14
L’histoire économique à venir verra peut-être dans l’inflation le <<mal du siècle>>, hautement condamne par tous, sincèrement redouté des uns, secrètement apprécié des autres. Le mouvement inflationniste déclenché par le premier conflit mondial ne semble pas, en effet, sur le point de s’apaiser. N’est-ce pas de Grande Bretagne, pays dont nous envions la relative stabilité des prix, qu’assez paradoxalement à nos yeux vient l’idée que nous sommes entrés dans « l’âge de l’inflation »? Et cependant, ce phénomène omniprésent de l’inflation est tout à la fois un des phénomènes les plus nettement éprouvés et les plus confusément définis. C’est dire qu’une étude tout entière fondée sur le thème de l’inflation ne saurait se dispenser, au départ, de préciser la définition qui en est retenue. Le terme inflation provient du latin : Le substantif «inflatio» qui signifie gonflement, dilatation, est issu du verbe «flare» qui signifie souffler L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix 1 . Il s'agit d'un phénomène persistant qui fait monter l'ensemble des prix 1 , et auquel se superposent des variations sectorielles des prix L’inflation a-t-elle un impact sur les comptes d’entreprise? Comment les entreprises anticipent elles l’effet de l’inflation ? L’inflation constitue-t-elle un risque pour les entreprises ?

Inflation Et Comptes Sociaux

Embed Size (px)

DESCRIPTION

inflation

Citation preview

Page 1: Inflation Et Comptes Sociaux

L’histoire économique à venir verra peut-être dans l’inflation le <<mal du siècle>>, hautement condamne par tous, sincèrement redouté des uns, secrètement apprécié des autres. Le mouvement inflationniste déclenché par le premier conflit mondial ne semble pas, en effet, sur le point de s’apaiser. N’est-ce pas de Grande Bretagne, pays dont nous envions la relative stabilité des prix, qu’assez paradoxalement à nos yeux vient l’idée que nous sommes entrés dans « l’âge de l’inflation » ?

Et cependant, ce phénomène omniprésent de l’inflation est tout à la fois un des phénomènes les plus nettement éprouvés et les plus confusément définis. C’est dire qu’une étude tout entière fondée sur le thème de l’inflation ne saurait se dispenser, au départ, de préciser la définition qui en est retenue.

Le terme inflation provient du latin : Le substantif «inflatio» qui signifie gonflement, dilatation, est issu du verbe «flare» qui signifie souffler

L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix 1 . Il s'agit d'un phénomène persistant qui fait monter l'ensemble des prix1, et auquel se superposent des variations sectorielles des prix

L’inflation a-t-elle un impact sur les comptes d’entreprise?

Comment les entreprises anticipent elles l’effet de l’inflation ?

L’inflation constitue-t-elle un risque pour les entreprises ?

Afin de répondre a ces préoccupations nous nous attèlerons dans la suite de notre expose à expliquer le mécanisme de l’inflation puis l’impact de l’inflation sur le fonctionnement des entreprises

L’INFLATION : DEFINITION, CAUSES ET EVALUATION

I- DEFINITION

Jusque dans les années 1960, l'inflation désigne l'excès de moyens monétaires par rapport à l'offre (phénomène dont la hausse des prix et la perte de pouvoir d'achat de la monnaie résultent). Ainsi Gaël

Page 2: Inflation Et Comptes Sociaux

Fain5 définit-il l'inflation comme « un excès de la demande solvable sur l'offre. La hausse des prix en étant la conséquence ».Aujourd'hui les définitions sont :

De portée plus générale comme : L'inflation est « la perte du pouvoir d'achat de la monnaie matérialisée par une augmentation générale et durable des prix »1

De nature plus systémique comme celle de G.Olive6 qui se refuse à associer l'inflation à un mécanisme inflationniste particulier. Pour lui l'inflation est :

1. La hausse du niveau général des prix (et non la hausse des prix de quelques produits)

2. Un phénomène auto-entretenu de hausse des prix : une hausse en entraîne d'autres (et non un phénomène isolé et/ou accidentel)

3. Une hausse des prix fondée sur des mécanismes macro-économiques qui mettent en jeu l'interdépendance entre tous mécanismes et parties de l'économie (production, répartition, formation des prix, distribution…)

Assimiler donc l'inflation à la seule hausse de prix des biens de consommation, en excluant la hausse des prix affectant les valeurs patrimoniales (actifs, financiers, immobilier, …), peut être considéré comme un abus de langage, conséquence d'un mode de mesure restrictif de l'inflation. Cependant, s'il est vrai que le terme d'inflation peut être appliquée à tout phénomène régulier d'augmentation du niveau des prix, la réalité demeure que la totalité des Banques Centrales ayant un objectif de politique monétaire de ciblage d'inflation visent bel et bien l'inflation des prix à la consommation, à l'exclusion notamment de l'inflation des actifs (asset price targeting).

II. Les formes d'inflation:

Il existe trois formes d'inflation qui sont classées par ordre croissant de gravité, dans le développement du processus inflationniste :

- L'inflation latente, contenue, déguisée ou rampante:

Page 3: Inflation Et Comptes Sociaux

Elle est caractérisée par la hausse des prix de façon épisodique liée par exemple à l'accroissement de la population, une relance de la consommation après des tensions sociopolitiques, une pénurie de la production, etc.

- L'inflation ouverte :

Elle commence dès que la hausse dissimule des anticipations à de nouvelles hausses de prix de la part de tous les acteurs de la vie économique (consommateurs, producteurs, Etats). La croyance à l'accroissement des prix provoque la hausse même si cette dernière n'est pas nécessairement fondée.

Ce processus cumule les effets d'entraînement et se nourrit de lui-même, comme une boule de neige.

- L'inflation galopante ou hyperinflation :

La hausse de prix est de plus en plus forte, du fait que les mobiles psychologiques (la peur de la hausse) ont pris plus d'importance que le déséquilibre entre l'offre et la demande. Elle place la balance commerciale en déficit ou l'accentue, parce que les importations augmentent tandis que les exportations diminuent brusquement. Il faudrait ressusciter la confiance du public pour enrayer le mouvement.

1. Les causes de l'inflation:

Ces causes sont multiples, mais se cristallisent essentiellement dans les déséquilibres entre l'offre et la demande.

Y. Bernard (1956) précise que les principales causes d'inflation peuvent être liées soit sur :

- Le désajustement entre la demande et l'offre ;

- Les hausses de coûts ;

- L'offre de la monnaie, quand elle est trop abondante ;

- Le déséquilibre consommation - investissement ;

Page 4: Inflation Et Comptes Sociaux

- Les dépenses publiques, excessives par rapports à leurs moyens de financement ;

- Les structures économiques, sociales et psychologiques (qui y sont liées).

Il existe de manière générale deux principales causes. La première est d'ordre économique et la seconde est plutôt d'ordre sociologique et constitue l'explication moderne.

- La cause économique ou cause formelle résulte d'un déséquilibre entre l'offre et la demande qui est le point de départ du processus inflationniste. Ainsi, une hausse plus forte que prévue de la demande par rapport à l'offre se traduit par une augmentation des prix pour réaliser l'ajustement. Le déséquilibre peut provenir de l'offre ou de la demande ou des deux combinées. Les éléments de la demande qui peuvent être à l'origine de l'inflation sont :

· Une émission monétaire pour combler le déficit budgétaire de l'Etat,

· Des dépenses incontrôlées de recettes extérieures extraordinaires notamment les recettes de privatisation;

· Une distribution supplémentaire de revenus dans le public ;

· Une augmentation de salaire dans le privé ;

· Une augmentation du coût des matières premières (cas des chocs pétroliers de 1974, 1979/80 et 2005/2006) ;

Du côté de l'offre, le déséquilibre peut provenir :

· D’une pénurie de la production (agricole par exemple) due à des facteurs imprévisibles (sécheresse, inondations, guerre, etc.);

· D’une politique d'austérité.

Dans tous les cas, il faut noter que la hausse des prix n'est pas uniforme (hausse par ici, baisse par-là) et pas constante non plus (accélérations et décélérations se suivent selon le climat psychologique et la structure de l'économie).

- La cause permanente : lutte des groupes :

Page 5: Inflation Et Comptes Sociaux

L'inflation a une dimension sociologique. Elle est le résultat de « pressions multiples de la part des divers groupes sociaux, qui tentent de modifier à leur profit la répartition de la richesse nationale ». Ainsi, l'inflation est la résultante de la course des acteurs économiques pour l'appropriation des richesses.

On peut identifier quatre groupes que sont :

· Les salariés, ouvriers, employés etc., titulaires des revenus fixes, qui revendiquent une augmentation des traitements ;

· Les paysans, qui s'efforcent de défendre les cours agricoles ;

· Les industriels, qui s'efforcent d'accroître leurs profits ;

· Les commerçants, qui défendent leurs marges bénéficiaires.

Mesure de l'inflation

L'inflation est un phénomène quantifiable dont le taux est évalué comme la variation du niveau général des prix d'une période t-1 à une période t. Le plus souvent, on la mesure à l'aide de la variation de deux instruments suivants : le déflateur du PIB et l'indice des prix à la consommation (IPC).

Le déflateur du PIB

Le déflateur du PIB est défini comme le rapport du PIB nominal au PIB réel. Il mesure les prix de tous les biens et services produits dans l'économie. En effet, le déflateur du PIB ne tient compte que des prix des biens et services produits sur le territoire national en tenant compte d'un panier de biens et services évolutifs. En d'autres termes, il tient compte d'un panier de biens et de services qui évolue au gré de la composition du PIB. Cependant, le déflateur du PIB n'est pas le meilleur instrument de mesure de l'inflation car, en fonction du volume et de l'évolution des prix des importations, il mésestime l'inflation. Toutefois, il faut noter que d'après les utilisateurs, le biais observé dans l'usage de cet instrument est habituellement faible.

Page 6: Inflation Et Comptes Sociaux

L'indice des prix à la consommation (IPC)

L'IPC est un indice synthétique qui décrit l'évolution des prix d'un panier de biens et services entre deux périodes. Le calcul de cet indice nécessite une période de base déterminée en effectuant des observations sur l'évolution des prix des biens et services pendant une période relativement longue et l'estimation des coefficients budgétaires qui rentrent dans le calcul de cet indice. L'IPC est l'instrument le plus utilisé pour mesurer l'inflation malgré le fait qu'il reste limité. En effet, dans la pratique, ne sont pris en compte dans la mesure des variations des prix que des biens de consommation et services achetés par les ménages. Ainsi, les prix des biens d'équipement tels que logement et services consommés par les entreprises ou les pouvoirs publics ne sont pas pris en compte dans le calcul de l'IPC.

La différence entre l'IPC et le déflateur du PIB réside dans le fait que :

ü le déflateur du PIB prend en compte les prix de tous les biens et services produits dans l'économie, alors que l'IPC mesure uniquement les prix des biens et services achetés par les consommateurs ;

ü le déflateur du PIB tient compte exclusivement du prix des biens et services produits sur le territoire national tandis que l'IPC ne fait aucune exception quant à la provenance des produits entrant dans son calcul ;

ü l'IPC attribue des poids fixes aux prix des différents biens et services (indice de Laspeyres) alors que le déflateur du PIB utilise des pondérations évolutives.

La préférence de l'IPC dans de nombreuses études se justifie par le fait qu'il est suivi régulièrement car calculé mensuellement. Il est donc facilement disponible. Par contre le déflateur n'est souvent disponible qu'après des mois, voire une ou des années de retard, à cause des délais de production des comptes nationaux. En ce qui concerne l'étude de l'inflation au Congo, nous retiendrons l'IPC comme outil de mesure de l'inflation.

Nous pouvons donc conclure que nombreuses sont les causes susceptibles de la naissance d'un processus inflationniste dans une économie. Mais, ne perdons pas de vue le fait que nombreux sont, aussi, les économistes qui reconnaissent que l'inflation reste un phénomène mal connu de la théorie économique, car il n'est pas

Page 7: Inflation Et Comptes Sociaux

facile d'évaluer les coûts engendrés à l'économie par l'inflation. Par exemple, Romer (1997) affirme que "les coûts de l'inflation sont mal connus" et Mankiw (2001) soutient que "l'évaluation des coûts imposés par l'inflation n'est pas aussi simple qu'il paraît". Il reste cependant indéniable que l'inflation engendre des coûts parmi lesquels les coûts d'usure des chaussures (allers-retours plus fréquents à la banque ou au distributeur des billets), les coûts de menu liés à la modification des prix et des salaires nominaux et la mise en place des systèmes d'indexation, les distorsions fiscales, les coûts les plus dommageables de l'inflation sont sans doute ceux dus à l'inflation non anticipée.

1.1.3.1. Le taux d'inflation

C'est un pourcentage de variation du niveau général des prix.

Mais comment mesurons-nous le niveau des prix auquel fait référence la définition ? Au niveau du concept, le niveau des prix est mesuré par la moyenne pondérée des biens et des services d'une économie. Pratiquement, nous calculons le niveau global des prix en élaborant des indices des prix des biens de consommation ou de production.

Selon Wikipédia, on peut distinguer le taux mensuel d'inflation, taux d'inflation pour une période autre que le mois et le taux d'inflation moyen.

a. Taux mensuel d'inflation

L'inflation se manifeste, en général, par une augmentation des prix à la consommation. Pour mesurer le niveau des prix, on calcule une moyenne sur les prix d'un ensemble de produits de référence, moyenne tenant compte des quantités d'articles. Soit donc P0 le prix moyen au 1er janvier et P1 le prix moyen au 1er février, le taux d'accroissement i1 des prix à la consommation pour le mois de janvier est donné par la formule i1 = () Ou encore 1 + i1 = P1/ P0.

b. Taux d'inflation pour une période autre que le mois

Le taux d'inflation trimestriel est déterminé par : 1+ i3 = P3/P0. Or, nous savons que P3/P0 = (P3/P2)(P2/P1)(P1/P0). 1+ i3 = (1 + i1)(1 + i2)(1 + i3), i3 est le taux trimestriel équivalent à l'ensemble des trois

Page 8: Inflation Et Comptes Sociaux

taux i1, i2 et i3, autrement dit les quantités Pi se comportent comme des valeurs acquises par un capital placé à intérêts composés.

c. Taux d'inflation moyen

Sur un trimestre, on peut définir un taux d'inflation mensuel moyen i par la formule : (1 + i)3 = 1+ t3 = (1 + i1)(1 + i2)(1 + i3), d'où i = (1+ t3)1/3 - 1. C'est sur le taux mensuel, supposé constant pour les trois mois concernés, qu'il faudrait appliquer pour obtenir le même taux trimestriel, c'est aussi le taux mensuel équivalent au taux trimestriel i3

II- IMPACT DE L’INFLATION SUR LES COMPTES D’ENTREPRISE

L'inflation fausse complètement la gestion des entreprises en leur donnant l'illusion de réaliser des profits, alors que ceux - ci ne sont pas nominaux, en déformant les calculs de rentabilité et en faisant asseoir les impôts sur des gains fictifs. Elle fausse également l'estimation de leur valeur patrimoniale.

Dans cet état de choses, il se pose un problème d'évaluation du patrimoine de l'entreprise, parce que l'unité de mesure change constamment de valeurs dans le temps. Ainsi, il faut trouver comment mesurer les ressources, les coûts et les revenus en période de forte inflation tant que les distorsions qu'elle provoque sont importantes au niveau micro et macroéconomique.

Selon A. SENETERE (1980), les effets néfastes de l'inflation imposent la nécessité de procéder à des corrections des informations comptables pour aboutir à des résultats, à une valeur patrimoniale reflétant d'une manière plus sincère la réalité contrairement au système comptable classique qui comptabilise les biens non - monétaires à leurs coûts historiques d'acquisition.

Cette comptabilité d'inflation vise non seulement à améliorer l'information financière, mais également à reconnaître un résultat qui tient compte des effets de l'inflation. Le résultat calculé sur base

Page 9: Inflation Et Comptes Sociaux

des coûts historiques est également plus élevé que celui des charges dues aux ajustements.

Les répercussions de l'inflation sur l'évolution du patrimoine de l'entreprise ont des effets sur la dépréciation monétaire dont :

- La sous-évaluation des valeurs immobilisées amortissables, le calcul des amortissables et les calculs des amortissements à leurs coûts historiques, ceci paraît insuffisant pour permettre leur remplacement ;

- La dépréciation des créances en monnaie nationale et les pertes de changes des dettes contractées en devises étrangères ;

- L'évaluation des stocks par le choix de la méthode qui donne de bons résultats ;

- La situation de trésorerie est faussée dans la mesure où les liquidités obtenues des opérations antérieures deviennent insuffisantes pour assurer le financement du cycle d'exploitation.

Effets de l'inflation dans une entreprise

Les effets de l'inflation qui affectent le comportement des entreprises peuvent être classées comme suit : ceux qui affectent le management comme un tout, ceux qui concernent la planification, l'information et processus de contrôle, et enfin ceux qui visent les transactions.

a. Le mangement est principalement affecté par les incertitudes causées par l'inflation et se traduisent par une augmentation du nombre de variables requérant une analyse constante. Les activités des entreprises doivent être menées dans le cadre à haut risque marqué et très marqué par l'intervention du gouvernement.

b. La planification, le système d'inflation et les procédures de contrôle exigent les meilleurs instruments pour mesurer l'impact de l'inflation. Plusieurs décisions doivent être prises, plusieurs alternatives doivent être évaluées et plusieurs difficultés sont à identifier par la compréhension et l'interprétation de l'information reçue.

Selon P. BEZBAKH et al. (2006, p. 61), les effets principaux de l'inflation se font sentir sur la valeur réelle de créances et de dettes,

Page 10: Inflation Et Comptes Sociaux

sur la rentabilité économique et financière des entreprises et sur les échanges extérieurs.

1°) Les transferts liés à l'endettement et au placement

L'existence d'un endettement important fait apparaître des transferts de revenus entre créanciers et débiteurs qui peuvent devenir considérables en période de montée de l'inflation. Celle-ci diminue en effet le coût réel de l'endettement en fonction de la différence entre la hausse du niveau moyen des prix et le taux d'intérêt débiteur.

Le phénomène qui explique la collaboration de l'entreprise avec l'extérieur est que le circuit de circulation des stocks est toujours lié aux dettes en amont et aux créances en aval.

- Les créances   : sont composées d'éléments d'actifs monétaires (clients, prêts à moins d'un an) sous rubrique de réalisations.

Pour bien gérer les créances, il faut les indexer pour ne pas subir des pertes lors de la hausse de prix. Dans le cas contraire, elles lui seront payées en une monnaie à pouvoir d'achat faible. La perte que l'entreprise peut subir dans ce cas sera enregistrée dans le compte 64 « Charges et pertes divers » lesquelles charges et pertes viendront raboter le compte 82 « Résultat brut d'exploitation ».

- Les dettes : sont réparties en dette à long, moyen et court terme et constituent des éléments du passif.

Les dettes à long terme durent plus ou moins longtemps dans l'entreprise. Pour que leur valeur soit gardée en pouvoir d'achat, il faut les actualiser à l'aide d'un coefficient d'inflation ou d'utilisation. Autrement, elles perdent leur valeur et seront remboursées ou payées en monnaie ayant un pouvoir d'achat faible. Dans ce cas-là, c'est le prêteur qui va perdre au profit de l'entreprise.

En ce qui concerne les dettes à court terme, la logique est la même, sauf que l'effet est moindre étant donné que leur âge est inférieur ou égal à un an. Le gain que l'entreprise réalise dans ce cas sera enregistré dans le compte 74 « Produits et profits divers », lesquels produits et profits gonflent le compte 82 « Résultats brut d'exploitation ».

2°) L'inflation et la rentabilité des entreprises

Page 11: Inflation Et Comptes Sociaux

Il est difficile d'apprécier l'effet de l'inflation sur la capacité des entreprises à « faire du profit », et sur leur taux de rentabilité (profit rapporté du capital mis en œuvre). Cet effet est pourtant d'une importance considérable, car il détermine en grande partie le volume des investissements et, par conséquent, le niveau de l'activité.

En longue période, la hausse des prix est généralement associée à des phases d'expansion, car elle permet une stabilité, voire une hausse de la rentabilité des investissements. « Mais après le premier choc pétrolier, la montée de l'inflation s'accompagna d'une dégradation de la rentabilité économique des entreprises, et à la désinflation récente correspond, au contraire à son redressement » (BEZBAKH, 2006, p.62).

3°) L'effet de levier et la rentabilité financière

L'inflation exerce une action d'un autre ordre sur la rentabilité des entreprises. En effet, comme elle réduit le poids de la dette, les entreprises sont d'autant plus incitées à recourir au financement externe que le taux de profit interne est supérieur au taux d'intérêt des capitaux empruntés, car une telle situation élève la rentabilité de leurs fonds (ou capitaux) propres : c'est ce que l'on appelle « effet de levier ».

4°) L'inflation et le commerce extérieur

Un effort différentiel entre un pays et ses concurrents commerciaux tend à dégrader le solde de ses échanges extérieurs puisque ses produits deviennent moins attractifs pour les acheteurs étrangers par les produits importés.