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Indications et applications de la neuroradiologie interventionnelle de la r&ion cervico-encbphalique Nader Sourour, Alessandra Biondi, Alfred0 Casasco, Elio Vivas, Stefano Vallone, Claude Marsault Les actes interventionnels endovasculaires au niveau intracerkbral ont permis un traitement plus complet de certaines lesions, qui ont ete prises en charge conjointement avec les neurochirurgiens, les neuroradiologues interventionnistes et les radiotherapeutes. Par ailleurs, la neuroradiologie interventionnelle presente l’avantage de traiter les patients sans manipulation du cerveau, surtout dans les zones fonctionnelles a haut risque, et sans ouverture de la boite crfnienne, permettant ainsi une duke d’hospitalisation souvent moindre que pour la chirurgie conventionnelle. Groupe hospitalier Piti&Salp&iBre, 47-83, bd. de I’HBpital, 75651 Paris cedex 13, France. 0 n definit par radiologie d’in- tervention des actes invasifs a vi&e diagnostique ou the- rapeutique, realises a l’aide d’une aiguille ou d’un catheter sous con- trole d’imagerie de type radiologi- que. Son domaine commence done avec la ponction biopsique pour aller jus- qu’au traitement des lesions intra- cerebrales ou medullaires qui cons- tituent le domaine de la neuroradio- logic interventionnelle. Ainsi est nee la radiologie d’inter- vention, a mi-chemin entre la radio- logie et la chirurgie, participant de l’une et de l’autre, mais ayant sa specificite propre. La neuroradiologie intervention- nelle represente environ le tiers de la radiologie d’intervention dans son ensemble : 100 actes surplus de 300. On peut les repartir en deux grandes categories : les actes inter- ventionnels vasculaires et les actes interventionnels non vasculaires. Les actes interventionnels vasculai- res comprennent eux-m@mes trois types de procedure : l’embolisation, la revascularisation, les perfusions locales (chimiotherapies intraarte- rielles). Les actes extravasculaires sont eux-memes repartis en trois grandes categories : la stereotaxie, les actes percutanes rachidiens, la douleur. Ainsi, la neuroradiologie interven- tionnelle presente un certain nom- bre de particularites : si les actes therapeutiques sont pratiques au sein meme du plateau d’imagerie, elle n’utilise cette imagerie que pour se guider, son but n’etant plus ANNALES DE L’INSTITIJT PASTEUR / actualit& (1998) 9,1,49-65 0 Elsevier, Paris de faire des images mais des traite- ments. Le neuroradiologue interventionnel accompagne done son patient de- puis la consultation, lors de l’hospi- talisation et enfin a la sortie du pa- tient qu’il prend en charge. 11 s’agit done d’un homme qui doit pouvoir N jongler )) avec toutes les techni- ques d’imagerie, qui va pratiquer un acte de type chirurgical et qui est pleinement responsable de son pa- tient, comme un clinicien. Bien stir, une telle activite ne peut se conce- voir qu’integree dans un groupe pluridisciplinaire. 1. Historique La neuroradiologie intervention- nelle est nee avec les techniques d’embolisation : c’est a Rene Djindjian, en France, dans les an- nees 1968-1970, que l’on doit l’in- troduction de la dimension thera- peutique dans la neuroradiologie. Au debut du siecle, en 1904, Daw- born est 2 l‘origine des premiers agents d’occlusion vasculaire : ef- fectivement, il realisa la premiere embolisation a I’aide de paraffine et de gelee de petrole d’une tumeur maligne, apres exposition chirurgi- tale de la carotide externe. C’est dans les annees 1970 que vont emerger les techniques modernes par ballonnets largables (Serbinen- ko, Debrun) et les premiers micro- catheters souples, ayant la capacite de naviguer dans les art&es c&e- brales (Kerber). Emergence du traitement des anevrysmes (expe- rience de Kiev : Romodanoff, Sche- glow) debute dans les an&es 1980. 49

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Page 1: Indications et applications de la neuroradiologie interventionnelle de la région cervico-encéphalique

Indications et applications de la neuroradiologie interventionnelle de la r&ion cervico-encbphalique

Nader Sourour, Alessandra Biondi, Alfred0 Casasco, Elio Vivas, Stefano Vallone, Claude Marsault

Les actes interventionnels endovasculaires au niveau intracerkbral ont permis un traitement plus complet de certaines lesions, qui ont ete prises en charge conjointement avec les neurochirurgiens, les neuroradiologues interventionnistes et les radiotherapeutes. Par ailleurs, la neuroradiologie interventionnelle presente l’avantage de traiter les patients sans manipulation du cerveau, surtout dans les zones fonctionnelles a haut risque, et sans ouverture de la boite crfnienne, permettant ainsi une duke d’hospitalisation souvent moindre que pour la chirurgie conventionnelle.

Groupe hospitalier Piti&Salp&iBre, 47-83, bd. de I’HBpital, 75651 Paris cedex 13, France.

0 n definit par radiologie d’in- tervention des actes invasifs a vi&e diagnostique ou the-

rapeutique, realises a l’aide d’une aiguille ou d’un catheter sous con- trole d’imagerie de type radiologi- que. Son domaine commence done avec la ponction biopsique pour aller jus- qu’au traitement des lesions intra- cerebrales ou medullaires qui cons- tituent le domaine de la neuroradio- logic interventionnelle. Ainsi est nee la radiologie d’inter- vention, a mi-chemin entre la radio- logie et la chirurgie, participant de l’une et de l’autre, mais ayant sa specificite propre. La neuroradiologie intervention- nelle represente environ le tiers de la radiologie d’intervention dans son ensemble : 100 actes surplus de 300. On peut les repartir en deux grandes categories : les actes inter- ventionnels vasculaires et les actes interventionnels non vasculaires. Les actes interventionnels vasculai- res comprennent eux-m@mes trois types de procedure : l’embolisation, la revascularisation, les perfusions locales (chimiotherapies intraarte- rielles). Les actes extravasculaires sont eux-memes repartis en trois grandes categories : la stereotaxie, les actes percutanes rachidiens, la douleur. Ainsi, la neuroradiologie interven- tionnelle presente un certain nom- bre de particularites : si les actes therapeutiques sont pratiques au sein meme du plateau d’imagerie, elle n’utilise cette imagerie que pour se guider, son but n’etant plus

ANNALES DE L’INSTITIJT PASTEUR / actualit& (1998) 9,1,49-65 0 Elsevier, Paris

de faire des images mais des traite- ments. Le neuroradiologue interventionnel accompagne done son patient de- puis la consultation, lors de l’hospi- talisation et enfin a la sortie du pa- tient qu’il prend en charge. 11 s’agit done d’un homme qui doit pouvoir N jongler )) avec toutes les techni- ques d’imagerie, qui va pratiquer un acte de type chirurgical et qui est pleinement responsable de son pa- tient, comme un clinicien. Bien stir, une telle activite ne peut se conce- voir qu’integree dans un groupe pluridisciplinaire.

1. Historique

La neuroradiologie intervention- nelle est nee avec les techniques d’embolisation : c’est a Rene Djindjian, en France, dans les an- nees 1968-1970, que l’on doit l’in- troduction de la dimension thera- peutique dans la neuroradiologie. Au debut du siecle, en 1904, Daw- born est 2 l‘origine des premiers agents d’occlusion vasculaire : ef- fectivement, il realisa la premiere embolisation a I’aide de paraffine et de gelee de petrole d’une tumeur maligne, apres exposition chirurgi- tale de la carotide externe. C’est dans les annees 1970 que vont emerger les techniques modernes par ballonnets largables (Serbinen- ko, Debrun) et les premiers micro- catheters souples, ayant la capacite de naviguer dans les art&es c&e- brales (Kerber). Emergence du traitement des anevrysmes (expe- rience de Kiev : Romodanoff, Sche- glow) debute dans les an&es 1980.

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Page 2: Indications et applications de la neuroradiologie interventionnelle de la région cervico-encéphalique

2. Mattkiel et techniques n 2.2. Agents d’occlusion vasculaire

n 2.1. CathCter et guide

11 existe deux facons de naviguer : avec le flux ou avec un guide. La navigation avec le flux utilise des micro-catheters ultrasouples qui avancent avec le courant sanguin. Arrive a une bifurcation, le catheter se dirige preferentiellement dans la branche oti le flux predomine mais il est egalement possible, en faisant une courbe adaptee a l’extremite distale, de diriger le catheter dans la branche ou il y a le moins de flux. Ces catheters sont des tubes en ma- tiere plastique dont le materiau de fabrication, leurs revetements et leurs dimensions conditionnent leurs proprietes mecaniques, biolo- giques et physiques. Ces dernieres annees ont 6th t& moins d’une importante evolution au niveau des materiaux, surtout des micro-catheters a souplesse progressive, permettant d’atteindre des nidus malformatifs situ& a une grande distance des vaisseaux por- teurs, facilitant ainsi un traitement hyperselectif, et done plus efficace et moins dangereux, chose qui etait plus hasardeuse il y a quelques an- &es.

Les agents d’occlusion vasculaire utilises en angiographie therapeuti- que repondent tous a la definition des implants telle qu’elle a ete don- nee lors de la conference de consen- sus de Liverpool de 1987 sur les biomateriaux : un implant est un materiel medical fait d’un ou plu- sieurs biomateriaux, qui est place intentionnellement dans le corps, totalement ou partiellement enfoui sous une surface epitheliale ; un biomateriau &ant un materiau non vivant utilise dans un materiel me- dical pour interagir avec des syste- mes biologiques 1481. Les agents d’occlusion vasculaire utilises dans le traitement des an- giomes cerebraux et medullaire se kpartissent selon une classification d&rite ci-dessous.

2.2.1. Les agents fluides : colle cyano-acrylique, suspension visqueuse et gef hydrophile

La deuxieme facon de naviguer est la navigation avec un guide qui est R flux-indkpendant )). Avec un mi- cro-catheter, on va orienter la sonde vers le vaisseau a catheteriser, avan- cer le guide puis la sonde sur le guide. Tout le travail du choix du vaisseau a catheteriser se fait avec le guide sur lequel on va pousser le micro- cath&er.

Le plus important et de loin le plus utilise de tous ces agents est la colle cyano-acrylique qui a ete utilisee la premiere fois en 1975 par Dotter 1121. Actuellement, le N-butyl cya- no-acrylate est utilise : il s’agit d’un monomere liquide dont la polyme- risation anionique est exothermi- que car elle degage une importante chaleur. Celle-ci est instantanee et, pour la ralentir, plusieurs solutions ont et@ proposkes : pratiquement, l’incorporation de fluides comme les produits de contraste huileux (Lipiodol) est utilisee. Ce dernier n’intervient pas directement dans la polymerisation de la colle mais di- minue la structuration tridimen- sionnelle 1401.

11 est evident que ce deuxieme prin- cipe de navigation repose sur des micro-catheters de plus gros diame- tre, devant s’accommoder de la pre- sence dun guide en coaxial. Cependant, d’importants progres ont et& realises quant h la realisation de nouveaux guides d’une extri?me finesse equivalents au diametre d’un cheveu (0,018 mm). Ceux-ci presentent egalement une excel- lente radio-opacite.

Ainsi, le melange le plus couram- ment utilise est un melange de colle et de Lipiodol ultrafluide a 50-50 % respectivement. D’autres propor- tions peuvent Ptre employees en vue d’un retard de polymerisation plus important (66 a 33 %) ou en vue d’une prise plus rapide de la colle (33 a 66 c/o). Ces melanges peuvent etre inject& de deux man&es, soit en flux blo- que ou controle, permettant le rem- plissage - moulage sous pression

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des lumieres vasculaires, soit en flux Iibre en catheterisme hyperse- lectif avec des petites quantites, en injection repetees aboutissant a un criblage des shunts. La polymerisation aboutit a un pro- duit final dur, qui occlut la lumiere vasculaire en la moulant plus ou moins. Microscopiquement, l’occlusion de la lumiere vasculaire par la colle seule est incomplete autour de 80 % environ [45,471. En effet, la surface vasculaire directement en contact avec la colle est seulement de 15 % environ 113,501. Les effets tissulaires des colles cya- no-acryliques ont ete bien etudies [1,13,25,43,451 : n&rose intimale ; deme perivasculaire dti a la toxicite et a la reaction exothermique ; reac- tion aux corps &rangers avec une reaction inflammatoire a macropha- ges evoluant vers la fibrose. Cliniquement, les effets toxiques des colles se traduisent par des ce- phalees, des crises focales ou gene- ralisees, ou un deficit moteur ou sensitif. Un protocole mkdicamenteux asso- ciant en corticoi’des et anticomitiaux est justifie apres une embolisation.

2.2.2. Les particules

11 s’agit des particules non calibrees (dure-mere, gelatine) ou calibrees (micro-sphere de silicone, micro- sphere en divers polymeres acryli- ques, P.VA.1. Le P.V.A. et les micro-spheres sont, a l’heure actuelle, les particules les plus utilisees au niveau de la neuro- radiologie interventionnelle.

2.2.2.1. Le P. V.A Sa premiere utilisation d’embolisa- tion remonte a 1973 1431. Le produit est le polyvinyl alcool, qui est un polymere capable d’absorber de l’eau en augmentant son volume de 10 a 20 %. Les particules sont obtenues par fragmentation mecanique. Elles sont commercialisees sous forme de particules seches. Le l?V.A. produit une occlusion vas- culaire qui est d’abord mkcanique par son volume puis biologique par la stase [5,28,431.

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Les particules de I?V.A. ont des con- tours irreguliers et une texture al- veolee. La degradation du materiau est lente 1371 et aboutit a une repermea- tion avec incorporation du mate- riau dans un coussinet fibreux au niveau de la paroi vasculaire et la recanalisation du thrombus d’ac- compagnement 128,431.

2.2.2.2. Les micro-sph8re.s calibrkes ou embo.sph6re.s Ce sont des micro-spheres hydro- philes non resorbables en polymere acrylique impregnees de gelatine et de differents calibres, r&parties de 100 a 1200 microns de diametre par tranches de 200. Ce sont des parti- cules souples qui supportent une compression de 20 a 30 5% (facon transitoire) permettant leur passage dans les micro-catheters. Elles ne sont pas radio-opaques, d’oti l’im- portance de les diluer dans du pro- duit de contraste.

2.2.3. Les implants expansibfes

11 s’agit des mini-spires (coil inclut les Guglielmi Detachable Coils) et des mini-ballons (en latex ou en si- licone).

2.2.3.7. Les ballonnefs Le traitement endovasculaire des anevrysmes a debut6 avec la mise au point de la technique du ballon- net largable. Le materiel comprend un ballonnet soit en latex, soit en silicone, fix6 sur un micro-catheter a souplesse progressive a double voie qui permet l’echange a l’inte- rieur du catheter du produit de con- traste pour un melange polymeri- sant, evitant ainsi les problemes de degonflage secondaire. L’etancheite du ballonnet est assu- ree par une valve elastique. Cette technique presente de nombreuses difficult& pour atteindre l’ane- vrysme ainsi que pour trouver la forme et la taille du ballonnet adaptable a l’anevrysme en ques- tion. Elle n’est pas utilisee actuelle- ment pour l’occlusion selective des anevrysmes mais prend de l’interet pour l’occlusion des axes porteurs de gros anevrysme ne pouvant pas etre trait6 selectivement (an& vrysme carotido-caverneux). Dans

ces cas, un test de tolerance est rea- lise, le patient &ant place sous neu- roleptanalgesie et sous hypotension mod&e. Pendant ce temps, des controles electro-encephalographi- ques et angiographiques ainsi que cliniques, permettent d’affirmer la tolerance. En angiographie, l’opaci- fication des deux territoires caroti- diens doit etre parfaitement syme- trique sur les temps arteriel et vei- neux, sans d&passer un retard superieur de 2 secondes du cot6 oc- clus par rapport au cot6 oppose ; aucun signe d’intolerance clinique ne doit etre present. Une autre utilisation des ballonnets non largables se fait durant la tech- nique de remodeling ou la techni- que de c( Moret )), utilisee lors de la realisation d’embolisation selective des anevrysmes a large collet par des GDC.

2.2.3.2. Les coils ou spires m&alliques Actuellement, il existe deux types de spires : mecaniques (MDS (< Balt >F, IDC Boston) ou electriques (GDC ou Guglielmi Detachable Co& Target, Boston Scientifique). Ces deux systemes comprennent une spire solidaire du guide, lar- g&s mecaniquement ou electrique- ment. Le GDC est constitue d’une spire en platine soude a un guide en acier. La partie en platine est deta- thee a l’interieur de l’anevrysme, elle est radio-opaque. Le detache- ment de la portion distale est induit par un courant electrolytique, per- mettant ainsi un detachement con- troll de la spire. Les GDC adoptent la forme de l’anevrysme saris causer de distorsion significative au ni- veau de la paroi fragile de cet ane- vrysme. Quatre facteurs physiques caracterisent la portion en platine des GDC : la memoire circulaire qui permet au GDC de rester dans le sac anevrysmal. Celle-ci varie de 2 a 20 mm. Le diametre de la spire est en general de 10 ou 18 inches, ce qui lui permet de passer au travers d’un micro-catheter selon le diametre utilise respectivement. La portion en platine peut avoir cinq diametres differents. La longueur du GDC va- rie de 2 a 20 cm.

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Toutes ces caracteristiques donnent une gamme variable en diametre, en longueur et en nombre de spires, permettant ainsi d’adapter des spi- res a chaque forme et taille d’ane- vrysme, le choix etant reserve a l’operateur. En principe, le premier GDC utilise devrait @tre le plus large possible pour former un cf panier )) intraane- vrysmal, ensuite des GDC plus pe- tits seront deposes au centre de ce panier. Un courant electrique serait alors applique a la portion proxi- male du guide en acier, detachant par electrolyse la portion en platine. La spire en platine forme alors un filet qui retient le thrombus a l’inte- rieur de l’anevrysme. D’autres spi- res seront alors mises pour former un compactage dense du sac ane- vrysmall181.

3. Prbparation du patient et conditions de rkalisation

W 3.1. PrCmCdication

Une premeditation anxiolytique est effect&e a titre systematique avant toute intervention. Une preparation antiallergique est egalement indis- pensable chez les patients presen- tant des antecedents allergiques, d’ou l’interet d’un interrogatoire soigneux.

n 3.2. AnesthCsie

Un monitoring specialise et une anesthesie contribuent a la securite du geste et au confort du patient. L’anesthesie est concue de man&e a permettre la surveillance neurolo- gique dun patient qui doit rester immobile plusieurs heures. La secu- rite du catheterisme est assuree par la prevention ou le traitement des complications thromboemboliques, du spasme et des complications in- fectieuses. La surveillance neurolo- gique necessite une parfaite coope- ration neuroradiologue-anesthe- siste. La surveillance hemo- dynamique se fait a l’aide dun ten- siometre automatique et d’un elec- trocardioscope. La ventilation spon- tan&e est surveillee a l’aide un oxymetre de pouls. L’anesthesie

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peut Ctre une neuroleptanalgksie ou une anesthitsie g&kale.

n 3.3. PrCvention des accidents emboliques

Un ringage permanent des espaces morts entre la sonde porteuse et les micro-cathkters avec une perfusion de &rum physiologique sous pres- sion est rkalisk Un traitement anti- coagulant associk est rkalisk lors des procedures interventionnelles. En g&&al, un bolus de 2000 unit& d’heparine est reali& au dgbut de la procbdure, suivi par de l’hkparine en IV h la seringue electrique tout le long de la prockdure, en gardant un TCA 2 environ 3 fois le tkmoin. Un contrble de TCA avant la fin de la prockdure permet d’evaluer la dose de sulfate de protamine nkcessaire h l’hkmostase lors du retrait du ma- tkriel. En cas d’accident hemorragique ou de rupture ankvrysmale, l’hkparine est immkdiatement r&ersee. Des antiagregants plaquettaires (acide acetylsalicylique) compk- tent l’action de l’heparine dans cer- taines circonstances a hauts risques emboliques : test de clampage, em- bolisation klective d’ankvrysme, hyperagregabilit6 globulaire pro- voquke par les produits de con- traste [33,341.

4. Application pratique de la neuroradiologie interventionnelle

n 4.1. HCmostase en urgence

4.7.7. Les @istaxis C’est la circonstance la plus frk- quente. 11 s’agit d’epistaxis graves d’emblke ou persistantes 2 la levee du mkhage. L’origine peut Gtre idiopathique [8] ou en relation avec une hypertension artkielle, d’origine tumorale, en rapport avec des trou-

bles de l’hemostase, en rapport avec une malformation vasculaire ou avec une maladie de Rendu-Osler, enfin, d’origine traumatique. L’arteriographie est toujours bilatk- rale, opacifiant les carotides inter- nes et externes, etudiant plus spkci- fiquement Ies apports artkriels des

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fosses nasales : les art&-es ethmoi- dales antkrieures et postkieures, branches de l’artke ophtalmique, 1’artPre sphenopalatine et l’artilre labiale supkrieure, branches de l’ar- t&e faciale. Rarement, une suffu- sion hemorragique est visible, ce- pendant dans la majorit des cas l’artgriographie est nkgative et sera tout de m@me pratiqube une embo- lisation, avec un matkiel d’hkmo- stase au niveau de l’artke maxillaire inteme de faGon bilatk- rale. Le matkriel utilise est souvent le I?V.A. 127,301. La maladie de Rendu-Osler consti- tue une malformation particulikre rare, familiale autosomique domi- nante, faite de telangiectasies cuta- r&e et muqueuse particukement ORL et digestive. L’kpistaxis est la manifestation hkmorragique la plus frequente, qui est grave et ma1 con- trWe. L’artke maxillaire inteme, les affkrences faciales bilatkrales sont concemees et leur embolisations&c- tive est souvent efficace 1261. En cas d’kchec, une infiltration sous-muqueuse de produit sclkro- sant peut Gtre envisagke.

4.1.2. Hbmorragie traumatique

Elle peut &tre en rapport avec une rupture vasculaire ou une contu- sion tissulaire hbmorragique. Uar- tkriographie peut mettre en &vi- dence une fistule arMrio-veineuse, un faux anbvrysme ou une flaque de produit de contraste. L’embolisation utilisera un matQie1 d’hkmostase (Sponge11 ou dans les cas de I&ions de la carotide inteme au niveau du cou, un stent recouvert pourrait Gtre utilisf?. Si la l&ion est au niveau de la base du crbne, l’intermp- tion de la carotide pourrait etre effec- t&e apr& test de clampage [20].

m 4.2. Tumeurs vasculaires

Elles sont g&Gralement rkaliskes soit B vi&e prkop&atoire, afin de kduire l’hypervascularisation, fa- cilitant l’exkrilse chirurgicale avec une importante rkduction de l‘h& morragie et done du besoin transfu- sionnel, soit & vi&e palliative et hk- mostatique, dans le cas de saigne-

ment de tumeur vasculaire, tels les hemangiopkricytomes [3].

4.2.1. MPningiome

L’indication d’embolisation est po- ske lorsque le mkningiome est volu- mineux et richement vascularisk et lorsque les vaisseaux nourriciers ne sont pas accessibles et contr6lable en peropkratoire (meningiome de la base du dine). Seul l’apport mkninge par l’artere carotide externe est tem- goriG actuellement, en raison du rap- port risque/b&Gfice obtenu du fait d’emboliser des branches de l’ar@re carotide interne ou vertkbrale. L’embolisation est kaliske avec des particules supkrieures 2 150 mi- crons, afin d’kviter de franchir des anastomoses dangereuses non vi- sualiskes (art&e occipitale et sys- titme vertkbro-basilaire), pour &i- ter les paralysies des nerfs crgniens (branches mgningkes de 1’artPre pharyngienne ascendante) ainsi que pour kiter une n&rose tumo- rale avec d&me pkritumoral dfi 2 une embolisation trop parfaite 141. L’embolisation est effect&e en flux libre avec surveillance du reflux par scopie directe. L’acte opkratoire est rkalisk entre deux et sept jours aprPs l’embolisa- tion. L’utilisation de NBCA est d&on- seillGe (rapport risque/benefice in- adkquat).

4.23. Les tumeus giomiques (Egutiz 1) Ce sont des tumeurs t&s richement vasculariskes dont le point de d& part est lib & la rkpartition des corps glomiques : nerfs de Jacobson, pro- montoire de l’oreille moyenne, ad- ventice du dBme de la veine jugu- laire, nerfs d’Arnold, nerfs vagues et glomus carotidien. Ces tumeurs sont habituellement bknignes, mul- tiples, uni- ou bilatkrales et eve- luant lentement. Elles ont une prk- pondkance fkminine de 75 ‘?&, avec une moyenne d’gge de 40 ans. Le principe d’embolisation est iden- tique & celui des mkningiomes ; dans les tumeurs cervicales, deux topographies sont possibles : l’une au niveau de la Xe paire crdnienne, l’autre au niveau du glomus jugu- laire.

ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit6s (1998) 9,l

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a b

ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit& (1998) 9,l

figure 1. a. Tumeur du giomus jugufaire droit aliment4 par /‘art&e pharyngienne ascendante ef par une branche de /‘at-f&e occipitale droite. Ces branches ont Btk emboli&es avec des particules, mais il persiste un &idu provenant de branches de /‘art&e carotide interne. b. Une poncfion directe de la tumeur montre une parenchymographie avec un drainage veineux ci travers /es sinus pbtreux infbrieur, caverneux droit et le sinus coronaire, vers /es sinus cavemeux ef p4tfeux confro/af&aux. Un melange d’histoacryl-lipiodol a Btk inject6 direcfement dans la tumeur avec un ballon de protection, install6 dans la carofide inteme, en face des petites art&es carotido-tympaniques et carotido-caverneuses pour empkher un reflux dans celle-ci. c. Lkascularisation g 95 % de la fumeur.

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a

b

Figure 2. a. Patient de 70 ans. HBmorragie m&ingke. Antkysme du segment A l-A2 de /‘art&e c&&rale anthieure droite. Spasme art&e/ des segments A 1 et A2. b. Traitement endovaculaire sklectifparcoils GDC avec exclusion de I’a&vrysme et respect des branches porteuses. Une angioplastie chimique par Nimodipine a BtB r&a/is&e en d6but de prockdure pour en/ever le spasme.

Elles sont essentiellement vasculari- sees par les branches de la carotide externe et par des branches muscu- laires de l’artere vertebrale ou par l’artere cervicale ascendante. Les tumeurs glomiques du tempo- rale sont soit tympanique pure, soit tympano-jugulaire et sont revelees par divers signes otologiques, ou bien par atteinte des dernieres pai- res craniennes ou par une masse cervicale [31, 321. Lembolisation a pour but la devas- cularisation preoperatoire, ou est pratiquee, a titre palliatif, dans les cas de lesions inoperables.

4.2.3. Le fibrome nasopharyngien

Pest une tumeur benigne haute- ment vascularisee, rare, ayant un pouvoir invasif local marque, avec tendance a la recurrence. L’epistaxis et l’obstruction nasale sont les tableaux cliniques les plus frequents, associes a des deforma- tions faciales et a des signes ophtal- mologiques [ 141. Le scanner tridimensionnel avec in- jection de contraste, ainsi que l’ima- gerie par resonance magnetique, permettent le diagnostic et un bilan d/extension precis au niveau intra- et extracranien. Larteriographie permet d’indivi- dualiser trois groupes, suivant les apports arteriels : - vascularisation exclusive par les branches de l’artere carotide ex- terne ; - vascularisation mixte avec partici- pation minime de l’artere carotide interne ; - vascularisation mixte avec partici- pation importante des art&es caroti- des intemes due a l’extension intras- phendidale ou intracranienne. Dans les deux premiers groupes, une embolisation hyperselective des branches de l’artere carotide ex- terne est realisee au moyen de par- ticules de PVA jusqu’h disparition du blush tumoral sur les cliches tar- difs. Le troisieme groupe prksentant un apport important de l’artere caro- tide interne est plus difficile a resou- dre par voie endovasculaire et une nouvelle technique developpee par A. Casasco et J.J. Merland consiste

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en l’injection de NBCA par ponc- tion directe de la tumeur.

n 4.3. AnCwysmes (figures 2 et 3)

L’ankvrysme intracrsnien est une ectasie de la paroi artQielle qui peut $tre fusiforme ou sacciforme. Les etudes ~pid~miologiques et n& cropsiques rkentes montrent une in- cidence plus grande des an&rysmes non rompus par rapport aux an& vrysmes rompus, qui est estimke i environ une personne sur 10 000. Celle-ci est plus frequente chez la femme que chez l’homme (60 %, avec un pit entre 30 et 60 ans). Sur le plan pathologique ou ktiolo- gique, les ankvrysmes peuvent i?tre classes comme suit : - ankrysme d@nQatif ou con@- nital ; - an&vrysme infectieux ; - anevrysme post-traumatique ; - an&rysme disskquant ; - ankvrysme des artkriopathies oblitkantes (e.g. syndrome de Moya Moya 1291; - ankvrysme d’hyperdkbit associe aux malformations artkrioveineu- ses. Les circonstances de dkouverte des arkvrysmes peuvent @tre de quatre types : - la plus frkquente est la rupture an&rysmale avec hgmorragie sous-arachndidienne ; - en rapport avec un effet de masse pseudo-tumoral (ankvrysme de l’artPre communicante postkrieure et anevrysme gkant termino-basi- laire) ; - plus rarement, les accidents vas- culaires transitoires ou emboliques sont retrouvks avec de gros an& vrysmes partiellement thrombo- s&i ; - dkcouverte fortuite lors d’une an- gioscanographie ou d’une an- gioMR cQkbrale. Topographiquement, la rkpartition des ankvrysmes est la suivante : - akvrysme carotidien : 40 % ; - anevrysme de l’artke communi- cante antkrieure et des cQ&brales anterieures : 33 % (figwe 2) ; - ankvrysme des art&es ckrkbrales moyennes : 20 % ;

a

b

Figure 3. a. Anhysme de l’artkre vert.4brale gauche B I’origine de la PICA. b. Traitement avec succ& par voie endovasculaire et exclusion 2 100 % de l’an.&tysme avec respect de /a PICA. Quatre spires GDC ont Bt6 positionkes dans le sac anhysmal.

ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit& (1998) 9,l 55

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- anevrysme du systeme vertebro- basilaire : 7 % (figure 3).

4.3.1. Prbsentafion clinique des ane’vrysmes

Le but principal du traitement des anevrysmes rompus est d’eviter un resaignement fatal [16]. Le resai- gnement est d’environ 4 % dans les premieres 24 heures, 19 % dans les deux premieres semaines et 50 % dans les six mois qui suivent la pre- miere hemorragie. Le resaignement s’accompagne d’environ 50 % de mortalite. La condition neurologique du pa- tient apres une hemorragie sous- arachnoldienne est le facteur le plus important pour predire le pronostic final. Celui-ci est evalue selon l’echelle de la WFNS. Idealement l’anevrysme doit etre exclu apres l’hemorragie primitive, afin d’evi- ter un resaignement.

4.3.2. Traitement endovasculaire

Les criteres de choix d’un traite- ment endovasculaire sont multiples 1171. Du point de vue de la localisation, les anevrysmes vertebro-basilaires sont une bonne indication pour un traitement endovasculaire 1211, car leur abord chirurgical est assez de- licat. Les anevrysmes de la termi- naison du tronc basilaire ont ete parmi les premiers a @tre trait& par voie endovasculaire. Au niveau de la circulation ant& rieure, les anevrysmes carotido- ophtalmiques, ainsi que les ane- vrysmes de la communicante ante- rieure et de la communicante posterieure sont de bonnes indica- tions pour un traitement endovas- culaire. En revanche, les anevrys- mes de la bifurcation sylvienne re- l&vent plutot de la chirurgie, en raison d’un large collet anevrysmal tres frequemment retrouve. Du point de vue de I’ankwysme, la taille du collet de l’anevrysme, sa forme, le diametre du collet par rap- port h celui du sac anevrysmal, ainsi que le rapport du collet par rapport aux diametres des vaisseaux por- teurs, sont d’une grande impor- tance pour determiner l’exclusion complete [15,19,511.

56

L&e du patient, ainsi que son .&fat clinique selon l’echelle de la WFNS jouent Cgalement sur le pronostic, mais ne sont en aucun cas un obsta- cle a la faisabilite du geste. Pendant la periode de vasospasme, le traitement de l’anevrysme et du vasospasme par voie endovascu- laire est possible.

4.3.3. Technique

L’angioscanner cerebral permet de localiser l’anevrysme, de mesurer sa taille et de degager son collet dans l’incidence optimale pour la realisation du microcatheterisme. Une angiographie diagnostique des quatre axes est realisee pour retrou- ver l’anevrysme ayant saigne. Habi- tuellement, celui-ci est sit& du c6te oti il existe une plus grande concen- tration de sang au niveau des espaces sous-arachno’idiens, retrouvee sur les coupes scanographiques. Le patient est sous anesthesie gene- rale, intube. Une injection en bolus d/environ 2000 a 3000 unites d’he- parine est realisee en debut de pro- cedure, suivie d’une heparinisation en intra-veineuse par seringue elec- trique, tout le long de l’acte. L’angiographie est realisee par Sel- dinger femoral avec catheter guide de 6F (Bait-Cas-Guide ou Target Fas Guide). Une fois le collet de l’anevrysme bien d&or&, par rapport a son axe porteur, un microcatheterisme de l’anevrysme est realise. Le bout du micro-catheter est ther- moformable a la vapeur, s’adaptant a la configuration anatomique de l’anevrysme et de l’axe porteur. En position d’embolisation, des spi- res a detachement controle sont choisies selon la taille de l’ane- vrysme. Habituellement, la pre- miere spire est la plus large possible afin de realiser un panier intra-ane- vrysmal. Les spires successivement installees seront de plus en plus petits, afin de remplir le panier et d’atteindre un compactage de l’anevrysme 117,381. Une fois la spire en place, elle est detachee par le passage d’un cou- rant electrique. Le compactage dense du sac ane- vrysmal termine, le micro-catheter

est retire delicatement. Un controle final angiographique est realise, pour evaluer le degre d’occlusion de l’anevrysme. L’heparine peut etre reversee par du sulfate de protamine.

4.3.4. Complications

4.3.4.7. Rupture an&tysmale Dans la litterature neurochirurgi- tale, les ruptures aigues des anevrys- mes intracraniens, lors des manipula- tions, varient entre 15 et 20 % [16]. Ce taux apparait inferieur lors du traitement endovasculaire, depen- dant des differentes equipes. Afin d’eviter une telle complication, certains criteres doivent etre respec- t&5 : - utilisation d’une anesthesie gene- rale ; - courbe adequate de la portion dis- tale du microcatheter ; - ne pas toucher, avec le microca- theter ou le micro-guide, le fond de I’anevrysme. Toutefois, si de telles complications interviennent, la conduite a tenir est de remplacer l’heparinisation par une injection du sulfate de prota- mine, d’essayer de positionner et de larguer les spires le plus rapidement possible, et de controler les images par un examen scanographique.

4.3.4.2. Complication thromboembolique Cette complication est la plus fre- quemment visible lors d’embolisa- tion de gros anevrysmes ou partiel- lement thromboses, due a la migra- tion de micro-emboles. Parfois, l’extension du thrombus de l’anevrysme se fait dans l’axe por- teur. Un micro-catheterisme avec injection d’urokinase in situ peut Ptre alors realisable. Linjection systematique d’hepa- rine durant la procedure evite gene- ralement une telle complication.

4.3.4.3. Suivi clinique des patients Des angiographies de controle sont realisees a trois mois, a un an, a deux ans et a cinq ans. Dans certains cas, en fonction de la position de l’ane- vrysme et de sa taille, un compac- tage avec tassement des coils peut se faire, avec un aspect de repermeabi-

ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit& (1998) 9,l

Page 9: Indications et applications de la neuroradiologie interventionnelle de la région cervico-encéphalique

lit6 au niveau du collet anevrysmal.

Dans ce cas, un complement d’em- bolisation est pratique (10 a 20 % des cas). Lors d’anevrysmes multiples (20 % des cas), l’anevrysme ayant saigne est trait6 en premiere intention. Le ou les autres anevrysmes seront trait& ulterieurement par voie en- dovasculaire ou par voie chirurgi- tale selon les differents criteres. Le risque de saignement d’anevrys- mes asymptomatiques, accompa- gnant un anevrysme rompu, est es- time a 3 % par an environ et de fa- con cumulative, avec une mortalite de 40 % lors de la rupture. L’histoire naturelle des anevrysmes intracraniens asymptomatiques n’est pas parfaitement connue. La mortalite semble faible pour un anevrysme unique (1 %) et d’envi- ron 10 a 15 % pour les anevrysmes multiples. Si la taille de l’anevrysme est supe- rieure a 2 mm, il s’agit dun facteur essentiel de risque de rupture. Les risques sont major& s’il y a as- sociation d’une hypertension arte- rielle et ils croissent de facon expo- nentielle avec l’age du patient. Un traitement n’est pas toujours pres- crit, mais doit toujours Ptre discute.

W 4.4. Fibrinolyse et spasme

4.4-l. Fibrinoiyse

La fibrinolyse intracerebrale in situ est de plus en plus utilisee dans le traitement des accidents arteriels ischemiques cerebraux spontanes ou suivant un catheterisme. Un de- lai maximum de six heures doit etre respect6 pour commencer la fibri- nolyse. Certains criteres contre-indiquent cette technique : deficit de coagula- tion, ulcere, sge superieur a 75 ans, hypertension arterielle non contro- lee, hypodensite ischemique retrou- vee en scanographie ou odeme cere- bral, car un infarctus hemorragique pourrait survenir apres cet acte en- dovasculaire. Plusieurs produits sont utilises : l’urokinase, la streptokinase et le RTI’A.

Nous utilisons l’urokinase, qui pre- sente moins de complications he- morragiques car sa demi-vie est plus courte que celle de la strepto- kinase [421. AprPs microcatheterisme selectif et positionnement du micro-catheter face au thrombus, un bolus initial d’environ 100 000 unites est realise pendant une duree de 5 minutes ; puis, a la seringue electrique, pen- dant 30 minutes avec injection de 400 000 unites dans le micro-catheter. La dose maximale utilisee est de 900 000 unites d’urokinase. Un con- trole angiographique final est reali- se. Des bilans rep&es de coagula- tion sanguine sont pratiques en comparaison avec le bilan initial. Une scanographie cerebrale est pra- tiquee systematiquement, a la re- cherche d’une transformation he- morragique.

4.4.2. Spasme

On utilise des inhibiteurs calciques, comme la nimodipine (Nimotop), pour traiter le spasme arteriel sur- venant lors du catheterisme. La nimodipine est utilisee a titre preventif, lors des catheterismes, en vue du traitement des malforma- tions arterioveineuses, et a titre cu- ratif pour les spasmes survenant lors d’hemorragie sous-arachnol- dienne. La nimodipine est injectee en bolus direct par le micro-catheter d’embo- lisation, diluee B 50 % dans du se- rum physiologique, avec sur- veillance de la tension arterielle.

n 4.5. Malformations vasculaires chkbrales

Nous preferons la classification des lesions arterioveineuses en trois groupes en fonction de l’apport ar- teriel au compartiment du drainage veineux initial (classification d’Houdart) [23,24] (sche’ma 1) : - 1) fistules arft!rioveineuses : fistule carotido-caverneuse directe ; fistule de l’artere vertebrale ; fistule corti- tale ; malformation de l’ampoule de Galien ; - 2) fisfules art~riolo-veineuses : fis- tule arterioveineuse durale ; mal- formation arterioveineuse plexi-

ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit& (1998) 9,l

forme de l’ampoule de Galien ; rare- ment, malformation arteriovei- neuse cerebrale de l’adulte ; - 3) fisfules artf!riolo-veinulaires : mal- formation arterioveineuse cerebrale ou angiome arterioveineux de l’adulte. Dans le cas des fistules arteriovei- neuses, il n’existe pas plus de trois art&es nourricieres. Les fistules ar- teriolo-veineuses ont un apport plexiforme. Les fistules arteriolo- veinulaires presentent des shunts entre des arterioles afferentes et des veinules efferentes, selon une dis- position symetrique.

4.5.1. Fistules carotidocaverneuses (figure 4)

11 s’agit de communications anor- males entre l’artere carotide interne dans son segment intracaverneux et le sinus caverneux, le plus souvent a la suite d’un traumatisme cranien 1101 ou a une rupture d’anevrysme geant [20], et plus rarement sponta- nee 171. La symptomatologie est principale- ment ophtalmologique : exophtal- mie, paralysie oculomotrice, p&is, chemosis, baisse de la vision. Les signes peuvent @tre tres inten- ses, d’ou l’indication en urgence du traitement, qui 6vitera la &cite. Plus rarement, un drainage veineux cortical est observe et est a l’origine d’une hypertension intracrdnienne et dune hemorragie sous-arachno’i- dienne. Le diagnostic est fait, grace au scan- ner et a lIRM, par un gros sinus caverneux, avec dilatation de la veine ophtalmique superieure. L’angioscanner et l’angioMR sont egalement d’un grand apport pour le diagnostic. Cependant, l’angiographie est l’examen essentiel pour affirmer le diagnostic et permet de preciser le type de drainage veineux. La zone de shunt (punctiforme, petite, large) est analysee et son etude morpholo- gique est importante pour la strate- gie therapeutique 1111. Actuellement, le traitement endo- vasculaire est la premiere alterna- tive therapeutique et est fonction de la taille du shunt : - shunt de petite taille : un ballonnet

57

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a

figure 4. a. Patiente de 40 ans victime d’une agression 2 l’arme blanche. C&if6 de I’aeil gauche et hkmianopsie /at&ale homonyme droite. Exophtalmie bilatkale. L’arfkographie montre une fistule carotido-caverneuse gauche avec des kions pseudo-an&rysmales au niveau de /a plaie art&ie//e s’ktendant dans /a portion supra-clinordienne de /a carotide. Non-opacification de /‘art&e c&bra/e moyenne homolakkale (ph6nom8ne de vol). b. Une tentative d’occlusion par ballonnet a Bchouk, en raison de /‘extension de la b&he et des pseudo-an&tysmes qui se remplissaient B contre-courant. On a done sacrifib /‘art&e caroiide B partir de son segment Cl jusqu’au niveau intrapktreux avec des spires GDC. Le contr6le final montre une exclusion de la fistule et des pseudo-arkvrysmes et une reper- m6abilisation de /‘art&e sylvienne gauche.

largable est utilise, il est fix& a l’ex- tremite d’un petit catheter et posi- tion& face au shunt au niveau de l’artere carotide interne ; puis il est legerement gonfle, et est ensuite po- sitionne au niveau de la partie vei- neuse et gonfle totalement ; une an- giographie de controle est realisee afin de juger de l’etancheite de l’oc- elusion, le ballonnet est largue par traction sur le catheter ; -shunt de grande taille : la mise en place d’un ballonnet au niveau de la fistule s’avere inefficace ; le sacrifice de la carotide interne, apres test de clampage par un ballonnet en re- gard de la fistule, est la seule thera- peutique a envisager ; - des co& GDC ont ete egalement uti- lises pour le traitement de large fis- tule laceree post-traumatique oh un ballonnet ne peut etre efficace pour une occlusion carotidienne [201. On peut egalement acceder par voie veineuse au sinus caverneux apres catheterisme du sinus petreux infe- rieur ou de la veine ophtalmique superieure.

4.52. Fish/es artckioveineuses durales (FA V)

Les fistules arterioveineuses dura- les representent environ 10 a 15 % de toutes les malformations arterio- veineuses intracraniennes (6 % des malformations supratentorielles et 35 % des malformations arteriovei- neuses infratentorielles) [2]. Une FAV durale consiste en de multi- ples shunts arterioveineux entre les art&-es meningees et un sinus vei- neux dural ou une veine m&ring& Selon une terminologie recente 1241, les shunts arterioveineux presen- tent une angioarchitecture dite cq ar- teriolo-veineuse )) consistant en de multiples formations arterielles convergeantes vers une unique structure veineuse. Les art&-es sont principalement des branches durales mais on peut ega- lement observer une participation des vaisseaux piales. Une FAV durale est localisee dans la paroi de la structure veineuse, et plus frequemment au niveau des si- nus transverses, sigmo’ides et caver- neux.

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D’autres localisations, au niveau du sinus sagittal superieur, du torcular, du sinus petreux superieur et du foramen magnum, peuvent exister. La pathogenesie des FAV durales continue a @tre controversee : sont- elles congenitales ou acquises ? Car dans certains cas, une thrombose du sinus dural peut etre responsa- ble du developpement d’une FAV et dans d’autres cas une thrombose peut s/observer apres la decouverte d’une FAV. I1 est suppose que les FAV durales sont le resultat d’un elargissement de shunts arterioveineux microsco- piques normalement presents dans la paroi des sinus. Dans notre experience, les facteurs predisposants pour une thrombose veineuse durale, que ce soit trauma- tique, chirurgical, infectieux, en rap- port avec des contraceptifs oraux ou avec une maladie vasculaire sont re- trouves dans 30 % des cas. Sur la base des differentes donnees cliniques et angiographiques, nous estimons que quelques FAV durales sont acquises, et d’autres sont conge- nitales. Une FAV durale decouverte dans une population jeune, caracteri- see par un gros shunt direct, et bien toleree cliniquement, a probable- ment une origine congenitale. Une FAV durale caracterisee par de multiples shunts, convergeant vers un systeme veineux commun et res- ponsable de symptomes cliniques est plutot acquise. Les differents drainages veineux des FAV ont et6 decrits : - FAV durale drainee exclusive- ment dans les sinus duraux, presen- tant un flux anterograde ou retro- grade ; - FAV durale se drainant dans les sinus duraux, avec un flux retro- grade, dans une veine corticale ar- terialisee (leptomeningee) ; - FAV durale se drainant dans une veine leptomeningee arterialisee. Les indications pour un traitement sont : les FAV durales avec drainage cortical veineux qui sont a haut ris- que, avec des complications neuro- logiques, hemorragiques et des hy- pertensions intracraniennes.

b

Figure 5. a. Pafienfe prksenfanf des acouphenes et des sensafions verfigineuses invalidan- fes. Douleurs r6fromasfoidiennes. Fisfule arfkrioveineuse durale de type I/a du sinus /at&al droif (veine jugulaire inferne droife fhromboske) avec un rapport artbrief des branches auriculaires posfkieures, de /‘art&e pharyngienne ascendanfe ef de /‘art&e de /a fenfe du cervelef (6ernasconi). b. Voie d’abord veineuse avec cafhkf&isme Mecfif du sinus /at&a/ droif. lnfroducfion de spires GDC et de spires A difachemenf mkanique B la joncfion du sinus transverse et du sinus sigmoi’de. Le confr6le final monfre une exclusion du shunt avec prkservafion de /a veine de Labbk.

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Un symptome tres frequent est le bruit (acouphenes) qui, darts quel- ques cas, peut etre tres invalidant. Differentes approches therapeuti- ques sont envisageables : -technique non invasive par inges- tion orale d’aspirine a petite dose, avec compressions repetees ma- nuelles (carotido-jugulaire la plus frequente), et avec augmentation de la frequence et de la duke de ces manceuvres ; - technique chirurgicale avec ou sans resection chirurgicale du sinus en question ; - traitement endovasculaire. La ligature de l’artere nourriciere est une methode obsolete et la resec- tion du sinus est une procedure dif- ficile, compliquee par des hemorra- gies peroperatoires massives. La therapie endovasculaire consiste en une embolisation transarterielle et /ou transveineuse 1441. L’embolisation par voie arterielle peut etre rkalisee 2 l’aide de particu- les et/au de colle (cyano-acrylate). La voie veineuse consiste a mettre des spires metalliques dans le sinus dural face a la FAV. Des cures spon- tanees des FAV sont parfois visibles. Quatre types anatomiques ont ete decrits par la classification de Rem? Djindjian et Jean-Jacques Merland, r&i&e par C. Cognard [61: - type I : c’est le plus frequent, et il se definit par un drainage veineux en isocourant ; le risque evolutif est ici particulierement nul ; siegeant au niveau du sinus lateral, la symp- tomatologie clinique se resume a des acouphenes pulsatiles ; - type II : il se caracterise par un drainage sinusal a contre-courant (type IIA) (figure 51, par un drainage vers des veines corticales (type IIB) ou un drainage vers les deux (type IIAB) ; la symptomatologie clinique est plus marquee, avec cephalees, crises d’epilepsie, troubles visuels, deficit neurologique transitoire lies a une hypertension intracranienne d’origine veineuse ; ces troubles neurologiques sont la consequence d’un defaut de drainage veineux de territoires cerebraux perifistuleux ; - type III : ce type est caracterise par un reflux sanguin dans les veines corticales, avec pour consequence

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un risque d’accident hkmorragi- que ; - type IV : il correspond a un type III avec ectasies veineuses consti- tuant un syndrome de masse pou- vant s’exprimer cliniquement (fi- gure 6) ; - type V : FAV, avec drainage dans les veines perimedullaires qui peuvent @tre responsables d’une myelopathie ascendante progres- sive. Le traitement des FAV durales doit prendre en consideration les diffe- rents types de lesions et de sympt8- mes cliniques. La participation de veines leptome- ningees, drainant normalement le cerveau, est un facteur important : un flux anterograde dans ces veines se fait normalement du cerveau vers le sinus veineux. Si une FAV durale utilise cette veine leptome- ningee, le flux sera inverse, aboutis- sant a une hypertension et a un ris- que hemorragique et neurologique important. Plusieurs possibilites de traitement se presentent : - type I : pas de traitement, techni- que non invasive ou traitement mi- nimal endovasculaire : pour les FAV durales ne presentant que des symptbmes mineurs ou de decou- verte fortuite ; -type II: traitement definitif et complet par voie arterielle ou vei- neuse endovasculaire et/au chirur- gicale pour toutes les FAV revel& par hemorragie, deficit neurologi- que, augmentation de la pression intracrdnienne et/au demence, ha- bituellement associes a un reflux dans les veines leptomeningees et ?I un drainage veineux cerebral defec- tueux ; - type III : memes attitudes thera- peutiques que pour le type II, dans le cas des FAV durales asympto- matiques associees aux signes an- giographiques a haut risque (cf. supra).

4.5.3. Malformations artPrioveineuses c&&bra/es

Ces malformations sont de type plutot arteriole-veinulaire, selon la classification Houdart (sch&a I).

Les thkrapeutiques propos&es vi- sent a eradiquer totalement l’an- giome afin de prevenir d’eventuel- les complications hemorragiques, estimees entre 2 et 4 % par an [91. Le traitement partiel ne modifie pas le risque de saignement. Actuellement, trois methodes thera- peutiques sont utilisees : - le traitement endovasculaire ; - la radiotherapie stereotaxique ; - la chirurgie. Chaque methode presente des limi- tes qui varient en fonction de la pre- sentation clinique, de la localisation et de la taille de la malformation. Souvent, ces techniques sont asso- ciees, le traitement endovasculaire constituant la premiere etape du traitement 1391. A rioter : - la radiotherapie stereotaxique ne permet pas la guerison des malfor- mations arterioveineuses cerebrales dont la taille est superieure a 2 cm de diametre ; -la chirurgie est confrontee au si&ge de la malformation arterioveineuse en zone fonctionnelle et a l’existence

Schema 1

Claaalfkatlon daa NlAV (E. Houdatt)

I Fish&s arterbveineuses II Fistules aMidcwehauses III Fist&s aftetiolo-veinulaires

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d’un drainage veineux profond. Lint&et du traitement endovascu- laire est retrouve en cas de non-cure totale, afin de diminuer la taille du nidus, permettant ainsi une chirur- gie moins dangereuse ou une irra- diation par radiotherapie.

4.5.3.1. Technique et agents emboliques Uintervention se pratique sous anesthesie g&kale apres cathete- risme hyperselectif des pedicules nourriciers avec heparine en perfu- sion continue pendant l’interven- tion, pour eviter les complications emboliques. Des micro-catheters a souplesse progressive et de calibre degressif (Magic-Bait), aussi petits que 1,2 French (1 French = 0,33 mm) per- mettent d’etre le plus selectif possi- ble au contact des shunts arteriolo- veinulaires. On utilise habituellement du cyano- acrylate, agent polymerkant, se soli- difiant en milieu ionique (sang) [36]. Le delai de solidification est varia- ble selon la dilution avec le Lipiodol et egalement en fonction du flux du pedicule a emboliser, Si l’occlusion est trop proximale, la MAVC se re- vascularise par des branches anas- tomotiques. Le plan therapeutique est plus ou moins specifique a chaque MAVc et est discute au cas par cas, de facon multidisciplinaire, entre neurora- diologues et neurochirurgiens, en tenant compte de l’histoire natu- relle de l’affection 1351, ainsi que de l’etat clinique du patient. En general, un micro-catheterisme est toujours realise avec tentative d’embolisation, y compris pour les malformations arterioveineuses in- ferieures a 2 cm (figwe 7), aboutis- sant soit a une exclusion complete (sur plusieurs seances, pour les gros- ses malformations), soit a une reduc- tion de la taille du nidus, permettant un complement chirurgical ou radio- therapique ulterieur (figure 8).

Conclusion

La neuroradiologie intervention- nelle vasculaire a debute dans les an&es 1970 et n’a cesse de se deve- lopper depuis. Son principe est de

Figure 6. a. b’omme de 55 ans. Diplopie et paresthksies de IWmicorps droit. Fistule durale de type IV, situge au niveau de /a pointe du rocher dans /a rbgion du sinus pbtreux supe’rieur gauche, irriguee par des branches intracaverneuses de /‘art&e carotide interne (tronc infko-/at&a/ et tronc m&Jingo-hypophsira) et de /‘art&e carotide externe (art&e m&?ing6e moyenne, art&e pharyngienne ascendante et art&e occipitale). Ces art&es confluent vers une veine pktreuse qui se draine dans une ectasie veineuse B /a jonction avec une veine /at&o-protub&antie/le qui se jette finalement dans le systkme veineux profond. b. Voie d’abord veineuse jugulaire interne droite et navigation veineuse jusqu’au pied de la veine et de I’ectasie oci des spires GDC ont Bti dkpokes pour obtenir un ralentissement de la circulation ensuite de I’Histoacryl a 8tk inject6 pour completer /‘occlusion. Le contr8e artkiographique montre une exclusion de I’ectasie et de /a veine de drainage.

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a

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b

Figure 7. a. Homme 24 ans. &phakes, syndrome m6ning8, hbmorragie infravenfriculaire et parenchymateuse. D&ouverte ti I’angiographie c&bra/e d’une petite MAVc de type arfkiolo-veinulaire (E. Houdart) infkieure B 2 cm de /a rdgion par%tale alimentke par des branches parikfales poskkieures de /‘art&e sylvienne droite et se drainant dans une veine de la substance blanche qui va se jeter dans une veine sous-kpendymaire, puis dans le systkme veineux profond (veine de Galien). b. Exclusion rota/e de /a MA Vc apr& emboli- sation des deux p&dicules avec un melange d’Histoacty/-Lipiodol. Suites simples.

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b a

Figure 8. a. MA Vc sup&ieure d 2 cm dans la rkgion temporo-oc- cipifale droife irrighe par une branche femporo-occipifale de I’ar- f&e sylvienne, ainsi qu’accessoiremenf par des p6dicules lepfo- m&G-tg& de /‘art&e c&.hbrale post&ieure droife. Le drainage veineux esf exchsivemenf superficiel et se fait vers deux pieds de veinesprincipauxquisejeffenfdans le sinus longifudina/sup.&ieur. b. L’exclusion complkfe de /a MAVc a Bft? r@a/i&e sur deux Gances ; /a premikre Bhminant environ 90 % de /a malformation en injectant super&lecfivemenf un melange d’Hisfoacr/l-LipiodoI dans la bran&e principale venanf de /‘aWe sylvjenne et le pkdi- cule lepfo-mhingk de la c&kbrale posfkrieure. A nofer, la redis- tribution de /a circulation art&ielle dans le ferrifoire de /‘art&e c&6brale anfkrieure. Le confrble final apr& la deuxikme kance monfre une persisfance d’un petit rhsidu malformafif aliment6 de faGon indirecfe se drainanf dans le sinus sagiffal supkieur. c. Un fraifemenf compkmenfaire chirurgicala Bf6 r&a/is& avec un r&u/fat 21 100 % d’kradicafion de /a MAVc. Absence de d&ficif clinique.

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traiter les anomalies vasculaires en s’approchant du site pathologique par les voies naturelles que sont les art&es et les veines, prenant ainsi un avantage certain sur la neuro- chirurgie classique : on evite l’ou- verture de la boite crdnienne et la manipulation delicate du paren- thyme cerebral et des zones fonc- tionnelles. Le perfectionnement du materiel et des materiaux de navigation et d’occlusion permet quotidienne- ment et continuellement une pro- gression dans la technique et dans les indications therapeutiques, per- mettant de joindre les differentes techniques radiologiques a celles de la neurochirurgie, donnant un meilleur traitement et un meilleur pronostic a certaines pathologies dont le traitement neurochirurgical s’averait non realisable, incomplet ou trop risque. L’embolisation a desormais sa place dans la discussion therapeutique des malformations vasculaires cere- brales ainsi qu’extracerebrales, dans le traitement des malforma- tions de la moelle et dans les angio- plasties des vaisseaux supra-aorti- ques.

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PI

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