

Comment approfondir notre participation dans ce mystère de la vie du Christ en nous, de la

prière du Christ en nous, sans une infatigable fidélité à l’oraison mentale ? Pour prier constamment

avec le Christ, on devra apprendre à dédier (consacrer) une certaine portion de notre temps

exclusivement à la prière.

Mais ceci ne pourra se faire si nous prions seulement quand nous en avons le goût. Ici nous

avons une espèce d’illusion : si nous prions seulement quand nous sentons le désir de le faire, nous

verrons que ce désir disparaîtra très vite, parce que la communion avec Dieu peut se réaliser

seulement dans la foi. En nous appuyant sur nos propres sentiments, très vite nous nous permettrons

à nous-mêmes d’aller désorientés et, peu à peu, nous oublierons complètement la prière.

Mais si nous planifions à l’avance les activités journalières et si nous avons la foi, nous

trouverons le temps pour faire ce qui est une nécessité primordiale pour nous. Dans la mesure où

nous serons convaincus de notre besoin de prier, même au prix de certains sacrifices, nous

trouverons le moyen de le faire à une certaine heure du jour.

Si la prière n’est juste un extravagant et inutile mouvement des lèvres, sûrement que nous ne

trouverons pas le temps pour nous y consacrer, mais si c’est un besoin essentiel de notre vie, comme

le manger ou le dormir, alors le dicton « je n’ai pas le temps » deviendra absurde, comme il serait

absurde de dire au médecin que nous n’avons pas le temps de manger ou de prendre les

médicaments qu’il nous a prescrits. Cela serait aussi grave que de dire à un être aimé que nous

n’avons pas le temps de penser à lui.

Certains jours spécialement chargés, nous pourrions penser qu’il est justifié d’omettre

certaines prières mentales que nous avions planifiées, mais malgré quelques inconvénients, si nous

demeurons fidèles, nous serons surpris de voir la manière de laquelle Notre-Seigneur arrange les

choses. Les problèmes compliqués et difficiles se résolvent avec une facilité suprenante ; les affaires

préoccupantes et délicates trouvent une solution à merveille ; des coïncidences imprévues nous

permettent d’économiser du temps précieux.

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Le Seigneur ne sera jamais surpassé en générosité. Les minutes que nous consacrons à

l’écouter dans la prière, d’une manière ou d’une autre, il nous les retournera avec du 100%. Pour

moissonner du temps, nous devrons avant avoir semé du temps. Le temps que nous investissons

dans la prière mentale est comme de la semence : donné à Dieu seul n’est jamais gaspiller, mais au

contraire, c’est du temps gagné. Ne disons jamais que le travail nous attend ou que nous devons

faire ceci ou cela … En premier lieu, agissons conformément à la volonté divine, non conforme au

travail qui doit se faire ; à Dieu et non au travail que nous devons laisser qu’il nous ordonne. Mais

s’il y a beaucoup à faire ou notre temps est mal planifié et le travail nous pressionne de telle manière

qu’il nous empêche de nous approcher de Dieu, en évitant de Lui investir un peu de temps, il s’agit

sûrement d’un travail non voulu par Dieu.

Dans ces situations le travail se convertit en un tirant et nous en ses esclaves, et nous devons

trouver la manière de nous en délivrer.

Autre obstacle : Il y a une foule d’âmes à sauver … En vérité il n’y a rien de plus noble que

de donner des âmes à Dieu. Mais attention avec les illusions : nous pouvons en arriver au point de

penser que nous sommes à donner Dieu à ceux qui nous écoutent, quand en effet à peine nous

sommes en train de nous les donner. Avant nous devons nous remplir de Lui, jusqu’à renverser,

pour pouvoir Le donner réellement aux autres. Souvent quelques uns essaient de chercher Dieu et le

bien des âmes … Quand en réalité, pour négliger l’oraison mentale, source de la présence divine,

sont à se rechercher eux-mêmes. Activité … Activité …

Ne nous laissons pas emporter par la fausse idée : « L’Apôtre se sanctifie par l’activité. »

Cela peut être vrai pour un apostolat qui se soit renforcé par un authentique amour de Dieu et du

prochain. Mais ici est le danger. L’apostolat même n’est pas le problème, au contraire, il est

sanctifiant.

L’expérience démontre que, à cause de la faiblesse humaine, l’activité qu’au commencement

s’entreprend avec une véritable motivation spirituelle, en raison de la loi de détérioration qui

s’applique aussi bien à l’ordre moral comme au physique, est en danger de perdre le caractère

spirituel de sa motivation, si on n’y prend garde, purifie et renouvelle à intervalle réguliers.

Si nous examinons nos raisons pour faire ces choses, nous découvrirons que, parfois sous

l’apparence de motifs nobles, s’en cachent d’autres qui ne sont pas si purs :

- Une auto ordinaire – satisfaction d’en être la cause ou le centre

- Une nécessité de dominer

- Recherche d’une estime ou admiration

- Satisfaction de triompher où d’autres ont échoué.

Pour ne pas parler d’autres encore plus banales. L’oraison mentale, qui nous remplit de

l’Esprit de Dieu, élimine ces éléments parasitaires qui menacent de vicier, ou pour le moins de

nuire, à l’action divine en nous.

En efftet, l’Apôtre authentique s’appuie surtout et en tout sur Dieu. Notre oraison mentale

agit directement sur ceux qui sont recommandés à notre soin. C’est du temps gagné pour le travail

apostolique : avec moins d’efforts et de fatigue, l’apostolat, purifié par la motivation de l’amour,

donnera plus et meilleur fuit.

D’autre part : personnellement nous ne pouvons sauver les autres ni les faire plus saints.

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Uniquement Dieu peut faire cela et dans la mesure où nous sommes unis à Lui par la prière, il nous

emploiera. C’est un fait que seulement nous sommes vraiment unis à Lui dans la mesure où nous

sommes fidèles à l’oraison mentale.

Il peut y avoir des cas exceptionnels quand, en des circonstances spéciales et urgentes, nous

devons laisser de côté la prière ou la raccourcir. Dans une telle situation, nous laisserions Dieu pour

rencontrer Dieu, sans avoir à nous préoccuper de cela. Mais si cette diminution de notre temps de

prière vient à occurir très fréquemment, il y a raison de s’en alarmer. Ce serait comme un chauffeur

qui passerait devant les pompes à essence sans s’arrêter parce qu’il veut gagner du temps, il

prendrait le risque d’avoir à s’arrêter une fois pour toutes à une certaine place par manque

d’essence.

Une des grâces que nous devrions demander constamment à Dieu est celle de la

persévérance dans la prière. Nous n’avons pas le droit d’accepter l’idée que notre vie de travail et de

fatigue est un obstacle pour notre vie de prière. Non plus nous pouvons faire croire que seulement

nos moments « en retraite » valent la peine, non plus imaginer que nous pourrons vivre le reste de

notre temps avec l’énergie accumulée durant ces périodes. Nous devons être convaincus de ce que

chaque circonstance, n’importe ce qu’elle soit, peut et doit se convertir en une occasion pour

converser avec Dieu.

Conscients de ce que le Seigneur nous a dit, nous savons que nous ne sommes pas des

travailleurs « à contrat » mais qu’on nous récompense pour notre activité dans chaque cas : Dieu

entre graduellement dans nos vies, si nous faisons sa volonté à chaque instant. La vie, avec tout ce

qu’elle entraîne (insuccès, succès, repos, travail, prière, apostolat) nous est donnée pour que nous

puissions avoir le temps d’accepter totalement Dieu.

À l’heure de la mort chaque enfant de Dieu peut et doit dire :

« pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un gain. »

Dieu ne nous jugera pas selon la quantité du travail que nous aurons fait, mais selon la

manière de laquelle nous avons utilisé le temps qu’il nous donne.

IX

S’AIMER LES UNS LES AUTRES DANS LE CHRIST

« Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, afin qu’eux aussi

soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as

donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient

parfaits dans l’unité. » (Jn 17,21-23)

« Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l’appel

que vous avez reçu : en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec

charité ; appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix. Il n’y a qu’un

Corps et qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu ; un

seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de

tous, par tous et en tous. Cependant, que chacun de nous a reçu sa part de la faveur divine selon que

le Christ a mesuré ses dons. » (Ep 4,1-7)

« À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns

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pour les autres. » (Jn 13,25)

Réf. : Jn 13,1 ; 15,2 ; Mt 7,12 ; 18,20 ; 22,37-40 ; Actes 4,32 ; Ga 6,2 ; 1 Co 13,4-7 .

Nous avons choisi librement notre célibat pour l’amour du royaume de Dieu. C’est une

nouvelle et décisive forme de vie et de relations inter-personnelles. L’histoire nous montre qu’il y a

une connexion définitive entre le célibat et la communauté. La naturelle et pratiquement nécessaire

inclination de ceux qui ont choisi le célibat pour le Christ, c’est de vivre en communauté.

Mais il est important d’éviter de voir la vie communautaire comme une simple aide à

l’individu dans la réalisation de son propre idéal privé. La communauté est, plutôt, la fin pour

laquelle s’adapte le vrai célibat, est seulement un propos. En communauté ça devient possible la

réalisation de notre vocation de nous aimer les uns les autres, comme le Christ nous aima.

Le célibat ne veut pas dire la suppression des relations amoureuses. Au lieu de cela, en

s’abstenant du mariage, qui est la condition la plus naturelle pour de telles relations, l’individu

essaie d’étendre l’intimité de ses contacts à toutes les personnes.

Le célibat, avec ses relations communautaires établies à travers lui, est un signe de la

plénitude de la vie future avec le Christ : un amour mutuel ouvert à tous, qui va plus loin de son

intense mais limitée expression dans le mariage. Dans cette vie, le religieux témoigne de la vie de la

nouvelle création, le monde de la Resurrection finale. Seulement le pouvoir divin permet aux

hommes dans leur faiblesse, - vases de terre – rendre manifeste ce qui est dans le cœur de tous les

chrétiens et est une réalité humaine : la communion universelle de toute l’humanité dans le Christ.

Et ainsi la vie religieuse n’est pas, avant tout, un moyen de réaliser la plénitude personnelle

de l’individu ; cela est certainement, mais en aucun cas plus grand que n’importe quel état de vie

qu’une personne pourrait choisir. Telle vie ne fait pas meilleure ou plus sainte à une personne

qu’aux autres. Au lieu de cela, ce qiu’elle fait est de montrer un nouveau style d’inter-relations

personnelles, qui dépasse « la chair et le sang », pour universaliser au type de relations qui se

trouvent maintenant dans le mariage. Dans ce sens, la vie religieuse montre ce qui est permanent

dans l’amour, en même temps qu’elle étend cet amour à toutes les personnes et devient un signe du

monde à venir, un signe eschatologique. Et ainsi nous pouvons dire que c’est mieux, parce que la

réalité qui préfigure et essaie de voir ici et au-delà est la réalité humaine finale et définitive.

Cette vie est aussi une plus directe imitation de la vie du Christ, qui jamais s’est marié, et

que son amour pour l’humanité a été en même temps personnel, exclusif et universel.

Comme le célibat rend possible la création d’une nouvelle communauté humaine, il

influence toute notre vie et toutes nos occupations. L’esprit d’une communauté de la sorte aura

certaines caractéristiques spéciales (spécifiques). Unifiée pas l’Évangile et n’ayant pas d’autre

fondement, doit retourner constamment à la révélation du Christ, comme à sa fontaine de vie.

Chaque communauté chrétienne doit trouver ses forces dans l’Évangile ; la communauté

célibataire, cependant, doit faire cela encore plus constamment. S’affaiblir dans cela et permettre

que le contact avec la Sainte Écriture se convertisse en routine, c’est désastreux pour tout chrétien,

mais pour une communauté religieuse c’est une catastrophe irréparable, parce qu’elle la dévie de

son unique raison d’exister.

L’Esprit évangélique est une nécessité absolue pour la vie religieuse et en même temps cette

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vie religieuse offre l’athmosphère favorable pour éveiller une vie d’apostolat et de prière commune.

En communauté s’accepte plus facilement la pauvreté comme un appel prophétique,portée à

la pratique dans chaque situation de la vie. Et, à cause de l’enthousiasme évangélique partagé, par le

temps disponible pour la méditation et la prière, ainsi comme par l’exigence de l’auto-sacrifice que

suppose l’apostolat, la vie communautaire aide à empêcher une espèce « d’endurcissement spirituel

des artères ».

La vie commune exige aussi plus de chaque personne, quant à partager, accepter les autres et

obéir. Pour la vivre avec succès ça exige que, comme dans le mariage, il y ait auto-devouement et

désir de tout partager. C’est important savoir que, dans la vie commune nous nous maintenons

ensemble par la plus profonde impulsion que nous avons, qui est la recherche de Dieu. Et c’est le

Christ même qui nous a unis et nous a donné des désirs et idéaux communs.

Notre charité, si elle se dirige bien, montrera toujours une différence spéciale aux membres

de notre famille religieuse. Notre amour envers eux doit être plus intense, joyeux et fervent, ainsi

que cordial et intime, et surtout, doit exprimer une affection très chaleureuse. Notre affection et

notre amour des uns pour les autres doit produire en nous, comme dans la première communauté

chrétienne de Jérusalem, une seule âme et un seul cœur.

Évitons avec le plus grand soin toute chose qui pourrait nuire ou même affaiblir l’unité entre

nous. Cette unité est l’œuvre du Christ. (1 Co 1,13) Ne permettons pas que les différences sociales

entre nous nous divisent. Rechassons la formation de groupes ou de camaraderies.

Opposons-nous vigoureusement aux factions ; ne fomentons jamais la discorde entre nos

frères. Et, sauf pour des raisons sérieuses, évitons de mentionner quelque chose de mal que nous

ayons entendu sur un intégrant de notre communauté. Avec (par) notre attitude, soyons toujours des

instruments de paix.

Prenons sérieusement, très sérieusement, les enseignements de saint Paul aux Corinthiens

sur les exigences de la charité, (1 Co 13,47) et ayons foi que la grâce réalisera l’idéal de l’unité.

Faisons un effort pour ne pas apparaître jamais comme envieux, irritable, de mauvaise humeur ou

égoïstes. Soyons plutôt aimables et polis. Essayons de ne pas nous rendre impatients ou du moins de

ne pas le montrer. Un mot dur ou précipité peut fréquemment être démolisseur dans ses effets. Si

nous nous rendons compte que nous sentons peu d’affection naturelle pour un de nos frères, ou qu’il

nous irrite, cherchons du temps pour réfléchir et méditer dans notre intime union avec Lui, par

l’amour et la grâce du Christ.

Ne nous surprenons pas si parfois nous avons à souffrir de nos frères ou pour eux. Dans une

communauté de tempéraments qui diffèrent amplement et vivant côte à côte avec les autres,

fréquemment on nous mettra les nerfs hors de nous-mêmes et nous terminerons à nous blesser les

uns les autres. Acceptons-le. Souvenons-nous que même les frictions sont bonnes pour nous. Quand

nous déposons dans une poche une quantité de pierres et que nous la secouons violemment, à se

frapper les unes avec les autres disparaîtront leurs pointes et leurs bords rudes, restant les pierres

lisses et rondes. La même chose passe avec nous, en autant que nous « demeurons dans la poche »,

puisque l’unique manière d’en bénéficier avec la friction générée des secousses et des coups, c’est

d’appartenir totalement et sans réserves au groupe.

Ayons soin de ne jamais exagérer la gravité des offenses que nous pouvons recevoir dans la

vie communautaire. Ne nous vengeons point à coups de poings pour de simples piqûres d’aiguilles.

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Si nous sommes des personnes sensibles et que nous trouvons ces choses plus difficiles, souffrons-

les sans amertume et offrons-les au Seigneur.

La charité envers un frère exige de nous quelque chose de plus que la simple co-existence

pacifique ou qu’une espèce de bonne volonté anonyme. Elle devrait produire un amour vrai

fraternel, une affection réelle, avec tout ce qu’elle implique. Ne vivons pas côté à côte avec le

prochain, renfermés en nous-mêmes. Pensons aux autres, partageons leurs moments difficiles et

leurs souffrances, tous comme leurs joies et leurs triomphes. Ne permettons pas que notre prière

monte au ciel comme une flamme solitaire ; unissons-nous à leurs prières, en un commun lien

familial. Ainsi nous arriverons à mériter le compliment de la promesse du Christ :

« De même, je vous le dis en vérité, si deux d’entre vous, sur la terre, unissent leurs voix

pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou

trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Mt 18,19-20)

Intéressons-nous aux projets et espérances de nos frères, à leurs idées et à leurs œuvres.

Offrons-leur de participer aux nôtres. À l’occasion, parlons-leur intimement de nos plus profonds

sentiments et soyons-leur fidèles, en nous mettant à leur disposition. Mettons tout ce qui correspond

de notre part, pour faire du groupe une authentique équipe dans laquelle chaque membre, selon ses

aptitudes et devoirs, essaie de s’intéresser à la vie et au bonheur de chacun des autres, et contribue

au succès de chacun, l’aidant quand ce serait nécessaire et nous consacrant de tout cœur au travail

partagé.

Que personne ne cache son amour pour son frère, comme s’il pensait que c’est une faiblesse

indigne de son état de vie. Même le Christ nous unit dans une vocation commune. Il s’entend, c’est

clair, que notre union est spirituelle et non physique, ainsi se montrera notre affection des uns

envers les autres dans une forme plus réservée et discrète, qu’en n’importe quelle situation ordinaire

de famille. Mais nous devons être suffisamment ouverts pour montrer des signes d’affection, qui

permettent aux frères de voir notre amour. Réellement c’est très difficile et il y a une infinité de

petites occasions de le faire : un sourire, une délicate attention spéciale, un bon mot dit avec le

cœur, un petit service rendu. Ayant cette simple affection pour eux, essayons de trouver la manière

de faire plaisir au prochain. Sans doute que quand quelqu’un agit mal nous ne pouvons pas

l’approuver et, même si nous risquons de lui déplaire, nous sommes obligés de lui montrer notre

désapprobation. Par chance que ces douloureuses occasions sont peu fréquentes.

Dans les choses de peu d’importance, soyons prêts à nous accommoder aux goûts des autres

et à sacrifier volontairement les nôtres. Soyons toujours polis et décents.

Les amitiés particulières entre certains frères sont acceptables et sont ouverts à tous, tandis

qu’elles conservent un caractère sain.

L’amitié est la perfection de la charité. Aimer n’est pas simplement rechercher l’autre, sinon

plutôt s’appliquer ensemble dans un idéal plus élevé, tendre vers une tâche apostolique plus

importante, s’aider les uns les autres pour le succès des propres buts.

De cette manière l’amour fraternel est une des plus grandes bénédictions et attractions de la

vie religieuse, qui doit impreigner toutes nos relations avec les autres, telles que la vie commune,

l’exercice de l’autorité, l’obéissance et toutes nos activités. Cet amour nous remplit de bonheur et

nous donne sa vraie valeur, de la même manière que notre amour du Seigneur donne de la valeur à

ce qu’on fait dans son service.

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Cet esprit d’amour est ce qui continuellement nous protège contre une attitude de critique et

de dénigrement, de même comme contre la tendance à nous rendre irrespectueux. Par lui nous

pouvons aussi fortifier ceux d’entre nous qui traverseraient quelque crise morale ou vocationnelle,

et peut même que nous les évitions à tomber sous le poids de leurs difficultés.

Un des plus importants devoirs du Supérieur de chaque place, c’est de lutter constamment à

créer cette athmosphère d’amour, la maintenant et l’intensifiant. Il doit toujours tendre à les aimer

tous et les rendre aimables. Il est responsable du bien-être de tous, en tenant compte que l’ambiance

dans laquelle vit le groupe est un facteur très important du tel bien-être. Mais le Supérieur seul ne

peut faire tout cela, chaque membre devra l’aider dans ses devoirs. Aimons profondément nos

frères. Ne tombons pas dans la routine d’être ardents et affectueux dans notre travail apostolique,

pour retourner après dans une froide indifférence dans notre propre maison. Toutes les personnes

veulent aimer et être aimées, sentent l’attraction vers un certain groupe où elles voient que l’amour

réciproque existe. C’est précisément dans cette forme comment, à l’époque de l’Église primitive, les

païens furent gagnés aux Christ.

Aimons-nous les uns les autres comme le Christ nous aime.

X

IRRADIER LE CHRIST

« Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde,

moi aussi, je les ai envoyés dans le monde » (Jn 17,17-18)

« Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous

serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la

terre. » (Ac 1,8)

Réf. : Jn 14,16-17 ; 15,7 ; 15,5 ; Mt 5,13 ; 1 Co 9,22 ; Ph 4,13 ; Si 11,6.

Seul l’Esprit Saint peut faire que le Christ croisse en nous et dans les autres, ce qui est

l’unique vraie fin de toutes les formes de l’apostolat. Le Paraclet est une flamme qui doit enflammer

le monde entier. Constamment nous devons demander que nous soyons enflammés du feu de

l’Esprit, pour que ce feu, qu’on appelle aussi « zèle apostolique », soit essentiel dans l’Église.

Le zèle apostolique est une réalité divine et permanente, c’est « l’envoi » de Dieu par ses

messagers, « la mission » que, à chaque moment, fonde de nouveau l’Église.

Pour atteindre le but de notre apostolat, les Misionnaires des Saints Apôtres devront

dépendre totalement de l’Esprit Saint. Notre mission est de donner à l’Église de nombreux et saints

prêtres, recrutés parmi les adultes, afin qu’ils prêchent la Parole divine et organisent des

communautés paroissiales.

Mais où irons-nous allumer le feu apostolique qui fait de chacun de nous un témoin de

Dieu ? En nous-mêmes ? À grand’peine, parce que nous savons bien que nous sommes froids et

trop timides. Nous disons comme le prophète Jérémie : « Je suis à peine un enfant, et je ne sais pas

parler ». Nous savons aussi que tandis que relativement facile est d’entreprendre notre mission

apostolique, il en résulte difficile de continuer jusqu’à la fin. Si cela dépendait seulement de nous,

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nous n’irions pas très loin.

Pour ouvrir nos cœurs au feu du Paraclet, qui ne s’éteint jamais, nous devons recourir à

l’Autre et dépendre continuellement de Lui, en silence et humilité, avec une fidélité constante et

avec persévérance.

Le Christ veut nous envoyer au monde. S’il faut être audacieux et vaillants, nous devons

dépendre de sa Parole. Quand il parle ce n’est pas pour dire des paroles inutiles. Ecoutons

maintenant sa Parole et laissons-nous conquérir par elle, convertir par elle, brûler et consommer

(consumer) par elle, comme l’ont été les saints dans le cours des temps.

« Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! »

Lc 12,49

Ici est le feu avec lequel nous devons être brûlés. C’est le même feu qui brûla dans le Sacré

Cœur de Jésus, un feu qui n’est pas de ce monde, un feu qui vient de Dieu. C’est le feu de l’esprit

d’Amour, en qui nous avons tous été baptisés. C’est la volonté divine que quelque chose brûle en

nous, nous brûlant. On connaît des hommes qui ont été brûlés comme cela, consommés par un feu

qui n’est pas un feu terrestre : faim et soif de justice, miséricorde, attente de Dieu. Ces hommes ont

incendié (allumé) un feu en nous. Saint François d’Assise a dû être un de ceux-là : il parlait et les

cœurs qui l’écoutaient s’enflammaient. Mais pour que ce feu ne s’éteigne pas, il priait jusqu’aux

petites heures de la nuit, tandis que ceux qui l’avaient écouté dormaient. Le saint demeurait en

contact avec le Christ, celui-là même qui a dit qu’il était venu apporter le feu sur la terre. Et le feu

de Dieu l’incendiait et le brûlait.

Nous, qui parfois avons le cœur gelé, nous devrions demander humblement :

« Oh Seigneur Jésus, incendie quelque chose dans mon cœur, quelque chose de vrai, quelque

chose que rien ne peut éteindre, ni les insuccès, ni l’âge, ni la fatigue ; quelaue chose d’ardent et

indomptable, quelque chose humble et pacifique, quelque chose qui vient de toi. »

« Il leur dit alors, de nouveau : « Paix à vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous

envoie » » Jn 20,21

Nous demeurons alors comme emprisonnés dans un véritable courant divin. Il y a seulement

qu’un « envoi », une mission : celle pour laquelle le Père envoya le Fils ; nous, à notre tour, nous

sommes inclus dans cette mission dans notre propre poste, que sans doute n’a pas d’importance,

mais c’est un poste réel. Le Christ nous envoie avec la force de l’Esprit même, et ainsi, ce n’est pas

nous mais le Christ qui parle par nous, pour nous avoir envoyés. C’est lui qui nous dit :

« Sois sans crainte. Continue de parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi, et personne ne

mettra sur toi la main pour te faire du mal, parce que j’ai à moi un peuple nombreux dans cette

ville . » Ac 18,9-10

Nous devons nous consacrer à parler du Christ et de son Évangile. Nous n’avons pas raison

de regarder en arrière avec tristesse. Le Christ nous appelle et notre sainteté consistera à être

consumés réellement pour notre mission. L’authentique apostolat attire toujours la sainteté. Saint

Paul identifiant le ministère évangélique avec « l’œuvre du Seigneur » (1 Co 16,10) nous montre

que la vie apostolique est la sainteté en action. Notre mission apostolique n’est pas étrangère à notre

vie dans le Christ, mais plutôt qu’elle nous entraîne à nous unir plus intimement avec Lui. Nous

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donner pour l’apostolat, c’est nous donner au Christ.

« Et il leur dit : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création »

Mc 16,15

Nous devons être présents où Dieu veut que nous soyons : dans notre famille, dans le

contexte de notre propre vie. Il n’y a pas de raison pour essayer d’échapper et aller ailleurs. Les

saints nous enseignent que seule la fidélité à notre état présent est la meilleure préparation pour le

futur. Nous pourrons étendre le Règne de Dieu uniquement si chacun de nous, fidèle et

amoureusement, remplit son propre rôle dans l’ensemble des événements, un rôle que personne ne

pourra remplir à notre place. Mais, en même temps, nous devons être disposés à accepter n’importe

quel changement que Dieu voudra disposer pour nous.

Depuis le commencement l’appel missionnaire est universel. Mais même si nous sommes

envoyés à notre prochain plus immédiat, pensons toujours à celui qui est plus loin. Le monde entier

devra être gagné pour Dieu, et, cependant, tout notre amour et tous nos efforts devront se dédier à la

petite portion qui nous a été signalée. En nous rendant parfaitement compte des besoins urgents de

ces vastes zones où l’Évangile n’a pas encore pénétré. Islam, Asie, Inde …. Ayons toujours présent

que ce qui nous est actuellement demandé est de promouvoir les vocations sacerdotales chez les

adultes, par des lettres, des contacts personnels et une présentation intelligente de la vraie vocation

sacerdotale dans le monde d’aujourd’hui. Dans cette tâche, nous sommes irremplaçables.

Ainsi nous continuerons l’œuvre du Christ : en choisissant ses apôtres et en les invitant à

laisser tout pour le suivre, leur promettant le cent pour un dans ce monde et la vie éternelle dans

l’autre. Mais en attendant travaillons – fréquemment sans obstacle – pour réaliser ce devoir, nous

devcrons garder les hommes, nos frères, dans notre cœur.

Le feu missionnaire brûle dans le cœur du Christ, se fortifiant quand il entre en contact

direct avec les hommes qui en ont besoin.

« À la vue de ces foules il en eut pitié, car les gens étaient las et prostrés comme des brebis

qui n’ont pas de berger » Mt 9,36

Une des plus authentiques qualités de la vocation missionnaire d’aujourd’hui, c’est cette

conscience plus réaliste du vrai état du monde contemporain. Mû par le Christ, le missionnaire est

prêt pour évaluer les situations, insiste à voir clairement et refuse transiger avec de fausses

consolations ou des illusions. Tout grand apôtre au zèle ardent et vision claire, sait qu’il s’est

embarqué dans une lutte dure et formidable. Pour devenir apôtres nous avons besoin de quelque

chose de plus qu’un cœur tendre …

Mais quelle est la nature de ce feu dont nous venons de parler ? Quel est l’objet de notre

mission ? Ici, la Parole Divine nous révèle un grand mystère : le but de la mission chrétienne, de

toutes les missions chrétiennes, est de montrer à tous l’amour de Dieu.

Écoutons Notre-Seigneur :

« J’ai manifesté ton Nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner. »

Jn 17,6

Ce nom de Dieu a été caché pour plusieurs. Son nom est Dieu même. Aussi longtemps que

son nom ne soit connu – du dedans – in n’y aura pas de Dieu dans le monde, il ne nous aura pas été

donné à connaître. Ce fut le Christ qui nous fit connaître le nom de son Père : il nous révéla le secret

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de son amour si fort, si intense que Dieu aimait tous les hommes et qu’il voulait être aimé de tous.

Cela est la Bonne Nouvelle : un pauvre cœur humain a reçu le Règne de Dieu. C’est la mission des

prêtres que nous préparons pour l’Église : rendre présent aux hommes d’aujourd’hui l’amour divin

envers eux dans le mystère de l’Eucharistie, dans le Christ, Dieu et homme, vivant sur l’Autel de la

Messe ; ce sont les insondables mystères de son amour pour les humains, ses frères.

En effet, le nom de Dieu se fait connaître. Les pauvres reçoivent la prédication évangélique.

L’homme n’est donc plus un orphelin. Grâce à Dieu, l’homme peut maintenant glorifier Dieu

comme il le mérite et bénir son nom. Jusqu’où nous arrivons à le voir, l.Évangile est répandu à deux

niveaux de par le monde : la proclamation externe du Christ et la révélation de Dieu même à chacun

de nous, au plus intime de l’âme, qui est la révélation de l’impensable amour divin, duquel le Christ

est une preuve vivante. En d’autres mots, l’Évangile se proclame d’une manière qu’en lui-même

résulte mystérieux et qui ne peut résulter effectif ayant à la base des formules pré-arrangées ou en

ingénieux « slogans ». Les yeux de notre âme doivent être ouverts pour que nous puissions

reconnaître l’unique vrai Dieu et à son envoyé, Jésus-Christ.

Ainsi, à tout moment le missionnaire est submergé dans le mystère. Et puisque la grâce ne

détruit ni ne nie la nature, constamment il devra chercher les moyens pour lesquels, avec son propre

et pénible effort, il peut porter l’Évangile au cœur de ses contemporains. Il doit se donner la peine

de comprendre les lois sociales et psychologiques avec lesquelles Dieu veut travailler humblement

pour s’approcher les humains et doit savoir aussi que, par sa propre faute, le message évangélique

pourrait cesser d’être entendu si on veut par un seul homme de bonne volonté. Mais, en même

temps, il sait qu’à chaque instant que la diffusion du Message est très au-dessus de ses forces et il

n’est pas le Seigneur de la Mission : Dieu seul, avec l’Esprit Saint, conduira la Mission à sa

plénitude.

Le missionnaire doit savoir aussi que démontrer l’amour divin – contenu de tout apostolat

chrétien – est un travail de toute la vie, que seulement il pourra atteindre au contact personnel. Si

l’amour divin est quelque chose de vivant pour nous, et si nous sentons cela réellement et

profondément, nous pourrons le communiquer à chaque opportunité à ceux que nous rencontrons et

à ceux à qui nous prêchons la Parole. La vraie charité chrétienne, en elle-même, est une

manifestation de l’amour avec lequel Dieu nous aime. Et son amour se montrera aux autres en une

complète et divine manière quand nous nous aimons les uns les autres.

En effet, le succès de l’apostolat chrétien dépend moins de paroles résonnantes que de la

force silencieuse de l’amour, d’un amour qu’il ne peut douter, parce qu’il est vrai et fut démontré

par la réalité de la croix. C’est avec des réalités vivantes et non avec des paroles, comment se

communique l’amour divin. Et quand, parfois, les paroles sont indispensables, elles devraient être

des paroles imprégnées de la réalité de l’amour, comme le furent celles du Christ sur la croix, et

comme elles continuent de l’être …

Quelques dangers de la vie apostolique

Vraiment nous devons reconnaître que l’activité, même apostolique, renferme certains dangers.

Comment se fait-il que plusieurs apôtres bien dédiés et antérieurement débordés de zèle pour le

salut du monde, terminèrent à peine étant « esclaves civiles » du sacré ? Plusieurs réunions,

supposées dédiées à la prière, paraissent vaines ; plusieurs militants qui sont allés de réunion en

réunion, de groupe en groupe, sont devenus à être vulnérables et sont anxieux de se faire

proéminents et puissants, préoccupés seulement avec leurs activités et intérêts. Tous sont devenus à

ne pas être différents des hommes d’affaires ou d’autres activités séculaires (séculières), excepté en

paroles et en choses externes.

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Saint Paul note la possibilité qu’il y ait des chrétiens qui, ayant reçu le don charismatique de

parler en langues des hommes et des anges, ne sont que des plateaux sonores et cymbales

retentissantes. L’Ancien Testament mentionne aussi à ces supposés prophètes à qui Dieu jamais n’a

parlé.

Comme tout autre bonne intention, le zèle apostolique peut aussi se détourner et glisser si

mal, que ce qui a commencé dans l’Esprit, se termine dans la chair (Ga 3,3). L’homme est un être

qui se modèle à Lui-même, mais aussi il peut se déformer. Une personne a mis du sien (de son

« je ») dans ses œuvres, en espérant triompher. Ensuite, peu à peu, vient le succès avec tous ses

dangers d’orgueil, et les insuccès avec ses conséquences amères, des excuses au temps qui en

accuse d’autres ; et au lieu de lutter pour attirer le monde au Christ, il commence à se l’attirer à lui-

même. L’Évangile commence à être un moyen pour faire ressortir sa propre éloquence ; au lieu

d’écouter la Parole pour répéter la Parole de Dieu, il se plait d’écouter sa propre voix. Comme la

mère des fils de Zébédée, il se sent heureux de travailler pour le Règne de Dieu et du Christ, et pour

son établissement, mais à condition qu’en lui il ait son propre trône.

L’Apôtre des Gentils était si convaincu de l’énorme espace qui existe entre l’Évangile qu’il

annonce et celui qui se vit, qu’il craignait de rester « en-dehors du combat ». Ce n’est pas l’apostolat

dans le sens du travail externe qui conduit à la sainteté, sinon l’apostolat qui se vit. Aussi ici ce

n’est pas ce qu’on simule être, ou celui que l’on fait, qui a de la valeur sinon seulement ce que l’on

est.

Instructions du Seigneur à ses missionnaires

Maintenant nous devons écouter les instructions que le Christ donne à ses disciples, et qu’elles sont

comme une « magna charta » du missionnaire :

« Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; montrez-vous donc

prudents comme des serpents et candides comme des colombes » Mt 10,16

« Prudents comme des serpents »

Pourquoi nous présente-t-on ici le serpent comme modèle ? Certainement pas pour sa

perfidie, parce que dans le disciple du Christ il n’y a pas d’incidie, ni parce qu’il peut se bénéficier

avec les erreurs des autres, comme l’intendant malhonnête de l’Évangile (Mt 16,18). Mais plutôt

parce que les serpents se maintiennent en alerte et ils ne peuvent se permettre d’être distraits parce

qu’ils vivent éveillés et pleins de sens commun. Dans la Bible s’entend comme « homme sensible »

celui qui sent les choses divines et comme « insensible » celui qui a perdu cela et demeure extravié.

Voyons comment les serpents sont « alertes » et sont même « prudents », et pourquoi on

nous dit jusqu’à les prendre comme modèles. Ils ne se laissent pas prendre au dépourvu, ils sentent

le danger et ils se rendent compte de tout ce qui se passe aux alentours. Il doit en être de même avec

l’apôtre qui a le « sens » du Christ. Dans un monde confus qui pourra le guider ? Ce doit être sa

profonde compréhension du Christ, guide plus exigeant et certain et aussi plus flexible que tous les

systèmes de raisonnement. C’est pour cela que la prière mentale, la méditation régulière des

Écritures, l’étude, les lectures spirituelles et quelques mpments de réflexion au milieu de son

activité, sont de la plus grande importance.

Le thème évangélique de la « vigilance » nous éclaire mieux dans ce sens. Nous savons que

fréquemment le Seigneur avertissait ses disciples de « veiller » c’est-à-dire qu’ils demeurent éveillés

à cause des forces adverses qui les feraient dormir. La parabole des « vierges sages » (Mt 25) – tout

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comme l’intendant fidèle et prudent (Lc 12), décrivent la situation de l’homme qui va tomber

endormi en cette vie : il devient insensible, faute de sens de direction, et ainsi, quand le Christ

revient, il ne peut le reconnaître comme son Seigneur.

Cette vérité résonnera au dernier jour : « heureux le serviteur que son maître trouvera

vigilant », ayant su comment préserver en soi une profonde compréhension de Jésus. Mais cette

vérité résonne aussi à chaque jour, parce que le Christ retourne incessament, tous les jours, et

seulement le reconnaissent ceux qui portent en-dedans d’eux « le sens » de Jésus demeurant

vigilants.

L’apôtre du Christ ne se laisse pas gagner par de faux prophètes ou antichrists. Ne disons

pas qu’elles sont des réalités des derniers temps, parce qu’elles existent à toutes les époques et, par

conséquent, elles existent aujourd’hui.

« Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans

sont des loups rapaces » Mt 7,15

« Et Jésus leur répondit : « Prenez garde qu’on ne vous abuse » » Mt 24,4

« Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes, qui produiront de grands signes

et des prodiges, au pont d’abuser, s’il était possible, même les élus » Mt 24,24

Au milieu de toutes sortes d’événements, enseignements et tumultes, serait-ce réellement si

facile d’éviter être trompés ou de discerner si quelque chose est ou pas dans l’esprit du Christ ? Qui

nous guidera ? Le Christ répond simplement : « Soyez prudents comme des serpents, ne soyez pas

endormis. » « Soyez prudents dans le Seigneur » dit Saint Paul. Dans un sens cette simple phrase dit

tout. Si nous pouvions arriver au point de tout juger à la lumière du Christ, sûrement que nous

verrions plus clair notre chemin et nous ne nous tromperions pas avec autant de fréquence. Mais

nous n’apprenons pas la prudence en un jour, ça nous prendra toute la vie et, en plusieurs cas, toutes

nos souffrances. Mais même à cela, nous ne sommes pas sans aide, parce aue ce « sens » du Christ,

Dieu nous le donne. Nous l’avons par la grâce et par la prière, c’est comme un « cable conducteur

de courant », qui n’arrête pas de le transmettre sauf par notre faute, de manière que nous devons le

suivre fidèlement tous les jours.

« Frères, ne soyez pas des enfants pour le jugement ; des petits enfants pour la malice, soit,

mais pour le jugement soyez des hommes faits. » 1 Co 14,20

« Innocents comme des colombes »

C’est en étant tout simplement comme des colombes, que nous pourrons arriver à être prudents dans

le Christ. « Simple » veut dire : « pas mélangé ». Ça suppose que la colombe n’a pas de bile, ce qui

symbolise l’intégrité et la fidélité. C’est pour cela que le Seigneur exige de ses disciples une absence

complète de duplicité. Dans les ambiances mondaines il y a tellement d’hypocrisie que Jésus nous

met en garde :

« Que votre langage soit : « Oui ? Oui », Non ? Non » : ce qu’on dit de plus vient du

Mauvais. » Mt 5,37

Ceci est toujours le sommet de l’habileté chrétienne : le Christ ne nous trompe pas. Nous

pourrons voir clairement selon que notre cœur sera aussi simple comme une colombe.

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Pour cela nous devons vivre en la présence divine. Ce n’est pas nous qui faisons que notre

cœur soit droit, sinon le tendre regard du Seigneur. Tout le but du Sermon sur la Montagne en

démontre, élevons-nous à ce niveau. Quand nous vivons ainsi facilement au-dessous de notre critère

comme au-dessous de celui de ceux de « la haute plateforme », le Christ nous enseigne à vivre à la

vue du Père : au lieu de nous préoccuper et d’être rétrospectifs, sans réserve nous devons nous

tourner vers Lui et à ses propres négoces. Seulement ainsi nous deviendrons simples et d’un seul

cœur.

Mais quand nous sommes au milieu des conflits de la vie, grands ou petits, ne soyons pas

ingénieux. Avec le Christ nous pourrons être matures. Au lieu de prendre les armes du Malin, nous

devrions maintenir ardemment les nôtres, celles du Christ, les armes de la pureté et de la vérité.

Quand des confrontations sont nécessaires, qu’elles soient face à face, ainsi notre effort ne sera pas

téméraire. Le Christ nous dit :

« Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! Moi, j’ai bel et bien vaincu le

monde » Jn 16,33

Autres instructions du Christ à ses membres

* Xxxxxxxxxxxxxxxxx

« discours persuasifs de la sagesse » 1 Co 2,4

xxxxxxxxxxxxxxxxx

« quand je vous ai envoyés sans bourse, ni besace, ni sandales, avez-vous manqué de quelque

chose ? » - « de rien » Lc 22,35

Avec la pauvreté, le missionnaire prouve son désintérêt.

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » Mt 10,8

« La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres …» Lc 7,22

Comment pourrait-il n’être pas pauvre lui-même ? Et comment ne partagerait-il pas la vie du

pauvre ? Envoyé comme témoin d’un Christ pauvre et crucifié, comment ne se laisserait-il pas

consumer par son message ?

* « Ne saluez personne en chemin » Lc 10,4 non parce que vous êtes indifférents, sinon pour ne pas

nous attarder en chemin. Nous ne nous reposerons pas jusqu’à ce que le feu ait pris partout. Et nous

sommes loin du but.

* Le missionnaire expérimentera aussi « faim et soif et vêtir avec haillons », être traité brusquement,

végéter d’une place à l’autre. « Il s’épuisera et se fatiguera travaillant de ses mains » et il pourra

dire :

« nous sommes devenus comme l’ordure du monde, jusqu’à présent l’universel rebut. »

1 Co 4,13

mais ainsi, il pourra continuer de croire en l’Amour. Ses uniques armes sont la vérité et l’amour.

* Les pauvres à qui il annonce l’Évangile seront ses frères. L’amour fraternel sera le signe par

lequel le monde reconnaîtra que le Christ est réellement l’Évangile de Dieu (Jn 17,23). La vanité,

l’anxiété de l’influence personnelle, la jalouse autorité doivent être chassées. Une seule chose

compte : que l’amour divin soit manifesté. C’est le Royaume qui importe et non l’influence

personnelle de quelqu’un…

* Enfin, la patience s’imposera, cette patience fondamentale décrite par les Saintes Écritures comme

le fruit de l’humilité, de l’espérance et de l’amour. Nous pouvons agoniser et parfois même nous

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enfoncer dans la tristesse. Le mal dans le monde est si grand et si lourd à porter, mais regardant le

Christ sur la Croix nous verrons que nous avons un petit peu en commun avec Lui et il pourra nous

prévenir :

« gardez courage ! Moi j’ai bel et bien vaincu le monde. » Jn 16,33

Conclusion

Résumant : tout le sens de l’effort de l’apôtre et toute l’énergie de sa vie se résument dans le don de

son être intégral à l’Église, ce qui viendra à constituer sa raison de vivre.

S’offrir de cette manière à Dieu c’est se confirmer dans la vérité et dans l’amour. Dans la pureté de

cet amour il se donne à Dieu non pour être consolé ou pour se sentir digne à ses yeux, sinon

seulement pour lui appartenir par pur amour. Ainsi même la vie la plus lourde vient à être sainte,

parce que transformée par ce grand et pur amour.

Dans son Épitre (2 Co 5,20) Saint Paul se décrit lui-même et décrit les missionnaires comme

« ambassadeurs du Christ, tout comme si Dieu exhortait par nous. » Tout apostolat exprime et

construit la charité, nous fait un avec le Christ, ou mieux, fait que le Christ vive en nous. Et cela est

notre but, laisser le Christ vivre en nous et briller en notre être, pour insignifiant qu’il soit.

Alors mettons toute notre intelligence, tout notre cœur et toutes nos ressources au service du

prochain, pour que quand notre déclinante énergie diminuera nos activités et quand la mort les

fauchera pour toujours, nous pourrons offrir notre totale impotence au Seigneur. Ce fut avec son

sacrifice au Calvaire que le Christ nous racheta. Parmi nous, comme pour Lui, la Passion est le

point culminant de l’activité.

XI

LIBRES DANS LE CHRIST

« Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libèrera » Jn 8,32

« Si la création fut assujettie à la vanité, - non qu’elle l’eût voulu, mais à cause de celui qui l’y a

soumise, - c’est avec l’espérance d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer

dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » Rm 8,20-21

« Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne se

tourne pas en prétexte pour la chair ; mais pour la charité mettez-vous au service les uns des autres »

Ga 5,13

Réf. : Jn 8,36 ; Rm 6,15 ; 7,6 ; 1 Co 7,22 ; 8,9 ; 9,1 ; 9,19 ; 10,23 ; 1P 2,15-16; Ga 5,1.

Avec pleine assurance nous avons décidé de nous consacrer au Seigneur Jésus. Nous sommes entrés

librement chez les Missionnaires des Saints Apôtres, et nous continuons toujours librement, attirés

par les fins de la Société et par son athmosphère familiale. C’est un fait évident que l’homme a le

privilège de choisir : la liberté est le fondement de la dignité humaine. L’homme choisit

continuellement. D’autre part, les animaux sont contrôlés par leurs instincts et cèdent attirés par

l’irresistible. Quand leurs instincts de peur et d’appétit entrent en conflit, le plus fort des deux

triomphe. L’homme, cependant, délibère et pèse le pour et le contre, ensuite il décide. Il est

influencé par les idéaux, les devoirs ou les carprices, mais dans tous les cas il a la croyance d’avoir

fait un choix.

Chaque homme est le produit de ses propres actions. À chaque moment nous sommes ce que

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le résultat de nos décisions passées a fait de nous. Que ce soit quelque chose que nous ayons fait

volontairement ou quelque pensée qui nous a plu, ou un désir auquel nous avons consenti, chaque

décision prise intelligemment est une ombre ou image de nous-mêmes, qui en même temps nous

modèle de quelque manière et à un certain degré, à sa propre image.

Nous pouvons nous libérer des influences externes, mais nos actions ou pensées volontaires

viennent à faire partie de l’âme qui les accepte. Le corps se fortifie ou s’affaiblit selon l’aliment

qu’il prend : la lumière solaire, l’air que nous respirons, tout devient notre corps. De la même

manière, l’âme se développe pour le bien ou pour le mal selon ses activités et l’aliment qu’elle

prend selon ses choix.

L’intelligence et la volonté sont l’âme. Chaque connaissance qu’elle n’emploie pas lui

résulte d’aucune valeur. Nous ne sommes pas savants si connaissant le chemin droit nous

choisissons le mauvais. La connaissance peut nous aider à choisir correctement, mais n’importe que

soit notre connaissance, nous sommes ce que nous avons choisi d’être. Nous commençons notre vie

avec certains talents ou inclinations, mais uniquement latents, qui restent inutiles jusqu’au moment

où nous décidons de les développer et de les appliquer.

Nous commençons la vie sans habitudes ni entraînement spécial, sans aucun choix de

connaissances ou de vertus. Après nous disposons seulement de quelques années sur la terre pour

nous convertir à ce que nous serons durant toute l’éternité. Si souvent nous choisissons avec

sagesse, nous développerons une âme forte, non pas par des actes de vertus héroïques, sinon

simplement par croissement graduel. Mais si, d’autre part, nous tombons plusieurs fois dans nos

inclinations mauvaises, quelque chose de désastreux résultera. Chacune de nos décisions

quotidiennes laisse dans l’âme une marque durable. Ceci est le plan divin : chaque moment donne

ses fruits, bons ou mauvais.

Nos mauvais choix sont dus à des principes erronés, à la peur exagérée de la souffrance, au

désir désordonné du plaisir, au manque de volonté. Nous ne jugeons pas ou ne décidons pas par

hasard. Et, très sûrement, nous ne serons pas mieux guidés dans nos décisions en suivant l’opinion

publique qui est toujours superficielle et changeante. La même chose résulte certain aussi de nos

impulsions et sentiments. L’unique guide que nous pouvons suivre avec une absolue certitude c’est

notre conscience : la raison aidée de la grâce.

Il serait correct d’affirmer que la liberté est le don divin pour lequel nous devrions être plus

reconnaissants parce qu’il fut très coûteux pour Dieu plus que n’importe quel autre : il fut acheté au

prix de la Passion et mort de son Fils unique. Pour cet amour profond pour nous et pour que nous

puissions le vivre en retour, Dieu veut que l’homme sache la signification de la vraie liberté.

Plusieurs personnes pensent que vraiment elles sont libres quand elles peuvent dire : « je fais

exactement ce que je veux, » ou, en d’autres mots : « je peux toujours faire ce que j’aime ; rien ne

m’empêche et personne ne peut m’obliger à faire ce que je ne veux pas faire. » Ce peut être ce genre

de liberté qu’un animal sauvage voudrait avoir, mais elle ne serait certainement pas la liberté

humaine, et moins, beaucoup moins celle d’un fils de Dieu.

Même si nous étions complètement paralysés et si nous ne pouvions pas abandonner le lit

pour le restant de notre vie, ou même si nous étions derrière les barreaux d’une prison, nous

pourrions encore continuer d’être libres si nous le voulions. La liberté humaine n’est pas une chose

physique, mais quelque chose au niveau le plus intime de l’esprit. À moins que nous soyons

totalement inconscients – et dans ce cas-là nous ne pourrions dire que nous sommes libres – rien ne

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pourrait nous enlever notre liberté, parce que rien ne peut emprisonner l’esprit de l’homme contre sa

volonté. Nous –mêmes seulement pouvons limiter notre liberté personnelle. Si nous voulons être

libres nous devons lutter contre nous-mêmes, nous devons gagner notre propre liberté.

Si nous étions suffisamment obstinés nous pourrions dire : « Ce n’est pas notre faute, c’est

seulement de la manière que nous sommes nés » ; « nous ne pouvons l’éviter » ; ou « nous savons

que nous sommes dans l’erreur, mais jamais nous le reconnaîtrons … » ; ou « nous gaspillons tout

notre temps en rêvant, mais que pouvons-nous faire pour l’éviter ? » mais pourquoi penser ainsi ?

Ou bien nous pourrions dire : « supposons que chacun pense ainsi », ou « nous ne voulons

pas le faire comme cela, mais en fin nous tombons », si nous parlons de cette façon, nous ne

sommes pas libres, sinon esclaves. Esclaves de nos inclinations, de notre position, des

circonstances, du monde. Nous ne sommes pas libres non plus nous le serons sinon quand la raison

contrôle nos sens, nos émotions et notre imagination.

La barque ne sera pas plus libre quand un seul cable l’attache au quai ; un ballon ne pourra

plus s’élever quand un fil l’assujétira à la terre.

Aussi nous ne sommes plus libres quand nous sommes attachés à quelque chose, à une

personne, même jusqu’à l’extrême de ne pas avoir le contrôle de nous-mêmes. Les choses ne

s’attachent pas à nous, sinon que nous nous attachons à aller, nous nous livrons à elles, nous faisant

ses esclaves.

Tant que nous aurons plus de sports, tant que nous aurons de grandes activités à remplir,

plus de vêtements pour nous vêtir, plus de disques à notre propriété, plus d’argent à gagner, plus

difficiles il nous sera de nous libérer et nous aurons trop de choses auxquelles à s’attacher.

Seulement quand nous nous serons dépris de tout cela, nous deviendrons libres en vérité.

Liberté, cependant ne veut pas dire indifférence. C’est complètement normal et naturel de

jouir de la vie dans le monde qui nous entoure, mais nous devons faire attention que ni les

jouissances ni les souffrances nous influencent beaucoup, au moment de choisir notre style de vie,

pour qu’ils ne nous éloignent pas du soutien de notre décision, aussi vite que nous l’avons prise.

Pourquoi de fortes jambes et un bon entraînement, si on ne saurait pas dans quelle direction

nous allons courir ? Que ferions-nous avec des bons matériaux de construction si on ne savait quelle

sorte de maison nous voulons ? Que nous servirait l’amour, si on ne connaissait quelqu’un pour le

démontrer ? Quel bien y aurait-il à nous placer au-dessus de l’hérédité, du subconscient, de

l’inconscient, des mauvaises habitudes, des complexes ? Quelle utilité nous offrirait l’auto-contrôle,

désir de servir, la liberté, si nous ne savions pas quoi faire avec cette liberté une fois acquise ?

Si nous n’étions pas libres pour quelque chose, réellement nous ne serions pas libres, parce

que nous nous trouverions préoccupés avec l’indécision, l’anxiété et l’instabilité. La liberté

authentique est notre aptitude pour choisir le bien et nous attacher fermement à notre élection, après

que nous avons détaché et que nous nous contrôlons nous-mêmes.

Si nous voulons être vraiment libres, nous devrons réaliser le grand Plan de Dieu pour le

monde qu’il créa, et son grand amour personnel pour nous. Et aussitôt que nous aurons contrôlé

physiquement, émotionnellement et spirituellement toutes nos énergies, les mettant généreusemenr

au service divin, nous devrons essayer de nous entrer complètement dans ce Plan, avec un amour

qui nous unira totalement à Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

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Si on suivait seulement nos instincts, nous exercerions qu’une liberté animale. Si on écoutait

nos émotions, notre imagination et notre volonté propre seulement, nous aurions la liberté d’un

pécheur. Mais si en tout nous faisions la volonté divine nous aurons trouvé la liberté des fils de

Dieu.

Le niveau de notre liberté dépendra de ce que nous ayons choisi pour continuer. La mesure

avec laquelle nous faisons la volonté du Père sera la mesure de notre propre liberté. Une complète

indépendance et la satisfaction de tous nos caprices et de nos inclinations personnelles, sont à peine

une caricature de la vraie liberté, qui peut rapidement se conquérir par l’obéissance. L’authentique

liberté s’obtient en obéissant à Dieu, sa volonté que nous connaîtrons par l’Église, par nos

supérieurs légitimes, par nos obligations quotidiennes et par les situations de notre vie de chaque

jour. La vraie obéissance suppose une réelle liberté, qui s’obtient par des actes d’obéissance répétée.

Si vraiment nous sommes libres dans le Christ, rien ne pourra nous retenir dans notre

marche vers Dieu, parce que nous serons en position de pouvoir transformer toutes nos difficultés,

légitimes ou autres, en moyens pour atteindre cette fin. Le Christ gagna notre liberté vraie, se faisant

obéissant jusqu’à la mort. Mourant avec Lui au péché, nous nous libérons de toutes les formes

d’esclavage et, avec Lui, nous ressusciterons à une vie nouvelle de complète liberté.

Cette liberté, divinement gagnée, nous la recevons dans le baptême, mais seulement en état

embryonnaire. Par le sacrement de pénitence, nous pouvons toujours retrouver notre liberté perdue.

Chaque fois que nous rompons les liens qui nous attachent aux choses terrestres, pour appartenir

plus complètement au Christ, nous arrivons à nous rendre plus authentiquement libres.

Nous serons complètement libres lorsque nous aurons adhéré totalement et sans réserve au

Christ, notre libération.

XII

FIDÈLES AU CHRIST JÉSUS

« Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom, mais celui qui aura tenu bon jusqu’au

bout, celui-là sera sauvé » Mt 10,22

« Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en

très peu est malhonnête aussi en beaucoup » Lc 16,10

Réf. : 1 Co 4,2 ; 1 Co 1,8 ; 1 Co 16,13 ; 2 Co 1,20 ; Mt 25,23 ; 2 Tm 2,13 ; 1 P 5,8 ; Hb 10,23.

Le Christ Jésus fut joyeusement fidèle à son Père et à nous, à chaque moment de sa vie,

jusqu’à la grande tragédie du Calvaire. Consacrés au Christ, el Lui et avec Lui, nous devrons vivre

nos vies complètement fidèles au moment présent, sans jamais permettre que la fatigue nous

domine.

Fidélité au moment présent

Il est surprenant de voir la quantité de gens que la majeure partie de leurs années vivent « au

fil » de la vie et arrivent au moment de la mort avec si peu pour montrer par leurs efforts. Pourquoi

ne pas vivre avec profusion nos vies ? Constamment nous planifions le futur : notre travail, nos

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études, l’apostolat, les retraites, l’assurance et autres. Toujours demain…

Mais pourquoi laisser pour demain la vie qui devrait être vécue aujourd’hui ? Un de ces

jours il n’y aura pas de demain et nous nous trouverons avec que nous n’avons pas vécu réellement

notre vie.

Ou probablement être emprisonnés dans le souvenir du passé, qui a l’énorme importance

pour nous, pour constituer en partie notre propre travail. Mais c’est le passé et déjà nous ne pouvons

rien faire pour le changer. Aussi nous aimerions vivre dans le futur parce que nous pourrions le

configurer à notre goût. Mais pas encore arrivé et nous sommes à l’employer mal. Le présent dure si

peu de temps et nous y mettons si peu d’attention, étant toujours seulement le présent qui compte,

car uniquement le présent est à notre disposition. De fait, la vie est tout simplement une perpétuelle

succession de moments présents.

Nous pensons que nous pouvons regarder vers un futur dans lequel il y aura du bonheur, de

la joie, de l’amour et la communion avec Dieu. Mais ceci est à peine un mirage. Nous oublions que

Dieu est à nos côtés, précisément où nous sommes en ce moment, que tout est entre ses mains et que

son invitation est pour ce moment même. Ne gaspillez pas notre vie en suivant l’ombre de Dieu,

quand il se trouve exactement à nos pieds.

La personne impatiente et agitée fuit constamment le passé, au temps qu’elle essaie

d’attraper le futur, mais toujours en vivant sa vie dans le présent. L’homme très occupé essaie de

vivre plusieurs moments en même temps, les détruisant tous à sa confusion. Si nous devons croire

triompher en vivant notre vie, laissons le passé entre les mains de Dieu et laissons-le s’occuper aussi

du futur. Dédions toute notre attention aux affaires du moment présent. A se lâcher un point de

notre vêtement il se forme un trou ; un point ça n’apparaît pas important, mais c’est indispensable

pour le tissage de la toile. Ne perdons jamais de vue le seul moment de notre vie, chacun est une

grande importance dans le tissage de la tunique de notre vie.

Le moment présent est fragile, traitons-le avec soin. Il nous offre un pas très étroit dans

lequel il n’y a pas de place pour la préoccupation. Il passe très vite et ainsi il ne nous fatigue pas. Il

est plein de possibilités, mais nous devons lui donner du sens et de la direction. Il est seul réel, et

seulement lui qui peut ouvrir l’espace à l’action. Ses possibilités sont illimitées parce qu’en lui nous

nous rencontrons avec le Dieu de l’amour. Ne nous chargeons pas avec le poids du passé et n’ayons

pas peur du futur, cela serait de la lâcheté. Mais avec pleine confiance, abandonnons-nous à Dieu

qui nous attend dans le moment présent. Cependant, si nous nous obstinons au présent pour nous y

installer, comme une pierre dans un impétueux torrent, la vie passera au-dessus de nous et il se peut

que nous perdions l’illumination et la force de la grâce divine.

Tout au long de l’histoire humaine, il y a seulement un point de contact entre l’homme et le

Seigneur de cette histoire : le moment présent. Dieu entre dans notre vie par la porte du moment

présent et à travers nous il entre dans le monde. Nous devons donc ouvrir la porte, ou bien lui

n’entrera pas. Chaque moment de notre vie est une autre Annonciation, mais nous ne pourrons pas

répondre à l’appel de Dieu sans l’attendre à l’intérieur. Et aussitôt que nous lui répondons, le Fils se

fera chair de nouveau, cette fois ce sera en nous.

Quand nous répondrons à son appel, qui se manifeste dans le travail qui avance, nous

permettrons au Père de continuer l’œuvre de la Création, en son Fils. Si nous répondons en donnant

intègre notre être, dans le contexte du moment présent, nous laissons le Fils continuer son œuvre

rédemptrice dans le monde.

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La plus importante et effective contribution que nous pouvons faire c’est celle que nous

dédions dans ce moment même, en abandonnant le passé et le futur à Dieu et nous nous mettons

entre ses mains. Si nous sommes fidèles à cela, nous vivrons une vie remplie et nous ferons un

succès de cette vie que le Seigneur nous a recommandée.

Ne jamais faiblir

Seulement ceux qui sont fidèles et persévèrent triomphent dans cette vie. Ce n’est pas

toujours facile d’être fidèles au Christ et à son Évangile. Le Seigneur Jésus a dû souffrir pour entrer

dans la gloire. Donc, peu importe ce qui passe, jamais, jamais, nous devons défaillir.

Tout va mal pour nous ; notre vie est une longue série de soucis ; rien ne paraît en valoir la

peine. Nous ne voulons pas essayer quelque chose de neuf : « Pourquoi ? Jamais nous pourrons

solutionner nos problèmes … » « Il n’y a plus d’espoir… » La défaillance nous paralysa et nous

refusons de continuer la route ; nous avons perdu le gouvernail et nous continuons de vivre sans

motivation, sans espérance.

Si nous avons défailli c’est parce que nous avons mis toute notre espérance en nous-mêmes,

dans nos propres efforts. Maintenant nous découvrons que seuls nous ne pouvons rien faire. Si nous

avions mis toute notre confiance en Dieu, nous pourrions continuer de sentir notre insuccès, mais

nous n’aurions pas défailli. Jamais nous ne devons oublier que le Seigneur est si amoureux, si fort

après nos insuccès, comme il était avant. Notre faiblesse prouve que nous avons mis trop de

confiance en nous et pas assez en Dieu.

N’essayons pas d’amoindrir nos insuccès ou nos péchés : « si seulement nous avions pu

éviter cela … » « Si on pouvait retourner en arrière, nous recommencerions de nouveau… » « Nous

ne comprenons pas pourquoi nous avons tant de problèmes… »

Si vraiment nous voulons vaincre le péché, nous devons admettre premièrement que nous

sommes pécheurs. N’essayons pas de le nier, parce que si nous le faisons, nous fermons la porte à la

vérité au sujet de nous-mêmes. Apprenons à accepter nos insuccès, nos difficultés, nos péchés

habituels et toutes ces occasions de pécher qui offrent de la difficulté à les éviter.

Jésus-Christ n’est pas venu pour que nous ne soyons pas tentés, ni pour éliminer la

possibilité de péché, sinon plutôt pour enlever les péchés du monde, pour les effacer. Même les

saints n’ont pas été exemptés de la lutte contre le mal, Saint Paul souligne cela :

« vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je

fais ce que je hais. Or si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais d’accord avec la Loi, qu’elle est

bonne ; en réalité ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi. Car je

sais que nul bien n’habite en moi, je veux dire dans ma chair ; en effet, vouloir le bien est à ma

portée, mais non pas l’accomplir : puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que

je ne veux pas. Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le

péché qui habite en moi. Je trouve donc une loi s’imposant à moi, quand je veux faire le bien : le

mal seul se présente à moi. Car je me complais dans la loi de Dieu du point de vue de l’homme

intérieur ; mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et

m’encha^ne à la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis ! Qui me

délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? » Rm 7,15-24

Aux yeux divins la vraie valeur d’un homme ne repose pas dans le fait que les tentations

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aient peu de force sur lui, ou dans la rareté de ses chutes, sinon, mieux et par-dessus tout, dans

l’entière confiance qu’il a en Dieu, dans son amour et dans sa détermination de se maintenir

recommençant une et autre fois, même avec ses insuccès répétés. En ayant des traces de défaillence

ou de tristesse dans notre attitude envers nous-mêmes et le monde, alors nous ne pourrons pas avoir

pleinement confiance dans la compassion et la miséricorde du Seigneur ; notre certitude de son

amour et de son pardon, devrait nous remplir de paix et de joie.

Quand l’enfant prodigue retourna à la maison, son père voulait une seule chose : oublier le

passé, et même il prépara un festin pour que tous puissent se réjouir avec lui.

« Il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-

neuf justes qui n’ont pas besoin de se repentir… »

Le Christ déteste le péché, mais il montre une généreuse pitié, presque extravagante, pour le

pécheur. Si nous avons péché, le Seigneur vient à nous pour nous montrer son amour et il nous offre

sa miséricorde rédemptrice. Ceci est le mystère de l’incompréhensible amour divin pour les

hommes. Tout, même le péché, sert pour travailler au bien de ceux que Dieu aime. Chaque faute est

un signe, une invitation pour que nous nous offrions de nouveau à notre sauveur.

Nous connaissons notre propre faiblesse, et, de fait, nous la connaissons très bien. Même

nous nous rendons compte que nous sommes à la merci de chaque nouvelle tentation. Notre

égoïsme, le culte du « je » semble se prononcer plus, au lieu de diminuer. Nous sommes plus

conscients que jamais de notre incapacité d’aimer vraiment.

Ne permettons pas de défaillir, réjouissons-nous plutôt parce que le Seigneur est venu sauver

non les justes mais les pécheurs. Si Il nous les remet, non seulement Il nous pardonne mais Il nous

conduit au salut.

Mais comment pourrons-nous demander pardon, si premièrement nous n’admettons pas

qu’il y a péché dans notre vie ? Comment pourrions-nous venir au Christ lui demandant qu’Il nous

amène la Lui et nous « sauve », si auparavant nous n’expérimentons pas la nécessité de ce salut ?

Nous ne trouverons pas la paix intérieure en nous rendant de plus en plus certains de nous-

mêmes, mettant toute notre confiance dans nos propres forces. Ce qu’on trouverait ainsi serait pure

illusion et montrerait seulement que nous n’avons pas besoin du Christ. Et si cela arrivait, nous nous

retrouverions terriblement seuls, et, sans le Christ, terriblement vulnérables.

« Je ne suis pas venu sauver les justes, mais les pécheurs… »

« Je suis venu sauver ce qui était perdu… »

« Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais ceux qui sont malades… »

« Courage, reprenez cœur, vous tous, ceux qui espèrent Yahvé ! » Ps 31,25

CONCLUSION : AVEC MARIE LA MÈRE DE L’ÉGLISE

La Vierge Marie n’est pas suffisamment « moderne » aux yeux de nos contemporains, mais

même à cela le monde d’aujourd’hui en a réellement besoin pour se souvenir des valeurs qu’il a

oubliées. Plusieurs se rient maintenant à l’idée de la virginité, même jusqu’à démontrer du mépris.

Pour nous, Marie est le parfait modèle de la fécondité spirituelle que produit la virginité. En vertu

du Saint Esprit Marie est devenue la Mère de Dieu et de tous les humains dans le Christ. Si nous

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nous épousons avec le Saint Esprit, nous deviendrons fontaines de vie et d’amour d’une forme

inconnue de l’homme moderne, cet homme savant de ce monde, qui met toute sa confiance dans la

science et dans la technologie. Par son « oui » à la volonté divine, son « oui » qui dura toute sa vie,

Marie se donna au Christ, et ce don transforma le monde. Dans notre époque dominée par

l’électronique, l’automatisation et les vols sur la lune, Marie nous rappelle l’efficacité infine du don

de la personne même, de l’absolu, silencieux et généreux service.

Le « fiat » de Marie est un « oui » inconditionnel, non seulement pour l’Incarnation, mais

aussi pour la Rédemption. Parce qu’elle a vécu uniquement pour la venue du Règne et parce qu’elle

fut immaculée au moment même de sa conception, jamais il n’y eut en Marie le moindre obstacle

pour l’Incarnation ou pour la Rédemption. Au milieu même d’une humanité en marche vers la vie

éternelle en J.-C., se trouve la vierge Marie, symbole de cette humanité rachetée.

Les paroles amoureuses quand l’amour authentique est absent, sont des paroles vides. Le

Saint Rosaire pourrait nous paraître une prière monotone et inefficace dans notre monde, si riche en

gestes et expressions pittoresques, mais, somme toute, il est une prière d’amour. En méditant les

mystères de la vie, passion et mort de son Fils, nous offrons à la vierge Marie les mêmes présents et

nous lui demandons les mêmes faveurs que par son intermédiaire nous recevons le Christ Jésus.

Nos contemporains son très erronés. Marie est la plus moderne de toutes les femmes et la

plus bénie de toutes dans tous les temps. Elle est à la tête d’une longue ligne de figures vétéro-

testamentaires qui anxieusement cherchèrent le Dieu que l’homme chassa avec son péché.

Marie, la plus aimable fleur de l’humanité, donna entièrement son cœur à l’amour divin,

avec la même liberté avec laquelle son « fiat » fut le joint de l’union entre le ciel et la terre. En elle

se sont réunis par un lien inséparable le divin et l’humain, le fini et l’infini, Dieu et l’homme. Elle

appartient au nouvel ordre de la création, se faisant pour nous en un symbole de l’homme nouveau.

Marie se lève maintenant, en silence, au sommet culminant de l’histoire humaine et est le

principal témoin du transcendantal destin de l’homme. Son Assomption, en son corps et âme, au

ciel, est source d’espérance pour nous. En elle nous voyons l’abrégé de toute la création ressuscitée

d’entre les morts. Elle attend notre arrivée et elle intercède non seulement pour nous mais aussi pour

tous ses fils et pour le monde dans lequel nous vivons.

Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est aussi le Fils de Marie et un de nous. Grâce à elle, il nous

appartient complètement et ce fut par Marie qu’il est devenu l’un de nous. Marie est la Mère de

Dieu, et est aussi la nôtre. Nous avons la même mère que Dieu. Par Marie, le Christ éleva le cœur

d’une mère jusqu’à la Trinité et l’amour de Dieu.

Cherchons dans les pages évangéliques l’humble Mère de Jésus. Aimons cette fidèle mère,

la Mère des Douleurs. Prions-la. Cherchons aussi la glorieuse Vierge, la Mère de l’Église, le Corps

du Christ, la Mère d’une nouvelle vie pour chacun de nous.

Marie continue de faire son travail dans le monde ensemble avec Jésus, qui continue

l’achèvement de son Incarnation et de sa Rédemption à travers l’histoire. Aimante épouse du Saint

Esprit, par son « fiat » elle se fait la porte d’entrée de la plénitude de la grâce.

Il n’est pas possible une vie nouvelle sans une mère de cette vie incarnée par laquelle nous

avons été enfantés de nouveau.

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Quand nous ferons partie de la lutte pour la paix mondiale et pour la justice sociale, Marie

sera avec nous parce qu’elle se trouve toujours où l’œuvre de son Fils avavance.

Tandis que nous souffrons pour la pauvreté et la misère dans laquelle nos frères ont à vivre,

comme nous souffrons pour ses tentations et tribulations ; tandis que nous essayons de les aider à

sortir de leurs difficultés, à faire le mieux pour attirer de saints prêtres pour l’Église ; à prêcher la

Sainte Parole Divine et à travailler pour implanter des communautés paroissiales, Marie sera avec

nous. Où se trouve la Croix, où il y a des œuvres apostoliques, là sera aussi Marie, disposée à

s’offrir pour que l’œuvre de la Rédemption puisse se réaliser.

Marie devra nous accompagner dans tous les moments de notre activité apostolique ; le

contraire (en cas contraire), seraient infructueux nos efforts pour porter le Christ à tout le monde.

Comment pouvons-nous manquer d’apprécier le rôle de la Vierge Marie dans notre vie ?

Elle a une place extrêmement importante dans le Plan du Salut du monde. Nous n’apprécions pas

son authentique valeur, parce qu’elle fut et sera toujours une mère discrète et silencieuse. Chaque

jour et chaque moment de notre vie, tournons-nous vers elle parce que nous sommes ses fils.

« Dieu te salue, Marie, pleine de grâce… »